24.12.22

340 + 20

à  Arlequin et Pierrot

  La découverte que Arlequin venait de Hellequin m'a conduit dans le précédent billet à penser à la nouvelle de Borges qui revient souvent dans ma recherche, La mort et la boussole, où Gryphius est enlevé par des arlequins....
...et Hellequin m'a rappelé Ellery Queen, et particulièrement ses romans qui font intervenir le Tétragramme JHWH, au premier plan dans la nouvelle de Borges.
  L'enlèvement de Gryphius m'a rappelé celui de Crucis dans Les lieux-dits de Ricardou, et j'en suis venu à mettre en parallèle trois formules issues de ce roman, de la nouvelle, et d'un roman de Queen, trois formules ayant en commun les lettres MAD, et à privilégier les anagrammes
- MAD ARBRE,
- MAD GELY,
- MAD JHWH.

  Gély est une forme méridionale de Gilles, qui est aussi un personnage de comédie, et j'ai appris qu'il est apparenté au Pierrot de la commedia dell'arte, Pierrot qui est le rival d'Arlequin auprès de Colombine. Ce Pierrot de Watteau avait pour nom original Gilles.

  Après avoir publié le billet, il m'est venu hier la curiosité de chercher s'il correspondait quelque chose à "mydagel", l'ordre exact des initiales des prénoms et noms des victimes de La mort et la boussole.
  Google donnait 7 résultats ce 23/12. Les deux premiers concernent une chaîne YouTube sur la nourriture pour chiens Dagel. Les deux derniers sont des noms de domaines libres.
  Les trois médians concernent un même post sur La mort et la boussole, différemment accessible:

"MON CAUCHEMAR PREFERE,C'EST LE LABYRINTHE".Les ...

https://www.paperblog.fr › mon-cauchemar-preferec-es...
7 oct. 2013Mydagel. Le détective annonce trois autres meurtres à venir puisqu'il y aurait quatre lettres secrètes au nom de dieu et qu'on était en ...
13 juil. 2017Mydagel Le détective annonce trois autres meurtres à venir puisqu'il y aurait quatre lettres secrètes au nom de dieu et qu'on était en ...
1 déc. 2013Mydagel Le détective annonce trois autres meurtres à venir puisqu'il y aurait quatre lettres secrètes au nom de dieu et qu'on était en ...
  L'article n'apparaît pas sur d'autres moteurs de recherche, comme Bing. Le mot "Mydagel" n'est pas présent dans l'article, et j'ai compris que c'était le nom d'une illustration, illustration que le blogueur "regard éloigné" a empruntée à ce billet, où je l'avais nommée "mydagel" (sans majuscule).
  L'article a donc été publié sur deux blogs. Sur Agoras, il est accessible via deux balises, "conte-fantastique" et "jlborges", et il est hallucinant que le premier lien mène à une page où l'article sur Borges est précédé de trois articles sur les Chasses sauvages, avec au premier rang desquelles la Mesnie Hellequin. Une part y est consacrée à l'étymologie, avec bien sûr Arlequin.
  J'avais fait une recherche Hellequin Arlequin, mais sans voir cette page, ce qui est compréhensible puisque Google dénombre plus de 100 000 pages avec ces mots, et ma recherche y a ensuite associé Erlkönig, non mentionné par "regard éloigné".

  Toujours est-il que Hellequin m'a conduit à "mydagel", et que "mydagel" m'a ramené à Hellequin, par de tortueuses voies, car je ne comprends guère comment mon image "mydagel" a pu devenir "Mydagel", ni pourquoi les articles de certains blogs sont indexés par leurs balises.
   Il n'est pas non plus obligatoire que les titres des images fassent partie du contenu indexé par Google, ainsi mon image "mydagel" n'apparaît pas en réponse à la requête précitée.

  Hellequin-"mydagel"-Hellequin, un virage à 360 degrés, et ça tombe bien puisque ce billet est le 360e de Quaternité.
  360 est un nombre de Schulz, car
TROIS-CENT-QUARANTE PLUS VINGT = 360,
et il y a quelque chose que j'ai loupé dans le précédent billet, où j'ai rappelé les remarquables points communs entre un pastiche d'Ellery Queen par Thomas Narcejac, et La mort et la boussole. Dans les deux nouvelles un criminel ourdit trois meurtres afin d'amener un policier à un endroit donné, et venger son frère tué par ce policier.
  Le vrai nom de Narcejac, dont on ne voit pas comment il aurait pu connaître la nouvelle de Borges en 1945, est Pierre Ayraud. J'avais proposé la lecture RO de son nom, mais le couple prénom-nom pourrait livrer
πR RO, ou encore
π.R.R = O, mnémonique pour calculer la surface du cercle (πR2).

  Ce matin, je pensais à l'astuce "Quel est le volume d'une pizza de rayon z et d'épaisseur a?" (réponse: pi.z.z.a). Levé, j'ouvris l'ordi et découvris un mèl posté par Gilles (!) dans la nuit. Il avait conversé avec l'intelligence artificielle ChatGPT qui lui avait dit
les mots "pizza" et "agréable" sont des anagrammes
  Demandant une explication, il a eu cette réponse:
"pizza" et "agréables" sont des anagrammes, car ils ont tous les deux les mêmes lettres (a, g, i, p, r, s) mais dans un ordre différent.
  Curieux, j'ai essayé de mon côté et proposé "La mort et la boussole" à la machine qui m'a répondu
"La Mort et la Boussole" is a novel by the French writer Louis-Ferdinand Céline, published in 1943. The novel is set during World War II and tells the story of Ferdinand Bardamu, a French doctor and soldier who is struggling to survive in the midst of the war and its atrocities. The title of the novel, "La Mort et la Boussole," translates to "Death and the Compass" in English, and refers to the central themes of the novel, which include the role of fate and destiny in the face of death and destruction.
  Curieux, mais réitérer la demande a conduit à plus correct:
"La Mort et la Boussole" (Death and the Compass) is a short story by Argentine writer and philosopher Jorge Luis Borges. It was first published in the literary magazine Sur in 1942 and later included in Borges' collection of short stories titled "Ficciones."
  J'ai ensuite demandé "360 décimales de pi", car une curiosité connue est que les décimales (après le 3 initial, partie entière) 358-359-360 de pi sont 3-6-0. La machine a répondu quelques banalités sur pi, puis donné 3. suivi de 1353 décimales qui ne sont exactes que jusqu'à la 233e. J'ai réitéré deux fois la demande, avec quelques variantes, et obtenu la même réponse.

  Fini de jouer avec ChatGPT. A propos du jeu sur Pierre Ayraud, j'ai pensé que Jules Verne (signifiant "aulne" comme Ellery) avait imaginé le personnage Alcide Pierdeux.
 
  Et puis après ces égarements, il est tout de même judicieux de souligner que Pierre Ayraud est fort proche de PIERROT !
  Et que le Pierrot le plus connu, avec celui de Colombine, est probablement Pierrot le Fou.
   Quant au Gille(s), son nom complet est Gilles le Niais.

  Hier, il m'est encore venu l'anagramme LADY MEG pour les victimes de Borges.
  Il y a plusieurs romans avec Lady Meg dans le titre, mais j'ai surtout pensé à Meg Steinheil, la "pompe funèbre", dont il a été question dans le premier billet de l'année, pour la série Paris Police 1900, et les coïncidences de titres en P. P. + 1 chiffre m'avaient amené à parler de La mort et la boussole.
  J'avais le souvenir confus qu'une seconde saison de la série était prévue, et effectivement la diffusion de Paris Police 1905 a débuté ce 12 décembre. J'ai pu en voir un épisode hier, et Meg Steinheil y joue encore un rôle important.

  Je ne m'attarde pas sur ce 360e billet avec lequel je compte achever l'année, la 15e de Quaternité, ce qui fait une moyenne exacte de 24 billets par an.
  Cette moyenne se trouve avoir été respectée en 2017, 10e année de Quaternité, pour conduire à un total de 240 billets, non parce que j'étais conscient des 10 ans du blog, mais parce que le nombre 240 m'était alors important pour une raison précise. Tiens, ce 240e billet s'achevait sur une coïncidence impliquant le nombre 307, et l'année 2020 s'est achevée sur un billet dont le rang 307 ne me satisfaisait guère.
  Tiens, j'avais oublié que la station de métro désaffectée Croix-Rouge jouait un rôle dans le billet 240, alors que la Croix-Rouge était importante dans mon précédent billet.

  Comme vu plus haut,
TROIS-CENT-QUARANTE PLUS VINGT = 360, et
TROIS-CENT-VINGT PLUS QUARANTE = 360 aussi.
  J'ai privilégié la première forme car 340 est la valeur du "nom" hébreu, shem qui est aussi la désignation du Tétragramme JHWH. Mon billet 340 était dédié au Nom.
  Mais j'ai hésité, car c'est dans le billet 320, intitulé Vingt fois seize, huit, neuf (sic), que s'est initiée une piste qui s'est révélée fertile (voir les billets de septembre).

21.12.22

losanges, carrés, croix, arbres

 
à  Erica

  Le 15 décembre, je lisais L'illusion du mal, emprunté quelques jours plus tôt à Gréoux, et ai été frappé page 188 par ce passage:
— J’ai fait des recherches, et il semble que de nombreux éléments convergent dans ce masque, dit Eva en consultant ses notes. L’héritage nordique médiéval du personnage infernal ou païen, par exemple, caractéristique de la ritualité rurale. Le roi des enfers teuton s’appelait Hölle Köning, et le roi des elfes anglo-saxon Herla Cyning. Des noms qui ont une forte assonance avec Arlequin, non? On passe ensuite aux représentations sacrées françaises, où le nom est tour à tour Hellequin ou Arlequin, puis au plus célèbre d’entre tous, notre Arlecchino national, lié à la tradition lombardo-vénitienne des zanni et de la commedia dell’arte. Ce sont des masques empreints de références païennes, préchrétiennes, chtoniennes et carnavalesques, où se mêlent des archétypes comiques, tragiques et macabres.
  J'ai aussitôt pensé à la Mesnie Hellequin, ou L'armée furieuse, un roman de Fred Vargas brièvement commenté ici, pour y avancer que le nom Emeri de l'assassin comme celui Rémy d'un suspect n'étaient peut-être pas fortuits.
  Fred faisait disserter Danglard sur cette Mesnie Hellequin, mais sans aborder l'étymologie. Les possibilités citées par Eva Croce dans le roman de Pulixi m'ont fait penser à Erlkönig, le roi des aulnes, puis à Ellery Queen, dont le pseudo est formé du prénom Ellery, venant du vieil anglais aler, "aulne", et du nom Queen, "reine", que les cousins Frederic Dannay et Manfred Lee ont jugé euphonique, sans savoir que le terme avait une connotation homosexuelle en argot.
  Fred Dannay, concepteur des intrigues, y a utilisé diverses références onomastiques:
- le coupable du Mystère des frères siamois est une dame Carreau;
- le héros Ellery Queen devient Hilary King dans le Mystère de la rapière;
- Le roi est mort met en scène les frères Judas et Cain Bendigo, dit King Bendigo;
- Le mot de la fin se passe à Alderwood (aulnaie);
- L'adversaire se joue sur l'échiquier de York Square, domaine aux 4 coins duquel se dressent des tours, et les personnages figurent d'autres pièces, notamment l'inspecteur Queen et son fils les reines;
- Et le huitième jour..., se passe dans l'étrange communauté de Quenan, allusion évidente à Qumran.

  Les possibilités de lien entre Herla Cyning, Hellequin, et Arlequin sont abordées sur Wikipédia, et cette page y joint aussi Helle König et Erlkönig.
  C'est assez anecdotique dans le roman, où un criminel diffuse des vidéos où il apparaît masqué, avec divers attributs d'Arlequin,
Il portait une ample tunique en laine brute, composée de losanges multicolores, rêche et déchirée, comme tout droit sortie d’un grenier ou d’une décharge.
mais c'est trivialement pour ne pas être identifié.

  Le roman est le second volet d'une tétralogie autour de deux fliquettes de Sardaigne, Eva Croce et Mara Rais, rejointes ici par le criminologue Vito Strega.
  Eva Croce a la personnalité la plus marquée, et ce nom m'a été fort évocateur, car croce signifie "croix" en italien, or un élément essentiel dans ma recherche est la table des chapitres des Lieux-dits, conçue pour faire apparaître en diagonale le 4e lieu, BELCROIX, que Ricardou interprète explicitement comme la réunion de BEL, "guerre", et CROIX.
  Le roman exploite l'opposition entre les couleurs rouge et vert, et la Croix-Rouge a été créée pour soigner les blessés de guerre.
  J'apprends en consultant Wikipédia que les divers emblèmes du mouvement ont été abandonnés au profit d'un emblème unique, le cristal rouge, ce que j'ignorais en composant mes 4 onzains du 11/11/22 dessinant cette forme en quinconce par les lettres G-P-C-J. J'en ai ensuite donné une anagramme faisant apparaître les diagonales NS-EO, une autre représentation, en losange, exhibant une croix avec axe vertical NS et axe horizontal EO.

  Inopinément, l'autre diagonale de la table des chapitres des Lieux-dits s'est trouvée former MAADRBRE, et Ricardou a consacré plusieurs textes à sa lecture MAD ARBRE, le personnage principal étant un fou pyromane prénommé Olivier.
  J'ai pour ma part vu ADAM en MAAD, ou dans les seules lettres ADM, car adam s'écrit en seulement 3 lettres en hébreu, אדם, qui vocalisé edom signifie "rouge".
  Ce n'est pas en conscience claire de cette proximité que j'avais fait figurer la diagonale BELCROIX en rouge sur la grille ci-dessus, mais une recherche sur le texte numérisé des Lieux-dits montre plusieurs occurrences de "croix rouges".
  Dès le premier chapitre, il est question d'une toile d'Albert Crucis où figure une bannière avec une "rouge croix de Malte". Quelques paragraphes plus loin, il est question de la "croix rouge" d'une ambulance recherchant un fou évadé.
  Dans le dernier chapitre, Olivier Lasius révèle que c'est lui qui a aidé ce fou à s'échapper, afin qu'il lui soit attribué le feu que Lasius va déclencher (mais il n'est pas inimaginable que les deux fous soient la même personne). L'une des dernières phrases du roman est
  A défaut, qu’il veuille bien considérer la thèse émise au début de la visite et selon laquelle l’incendie « était dû aux flamboyantes rougeurs de la croix sorties de leur prison géométrique ».
  Page 79, à la fin du chapitre 4, Belcroix, il est question ainsi de l'enlèvement du peintre Crucis (celui qui avait peint la croix de Malte rouge):
La vivacité discrète avec laquelle il fut enlevé, un soir, dans une automobile à croix rouge, ne rassura qu’à demi.

  Page 83, au début du chapitre Cendrier débute la description du "paquet rouge" de Pall Mall; il est signalé que sa formule In hoc signo vinces se rapporte à la croix qu'aurait vue Constantin, et à propos du blason ovale:
Une croix le partage en quartiers deux à deux identiques par les diagonales.
  Une croix blanche sur fond rouge, renversement le la croix rouge sur fond blanc de la toile de Crucis.

  Le milieu du livre est entre ces chapitres Belcroix et Cendrier, et il semble que Ricardou ait calculé la pagination de l'édition originale pour que ce milieu soit page 80, tandis que la dernière page du roman est foliotée 160 (celle des "flamboyantes rougeurs de la croix").

  L'enlèvement de Crucis m'évoque celui de Gryphius (ou Ginzberg, ou Ginsburg) dans La mort et la boussole, cette nouvelle de Borges qui revient souvent dans ma recherche.
  Après deux crimes, marqués par un même message énigmatique ("la première lettre du Nom a été articulée"), ce Gryphius est enlevé dans un coupé par deux arlequins masqués, vêtus de costumes à losanges jaunes, rouges, et verts. Le message est cette fois "la dernière lettre du Nom a été articulée".
  Tiens, des arlequins... Il s'agit d'un faux enlèvement, et Gryphius est en fait Red Scharlach, qui veut se venger de l'inspecteur Erik Lönnrot, responsable de la mort de son frère, et entend avec les losanges des arlequins lui faire penser à la figure géométrique, les lieux des trois premiers crimes correspondant aux sommets d'un triangle équilatéral, au Nord, à l'Est, et à l'Ouest. Des losanges verts et rouges apparaissaient aussi sur la scène du précédent crime.
  Lönnrot est amené à découvrir que le Nom est le Tétragramme JHVH, en 4 lettres, et qu'un 4e crime va être commis dans la nuit du 3 au 4 mars, au sommet du losange correspondant au Sud. Il se rend sur les lieux à l'avance, mais Red Scharlach l'y attendait, et l'abat.
  La "vivacité discrète" avec laquelle Crucis est enlevé chez Ricardou me rappelle certaines curieuses associations de Borges, comme la "brusque étoile de sang" trouvée dans la chambre de Gryphius après son enlèvement.
 
  La courte nouvelle de Borges est extrêmement riche en elle-même, mais aussi par ses multiples avatars revendiqués comme tels ou non.
  J'y ai consacré cette page, où il n'y a que quelques mots sur un pastiche d'Ellery Queen écrit par Thomas Narcejac peu après la Libération, Le mystère des ballons rouges (paru en 1947 dans Nouvelles confidences dans ma nuit). J'en ai parlé plus longuement ici, en rapport avec Fred Vargas, et , en rapport avec la couleur rouge.
  Il n'est guère imaginable que Narcejac ait pu connaître La muerte y la brújula, parue en 1944 en espagnol, en 54 en anglais, en 57 en français, or l'argument des Ballons rouges en est fort proche. Trois crimes sont commis à New York, et à chaque fois un ballon rouge est accroché à la fenêtre de la victime. Lorsqu'un 4e ballon est accroché à la demeure du richissime Jonathan Mallory, un policier assure la garde de celui-ci.
  Mais c'était Mallory l'instigateur des crimes, désireux comme Scharlach de venger son frère tué par ce policier, et, unijambiste, ayant fomenté ce stratagème pour l'approcher.

  Le prénom Jonathan est une autre curiosité, car il n'était guère accessible à l'époque que le nom de naissance de Frederic Dannay, le Queen principal, était Daniel Nathan. Jonathan est un prénom théophore, signifiant "don de JHVH".
  Et le "ballon rouge", destiné à attirer le sergent Velie, pourrait faire penser à "lönn rot", puisque rot signifie rouge. Si lönnrot signifie "érable rouge", le préfixe lönn- introduit la notion de "secret", et lönnmord signifie "assassinat"...
  Un autre arbre coloré, en écho au vert olive du fou Olivier Lasius, ou à une série de romans pour la jeunesse, aux titres colorés signés Ellery Queen Jr.

  Thomas Narcejac serait amené à acquérir une plus grande notoriété sous la signature Boileau-Narcejac. Le fonctionnement du duo était quelque peu différent du duo Queen, puisque Boileau était aussi un auteur à part entière.
  Si Dannay a eu le plus souvent besoin d'un partenaire pour compléter ses synopsis, il n'a partagé avec personne la direction du Ellery Queen Mystery Magazine (EQMM), et quelques curiosités y sont associées.
  Ainsi EQMM aurait pu voir paraître la première traduction de La mort et la boussole, car Anthony Boucher l'avait traduite et proposée à Dannay, mais celui-ci l'avait jugée trop littéraire pour les lecteurs (alors qu'il avait publié en 1948 dans EQMM Le jardin aux sentiers qui bifurquent, nouvelle de Borges bien plus "littéraire" que policière).
  Narcejac, ou son agent, avait proposé en 1960 à EQMM plusieurs de ses pastiches, dont Le mystère des ballons rouges, qui y aurait trouvé une digne place. Certains ont été publiés, mais pas les Ballons rouges.

  Après la rupture en 1958 avec Lee, les aventures d'Ellery semblaient condamnées, mais l'utilisation par Lee de la fameuse signature pour publier des polars commandés à divers auteurs incita Dannay à ressusciter Ellery pour des enquêtes quasi métaphysiques, et c'est ainsi que parut en 1963 L'adversaire, où 4 cousins habitent les 4 demeures aux 4 coins de York Square. Robert meurt après avoir reçu un carton J, Emily après un carton H, Myra après un carton W. Ceci semble désigner l'homme de main du domaine, John Henry Walt, JHW, mais les enquêteurs découvrent qu'il obéit aveuglément à une personne qui lui envoie des lettres signées Y. Qui peut être ce Y, sinon le dernier cousin, Percival, désormais seul héritier de la fortune York?   Mais Percival reçoit un carton H, et Walt est arrêté en tentant de l'assassiner. La clé est que, atteint du syndrome des personnalités multiples, il est aussi Nathaniel York, l'héritier légitime du domaine, renié par son père, et le dieu vengeur de l'Ancien Testament, JHWH, Yahweh.

  On imagine que Fred Dannay, ou Daniel Nathan, avait ses raisons de nommer Nathaniel ("don de Dieu") son "tueur de cousins", et que le vengeur Jonathan Mallory de Narcejac est complètement étranger à ce choix.
  Il y a cependant un suspect nommé Mallory dans L'adversaire, innocenté parce qu'il a une jambe dans le plâtre, or Jonathan Mallory est en principe insoupçonnable parce qu'il est unijambiste.
  J'ai déjà évoqué çà et là tous ces points, mais quelque chose de neuf m'est apparu après le déclic Arlequin-Ellery Queen.
  Le vrai nom de Narcejac est Pierre Ayraud, qui peut s'entendre RO, or l'un de ses pastiches, celui de Chesterton, fait intervenir le nombre d'OR: Sir Oliver Deirdre (un autre Olivier) organise une séance de spiritisme dans un salon dont les dimensions correspondent à un rectangle d'or, et pour attirer les forces psychiques le guéridon est placé au croisement de ses diagonales (cf les diagonales BELCROIX-MAADRBRE), ce qui est utilisé dans un plan criminel.
  C'est à ma connaissance la première fois que le nombre d'or apparaît dans un polar. Il y a bien Les soeurs Lacroix (encore une croix!) de Simenon (1938), mais il s'agit d'un "roman dur".
  Toujours est-il que les palindromes jouent un rôle dans L'adversaire, où notamment Percival se dit être un Sadim qui transforme l'OR en RO (gold into dlog en VO).
  Je rappelle que l'un des clones de La mort et la boussole propulse le détective dans les méandres du nombre d'or et de Fibonacci.

  Dans L'adversaire, roman qui adopte le déroulement d'une partie d'échecs, c'est un chien baptisé d'un nom diabolique, Belzebub, qui met Ellery sur la piste religieuse, car le chien est en anglais dog, renversement de God, "Dieu". Cet "adversaire" n'est pas seulement le joueur de l'autre camp, c'est aussi le Diable, signification du mot hébreu devenu Satan.
  Dans L'armée furieuse, Emeri a tant de raisons de tuer Hippolyte qu'il serait le premier suspect, aussi l'associe-t-il au retour de la Mesnie Hellequin pour le sataniser, et rendre crédible son exécution par n'importe quel villageois.
  Hippolyte était déjà diabolique de par sa naissance avec 6 doigts à chaque main, et sa facilité à parler à l'envers, avec l'exemple notable du "tetip drannoc" (pour "petit connard") adopté par Adamsberg (Adam!, et ADAMBERG est à une lettre près l'anagramme de MAADRBRE). Si je suis assez certain que Fred Vargas a baptisé Emeri d'après mon prénom, je me suis aussi demandé si elle n'avait pas pêché sur mon blog que j'étais né avec un pouce bifide, et si mon identité de blogueur Blogruz n'avait pas inspiré la "zorglangue" d'Hippolyte.
  Il est de toute manière assez connu que les satanistes invoquent le Diable avec des prières récitées à l'envers. Je me souviens des mots du postulant à la fin du Club Dumas,
ERVIL EM ISNIA, EREBIL EM ISNIA, ENMADNOC EM ISNIA
qui m'avaient fait penser à Edith Ervil dans La bibliothèque de Villers, un autre clone de La mort et la boussole.

  Je suis bien plus hésitant à voir une intention dans l'acrostiche des trois victimes de L'adversaire, Robert-Emily-Myra, REM, tuées sur l'ordre d'Y.
  Myra, the furious army?

  Ici, j'avais étudié les occurrences précédentes de JHWH dans le corpus queenien. Il y en a une explicite dans La décade prodigieuse (1948), avec un jeu sur l'anagramme HH WAYE de YAHWEH.
  Puis vient l'acrostiche victimaire de Coup double (1950), formidable manipulation de Winship pour amener le superstitieux Dr Dodd a rédiger son testament.
  Comme dans La décade prodigieuse, le criminel a besoin de l'esprit tortueux d'Ellery pour mener à bien son projet, de même que Red Scharlach exploite la tendance de Lönnrot à privilégier la complexité.
  Dans ces deux textes, le criminel exploite une opportunité pour créer une série, l'assassinat d'un rabbin, ou les morts presque simultanées d'un riche et d'un pauvre. Winship tue ensuite deux personnes, poursuivant une célèbre comptine
Rich man, Poor man,    MacCaby    Hart
Beggarman, Thief,       Anderson   Jackard
Doctor, Lawyer,            Dodd          Holderfield
Merchant, Chief.          Waldo        W
   J'avais repéré les initiales HJHW des victimes paires, formant JHWH (la dernière victime programmée est l'autre frère Waldo, puis Ellery lui-même, lequel décrète après l'échec de Winship qu'il sera la dernière victime de la série qu'il a orchestrée.
  J'avais remarqué les initiales MAD des victimes impaires, sans les commenter, et les redécouvre avec stupeur aujourd'hui. Il y avait un arbre en couverture de l'édition originale du roman.
  Il y a un "diable" dans l'affaire, avec un personnage important proche de toutes les victimes, Harry Toyfell ("diable" en yiddish, et presque anagramme de Adolf Hitler).
  Considérer le W de la 7e victime, Waldo, peut amener à l'anagramme ADWM, à lire edom en hébreu, "rouge", mais aussi nom alternatif du double obscur de Jacob, son jumeau Esaü.

  Ces considérations pourraient être jugées délirantes s'il n'était avéré que Dannay connaissait l'hébreu et structurait ses romans de façon significative.
  Ainsi, ce ne semble pas un hasard si cette 4e visite d'Ellery à Wrightsville accumule les 4 et les lettres D. Le roman débute le 4/4, et Winship a besoin de 4 morts pour amener le Dr. Dodd (4 D dans ce nom) à lui léguer ses 4 millions de Dollars. Le titre, qui peut se comprendre 4 (quadruple), est formé de deux mots débutant par D. De même Red Scharlach place des losanges et des 4 sur le chemin de Lönnrot pour orienter sa pensée.
  Dannay avait 44 ans à la sortie du livre en 1950, et j'avais imaginé un rapport entre ses 20 chapitres, son titre, et la naissance de Dannay le 20 octobre 1905, le 10-20-05 à l'américaine (on rencontre aussi la forme 05-10-20). 10 est le double de 5, 20 le double de 10. Ce roman est le 20e mettant en scène Ellery.

  Rien de neuf jusqu'ici, mais il m'est venu en évoquant Harry Toyfell que Harry s'écrit en hébreu הרי, composé des lettres de rangs 5-20-10. On écrit plutôt aujourd'hui הארי, en 4 lettres, mais la forme précédente était courante en 1950, témoin cette pierre gravée en l'honneur de Harry Truman. Une localité porte son nom, car il a reconnu l'état d'Israël le jour même de sa création.
  Je me demandais ce que Toyfell pouvait avoir de "diabolique", et peut-être faut-il penser à l'écriture hébraïque, en sens contraire de la nôtre, à éventuellement rapprocher des invocations sataniques.
  L'association à Hitler pourrait encore être liée à mon hypothèse sur l'obsession de Dannay pour Hitler, liée à la date de naissance du sinistre individu, un 20 avril, à l'exact opposé du 20 octobre sur le cercle de l'année.
 
  Ce retour à l'hébreu me rappelle que j'avais annoncé quelques commentaires sur la diagonale MAADRBRE lue comme "arbre d'Adam", évoquant "l'arbre de vie", assimilé selon la Kabbale à l'Adam Qadmon, ou arbre des sefirot.
  Il n'est guère envisageable d'expliciter ce concept des sefirot auquel les mystiques juifs (et d'autres) ont consacré des milliers de pages, mais il n'est pas indifférent que les lettres du Tétragramme JHWH y aient été homologuées aux sefirot 2-3-6-10, Hokhma-Bina-Tiferet-Malkhut.
  J'en ai parlé ici, comparant le schéma obtenu en les reliant à la signature de Ricardou, les lettres JR stylisées en une patte d'oiseau. Je rappelle qu'une amie kabbaliste de Ricardou l'avait initié à cet arbre des sefirot, ayant vraisemblablement inspiré sa nouvelle Gravitation.

  Plus simplement, l'arbre de vie a été associé par le christianisme à la croix du Christ, faite de son bois selon le roman du Graal, par exemple (il y a de nettes allusions au Graal dans Les lieux-dits).
  Gabrielle Dufour-Kowalska y a consacré le beau livre L'arbre de vie et la croix (1985).
  Une illustration très commentée en est la Vierge à l'arbre sec de Petrus Christus, liée à la commune association EVA-AVE (Maria). Marie est la nouvelle Eve, née absoute du péché originel. L'arbre du péché est censé être devenu sec après la faute d'Eve, mais il porte ici 15 fruits, des lettres A, allusion aux 15 dizaines d'Ave Maria du rosaire. Marie semble née du tronc central, portant Jésus tenant un globe portant une croix. La mise en abîme est complétée par les branchages de l'arbre formant la couronne d'épines de la crucifixion.

  A se demander si Pulixi ne serait pas membre de la Confrérie Notre-Dame de l'Arbre Sec, avec sa flic Eva Croce. L'autre, Mara Rais, pourrait faire penser à Maria et Sara, la seconde femme nommée dans la Bible. Incidemment,
EVA CROCE = 28 44 est un nom doré.

  L'arbre de vie et la croix est préfacé par Jeanne Hersch, ce qui m'est évocateur. Elle enseignait la philosophie à Genève, et conseilla en 1967 à une de ses étudiantes, Erica, de contacter Ricardou. Riche idée, car leur rencontre initia une collaboration qui durerait 48 ans, jusqu'à la mort de Jean.
  Ce fut Erica qui, alors que Ricardou déplorait que l'autre diagonale du carré BELCROIX fût dépourvue de sens, remarqua la possibilité de lecture MAD ARBRE.

  Je suis saisi de vertige en constatant que MAAD-ADAM de la diagonale de Ricardou croise avec CROIX de l'autre diagonale. EVA CROCE...

  Je rappelle que c'est mon texte en forme d'aiguille de boussole, en hommage à Borges, qui m'a conduit à distinguer particulièrement les lettres MD de MAADRBRE.
  Le présent billet m'a conduit à rapprocher MADARBRE de MADJHWH, les initiales des noms des victimes de Coup double. Je me suis abstenu jusqu'ici de revenir sur les initiales des noms et prénoms des victimes de La mort et la boussole, étudiées sur cette page, formant notamment MYGDAEL, évoquant migdal, "tour" en hébreu, et les bordels zwi migdal de Buenos Aires.
  M'avisant maintenant qu'il y figure les lettres MAD, je me demande comment organiser le reliquat, et pense à GELY.
  J'apprends qu'il s'agit d'une forme méridionale de Gilles, ce qui me fait d'abord penser à mon ami Gilles, un peu dingue comme tous les auteurs à contraintes, Gilles à l'origine de plusieurs rebonds dans ma recherche.

  Je sais aussi grâce aux Gilles en mie de pain de Roussel que Gille(s) est un personnage de comédie, et j'apprends qu'il est apparenté au Pierrot de la commedia dell'arte, Pierrot qui est le rival d'Arlequin auprès de Colombine.
  C'est Hellequin-Arlequin qui a initié ce billet. Le monde est petit, normal puisque le MunDus est unus...
  Le plan de Red Scharlach est initié par un fait divers crapuleux, un vol qui a mal tourné, où le rufian Daniel Azevedo tue le rabbin Marcel Yarmolinsky. Daniel et Marcel, DM, et j'imagine Daniel Nathan (Fred Dannay) lisant la nouvelle, puis construisant le plan criminel pour tuer Dodd dans Coup double à partir de la mort sans mystère de MacCaby.

  Dans l'ordre réel des victimes de Red Scharlach, leurs initiales se lisent MYDAGEL, et j'ai eu la curiosité de lancer une recherche avec ce "mot".
  J'ai eu la surprise de trouver des réponses, et ai compris que c'était parce que quelqu'un m'avait emprunté l'image mygdael que j'avais créée pour illustrer mes commentaires, et l'avait rebaptisée Mydagel. L'image a été utilisée dans un article sur Borges de Regardéloigné, le 7/10/2013, avec d'ailleurs quelques inexactitudes quant aux détails de la nouvelle, mais méritant une lecture attentive.
note du 3/1/23: en fait, la poursuite de ces pistes ici m'a fait découvrir que j'avais utilisé en 2012 cette image, alors baptisée mydagel, et que c'était probablement là que Regardéloigné l'avait trouvée.
  Le croira-t-on? le lien donné oriente vers la balise "conte fantastique" du blog Agoras, dont c'est le 4e article, tandis que les 3 premiers sont Chasses sauvages et cavaliers du ciel, de juillet 2017, où il est essentiellement question de la Mesnie Hellequin, avec une nouvelle hypothèse: la fusion du coq ANA et du CHIEN, mots qui me sont si évocateurs que je m'abstiens de commentaires (pour l'instant).
  L'historien Carlo Ginzburg est cité, mais il est né en 1939 et ne peut avoir de lien avec le Ginzberg-Ginsburg de Borges.

  D'autres article d'Agoras ne manquent pas d'intérêt, notamment ceux sur Borges ou plus généralement le labyrinthe.

  Il y a une chaîne YouTube Mydagel, à lire "my Dagel", Dagel étant une marque italienne de nourriture pour chiens (!).

14.12.22

l'alchimie des Métaux de Perec

à  GP

  Le 11/11/22 m'a conduit à écrire 4 onzains en G-P-C-J, initiales de Georges Perec et Carl Jung.
 

  J'ai ensuite anagrammatisé leurs 484 lettres en un sonnet "jungien".
  Ce travail  sur les grilles de lettres m'a conduit dans les deux billets suivants à étudier la formule jungienne UNUS MUNDUS, et plus précisément les lettres MD qui transforment unus en MunDus.

  Le billet précédent m'a notamment conduit à deux énoncés particuliers commençant par "ma dame", le début de Noce de Perec,
Ma dame d’ambre rare
Armada amarrée en rade de Madère
en 11 mots et 43 lettres, et d'illustres perecologues ont utilisé d'autres énoncés de Perec en 11 mots et 43 lettres pour appuyer la thèse du 11-43, métonymie du départ de la mère de Perec pour Auschwitz le 11 février 43.
  L'autre texte est codé par des lettres en gras dans le premier chapitre de l'essai sur Rennes-le-Château de Christian Doumergue, Le secret dévoilé (2013):
Ma dame adorée dans l’heure fleurie dissout les ombres ténébreuses
  Il s'agit d'une adaptation en français moderne de vers de Jehan l'Ascuiz,
Nostres dames adorées
Dans l’heure fleurie
Dissoudent les ombres ténébreuses du temps.
peut-être due à Doumergue car je n'en ai trouvé aucune trace en ligne.
  La version codée a 11 mots et 56 lettres, de valeur
 616 = 11 x 56,
ce qui m'a interpellé, car, dans mon roman publié en 2000, j'avais codé d'une manière analogue le sonnet de Perec Vocalisations, essentiellement parce qu'il a 112 mots, de valeur
6272 = 112 fois 56.

  Il n'y a pas lieu de suspecter que Doumergue s'en soit inspiré, car c'est un ami des auteurs Giacometti-Ravenne qui, dans les premiers chapitres de leurs premiers romans, codaient des messages par des lettres en italique.

  Toujours est-il que la confrontation des deux énoncés débutant par "ma dame", l'un en 11 mots et 56 lettres, l'autre en 11 mots et 43 lettres, m'a aussitôt rappelé que j'avais associé à la valeur 112 fois 56 du sonnet de Perec la valeur 112 fois 43 d'un autre ensemble dû à Perec.
  C'était étudié dès ma brochure En vers recompter tout de mars 1997, dont un exemplaire est à l'AGP. Outre les 4 sonnets pastiches lipogrammatiques de La Disparition, Perec a écrit les "sept sonnets hétérogrammatiques" de Métaux en 1976-77, pour un projet de livre d'artiste en association avec le sculpteur Paolo Boni, livre qui ne serait édité qu'en 1985, à 150 exemplaires.
  On en trouve ici quelques illustrations, les manuscrits des 7 sonnets sont donnés dans le CGP n°4, Les poèmes hétérogrammatiques.

  Ces sonnets sont donc des ensembles de 14 hétérogrammes de 14 lettres. Les 10 lettres ESARTINULO en sont la base comme tous les autres poèmes de ce type.
  La série est complétée par MD pour tous les poèmes de Métaux.
  Vient ensuite une autre lettre caractérisant chaque sonnet, accompagné de ses lieu et date de composition, soit
B, Paris, 15 décembre 1976;
C, Paris, 15 décembre 1976;
F, Lans-en-Vercors, 24 décembre 1976;
G, dans un train, 22 décembre 1976;
H, Lans-en-Vercors, 27 décembre 1976;
P, Lans-en-Vercors, 29 décembre 1976;
V, Paris, 15 décembre 1976.

  Enfin l'autre lettre pour parvenir à 14 est un joker, laissé libre au scripteur pourvu qu'il ne fasse pas partie des 13 autres lettres du "vers".
 
  Les commentateurs du CGP4 soulignent que l'objet livre est formé de 11 cahiers indépendants, chacun formé d'une grande feuille pliée en deux, mais Perec a-t-il joué un rôle dans ce choix, l'édition ayant été posthume?.
  Ils pointent aussi l'anomalie du sonnet G, comme Georges, écrit avant le sonnet F, et dans un train, ce qui peut évoquer le voyage vers le Vercors qu'avait effectué le petit Georges 34 ans plus tôt, pour le mettre à l'abri des rafles de Juifs
  22 (décembre) est 11 x 2 selon ces commentateurs, mais ils n'ont pas été jusqu'à proposer que les rangs 4 du sonnet G selon l'alphabet et 3 selon la date de composition pourraient fusionner en 43, ni que seules 3 des 4 pages des 7 cahiers correspondant aux sonnets étaient imprimées, la 4e, au verso de la "graphisculpture" de Paolo Boni, restant vierge.

  De mon côté, j'avais remarqué qu'un autre sonnet était en P, comme Perec, or les valeurs des 196 lettres des sonnets sont
2375 pour le sonnet en G, 2441 pour celui en P,
somme 4816 = 112 fois 43, ce qui pourrait être une belle formulation du 11/2/43.
  Par ailleurs, les rangs de G et P sont 7 et 16, et
112 = 7 x 16.

  Je n'imagine plus aujourd'hui que ceci ait pu être voulu par Perec, et j'étais loin d'en être sûr en 1997, où il me semblait plus accessible de présenter les résultats sous l'angle de l'intentionnalité, en laissant une porte ouverte vers d'autres possibilités, comme le calcul inconscient.
  Quoi qu'il en soit, les découvertes d'effarantes complexités architecturales dans diverses oeuvres du corpus de Perec font question, ou dans des textes isolés. Je repense maintenant que mes 4 onzains en G-P-C-J totalisent 484 lettres, carré de 22, et que c'est aussi le cas de un poème, le texte où Perec a abordé le plus intimement le calvaire de sa mère, et le sien.
  Perec a déclaré que ce texte n'était pas contraint, mais, en le disposant en un carré de 22 par 22, la dernière ligne est
sur le drap noir de ma table
en 11x2 lettres et deux lemmes de 4 et 3 mots.
  En le disposant en un triangle de 22 lignes, de 1 à 43 lettres, la dernière ligne est
de mes mains ambidextres sur le drap noir de ma table
en 11 mots et 43 lettres.

  Je reviens aux sonnets en G et P de Métaux, dont voici les matrices et les textes.
 

Monde si brut :
la gangue tord simple granit s'y modulant gris

Doux mélange du pli Stromboli :
                     Sang
     dur temps du métal groin
crime du sanglot d'argent mis où flacon
          gel du Mistral
                 " String "

   d'où embringue plat d'osmose
            ni glu d'anthrax
             mot lu d'Ingres

 

larcin su dompté
d'un sali Prometheus
mordant pli blanc d'esprit mou
défiant lors puma
                    piment d'Horus
                     lard :
Félin somptueux
                        sprint modal

        humant d'espoir
        l'empan sorti du flanc
        trous de l'impavide mort
          plis ne surplombant
         dits du milan probe


  Les tenants du 11-43 ont manqué de signaler que le sonnet en G comptait 11 vers, et que les absences d'enjambements les plus notables se trouvaient dans les sonnets en P (1-3-4-6 lignes de la matrice correspondent à 1-2-5-5 vers), et en G (7-7 lignes à 5-6 vers).
  La 8e ligne de cette grille, crime du sanglot, forme en outre un énoncé complet, ainsi la césure principale du sonnet entre quatrains et tercets (8/6=4/3) se trouve respectée dans ces deux hétérogrammes, et elle est marquée par un saut de ligne dans celui en P.
  Au niveau des lettres, cette césure est entre 112 et 84 lettres, avec
112 évoquant 11/2,
112/84 = 4/3,
pour ces sonnets dont la valeur totale est 112x43.

  En 1997, le parallèle avec la valeur 112x56 de Vocalisations m'avait conduit à un écho avec La Vie mode d'emploi, où je distinguais une séparation de ses 99 chapitres en 43-56. Je n'y reviens pas.
  Je remarquais que, dans crime du sanglot, le 8e "vers", C était la lettre joker, et rime du sanglot me rappelait que Perec avait donné une autre version de Vocalisations, où le 8e vers avait sanglot à la rime:
Dans la punition d'un courroux, d'un sanglot;
  Cette autre version m'avait conforté dans l'idée que les harmonies numériques de la première version étaient fortuites.

  J'observais en 1997 que la rime de sanglot dans l'autre version de Vocalisations était taud, que je rapprochais de l'allemand Tod, "mort", or le 11e vers du sonnet en P est trous de l'impavide mort.
  Aujourd'hui où j'ai acquis un peu d'habileté dans le maniement des lettres, il me vient que rime du sanglot, ou la série ESARTILUNO-DM-G caractérisant ce sonnet, est l'anagramme de DEUIL-MORT-SANG.
  Le 4e vers de ce sonnet en G est Sang.
  Les lettres DM communes à toutes les lignes des grilles forment en hébreu le mot dam, דם, "sang".

  Il y a 3 jokers P dans le sonnet en G, mais aucun G dans le sonnet en P. Il est toutefois loisible de remarquer que les 13 lettres présentes dans chaque ligne sont
ESARTINULO-MD-P = 167, or
16-7 sont les rangs des lettres P-G, et comme vu supra,
16 x 7 = 112.
  En prenant en compte crime du sanglot, les absences d'enjambements du sonnet en G répartissent ses 14 lignes en 7-1-6.
 
Beagle Boys, vs Mickey Mouse & Donald Duck

  Une petite pensée pour les 176 onzains d'Alphabets.

  J'observais ici que je n'avais pu caser toutes les lettres CARL JUNG'S POET, I en acrostiche de mon sonnet, anagramme des 4 onzains en G-P-C-J, et les seules 13 lettres en tête de vers étaient
ARLJUNGSPOETI = 167,
valeur de UNUS MUNDUS, désignation du Soi pour Jung.

  Puisque ces mots sont latins, leur valeur selon l'alphabet latin peut être prise en compte, et c'est 158, valeur des 13 lettres présentes dans chaque ligne de la grille en G,
ESARTINULO-MD-G = 158.
  Le sonnet en G débute par Monde si brut, "brut" pouvant se comprendre "originel", "pur", "un"...

  Le précédent billet m'a fait étudier les lettres MD qui transforment unus en MunDus, et m'a particulièrement conduit aux deux formules en 11 mots débutant par Ma dame, en 43 et 56 lettres, ce qui m'a rappelé la confrontation des valeurs
4816 = 112 x 43 des sonnets de Métaux en G et P, et
6272 = 112 x 56 du sonnet Vocalisations, qui m'avait d'abord évoqué
ARSENE LUPIN = 62 72 = 134.
  J'avais vu parallèlement les nombres 13-4 cerner la lettre n° 14 que Lupin cherchait parmi les 18 lettres du roi George, et Leblanc semble avoir répété ce jeu avec les 18 camions transportant les Dix Milliards d'Arsène, excepté le camion n° 14.
  Aussi j'avais été frappé par les lettres communes aux sonnets de Métaux,
ESARTINULO-M-D = 134-13-4.

  Il m'est revenu ce 14 décembre qu'un couple 134-167 avait joué un rôle essentiel dans ma recherche, avec les deux occurrences du titre La Marie du Port, de Simenon, dans le catalogue Folio Policier:


   Le n° 134 n'est jamais paru, mais est demeuré dans les catalogues, à proximité du n° 167. J'avais vu que ce titre avait 13 lettres et 4 mots, et que les 11 lettres différentes étaient
AEIOU DLMPRT = 51+83 = 134, et je venais d'être récemment conscient que 51-83, partage doré de 134, évoquait aussi 51,83°, l'angle dont le cosinus est Phi.
  Le 13/4/2005, il y a plus de 13 et 4 ans, je me suis réveillé avec le souvenir que 134 était la valeur des 10 lettres ESARTULINO choisies par Perec comme base de ses hétérogrammes, et ceci a été le point de départ de maintes autres découvertes dorées, dans Alphabets notamment.
  Aujourd'hui 12/14/2022, je me rends compte que la série gouvernant le sonnet en P,
ESARTINULO-MDP = 134+33 = 167,
est la seule contenant toutes les lettres de La Marie du Port, numéros 134 et 167 du catalogue Folio Policier, et évidemment aussi ESARTINULO.

  Je suis intervenu pour la dernière fois sur ces questions ici, où je mentionnais aussi le n° 142 du catalogue, Nice 42e rue, de Patrick Raynal, pouvant correspondre à la fameuse lettre n° 14. Si le dernier point est exact, je m'étais trompé sur le numéro, qui est en fait 128, et cette erreur remonte à mes premiers écrits en 2005.
  Le billet précédent m'a amené à célébrer le nom de jeune fille de ma femme, et sa valeur 142. Comme je l'ai précédemment dit, j'ai cru quand j'ai commencé à bloguer que la date de publication d'un post était celle où il était créé, aussi je prenais garde au PostId, l'identifiant à 19 chiffres de chaque post, une occasion de coïncidence (on peut lire l'ensemble BlogId/PostId en pointant sur "enregistrer un commentaire" au bas du billet).
  Ceci a considérablement perdu de son intérêt lorsque j'ai su qu'on pouvait définir n'importe quelle date de publication pour un post. Néanmoins je vois son identifiant tout au long de l'écriture d'un billet, et j'ai ainsi remarqué que celui du précédent billet débutait par 47, valeur de Perec, et se terminait par 225139, 139 et 225 étant des nombres de la suite additive 53-86-139-225, dont il était question dans le billet encore précédent, 53 étant la valeur de SONÈ, 86 celle de CARL JUNG.
  Perec a mentionné cette suite dans ses brouillons pour "53 jours".

  Le billet où il était question de cette suite avait son PostId s'achevant par 170, la valeur correspondant aux 14 lettres de mes onzains du 11/11/22, m'ayant décidé à les anagrammatiser pour faire l'acrostiche du sonnet du billet suivant, précédent à nouveau celui au PostId s'achevant par 170,
CARL JUNG'S POET, I = 170.

  Bref, il semblerait que, ces derniers temps, le PostId d'un billet, notamment ses derniers chiffres, ait un rapport avec le contenu du billet précédent. Celui du présent billet est
4518235898505218142,
se terminant par 142, valeur de AMD, Anne-Marie Durand, mais aller un rang plus loin livre 8142, or il m'est essentiel depuis février 2017 que
PRENOM NOM = 81 42, et ce n'est qu'aujourd'hui que j'y vois un nouvel écho.
   JEAN RICARDOU a décrété que les "nombres fondamentaux", utilisés pour structurer ses textes, étaient 4 et 8, nombres de lettres de ses prénom et nom, somme 12, rapport 1/2.
  Ainsi ces nombres 1-2-4-8 déduits de ses prénom-nom sont-ils les chiffres des valeurs de PRENOM-NOM.
  Je suis revenu à maintes reprises sur l'obsession de Ricardou comme sur les valeurs de PRENOM-NOM, sans voir cet écho, le dessillement ayant été provoqué par le PostId. Je remarque encore que les valeurs de mes PRENOM-NOM (45 89) peuvent s'y lire:
45 18235 89 850521 81 42.
  Quant au 142 d'AMD, une recherche de ses occurrences sur Quaternité m'a rappelé que
142 = 196, nombre de lettres de chaque sonnet de Métaux.

  J'ai cherché si des messages fortuits apparaissaient dans les grilles de Métaux. Le rapport faible Voyelles/Consonnes ne le facilite pas, et c'est une curiosité que la diagonale dextro-descendante du sonnet en G livre des mots cohérents:
lus-canin-si-lu-dé (ou l'us, car Perec utilise ce singulier).
  Difficile d'y voir du sens. Je découvre aussi dans les deux dernières colonnes les mots anglais star et bum, qu'on pourrait traduire par "la belle et le clochard".
  C'est dans le sonnet en V que j'ai vu ce qui pourrait être plus significatif:
 

  Dans ce dernier poème écrit à Paris, Perec semble se souvenir de LANS-en-Vercors (11e colonne), où il est venu voir Harry Mathews, et où il a écrit les 3 sonnets précédents, ou de Villard-de-Lans (VIntLARcDE, la lettre suivante étant l'S du LANS vertical), où il a vécu les années de guerre.
 

  La grille offre un acrostiche isogramme en V, comme Verticale ou Vercors.

Note du 15/08/24: J'étudie ici l'autre sonnet surcontraint de Métaux, celui en F avec ses diagonales isogrammes en M et U, et c'est vertigineux...



10.12.22

Un barrage contre le Damier (one's madness)


à  AMD

  A nouveau honte à moi. Alors que mes textes SONÈ (Sud-Ouest-Nord-Est) m'ont conduit à assimiler les lettres MAAD au concept jungien de l'Unus Mundus (A=1=UNUS, MUNDUS=UNUS+MD), il m'a fallu 21 jours après cette intuition pour qu'il me souvienne que les lettres grecques ΑΔΑΜ (Adam) ont été vues comme acrostiche des 4 directions.
  Ceci a été énoncé dès les Oracles Sybillins (2e siècle avant notre ère), repris notamment par Saint Augustin, illustré par la 12e figure de Raban Maur au 9e siècle. Anatolê est l'Est (en haut de la figure car les anciens s'orientaient vers l'orient, précisément). Dysis est l'Ouest, Arktos le Nord, Mesembrion le Sud.
  Dans cet ordre, à ADAM correspondent EONS, or les éons sont des entités spirituelles dont peuvent faire partie les archanges, et les 4 archanges judéo-chrétiens ont été aussi associés à la création d'Adam (comme aux 4 directions, aux 4 éléments, etc.).

  A ma décharge, je pourrais alléguer que je me suis défendu de trop penser à Adam lors de l'écriture du précédent billet, sachant que les seules lettres DM me mèneraient très loin, prévoyant d'y consacrer un autre billet.
  Piètre excuse, car cette quaternité d'Adam m'est essentielle, en lien avec l'Eden également quaternaire, et j'avais cité ce jeu sur Adam à propos du personnage Adam Pollo de Le Clézio, important pour moi par sa valeur 89, nombre également à l'honneur dans le précédent billet, 356e de Quaternité, avec 356 égale 4 fois 89 qui m'avait fait citer 4 personnages de valeur 89. Adam Pollo y aurait eu une place de choix, pour former l'acronyme STAR avec Simenon-Turing-Ricardou, les 4 archanges étant aussi homologués à 4 corps célestes.

  A 35 ans, ma vie a connu un tournant, avec un soudain besoin d'étudier l'hébreu, la Bible, la Kabbale.
  Je n'ai pas tardé à faire des trouvailles qui m'ont conforté dans cette quête, plutôt mystique au départ, puis qui a évolué ensuite vers autre chose. Une trouvaille essentielle a été la généalogie d'Adam: le Pentateuque précise les durées de vie de tous ses descendants jusqu'à Moïse, et la somme de ces âges est un nombre étonnamment rond, 12600 ans.
  Personne ne semblait avoir commenté cela avant moi, et ce n'est qu'en 2007 qu'un universitaire a publié une étude sur la question, bientôt relayée par des commentateurs moins pondérés.
  Les noms des descendants d'Adam m'avaient conduit à d'autres découvertes, en lien avec la quaternité et la quintessence, découvertes qui m'ont conduit à penser que je n'étudiais plus ce qu'avaient pu vouloir coder les rédacteurs bibliques, mais 'autre chose", que je pouvais aussi trouver dans des textes moins connotés par la religion.

  Ma dernière intervention sur ce sujet était ici.
  Je fus ensuite conduit à étudier Rabelais, lequel a d'ailleurs pastiché la Bible avec la généalogie de ses géants. J'ai évoqué mes travaux en 2013 sur Quaternité, et mentionné à cette occasion la correspondance des lettres ADAM avec les 4 directions.

  Rabelais m'a conduit à Virgile, et ce n'est qu'à l'occasion du présent billet que je me rends compte du rôle joué par les lettres DM dans ma principale découverte virgilienne.
  Au plus bref, un vers refrain intempestif rompt l'harmonie du chant d'Alphésibée de la 8e Eglogue, composé de 3 parties comptant chacune 3 strophes de 3-4-5 vers, et ce n'est pas une hypothèse hardie que ce soit lié au premier triangle pythagoricien, tel que
32 + 42 = 52, relation très appréciée dans l'Antiquité.
  Les 2 parties de l'hexamètre césuré 5-7 sont
Ducite ab urbe domum,    mea carmina, ducite Daphnim.
de valeurs 169 et 196 selon l'alphabet latin, carrés de 13 et 14, de somme 365 évoquant le calendrier de César qui venait d'être instauré, apportant enfin un peu de logique dans le système calendaire latin.
  Je me souviens encore du jour de 1995 où, seul dans un compartiment du train 5050 entre Lyon et Paris, je réunissais les 4 mots débutant par D, obtenant
Ducite domum, ducite Daphnim = 244, et
ab urbe, mea carmina = 121, carré de 11.
  Il m'était immédiat que 244 est la somme des carrés de 10 et 12, ainsi
102 + 112 + 122 = 132 + 142 = 365, relation insoupçonnée que Virgile m'avait fait découvrir.

  Une solution logique m'était apparue pour scinder 244 en 100 et 144, m étant la désinence des substantifs régis par les verbes ducite:
ducite m ducite m = 60 + 12 + 60 + 12 = 144,
domu Daphni = 50 + 50 = 100.
  Je ne crois pas avoir jusqu'ici souligné la coïncidence avec le train 5050.

  Le 60+12 de ducite m est remarquable car il correspond aux sommes des nombres impliqués dans les deux relations pythagoriciennes:
10+11+12+13+14 = 60, et
3+4+5 = 12.
  Par ailleurs ce vers refrain intempestif coupe les 5 vers de la 3e strophe du chant, qui seraient normalement les vers 10-11-12 et 13-14, suivis d'un autre vers refrain comme dans chaque strophe.
  Ces 5 vers comptent 60 pieds, et le vers refrain 12.
  Dans une autre églogue apparaît un nom divin forgé par Virgile, Alcimedon. En lettres, les relations ci-dessus s'exprimeraient par
K L M N O = 60, et
C D E = 12.
  K, 10e lettre de l'alphabet latin, est d'usage exceptionnel, et j'avais imaginé son remplacement par AI (=10), Alcimedon étant une combinaison de 
AI L M N O = 60, et
C D E = 12.

  Si je n'avais guère douté alors d'avoir mis à jour les intentions secrètes de Virgile, je suis bien plus circonspect aujourd'hui, ayant rencontré dans divers écrits de nombreuses harmonies numériques non programmées par les auteurs, notamment moi-même.
  Toujours est-il que les relations cousines sur les nombres 3-4-5 et 10-11-12-13-14, ou lettres C-D-E et K-L-M-N-O, étaient centrées sur les nombres 4 et 12, ou lettres D et M.

  Mes recherches m'ont ensuite conduit à Maurice Leblanc, et je me souviens de mon exaltation après la lecture de La lettre d'amour du roi George, en octobre 1996, où chaque jour semblait amener une autre couche de décodage d'une nouvelle au sujet pourtant simple. 18 lettres de George IV à sa maîtresse Dorothy ont été cachées dans les 18 tomes d'une édition des romans épistolaires de Richardson. La 14e lettre prouve que le fils de Dorothy était un bâtard royal, mais le tome 14 a disparu, et l'Anglaise Elisabeth Lovendale, petite-fille de Dorothy, le recherche.
  Ma première étape a été de constater qu'il restait 13 et 4 tomes, que j'ai fusionnés en 134, nombre plusieurs fois rencontré dans la saga lupinienne, vu correspondre à la valeur d'ARSENE LUPIN.
  Puis j'ai traduit en lettres la répartition en 13-1-4 tomes, obtenant M-A-D, soit l'anglais mad, "fou", or le détenteur du tome 14 est devenu "comme fou" lorsqu'il a appris ce qu'il recelait, en demandant un prix astronomique.
  Je passe sur les autres étapes, d'abord étudiées ici, puis sur Quaternité puisqu'elles ont été à l'origine de Novel Roman, où l'apparition fortuite des mots "unus mondo" dans la table des chapitres a provoqué l'intérêt pour les lettres MD éveillé dans le précédent billet.

  Il y avait une lacune dans mes analyses de 1996, due à une ignorance comblée depuis. Miss Lovendale attendait de la 14e lettre "de la gloire, des titres", or le premier titre nobiliaire féminin anglais est "dame".

  A propos de "dame", le quatrain 8,66 de Michel de Nostredame, dit Nostradamus, énonce
Quand l'escriture D. M. trouvee,
Et cave antique à lampe descouverte,
Loy, Roy & Prince Ulpian esprouvee,
Pavillon Royne & Duc sous la couverte.
  Certains ont vu en ce prince ULPIAN A.LUPIN, lequel ne dédaigne pas s'affubler du titre de Prince, il est ainsi le prince Paul Sernine dans 813.
  Précisément, l'abominable assassin qui signe LM dans cet ambitieux roman de Leblanc se révèle être Dolorès Malreich, DM, la dame dont Lupin est tombé éperdument amoureux. Il a fait sa connaissance dans un pavillon du domaine autrefois chéri de l'impératrice Eugénie. Le plan de Lupin consiste à faire d'un certain Pierre Leduc l'héritier de la couronne d'un duché clé allemand, et s'en servir pour influer sur la politique européenne.
  Si la scène essentielle achevant la première partie se déroule dans une cave, elle n'est aucunement antique, mais certaines lectures nostradamiennes qui ont fait florès me semblent moins pertinentes...

  Le mot "dame" me conduit à faire un bond de près de 20 ans. Le 13 juin 2016, j'étais à l'hôpital au chevet de ma femme, endormie. Je regardais un livre que je venais d'acheter, et m'apercevais que certaines lettres en gras y formaient des messages.
  J'étais en train de les décoder quand Anne-Marie se réveilla. La première chose qu'elle me dit fut qu'elle avait repéré des lettres en gras dans le livre qu'elle était en train de lire.
  Si ceci résultait d'un défaut d'impression, il y avait bien des messages codés dans Le secret dévoilé de Christian Doumergue, et le premier d'entre eux était:
Ma Dame adorée dans l’heure fleurie dissout les ombres ténébreuses
  Il s'agit d'une adaptation en français moderne de vers de Jehan l'Ascuiz figurant en exergue de L'énigme sacrée, peut-être due à Doumergue car je n'en ai trouvé aucune trace en ligne.
  J'ai eu la curiosité de passer la formule au Gématron, et d'apprendre ainsi qu'elle comptait 11 mots et 56 lettres de valeur
616 = 11 x 56.
  Je rappelle que j'avais codé le sonnet de Perec dans mon roman de 2000 à cause de l'harmonie numérique de ses 112 mots, de valeur
6272 = 112 x 56.
  A cette même moyenne s'ajoutait la coïncidence temporelle des lectures le même jour dans deux livres de lettres en gras, par Anne-Marie et moi.

  Plus de détails ici, mais il s'y ajoute maintenant que les premières lettres codées dans Le secret dévoilé étaient MADA, et que le fait était LIE à la MALADIE (MADA + LIE)...

  J'ai suivi jusqu'ici l'ordre de mes associations, avec quelques digressions. Le MAD de la Dame de Leblanc m'a donc conduit au petit texte codé débutant par Ma dame, ce qui n'a pas tardé à me rappeler que le texte probablement le plus fascinant que j'ai étudié débute par ces mêmes mots.
  Il s'agit de l'épithalame en beaux présents composée par Perec pour le mariage de ses amis Kmar (Bendana) et Nour(redine Mechri) le 15 août 1981 (l'un de ses derniers textes).
  Mes commentaires sur Noce occupent au moins 4 pages (1, 2, 3, 4), rédigées de 2002 à 2014, avec 4 harmonies majeures:
- double harmonie dorée du poème entier, selon les vers et les lettres, autour d'un triple saut de ligne, unique dans l'édition Ramsay;
- triple harmonie dorée de ses 9 premières strophes, selon les vers, les mots, et les lettres, autour d'une césure entre les mots "mon amour" et "mon nombre d'or";
- les brouillons de Perec montrent qu'il avait envisagé une correspondance entre les 10 strophes du poème et les doubles des 10 premiers termes de la suite de Fibonacci, 2-2-4-6-10-16-26-42-68-110, or ces deux derniers nombres correspondent aux contingents de lettres des mariés, également notés dans ces brouillons, pour la composition en beaux présents,
AEBDKMNR = 68, et EIOUCDHMNR = 110;
- les strophes impaires, où le marié s'adresse à la mariée, offrent à plusieurs niveaux une architecture basée sur les nombres 11 et 43, vus comme "autobiographèmes", métonymies du départ de la mère de Perec vers Auschwitz le 11 février 43.

  Ainsi les 2 premiers vers de Noce sont
Ma dame d’ambre rare
Armada amarrée en rade de Madère
en 11 mots et 43 lettres, et d'illustres perecologues ont utilisé d'autres énoncés de Perec en 11 mots et 43 lettres à l'appui de la thèse du 11-43.
  Mais les brouillons de Noce ne témoignent d'aucun calcul effectif faisant intervenir le 11-43 ou le nombre d'or, et des participants à l'événement m'ont assuré que Perec avait fini son texte dans l'urgence, ce qui ne plaide pas non plus en faveur d'intentions sophistiquées.

  Un nouveau point m'apparaît à l'occasion de cette évocation. La noce a été célébrée le 15 août, or la section d'or de 365 jours est environ 225,6 jours, à arrondir à 226; le 226e jour est le 14 août, ainsi l'année se partagerait en 226 jours du 1er janvier au 14 août, et 139 du 15 août au 31 décembre, en écho immédiat à une harmonie dorée de Noce, entre une partie débutant par "mon nombre d'or" et finissant par "monde moderne", et la suivante débutant par "Noce" et s'achevant par "mer de carbone".

  Anne-Marie et moi nous sommes mariés en 2014, après 36 ans de vie commune. Les similitudes entre les contingents de lettres de nos noms et ceux de Kmar et Nour m'ont conduit à écrire un poème en 10 distiques utilisant les mêmes contraintes que Noce.
  Chaque strophe impaire y débutait par dame, ainsi la première
dame Anne, marée à même de dire
ma reine, mûrir rime en réussir
et j'y exploitais le fait que kmar et nour signifient "lune" et "lumière", ce dernier mot compris comme "soleil", interdit par la contrainte. Ceci a conduit à une harmonie numérique "soleil-lune" qui s'est trouvée magnifiée au décès d'Anne (à mon grand dam). J'ai vu dans le précédent billet le SUN anglais et le MOND allemand contenus dans les mots uNUS MONDo apparus par hasard dans la grille des chapitres de Novel Roman.

  Ces strophes débutant par DAM s'adressaient à quelqu'un dont les initiales étaient AMD.

  En hébreu, Adam n'est pas seulement le nom du premier homme, c'est aussi le substantif "homme", et j'ai pris conscience en écrivant ce billet que c'était l'anagramme de dama, "dame" dans différentes langues (et aussi "jeu de dames").
  Je voyais plus haut MADA LIE à la maladie d'AMD, mais le nouveau pronom IEL pourrait être cité, ADAM étant un homme, DAMA une femme, chamadamada, chamadamada...

  Je me suis demandé s'il existait une association AAMD, des Amis de Marcel Duchamp par exemple. Plusieurs associations utilisent ce sigle, et j'ai été frappé par l'Association of Art Museums Directors, qui organise chaque année un Art Museum Day, AMD, le 18 mai, soit l'anniversaire d'AMD, Anne-Marie Durand.
  C'est aussi l'IMD, International Museum Day, créé en 1977 (l'année où AMD et moi avons débuté notre relation), mais l'AAMD le célèbre à sa façon depuis 2010 en tant qu'Art Museum Day.
  Le billet précédent m'avait amené à voir une équivalence entre A, lettre de rang 1, et I, chiffre romain 1.

  Je comptais au départ de ce billet revenir à la diagonale MAADRBRE de la table des chapitres du roman Les lieux-dits de Ricardou, en insistant sur MAAD anagramme d'ADAM, et sur MAD ARBRE comme ARBRE d'ADaM (Adam s'écrit ADM (אדם) en hébreu). L'arbre d'Adam peut orienter vers la généalogie d'Adam, ou vers l'Adam Qadmon, ou Arbre des Sefirot, symbole kabbalistique de totalité que Ricardou connaissait, et qu'il a vraisemblablement rapproché du diagramme de la marelle dans sa nouvelle Gravitation.
  Et puis un nouveau dessillement est survenu le 8/12, alors que je roulais à vélo dans les rues de Manosque.
  Lors de mon intervention à Cerisy, j'avais pointé que BARRE est l'anagramme d'ARBRE, et que la "barre" est justement la diagonale de l'écu qui correspondrait à la diagonale MAADRBRE, alors qu'un passage important du roman est consacré à l'interprétation du blason du paquet de Pall Mall.

  Comment n'ai je pas songé alors que "barre" suggère "barrage", qui se dit dam en anglais et dans d'autres langues? Ainsi MAD BARR(ag)E pourrait devenir MAD DAM...
  Incidemment, moi, souvent considéré comme "barré" (fou), ai visité pour la première fois le barrage du lac d'Esparron cet été (c'est interdit), en y accédant en kayak.
 

  Où pourrait-on construire un barrage dans la région des lieux-dits de Ricardou? Il se trouve que les 8 lieux-dits, chacun en 8 lettres, sont répartis également de part et d'autre de la rivière qui irrigue la contrée, le Damier:
la rivière aurait emprunté son nom à l’étrange paysage qu’elle irrigue ; elle serait la rivière du Damier ; et, de là, très simplement, le Damier.
  Deux noms d'affluents du Damier sont donnés dans le roman, la Demoiselle et la Dame...

  Peu après ce dessillement du "barrage", j'étais à la médiathèque de Manosque, où j'ai remarqué Lieux de Perec en rayon.
  Bien que perecolâtre, je n'ai pas acheté le livre à sa sortie en mai, car il était accessible en ligne, et Perec lui-même avait laissé tomber ce projet pharaonique de 12 ans d'écriture, où les dates et lieux étaient déterminées par un carré bi-latin, de même que les contraintes de La vie mode d'emploi.
  J'ai donc emprunté Lieux, et me suis rendu compte après coup, qu'en cette date du 8/12, j'avais fait une trouvaille importante sur le damier 8x8 des Lieux-dits (chacun de ses 8 chapitres est divisé en 8 sections), et emprunté Lieux basé sur un damier 12x12.

  Le mot "barrage" m'a évoqué un roman, Un barrage contre le Pacifique, que je n'ai pas lu, ni aucune autre oeuvre de Marguerite Duras.
  Initiales MD! Me renseigner sur la dame m'a appris que son vrai nom était Marguerite Donnadieu, toujours MD, et qu'elle était née un 4/4, le 4/4/14.
  Le roman est paru le 18 juin 1950, 18 jours avant ma naissance.
  Sa seconde adaptation ciné a été présentée pour la première fois le 9 septembre 2008, le lendemain de ma découverte de l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44, le jour où j'en ai fait le premier compte-rendu.
  Il existe une Association Marguerite Duras, AMD.

  Le titre de Duras m'a suggéré le titre du billet, complété par ONE'S MADness pour parvenir au total de 357, puisque ce billet est le 357e de Quaternité. 357 est évocateur pour l'apprenti kabbaliste, car c'est la valeur de shem tov, "bon nom". Anne-Marie Durand avait un "bon nom", de valeur 142 dont le partage d'or est 54-88, deux nombres qui apparaissent dans le numéro de téléphone de Sonia AMADouny, une amie d'ADAM Pollo dans le roman de Le Clézio cité plus haut.
  J'envisageais au départ de ce billet d'y mettre en valeur le nombre 12 correspondant à MIDI, et donc de le publier le 12/12, mais mes intentions ont été déroutées par quelques trouvailles, et ce 10/12 n'est pas quelconque car il s'agit du 344e jour de l'année, et 344 est la valeur de l'hébreu פּרדס, PRDS, pardès, "paradis", également acronyme des 4 sens de l'écriture, comme ADAM est en grec l'acronyme des 4 sens directionnels. C'est pour cette raison que mes premiers textes SONÈ avaient pour sujet le paradis.

  Je n'en avais guère conscience en publiant mon 344e billet en juillet dernier, où un texte de 1401 lettres subissait 4 étapes de décodage pour finalement donner le mot AME.
  Ce qui me rappelle le poème d'octobre en hommage à Alphabets de Perec, où certaines strophes codaient en Morse pour des mots, notamment la première pour ALPHABETS.
  J"avais eu après coup la curiosité de regarder ce que pouvaient donner en Morse les vers non codants, et remarqué deux vers successifs livrant MD et AME.
  Aujourd'hui je souligne que le français populaire élide volontiers "madame" en "m'dame".

note du 12/12: Gef m'a rappelé la pièce de Ionesco, Amédée, que j'avais lue et appréciée ado. Ceci m'a rappelé Philippe de Chérisey, dont le nom de scène était Amédée, membre notamment du duo comique Grégoire et Amédée, objet d'un Je me souviens de Perec
  J'aurais pu y penser tout seul, car Chérisey était avec Plantard et Sède l'un des artisans de la "belle histoire" de Rennes-le-Château. Il est souvent cité dans le livre de Doumergue (67 occurrences de son nom).
  Chérisey a notamment revendiqué la confection des parchemins jouant un rôle essentiel dans l'affaire. Il est possible que l'oulipien Caradec y ait participé, ou ait eu des informations privilégiées. J'ai étudié de possibles allusions de Perec ici.
  Chérisey a revendiqué la plus longue anagramme jamais réalisée avec le message codé dans le Grand Parchemin. Il l'aurait signé par une allusion à son pseudo Amédée juste avant les derniers mots du message:

à midi pommes bleues
A MIDI...