20.4.22

onomastique (5)

 
  Plus de mastication, ni de couple Ono-Ma, mais une recherche "Yoyoyoko" m'a mené à Yoko Yoyoyoko qui vient de créer une chaîne YT en mars . "Yokoyoyo" donne d'autres résultats, sans image "onomastique".

  Les 18 et 19 mars, j'ai lu le roman récemment paru de Dicker, dont j'ai d'abord envisagé de donner mon compte-rendu de lecture, que j'imaginais sans suite, à la fin de Onomastique (3). Je l'ai ensuite placé au début de Onomastique (4), car il avait quelques échos avec certains nouveaux points, mais ces nouveaux points ont pris tant d'importance que j'ai à nouveau écarté le compte-rendu, que voici.

  Le nouveau roman de Joël Dicker, L'affaire Alaska Sanders, s'inscrit dans le prolongement de La vérité sur l'affaire Harry Quebert, étudié ici. Alaska est une jeune femme assassinée le samedi 3 avril 1999, son meurtrier présumé se serait suicidé le 6 avril. Exactement 11 ans plus tard, le 6 avril 2010, le flic qui a mené l'enquête trouve dans sa boîte une lettre anonyme assurant que ce meurtrier présumé était innocent.
  Lors du meurtre, les flics déplorent qu'il survienne un week-end, ce qui leur vaudra de passer leur congé au boulot, mais il semblent ignorer qu'il s'agit du week-end pascal. Je suis bien placé pour le savoir, car j'avais exploité dans Sous les pans du bizarre que Pâques tombait le 4/4 en 1999. Plusieurs chapitres de Dicker se passent ce 4/4, sans aucune mention de Pâques.
  Pâques tombait aussi le 4/4 en 2010, et les dates de Pâques reviennent souvent à l'identique après 11 ans, jusqu'à trois fois (4 en tout donc).

  Pour la première fois je pense, j'ai la curiosité d'étudier à quoi ça tient. 11 ans font le plus souvent 4018 jours, un nombre exact de semaines (574), et proche de 136 lunaisons (4016,2 jours). Si la pleine lune vernale, déterminant le cycle pascal, tombe un vendredi ou un samedi, et si l'un des intervalles de 11 ans ne débute pas par une année bissextile, il y aura toutes chances d'avoir ensuite la triple répétition de la même date de Pâques. Ainsi Pâques tombait aussi le 4/4 en 2021 (où j'ai publié un billet sur les anagrammes), mais 11 ans avant 1999, 1988 était bissextile, et Pâques tombait alors le 3/4.
  Ce nombre 136 m'est évocateur, d'autant qu'il apparaît dans un contexte 4/4, car c'est la somme des 4x4 premiers nombres.
  C'est le premier jour de l'an pataphysique 136 que j'ai découvert l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44, jour de l'échange Jung-Haemmerli, avec
JUNG HAEMMERLI = 52+84 = 136.
  Que ce nombre 136 puisse correspondre à une harmonie lunisolaire m'est encore significatif, car
LUNE SOLLEIL = 52+84 = 136.
  Une orthographe commune en vieux français est bien "solleil", et j'avais donné ici ce poème du 15e siècle :

  4018 m'évoque la valeur 1480 du grec ΤΕΛΕΣΦΟΡΟΣ, Télesphore, le dieu de la convalescence que Jung a ciselé sur la pierre de Bollingen, entre le soleil et la lune, en commémoration de sa guérison de 44 (1480 est aussi la valeur de Christos).
  J'avais publié ce billet le 4/4/2010, dimanche de Pâques. Je rappelais à sa fin le signification des nombres 84 et 52, et terminais ainsi le billet:
son identifiant débute par les chiffres 8452 dans lesquels je reconnais les valeurs 84-52 de Haemmerli-Jung.
   En ces temps où je commençais à bloguer, je croyais qu'un article (ou billet) ne pouvait avoir pour date de publication que le moment où il avait été créé, et comme j'avais souvent à coeur de choisir une date et une heure précise pour un billet, je prêtais attention à ce que le hasard avait choisi comme identifiant (nombre qu'on peut par exemple trouver en pointant sur le champ Ecrire un commentaire).
  J'ai appris qu'il n'en était rien, avec l'affaire etaterniuq, et qu'on pouvait choisir n'importe quelle date de publication, et je ne me suis plus alors soucié des identifiants.

  Cependant, après avoir débuté le billet Onomastique (4) du 4 avril par ce compte-rendu s'achevant sur l'identifiant remarquable du billet du 4 avril 2010, j'ai eu la curiosité de regarder l'identifiant du billet en cours, soit 6534336504259066564.
  Les 5 derniers chiffres, et même 6 derniers, me sont significatifs, car c'est l'anagramme du numéro 046665 du document de l'annexe du roman La maison des feuilles (2000), de Danielewski, étrange écho à l'opération
255 x 183 = 46665
du film Pi (1999), de Aronovski, les deux oeuvres s'achevant sur une énigme numérique faisant référence au titre de l'oeuvre.
  20 nombres formés des chiffres 4-5-6-6-6 existent, et j'en ai rencontré plusieurs significatifs, comme
46656 = (Tr(8))3 et son renversement
65664 = (Tr(83))/2
  Si 46656 est aussi le carré de 216, 66564 est également un carré, celui de 258. Ce nombre ne me disait rien, mais une recherche m'a rappelé que je l'ai cité à deux occasions, chaque fois en rapport avec les grilles de lettres qui me semblent constituer un ensemble phénoménal sur lequel il faudra sans doute revenir.
  258 est le numéro du Poulpe de Caryl Férey, dont le nom m'a fait penser au Ferrocarril de Santa Fives de Rapilly, où j'ai découvert la grille 9x10 avec NOM PRENOM dans la colonne centrale, comme la grille 9x9 de Epstein.
  258 est la somme des valeurs des titres des deux livres construits selon les grilles de leurs tables des chapitres:
- 159 pour LES LIEUX-DITS, en 8 chapitres de 8 sections, correspondant à la grille 8x8 des dits lieux;
- 99 pour LETTERS, dont les 88 missives sont gouvernées par les 88 lettres du jeu proposé par Barth.
  258 se répartit selon le nombre d'or en 159 et 99, et Ricardou comme Barth ont revendiqué l'emploi du nombre d'or dans leur écriture.

  J'ai vu une formidable harmonie dans la collection de poche Baleine qui publiait les Poulpes, mais aussi d'autres polars. Pendant près de 240 numéros, le nombre des Poulpes est resté en rapport d'or avec celui des autres polars, mais aussi bien l'éditeur que les directeurs de collections l'ignoraient.
  Lorsque la collection est passée au Seuil, il a été demandé de publier plus de Poulpes, et l'équilibre a été un temps rompu, mais pour être rétabli plus tard... Bref j'ai étudié cela en détail ici.

  Ce n'est pas le seul cas où j'ai vu des architectures dorées ne semblant pas voulues. Je rappelle qu'au départ ma recherche en ce domaine est partie d'une réaction négative devant des allégations que je jugeai gratuites sur d'éventuelles constructions dorées. Si ces allégations sont restées gratuites, j'ai fait mes propres découvertes, comme ce cas de la collection Baleine.
  Je me suis interrogé. Mon hypothèse favorite voyait un archétype dans le nombre d'or, déplaçant la question vers la synchronicité.
  Très récemment, j'ai découvert le livre de Michel Jouvet, Le sommeil, la conscience, et l'éveil, où j'ai lu ceci, à propos de l'émergence de la conscience:
  Pour Penrose, la réponse ne se trouve pas au niveau des neurones, qui sont trop gros et relèvent de la physique classique, mais plutôt au niveau de la structure interne des neurones, c’est-à-dire du cytosquelette, donc la structure qui est à la base de la cellule et sert de système de contrôle de ses différentes opérations. Or le cytosquelette contient lui-même de petites structures cylindriques appelées microtubules qui, d’après Penrose, jouent un rôle déterminant dans le fonctionnement des synapses. À l’intérieur d’un microtubule, la disposition des tubulines qui le constituent serait conforme à une séquence de la célèbre suite de Fibonacci : 1-2-3-5-8-13-21-34-55, etc.
  Ainsi, le « niveau cytosquelettique » est entièrement pris dans des phénomènes relevant de la mécanique quantique et, lorsque le niveau « micro » entre en contact avec le niveau « macro », la conscience apparaît.
  Penrose n'est pas un loufoque newâgeux, mais un scientifique reconnu par de multiples honneurs, dont un prix Nobel. S'il est avéré que la suite de Fibonacci soit associée d'une quelconque manière à la pensée, ceci ouvrirait de vastes perspectives...
  Je ne trouve guère de confirmation d'une structure fibonaccienne des tubulines. Il semble au moins, comme cette page en témoigne parmi d'autres, qu'une microtubule soit le plus souvent une spirale couvrant 13 tubulines.


  La théorie "Orch OR" de Penrose et Hameroff est abordée ici, et un de leurs articles détaille ce qu'il y a de fibonaccien dans l'association des tubulines, ne semblant concerner que les nombres 3-5-8-13:
Helical pathways following along neighboring tubulin dimers in the A-lattice repeat every 5 and 8 tubulins, respectively, down any protofilament, and following along neighboring tubulin monomers repeat every 3 monomers, after winding twice around the MT (relating to the 13 protofilaments according to the Fibonacci sequence 3, 5, 8, 13).
  PENROSE a-t-il  la REPONSE à cette formidable question de la conscience? Quoi qu'il en soit, une autre de ses découvertes théoriques s'est révélée avoir une réalité physique. Il a envisagé en 1974 le pavage non périodique du plan avec deux uniques pièces, les losanges d'or (d'angles aigus de 36° et 72°), donnant lieu à de belles constructions.   En 1982 ont été découverts les quasi-cristaux, dont certains correspondent exactement au modèle imaginé par Penrose.

  Je reviens à mon rêve du 24 mars, et à ses mots OR BIART dont l'interprétation ORBI(s) ART a été privilégiée dans le précédent billet.
  Le 31 mars, il m'est venu le découpage OR BI ART, ou encore OR by ART, en pensant aux BY JUNG et BYONO de la prose aléatoire de la machine Metaphase.
  Une de mes découvertes essentielles concerne Alphabets de Perec, recueil de 176 poèmes où le substantif le plus abondant est "or", et la répartition de ses occurrences dans les deux parties du recueil fait apparaître le rapport pondéré 55/34, deux nombres de Fibonacci consécutifs, offrant donc un rapport d'or optimal.
  Ceci offrait un bel écho à une découverte antérieure. J'évoquais plus haut l'équilibre dorée entre Poulpes et non-Poulpes dans la collection Baleine, et un cas emblématique est La Disparition de Perek, n° 89 de la collection et 55e Poulpe (précédé donc de 34 non-Poulpes).
   Il s'y ajoute que l'auteur, Hervé Le Tellier, est un amateur de la suite de Fibonacci (voir ici).

  De même, Perec a explicitement envisagé d'utiliser la suite de Fibonacci pour écrire des textes, mais ne semble pas l'avoir effectivement fait.
  Et pourtant, la distribution des "or" dans Alphabets n'est qu'un des éléments de l'architecture dorée que j'y ai décelée. Un autre est le rapport entre les occurrences des deux substantifs les plus abondants, "or" donc, et "art", avec 59 et 37 occurrences, et 59-37 est le partage d'or de la somme 96.
  En anglais, by s'applique à la division, comme "par" en français, ainsi "OR by ART" peut se lire
"OR/ART", ou 59/37 = 1,594..., approximation du nombre d'or (1,618...)
  Le dernier poème écrit par Perec énonçait "l’or s’évanouit vers l’art".

  Selon la lecture "OR BI ART", BI peut se comprendre aussi comme "dualité".
  La présence de BI entre OR et ART me rappelle les coïncidences autour du mot IB, "coeur" dans l'Egypte pharaonique, développées dans ce billet. BI ART me fait penser à l'anglais by heart, "par coeur".

  Un autre dessillement a attendu le 16 avril. Dans mon rêve du 24 mars, OR BIART constituait un ensemble prénom-nom. Une recherche m'avait conduit au roman Le fleuve d'or, de Lucien Biart, auteur totalement inconnu de moi (mais pas de çoeur dp).
  Ce n'est donc que ce 16 avril que je me suis avisé que or signifie "lumière" en hébreu, et que le prénom Lucien dérive de lux, "lumière" en latin.
  Et pourtant, cet or lumière m'est extrêmement important, et plusieurs billets de l'an dernier l'ont évoqué, avec l'écho entre or-ro, et lux-Xul, Xul Solar étant le pseudo que s'est donné Alejandro Schulz Solari, personnage évoqué en filigrane dans le précédent billet, mais j'y reviendrai prochainement en commentant un autre rêve.
  Je rappelle que le "rouge-gorge" du précédent billet est aussi Urias, le personnage biblique Urie, "feu" ou "lumière de JHWH".

  Pour l'heure, voici un rêve du 28 mars, où je me suis réveillé avec quelques bribes de souvenirs. J'étais à la caisse d'une librairie avec plusieurs livres, il me semble en anglais. L'enregistrement par la caissière du premier livre était anormalement long... C'est alors que je suis passé en mode "spectateur", pour lire quelque chose comme "il vit par terre un or tome..." La seule chose dont je suis certain est "or tome", et dans la période floue entre rêve et pleine conscience je "savais" que cette expression signifiait "un livre à part dans une série comptant plusieurs tomes".
  Ceci est resté ancré en moi pendant plusieurs heures, jusqu'à ce que je réalise enfin que "or" n'avait rien à voir avec "hors".
  Je sais que les Grecs anciens nommaient la section d'or "section" tout court, tomê, τομη; "nombre d'or" et "section d'or" ne sont arrivés qu'au 19e siècle. En grec moderne, τομη se prononce tomi, et la section d'or est χρυσή τομή, chrisi tomi.
  J'y ai pensé le jour du rêve, de même que j'ai fait le rapprochement avec "OR BIART" 4 jours plus tôt; mais ce n'est que le 11 avril que j'ai eu la curiosité de calculer les valeurs de ces mots:
OR TOME = 33 53, 33 étant la section d'or entière de 53 (53/1,618 = 32,75...) La valeur de TOME, 53, est la section d'or entière de OR TOME (86/1,618 = 53,15...)
  Ainsi, "section" pourrait être la section d'or de "section d'or", en abolissant quelques barrières linguistiques. Je ne l'aurais pas osé si ça n'était venu d'un rêve.

  Je n'aurais probablement pu rêver d'une meilleure conclusion à cette série onomastique que ce qui s'est passé hier 18 avril. Le Malachy caudé de Glenn Cooper dans La prophétie des papes (voir Onomastique (1)) m'a donné envie de relire l'auteur, et mon choix s'est porté sur Le testament des templiers, peut-être le premier que j'aie lu.
  Un de ses personnages se nomme Zvi Alon. Malgré une lecture rapide, sautant quelques passages, mon oeil repère qu'il devient page 201 Zvi Mon.
 

  "M" au lieu de "Al", c'est une erreur typique de reconnaissance OCR. Quoi qu'il en soit, je précise que mon exemplaire est le Pocket n° 14589, tirage de mars 2014.
  Ainsi le nom Alon devient MON, sorte de négation de NOM, par renversement.
  Zvi Alon est un Israélien, dont les prénom et nom signifient "cerf" et "chêne".
   Le mot zvi, ou zwi, est apparu récemment sur Quaternité, dans le premier billet de l'année, avec l'association Zwi Migdal. Dans ce billet figuraient ces commentaires:
   "Le Nom", c'est HaShem, la formule désignant le Tétragramme YHWH qu'il est interdit de prononcer, et il se trouve qu'en hébreu les trois lettres écrivant HaShem (השם), HSM, se transforment par atbash en zwy (צבי), "cerf", ÇBY.
  Cette transformation de HaShem  en zwy, et vice-versa, est assez connue, car au 17e siècle un certain Sabbataï Zwi s'est déclaré être le Messie toujours attendu par les Juifs, et a déduit de ce jeu qu'il avait le droit de prononcer le Tétragramme.
  Ainsi Alon devenu Mon, renversement de "nom", a pour prénom Zvi, renversement d'un autre type de "le nom" (l'atbash fait correspondre chaque lettre d'un mot à celle d'un alphabet renversé). Tiens, le renversement de Alon donne Nola, et La vérité sur l'affaire Harry Quebert, mentionné au début du billet, est une enquête sur la mort de Nola Kellergan.
  Le mot hébreu ÇBY (צבי) a pour valeur 102, renversement de la page 201 où apparaît Mon (mais la page n'est pas foliotée  car c'est la fin du chapitre 16.
  Je crois devoir insister sur l'hérésie sabbatianiste qui a bouleversé le monde juif, et supplanté un temps le judaïsme traditionnel. La croyance que Zwi était le Messie était telle que ses partisans ne doutaient pas que le Sultan d'Istanbul allait s'incliner devant lui et mettre son pouvoir entre ses mains...

  La frénésie messianique juive ne s'est pas éteinte avec Zwi, témoin le Rebbe Schneerson qui a été récemment vu comme le Messie dans le mouvement Loubavitch. Le mot MSYH, "Messie", qui figure sur l'emblème de sa communauté, est aussi lu SM HY, "nom vivant".

  Le BY de BY JUNG et de BYONO, comme le BI de OR BI ART, m'avaient donné envie de rappeler qu'en hébreu BY (ou BI) est l'atbash de SM, "nom", mais j'avais abandonné cette piste qui ne peut maintenant être éludée. Je constate l'étrange écho entre BYONO, ono début du grec onoma, "nom", et les lettres hébraïques (Ç)BY, avec BY atbash de "nom", suivies de MON, renversement de NOM.
  Le billet précédent m'a mené à Al Elyon, le "Dieu très-haut" dont le prêtre est Melchizedeq,
identifié par la tradition juive à Sem, un survivant du Déluge (grâce à la colombe), son nom shem signifiant précisément "nom".
  J'avais remarqué à ma première lecture le numéro Pocket, 14589, 45-89 étant les valeurs de mes prénom-nom, REMI-SCHULZ.
  J'avais aussi remarqué le nom Taillefer, page 330, car ce nom avait fait coïncidence ici, mais le passage en question a maintenant une tout autre résonance:
 

  L'action du roman se passe essentiellement à Ruac, village imaginaire de Dordogne. Ce fameux Portrait d'un jeune homme a été du goût d'une femme de Ruac, qui l'a accroché au mur de sa cuisine...
  J'avais oublié ceci lorsque j'ai lu Inavouable, de Zygmunt Miłoszewski, où une partie de l'intrigue tourne autour de ce tableau disparu. Le billet suivant m'avait conduit à un film où apparaissait aussi le tableau:

  Jamais deux sans trois, et il en va de même pour Taillefer, dont une occurrence concernait aussi la Dordogne.

  La couverture française de Pig Island m'a fait remarquer les possibilités de former avec les initiales des 4 points cardinaux anglais les mots NEWS et SWEN, prénom nordique signifiant "jeune homme". Je rappelle le nom du héros, Oakesy, dérivé de oak, "chêne" (alon en hébreu).

  Je prévoyais de commenter dans un prochain billet le roman que j'ai lu juste avant Le testament des templiers, mais il m'est apparu ce 20 avril qu'il était indissociable de plusieurs thèmes de cette série onomastique.
  Il s'agit donc d'une parution récente, Les ravissantes de Romain Puértolas. La lecture de la 4e de couv',
  Que s’est-il réellement passé en mars 1976 dans la petite ville de Saint Sauveur, en Arizona ?
  C’est la question à laquelle tente de répondre le journaliste Neil Sheehan, confronté à une énigme qui divise la population : la disparition, sans mobile apparent, de plusieurs adolescents. Tandis que le shérif Liam Golden met tout en œuvre pour résoudre l’affaire, les mères des disparus accusent une communauté de marginaux qui s’est installée un an plus tôt dans les parages. Et pendant ce temps, d’étranges lumières apparaissent les nuits sans lune et la tension continue de monter entre les deux camps...
  Comment démêler le vrai du faux ? À qui donner tort ou raison ? Distillant le doute, recoupant témoignages et informations réelles, Romain Puértolas invite le lecteur à mener l’enquête dans ce roman dont chaque page déjoue les certitudes.
m'a fait flasher sur le nom du shérif, car il m'est immédiat que
LIAM GOLDEN = 35 57, deux nombres de la suite additive que j'appelle GOLDEN NUMBERS, étudiée dans De la Pâque à Paco.
  La Pâque est présente dans ce roman, car le gourou de la communauté en question, se prétendant être le Christ, est arrêté le soir du 15 avril 1976, se trouvant être le Jeudi saint, commémoration de la Cène et de l'arrestation de Jésus au Mont des Oliviers. Si ce n'est pas explicite, il l'est que les adolescents disparus réapparaissent mystérieusement le dimanche de Pâques.
  35 et 57 sont aussi les valeurs des syllabes PEN et ROSE de Penrose, le matheux pavant le plan avec des losanges dorés, co-auteur de la théorie Orch OR évoquant la suite de Fibonacci dans le cytosquelette.

  Ce matin, 20 avril, il m'est apparu que la première partie du prénom LIAM, forme irlandaise de William, est LI, que l'atbash transforme dans notre alphabet en OR. Je suis revenu à diverses reprises, notamment ici, sur le cryptogramme imaginaire laissé par Einstein selon un thriller, ! il rsvb, qui livre par atbash (selon l'alphabet actuel) ! ro ihey, qu'il faut renverser pour obtenir yehi or !, la transcription de l'hébreu signifiant "Que la lumière soit !" (Gn 1,3), ou Fiat lux !
  Or l'hébreu or signifie aussi bien "lumière" que "feu", et le chinois li signifie "feu".
  Le gourou christique de la secte des Ravissantes, Emilio Ortega (li et or!) fait mettre le feu à Saint Sauveur par ses disciples lorsqu'il voit l'étau se resserrer autour de lui, mais ça ne suffit pas à empêcher les flics de l'enchrister.

  Dans le billet sur Xul Solar déjà mentionné, je parlais aussi de zwy, "cerf", ÇBY, devenant HaShem, "le nom", HSM, et évoquais ma première approche de l'hébreu:
  Une lecture de jeunesse m'ayant amené à m'intéresser à la tradition juive a été Les grands initiés d'Edouard Schuré. J'y avais été frappé par son commentaire de la Genèse, où il voyait l'esprit-souffle de Dieu du verset 2, ROUA, devenir au verset suivant la lumière, AOUR, son exact renversement :
ROUA AELOHIM AOUR
Le souffle divin en revenant sur lui-même crée la lumière intelligible.
  Lorsque j'ai plus tard appris l'hébreu, il s'est révélé que les assertions de Schuré étaient plus qu'approximatives, le souffle étant RWH, rwa'h, et la lumière AWR, 'or.
  Une translittération courante de ce souffle divin étant ruach, je me suis demandé si Glenn Cooper ne s'en était pas inspiré pour Ruac, plaçant l'action en Dordogne où abondent les localités en -ac. Les locaux y détiendraient depuis la préhistoire le secret d'un élixir de longue vie, dont la recette est cachée dans un manuscrit codé selon Vigenère. Ceci me rappelle que Jules Verne a du être le premier à utiliser un codage de Vigenère dans un roman, La Jangada, où la clé d'un document chiffré est obtenue grâce au nom Ortega (également nom du gourou christique).
  Le héros du Testament des templiers est Luc Simard, un "luc" lumineux. Il parvient à percer le secret de Ruac, et la lutte entre Luc et Ruac s'achève par l'anéantissement du village dans une énorme explosion.

  Ce matin, l'écoute de France-Inter a amené une surprise, avec le dicton du jour, A la Saint Théodore fleurit chaque bouton d'or. J'ignorais totalement que ce 20 avril pouvait être fêté un Théodore, mais il y a tellement de saints que plusieurs dizaines sont fêtés chaque jour.
 

  Une suite essentielle pour moi de La mort et la boussole, la nouvelle de Borges cachant en filigrane le Zwi Migdal et le jeu Zwi-HaShem-JHWH, est L'adversaire, d'Ellery Queen, où le tueur insignifiant John Henry Walt (JHW) abrite d'autres personnalités, celle de Nathaniel, spolié par ses cousins, et celle du Dieu vengeur de l'Ancien Testament, JHWH.
  Ellery remarque que Walt est né le 20 avril 1924, un dimanche de Pâques.
  Je trouvais significatif que Dannay, né Daniel Nathan, après avoir rompu avec son cousin Lee, ait choisi comme nouveau partenaire Theodore Sturgeon pour rédiger cette histoire où un Nathaniel se venge de ses cousins, Nathaniel étant l'équivalent hébreu de Theodore ("don de Dieu"). Une Saint Théodore le 20 avril est un nouvel écho (j'ai privilégié ailleurs un Théodore du 9 novembre).
  Palindrome et renversement sont importants dans le roman de Queen, où le cousin survivant est un "Sadim qui transforme l'OR en RO" (en anglais "GOLD into DLOG").

Note du 22/4: J'avais aussi remarqué que les dernières lettres de OR BIART étaient IART, m'évoquant les coïncidences de décembre autour des mots TARI, RITA, et ARARITA, formule liée à la création biblique de la lumière. Les lettres restantes ORB m'ont fait penser au fleuve Orb, au débit très fluctuant. J'ai essayé de me renseigner sur l'étymologie du nom, mais Wikipédia ne la donne pas.
  Or hier, j'ai regardé un lot de livres donné à notre médiathèque (je rappelle que j'y suis bénévole), et parmi eux figurait le dictionnaire de provençal Lou pichot tresor. Le feuilletant, je suis parvenu à orb, dont l'unique sens donné est "cul-de-sac". J'ai pensé à la lumière hébraïque, or, et aux équivalents lux et "luc" se renversant en Xul, transcription de mon nom Schulz, et "cul"...
  Cherchant plus avant, cet autre dictionnaire occitan donne pour premier sens de ORB "aveugle", du latin orbus, ayant originellement un sens familial, "orphelin", "veuf". Serais-je un "veuf tari"?
  Le souvent utile Projet Babel montre que le sens originel de la racine indo-européenne orbh est "orphelin", ce qui m'est aussi significatif.

Note du 25/4: Le jeu OR-RO appliqué à OR BIART m'a conduit à RO BIART, et au nom courant Robillard, m'évoquant au premier chef les enquêtes de l'inspecteur Robillard, aux premiers temps de Pilote.
  Enquêter sur ce nom m'a conduit à Anne Robillard, auteure canadienne de fantasy pour les ados, et particulièrement des 10 tomes de la série A.N.G.E. (acronyme de "Agence nationale de gestion de l'étrange"). Il y a même un volume "hors tomes", autour de la série.
  Je rappelle qu'au départ du précédent billet il y a mon rêve d'une série de livres signés OR BIART, et qu'au départ de ma série onomastique il y a une coïncidence sur deux gourous nommés 'ange colombe".
  Tous les livres de la série ont un titre latin, ce qui me séduit a priori. J'ai attendu d'avoir lu le premier pour en parler, mais hélas cette prose m'est totalement indigeste, et je ne peux que me référer à l'article de Wikipédia. J'y trouve que la série est basée sur la prophétie des deux témoins. Entre autres, ces deux témoins ont été identifiés à Elie et Enoch, que j'ai rapprochés de Jung et Haemmerli, et c'est cette interprétation qui a été privilégiée dans le roman Père Elijah, commenté dans ce billet essentiellement consacré à PK Dick.
  La série A.N.G.E. voit un retour de l'empire romain à notre époque, or pour Dick cette "prison de fer" n'a pas cessé après la chute de l'empire romain, mais a perduré jusqu'en 1974...
  Il y a un inspecteur dans la série de Robillard, Thierry Morin, aussi nommé "Théo", un des mots clés dans ma série onomastique. C'est un orphelin...


4.4.22

onomastique (4)

   
ONO                 MA
  Ono (Yoko) ne mastique plus, et se joint à Ma (Yo-yo), pour former onoma, "nom" en grec. En fin d'écriture de la trilogie onomastique programmée, un 4e volet s'est imposé, offrant un formidable écho à mon pauvre calembour sur Ono.

  Le matin du 24 mars je me suis éveillé avec une image onirique encore en tête. On montrait une série de 5 ou 6 livres de la collection Le Masque, ayant tous pour nom d'auteur OR BIART.
  C'étaient des volumes dans l'ancienne présentation, jaunes, avec le nom de l'auteur en petites capitales. Je n'ai pas d'autre souvenir précis du rêve, c'était comme si j'assistais à un documentaire sur quelqu'un qui travaillait surtout pour le cinéma, présenté assez négativement.
  Je ne connais aucun Biart, les noms les plus proches dans la collection sont Bommart et Exbrayat.
  J'ai pensé à la collection deux jours avant, car les polars de Colin Watson sont parus en français au Masque (6 en tout).

  J'ai googlé "OR BIART", peu certain d'obtenir des résultats, mais il y en a une cinquantaine, concernant essentiellement un livre pour la jeunesse de Lucien Biart, Le Fleuve d'Or (1884).
  J'ai transmis à çoeur dp, jadis libraire, et elle bien sûr connaissait Lucien Biart, d'abord pour un autre roman pour la jeunesse, Entre deux Océans (1882). Ceci faisait coïncidence pour elle avec une histoire de rouge-gorge, mais je n'en donnerai pas ici les détails, ayant trait à des événements privés.
  Ceci me fit aussitôt penser au roman Rouge-Gorge, de Jo Nesbø, et au billet Norwegian Gud que j'y avais consacré en 2013.

  Peu après cet échange, le matin du 24, j'ai cherché Le modèle Jonas dans un coin où je pensais avoir casé des Ian Watson. Il n'y avait que L'inca de Mars, mais dans ce même coin j'ai trouvé Coïncidences, hasard ou destin? (2003), une compilation de 590 histoires insolites par Michel Granger et Jean Moisset, bien plus intéressant que Enigmatiques coïncidences (1993) de Moisset seul. .
  J'ai feuilleté le livre, dont j'avais parlé en mars 2008 sur Blogruz, pour une belle coïncidence. J'avais emprunté le même jour un roman où figure le macaronique kojh ito anah, qui m'avait semblé inspiré par le cogito ergo sum de Descartes (je ne savais pas à l'époque que ana signifie "je suis" en arabe), et un roman où une traduction en turc du Discours de la méthode joue un rôle important. La seule allusion directe à la formule de Descartes est donnée sous la forme "Je pense, donc ils sont", car le roman exploite le thème du monde rêvé par un unique individu réel.
  Coïncidences, hasard ou destin? s'achève par un essai sur la synchronicité où le coauteur Michel Granger utilise l'expression "J'y pense, donc ça suit".

  Me voici donc 14 ans plus tard, refeuilletant le livre ce matin du 24, et m'arrêtant page 274, sur le cas intitulé SINGE IMMORTEL (la métaphore du).
  Il s'agit du singe qui, placé devant une machine à écrire, taperait les oeuvres complètes de Shakespeare, pourvu qu'on lui en laisse le temps...
  Je précise maintenant que la première chose faite au réveil a été de noter ce dont je me souvenais du rêve, et je l'ai fait sur le premier brouillon de ma boîte mail, où j'avais noté précédemment une anagramme du site Anagrammy
OR BIART (24/03/22) série de Masques d’un scénariste ciné

A thousand monkeys randomly striking a typewriter =
Tiny drunk apes hit on keys to write anagrams. My Lord!
  Gef en a proposé cette traduction, ou plutôt cette adaptation anagrammatique:

 Un millier de singes tapant au hasard sur une machine à écrire =
 De puants ahuris enchaîneraient leurs anagrammes. Ridicule !

  La rubrique du livre est une traduction d'un article d'Alan Vaughan dans Psychic magazine (1974). Son ami Nick Herbert a conçu la Metaphase typewriter, où le singe est remplacé par un générateur de hasard, imprimant des suites de lettres et d'espaces au hasard, mais respectant  la fréquence de ces signes en anglais.
  Vaughan s'est concentré sur le mot ITALY, espérant influencer la machine, voici ce qu'elle aurait sorti selon Granger, celui que je présume avoir traduit l'article:

DER PAVEMOFOFRO R PRNACEFAPPE CTHE ECAS PR TE MIEMITO
ALINITSCERESK I CHE ECOVOUSHERITICIO THAING ROAMMME BEFOFOLL MI
TITIASUR PEFOF AFF HE ONROFTINID OFO E T BLUT ATASHESERUSUROROWO
OFOUR STOATIORRE PATON GUD BY JUNG D THEJORME AN


  Vaughan et Herbert se seraient extasiés de lire BY JUNG à la 4e ligne, car ce sont des adeptes de la synchronicité jungienne. En anglais, "une oeuvre de Jung" se dit a work by Jung.
  ITALY serait apparu après quelque 7500 lettres, bien plus tôt que le calcul des probabilités ne le prévoyait.
  Personne n'est obligé d'y croire, et Nick Herbert lui-même admet que sa machine n'a pas répondu à ses espoirs.

Metaphase Typewriter

  Quoi qu'il en soit, c'est un fait que, d'où qu'il vienne, le mot GUD précède immédiatement BY JUNG dans le charabia reproduit, et que je le découvre juste après avoir pensé à mon billet Norwegian Gud quand çoeur dp m'a parlé de son rouge-gorge. Or GUD c'est "Dieu" en norvégien, mais c'est aussi le rouge-gorge du roman de Nesbø!
  Je conseille de lire tout ce billet, très riche, l'essentiel ici étant que Rouge-gorge est le surnom de Daniel Gudeson ("fils de Dieu"), jeune volontaire parti combattre le bolchevisme en 1942. Il est décrit comme angélique, et doit son surnom à son habileté à égorger les Russes avec sa baïonnette.
  Daniel a lui choisi de se renommer Urias, nom d'un Russe qu'il a tué. Daniel est tué à son tour, ayant si profondément influencé un de ses camarades, Gudbrand ("feu de Dieu") Johansen, que celui-ci s'approprie à son tour le surnom Urias (grécisation de l'hébreu Ouriah, "feu de Dieu" également, mais ce n'est pas révélé). En 1999, Gudbrand atteint d'un cancer décide de se venger de ceux qu'il estime avoir trahi Urias-Daniel, et se procure un fusil de précision.
  Il n'est encore pas explicite que ces identités Gudbrand-Urias-Daniel livrent l'acrostiche GUD.

  Nesbø débute Rouge-gorge par ce qui pourrait être une synchronicité:
  Un oiseau gris passa dans le champ de vision de Harry, qui tambourinait sur le volant.
  C'est un rouge-gorge, et sa présence en Norvège en ce 1er novembre 1999 est insolite, car la plupart de ses congénères migrent vers le sud à l'approche de l'hiver. Le rouge-gorge de çoeur dp avait aussi un comportement insolite.

  L'apparition du mot GUD m'a tant ébahi que j'ai tenté d'approfondir, et découvert ainsi que Granger n'avait donné qu'un extrait de la logorrhée de Metaphase. Voici ce que j'ai pu restituer dans l'article original:
CE BYONO AROALYOKSPSERECIF SAR JEQUR S D CH WHN E
OFAPAN E CHEVEDO E TSEN K CALE OGEY MSTHENOCLAXERAS
T MME INUN TIF GAY PEGAVECAR
DER PAVEMOFOFRO R PRNACEFAPPE CTHE ECAS PR TE MIEMITO
ALINITSCERESK ICHE ENCOVOUSHERITICIO THAING ROAMMME
BEFOFOLL MI TITIASUR PEFOF AFF HE ONROFTINID OFO E
T BLUT ATASHESERUSUROROWO OFOUR STOATIORRE PATON GUD
BY JUNG D THEJORME AN
T FF SERAMPHEFANCHE KISG TY ICTS OCLTHAD ES BURIALOF
E ET TS JUL ANEFO ROL EFE OTHTOTLERTHIRSTHNONEI ETOAUNOS
T HED ABE R N DGEAVOUCH ANED ICTE AREPOWHE MBER DRY
A A THE PONG ICTHEANGERURORASTPATT E IN DE ON TETHENE
TRAST OITENES ILERATTINMA THEBRTHE ST CARIOVIANT OFEESTINS
S TIMETIE TSUNSAL RELADUHEN Y TSEIC H M OND OCOUALAIDEREN
AGATHILENY D IND ILE T CTHIL NOMAK AT H PRONTATON
THA FONS ARAINGGE OPPRTAIMEE W AMBAST THT IS
INGRENE SIRSTTE F VIORLAT TUTHEXTILINGUT CONOR WOWERIPR
S CHAVIREND T UPREDICISEROMY CATHED TRG OFOREEFLESEKERONTOK


  Il aurait été dommage de s'en priver! Mais Granger n'avait pas prévu que, 20 ans plus tard, je relirais ce cas, en cours d'écriture de la trilogie Ono mastique, or le second mot donné par Metaphase est BYONO, alors que la justification de l'article est l'apparition des mots BY JUNG.
  Ceci m'a fait chercher la signification de ono en japonais: "couperet", ou "tranchoir", ce qui m'a rappelé mon Parfum de la dame au tranchoir.
  By Ono s'entend "baillonneau", autre nom de la baïonnette chère au "rouge-gorge", et Daniel Gudeson l'utilisait pour trancher les gorges.
 
  S'il fallait me croire sur parole pour bien des points jusqu'ici, mon rêve OR BIART, sa notation à côté des singes typographes, l'écho avec le rouge-gorge de çoeur dp, ma redécouverte du livre de Granger et Moisset, le voisinage des séquences GUD BY JUNG et BYONO est réel, quelle que soit leur origine. Ces deux digrammes BY sont les seuls du texte.
  Ce sont aussi des faits vérifiables que le rouge-gorge de Nesbø est triplement (ou quadruplement) un GUD, et que Daniel Gudeson tuait à la baïonnette. On peut aisément comprendre pourquoi  j'avais titré Norwegian Gud  le billet sur cette question, en écho à une chanson des Beatles (Norwegian Wood).
   C'est un autre fait que GUD BY peut s'entendre goodbye, et qu'une chanson de 1967 des Beatles, avant que Yoko devienne la compagne de John, est Hello, Goodbye, où on entend ceci:
Why do you say goodbye goodbye, oh no?
  Plus tard, les autres Beatles auraient volontiers souhaité dire un goodbye définitif à Ono.

  Comment suis-je arrivé à la restitution du texte de Metaphase? La revue est sur GoogleBooks, et une recherche permet d'obtenir la reconnaissance OCR de courts extraits (avec beaucoup d'erreurs), ou d'encore plus courts aperçus de la page concernée. Ainsi cette requête envoie au début du texte, page 58:

  Je ne suis pas parvenu à accéder au reste de l'article, peut-être est-ce à la portée de plus doués.

  La machine Metaphase semble avoir été conçue pour communiquer avec les morts, et c'est une autre curiosité que son inventeur, Nick Herbert, porte le même patronyme, courant il est vrai, que James Herbert, l'auteur de Le jour où je suis mort, d'une importance essentielle au départ de ces billets onomastiques.
  Nick est encore vivant, et actif sur son blog, où il rappelle dernièrement son origine ukrainienne..
  Alan Vaughan est mort le 8 avril 2001, dimanche des Rameaux.

  La Norvège et 2001 me rappellent Theodor 2014, cité récemment pour La conspiration des ténèbres. J'y parlais aussi de la BD Alvin Norge ("Norvège" en norvégien), parue en janvier 2000, dont l'action débute le 26 août 2001 avec une cyberattaque frappant 4 objectifs, notamment un DC-10 de la United Airlines. Alvin Norge reçoit des mèls prévoyant ces événements, mèls expédiés du dernier étage du World Trade Center. Difficile de ne pas penser à la quadruple attaque terroriste qui allait frapper les USA 16 jours plus tard, avec notamment le vol 175 de la United Airlines qui percuterait le haut de la tour Sud.

  Theodor permet de revenir au sens de Gud, "Dieu", et aux différents Théo rencontrés précédemment, Théo dans Le domaine d'Ana calqué sur Verne, Theo(dore) dans l'adaptation TV du même roman de Verne, Théo dans l'adaptation ciné de Queen, Theo Clare dernier avatar de Mo Hayder. 

  C'est une bonne occasion de rappeler l'inscription que Jung a fait graver au seuil de sa maison de Küsnacht (et sur sa pierre tombale), Vocatus atque non vocatus, Deus aderit (Appelé ou non, Dieu sera présent).
  Selon Google, ce serait en norvégien Kalt eller ikke, Gud vil være tilstede.

  Lennon a créé et enregistré la chanson God sur son premier album solo (avec le Plastic Ono Band). Il n'y professe pas une foi quelconque, sinon en lui-même.

  Existe-t-il des points communs entre les Beatles et Jung? J'ai évoqué récemment la pochette de Sgt Pepper, où figure Jung.
  On peut aussi penser au rêve de Jung à Liverpool.
  Les Fab Four pourraient désigner le 4/4/44... Je remarque que la 4e ligne de Metaphase selon Granger offre le mot OFOUR, contenant four, "quatre". La lecture OCR le scinde en O FOUR. Le mot JUNG est par ailleurs suivi par le mot D, 4e lettre.

  Dans nos échanges, çoeur dp m'a proposé le redécoupage de OR BIART en ORBI ART. Ceci m'a aussitôt fait penser à Tlön Uqbar Orbis Tertius, la première nouvelle de Fictions, de Borges. Il se trouve que j'en avais parlé dans Norwegian Gud, sans rapport avec Nesbø, pour une remarquable coïncidence survenue pendant l'écriture du billet, développée dans le billet suivant.
  La nouvelle m'est depuis longtemps essentielle, pour elle-même, et parce que Perec l'utilise dans le sommaire de ce Bulletin imaginaire, au chapitre 56 de La Vie mode d'emploi, fort riche à plusieurs niveaux, d'abord l'immédiat:
- Tlön est devenu Nolt, renversement alphabétique;
- Uqbar est devenu Baruq, renversement syllabique;
- Orbis est devenu Boris, anagramme.
  Au-delà des intentions, je remarquais que Gunnar Erfjord, présent dans la nouvelle, est un nom scandinave, et que Robin Marr de la 7e rubrique, probablement choisi pour évoquer le "rabbin mort" d'une autre nouvelle du recueil dont un personnage est Red Scharlach, évoquant scarlatine et gorge rouge, a pour prénom robin, nom usuel du rouge-gorge.
  Tiens, dans "rabin mort" (rabino muerto dans l'original), il y a toutes les lettres de OR BIART.

  Avant de lire les enquêtes de Roy Grace, j'avais lu plusieurs autres romans de Peter James, dont La preuve ultime (2018, 2020 pour la traduction française). Je l'avais emprunté et lu, noté quelques points, et envisagé d'en parler sur Quaternité, mais ça ne s'est pas fait, faute de rebonds suffisants.
  Il y a quelques mois, j'ai trouvé l'édition poche en livre voyageur, et pensé que je pourrais y rejeter un coup d'oeil.
  Le livre est resté à portée de main pendant ces mois, et les récentes trouvailles associées à Peter James m'ont fait commencer à le relire, sans grand enthousiasme...
...et continué frénétiquement, après la découverte au chapitre 14 qu'un athée militant, Ainsley Bloor, mène depuis 3 semaines une expérience avec 6 singes enfermés chacun avec un ordinateur relié à une imprimante. Ce 21 février, le singe Boris a réussi à écrire un mot. Certes il ne s'agit que d'une lettre, a, mais avec une espace devant et une derrière, soit l'article indéfini "un" en anglais, et Bloor en conclut que c'est la preuve que Dieu n'existe pas, que le monde a pu être créé par hasard.
  Boris parvient au chapitre 58 à écrire the, l'article défini anglais, et Bloor est comblé. Mais Boris ayant compris qu'il avait été récompensé pour avoir écrit ce mot pond ensuite des pages de the...

  Evidemment ce n'est guère concluant, et la causalité formative de Sheldrake pourrait expliquer pourquoi il serait plus facile de taper "par hasard" un mot court très courant plutôt qu'une séquence dépourvue de sens. D"autant que les animaux sont loin d'être bêtes, qu'ils peuvent percevoir bien des choses, ce qu'une expérience de type Metaphase permettrait d'écarter.
  Au-delà du fait que je redécouvre ce singe Boris quelques jours après avoir noté, à côté des singes typographes, le nom OR BIART, qui m'a fait pensé au ORBIS de Borges devenu BORIS chez Perec, il y a probablement plus extraordinaire, à moins que Peter James ne se soit inspiré de l'article de Psychic.
  Car A et THE font partie des mots existants pondus par Metaphase, mieux encore ils apparaissent successivement, et dans une séquence de 4 mots anglais: DRY A A THE.

  Je ne vais pas dire grand-chose du roman, intéressant, mais avec bien des redites et péripéties inutiles (à mon avis). Le héros, le journaliste Ross Hunter finit par découvrir le 20 mars 2018 un homme qui possède le même ADN que le Christ. C'est un magicien alcoolique de 70 ans, envoyé en reconnaissance pour voir si l'humanité est prête pour la Seconde Venue. Ce n'est pas le cas, et Mike Delaney informe Ross Hunter que bientôt sera envoyé un signe, que tout le monde pourra voir sur terre au même moment, et ce sera au journaliste d'expliquer au monde ce signe, avec tous les éléments de son enquête.
  Après ce bref entretien un tueur de Bloor tente d'écraser Ross, mais Mike se sacrifie pour le sauver, et meurt à sa place.
  Le signe survient le vendredi 24 mars à 12:25 GMT. La nuit se fait sur toute la terre, et il apparaît un arc-en-ciel particulier, avec ses couleurs inversées.
  Juste après, la femme de Bloor vient rendre visite aux singes. Boris est très agité et lui montre la dernière feuille sortie de l'imprimante. Il y est écrit un seul mot en majuscules et en gras:
ARC-EN-CIEL! (RAINBOW! dans l'original).

  La version française ajoute du sens, ainsi cette seconde preuve, après le SIGNE, est donnée par le SINGE...
 
  En VO, Ross se remémore le mnémonique donnant l'ordre des couleurs de l'arc-en-ciel,
Richard Of York Gave Battle In Vain.
pour Red, Orange, Yellow, Green, Blue, Indigo, Violet.
  Je constate que les premières initiales sont ROYG, comme son récurrent ROY Grace...

  Le SIGNE du SINGE BORIS me rappelle, qu'encore ignorant de ces derniers développements, j'avais donné dans Onomastique (2) comme exemple d'écho d'un texte avec un événement la "prévision" par Vlaicu Ionescu de l'élection de Boris Eltsine, suivie de la chute du communisme en Russie. Ionescu avait aussi vu le nom Boris dans un quatrain de Nostradamus contenant les mots "Boristhenes" et "loy Morique" (l'utopie communiste) . 

  Les lettres BORIS étant présentes dans AINSLEY BLOOR, j'ai cherché ce que pouvaient former les lettres résiduelles, et trouvé AL ELYON, soit le Dieu Très-haut de la Bible, selon une transcription courante en anglais de l'hébreu, comme ici:
YHVH Himself is frequently called Al-Elyon.
  En français, on transcrit plutôt El-Elyon. Il apparaît dans le Pentateuque avec le fameux Melchizedeq ("roi de justice") grand-prêtre du Dieu Très-haut, identifié par la tradition juive à Sem, un survivant du Déluge (grâce à la colombe), son nom shem signifiant précisément "nom".

  L'affaire du singe Boris m'a rappelé que, quelques jours avant le rêve OR BIART, j'avais lu un roman de Frédéric Lepage, Si la bête s'éveille (2020). C'est une enquête sur un crime commis au Dakota Building, et il y est mentionné Yoko Ono, qui semble-t-il y a toujours l'appartement d'abord prêté par Robert Ryan, acheté après sa mort par le couple Lennon-Ono.
  Cette évocation d'Ono ne m'avait pas semblé suffisante pour en parler dans la trilogie Ono mastique, mais le roman a un autre aspect. L'enquêteur Adam Leaf est en rééducation après un attentat, et la guenon Clara l'aide dans ce processus.
  Clara me rappelle Clara Nomen ("nom" latin) dans le roman de Belletto Hors la loi, cité dans Ono mastique (2), mais je n'avais pas pensé à ce prénom alors que c'était Estella Klehr qui m'avait conduit à parler de Belletto.
  Il me souvient aussi que Robert Ryan a été soupçonné d'être responsable de la mort de Natalie Wood, écho à Norwegian Wood. Un diminutif de Robert est Robin ("rouge-gorge"), et le Robin le plus connu est celui de Sherwood. La veille de mon intuition sur le 4/4/44, l'inspecteur Barnaby résolvait une enquête grâce à une anagramme, révélant de qui Robin Lawson était le fils.
  L'erreur en 4e de couverture d'un roman de Ian Watson, remarquée dans le billet précédent, m'a rappelé que j'avais vu d'autres erreurs similaires. Dans ce billet, en juillet 2014, je parlais de deux cas semblables, avec aussi des noms de personnages erronés en 4e de couv'. Entre les deux, il était question du film Rosemary's baby, et le nom du couple emménageant au Dakota était donné, Guy et Rosemary Woodhouse.

  En me renseignant sur le Dakota, j'ai appris que le personnage principal du film Vanilla Sky (2001), remake par Cameron Crowe d'Ouvre les yeux d'Amenabar (1997), habitait le Dakota. J'avais vu les deux films en leur temps, avec un a priori négatif pour le remake hollywoodien, mais je découvre aujourd'hui qu'Amenabar l'a jugé excellent, et que Crowe y a multiplié les subtilités.
  Ceci se passe tant au niveau de l'image que de la BO, où toutes les chansons ont à voir avec le rêve. De même de multiples plans font voir de façon quasi subliminale les lettres DREAM, et d'autres demandent des arrêts sur image pour déchiffrer un code simple, où les lettres de A à I sont remplacées par les chiffres de 1 à 9, ainsi l'identifiant attribué à Tom Cruise par la police ci-contre se déchiffre ainsi:
WHEN DID THE DREAM BECOME A NIGHTMARE?
(Quand le rêve est-il devenu un cauchemar?) C'est une réplique dans le film.
  Il y a bien d'autres messages codés, récapitulés dans les trivia sur IMDb.
  Une subtilité notable est la présence d'un livre sur une table, quand Cruise dialogue avec Kurt Russell. Quelqu'un y a reconnu Memories, Dreams, and Reflections de Jung (by Jung). La photo de couverture (par Cartier-Bresson) est la même dans l'édition française (Ma vie...).
  Il y a les Beatles aussi, avec des mentions explicites, et les multiples occurrences du chiffre 9 font allusion à l'obsession numérologique de Lennon.

  Il y a quelque chose qui m'est très personnel, avec un tableau de Joni Mitchell à côté de celui de Monet qui donne son titre au film (La Seine à Argenteuil en français). Ce tableau, c'est Edmonton, qui se trouve avoir pour identifiant 99 sur le site consacré à l'artiste, mais Edmonton m'est significatif par rapport à l'événement qui me relie à çoeur dp, et auquel sont liés aussi mon OR BIART et son rouge-gorge.
  Mon billet du 3 mars 2016 avait ainsi en exergue "aux edmontoniens" (non explicité).

  A la fin du film, Tom Cruise se jette du haut d'un gratte-ciel. Sa chute dure près d'une minute, entrecoupée de multiples images apparaissant pendant une fraction de seconde.
  Le film est sorti en décembre 2001, mais son tournage était fini en mars. Entre les deux, il y a eu le 11 septembre, et des gens qui se sont jetés du haut des Twin Towers. Je me suis ébaubi ici de la nouvelle Dana Khan de Yolande Villemaire (1983), où Dana rêve en Egypte de gens volant au-dessus de New York, tandis que les lettres ATTA s'inscrivent dans le ciel. C'est l'Egyptien Atta qui dirigeait le commando, et pilotait le vol de la American Airlines AA 11 qui a frappé la tour Nord.
  J'ai également pointé les romans de Tobie Nathan, Dieu-Dope (1995), où apparaît le mot attal, "assassin" en arabe égyptien, et Serial Eater (2004), où un tueur utilise des membres humains pour écrire en hébreu ATTAL, à partir du 11 septembre 2001.
  Après la BD de 2000 Alvin Norge reliant les Twin Towers à un quadruple attentat le 16 août 2001 impliquant un vol de la United Airlines, m'évoquant le vol UA 175 qui a frappé la tour Sud, je constate que ce cas peut faire penser au vol AA 11. Selon le code utilisé à diverses reprises dans le film, AA devient 11, et ATTA 1TT1 (TT pour Twin Towers?). Le personnage joué par Tom Cruise se nomme David AAMES, avec un nom débutant par AA.

  A nouveau, la version française apporte un plus: Tom Cruise, accusé d'être un assassin, est doublé par Yvan Attal.

  Parmi ces échos, la palme revient peut-être à Belletto qui a imaginé dans Créature, paru en février 2000, la destruction de deux planètes jumelles le 11 septembre 2001. Je précise encore que tous ces échos, et il y en a d'autres, ne sont pas nécessairement des "prémonitions" d'un événement inéluctable, mais constituent des résonances avec l'événement lui-même, à évaluer dans une perspective synchronistique, par exemple.

  J'ai laissé divers développements de côté, notamment numériques, et il y aura au moins un Onomastique (5).

  4 avril: alors que j'avais achevé ce billet hier, il me semble au moment de sa publication devoir y ajouter quelques réminiscences de mes rêves à mon réveil.
  J'assistais à un cours sur les trucages au cinéma. Une tache était associée à une femme nue, sur sa peau peut-être... Un grossissement montrait que la tache ressemblait à un oeil (c'était du moins mon sentiment en reprenant conscience), mais un bébé apparaissait dans sa pupille. J'ai relié ça aux mots achevant les films d'Amenabar et de Crowe, "Ouvre les yeux" (suggérant qu'il se réveille après le rêve).
  Ceci me rappelle que "oeil" se renverse phonétiquement en "yeux".

3.4.22

Ono mastique (3)


  Et voici donc le 334e billet de Quaternité, et Yoko qui vient de s'enfourner un morceau de la galette portée à sa bouche dans le billet Onomastique (2)

  Je reviens sur la mention de Nobody True (Le jour où je suis mort) dans Mort... ou presque, troisième enquête de Roy Grace. Elle survient lors de la visite par le tueur de la maison de Cleo Morey, la maîtresse de Grace. Il examine sa bibliothèque, et trouve qu'il a les mêmes goûts qu'elle:
Il vit Le rocher de Brighton, de Graham Greene, Nobody True, de James Herbert, un roman policier de Natasha Cooper, plusieurs livres de Ian Rankin et un thriller historique de Edward Marston.
  J'ai depuis lu la seconde enquête de Roy Grace, La mort leur va si bien, où Roy rencontre Cleo, visite sa maison au chapitre 63, et examine aussi sa bibliothèque, avec plus de détails. Il y voit aussi plusieurs Graham Greene, de nombreux romans policiers, mais encore un ouvrage de Jeanette Winterson, deux de James Herbert, et pas mal d'autres choses témoignant d'un intérêt pour la "vraie" littérature. L'inventaire s'achève sur L'occulte, de Colin Wilson, que Roy s'étonne de trouver là, mais Cleo lui dit qu'elle s'intéresse à ces choses et qu'elle sait qu'il est dans le même cas (de fait, la première enquête de Grace, Comme une tombe, révèle que L'occulte est un de ses livres favoris).

  J'ai lu L'occulte peu après sa traduction en français (1973), et ça m'a marqué. Wilson y expose sa conviction que l'ensemble des phénomènes paranormaux est lié, et suppose une faculté X, présente en chacun mais active à divers degrés.
  Colin Wilson intervenait dans une coïncidence qui m'avait profondément perturbé quelques années plus tôt. J'avais été voir Easy Rider, l'automne 1969 je présume, et avais été impressionné par le documentaire présenté avec le film, sur Göreme, la cité troglodyte des chrétiens d'Anatolie.
  Quelques heures plus tard, les nouvelles du soir annonçaient la découverte d'une cité troglodyte en Anatolie.
  Au lit, je me replongeais dans le roman en cours, Les parasites de l'esprit, de Colin Wilson, et il y était question de la découverte d'une cité troglodyte en Anatolie.

  Me remémorer ce cas éveille divers échos. Je sais aujourd'hui que l'Anatolie doit son nom illustration par Raban Maur de la correspondance des 4 lettres grecques ADAM avec les 4 régions du monde au grec, Anatolê, , et qu'une lecture classique du nom Adam voit dans ses 4 lettres les initiales des 4 Points Cardinaux en grec, Anatolê, Dusis, Arktos, Mesembria (Est, Ouest, Nord, Sud). Raban Maur l'a illustré par un carmen quadratum de ses Louanges à la Sainte Croix.
  Sur cette figure, l'A d'ADAM et d'Anatolê est en position supérieure, et l'on s'orientait volontiers dans l'Antiquité vers le soleil levant. Ceci me rappelle la triple occurrence début juin 2011 de la racine hébraïque zarach, "briller", avec le nom propre Zerach et le dérivé mizrach, "est".
  J'y suis revenu dans divers billets, notamment en novembre dernier, dans un billet s'achevant sur ceci:
  Le 4 mai dernier, je me suis réveillé avec en tête le nom Dietrich Tarincik. La seule occurrence en ligne est un village de la province turque de Van, s'écrivant en fait avec des i sans point, Tarıncık.
  Van, c'est en Anatolie (et à l'est de l'Anatolie). J'ai repensé à ce mot Tarincik en lisant Pig Island, où la narration alterne le récit de Joe Oakesy, à la première personne, et ce qui semble être le journal de sa femme Lexie (aussi nommée Lex et Alex (ce qui m'a fait penser au frère d'Ana dans le Domaine d'Ana (tolie?))), se présentant comme des lettres au Cher monsieur Taranici. Une recherche sur ce mot "taranici" amène essentiellement des références au roman de Hayder. Elle oriente aussi vers le taranica, dans la cuisine croate, semblant lié au tarhana turc (anatolien?).

  Au passage, le nord grec est arktos, "ours", car l'étoile Polaire appartient à la Petite Ourse.

  Le carré et les 4 directions me sont essentiels, ce qui m'a conduit à créer la forme SONÈ, à partir des initiales de Sud-Ouest-Nord-Est. J'ai remarqué que les formes anglaises South-West-North-East permettent de former NEWS, "nouvelles", WENS, le flic de Steeman, ou SWEN, prénom nordique signifiant "garçon", "jeune homme".
  La couverture française de Pig Island m'a appris qu'un certain angle de vue d'une girouette pouvait faire lire NEWS, ce qui serait bien trouvé pour une histoire dont le héros est journaliste. Il n'est cependant pas certain que ceci ait été intentionnel, et cette girouette est une particularité de l'édition française.
  Ceci a tout de même été remarqué, mais je n'ai pas trouvé de photo de girouette exploitant explicitement le fait. Tiens, je pense à la "nouvelle" de Borges La Mort et la Boussole citée dans Preuve par 3 en janvier, et constate que la façon "hébraïque" de lire NEWS dans les points cardinaux est la même que j'employai pour lire YGAL dans les initiales des 4 victimes.

  Je me souvenais avoir évoqué Colin Wilson sur Quaternité, pour l'un de ses romans. Une recherche m'a montré que c'était ici, pour La cage de verre, mais que je l'avais aussi cité, à plusieurs reprises, notamment (aussi cité dans Onomastique (2) pour Estella Klehr et Michel Rey), pour quelque chose de bien plus important.
  Il a publié en 1984 une biographie de Jung, que j'ai lue dès sa traduction en 1985. Son introduction débute par les événements de 1944, avec pour première phrase:
  Jung avait soixante-huit ans quand, au cours de sa promenade quotidienne, il glissa sur une route givrée et se fractura le pied.
  Après deux pages relatant la maladie, les visions, l'échange avec son médecin le 4 avril 1944, mais je n'avais pas alors perçu le schématisme de la date, Wilson écrit:
  Jung vécut encore dix-sept ans.
  Si je n'ai pas souvenir d'avoir remarqué à première lecture que 17 est le quart de 68, je suis au moins certain d'avoir lu attentivement ces pages, et il me semble plausible que ces nombres 68-17 et leur rapport 4 aient été enregistrés dans quelques neurones, réactivés quelque 20 ans plus tard lorsque le 4/4/44 était au coeur de mes préoccupations, déclenchant peut-être mon intuition que le 4/4/44 était aux 4/5es de le vie de Jung.
  Je rappelle que cette intuition a été immédiatement précédée d'une réminiscence d'une erreur d'un roman lu 25 ans plus tôt, où Jung était dit né le 6 juillet (mon anniversaire), au lieu du 26. J'aurais pourtant eu d'autres occasions antérieures d'exploiter cette erreur, mais elle était demeurée oubliée.

  Ainsi Colin Wilson pourrait avoir été un artisan essentiel de la découverte à l'origine de ce blog Quaternité.
  Un de ses romans a surgi des piles de livres constituant maintenant l'essentiel de ma bibliothèque, L'assassin aux deux visages (1984). Je l'ai relu, sans d'ailleurs être certain d'avoir été jusqu'au bout d'une lecture antérieure. L'intrigue tourne autour des personnalités multiples, thème déjà abordé par Robert Bloch en 1959, dans Psycho magnifié par Hitchcock, puis par Ellery Queen dans L'adversaire (1963), le roman qui a suivi Le mot de la fin.
  Ce qui m'a le plus interpelé dans le roman est une erreur sur le titre original, donné pour The James Murder Case

  Il n'y a aucun James dans cette affaire, et il s'agissait plutôt de Janus:


  James, Janus, Jonas... Le titre L'affaire du meurtre James pourrait être celui de Le jour où je suis mort, de James Herbert, puisque le mort s'y nomme James True.
  L'annonce d'une reprise de la série Demain à la une, avec une femme dans le rôle principal, m'a fait revoir quelques-uns des premiers épisodes. Dans l'un d'eux, j'ai repéré Jim True au générique.
  Souvent crédité en tant que Jim True-Frost, son nom de naissance est James True. Voyant qu'il a joué dans un épisode de Medium, une de mes séries favorites, je l'ai revu, et ce Garçon d'à-côté pourrait aussi être titré Le jour où James True est mort...
  Allison rencontre Stephen (Jim True) en faisant ses courses. Il la reconnaît comme son ancienne voisine lorsqu'ils étaient ados, et l'épisode oscille entre cette époque et le temps présent, où un crime horrible est commis à Phoenix. Allison rêve que Stephen en est l'auteur, et l'enquête révèle qu'il a bien d'autres meurtres à son actif. Stephen arrêté apprend à Allison qu'il a toujours été mal dans sa peau, et qu'il était jadis sur le point de se tirer une balle dans la tête, au moment où Allison était venue sonner à sa porte, apportant un gâteau fait par sa mère pour les nouveaux arrivants.
  On repasse alors au flashback où Allison est ado, et qui après un premier temps de copinage avec Stephen se défie de lui, et le soupçonne d'avoir tué son chat. Sa mère doit la menacer pour porter le gâteau aux nouveaux voisins, et lorsqu'elle arrive à leur porte elle tarde à sonner, jusqu'à ce qu'un coup de feu retentisse, et on comprend alors que ce qui est censé se passer au temps présent n'est qu'une virtualité, effacée par le suicide de Stephen.

  Le jour où j'ai rendu Mort imminente de Peter James, et Tokyo de Mo Hayder, j'ai emprunté à Gréoux 3 Peter James, tous des enquêtes de Roy Grace. J'ai d'abord lu Mort... ou presque, où est mentionné Le jour où je suis mort, puis l'enquête précédente, où dans la même bibliothèque sont signalés deux romans de James Herbert.
  J'ai ensuite lu Pour l'éternité (2014), 10e enquête de Grace (2014), et ai eu la curiosité d'éplucher les remerciements finaux. Ils s'achèvent sur un hommage à Jim Herbert, dont Peter James a appris la mort à la fin de la rédaction de son roman; il était depuis longtemps un ami pour lui.
  James Herbert est mort le 20 mars 2013, et Colin Wilson le 5 décembre de la même année.

  Jonas, Jason... Jonas Seraph tente d'emmener avec lui dans la mort le jeune Jason dans le roman de Laurie King. L'anagramme y est explicite.
  Un personnage important de Tokyo de Mo Hayder se nomme Jason Wainwright.
  Dans Pour l'éternité de Peter James, emprunté le jour où j'ai rendu Tokyo, le psychopathe Bryce Laurent se cache sous diverses identités, l'une d'entre elles étant Jason Benfield. Pour mener à bien sa vengeance, il fait accuser quelqu'un d'autre de ses méfaits, Matt Wainwright.
  Dans ce cousinage onomastique entre Peter James et Mo Hayder, je remarque que la maîtresse puis femme de Roy Grace est Cleo Morey, tandis qu'une relation privilégiée se noue au fil des cinq dernières enquêtes de Jack Caffery entre lui et Flea Marley, une autre flic. Il est conseillé de lire ces romans dans l'ordre.
  Jonas Seraph est vu ressembler à un ours, lorsque Ana le rencontre. Dans la dernière enquête de Caffery, Wolf (2014, Viscères en français), un personnage important est la petite chienne Bear (Ourse en français).
  Dans le billet consacré au roman de Laurie King, je mentionnais les analogies remarquées entre les navigations de Jason et de Jonas. A la lecture du précédent billet, l'indispensable çoeur dp m'a signalé que Jason avait utilisé une colombe pour franchir les Symplégades.

  J'ai depuis longtemps un livre de Ian Wilson, Expériences vécues de la survie après la mort (1988), qui est d'ailleurs une compilation intéressante. L'auteur a écrit de nombreux livres sur la religion et le paranormal.
  Etant par ailleurs un lecteur assidu de l'auteur de SF Ian Watson, mentionné ici sur Quaternité, je m'étais demandé s'il existait un auteur nommé Colin Watson, pour compléter le trio Colin Wilson, Ian Wilson, et Ian Watson, et avais facilement découvert, avant l'Internet, l'auteur de polars Colin Watson (j'avoue n'avoir jamais été tenté d'en lire).
  Colin Wilson réunit les trois casquettes: auteur d'essais sur le paranormal, de polars, et de romans de SF. J'ai procédé à ce montage:
 

  Parmi la dizaine de romans de Ian Watson, il y a ce Modèle Jonas, où il est question du langage des baleines. Dans le Nouveau Testament, le "signe de Jonas" fait référence aux trois jours passés par Jonas dans la baleine comme préfiguration de la résurrection du Christ, ce qui m'a fait choisir le livre de Ian Wilson sur le suaire de Turin, supposé donner l'autre face de Jésus, son négatif, d'où reprise du Janus murder case de Colin Wilson. Et pour finir un titre de Colin Watson avec "murder".

  J'ai retrouvé plusieurs Ian Watson, pas Le Modèle Jonas (The Jonah Kit en anglais, Jonah devenu Jonas, le prophète "Colombe" étant usuellement Jonah en anglais), mais notamment Le monde divin, dont l'édition originale Calmann-Lévy (1983) offre une erreur péritextuelle, éventuel écho au Janus devenu James chez Colin Wilson.
  En 4e de couverture, on lit:
Un équipage international, dont faisait partie la sociologue Amy Dove, qui nous raconte l'aventure, embarqua à bord du Croisé-Pèlerin.
  Or dans le texte la narratrice est constamment nommée Amy Colombe. Pourtant, le responsable de cette 4e de couv' a eu accès au texte traduit, le Croisé-Pèlerin étant dans l'original le Pilgrim Crusader.

  Divers événements sont survenus pendant la rédaction de cette trilogie, si bien qu'elle ne peut s'arrêter là, et se poursuivra donc dans Onomastique (4), où mon jeu de mots puéril sur Yoko Ono va trouver une formidable justification.