J'ai annoncé dans le précédent billet le titre de ce 325e billet de Quaternité,
hymne au trois cent vingt-cinq = 325,
trouvé très vite, car, après avoir constaté que TROIS CENT VINGT-CINQ totalisait 18 lettres de valeur 238, il restait à trouver 7 lettres de valeur 87 pour avoir 325 en 25 lettres, 325 étant la somme des 25 premiers nombres formant le carré magique d'ordre 5.
Avec AU = 22, il restait à trouver un mot de 5 lettres de valeur 65, et le mot HYMNE s'est imposé. Ce n'est qu'après coup que je me suis rendu compte que 65 était la constante du carré magique d'ordre 5, la somme des douze alignements de 5 nombres dans le carré, et que HYMNE était centré sur la lettre M, 13e dans l'alphabet, le carré magique classique étant également centré sur 13.
Ce précédent billet était essentiellement consacré à la transformation du carré SATOR selon le carré magique, donnant ceci:
Nicolas Vinel en a donné une superbe interprétation, utilisant toutes les lettres, de même que la fameuse croix A PATERNOSTER O trouvée en 1926 par Felix Grosser. Alors qui a raison, l'un, l'autre, personne?
Ou peut-être tous les deux, selon une perspective synchronistique.
J'y reviendrai, mais une curiosité est que le carré de Vinel a déjà été publié en 1996, 10 ans avant son article, dans L'alphabet solaire, de Jean-Luc Chaumeil et Patrick Rivière.
J'ai évoqué ici Chaumeil, jadis secrétaire du Prieuré de Sion... Ce bouquin semble à l'avenant des fumisteries du Prieuré, et j'ai renoncé à y distinguer une logique quelconque. Rien que la 4e de couv compte pas moins de 8 fautes de français...
Bref, une section est intitulée Carré magique, carré mathématique ou carré philosophique, page 325 (!); elle contient divers schémas, voici les derniers page 330:
Aucun commentaire n'est fait du "carré universel", au lecteur de deviner qu'il a été obtenu par le chiffrage du SATOR. Ce pourrait bien être le "carré philosophique" du titre.
C'est le carré de Vinel, tourné d'un quart de tour (Vinel était parti de la forme ROTAS).
Je n'y vois pas une coïncidence ébouriffante, car il peut aisément venir à l'esprit de mettre en parallèle le carré de lettres et celui de nombres. Un autre exemple était donné dans le précédent billet, j'en connais un autre.
Juste avant ce chapitre est donnée une lettre d'André Bouguenec à Chaumeil. Ce Franc-Maçon (1914-1997) est l'auteur de plusieurs livres. Il prétend avoir découvert le secret du SATOR, et avoir établi que le français était aujourd'hui la langue de la révélation, un Nombre Unique en rendant compte, 135.
135, car UN=35 (U=21+N=14), d'où 1-35, 135... Les exemples pleuvent:
LE CARRE SATOR = 135
LE CARRE MAGIQUE = 135
LES LETTRES = 135
LA CLEF DU FRANCAIS = 135
CHIFFRE + LETTRE = 135
DIEU EST LE UN = 135
LE MESSIE DE DIEU = 135
et il y en a bien d'autres, dont
ANDRE BOUGUENEC = 135, comme il se devait...
...sauf qu'il semble qu'Auguste Bouguenec ait choisi d'écrire sous le nom André Bouguenec, peut-être bien pour être en accord avec ce Nombre Unique. Mais le prénom Auguste l'inspirait aussi.
Vu que la lettre de Bouguenec précède les élucubrations sur le carré SATOR, il pourrait bien être à l'origine des trois carrés de la page 330, d'autant que
CARRE + CARRE + CARRE = 135.
Quoi qu'il en soit, j'ai choisi de m'appesantir sur ce personnage parce que celui qui a tiré quelque chose du carré philosophique ou universel est
NICOLAS VINEL = 73+62 = 135.
Il se trouve que j'ai publié en 1997 un article sur le SATOR dans le n° 51-52 de Connaissance des religions, sous le pseudo
JREN PAULSEN = 47+88 = 135,
non pour parvenir à ce "nombre sacré", alors ignoré, mais pour l'anagramme d'Arsène Lupin, avec un J à la place d'un I. Comme je l'indiquais dans Arisu n'est plus ici, j'avais utilisé un pseudo parce que la revue avait refusé ma première proposition, relative à la découverte d'un carré de lettres qui se trouvait avoir les propriétés d'un carré magique, et être l'anagramme du titulus de la crucifixion.
J'avais pu alors concevoir un logiciel calculant des carrés magiques à partir de la formule
IESUS NAZARENUS REX IUDEORUM = 325 selon l'alphabet latin, ou d'autres formules en 25 lettres, mais le logiciel est perdu, sinon j'imagine qu'il aurait trouvé des combinaisons valides à partir du titre de ce billet.
On peut lire ici l'article tel que je l'avais proposé au départ, Le carré Iuras, se concluant sur une belle coïncidence:
Pourquoi 1950? Peut-être parce que c'est la date où Bouguenec a trouvé sa clef, mais je remarque que 1950 c'est 6 fois 325, somme des 25 nombres du carré magique.
1950, c'est encore l'année où Jung a ciselé la Pierre de Bollingen, pour fêter ses 75 ans et sa guérison de 1944. 1950, c'est aussi 26 fois 75, et Jung est né en 1875, 25 fois 75.
Curieusement, en cherchant des carrés magiques en arabe, je suis tombé sur une illustration qui m'a mené à cette page, où est donnée la méthode décrite dans le précédent billet pour construire le carré d'ordre 5, et qu'il faut utiliser de manière inverse pour trouver un carré composé des nombres 1875 à 1899. C'est pareillement de manière inverse, selon Vinel que serait né le carré SATOR.
Les élucubrations de Bouguenec me rappellent que j'ai pu connaître un délire similaire et n'être pas loin de m'imaginer aussi être "le Messie de Dieu", après mes premières découvertes bibliques de 1985. Je connaissais heureusement l'oeuvre de Jung, et la fantastique coïncidence (contée ici) survenue à un autre maître autoproclamé, Raymond Abellio, m'a aidé à comprendre que les coïncidences ne prouvaient d'abord que leur existence, et ne pouvaient en tout cas valider les démarches de ceux à qui elles survenaient.
J'ai eu la curiosité de regarder quel était mon 135e billet, c'est Viré lof pour fol, compte-rendu de ma première lecture des Lieux-dits de Ricardou, où j'étudiais la coïncidence de sa table des chapitres, 8 mots de 8 lettres formant un carré permettant notamment de lire dans la diagonale principale BELCROIX, avec la table des chapitres que j'avais conçue pour Novel Roman, avec 11 titres de 11 lettres permettant notamment de lire dans la diagonale principale ROSENCREUTZ (Rosecroix).
R A I S O N A U T E L
Y O U S I R E L T A N
E T S U S A L O R I N
U L C E R A T I O N S
E O N I N T R U S L A
N E L U I C A S T O R
L A D U N E R O S I T
Q U I S O R T E L A N
E S P O I R A L U N T
E B R I S U N A L T O
L O I U N E S T R A Z
J'ai découvert très récemment que le dernier chapitre, Loi: un est raz, avait une logique insoupçonnée car raz signifie "un" (numéral) en polonais. Moins d'un mois après ce "raz-un" je découvre le "1-UN" ou 135 de Bouguenec.
Mes titres étaient formés des 10 lettres ESARTULINO magnifiées par Perec dans Alphabets, plus une autre lettre, en général imposée par les mots codés codés dans la grille.
Il m'était important que la valeur des lettres ESARTULINO soit 134, valeur d'ARSENE LUPIN, car j'avais décelé une possibilité d'utilisation de ce nombre par Leblanc, et que Perec s'est référé plusieurs fois à Lupin.
Plus de 20 ans après, je ne me souviens plus de toutes les motivations de ma grille, qui n'était d'ailleurs que provisoire, pour tester la faisabilité du projet. En tout cas, je tenais à Raison-autel pour le premier chapitre, inspiré par Santé-Palace, titre d'un chapitre de 813, et par l'expression "sacrifier sur l'autel de la raison".
Aujourd'hui je constate que cette première ligne de la grille a pour valeur 135, et qu'elle contient le mot AUTEL, de même que la première ligne du carré TARAT vu plus haut contient ARA, "autel" latin que Nicolas Vinel (=135) a judicieusement associé à l'autel du tabernacle.
Je dois tout de même préciser que ma première mention de la coïncidence BELCROIX-ROSENCREUTZ apparaissait dans le billet 125, Diagonales, quelques mois avant le billet 135.
Il m'est arrivé d'employer le mot ARA dans un texte, et c'était un texte basé sur le SATOR.
Je crois que c'est le texte à contrainte dont la composition m'a pris le plus de temps, du 7 au 8 juin 2003, presque sans interruption.
Le texte est formé des carrés de lettres correspondant aux 8 premiers nombres de Fibonacci, la première strophe correspondant au premier carré (R), lue vers le sud, la seconde par les deux premiers carrés (R et E), lue vers l'est, la troisième par les trois premiers carrés, lue vers le nord, la quatrième par les carrés formant ET USA TA NEPERIDE, au-dessus du SATOR ajouté à l'étape suivante de la construction. Plus de détails ici.
La septième strophe m'a conduit à écrire "Zidane nu retire son ara du décor". Je pensais certes plus au perroquet qu'à l'autel latin, mais ce texte basé sur le SATOR a fait apparaître le mot ARA.
Dans le récent billet déjà signalé pour raz-un, j'avais été conduit à rapprocher les mots RAT-SON, issus d'une autre création à contrainte, de Ramsès, "fils de Râ". Il y avait un T en trop pour avoir "SON of RA", mais j'avais pensé aux strophes 2 et 3 de ce texte, énonçant "Rê été rat", Rê étant une autre forme de Râ, le dieu soleil. Si j'ai bien écrit les lettres correspondantes, je n'ai découvert cette expression qu'ensuite, comme je l'explique sur la page dédiée.
Après les ARA AEREA et SERPENS, Vinel voit les 8 lettres restantes, 4 TO aux 4 coins du carré, former le mot hébreu ot, "signe". J'ai d'abord évoqué Rudolf Otto, souvent cité par Jung, et j'ajoute maintenant que otto c'est "huit" en italien.
J'ai aussi pensé que l'hébreu ot fait au pluriel otot, ce que Tobie (Toto?) Nathan a utilisé dans Serial eater, avec un tueur écrivant avec des morceaux de ses victimes l'expression biblique ototay eleh beqirbo, "les signes de ma présence parmi eux". J'en ai parlé en détail ici, et là pour les échos avec d'autres livres alliant corps découpés et Lebensborn.
Tobie Nathan a publié un nouveau livre en septembre dernier, Secrets de thérapeute. Une section en est consacrée aux amulettes, et dans cette section il parle des carrés magiques, avec pour exemple le carré d'ordre 3, connu dans le monde arabe dès le 13e siècle.
Il le donne en chiffres, puis en lettres hébraïques qui sont aussi des chiffres. Il donne la constante de ce carré, 15, et la rapproche de la 15e lettre de l'alphabet hébreu:
Je pense que ces rapprochements, correspondance de 15 avec samekh (qui est le numéral 60 en hébreu), rondeur associée au poisson, et anagramme, sont le fait de Nathan lui-même, et n'ont rien de traditionnel. Que d'échos cependant avec le précédent billet, où, alors que j'ignorais l'existence du livre de Nathan, je signalais les divergences d'opinion sur le symbolisme du N central du carré SATOR, poisson pour les uns, serpent pour d'autres, et l'anagramme de l'hébreu "messie", MSYH (même valeur que NHS, "serpent"), HMSY, "cinquième".
Pour ma part, samekh (ס) m'évoquerait plutôt un serpent ourobore. Je ne sais où Nathan a pêché qu'il s'agissait du poisson en araméen, tout ce que j'ai trouvé est que la forme protosinaïtique de la lettre pouvait représenter un squelette de poisson.
Pour ma part encore, j'aurais souligné que le rond au milieu du carré était fort significatif d'un point de vue jungien, mais Nathan apprécie fort peu Jung (voir ici).
Il a loupé quelque chose, car la recherche sur les carrés magiques arabes m'a mené à cette page (rubrique Magic square) où il est indiqué que le premier carré d'ordre 3 est apparu vers 800 dans un texte de Jabir ibn Hayyan. Les Arabes n'utilisaient alors pas les chiffres importés d'Inde, et c'était l'alphabet abjad qui servait de chiffres, comme chez les Grecs et les Juifs. J'ai ajouté cette quatrième forme aux trois données par Nathan:
Comme on le voit, la lettre ha (ه) centrale est très proche du chiffre 5 (٥) du carré précédent (il est possible que le chiffre ait été influencé par la lettre, car le chiffre original indien n'a rien à voir avec ce graphisme).
La même page indique que ce carré talismanique était nommé par les lettres de ses 4 coins, b-d-w-h (2-4-6-8), créant le mot buduh, lequel acquit ensuite sa propre vertu talismanique.
Ce sont les lettres OT aux 4 coins du SATOR modifié par Vinel qui m'ont fait penser aux otot de Nathan, et le nouveau livre de celui-ci me conduit à un mot formé par les 4 coins d'un carré magique, un mot qu'il aurait probablement cité s'il avait approfondi son étude.
Secrets de thérapeute est édité par L'Iconoclaste, dont le logo est L'I, ce qui me rappelle le feu chinois li, et le roman La formule de Dieu où Rodriguez dos Santos a imaginé Einstein avoir laissé cette formule codée,
SEE SIGN
bvsr li!
C'est du moins la dernière étape avant le décodage final, où SEE SIGN est l'anagramme de GENESIS, le titre latin ou anglais du livre de la Genèse, tandis que "bvsr li" donne par atbash dans notre alphabet yehi or, transcription de l'hébreu Que la lumière soit!, la première parole créatrice de Dieu, au troisième verset de la Genèse.
Certains scientifiques trouvent significatif que la première création divine soit la lumière, alors que les luminaires (soleil, lune, étoiles) ne seront créés que le quatrième jour, et ce n'est peut-être pas sans rapport que la théorie du Big Bang soit due à l'abbé Lemaître.
Quoi qu'il en soit, ce qui m'a retenu est la transformation par l'atbash, jeu de symétrie dans l'alphabet, de LI, transcription du chinois "feu", en OR, transcription de l'hébreu "lumière" ou "feu".
GENESIS devenu SEE SIGN, "voyez le signe", m'évoque les "signes", ot et otot, aux coins de l'anagramme du carré SATOR de Vinel, alors que j'avais été conduit à découvrir son carré à partir de mes récentes recherches autour de Saturne. L'apparition de Tobie Nathan dans ce contexte amène à quelque chose de prodigieux.
La publication de deux numéros 813 dans la collection Rivages/Noir m'a conduit en 2011 à une étude rappelant que ce nombre 813 avait connu un dédoublement éditorial quelque 100 ans plus tôt, avec la publication du roman 813 de Leblanc (juin 1910) tandis que Liber 813 vel ARARITA, un texte qui aurait été dicté à Crowley en écriture automatique pendant l'hiver 1907-08, a été publié dans ‘The Holy Books’, vol. 3 (Londres, 1909-10).
ARARITA est l'acronyme d'une formule magique en hébreu, préexistante, la valeur de ces 7 lettres étant 813.
Je renvoie à mon étude de 2011 pour les détails, mais voici du neuf. Crowley a consacré son Sepher sephiroth aux équivalences numériques en hébreu, et voici ce qu'il y note pour 813:
On en trouve diverses versions en ligne, comme ici, reflet de la publication originale où les mots en hébreu sont translittérés. J'ai préféré celle ci-dessus, révisée, où le premier mot est אותות, AWTWT selon la translittération que j'utilise, otot, "signes".
Le second mot est אראריתא, ARARITA.
Ensuite vient le verset entier Genèse 1,3: Dieu dit: "Que la lumière soit!", et la lumière fut.
On peut commencer à entrevoir comment SEE SIGN peut être significatif, précisément, à côté de yehi or, mais le roman de Nathan où le serial eater écrit otot avec des morceaux de ses victimes amène de formidables rebonds.
Car le premier morceau, pour la lettre alef, א, de אותות, est une main de Sylvie Chazot, déposée le 14 septembre 2001 sur l'autel de l'église Sainte-Rita. Autel, ara? autel de Rita, Ara Rita? Et cette lettre est la première des otot (le mot signifie aussi "lettres") composant le mot otot...
Le passage cité plus haut du Sepher sephiroth stipulait que les lettres de ARARITA devaient être représentées sur un Hexagramme comme ci-contre. L'hexagramme est aussi appelé Sceau de Salomon. Salomon Ghani?
La main déposée sur l'autel de Rita est vraisemblablement centrée, entre le pain et le vin. La lettre au centre de l'hexagramme est un yod, associé au mot yad, "main".
C'est un jeu d'Etienne Perrot, le rébus "pélican", qui m'avait rappelé que la chinois Li signifie "feu".
Feu et Eau, d'après le Yi King les hexagrammes Li et K'an, sont symbolisés par des triangles pointe en haut et pointe en bas, lesquels se conjuguent en le Sceau de Salomon le Pacifique, comme dit Perrot (Salomon est de la même racine que shalom, "paix").
J'avais oublié que ce Sceau était aussi appelé "hexagramme".
Ce site propose une exégèse du Liber 813, commençant par citer Crowley selon lequel la formule ARARITA avait pour rôle d'unifier les contraires.
Bien que ceci me soit familier, ceci m'a fait prendre conscience que Wofgang Pauli, lequel voyait aussi un symbole essentiel dans le Sceau de Salomon, se prêtait à un jeu similaire à Paix-Li-K'an, avec P-au-li devenant Paix-Eau-Feu. La paix sur l'oreiller en quelque sorte...
Les premiers romans de Tobie Nathan sont d'une complexité déconcertante, et je n'ai guère de certitude sur mes diverses analyses. Nathan avait cependant cité mes études sur le blog qu'il a tenu un temps.
Alors l'autel de Rita est-il une allusion à Ararita? Nathan a tant de connaissances sur le judaïsme et les croyances traditionnelles que je ne l'imagine guère s'être intéressé à Crowley, mais qui sait? Il est assez curieux d'avoir choisi comme premier lieu l'église Sainte-Rita où officiait en 2001 une communauté gallicane sans lien avec l'Église catholique, alors que les autres églises utilisées par le tueur sont catholiques romaines.
Nathan a au moins entendu parler du 813 de Leblanc, car son polar précédent était titré 613, allusion aux 613 prescriptions du judaïsme. On cherche une sacoche de cuir dans ce roman, et elle est finalement trouvée derrière une statue de Saint Jude. Sainte Rita et Saint Jude sont invoqués pour les causes désespérées.
C'est la parution de deux numéros 813 dans la collection Rivages/Noir qui m'avait conduit à revenir sur l'affaire Crowley-Leblanc, or il y avait eu un précédent dans la collection en janvier 2009, où le numéro prévu pour être le numéro 716 était paru avec le numéro 717, tandis que le "vrai" numéro 717, est bien paru sous ce numéro.
Le numéro 718 suivant est Serial eater, et consulter sa fiche m'apprend qu'une réimpression est parue en mars dernier, avec une nouvelle couverture, et un nouveau numéro ISBN. La première impression (toujours la bonne paraît-il) avait en illustration de couverture la même que celle de la première édition en grand format Rivages/thriller, un sous-sol éclairé par un néon (une LUMIERE).
J'imagine que cette réimpression signifie que les polars de Nathan ont toujours des lecteurs, bien qu'il ait abandonné cette voie depuis 2013 (avec Les nuits de Patience, que je n'ai pas réussi à finir).
Le choix de disposer les "lettres" de ototay eleh sur les autels d'églises m'amène à remarquer qu'un hébraïsant peut lire le mot AUTEL comme aut el, "lettre de Dieu" (ou "signe"). Le mot ot, אות, peut se translittérer AWT, AVT, ou AUT.
Je rappelle que Vinel lit sotra N le SAUTRAN à côté du SATOR.
Le mot ARA, "autel", figure sur son carré entre deux TO, ou deux OT.
Après 4 crimes échelonnés sur 3 mois pour écrire le mot ototay, le tueur met les bouchées doubles le 17 janvier 2002, où il tue une femme dont il dispose une main, l'alef de ALH, sur l'autel de N-D de Lorette, puis se prépare à sacrifier la juge et à transformer son corps en lamed, ainsi les deux lettres du jour auraient formé le mot AL, el, "Dieu".
Je rappelle que c'est le chapitre Santé-Palace de 813 qui m'avait conduit à intituler un chapitre Raison-autel.
Mes récentes investigations saturniennes m'avaient conduit, via les lettres ÇPQ, racine du nom de l'ange de Saturne Tsafqiel, et via les arcanes correspondants du Tarot, aux astres Lune-Mercure-Soleil, de rangs 9-8-6 dans l'astronomie géocentrique qui a prévalu pendant près de 20 siècles. J'avais signalé Mercure dieu des voleurs, et la 8e enquête du prince Rénine dans Les huit coups de l'horloge, Au dieu Mercure. Si le soleil joue un rôle essentiel dans la 2e enquête, La carafe d'eau (jouant le rôle d'une loupe déclenchant un incendie), je me suis abstenu de le mentionner, n'ayant rien trouvé concernant la lune, mais il faut tout de même souligner que l'EAU y provoque le FEU.
Je n'ai pas alors pensé que ce prince Rénine, habitant bd Haussmann, avait beaucoup à voir avec le prince Sernine de 813, habitant aussi bd Haussmann, Paul Sernine étant une identité anagrammatique de Lupin. Or il me semble avoir établi que ce n'était pas un hasard si un événement majeur du roman, l'entrée en scène de Dolorès/Laetitia Malreich, se produisait le 17 avril 1912 à midi, l'heure de l'éclipse de soleil la plus notable des derniers siècles pour les Parisiens, sa ligne de centralité passant juste à l'ouest de Paris, et Dolorès apparaît précisément à midi sur le parvis d'un autel de Neuilly, à l'ouest de Paris.
L'année n'est pas nommée dans le roman, paru en 1910, mais divers éléments permettent de la déterminer, et Leblanc précisera dans une édition ultérieure "deux ans avant la guerre" (14-18 bien sûr).
Selon le commentateur déjà cité, l'Hexagramme ARARITA correspondrait aux 6 sefirot 4-5-6-7-8-9, avec le A supérieur correspondant à la sefira 6, Tiferet, homologuée au Soleil, et le T inférieur à la sefira 9, Yesod, homologuée à la Lune. T est l'atbash de A, et l'une de mes grandes trouvailles, à l'époque où j'ai pu croire que la tradition juive recelait de profondes vérités, était une identification des sefirot à des lettres, magnifiant une structure atbash basée sur les constantes des carrés magiques d'ordres 6 et 9, les carrés du Soleil et de la Lune (détails ici).
Salomon Ghani évoque les sefirot dans Serial eater, ainsi que la gématrie hébraïque.
Mon second billet saturnien m'amenait au constat que le nom de la sefira 8, Hod, correspondant à Mercure, HWD était l'atbash de ÇPQ, racine sur laquelle est construit le nom de l'ange ÇPQYAL de Saturne. J'avais été honteux d'avoir mis tant de temps à le voir, et je suis encore marri de m'apercevoir maintenant que les lettres HWD (הוד), lettres de rangs 5-6-4, et aussi nombres 5-6-4 de l'alphabet numéral, correspondent à l'un des alignements du carré magique d'ordre 3, 4-5-6 en diagonale ci-dessous:
Au début du 16e siècle, Cornelius Agrippa a associé Saturne à ce carré dans sa Philosophie occulte, ouvrage où est aussi mentionnée la formule ARARITA.
Ainsi l'ange de Saturne m'a conduit au trio alchimique centré sur Mercure, et la sefira correspondant à Mercure, donnant par ses lettres-nombres la constante du carré de Saturne, fait revenir par atbash à l'ange de Saturne.
Le psy Tobie Nathan a pour alter ego le psy Nessim Taïeb dans ses deux premiers polars, l'équivalent arabe de son nom, Toviah issu de l'hébreu tov signifiant "bon", comme taïeb en arabe, nathan comme nessim signifiant "don".
Un psy est un médecin de l'âme, et un jeu souvent cité est la transformation atbash de tov en nefesh, "âme". La requête "nefesh" "tov" atbash amène de nombreux résultats, on en trouverait d'autres selon d'autres translittérations, et bien sûr encore plus directement en hébreu.
L'écriture de ce billet a été quelque peu bouleversée par la découverte en son cours des Secrets de thérapeute de Nathan. Il n'a plus du tout été question ensuite du nombre 325 annoncé dans le titre.
Alors voici pour finir une petite chose qui était prévue. Les nombres de 1 à 16 ont pour somme 136, un nombre dont j'ai souvent parlé, pour Jung-Haemmerli, pour le carré magique d'ordre 4, pour les 136 pies du palais de Sintra (çoeur dp m'a fait remarquer la ressemblance avec Sinatra).
Etant donné qu'à partir de yod, les lettres de l'alphabet hébreu notent les dizaines, les 16 premières lettres ont pour somme de leurs valeurs 325, somme des 25 premiers nombres formant le carré magique d'ordre 5.
Nathan associant le carré d'ordre 3 à la rondeur de l'oeil (de poisson), je souligne que la 16e lettre de l'alphabet hébreu est 'ayin, "oeil", dont la forme originelle était un rond.
hymne au trois cent vingt-cinq = 325,
trouvé très vite, car, après avoir constaté que TROIS CENT VINGT-CINQ totalisait 18 lettres de valeur 238, il restait à trouver 7 lettres de valeur 87 pour avoir 325 en 25 lettres, 325 étant la somme des 25 premiers nombres formant le carré magique d'ordre 5.
Avec AU = 22, il restait à trouver un mot de 5 lettres de valeur 65, et le mot HYMNE s'est imposé. Ce n'est qu'après coup que je me suis rendu compte que 65 était la constante du carré magique d'ordre 5, la somme des douze alignements de 5 nombres dans le carré, et que HYMNE était centré sur la lettre M, 13e dans l'alphabet, le carré magique classique étant également centré sur 13.
Ce précédent billet était essentiellement consacré à la transformation du carré SATOR selon le carré magique, donnant ceci:
Nicolas Vinel en a donné une superbe interprétation, utilisant toutes les lettres, de même que la fameuse croix A PATERNOSTER O trouvée en 1926 par Felix Grosser. Alors qui a raison, l'un, l'autre, personne?
Ou peut-être tous les deux, selon une perspective synchronistique.
J'y reviendrai, mais une curiosité est que le carré de Vinel a déjà été publié en 1996, 10 ans avant son article, dans L'alphabet solaire, de Jean-Luc Chaumeil et Patrick Rivière.
J'ai évoqué ici Chaumeil, jadis secrétaire du Prieuré de Sion... Ce bouquin semble à l'avenant des fumisteries du Prieuré, et j'ai renoncé à y distinguer une logique quelconque. Rien que la 4e de couv compte pas moins de 8 fautes de français...
Bref, une section est intitulée Carré magique, carré mathématique ou carré philosophique, page 325 (!); elle contient divers schémas, voici les derniers page 330:
Aucun commentaire n'est fait du "carré universel", au lecteur de deviner qu'il a été obtenu par le chiffrage du SATOR. Ce pourrait bien être le "carré philosophique" du titre.
C'est le carré de Vinel, tourné d'un quart de tour (Vinel était parti de la forme ROTAS).
Je n'y vois pas une coïncidence ébouriffante, car il peut aisément venir à l'esprit de mettre en parallèle le carré de lettres et celui de nombres. Un autre exemple était donné dans le précédent billet, j'en connais un autre.
Juste avant ce chapitre est donnée une lettre d'André Bouguenec à Chaumeil. Ce Franc-Maçon (1914-1997) est l'auteur de plusieurs livres. Il prétend avoir découvert le secret du SATOR, et avoir établi que le français était aujourd'hui la langue de la révélation, un Nombre Unique en rendant compte, 135.
135, car UN=35 (U=21+N=14), d'où 1-35, 135... Les exemples pleuvent:
LE CARRE SATOR = 135
LE CARRE MAGIQUE = 135
LES LETTRES = 135
LA CLEF DU FRANCAIS = 135
CHIFFRE + LETTRE = 135
DIEU EST LE UN = 135
LE MESSIE DE DIEU = 135
et il y en a bien d'autres, dont
ANDRE BOUGUENEC = 135, comme il se devait...
...sauf qu'il semble qu'Auguste Bouguenec ait choisi d'écrire sous le nom André Bouguenec, peut-être bien pour être en accord avec ce Nombre Unique. Mais le prénom Auguste l'inspirait aussi.
Vu que la lettre de Bouguenec précède les élucubrations sur le carré SATOR, il pourrait bien être à l'origine des trois carrés de la page 330, d'autant que
CARRE + CARRE + CARRE = 135.
Quoi qu'il en soit, j'ai choisi de m'appesantir sur ce personnage parce que celui qui a tiré quelque chose du carré philosophique ou universel est
NICOLAS VINEL = 73+62 = 135.
Il se trouve que j'ai publié en 1997 un article sur le SATOR dans le n° 51-52 de Connaissance des religions, sous le pseudo
JREN PAULSEN = 47+88 = 135,
non pour parvenir à ce "nombre sacré", alors ignoré, mais pour l'anagramme d'Arsène Lupin, avec un J à la place d'un I. Comme je l'indiquais dans Arisu n'est plus ici, j'avais utilisé un pseudo parce que la revue avait refusé ma première proposition, relative à la découverte d'un carré de lettres qui se trouvait avoir les propriétés d'un carré magique, et être l'anagramme du titulus de la crucifixion.
I U R A S
U S R E E
D N N X O
M I A U Z
U E R S E
U S R E E
D N N X O
M I A U Z
U E R S E
J'avais pu alors concevoir un logiciel calculant des carrés magiques à partir de la formule
IESUS NAZARENUS REX IUDEORUM = 325 selon l'alphabet latin, ou d'autres formules en 25 lettres, mais le logiciel est perdu, sinon j'imagine qu'il aurait trouvé des combinaisons valides à partir du titre de ce billet.
On peut lire ici l'article tel que je l'avais proposé au départ, Le carré Iuras, se concluant sur une belle coïncidence:
Les expressions du titulus disposées en croix permettent de construire un carré magique aux propriétés étonnantes, ce dont le carré Iuras est la preuve tangible, un carré de somme gématrique 325 identique à la somme des 25 nombres du carré magique traditionnel, et il appartient à l’Histoire que l’an 325 a connu la réunion du Concile de Nicée, tenu pour condamner l’hérésie d’Arius, anagramme de Iuras.On peut lire ici des lettres de Bouguenec à Robert Charroux, où il assure avoir percé le secret du SATOR. La seule chose que j'en retiens est que les forces mystérieuses qui nous gouvernent interdisaient que la clef du SATOR soit découverte avant 1950.
Pourquoi 1950? Peut-être parce que c'est la date où Bouguenec a trouvé sa clef, mais je remarque que 1950 c'est 6 fois 325, somme des 25 nombres du carré magique.
1950, c'est encore l'année où Jung a ciselé la Pierre de Bollingen, pour fêter ses 75 ans et sa guérison de 1944. 1950, c'est aussi 26 fois 75, et Jung est né en 1875, 25 fois 75.
Curieusement, en cherchant des carrés magiques en arabe, je suis tombé sur une illustration qui m'a mené à cette page, où est donnée la méthode décrite dans le précédent billet pour construire le carré d'ordre 5, et qu'il faut utiliser de manière inverse pour trouver un carré composé des nombres 1875 à 1899. C'est pareillement de manière inverse, selon Vinel que serait né le carré SATOR.
Les élucubrations de Bouguenec me rappellent que j'ai pu connaître un délire similaire et n'être pas loin de m'imaginer aussi être "le Messie de Dieu", après mes premières découvertes bibliques de 1985. Je connaissais heureusement l'oeuvre de Jung, et la fantastique coïncidence (contée ici) survenue à un autre maître autoproclamé, Raymond Abellio, m'a aidé à comprendre que les coïncidences ne prouvaient d'abord que leur existence, et ne pouvaient en tout cas valider les démarches de ceux à qui elles survenaient.
J'ai eu la curiosité de regarder quel était mon 135e billet, c'est Viré lof pour fol, compte-rendu de ma première lecture des Lieux-dits de Ricardou, où j'étudiais la coïncidence de sa table des chapitres, 8 mots de 8 lettres formant un carré permettant notamment de lire dans la diagonale principale BELCROIX, avec la table des chapitres que j'avais conçue pour Novel Roman, avec 11 titres de 11 lettres permettant notamment de lire dans la diagonale principale ROSENCREUTZ (Rosecroix).
R A I S O N A U T E L
Y O U S I R E L T A N
E T S U S A L O R I N
U L C E R A T I O N S
E O N I N T R U S L A
N E L U I C A S T O R
L A D U N E R O S I T
Q U I S O R T E L A N
E S P O I R A L U N T
E B R I S U N A L T O
L O I U N E S T R A Z
J'ai découvert très récemment que le dernier chapitre, Loi: un est raz, avait une logique insoupçonnée car raz signifie "un" (numéral) en polonais. Moins d'un mois après ce "raz-un" je découvre le "1-UN" ou 135 de Bouguenec.
Mes titres étaient formés des 10 lettres ESARTULINO magnifiées par Perec dans Alphabets, plus une autre lettre, en général imposée par les mots codés codés dans la grille.
Il m'était important que la valeur des lettres ESARTULINO soit 134, valeur d'ARSENE LUPIN, car j'avais décelé une possibilité d'utilisation de ce nombre par Leblanc, et que Perec s'est référé plusieurs fois à Lupin.
Plus de 20 ans après, je ne me souviens plus de toutes les motivations de ma grille, qui n'était d'ailleurs que provisoire, pour tester la faisabilité du projet. En tout cas, je tenais à Raison-autel pour le premier chapitre, inspiré par Santé-Palace, titre d'un chapitre de 813, et par l'expression "sacrifier sur l'autel de la raison".
Aujourd'hui je constate que cette première ligne de la grille a pour valeur 135, et qu'elle contient le mot AUTEL, de même que la première ligne du carré TARAT vu plus haut contient ARA, "autel" latin que Nicolas Vinel (=135) a judicieusement associé à l'autel du tabernacle.
Je dois tout de même préciser que ma première mention de la coïncidence BELCROIX-ROSENCREUTZ apparaissait dans le billet 125, Diagonales, quelques mois avant le billet 135.
Il m'est arrivé d'employer le mot ARA dans un texte, et c'était un texte basé sur le SATOR.
Je crois que c'est le texte à contrainte dont la composition m'a pris le plus de temps, du 7 au 8 juin 2003, presque sans interruption.
Le texte est formé des carrés de lettres correspondant aux 8 premiers nombres de Fibonacci, la première strophe correspondant au premier carré (R), lue vers le sud, la seconde par les deux premiers carrés (R et E), lue vers l'est, la troisième par les trois premiers carrés, lue vers le nord, la quatrième par les carrés formant ET USA TA NEPERIDE, au-dessus du SATOR ajouté à l'étape suivante de la construction. Plus de détails ici.
La septième strophe m'a conduit à écrire "Zidane nu retire son ara du décor". Je pensais certes plus au perroquet qu'à l'autel latin, mais ce texte basé sur le SATOR a fait apparaître le mot ARA.
Dans le récent billet déjà signalé pour raz-un, j'avais été conduit à rapprocher les mots RAT-SON, issus d'une autre création à contrainte, de Ramsès, "fils de Râ". Il y avait un T en trop pour avoir "SON of RA", mais j'avais pensé aux strophes 2 et 3 de ce texte, énonçant "Rê été rat", Rê étant une autre forme de Râ, le dieu soleil. Si j'ai bien écrit les lettres correspondantes, je n'ai découvert cette expression qu'ensuite, comme je l'explique sur la page dédiée.
Après les ARA AEREA et SERPENS, Vinel voit les 8 lettres restantes, 4 TO aux 4 coins du carré, former le mot hébreu ot, "signe". J'ai d'abord évoqué Rudolf Otto, souvent cité par Jung, et j'ajoute maintenant que otto c'est "huit" en italien.
J'ai aussi pensé que l'hébreu ot fait au pluriel otot, ce que Tobie (Toto?) Nathan a utilisé dans Serial eater, avec un tueur écrivant avec des morceaux de ses victimes l'expression biblique ototay eleh beqirbo, "les signes de ma présence parmi eux". J'en ai parlé en détail ici, et là pour les échos avec d'autres livres alliant corps découpés et Lebensborn.
Tobie Nathan a publié un nouveau livre en septembre dernier, Secrets de thérapeute. Une section en est consacrée aux amulettes, et dans cette section il parle des carrés magiques, avec pour exemple le carré d'ordre 3, connu dans le monde arabe dès le 13e siècle.
Il le donne en chiffres, puis en lettres hébraïques qui sont aussi des chiffres. Il donne la constante de ce carré, 15, et la rapproche de la 15e lettre de l'alphabet hébreu:
Derrière le carré magique se cache donc le nombre 15, dont l'équivalent est la lettre hébraïque samekh, l'équivalent de notre s, signe apotropaïque (conjurant le mauvais sort) du fait, sans doute, que, en araméen, la signification du mot samekh (ס) est "poisson", et que le dessin circulaire de la lettre évoque l'oeil du poisson.Il donne aussi le carré en chiffres arabes, et remarque que le chiffre central 5 (٥) est un cercle stylisé correspondant grossièrement à la lettre samekh (ס), se trouvant être l'anagramme du numéral 5 arabe, khamsa (les voyelles sont facultatives dans les deux langues).
Je pense que ces rapprochements, correspondance de 15 avec samekh (qui est le numéral 60 en hébreu), rondeur associée au poisson, et anagramme, sont le fait de Nathan lui-même, et n'ont rien de traditionnel. Que d'échos cependant avec le précédent billet, où, alors que j'ignorais l'existence du livre de Nathan, je signalais les divergences d'opinion sur le symbolisme du N central du carré SATOR, poisson pour les uns, serpent pour d'autres, et l'anagramme de l'hébreu "messie", MSYH (même valeur que NHS, "serpent"), HMSY, "cinquième".
Pour ma part, samekh (ס) m'évoquerait plutôt un serpent ourobore. Je ne sais où Nathan a pêché qu'il s'agissait du poisson en araméen, tout ce que j'ai trouvé est que la forme protosinaïtique de la lettre pouvait représenter un squelette de poisson.
Pour ma part encore, j'aurais souligné que le rond au milieu du carré était fort significatif d'un point de vue jungien, mais Nathan apprécie fort peu Jung (voir ici).
Il a loupé quelque chose, car la recherche sur les carrés magiques arabes m'a mené à cette page (rubrique Magic square) où il est indiqué que le premier carré d'ordre 3 est apparu vers 800 dans un texte de Jabir ibn Hayyan. Les Arabes n'utilisaient alors pas les chiffres importés d'Inde, et c'était l'alphabet abjad qui servait de chiffres, comme chez les Grecs et les Juifs. J'ai ajouté cette quatrième forme aux trois données par Nathan:
Comme on le voit, la lettre ha (ه) centrale est très proche du chiffre 5 (٥) du carré précédent (il est possible que le chiffre ait été influencé par la lettre, car le chiffre original indien n'a rien à voir avec ce graphisme).
La même page indique que ce carré talismanique était nommé par les lettres de ses 4 coins, b-d-w-h (2-4-6-8), créant le mot buduh, lequel acquit ensuite sa propre vertu talismanique.
Ce sont les lettres OT aux 4 coins du SATOR modifié par Vinel qui m'ont fait penser aux otot de Nathan, et le nouveau livre de celui-ci me conduit à un mot formé par les 4 coins d'un carré magique, un mot qu'il aurait probablement cité s'il avait approfondi son étude.
Secrets de thérapeute est édité par L'Iconoclaste, dont le logo est L'I, ce qui me rappelle le feu chinois li, et le roman La formule de Dieu où Rodriguez dos Santos a imaginé Einstein avoir laissé cette formule codée,
SEE SIGN
bvsr li!
C'est du moins la dernière étape avant le décodage final, où SEE SIGN est l'anagramme de GENESIS, le titre latin ou anglais du livre de la Genèse, tandis que "bvsr li" donne par atbash dans notre alphabet yehi or, transcription de l'hébreu Que la lumière soit!, la première parole créatrice de Dieu, au troisième verset de la Genèse.
Certains scientifiques trouvent significatif que la première création divine soit la lumière, alors que les luminaires (soleil, lune, étoiles) ne seront créés que le quatrième jour, et ce n'est peut-être pas sans rapport que la théorie du Big Bang soit due à l'abbé Lemaître.
Quoi qu'il en soit, ce qui m'a retenu est la transformation par l'atbash, jeu de symétrie dans l'alphabet, de LI, transcription du chinois "feu", en OR, transcription de l'hébreu "lumière" ou "feu".
GENESIS devenu SEE SIGN, "voyez le signe", m'évoque les "signes", ot et otot, aux coins de l'anagramme du carré SATOR de Vinel, alors que j'avais été conduit à découvrir son carré à partir de mes récentes recherches autour de Saturne. L'apparition de Tobie Nathan dans ce contexte amène à quelque chose de prodigieux.
La publication de deux numéros 813 dans la collection Rivages/Noir m'a conduit en 2011 à une étude rappelant que ce nombre 813 avait connu un dédoublement éditorial quelque 100 ans plus tôt, avec la publication du roman 813 de Leblanc (juin 1910) tandis que Liber 813 vel ARARITA, un texte qui aurait été dicté à Crowley en écriture automatique pendant l'hiver 1907-08, a été publié dans ‘The Holy Books’, vol. 3 (Londres, 1909-10).
ARARITA est l'acronyme d'une formule magique en hébreu, préexistante, la valeur de ces 7 lettres étant 813.
Je renvoie à mon étude de 2011 pour les détails, mais voici du neuf. Crowley a consacré son Sepher sephiroth aux équivalences numériques en hébreu, et voici ce qu'il y note pour 813:
On en trouve diverses versions en ligne, comme ici, reflet de la publication originale où les mots en hébreu sont translittérés. J'ai préféré celle ci-dessus, révisée, où le premier mot est אותות, AWTWT selon la translittération que j'utilise, otot, "signes".
Le second mot est אראריתא, ARARITA.
Ensuite vient le verset entier Genèse 1,3: Dieu dit: "Que la lumière soit!", et la lumière fut.
On peut commencer à entrevoir comment SEE SIGN peut être significatif, précisément, à côté de yehi or, mais le roman de Nathan où le serial eater écrit otot avec des morceaux de ses victimes amène de formidables rebonds.
Car le premier morceau, pour la lettre alef, א, de אותות, est une main de Sylvie Chazot, déposée le 14 septembre 2001 sur l'autel de l'église Sainte-Rita. Autel, ara? autel de Rita, Ara Rita? Et cette lettre est la première des otot (le mot signifie aussi "lettres") composant le mot otot...
La main avait été déposée sur l'autel, la carafe de vin et le calice d'un côté, un morceau de pain grossièrement coupé de l'autre. (page 16)A la page suivante de ce second chapitre de Serial eater, la juge chargée de l'affaire convoque le profileur Salomon Ghani, curieux personnage, Juif égyptien (comme Nathan) qui anime des soirées d'exégèse biblique. Elle se remémore leurs conversations, les premiers propos qu'elle lui rapporte étant
Mais que pouvait-il y avoir au tout début, avant la création du monde? Avant, juste un jour avant... le jour qui précédait le moment de la création. Mais y avait-il un jour avant le premier jour? (page 18)Le premier jour, c'est celui de la création de la lumière, du yehi or du verset bereshit 1,3 de valeur 813, comme otot, comme Ararita.
Le passage cité plus haut du Sepher sephiroth stipulait que les lettres de ARARITA devaient être représentées sur un Hexagramme comme ci-contre. L'hexagramme est aussi appelé Sceau de Salomon. Salomon Ghani?
La main déposée sur l'autel de Rita est vraisemblablement centrée, entre le pain et le vin. La lettre au centre de l'hexagramme est un yod, associé au mot yad, "main".
C'est un jeu d'Etienne Perrot, le rébus "pélican", qui m'avait rappelé que la chinois Li signifie "feu".
Feu et Eau, d'après le Yi King les hexagrammes Li et K'an, sont symbolisés par des triangles pointe en haut et pointe en bas, lesquels se conjuguent en le Sceau de Salomon le Pacifique, comme dit Perrot (Salomon est de la même racine que shalom, "paix").
J'avais oublié que ce Sceau était aussi appelé "hexagramme".
Ce site propose une exégèse du Liber 813, commençant par citer Crowley selon lequel la formule ARARITA avait pour rôle d'unifier les contraires.
Bien que ceci me soit familier, ceci m'a fait prendre conscience que Wofgang Pauli, lequel voyait aussi un symbole essentiel dans le Sceau de Salomon, se prêtait à un jeu similaire à Paix-Li-K'an, avec P-au-li devenant Paix-Eau-Feu. La paix sur l'oreiller en quelque sorte...
Les premiers romans de Tobie Nathan sont d'une complexité déconcertante, et je n'ai guère de certitude sur mes diverses analyses. Nathan avait cependant cité mes études sur le blog qu'il a tenu un temps.
Alors l'autel de Rita est-il une allusion à Ararita? Nathan a tant de connaissances sur le judaïsme et les croyances traditionnelles que je ne l'imagine guère s'être intéressé à Crowley, mais qui sait? Il est assez curieux d'avoir choisi comme premier lieu l'église Sainte-Rita où officiait en 2001 une communauté gallicane sans lien avec l'Église catholique, alors que les autres églises utilisées par le tueur sont catholiques romaines.
Nathan a au moins entendu parler du 813 de Leblanc, car son polar précédent était titré 613, allusion aux 613 prescriptions du judaïsme. On cherche une sacoche de cuir dans ce roman, et elle est finalement trouvée derrière une statue de Saint Jude. Sainte Rita et Saint Jude sont invoqués pour les causes désespérées.
C'est la parution de deux numéros 813 dans la collection Rivages/Noir qui m'avait conduit à revenir sur l'affaire Crowley-Leblanc, or il y avait eu un précédent dans la collection en janvier 2009, où le numéro prévu pour être le numéro 716 était paru avec le numéro 717, tandis que le "vrai" numéro 717, est bien paru sous ce numéro.
Le numéro 718 suivant est Serial eater, et consulter sa fiche m'apprend qu'une réimpression est parue en mars dernier, avec une nouvelle couverture, et un nouveau numéro ISBN. La première impression (toujours la bonne paraît-il) avait en illustration de couverture la même que celle de la première édition en grand format Rivages/thriller, un sous-sol éclairé par un néon (une LUMIERE).
J'imagine que cette réimpression signifie que les polars de Nathan ont toujours des lecteurs, bien qu'il ait abandonné cette voie depuis 2013 (avec Les nuits de Patience, que je n'ai pas réussi à finir).
Le choix de disposer les "lettres" de ototay eleh sur les autels d'églises m'amène à remarquer qu'un hébraïsant peut lire le mot AUTEL comme aut el, "lettre de Dieu" (ou "signe"). Le mot ot, אות, peut se translittérer AWT, AVT, ou AUT.
Je rappelle que Vinel lit sotra N le SAUTRAN à côté du SATOR.
Le mot ARA, "autel", figure sur son carré entre deux TO, ou deux OT.
Après 4 crimes échelonnés sur 3 mois pour écrire le mot ototay, le tueur met les bouchées doubles le 17 janvier 2002, où il tue une femme dont il dispose une main, l'alef de ALH, sur l'autel de N-D de Lorette, puis se prépare à sacrifier la juge et à transformer son corps en lamed, ainsi les deux lettres du jour auraient formé le mot AL, el, "Dieu".
Je rappelle que c'est le chapitre Santé-Palace de 813 qui m'avait conduit à intituler un chapitre Raison-autel.
Mes récentes investigations saturniennes m'avaient conduit, via les lettres ÇPQ, racine du nom de l'ange de Saturne Tsafqiel, et via les arcanes correspondants du Tarot, aux astres Lune-Mercure-Soleil, de rangs 9-8-6 dans l'astronomie géocentrique qui a prévalu pendant près de 20 siècles. J'avais signalé Mercure dieu des voleurs, et la 8e enquête du prince Rénine dans Les huit coups de l'horloge, Au dieu Mercure. Si le soleil joue un rôle essentiel dans la 2e enquête, La carafe d'eau (jouant le rôle d'une loupe déclenchant un incendie), je me suis abstenu de le mentionner, n'ayant rien trouvé concernant la lune, mais il faut tout de même souligner que l'EAU y provoque le FEU.
Je n'ai pas alors pensé que ce prince Rénine, habitant bd Haussmann, avait beaucoup à voir avec le prince Sernine de 813, habitant aussi bd Haussmann, Paul Sernine étant une identité anagrammatique de Lupin. Or il me semble avoir établi que ce n'était pas un hasard si un événement majeur du roman, l'entrée en scène de Dolorès/Laetitia Malreich, se produisait le 17 avril 1912 à midi, l'heure de l'éclipse de soleil la plus notable des derniers siècles pour les Parisiens, sa ligne de centralité passant juste à l'ouest de Paris, et Dolorès apparaît précisément à midi sur le parvis d'un autel de Neuilly, à l'ouest de Paris.
L'année n'est pas nommée dans le roman, paru en 1910, mais divers éléments permettent de la déterminer, et Leblanc précisera dans une édition ultérieure "deux ans avant la guerre" (14-18 bien sûr).
Selon le commentateur déjà cité, l'Hexagramme ARARITA correspondrait aux 6 sefirot 4-5-6-7-8-9, avec le A supérieur correspondant à la sefira 6, Tiferet, homologuée au Soleil, et le T inférieur à la sefira 9, Yesod, homologuée à la Lune. T est l'atbash de A, et l'une de mes grandes trouvailles, à l'époque où j'ai pu croire que la tradition juive recelait de profondes vérités, était une identification des sefirot à des lettres, magnifiant une structure atbash basée sur les constantes des carrés magiques d'ordres 6 et 9, les carrés du Soleil et de la Lune (détails ici).
Salomon Ghani évoque les sefirot dans Serial eater, ainsi que la gématrie hébraïque.
Mon second billet saturnien m'amenait au constat que le nom de la sefira 8, Hod, correspondant à Mercure, HWD était l'atbash de ÇPQ, racine sur laquelle est construit le nom de l'ange ÇPQYAL de Saturne. J'avais été honteux d'avoir mis tant de temps à le voir, et je suis encore marri de m'apercevoir maintenant que les lettres HWD (הוד), lettres de rangs 5-6-4, et aussi nombres 5-6-4 de l'alphabet numéral, correspondent à l'un des alignements du carré magique d'ordre 3, 4-5-6 en diagonale ci-dessous:
Au début du 16e siècle, Cornelius Agrippa a associé Saturne à ce carré dans sa Philosophie occulte, ouvrage où est aussi mentionnée la formule ARARITA.
Ainsi l'ange de Saturne m'a conduit au trio alchimique centré sur Mercure, et la sefira correspondant à Mercure, donnant par ses lettres-nombres la constante du carré de Saturne, fait revenir par atbash à l'ange de Saturne.
Le psy Tobie Nathan a pour alter ego le psy Nessim Taïeb dans ses deux premiers polars, l'équivalent arabe de son nom, Toviah issu de l'hébreu tov signifiant "bon", comme taïeb en arabe, nathan comme nessim signifiant "don".
Un psy est un médecin de l'âme, et un jeu souvent cité est la transformation atbash de tov en nefesh, "âme". La requête "nefesh" "tov" atbash amène de nombreux résultats, on en trouverait d'autres selon d'autres translittérations, et bien sûr encore plus directement en hébreu.
L'écriture de ce billet a été quelque peu bouleversée par la découverte en son cours des Secrets de thérapeute de Nathan. Il n'a plus du tout été question ensuite du nombre 325 annoncé dans le titre.
Alors voici pour finir une petite chose qui était prévue. Les nombres de 1 à 16 ont pour somme 136, un nombre dont j'ai souvent parlé, pour Jung-Haemmerli, pour le carré magique d'ordre 4, pour les 136 pies du palais de Sintra (çoeur dp m'a fait remarquer la ressemblance avec Sinatra).
Etant donné qu'à partir de yod, les lettres de l'alphabet hébreu notent les dizaines, les 16 premières lettres ont pour somme de leurs valeurs 325, somme des 25 premiers nombres formant le carré magique d'ordre 5.
Nathan associant le carré d'ordre 3 à la rondeur de l'oeil (de poisson), je souligne que la 16e lettre de l'alphabet hébreu est 'ayin, "oeil", dont la forme originelle était un rond.