31.8.22

et in altaria ego

à Raymond & Jacques

  Depuis longtemps, plus de 50 ans, je m'interroge sur ce qui pourrait différencier le hasard de la coïncidence, comme dirait Claude Lelouch, la coïncidence de la plus-que-coïncidence, comme dirait Robert Graves, la plus-que-coïncidence de la synchronicité, comme dirait Carl Jung. Et il existe d'autres distinctions...
  Si j'ai tendance à privilégier les approches non matérialistes, en partie parce que le matérialisme aveugle est responsable de la ruine annoncée de ce monde, et que l'espoir d'y échapper se situe "ailleurs", j'ai cependant un esprit profondément rationnel et je reviens souvent sur les coïncidences qui m'ont marqué, pour trouver des points communs entre elles, par exemple, ou pour me faire l'avocat du diable.
  Ainsi il m'a fallu près de 40 ans pour relativiser deux coïncidences qui m'ont marqué, et qui ont marqué ceux qui les ont vécues, Jacques Vallée et Raymond Abellio.

  Je citais en 2013 que dans OVNI : La grande manipulation (1979), Vallée conte ses investigations parmi les cultes soucoupistes parisiens, notamment l'Ordre de Melchizedek, selon lequel "Le Seigneur est un extraterrestre"... Peu après, de retour en Californie, il découvre une petite annonce conviant aux offices de l'Ordre de Melchizedek à San Francisco.
  Le 21 février 76, Vallée prend un taxi et conserve le reçu du chauffeur, qu'il regarde plus tard et voit qu'il est signé Melchizedek. La consultation de l'annuaire de LA lui apprend qu'il s'agit du seul Melchizedek de la ville...
  Vallée a été très marqué par l'événement, et il produisait souvent le reçu dans ses conférences, comme celle-ci. Il verse ceci à l'appui d'idées précédemment exprimées dans ses livres antérieurs, à savoir que le phénomène OVNI échappe à l'espace et au temps tels que nous les concevons ordinairement.

  Il m'est apparu ensuite que ce Melchizedek n'est pas surgi ex nihilo pour prendre Vallée dans son taxi. Cette page répertorie 30 personnes nommées ainsi aux USA, plus quelques variantes orthographiques. Si l'un de ces Melchizedek exerçait une activité publique, et un taxi peut effectuer plusieurs dizaines de courses par jour, plusieurs milliers par an, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il ait eu pour client quelqu'un de très concerné par Melchizedek, personnage biblique objet de maintes supputations, pas seulement chez les soucoupistes... La tradition juive l'identifie à Sem, survivant du Déluge, encore en vie du temps de Jacob, identifié à l'un de ses instructeurs (Jacob, "Jacques", s'est établi dans la "vallée" de Sichem lors de son retour en Canaan, puis a conduit les siens vers la "vallée" du Nil).
  Un gourou du New Age a publié ses révélations sous le pseudo Drunvalo Melchizedek, mais peut-être a-t-il choisi ce pseudo à cause de Vallée, ou des cultes soucoupistes...
  Au-delà de Vallée et Melchizedek, on peut penser à toute personne qui serait obsédée par un nom rare, propre ou commun, et qui le rencontrerait dans un autre contexte. Les possibilités sont telles que ça doit arriver relativement souvent, et il est compréhensible que les personnes concernées puissent y voir une influence supérieure, validant leurs thèses.

  C'est la lecture de l'essai d'Abellio, Introduction à une théorie des nombres bibliques (1984), qui m'a conduit à étudier l'hébreu, la Bible, et la tradition juive. J'imaginais alors, naïvement, que Gallimard était un éditeur sérieux, et que des personnes compétentes avaient validé ce texte avant sa publication...
  Mon étude m'a mené à conclure que le système d'Abellio n'avait aucune réalité, mais entretemps je m'étais intéressé à tout ce qu'il avait écrit, et avais été frappé par une anecdote contée dans le Cahier de l'Herne n° 36.
  Abellio se promenait dans un bois proche de Genève en réfléchissant aux propriétés du nombre 13861. Il arriva à un carrefour où était garée une voiture, et son immatriculation était 13861...
  J'ai longtemps considéré ceci comme une "coïncidence absolue", un non-hasard évident, et lorsque le système d'Abellio m'est apparu comme fumeux j'en ai déduit que les coïncidences ne validaient pas les démarches de ceux à qui elles survenaient (ce qui est d'ailleurs proche des conceptions de Vallée qui voit la coïncidence comme une caractéristique du fonctionnement de l'univers).
  Mais on peut relativiser l'anecdote, en supposant qu'Abellio n'avait certainement pas le seul nombre 13861 en tête pendant sa balade, et surtout en ne se limitant pas au seul cas Abellio-13861. Comme vu plus haut pour les mots, il existe quantité de personnes obnubilées par des nombres particuliers, et il y a de multiples possibilités d'apparition de nombres dans la vie quotidienne, d'où la loi des grands nombres prévoit que de telles rencontres peuvent se produire.

  Il serait cependant outrecuidant de conclure que ces deux cas sont obligatoirement de purs hasards. J'ai juste montré qu'une approche rationnelle peut en rendre compte, mais s'il existe de "vraies coïncidences" toute certitude devient problématique.
  Une qualité additionnelle d'une coïncidence pourrait être sa prédiction. Il m'est arrivé à diverses reprises, après une première collision entre deux éléments apparentés, d'attendre une autre occurrence, et de la voir se produire. Je n'ai pas de souvenir précis de ce type, mais trois cas me reviennent d'attente d'un événement improbable qui s'est réalisé :
- je raconte ici comment, après avoir décrété deux ans plus tôt qu'il serait fort improbable que je rencontre une voiture immatriculée 4666 ** 05 dans mon département (04), une telle voiture est venue se garer sous mes yeux devant la poste de mon village;
- et ici comment, étant sûr que je n'avais aucune chance de voir apparaître le mot "trut", je l'ai rencontré le lendemain dans une vieille chanson française;
- ce cas pourrait être proche d'une réelle prémonition : à un moment où j'étais obnubilé par le mot "ana", la lecture d'un roman où une question, posée en bas de page dans une langue inventée, Ne penjh ka ehn ?,  m'a fait penser que "ana" pourrait apparaître dans cette langue; j'ai tourné la page, et trouvé la réponse, Do, kojh ito anah (kojh ito fait probablement allusion au cogito cartésien).

  On peut d'ailleurs se demander si la prémonition n'est pas en rapport avec la synchronicité, définie par Jung comme la concomitance d'un état mental et d'un phénomène extérieur. Le phénomène extérieur vient-il en résonance avec l'état mental, ou celui-ci est-il une intuition du phénomène ?

  La vérifiabilité est un critère important. Il existe des tas d'ahurissantes coïncidences qui ne reposent que sur les dires d'une seule personne. Si un état mental intervient, c'est fort difficile à prouver...

  La rareté est un autre critère, et mieux encore la rareté d'une coïncidence entre deux éléments eux-mêmes rares, sinon uniques. Je m'explique avec le cas Epstein-Rapilly sur lequel je suis souvent revenu.

  En février 2017, j'ai remarqué dans la revue Formules n° 9 (2005) le texte Ecrire en colonne de Cyril Epstein, s'achevant sur un "roman", une grille de 9x9 lettres dont la lecture horizontale, fort obscure, n'est guère éclairée par les 7 pages d'introduction.
  Les première et dernière colonnes livrent des messages immédiats, Girare Roi et Anagramme. Ceci m'a conduit à examiner la colonne centrale, et voir que ses lettres OMNNMREOP étaient l'anagramme parfaite de Nom Prénom. Contacté, Cyril m'a affirmé que cette anagramme n'était pas intentionnelle, alors qu'il était important pour lui que la lecture horizontale contienne un prénom, Manon, et un nom, Wagner.

  4 mois plus tard, en juin 2017, j'ai été conduit à rouvrir un livre d'un colistier oulipote, El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly (2011), et à y prêter attention à l'un des poèmes, repris dans le rabat de la couverture. C'est une grille de 9x10 lettres, construite pour faire apparaître des messages en première et dernière colonnes, mais j'y ai vu dans la colonne médiale NOMOPINMRE l'anagramme de NOM-PRENOM + I. Robert a aussi démenti toute intentionnalité ici, mais le prénom et le nom du presque unique personnage du livre sont de première importance pour lui, Manuel Mauraens.
 
  Il faut lire entre les lignes du texte de Cyril pour comprendre qu'il fait allusion à la Shoah, et aux wagons des déportés. Je présume qu'il n'existe que ces deux grilles "ferroviaires" de 9 lettres de largeur conçues pour faire apparaître des messages dans leurs rails latéraux. Et ces deux grilles font involontairement apparaître dans leurs colonnes centrales les lettres NOM PRENOM, significatives dans chaque cas. Voici pour le cadre unique; quant à la coïncidence supplémentaire de l'anagramme de NOM PRENOM dans les colonnes centrales, involontaire qui plus est, il est fort peu probable de trouver dans un texte linéaire, horizontal, une telle séquence anagramme, hormis bien sûr cette forme immédiate NOM PRENOM. Il n'y a donc que dans un texte à contrainte, une grille par exemple, que cette séquence puisse apparaître (j'avais évalué à 1 chance sur 30000 pour la grille de Cyril).

  Il y a quelque peu davantage, car dans ce numéro 9 de Formules où Epstein a signé sa seule collaboration, il y a aussi la seule participation de Rapilly à la revue, avec trois grilles de lettres, mais Robert m'a assuré n'avoir fait que survoler le texte de Cyril, et n'avoir pas regardé de près sa grille.

  Incidemment, le texte de Cyril, commentaire d'une carte postale de la Grande Guerre (14-18), se conclut par une réconciliation entre Allemands et Français grâce à la musique, aux opéras de Wagner et à Manon de Massenet. J'écris ceci le 24 août, et l'épisode de ce matin de Un été avec Jankélévitch, sur France-Inter, concernait le refus du philosophe-musicologue de pardonner le peuple allemand dans son ensemble, jusqu'à renier la philosophie allemande.

  Mon expérience m'a enseigné qu'une "vraie coïncidence" a de multiples échos, en aval avec les autres grilles sur lesquelles je suis souvent revenu, et aussi en amont. J'expliquais en juin 2017 ce qui m'avait amené à rouvrir le Ferrocarril de Robert, et je le reprends en bref:
- Mon billet précédent était en partie consacré à un roman d'Adler-Olsen où une secte était dirigée par un gourou nommé Atu Abanshamash, "Atu" étant une autre forme du dieu sumérien du soleil, Utu.
- Le 2 juin, Robert a donné sur la liste Oulipo un palindrome centré sur Utu (autre version sur son blogue). Il ne devait rien à mon billet de mai, qu'il n'avait pas lu.
- La coïncidence me fit enquêter sur Utu, et découvrir que c'était le titre d'un polar de Caryl Ferey (ou utu signifie vengeance en maori).
- Ferey Caryl me fit penser à ferrocarril, et au roman de Robert.
- Utu a eu le prix SNCF du polar, alors que le roman n'a aucun rapport avec les chemins de fer...

  Bref de multiples possibilités auraient pu me conduire à la reprise du roman de Robert, mais elle s'est faite grâce à la conjonction du Atu d'Adler-Olsen et du Utu de Robert, et ce peu après la découverte du NOM-PRENOM dans la grille de Cyril. Avant, ç'aurait été inutile, et quelques mois plus tard je n'aurais peut-être pas fait le lien entre les deux grilles.
  Il s'y ajoute que le mot SOLEIL est présent dans la grille de Robert, MOON dans celle de Cyril. Ceci m'a conduit à divers échos, dans d'autres grilles notamment.

  Il y a du nouveau, avec les aelindromes évoqués dans le précédent billet, imaginés par l'Anglais Anthony Etherin. Etherin a publié en 2021 The Utu Sonnets, une série de 7 sonnets contraints, accessible en ligne.
  Y sont mentionnés 43 divinités issues de divers panthéons, sumérien, égyptien, grec, latin. Les premiers noms donnés sont Utu, dieu du soleil, et Inanna, autre nom d'Ishtar, déesse de la beauté correspondant à Aphrodite ou Vénus.
  Il se trouve que j'avais vu la 3e colonne de la grille de Cyril, RAMANNANI, pouvoir se renverser en Inanna Mar(duk), Marduk étant le parèdre d'Ishtar. La communication est difficile avec Cyril, lequel, d'après ce que j'ai compris, n'a pas non plus programmé cette lecture.

  Les sonnets d'Etherin sont introduits par un palindrome monovocalique débutant et se terminant par Utu (qui ne doit évidemment rien au palindrome de Robert) :
Utu, sun rubs us.
Dusk cuts.
Dumb mud, stuck, suds us.
Burn us, Utu....
    Les sonnets sont tous anagrammes l'un de l'autre, composés des mêmes 384 lettres. Les deux derniers sonnets sont un palindrome normal, Lost Sol, et un palindrome de digrammes (ou 2-aelindrome), Rest, Luna Lustre.
  Lorsque la liste Oulipo a abordé les aelindromes en 2019, Robert a proposé les 8 et 9 février (voir le billet suivant sur ces nombres 8 et 9) deux 2-aelindromes basés sur les mots soleil et lune (qui ne doivent évidemment rien aux futurs palindromes d'Anthony) :
Duo ramille s’ourle, vole
de Dior à soleil émergé.
Erg ! mêlée Io la sordide,
le voleur soleil a mordu.

L’âne Lubin a
de l’océane lune de dune
lancé l’ode nabi :
lune là !
  J'y remarque dans le premier Io, aussi présente dans la grille de Cyril.

  Le premier des sonnets Utu a une contrainte assez simple, chaque vers débute par la lettre O :
 

  J'ai livré tout le sonnet pour donner une idée de l'art d'Etherin, mais ce qui m'y a frappé est Utu's altar au vers 12, "l'autel d'Altar".
  Le mot "autel" m'est devenu important en novembre dernier, lorsque je me suis intéressé à l'interprétation du carré SATOR par Nicolas Vinel, lequel y distingue, après une translation des lettres,


ara aerea, "autel d'airain" et serpens aerea, "serpent d'airain", deux formules éminemment significatives dans le judaïsme.

  Le même mois, je me suis avisé qu'un roman de Tobie Nathan débutait par la dépose de débris humains sur l'autel de l'église Ste Rita, ce qui pouvait se lire ara Rita, évoquant l'acronyme hébraïque ARARITA, avec de nombreux échos.
  Quelques jours plus tard, je m'avisai que ARARITA était composé des mêmes lettres que TAR-I, une coïncidence que j'ai remarquée après coup entre deux de mes créations à contraintes, le SONÈ de 2004, composé de deux carrés de lettres, où le mot TARI du message principal se partageait en TAR-I entre les deux carrés, et les dix grilles 10x10  ESARTULINO de 2010, reposant sur une formule de départ gouvernant l'ensemble de la série, SONLIEURAT, son lieu, rat, allusion à une définition de l'écrivain à contrainte, un rat qui construit le labyrinthe dont il lui faudra sortir. Mes contraintes imposaient des diagonales SONE, et une symétrie dans la formule de départ, où SON est séparé de E, la symétrie étant donc TAR-I.
  Le jour même, le 8 décembre, où je fis ce rapprochement entre ARARITA et TAR-I, Robert publia un texte sur la liste Oulipo, un carré de 16 lettres,
C A N A
L T A R
I C I A
M O R T
dont la lecture horizontale livre canal tari, ci à mort, où le partage en deux moitiés coupe TARI en TAR-I.
  La lecture verticale, climat con, air à rat, s'achève sur AIRARAT, parfaite anagramme de ARARITA, formule qui selon Crowley désigne l'anagramme.
  Si j'avais mentionné la possibilité de lire altar, "autel" anglais, je n'avais pas souligné que le nouveau partage amenait au mot can, "boîte", "contenant", toujours en anglais. Originellement, l'autel d'une église chrétienne contenait une relique sacrée, un os de saint souvent (ICI il y A un MORT).

  Bien qu'étant revenu peu après sur cette coïncidence ARARITA-TARI, je n'ai pas pensé à citer mon carré 11x11 de 1998, dont chaque ligne était ESARTULINO plus une lettre, débutant par Raison-autel. Au départ, les lettres R et A étaient imposées aux rangs 1 et 7, débuts des lectures diagonales ROSENCREUTZ et ARSENELUPIN, et j'avais été satisfait de ce Raison-Autel, calqué sur Santé-Palace, titre d'un chapitre de 813, et sur l'expression "sacrifier sur l'autel de la raison".
  Ce n'est qu'aujourd'hui que je m'avise que cet autel peut faire écho à la valeur totale du carré, 1604, année de découverte du tombeau de Rosencreutz, et total de la valeur des inscriptions de son autel (Rosen-autel ?).

  Je ne comprends pas comment je n'ai pas pensé illico au lien RAT entre son lieu rat et air à rat. J'ajoute que Rat signifie "conseil" en allemand, donnant Rathaus, "hôtel de ville" ("maison du rat"...).
  Air à rat peut s'entendre "aire à rat" ("lieu du rat"), ou "aire ara"; "aire" vient du latin area, et Varron liait les mots ara et aera.
  Râ est l'un des dieux choisis par Etherin, équivalent égyptien de Utu.

  Et in altaria ego devait être le titre du précédent billet, prévu pour être consacré aux échos entre les créations de Robert et mes élucubrations, mais les rebonds provoqués par ses textes de valeur 666 ont été tels que j'ai modifié mon plan.
  Je n'ai même pas épuisé ces textes, et voici le palindrome de 66 lettres de valeur 666 que Robert a posté sur la liste Oulipo le 20 octobre 2010 :
Ana ta sorte
Réda vénéra le diable
Tua osso
Autel bai de l'arène
Vade retro Satana !
  A noter l'autoréférence Vade retro... Ce Réda est-il l'écrivain Jacques Réda, notamment préfacier du Cachet de la poste de mon ami Le Goff, ou le chanteur Réda Caire, dont ce spectacle Ma vie à l'envers augure d'une propension au palindrome ?

  J'ai remarqué le mot autel dans ce texte, et un autre palindrome de 66 lettres de valeur 666 a été posté par Robert le 23 août 2018, contenant le mot ara (mais il s'agit de l'oiseau tupi plutôt que de l'autel latin) :
L’ara bélître
fera perpétuel bloc :
net effet en col bleu
te prépare fertile bar, Al !
  Le mot ana débutant l'autre palindrome de Robert me rappelle quelque chose. Gef, dont il était question dans le précédent billet, teste les contraintes logiques sur quelques textes sources, dont la Bible, selon la traduction de Louis Segond (auquel nous devons la valeur 666 de la phrase de l'Apocalypse évoquant le nombre, citée dans le précédent billet). Les résultats significatifs sont évidemment rares, et limités, mais j'ai remarqué ce verset de l'Exode (40,8), livrant selon le code Ana (seules sont considérées les médiales des mots contenant un nombre impair de lettres) :
Tu placeras le parvis à l'entour, et tu mettras le rideau à la porte du parvis.
  Les médiales forment le mot ALTAR ("autel" en anglais ou latin tardif), et le passage concerne les autels du tabernacle dont il est question dans les versets précédents, et c'est bien le mot altar qui apparaît dans la version anglaise.

  Il y a quelques jours, Gef a trouvé le mot ETRE codé en morse dans le poème de Hugo Ame, Etre c'est aimer :
Limités, vous prenez Dieu pour l'autre hémisphère.
Mais lui, l'Etre absolu, qu'est-ce qu'il pourrait faire
D'un rapport ? L'innombrable est-il fait pour chiffrer ?
Non, tout dans sa bonté calme vient s'engouffrer.
  Les points et traits de la ponctuation coderaient, vers par vers:
. E - T ?-? R . E
  Le quatrain trouve un sens autonome, et il contient le mot ETRE.

  Hugo est une mine pour les chercheurs, et Robert a trouvé il y a près de 10 ans que le quatrain initialement prévu pour ouvrir Feuilles d'automne, juste avant Ce siècle avait deux ans, avait pour valeur 1802.

  Il serait intéressant d'étudier les occurrences du mot "autel" chez Hugo (Pas un autel sur terre, hélas! n'est sans remords.), mais je veux conclure avec un cas plus personnel.
  J'ai abandonné en 1999 l'écriture de Novel Roman, pour lequel j'avais prévu le Raison-autel, lorsque JB Pouy m'a proposé d'écrire un roman pour une collection inadaptée à mon projet, aussi j'ai exploité dans Sous les pans du bizarre mes découvertes sur les Bucoliques de Virgile.
  J'avais notamment vu un schéma numérique quaternaire des 9 premières Bucoliques dont l'architecture symétrique autour de l'églogue centrale 5 avait déjà été remarquée. Mon idée s'appuyait sur une formule de cette églogue centrale:
En quattuor aras : ecce duas tibi, Daphni, duas altaria Phoebo. Voici quatre autels, deux pour toi, Daphnis, deux autels pour Phébus.
  Pourquoi deux autels pour chacun ? Le Daphnis honoré dans cette églogue de 90 vers serait Caesar, dont la valeur numérique en latin est 45. Deux autels pour Caesar = 90.
  Phébus est un autre nom d'Apollon, dont le vocatif grec, Απολλον, a pour valeur numérique 331. Deux autels pour Apollon = 662, et les 8 autres églogues totalisent 662 vers.

  Selon l'anagramme d'Olivier Garcia,

l'œuvre à contraintes = nous raconte la vérité
mais l'anagramme nous apprend aussi que
LA VERITE est RELATIVE...

14.8.22

nombre six cent soixante-six

à Robert & Gilles (& Jacqueline)

  Je reviens sur un point du précédent billet qui a donné lieu à une note ultérieure, laquelle s'est avérée depuis insuffisante.
  Mes préparatifs m'avaient conduit le 8 juillet à consulter les archives de la liste Oulipo, accessibles aux abonnés, et à redécouvrir un message de Robert Rapilly intitulé Diable !. C'était un texte en 66 lettres de valeur 666 commémorant l'arrivée sur terre 66 ans plus tôt de l'extraterrestre satanique de Roswell, avec une bonne dose d'ironie. Je me le suis renvoyé sur ma boîte mail, et me suis avisé qu'il avait été originellement posté le 8 juillet 2013, exactement 9 ans plus tôt..

  Or ce 8 juillet 2022 Robert a posté un autre message intitulé Diable !, mais je n'en ai pris connaissance que deux jours plus tard, parce que je croyais que c'était le message que je m'étais envoyé quelques heures plus tôt. Aucun autre message avec pour seul objet "Diable" n'a été posté sur la liste de 1999 à 2022. Voici les deux messages sur ma boîte:
 

  Cet autre message Diable ! montrait 48 lettres qui, disposées en 8 rangées faisaient apparaître l'acrostiche ESPOSITO, et en 6 rangées le télostiche FARESE, les deux parties du nom de notre colistier Gef. Parmi d'autres énonces plus clairs, Robert en a choisi un de gématrie 666. Je me suis avisé ensuite que Robert ne l'avait envoyé qu'à Gef et à moi (sinon il aurait été préfixé [Oulipo] comme tous les messages de la liste).

  Deux jours après avoir publié mon double billet, je me suis rappelé que j'avais aussi fait quelque chose en rapport avec 666. J'ai retrouvé ce que c'était.
  Un oulipote, Noël Bernard, a eu l'idée d'un thème journalier de contrainte inspiré d'abord par le calendrier pataphysique. L'année suivante ce fut le calendrier positiviste d'Auguste Comte. L'année dernière, Bernard Maréchal proposa les journées mondiales. A presque chaque jour correspond une journée mondiale, sauf un, et Noël décréta que ce serait la Journée du Mystère des Oulipotes.
  J'écrivis un texte pour ce jour, inspiré par le constat que l'expression comptait 28 lettres, nombre parfait (au sens arithmétique). Voici sa forme finale:
jeu puéril ou vaine anecdote
pour qui refuse l’élan mutin
tout ce fatras emberlificote
le rustre comme le philistin
les nicodèmes et les bigotes
l'indélicat y perd son latin
mystère opaque des Oulipotes

pour coder la fable rigolote
il se faut détenir un dessin
un fantasme su sans antidote
émotif on y vient et revient
étrange cuisine qu'on mijote
suivant l’aptitude de chacun
mystère intime des Oulipotes

pour la décoder tel numérote
tel rumine le texte oulipien
tel tire le fil de la pelote
tel surdétermine et à la fin
découvre comme ça se tricote
logique clé du trésor surfin
mystère vaincu des Oulipotes

qui n’a tête vide de linotte
avouera n'être qu'un ripolin
et pourra crier saperlipotte
je ne sais encore quel moyen
élargit au-delà des jugeotes
un écrit digne d’un magicien
mystère infini des Oulipotes
--
  Le premier jet avait 664 lettres de valeur 7941, proche du multiple 7992 de 666, et il m'a suffi de modifier le 20e vers,
il a la clé du trésor surfin
pour avoir 666 lettres de valeur 666 x (6+6).
  Il y avait une autre contrainte, révélée par une police à chasse fixe:
 

  Il s'agit donc d'un bathmostiche, comme mon codage final de "AME", et je n'ai pas composé d'autre bathmostiche depuis ce Jour du Mystère.
  Quel était-il? Le 8/7, prévisible dans son ironie même. Les autres textes composés pour ce jour sont sur cette page du site de Noël. Je n'ai pas souvenir d'avoir exploité le nombre 666 dans d'autres créations, et je l'avais fait ici parce que le hasard le suggérait.


  Ainsi le 8/7/13 Robert a posté son message
Diable !, que je me suis renvoyé le 8/7/22, 9 ans plus tard, et 9 heures plus tard Robert m'a envoyé un autre message Diable !, ignorant mon retour d'intérêt pour son précédent Diable !. Le 8/7/21, j'avais posté sur la liste un texte de 666 lettres de valeur 12 fois 666.

  Voici donc où j'en étais dans la note du précédent billet, mais depuis il m'est revenu quelque chose d'extrêmement curieux dans ce contexte 666, et je suis honteux que ça ne me soit pas revenu plus tôt. J'ai appris à faire avec les déficiences de ma cervelle rabougrie, plutôt heureux quand un souvenir se réveille, mais conscient que bien d'autres m'échappent.
  Ici la déficience est grave, car l'écho 666 datait de quelques jours seulement, du 3/7 où Gef a posté sur la liste, à 19:02, ceci:
    Un subtil mélange
    De chiffres est né.
    Ô Seigneur, arrange
    Cet ordre enchaîné.
Moralité :
    Dieu, ô ce tri ! N'altérez le nombre qui lie !
    Vous ôterez erreurs, phénomène encreur. Sphère
    zérotée, vous équilibrerez le nominal troc étudié.

[Aelindrome selon les treize premiers chiffres de
π = 3,141592653589..., puis dans l'ordre inverse 853562951413 :
die/u/ocet/r/inalt/erezlenom/br/equili/evous/ote/rezer/reursphe/nomeneenc/
reursphe/rezer/ote/evous/equili/br/erezlenom/inalt/r/ocet/u/die]
  L'aelindrome est une forme de palindrome imaginée par le poète anglais Anthony Etherin (initiales AE). Le palindrome usuel inverse les lettres prises une à une, tandis que l'aelindrome inverse des groupes de lettres. La forme la plus simple inverse des digrammes, comme ce Decode, mais ici Etherin propose une construction à partir des 20 premiers chiffres du nombre e, 2,7182818284590452353...

  Une facilité est offerte à l'aelindromiste, ne pas répéter la séquence correspondant au dernier chiffre choisi, ce qui permet d'équilibrer les séquences adjacentes, surtout si ce dernier chiffre est élevé, et il s'agit chez Gef de 9.
  Ainsi, autour de la séquence unique centrale "nomeneenc", on a deux fois les mêmes 52 lettres
die/u/ocet/r/inalt/erezlenom/br/equili/evous/ote/rezer/reursphe
reursphe/rezer/ote/evous/equili/br/erezlenom/inalt/r/ocet/u/die

et le Gématron affiche la valeur 666 pour ces 52 lettres. 3 heures après son message, j'ai suggéré à Gef que ce n'était pas Dieu qui présidait à ce tri, mais bel et bien Satan, et je n'ai partagé cette découverte qu'avec lui. 5 jours plus tard Robert nous communiquait sa grille en hommage à Gef de valeur 666.

  Un aelindrome d'Etherin selon les chiffres de pi est donné ici. On y constatera qu'il use de facilités en répétant des mots (ce dont je ne me suis pas privé dans mes rares essais dans cette contrainte), et aussi que son poème n'a rien à voir avec pi.

  Il y a maints rebonds au poème de Gef, d'abord qu'il a ensuite posté deux autres aelindromes, selon les chiffres de e et phi, l'ensemble étant sur son site. Ces poèmes sur pi-e-phi ont été publiés les 3-4-6 juillet, or le présent billet est le 346e de Quaternité. Le poème sur phi mentionnait mon nom, à l'occasion de mon anniversaire, sans doute y reviendrai-je.

  La grande curiosité, c'est que le 8/7, je m'étais renvoyé deux messages de 2013 sur ma boîte,
 

Diable ! de Robert du 8/7/13 donc, et phi-e-pi de moi-même, du 16/8/13, où je signalais ma découverte récente d'une création d'un autre poète anglais, Mike Keith, à partir de la constatation que la somme des 22 premiers chiffres de phi était identique à celle des 26 premiers chiffres de e et à celle des 29 premiers chiffres de pi, pourvu que les 0 soient considérés comme des 10. Avec les mêmes 134 lettres, Mike Keith a composé 3 strophes dont chacune peut servir de mnémonique pour chaque constante (comme le fameux "Que j'aime à faire apprendre un nombre utile aux sages").

  Ce n'était pas pour les strophes elles-mêmes que je m'étais renvoyé le message, mais pour mes commentaires, sans doute y reviendrai-je. Je n'ai pas du tout pensé alors aux aelindromes postés par Gef quelques jours plus tôt, également basés sur les chiffres des trois constantes. Pas de quoi être fier...
  Mike a utilisé 77 chiffres des constantes, Gef 40, mais dans son cas les chiffres sont ensuite repris à rebours, sauf le dernier, soit un total de 40+37, également 77. La coïncidence s'arrête là, la somme des chiffres utilisés par Mike est 402, celle de Gef 396 (toujours avec des 10 à la place des 0).

  Mike a choisi l'ordre phi-e-pi, peut-être parce que c'est l'ordre croissant des constantes, dont les parties entières sont 1-2-3, tandis que l'ordre inverse apparaît chez Gef, sans doute pas par choix, car la liste venait d'évoquer un aelindrome d'Etherin basé sur pi.
  Précisément, la valeur 345 du bathmostiche titre du précédent billet, BATHMOSTICHE (=123) associé à GEORGES PEREC (=123) m'avait fait penser à renverser 123 pour avoir
345+321 = 666
mais j'avais omis de le mentionner.

  Pour pallier à mes défaillances, j'ai lancé une recherche "666" sur l'ensemble des messages postés de 1996 à 2022 sur la liste Oulipo. Sans surprise, les messages concernés viennent essentiellement de Gef, Robert, et moi-même, les colistiers les plus intéressés par la gématrie.
  En rapport avec Perec, Gef a conçu de multiples programmes d'analyse textuelle, et il livrait le 27/11/2013 quelques résultats issus de La disparition:
(...)

Mieux encore, cette longue paraphrase de « Moby Dick » totalise 6666:

> L'assaut dura trois jours, trois jours d'affronts inouïs,
> chocs obscurs, corps à corps, vingt-six marins unis dans un
> combat colossal, assaillant dix fois, vingt fois, l'invaincu
> Titan du Flot ? Dix fois, vingt fois, un harpon plus tranchant
> qu'un bistouri s'implanta jusqu'aux quillons, jusqu'aux
> croisillons dans l'animal qui rugissait, bondissait, mais qui,
> nonobstant d'aigus barbillons labourant au plus profond sa
> chair, d'agrippants crocs tailladant, arrachant à vif, traçant
> sur son dos blanc d'avivants sillons sanglants, faisait front,
> s'attaquait aux canots qu'il culbutait, qu'il coulait, puis
> disparaissait tout à coup au plus profond du flot.

Ce grand nombre était aussi associé au démon pour Perec,
puisqu'il attribue le matricule 1758064176 = 6 x 66 x 666 x 6666
à Blunt Stanley, dans le chapitre « Moreau, 3 » de « la Vie mode
d'emploi ». Est-ce un hasard si Perec écrit dans « Moreau, 2 »:

> Madame Moreau n'a jamais dit à Fleury ce qu'elle pensait de son installation.

Car sa valeur gématrique, depuis longtemps prévisible dans son
ironie même, est 666.


   Lors de la création du Gématron en 2006, un colistier avait cité la dernière phrase du verset 13,18 de l'Apocalypse, dans la traduction de Louis Segond:
Car c'est un nombre d'homme, et son nombre est (=413)
six cent soixante-six. (=253)
avec 413+253 = 666.
  Le Gématron affiche le total intermédiaire 413 car c'est la section d'or approximative de 666 (le partage doré optimal est 412-254).
  Aujourd'hui seulement, je m'avise que ces nombres 413 et 253 sont présents dans le chapitre 31 de La Vie mode d'emploi, écrits en chiffres alors que Perec y privilégiait l'écriture des nombres en toutes lettres:
le nombre des détectives aurait dû me mettre la puce à l’oreille: 413 était évidemment l’inverse de 314, c’est-à-dire du nombre π:
puis deux phrases plus loin:
ils firent d’innombrables anagrammes sur les noms et les pseudonymes de votre fille, ou remplacèrent les lettres de son nom par des chiffres en s’efforçant d’arriver à 253,
  Cette Elisabeth est-elle satanique? Perec pensait-il à la valeur de "six cent soixante-six"? Toujours est-il qu'Elisabeth Beaumont est inspirée par l'un des 10 petits nègres d'Agatha Christie, de même que le pseudo-diable du chapitre 65, Blunt Stanley, au matricule multiple de 666.
  Et pi était ici associé à 413. Les aelindromes débutant par des groupes de 3-1-4 lettres finissent par ces mêmes groupes dans l'ordre 4-1-3, comme celui de Gef vu plus haut.
 
  Les arithmologues de bas étage ont aussi associé pi à 666 car c'est la somme de ses 144 premières décimales, soit
1 4 1 5 9 2 6 5 3 5 8 9 7 9 3 2 3 8 4 6 2 6 4 3 3 8 3 2 7 9 5 0 2 8 8 4 1 9 7 1 6 9 3 9 9 3 7 5 1 0 5 8 2 0 9 7 4 9 4 4 5 9 2 3 0 7 8 1 6 4 0 6 2 8 6 2 0 8 9 9 8 6 2 8 0 3 4 8 2 5 3 4 2 1 1 7 0 6 7 9 8 2 1 4 8 0 8 6 5 1 3 2 8 2 3 0 6 6 4 7 0 9 3 8 4 4 6 0 9 5 5 0 5 8 2 2 3 1 7 2 5 3 5 9

  Ceci n'a rien de bien extraordinaire, d'autant qu'il serait plus significatif de partir du premier chiffre effectif de pi, 3.
  Ainsi les 145 premiers chiffres effectifs de pi totaliseraient 669, et ceci m'évoque une coïncidence éditoriale constatée en avril dernier.
  Le 6 avril est paru le roman 666, de Jérémy Wulc, que je me suis senti obligé de lire, comme beaucoup de romans dont le titre est un nombre.
  C'est hélas assez consternant, et la seule chose que j'en ai retenue est, parmi d'autres non significatives, une coquille page 100, où une fliquette se préparant à infiltrer le milieu satanique de la capitale se voit avertie ainsi:
Mais il vous faut être prêtre à plonger dans un monde parallèle dans lequel ne subsistent aucun droit ni aucune limite… L’êtes-vous ?
  Lorsqu'elle en reviendra, faudra-t-il qu'elle soit exorcisée, ou excisée si les ciseaux d'Anastasie sont bien aiguisés?

  Passons. Une semaine plus tard, le 13 avril, est paru 669, de Giacometti-Ravenne, 5e volet de la "trilogie" Tristan Marcas.
  Le duo énonçait dans un précédent opus qu'il n'était pas facile de trouver de nouveaux sujets de romans faisant intervenir des énigmes ésotériques historiques, et j'avoue avoir trouvé les romans de ces dernières années attristants, comparés à Lux Tenebrae ou Apocalypse (où intervient 666).
  Le roman se passe début 1944 à Paris, où plusieurs nazis, allemands et collabos, sont assassinés. Le meurtrier a chaque fois tracé "669" à côté du cadavre. L'enquête de Tristan le mène au Lebensborn de Lamorlaye, ce qui aurait pu m'intéresser car j'ai étudié ici et d'étranges coïncidences entre romans évoquant les Lebensborn.
  Ici, il a été imaginé que, lorsque les pensionnaires du Lebensborn rejetaient leur rôle de mères porteuses, on les confiait au bon docteur Petiot... Il en a été ainsi pour la pensionnaire n° 669, mais celle-ci avait des amis, qui ont entrepris de la venger.
 L'enquête de Tristan l'avait précédemment mené chez l'ésotériste Sâr Necroman, personnage évidemment inspiré par Dom Néroman, et par le Sar Peladan, dont les velléités académiques ont été caricaturées par Gaston Leroux dans Le fauteuil hanté. De même que le candidat au quai Conti était ridiculisé par Leroux, Giacometti-Ravenne font de Nécroman un quasi-analphabète, ne devant son renom qu'à un Juif érudit qu'il cache dans sa cave, Simon Eisenberg. Tristan a demandé à Eisenberg de chercher à quoi pouvait correspondre 669.
  Après avoir trouvé sa solution Lebensborn, il revient voir Eisenberg pour lui proposer un chemin vers la liberté, mais celui-ci s'est suicidé. Il lui a laissé une lettre, indiquant ce qu'il a trouvé:
669
6 6 Le sixième jour du sixième mois.
9 c’est le chiffre résultant de l’addition théosophique de l’année 1944.
1 + 9 + 4 + 4 = 18 = 9
Le sixième jour du sixième mois de l’année 1944, il se produira un événement extraordinaire qui fera trembler les nazis.
6 juin 1944
  C'est plutôt gratuit. A partir de la date a été créée l'énigme 669, dont l'autre solution Lebensborn est peu crédible, car le centre de Lamorlaye n'a été actif que quelques mois, à partir de février 44, et n'a vu naître qu'une vingtaine d'enfants.

  Revenir à ce roman m'a cependant révélé une fantastique coïncidence. La page de l'éditeur qui lui est consacrée est archivée sous son numéro ISBN, soit 9782709666923. Ce numéro se répartit ainsi:
978-2: indiquant qu'il s'agit d'un livre francophone;
709: numéro de l'éditeur (Lattès);
66692: numéro de publication choisi par l'éditeur;
3: clé de vérification, calculée à partir des 12 précédents chiffres (10, moins le dernier chiffre de la somme des 6 chiffres impairs et de 3 fois les 6 chiffres pairs).
  Ainsi 669 a pour numéro de publication 66692, alors qu'il y est constamment fait allusion au nombre 666, et qu'il y a 2 interprétations du nombre 669. L'éditeur a-t-il sciemment choisi ce numéro? Il eût fallu que Giacometti-Ravenne sussent déjà l'an dernier le sujet de leur prochain roman, car le volet précédent de la saga, paru en avril 2021, Résurrection, avait pour numéro de publication 66691. Les romans précédents du duo avaient les numéros 66336, 66332, 65609...
  Il est inutile de conjecturer, puisque l'éditeur a les réponses. Je rappelle que mon attention s'est portée sur ces numéros ISBN en mai dernier, avec la parution chez Fleuve du dernier Thilliez, le 5/5, en 55 chapitres, numéro de publication 15555. Mon enquête m'a appris que deux romans successifs de Thilliez avaient fréquemment des numéros de publication consécutifs.
  Les e-books ont aussi des ISBN, et ce sont pour Résurrection et 669 9782709666688 et 9782709666695 (numéros de publication 66668 et 66669). Le numéro 66666 existe, c'est Orbite de Patricia Cornwell, dont la version papier publiée le 5/5/2021 a le numéro 66690. Je retrouve la caractéristique des numéros de publication consécutifs pour deux romans successifs d'un auteur, avec son roman précédent Quantum de 2020 qui a le numéro 66689 (66665 pour l'e-book).

  Incidemment, Résurrection s'intéresse au carré SATOR, où certains exégètes ont vu le nombre 666, valeur de SATOR en lettres hébraïques (סתור), ou de TENET en lettres grecques (ΤΗΝΗΤ).

  Dans le premier roman, 2048, que j'ai soumis aux éditeurs, en 1983, un personnage avait été marqué par un opuscule intitulé L'apocalypse aujourd'hui, énonçant que le 666 de Jean concernait le Débarquement, le 6e jour du 6e mois à la 6e heure. Quant à l'année, elle livrait la factorisation
1944 = 6.6.6.9.

  J'ai parlé ici du roman de Raoul de Warren La Bête de l'Apocalypse, où 666 correspondrait au 6e jour du 6e mois de la 6e année de la guerre, soit au 6 août (sextilis pour les Romains) 1945, le jour du bombardement atomique sur Hiroshima.
  J'écris ceci le 7 août. Cette année, la liste Oulipo parcourt un calendrier des Papous révisé par Bernard Maréchal, où le 6 août est le Remisage de Ste Callipyge. Ce n'est que ce matin que j'ai lu un message posté tard la veille par l'oulipote Jacqueline:
Verset satanique :
« Vénus est soumise au pieu »
Le seul qu’Ali pige !
  La mention de Satan m'a poussé à soumettre ce haïku au Gématron, et découvrir que ses 51 lettres (3 fois 17, et le haïku compte 3 vers et 17 syllabes) totalisaient la valeur 666. Jacqueline m'a assuré que ce n'était pas calculé.

  Puisqu'il est question de l'héméroméride imaginé par Noël Bernard, celui-ci avait proposé le 9/1/2016 cette phrase:
L'Apocalypse de Saint Jean nomme six cent soixante-six le chiffre de la Bête. (= 666)

8/8: Je reprends l'écriture de ce billet, encore sur le coup de ma découverte d'hier, les numéros de publication 66692 et 66669 de 669 (livre et e-book).
  Il me semble me souvenir que, après mon enquête en mai sur le numéro de publication 15555 de Labyrinthes, je me suis demandé ce qu'il en était des romans 666 et 669 qui avaient fait coïncidence le mois précédent, mais le numéro ISBN du premier n'était pas significatif, et j'avais déjà vendu l'autre.
  Je m'ébaudis en songeant que Labyrinthes et 669 ont figuré côte à côte en tête de gondole chez maints distributeurs. Je ne savais pas en mai que l'e-book avait un numéro différent du livre, et celui de Labyrinthes est 15614.
  Je m'ébaubis en songeant à toutes les petites choses sans lesquelles cette découverte n'aurait pu se faire: la présence de Palau dans Belphégor, la parution de 666 juste avant 669, l'aelindrome de Gef, les 144 premières décimales de pi...
  Tiens, ce 7/8 que j'espère garder en mémoire est le renversement du 8/7 à l'origine de ce billet.

  Retour aux archives oulipiennes. Je n'ai pour ma part planifié un texte de valeur multiple de 666 qu'une seule fois, le 2/1/2014, pour un sonnet conçu selon les règles de Soubira, auteur bien avant l'arrivée de l'informatique de foultitudes de vers de valeur 666 selon un code peu intuitif.

  Mes constructions gématriques ont été essentiellement des anagrammes de Vocalisations de Perec, parce que j'étais fasciné par la valeur 6272 de ces 4 strophes, 14 vers, 112 mots, avec
6272 = 4 x 14 x 112,
ce qui n'avait très probablement pas été planifié par Perec.
  J'ai aussi proposé de multiples récritures du sonnet source Voyelles, dont certaines inspirées par des formes "rapillyennes", le corner et l'origami. J'ai voulu aller plus loin avec un cube bancal, qui n'avait que deux lectures, puis un hypercube, où le même texte apparaissait selon 4 dimensions. Après un premier essai en 2005, assez catastrophique, j'ai réitéré le 7 avril 2007 avec Tuner, se présentant en 25 alexandrins non rimés, offrant un sens minimal. Ces diverses Vokapisations sont réunies ici.
  Le premier jet de Tuner avait pour valeur 6677, et la modification d'une lettre m'a permis de parvenir à 6666 pour ses 5.5.5.5 lettres.

  Ma recherche m'a fait retrouver plusieurs créations de Robert de valeur 666, et ce qui a le plus retenu mon attention a été une série de 4 sonnets de janvier 2012.
  Perec ayant récrit Voyelles sans E, Robert en donnait 4 autres récritures, sans A, sans I, sans U, sans O. A chaque sonnet était donné un titre tel que l'ensemble titre-poème avait pour valeur 6666.
  Ceci n'avait aucun rapport avec mon Tuner 5 ans plus tôt, que j'avais moi-même oublié lorsque Robert a posté son Poker de Voyelles. Tout simplement a-t-il souhaité donner un autre point commun à ses compositions, et un nombre composé des mêmes chiffres est séduisant. 5555 aurait été préférable, mais la valeur d'un sonnet "normal" d'alexandrins dépasse facilement 6000.
  Incidemment, il existe au départ une variante pour le nombre de la bête, 616, a priori tout aussi valable que 666, seul retenu dans la transmission du texte.

  J'ai appris en mars 2019 la parution de Cosme, où l'humoriste Guillaume Meurisse défendait la thèse d'un ami qui voyait des symboles apocalyptiques dans Voyelles, ainsi que des subtilités
d'écriture comme ces trois "des" alignés aux vers 3-4-5, avec des "d" que Rimbaud trace sur le manuscrit autographe comme des 6 à l'envers; il suffit de le retourner pour lire "666".
  Les symboles apocalyptiques sont bien réels, il me semble y avoir été sensible depuis longtemps, mais ce n'est que quelques mois plus tôt, en novembre 2018, que j'avais pondu un sonnet les soulignant, inspiré par une nouvelle contrainte imaginée par Robert.
  La grande trouvaille avancée par Cosme est d'avoir dénombré 666 espaces et signes dans le sonnet.

  Ce n'est ni vraiment remarquable, ni incontestable, je le discute dans ce billet d'avril 2019. Toujours est-il que d'autres récritures de Voyelles ont été proposées sur la liste, et que Robert y a rappelé en août ses 4 sonnets de 2012, de valeur 6666 chacun. J'ai alors trouvé un titre alternatif pour Vocalisations de Perec, Faisons sans blanc pour Vocalisations, de valeur 397 afin d'obtenir 6669 pour le total titre+sonnet, et le total 33333 pour les 5 poèmes réunis.
6666 et 6669...

  Puis Robert inventa l'aléa furtif, dont une variante consiste à coder des lettres par la différence des rangs entre la première et la dernière lettre d'un mot.
  Le 15/12/2019, j'ai posté ce sonnet sur la liste:
A blanc, E vert, I brun, U fauve, O plomb, voyelles;
Je sonnerai matin, zélé, teuf épatante:
A, souverain réjoui d’expériences nouvelles,
Le bruit long, caverneux, brute note jouissante,
 
Zone Aÿ; E des pleurs, grands rois, jupons d’airelles,
Ses brutaux dizains d’Elle, assez jeune, quiescente;
I, facteur actif d’art, ivresses naturelles,
Entendra-t-Elle enfin sa narration fringante?;
 
U cumul, bruns cailloux, nobles granits, bolides,
Curieux néants induits des caniveaux arides,
Bienheureux des époux, front toujours orgueilleux;
 
O l’aveuglant zodiaque à ses rumeurs étranges...
Prenons nos eaux, germons, tous deux, soyeux sporanges;
-O l’Oméga douteux occultant Ses envieux!
  La gématrie des 533 lettres est 6666. Je suis assez certain que ce n'était pas décidé au départ. Probablement le premier jet était-il si proche de ce résultat que quelques modifications m'avaient permis d'y parvenir.
  Je n'avais fait aucun calcul de ce type en 2019, mais il m'a suffi aujourd'hui, pour parvenir à un total de 666 espaces-signes, de quelques suppressions d'espaces, exactement selon les règles que j'applique sur ce blog pour ne pas avoir de saut de ligne intempestif avant un signe type ;:!?.
  Les 77 mots dont les premières et dernières lettres diffèrent codent pour
A blanc, E jaune, I nègre, U cieux, O clair, voyelles;
Je dirai quelque jour vos naissances latentes:
et les couleurs choisies, blanc-jaune-nègre-cieux-clair, codent pour AEIUO.

  En septembre 2017, Robert avait posté ce sonnet en 555 lettres de valeur 6666, sans la facilité d'utiliser le titre pour arriver à ces résultats, et le poème avait une autre contrainte: chaque vers pair reprenait le vers précédent, sans les R (lettre de rang 18, ou 6+6+6).


12/8: 669 m'avait rappelé que Giacometti-Ravenne avaient utilisé 666 dans Apocalypse, avec le code 66654 donnant sur la stèle de Marie de Nègre les lettres NIGLA, "apocalypse" en hébreu, ce qui avait fait coïncidence avec d'autres oeuvres où une énigme numérique code pour le titre de l'oeuvre.
  Je me suis demandé si 66654 était un numéro de publication chez Lattès, oui, c'est l'e-book Saccharoses de Samir, dont la version papier publiée le 10/6/2020 a le numéro 66678. Ce n'est pas un polar.
  Les 3 S du titre et l'initiale de l'auteur me rappellent que le 666 de l'Apocalypse a été homologué à SSS, avec diverses correspondances, ou à $$$, l'argent, le matérialisme.
  On ne peut évidemment soupçonner que l'attribution du numéro de publication ait eu quelque chose à voir avec cette homologation SSS, ainsi il commence à se préciser que cette série de numéros débutant par 666 s'inscrit normalement dans le programme éditorial de l'éditeur, sans intentions particulières. J'ai eu la curiosité de chercher quel livre était le premier de la série, 66600, et c'est un essai, Vous auriez aimé que vos parents lisent ce livre, de Philippa Perry

  Le 9/8, j'ai emprunté 669 à la médiathèque de Gréoux, et me suis aperçu en y rejetant un oeil que j'avais manqué quelque chose.
  J'avais intitulé Morceaux choisis le premier billet consacré aux Lebensborn parce qu'un point commun entre les trois romans étudiés étaient des parties d'êtres humains prélevées... Il en va de même pour les trois victimes du tueur signant "669", qui a emporté le coeur de l'officier allemand ayant engrossé la pensionnaire n° 669, puis les yeux et le sexe des collabos français complices.

  Au rayon polar de la médiathèque, mon attention a été retenue par un nombre, 699, le numéro dans la collection Folio Policier de Sympathy for the devil, un roman d'un vétéran de la guerre au Viet-Nam, Kent Anderson.
  J'ai aussitôt pensé à mon pénultième billet, Sympathie vers Méphistophélès, au titre inspiré par les Stones.
  J'ai pensé ensuite au film essentiel sur cette guerre, Apocalypse now (1972), et au roman La conspiration des ténèbres (1991) de Theodore Roszak qui suggère que le film aurait été commandité par cette conspiration, également responsable de l'épidémie du Sida.
  NEO cite ce livre parmi ses sources pour Ce que l'on sait de Max Toppard, le roman qui m'a mené à Palau, interprète de Faust et du Diable, et il me semble qu'il a inspiré aussi Le syndrome [E] de Thilliez.

  En mai 2021, Gef explora quelques égalités multimagiques entre diverses séquences de nombres. On parle de multimagie lorsqu'une égalité reste valide lorsque les nombres sont portés à d'autres puissances. La prise de conscience que, lorsque des séries de nombres ont une propriété multimagique, cette propriété demeure si chaque nombre est augmenté d'une même quantité, me fit proposer un carré gématrique basé sur le premier carré bimagique d'ordre 8 découvert en 1890.
  Le carré originel, formé des nombres de 1 à 64, avait pour constante 260. J'ai augmenté chaque nombre de 23 afin d'obtenir la constante 444 qui m'est sympathique, et ai arrangé en alexandrins 64 mots (4.4.4) de valeurs correspondantes:
jaugeant seul pan jungien, tu mixes feu néant,
liant cinq divins débuts bien léchés, quatre mas,
ton humain jeu calait, tramant noms, ces mandats,
mais si huit décelés piègent un port brisant,
dans son influx égal, jour qui dépeint octet,
on absout une garce, maux vieux, jeune caverne,
scindant art puis sujet, panne, échec, terne cerne,
prix rassis, pieu honni, sale trou, mince clef.
  En élevant les nombres au carré, la constante est 27372, un nombre répondant aussi à mon obsession quaternitaire, car il symétrise 273, gématrie de l'hébreu arba', "quatre".
  Quelques jours plus tard, Gef proposa une création analogue basée sur un carré bimagique remarquable d'ordre 9, avec les valeurs ajustées pour parvenir à la constante 666. Il était fort difficile d'écrire 9 alexandrins de 9 mots totalisant chacun cette valeur élevée pour un vers usuel, mais Gef a réussi, et mon nom apparaît dans son poème...

  666 est un nombre connu des amateurs de carrés magiques, car il s'agit de la somme des 36 premiers nombres, formant le carré d'ordre 6. On nomme diabolique ou pandiagonal un carré d'ordre n où tous les alignements de n chiffres totalisent la constante, y compris les diagonales brisées.
  S'il n'existe pas de carré diabolique d'ordre 6, un certain AW Johnson a réussi à construire ce carré diabolique irrégulier d'ordre 6 de constante 666,
 

"irrégulier" signifiant que les nombres le composant ne sont pas consécutifs, mais ils ont une particularité, ils sont tous premiers. On ignore comment Johnson a réussi ce prodige, serait-ce lié à son nom complet, Alan William Johnson, comptant 18 lettres (6+6+6)?
  Tiens, la valeur de ce nom selon le code Soubira est 669.

  Ceci me rappelle les 144 premières décimales de pi totalisant 666, 669 en ajoutant la partie entière, 3. 
  En fait, le nombre 144 pourrait être jugé significatif, car c'est aussi un nombre de l'Apocalypse, la hauteur en coudées de la muraille de la Jérusalem céleste (Ap 21,17).
  La consultation de la fiche OEIS donnant le développement décimal de pi m'a appris une curiosité. Un matheux a construit un carré magique d'ordre 144 de puissances septièmes de nombres dont la constante magique correspond aux 52 premiers chiffres de pi... A raison d'un chiffre par seconde, il faudrait plus d'une semaine à plein temps pour écrire tous les nombres de ce carré...
  52 premiers chiffres de pi: les 12 premiers chiffres de pi donnent la somme 52, d'où Gef a tiré les 52 lettres de valeur 666 de son aelindrome donné supra. J'ai été conduit à constater récemment que 52 est la valeur de DEVIL, un mot qui fait partie d'un palindrome classique en anglais:
God lived as a devil dog (ou Dog lived as a devil god).

  Relisant ce billet où je me demandais si JUNG=52 n'avait pas vendu son âme au DEVIL, je constate que j'avais envisagé la gématrie 9669 pour l'ensemble des deux sonnets hermétiquement clos composés pour mon anniversaire. J'avais ensuite opté pour 9672, magnifiant les 96 et 72 mots de ces sonnets.
  Le second sonnet a eu un temps pour valeur 5005, multiple de 55, ce qui m'avait fait penser aux récentes coïncidences 55, notamment aux numéros de publication 15555 et 44555, se terminant par 55, de deux romans en 55 chapitres, Labyrinthes et Quai des enfers.
  Aussi, 5005 = 91x55, correspondant à
PHILIPPE PEREK = 91 55,
le disparu de La disparition de Perek, 55e Poulpe, évoqué dans le billet.


14/8: Je comptais au départ de ce billet le consacrer aux échos entre diverses créations de Robert déjà commentées sur Quaternité depuis pas mal d'années, et puis sa seule grille du 8/7 dernier a donné lieu à tant de développements que je vais arrêter ici, alors même que d'autres créations "666" de Robert ou de Gef mériteraient d'être étudiées.

  Je mentionne tout de même une belle curiosité trouvée chez Clifford Pickover, auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique. Le billet précédent m'a fait commenter le premier triangle pythagoricien, 3-4-5, dont la surface est 6 (3x4/2), c'est le seul triangle pythagoricien dont la surface s'exprime par un nombre d'un seul chiffre (dans le système décimal). Il n'existe qu'un seul autre triangle pythagoricien dont la surface s'exprime par un nombre composé d'un seul chiffre, et c'est
693-1924-2045, dont l'aire est 693 x 1924 / 2 =
666666

  Je ne peux me résoudre non plus à omettre l'actualité. 6 jours après le 6 sextilis où Jacqueline a posté son haïku Verset satanique, l'auteur des Versets sataniques a été grièvement blessé par un fanatique, Hadi Matar. C'était la première tentative sérieuse pour tuer Rushdie depuis la fatwa lancée par Khomeiny il y a 33 ans.
  Ainsi la gématre intuitive Jacqueline se double d'une pythonisse...
  Si son poème mentionnait Ali plutôt que Hadi, les deux noms sont équivalents selon la gématrie:
ALI = HADI = 22.

  Il a fallu près de 10 ans pour qu'un éditeur français ose publier le roman de Rushdie, Plon en 1999. En capturant l'image ci-dessus de cette première édition, j'ai eu la surprise de découvrir qu'elle avait pour identifiant son numéro ISBN, 9782259186667, où le numéro de publication est 18666, avec toujours 18=6+6+6...
  Mes études coraniques m'ont conduit à distinguer un ensemble de 9 sigles coraniques, totalisant 18 lettres de valeur 666. Détails ici.

  Le titre de ce 346e billet a pour valeur 320, suggérant d'additionner 320 et 346...