20.10.10

A ARTHUR

Ce 20/10/2010 est aussi l'anniversaire de la naissance de Rimbaud, il y a 156 ans.
Ceci m'a donné l'envie d'y rendre hommage en 13 alexandrins, 13x12 = 156. Il m'est immédiatement venu d'utiliser une particularité du sonnet de Perec Vocalisations, lipogramme pastichant Voyelles.
J'ai déjà largement insisté sur mon anagramme du sonnet en 2006 qui s'est trouvée être le 5e arrangement des mêmes 497 lettres de valeur 6272, tandis que je devais découvrir deux ans plus tard l'harmonie de la vie de Jung en 4+1 fois 6272 jours, avec comme pivot le 4/4/44, notamment dans les billets de décembre dernier autour du rêve die Salbe, lequel m'avait conduit à découvrir que le même mot anglais salve traduisait aussi bien le côté Sauveur de Jésus (Yeshouah = "Dieu sauve") que son onction (Mashiah = Christos = "oint").
Etudiant les anagrammes anglaises, je me suis avisé que deux d'entre elles contenaient le mot "sauveur" dans le dernier tercet, savior dans un cas car l'auteur était américain, Saviour dans l'autre. Ceci a été le point de départ d'une cascade de coïncidences numériques que j'ai tenté d'aborder sur cette page en cours qui, bien qu'inachevée, est déjà d'une telle complexité que j'en résume quelques points :
– SAVIOR a pour valeur 84, de même que HAEMMERLI le "sauveur" de Jung.
– SAVIOUR a pour valeur 105, 5/4 de 84, et Jung a eu droit à un quart de vie supplémentaire après le "sacrifice" de Haemmerli.
Saviour était le dernier mot du 13e vers du sonnet de Richard Grantham :
Arid spans in air haunt Sun or Saviour:
Ceci m'a donné l'idée de passer les 13 vers au Gématron, découvrant ainsi une parfaite césure d'or à la fin du 8e vers. Comme le sonnet de Grantham était l'anagramme vers par vers de celui de Perec, la relation sur les 13 vers y est aussi présente, particulièrement frappante pour moi puisque, lors de mon codage du sonnet dans les 14 chapitres de Sous les pans du bizarre, je m'étais livré à quelques facéties pour les vers 8 et 13, soulignées par des allusions contextuelles à Charleville-Mézières et Marseille, chefs-lieux des départements 08 et 13 où est né et mort Rimbaud.

Les nombres mis en jeu dans cette harmonie sur 13 vers me sont significatifs :
– 104 mots = 13 x 8 ;
– 466 lettres, 13e terme d'une suite de Fibonacci débutant par 2 et 2 ;
– gématrie totale 5854, 13e terme d'une suite de Fibonacci débutant par 14 et 32.
Je note que le partage en 8 et 5 vers donne la répartition gématrique 3618-2236, évocatrice car 2.236 est l'approximation courante de la racine carrée de 5, liée au nombre d'or dont l'expression algébrique est (√5 + 1)/2.
Par ailleurs je me sens personnellement concerné par ces nombres, car ma première contribution importante à la Liste Oulipo, en 2002, a été un sonnet à double césure d'or, de 466 lettres réparties en 178-110-178. Lorsque j'ai eu l'honneur d'être admis dans l'aréopage des Oulipotes, ma première contribution importante à une BLO a été un texte en 1382 lettres (le terme immédiatement inférieur de la suite 5854-3618-2236).

Bref ceci m'a conduit à une anagramme des 13 vers offrant aussi une double césure :
5 vers - 178 lettres - gématrie 2236
3 vers - 110 lettres - gématrie 1382
5 vers - 178 lettres - gématrie 2236

Comme pour Mispar, écrit en vers isocèles de 40 espaces, j'ai également choisi cette technique élégante, laquelle a orienté la composition. En conservant le nombre de mots originel, il manquait deux espaces pour avoir un multiple de 13, ce à quoi je suis parvenu par un signe unique dans le premier vers, introductif. Les autres signes ponctuent chaque fin de vers, de 44 espaces.

L'omicron l'upsilon l'iota l'alpha : voïaux!

O knossos infini n'ouvrant son portail d'or,
qu'aux nantis arborant cals ou visas locaux,
impuissants si soudards d'un inactif accord;

U choix incriminant dix niais chats griffus,
maisons du froid lointain ou solivaux mûris,
quand dormait un jardin aux acajous fourbus;

I vrai tournant parfois du sain final honni,
dans un soi radical brun crudup rimbaud nus,
tridizain qu'irradia l'amour pur d'un marri;

A rapport dit constant d'un afin structural,
qu'incisif on dira ou noir ou blanc ou gris,
nous ouïrons sans pâlir son glas subliminal!


Voici le lien vers le Gématron permettant d'apprécier l'harmonie numérique de ce "tridizain", et voici le lien vers sa première publication sur la Liste Oulipo, dont il faut être membre (ce qui est facile) pour y avoir accès :
http:/oulipo/2010-October/018600.html
J'ai donné la fin du lien en clair, car le message se trouve être le 18600e de la Liste, ce qui entre dans une prodigieuse chaîne de coïncidences.
J'avais préparé mon message la veille, pour l'envoyer dès levé ce 20/10. Levé vers 8 h, il m' a semblé élégant de l'envoyer à 08:13, mais son heure de réception enregistrée sur la liste fut 08:16.
Le poème est basé sur la section d'or, 0.618033..., or les deux répartitions des totaux significatifs fournissent les 4 décimales 6180 :
178/288 = 0,6180(55...)
2236/3618 = 0.6180(21...)
Ce sont les premiers rapports dans les suites de Fibonacci respectives donnant ces 4 décimales.
A remarquer que le dernier rapport fait intervenir le nombre 3618, se terminant par les chiffres fatidiques 6-1-8. C'est en fait lié au fait vu plus haut que la suite n'est pas quelconque, dépendant précisément des approximations courantes à 3 décimales, mais ceci m'a fait m'apercevoir, après coup, que 3 x 618 = 1854, l'année de naissance de Rimbaud célébrée précisément par mon poème.
Les valeurs numériques des noms ARTHUR-RIMBAUD, 86-68, répètent ces mêmes chiffres, d'où la dédicace de ce billet :
A ARTHUR = 1-86

Il y a bien plus bizarre. J'avais codé dans Sous les pans du bizarre non seulement les 14 vers du sonnet dans ses 14 chapitres, mais aussi la signature Arthur Rimbaud dans ce qui tenait lieu d'épilogue, et le titre, Vocalisations I, dans une citation en exergue, où la police utilisée rend le codage bien plus apparent que dans le corps du livre :Il s'agit d'une citation de JBS Haldane, dont j'ai transformé le nom pour faire apparaître les initiales FIJM, à entendre effigiem, mot clé du livre; par ailleurs j'ai manipulé la citation pour y accueillir mon message, Vocalisations I, car il existe une seconde version de Vocalisations, donnée par Perec dans Oulipo/Idées, où l'harmonie des 112 mots de valeur moyenne 56 est perdue. Ma variante offre encore la gématrie
Vocalisations I = 159+9 = 168, nombre de pieds du sonnet, ou 112+56.
J'ai découvert à peu près la même citation vers 2002 en lisant Cosmix banditos, où AC Weisbecker l'attribuait à Heisenberg. A cette époque il n'était guère envisageable d'éclaircir la question sur la toile, mais je serais bien en peine d'expliquer pourquoi j'ai attendu ce 19 octobre 2010 pour poser cette requête, et découvrir ainsi que ce problème d'attribution était connu, et
avait fait l'objet d'une discussion sur un site :
http:/askft/Question86001.html
J'aurais normalement sauvegardé cette adresse dans mes favoris Google, mais le service ne fonctionnait pas, et j'ai noté le lien dans une fenêtre alors ouverte sur l'ordi, le message en cours destiné à la liste oulipo, où je présentais le poème achevé la veille, avant de l'envoyer le lendemain.
J'ai donc récupéré le lien le lendemain matin avant d'envoyer le message, et j'appris ensuite qu'il était le 18600e, enregistré à 08:16. Lors de la récupération du lien m'apparut le numéro de la question, 86001, permutation circulaire de 18600.
Ceci amène d'autres constatations :
- je rappelle que j'avais caché dans la citation Vocalisations I, de valeur 168.
- le dernier intervenant sur la question 86001 donne un 3e larron comme auteur le plus probable, Arthur Eddington.
Or je m'étais émerveillé de l'apparition de deux Arthur lors de l'achèvement du poème. L'anagrammatisation d'un long texte pose divers problèmes, desquels je commence à être familier, mais malgré cela je me suis trouvé après une première phase avec deux vers fort peu satisfaisants, le 9e vers
d'azur brandi quinaud au miroir d'un nimbus,
plutôt confus, et les lettres résiduelles supposées devoir former le 10e vers étaient inexploitables. Il m'a donc fallu procéder à divers trocs avec les autres vers, dont on constatera l'importance en voyant ce qu'est devenu le 9e vers :
dans un soi radical brun crudup rimbaud nus,
J'ai en quelque sorte vu s'imposer le mot Rimbaud, alors que je ne l'avais pas envisagé dans cet hommage, et une bonne partie des lettres problématiques restantes formaient Crudup, m'évoquant Arthur Crudup, génial bluesman que j'écoutais dès 15 ans et qui est probablement l'inventeur du rock'n roll dans les années 40.
Et voici maintenant Eddington, dont l'intérêt ne se limite pas à son prénom Arthur. J'avais déjà signalé ici sa théorie numérologique sur la constante de structure fine α, alpha, que j'entendais précisément évoquer dans mon poème avec le "rapport dit constant d'un afin structural".
L'inverse de cette constante, qu'Arthur aurait aimé voir s'appeler "nombre d'Eddington", a d'abord été évalué à un nombre proche de 136, et Eddington a bâti toute une théorie postulant que le nombre était l'exact entier 136.
Hélas l'affinement des mesures a montré que le nombre était plutôt proche de 137, et Eddington a remodelé sa théorie en l'adaptant à l'entier 137, s'attirant les quolibets de ses confrères qui le rebaptisèrent "Adding one" ("ajoutant un").
Je vois ici un écho à ma nouvelle vision du sonnet, "diminué d'un" vers.
Wikipedia donne la source de la citation de Haldane, en 1927, et signale d'autres attributions non référencées.

Eddington est mort en 1944, mais sa vision numérologique du nombre 137 a été relayée par Wolfgang Pauli, physicien mieux reconnu par de multiples distinctions (et grand ami de Jung).
J'ai probablement été conduit à citer la constante de structure fine par des coïncidences concomitantes, liées à la vision de la série FlashForward basée sur une perte de connaissance de toute l'humanité pendant 137 secondes.
Le forum Unus Mundus et particulièrement son créateur Remo Roth s'intéressent à cette constante , et ceci a donné lieu à une absolue "synchronicité" sur le forum où Remo et moi-même avons posté en même temps deux messages constatant qu'un nouveau sujet concernant Pauli était le 137e de sa subdivision dans le forum; je donnais une capture d'écran de FlashForward, où apparaissait la gématrie 137 de l'hébreu Kabbalah, et le message suivant de Remo, arrivé une minute plus tard sur le forum, mentionnait aussi cette gématrie 137 du mot Kabbalah qui obsédait Pauli.

En parlant d'inverse et d'ajouter 1, une des définitions du nombre d'or est le nombre qui est égal à son inverse plus un, x = 1/x + 1, ce qui constituait d'ailleurs le 3e vers de mon sonnet en 466 lettres de 2002,
X tel qu’égal à son inverse plus un, si !

Je serais encore bien en peine d'expliquer pourquoi, toujours est-il que ce même 19 octobre où j'ai eu la curiosité de vérifier la paternité de la citation de Haldane, j'ai relu mes pages sur Bernard Werber, écrites il y a 3 ans. J'y évoquais le numéro de son héroïne, la fourmi 103 683e, pouvant être considérée comme une permutation ordonnée des 6 premières décimales du nombre d'or, 1.618033 (ou 0.618033 pour son inverse).
Ce schéma met la permutation en évidence, avec les deux lectures possibles, horizontale 61-80-33, et verticale 103-683, mais ma récente création pour le 10-10-10 me permet d'y donner aujourd'hui un nom. Elle m'a fait étudier la pseudo-quenine utilisée par Perec dans La Vie mode d'emploi, et c'est exactement ce type de permutation qui apparaît ici, consistant à prendre les éléments pairs par ordre croissant, puis les impairs, également par ordre croissant, soit 123456 > 246135.
La différence avec la vraie quenine, imaginée par Queneau, est que les éléments impairs y sont repris par ordre décroissant, soit 123456 > 246531.

Le mot "quenine" est un écho à la sextine d'Arnaut Daniel, suggérant une référence au quinaire, au nombre 5, ce qui m'amène au climax des coïncidences liées à mes 13 vers. Le gématron autorisant des liens dynamiques, j'ai transmis à mes amis oulipotes le lien donné plus haut, contenant le poème entier, mais j'ai eu la courtoisie de réduire ce lien de plus de 600 caractères grâce au site MiniLien.
La page d'accueil en est austère, les 5 derniers MiniLiens attribués, et un volet où insérer le lien à réduire. Après son traitement, la page affiche en principe les 5 derniers MiniLiens, le dernier étant celui du demandeur. Voici ce qui m'est apparu après ma requête, le 18 octobre :
a0lvok (article d'un web-journal du Gard)
a0lvol (pub asiatique pour du thon en conserve)
a0lvom (extrait d'un journal télévisé sur le problème multiracial en Allemagne)
a0lvon (questionnaire de la société LIDL)
a0lvo8 (lien dynamique vers le Gématron)
(J'ai remplacé les liens originaux par ce qu'ils concernent.)
J'ai remarqué la succession logique k-l-m-n, perturbée par mon lien, qui "aurait dû" être a0lvoo et qui était donc a0lvo8. J'ai déjà essayé d'expliquer à quel point la séquence k-l-m-n-o était importante pour moi, elle a été la motivation principale de l'écriture de Sous les pans du bizarre, puis diverses coïncidences sont venues, notamment les récentes relatées ici et , où je donnais les titres des 5 chapitres constituant ma dernière partie (intitulée Le mystère K.O., emprunt à Léo Malet), Cas-Elle...-...aime-Haine-Oh !, pour K-L-M-N-O.
C'est dans ces 5 chapitres que figuraient les 5 derniers vers de Vocalisations, le dernier vers étant codé dans le chapitre Oh !, et il était donc curieux de voir apparaître cette rupture après k-l-m-n, en relation immédiate avec mon anagramme du sonnet amputé de son dernier vers.
Ce motif 4-1 est encore un aspect du schéma quaternitaire, mon obsession de toujours.
Quelques essais sur MiniLien m'ont montré que ce qui s'était passé n'était pas exceptionnel. Le plus souvent apparaît une suite logique de 5 liens, mais il y a parfois une semblable rupture 4-1, possible conséquence d'embouteillages sur le serveur, qu'en sais-je ?
Il m'est venu l'idée de tester le lien a0lvoo, qui aurait donc complété la série k-l-m-n.
Il envoie vers une page d'un web-journal de l'Essonne, et ceci est tout à fait fabuleux, sachant que le lien a0lvok envoie vers un article d'un web-journal du Gard.
J'avais repéré en lisant JiBé Pouy son obsession pour le Pont du Gard, et remarqué dans son RN 86, se passant dans le Gard, sa construction en 30 chapitres, ce qui correspond non seulement au numéro du département, mais à sa gématrie.
Lorsqu'un hasard m'a fait rencontrer Pouy, le 10 avril 99, je lui ai demandé s'il ne préparait pas un bouquin sur l'Essonne, car la valeur numérique de ce département 91 est aussi 91. le format du livre 194x120 mm est idéalement doréEtant lui-même amateur de gématrie, il a aussitôt compris, et de ce premier contact est né notre collaboration pour la série Gondol.
Ce qu'il ne m'a pas dit, c'est qu'il venait d'achever 94, texte expérimental sur le Val-de-Marne, en 94 chapitres de 94 mots. Le clinamen cher aux oulipiens l'avait conduit à un 94+1e chapitre (adding one) en 95 mots, or ce département 94 a pour gématrie 95...
J'ai écrit Sous les pans du bizarre en ignorant cela, mais le Gard et l'Essonne y étaient présents.

Cette histoire départementale me rappelle les ahurissantes circonstances qui ont accompagné ma découverte du vote du 13 (Bouches-du-Rhône) lors du référendum du 29 mai 05, qui s'est prononcé pour le NON dans une proportion si proche du nombre d'or qu'il aurait suffi de deux électeurs changeant leur vote, sur plus de 800 000, pour avoir la répartition idéale.
Me demandant aujourd'hui ce qui s'est passé dans les Ardennes, le 08, je consulte les résultats validés par le Conseil Constitutionnel. Rien de notable pour le 08, mais deux autres départements se sont rapprochés significativement du partage fatidique, le 47, auquel 260 OUI ont manqué, mais surtout le 82, où il aurait aussi suffi de deux électeurs changeant leur vote, mais dans l'autre sens que dans le 13, si bien que le jumelage 13-82 conduit à l'équilibre optimal :Le rapport des OUI sur les NON parmi les 918470 votes exprimés donne 6 décimales du nombre d'or :
350824/567646 = 0.618033
Les fourmilières bucco-rhodanienne et tarn-et-garonnaise ont mystérieusement collaboré pour ce résultat, et le jumelage 13-82 m'est plein d'échos, avec
– la somme 95, le nombre des chapitres de 94 de Pouy, et mon département de naissance, le dernier métropolitain...
– la concaténation 1382, avec ma création en 1382 lettres de 2004, hommage à un natif du 13, et la gématrie des 3 vers centraux parmi mes 13.

Précisément, une des coïncidences ahurissantes du jour du référendum de 2005 fut mon passage devant la maison "Nombre d'or", dont le panneau avait été remarqué 3 ans plus tôt par Jean-Pierre Le Goff, quelques instants après que je lui ai parlé du nombre d'or dans Noce, de Perec.
Avant de prendre contact avec les propriétaires, je m'étais demandé si la maison devait son nom à sa localisation, partageant les 13 km de la D8 entre Valensole et Gréoux en 8-5. Ceci faisait partie d'une telle accumulation de coïncidences 5-8-13 que j'avais intitulé la page en question 5 = 13 – 8.
Le 29 mai, cette relation était matérialisée par un panneau annonçant l'arrivée à Gréoux d'une course cycliste.
La page très complexe mentionnée plus haut établit précisément une étroite parenté numérique entre Noce et les 13 premiers vers de Vocalisations.

H or N ?

Mes premiers messages d'octobre 10 reprenaient des pistes ouvertes dans mes messages d'octobre 08, les hétérogrammes de quatterine, les dates pascales de Rien que huit jours,
Ces billets avaient été suivis par Queentessence le 20 octobre, à l'occasion de l'anniversaire de Dannay, l'âme des Queen, or quelques rebonds récents concernent le roman essentiel de Queen, Et le 8e jour... (1964), se passant pendant la Semaine sainte 1944.
Le détective Ellery s'égare dans le désert californien et parvient le dimanche 2 avril 44 (les Rameaux) dans l'étrange village de Quenan, où vit à l'écart complet de la civilisation une communauté rappelant fortement les Esséniens de Qumran. Elle vit là depuis 1873, appelée "L'année du pèlerinage", après des tribulations floues, et ne connaît plus le calendrier usuel, ce qui maintenant me rappelle le calendrier pataphysique, basé sur la naissance de Jarry le 8 septembre 1873. L'an 138 pataphysicien a ainsi débuté le 8 septembre dernier. Je signalais dans un billet récent que le 4 avril était dans ce calendrier le 13e jour du 8e mois, or je viens de recevoir le premier numéro daté 138 du trimestriel pataphysique, Viridis Candela, 13e numéro de la 8e série.
La communauté abrite dans son "sanquetum" un livre saint, le livre Mk'h, ou Mk'n, qu'on croyait perdu, mais que le Maître a retrouvé quelques années plus tôt. Lorsqu'il visite le sanquetum, Ellery découvre avec consternation que l'arche sainte abrite le Mein Kampf de Hitler.
Les manuscrits de la Mer Morte, de Millar Burrows, m'ont paru être le texte essentiel ayant pu fournir à Dannay tout ce dont il avait besoin. Outre divers détails significatifs, on y apprend qu'un livre sacré des Esséniens n'est connu que par un acronyme, translittéré HGW ou HGY (ici hgu ou hgy), les lettres waw et yod se ressemblant fortement.
Par ailleurs Burrows utilise la translittération ' pour l'alef hébreu, ancêtre de notre A initiale d'Adolf, et il m'a semblé que c'était une bonne explication pour l'apostrophe du livre Mk'h, à laquelle est conféré un sens énigmatique dans le roman, non élucidé.
Je me suis satisfait de cette interprétation jusqu'à la lecture d'une nouvelle de 2002 de Dale Andrews, en ligne ici, Yet another day (Mais un autre jour). Dale y met en scène sa rencontre avec Ellery Queen, où il l'interroge sur les "oeufs de Pâques" dissimulés dans le roman. Je comprends mieux maintenant que je sais que les Easter eggs désignent en anglais les jeux au second degré (ou plus).
Dale a comme moi décrypté les allusions pascales du roman, mais il a avancé une autre hypothèse pour Mk'n et son apostrophe, hypothèse bien plus satisfaisante que la mienne et qu'Ellery lui-même valide...
Quoi qu'il en soit, j'avais aussi pensé à la Bible pour ce livre saint abrité dans une arche par cette communauté néo-essénienne, mais Dale a vu que Mk'n est très proche de l'acrostiche utilisé dans le monde juif pour désigner la Bible, TN"K, lu TaNaKh, soit ך"נת, ou plutôt תנ"ך, selon l'écriture hébraïque de droite à gauche.
T désigne la Tora, aussi nommée les 5 livres de Moïse,
N Neviim, les Prophètes,
" indique que le mot est un acronyme,
K Ketuvim, les Ecrits restants, dits poétiques et sapientaux.
Avec M pour Moïse (Moshe) au lieu de T pour Tora, on aurait MN"K ressemblant fortement au Mk'n des Quenanites. Une apostrophe double, rarissime en typographie anglaise, aurait sans doute été trop évidente, et Queen avait en utilisant l'apostrophe simple peut-être aussi en tête sa correspondance avec le A d'Adolf, selon un "coup double" coutumier chez l'auteur. Il est même envisageable que la splendide polysémie de ce jeu Mk'n-Mk'h, pouvant évoquer HGW-HGY comme TN"K-Mein Kampf, soit à l'origine du roman.

L'idée de Dale a d'autres prolongements, que j'hésite à voir intentionnels chez Queen, mais sait-on jamais ?
En considérant donc que l'acronyme MN'K désignerait l'Ancien Testament, il est remarquable qu'à cette subdivision correspondent 5-21-13 livres, or deux romans d'Ellery Queen présentent une évidente volonté d'acrostiche dans les noms de leurs chapitres, et leur découpage fait précisément apparaître ces nombres 5-21-13.
C'est d'abord le 4e roman, paru en 1932, découpé en deux livres de 21 et 13 chapitres dont les initiales épellent titre du roman et nom de l'auteur :
The Greek Coffin Mystery
By Ellery Queen
J'ai déjà évoqué sur Quaternité ce roman, mais pas le 10e Queen, Halfway House de 1936, dont la Table se limite à 5 chapitres :
The Tragedy
The Trail
The Trial
The Trap
The Truth
S'il est difficile d'envisager que ce soit par pur hasard que Queen ait choisi 10 mots commençant par la même lettre, j'y ai entrevu diverses interprétations, notamment Fibonacci. Les 9 premiers romans de Queen, sa série Mystery, totalisent 233 chapitres, nombre de Fibonacci, parmi lesquels le Greek Coffin et son 21+13 = 34, autres nombres de Fibonacci. et ce premier roman rompant avec la série Mystery rompt aussi avec son chapitrage (de 16 à 38 chapitres selon les romans) pour un saut abrupt à 5 chapitres, encore Fibonacci.
En corollaire, les 3 parties de la Bible correspondent aussi à des nombres de Fibonacci, 5-13-21, et le nombre absent de la séquence 5-8-13-21 est 8, précisément le nombre de chapitres de Et le 8e jour..., dont les intitulés forment un évident système, de SUNDAY April 2 à SUNDAY April 9, ce roman où un "oeuf de Pâques" fait probablement référence à l'ancien Testament en 5-21-13 livres (et à propos, sa première parution française a été aux éditions PAC, n° 9 de la collection Red Label, un "neuf de PAC" pour ce roman s'achevant à Pâques un 9).

Bizarre. Il peut être important à ce stade de préciser que seule la subdivision de la Tora en 5 livres est présente dans la tradition juive, où les Prophètes et Ecrits sont plutôt répartis en 8 et 11 livres. La répartition en 21 et 13 livres est celle des traductions chrétiennes, mais elle a été reprise pour les Bibles hébraïques imprimées, destinées à une diaspora ne pratiquant plus l'hébreu que pour les rites religieux, ne connaissant le plus souvent la Bible que par ses traductions vernaculaires chrétiennes.
Un auteur juif actuel peut cependant utiliser symboliquement ces 39 livres, malgré leur absence de signification traditionnelle. C'est le cas de Tobie Nathan, qui a donné 39 chapitres à son premier polar, Saraka Bô (1993). L'intention est confirmée par les titres de 8 chapitres, qui sont aussi des titres de livres bibliques. Par ailleurs le 1er et le 30e chapitres ont pour titres des citations bibliques, comme "Il arrivera qu'en ce jour-là..." pour le chapitre 30, correspondant au début de plusieurs versets bibliques (Is 27,13; Za 14,8; Os 1,5).
C'est très proche de Et le huitième jour... de Queen, correspondant de même au début de plusieurs versets bibliques. Très étrangement Fred Dannay, qui fêterait aujourd'hui son 105e anniversaire, est né Daniel Nathan, et Tobie comme Daniel sont des titres de livres bibliques, exploités par les deux auteurs.
Tobie Nathan a aussi employé l'acrostiche pour les titres de chapitres de son roman suivant. Ceci ne signifie pas qu'il ait été un lecteur assidu de Daniel Nathan, les possibilités d'utiliser la structure d'un livre pour cacher un message accessible étant assez limitées.

Ainsi un auteur juif peut utiliser cette division chrétienne de l'Ancien Testament, et il n'est donc pas impossible que Dannay ait eu une pensée pour cette répartition en 5-21-13 livres. Quoi qu'il en soit, il est acquis qu'il a bien imaginé dans la semaine sainte 44 l'équivalence des acronymes TN"K et MK"N, avec donc une inversion NK-KN, qui me rappelle fortement les à-côtés numériques de l'échange Haemmerli-Jung le 4/4/44 (Haemmerli/Jung = 84/52 = 21/13).
Incidemment, Mein Kampf a 27 chapitres, nombre de livres du Nouveau Testament.

La découverte de la signification des 39 chapitres de Saraka Bô, l'été 09, m'a fait sortir ma Bible hébraïque, une édition imprimée à Londres en 1951 par Lowe and Brydone, achetée d'occasion à Paris en 1986.
C'est un in-8° dont le cahier type a 32 pages, et l'éditeur a choisi d'avoir 4 sous-ensembles :
- le Pentateuque, la Tora, en 11 cahiers normaux, soit 352 pages
- les premiers Prophètes, 312 pages en 9 cahiers complets + 1 de 24 pages, car il est opéré une distinction entre les premiers Prophètes et
- les autres Prophètes, qui occupent 348 pages en 10 cahiers complets + 1 de 8 pages
- les Hagiographes ou autre Ecrits, 396 pages en 12 cahiers complets + 1 de 12 pages.

Ainsi les 21 et 13 livres correspondent à 21 et 13 cahiers. Dans cette édition-ci du moins, mais il s'agit d'une Bible dite de Berlin qui sert de modèle à une bonne part des éditions modernes du Tanakh. Je n'ai pas éprouvé le besoin de contrôler d'autres éditions, car en tout cas ma seule Bible présente cette caractéristique, et j'ai découvert ceci l'été 09 où j'étais submergé de coïncidences 21-13, abordées notamment ici et .
Alors que j'ai vu ces coïncidences faire écho aux valeurs numériques des noms JUNG (52) et HAEMMERLI (84, et 84/52 = 21/13) ou encore de CARL seul (CR=21, AL=13), les lettres de rang 21-13 dans l'alphabet hébreu sont shin-mem, écrivant le mot shem, "nom" (ci-dessus une construction ou dans chaque ligne, colonne ou diagonale CR jaune = 21, AL bleu = 13).

Autre chose maintenant, en rapport indirect avec le roman de Queen. Mon évocation récente du thriller de Craig Holden, Route pour l'enfer, m'a fait le relire presque intégralement, et constater des ressemblances avec Et le 8e jour... qui ont plus de chance d'être intentionnelles que celles remarquées avec Tobie Nathan, bien que la remarque précédente sur les intentions similaires reste d'actualité.
Chez Queen, Ellery découvre la secte des Quenanites, réfugiée à l'écart de la civilisation, dans un coin de désert perdu. Son leader, le Maître (Teacher), meurt le Vendredi saint 44. Le Dimanche, un avion s'écrase à proximité, et le pilote atterrit aux pieds d'Ellery. C'est le portrait craché du Maître, avec 50 ans de moins, et il se nomme Manuel. Ellery y voit l'Emmanuel de la prophétie biblique, et l'envoie vers les Quenanites, ne doutant pas qu'ils en feront leur nouveau Maître.
Chez Holden, Joe Curtis découvre la secte des Amonites, réfugiée à l'écart de la civilisation, dans un coin perdu d'Alaska. Son leader, le Père (Fred Haines de son nom réel, né en 44), meurt à l'automne 95. Joe Curtis le remplace après avoir simulé sa propre mort.

J'évoquais donc dans le billet du 10 octobre la parenté entre ce Joe Curtis et mon Jacques Courtas, et j'ai ressorti le roman de Holden. Le 12 octobre je me trouvais dans une grande surface, où il me vint à l'idée de regarder le rayon BD. Je ne vis pas ce que je cherchais, mais un hasard amena mes yeux sur le titre La loge Thulé, 9e volume de la série L'Histoire secrète, qui apparemment marche bien puisqu'il y en a plus de 20 épisodes.
J'ai ouvert l'album, pour tomber presque aussitôt sur Jung, qui apparaît à la 10e planche. Et c'est pour soigner un certain capitaine Curtis, aviateur abattu près de Tchernobyl en avril 1919, et amené "dans la clinique du docteur Jung, à Zürich" (sic).
Curtis récupère chez Jung, et est ensuite envoyé en mission à Munich où il meurt pour de bon. Après 3 jours il ressuscite, toujours dans la "clinique du docteur Jung".Tout ça n'est évidemment guère sérieux, quoique le scénariste semble avoir entendu parler d'archétypes et d'inconscient collectif.
J'ai regardé les autres albums de la série. Depuis l'aube des temps, 4 archontes immortels président aux destinées de l'humanité, s'affrontant en des joutes sanglantes entre les civilisations qu'ils contrôlent. Puis émerge un 5e archonte maléfique, qui entend détruire l'humanité par des conflits généralisés, Napoléon, les guerres mondiales, le communisme...
Curtis est un agent d'un des archontes luttant contre cet anéantissement. Sa résurrection semble anecdotique, énième péripétie qui n'était peut-être pas prévue lors de l'apparition du personnage dans le 7e épisode, aussi ne suis-je pas certain que son nom ait été choisi d'après ses possibilités anagrammatiques.
Quoi qu'il en soit, je remarque son association à Jung en 1919, l'année où Jung a eu 44 ans, celle encore où il déclare avoir compris l'importance du mandala et de la quaternité.

Une petite explication pour le titre de ce message, dérivé du N or M ? d'Agatha Christie (N ou M ?). Plusieurs personnages de Queen se nomment Horn, notamment le Deus ex machina de La décade prodigieuse, Diedrich van Horn, représenté par son fils en Moïse recevant les 10 Commandements.
Or horn signifie "corne" en anglais, qui se dit en hébreu qeren, signifiant aussi "rayon". Une bévue de Jérôme dans la Vulgate a transformé Moïse rayonnant après sa rencontre avec l'Eternel en un Moïse cornu, immortalisé par Michel-Ange.
Les 3 lettres composant le mot QeReN sont aussi les chiffres 100-200-50 dans l'alphabet numéral hébreu, ce qui peut correspondre à 10 fois la date de naissance de Dannay sous la forme 10/20/5, dans ce roman surdéterminé par le nombre 10.

10.10.10

boustan

Attention, c'est complexe, mais ça vaut le coup de s'accrocher...
10 octobre 2010, 10/10/10, date que j'ai eu envie de célébrer par une création poétique.
J'ai choisi une variation de L'usine à troc de Perec, dont il a été question ici un 9 octobre, série de 11 carrés de 11x11 lettres :J'ai plutôt opté pour 10 carrés de 10x10 lettres...
Je limite les explications techniques, superflues pour les amateurs d'hétérogrammes, risquant d'être lassantes pour les autres. L'important est que les permutations mises en oeuvre sont d'une parfaite logique mathématique, la quenine d'ordre 11 imaginée par Queneau et utilisée par Perec dans L'usine à troc, que j'ai substituée par la pseudo-quenine d'ordre 10, imaginée par Perec lui-même pour une autre création.
La pseudo-quenine, après 10 itérations, revient à la séquence de départ (ici SONLIEURAT), avec cette particularité que les séquences 6 à 10 sont les rétrogradations des séquences 1 à 5, ce qui m'a donné l'idée d'utiliser les deux formes dans chaque poème, et de répartir l'ensemble en deux séries de 5 poèmes, dont voici la première : Les 164 lettres surcontraintes (en jaune) de la seconde série de poèmes offrent une totale symétrie verticale avec celles de la première : J'ai en outre systématisé les diagonales isogrammes, S-O-N-E pour les poèmes latéraux, tandis que chaque poème central a deux diagonales, LU, en souvenir des 100 chapitres de La Vie mode d'emploi réduits à 99, la faute en incombant, dixit Perec, à la petite fille du chapitre 65 mordant un coin de son petit-beurre LU.

Je donne ici les textes "en clair" de ces poèmes, étant bien entendu que les contraintes très lourdes que je me suis imposées ne pouvaient aboutir qu'à des textes particulièrement tarabiscotés. Je ne suis néanmoins pas mécontent du résultat, qui à mon humble avis peut supporter la comparaison avec L'usine à troc.

L'éventuelle qualité de ma production poétique est très secondaire ici, le point motivant ce billet étant un rêve fait immédiatement après l'écriture de ces poèmes, les 30 septembre et 1er octobre.
Il faut encore signaler que j'étais les jours précédents en train de relire Les quatre coins de la nuit, l'un des 5 polars couvrant exactement une semaine pascale analysés dans le billet suivant mes commentaires sur L'usine à troc, Rien que huit jours.
C'était ma première relecture de ce roman de Craig Holden, où une adolescente disparaît le dimanche des Rameaux 1996. Les recherches les plus actives sont menées par le flic Bank Arbaugh, dont la fille disparue six ans plus tôt n'a jamais été retrouvée. Il découvre la nuit de Pâques où est sequestrée Tamara, et se sacrifie pour la sauver.
J'ai repéré quelques subtilités de ce profond roman, non vues à première lecture. Toujours est-il que j'ai fini le roman le 1er au soir, avant de m'endormir, après avoir passé de nombreuses heures sur les hétérogrammes.
Il s'agit d'une activité obsédante, qui ne laisse pas indemne, et des séquences de lettres continuaient à tourner dans ma tête avant d'arriver à trouver un sommeil agité, où je rêvais de l'endroit où était sequestrée la petite Tamara, endroit associé au mot Boustan, qui me sembla prédestiné par sa nature hétérogramme.
Je me réveillai avec ce mot "Boustan" en tête, qui me disait quelque chose. Je me souvins qu'après un voyage en vélo en Turquie en 1982, j'étais revenu avec l'idée que bustan (à prononcer boustane) signifiait "aubergine", mais que cette signification s'était avérée ensuite peu certaine.
J'étais dans un flou presque total, rêve peu clair (mais était-ce même un rêve ?), souvenirs peu assurés... Je me suis levé pour aller consulter la toile, ainsi que mon dictionnaire de turc, où j'avais probablement déjà repéré jadis que le mot bustan y était inconnu, et que "aubergine" se dit patlıcan.

La toile donne immédiatement aujourd'hui la signification de boustan, "verger" en arabe. C'est le nom d'un restaurant parisien, rue Montorgueil que j'emprunte parfois. Peut-être était-ce aussi le nom d'une lokanta en Turquie, où l'aubergine est le légume national...
Al boustan, "Le verger" : j'ai aussitôt pensé que Harry Mathews avait écrit Le Verger, série de 123 "Je me souviens" tous consacrés à son ami Georges Perec.
Si "boustan" est un mot hétérogramme, dont toutes les lettres sont différentes, c'est insuffisant pour y voir une séquence hétérogramme de type Perec, dont les poèmes hétérogrammes sont constitués à partir des 10 lettres les plus fréquentes en français, ESARTULINO. Le recueil Alphabets est constitué de 16 séries de 11 onzains, chaque série utilisant ces 10 lettres + une des 16 autres lettres restantes de l'alphabet.
La série en C est celle de L'usine à troc, à part avec sa permutation en onzine de cette formule géniale résumant on ne peut mieux l'entreprise. Mon billet du 9 octobre 2008 était essentiellement motivé par la 7e permutation, donnant NOTSUACELIR, permettant de LIRE, à rebours, CAUSTON, le nom de la ville imaginaire où enquête l'inspecteur Barnaby, que j'estime faire partie de la mystérieuse équation qui m'a amené à mon intuition du 8 septembre 08, alors que j'avais vu la veille un épisode de Barnaby où il était question d'anagrammes.
Il se trouve que BOUSTAN est équivalent, pour la série en B, à CAUSTON dans la série en C.

Si cela m'a paru extraordinaire presque aussitôt après le rêve, il m'a fallu 5 jours, et une aide extérieure, pour ouvrir une autre piste, si riche que je ne m'attarde pas au rapprochement CAUSTON-BOUSTAN.
"Verger" se dit pardès en hébreu, le mot à l'origine du "paradis", qui s'écrit en hébreu avec les 4 seules lettres PRDS, aussi vues dans la tradition juive comme les initiales des 4 sens de l'écriture (immédiat, allusif, allégorique et caché).
En 2004, une curiosité littéraire relatée ici m'a donné envie de l'illustrer par un texte à contrainte, ce qui me conduisit à imaginer le SONÈ, publié dans la revue Formules n° 9, où les 4 sens de l'écriture sont pris au "sens" spatial, où un texte doit révéler un autre "sens" par 4 lectures selon les 4 directions de l'espace.
Mon premier SONÈ fut un texte de 100 lettres, qu'il fallait se garder de disposer en carré de 10x10 lettres. L'appellation SONÈ invitait à utiliser le théorème de Pythagore et à construire deux carrés de 8x8 et 6x6 (comme les 8 et 6 vers des quatrains et tercets d'un sonnet) :Les rotations de lettres de la construction ci-dessus facilitent le déchiffrement du message caché, à partir du A dans le coin inférieur droit du carré 8x8 :
Au paradis on attend l'exil, en à-pic au sens avéré.
Relève Eve au rédimé délit.
Tari Eden, élans mêlés, été privé de baie, là finir.
Parce que SONÈ était pour moi équivalent à PaRDèS, j'avais jugé indispensable d'évoquer le PARADIS, et d'utiliser également son synonyme EDEN, aux idéales 4 lettres. Je n'ai ensuite écrit qu'un seul autre SONÈ, un carré de 14x14 lettres, où je me suis aussi imposé d'employer les mots PARADIS et EDEN (et où j'avais placé les lettres SONE aux quatre coins). Mon obsession des 4 directions m'a également conduit à inscrire en acrostiche du poème mispar les lectures SudOuestNordEst.

J'ai tâtonné plusieurs jours avant de fixer le programme exact des contraintes de mes 10 dizains. Le choix final dépendait de la découverte d'une séquence ESARTULINO permettant les diagonales prévues, selon les permutations en pseudo-quenine, mais aussi offrant un sens acceptable, et une possibilité de lecture rétrograde, puisque je tenais à avoir un pourtour du premier carré (et du 6e) de type SATOR.
Comme je tenais aussi aux diagonales S,O,N,E latérales, selon mon obsession SONÈ, et aux diagonales LU, l'éventuelle solution était déterminée à 60%, devant ressembler à
SONL–EU–––, les lettres ARTI restant à placer. J'ai été content de trouver SON LIEU, RAT, pouvant rappeler un propos de Raymond Queneau, définissant l’auteur oulipien comme « un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir ». De plus la lecture rétrograde faisait apparaître la séquence A RUEIL, alors qu'un roman de Queneau est Loin de Rueil (1944 !)
Une caractéristique de la permutation en pseudo-quenine d'ordre 10 est que chaque couple de lettres symétriques par rapport au centre conserve cette symétrie à chaque itération. Ainsi chaque ligne de mes dizains commençant par S finit-elle par T, et vive-versa, idem pour O et A, N et R, E et I.
SONE a donc pour mot symétrique TARI, or, alors que je voyais une équivalence directe entre SONÈ et EDEN, le 3e vers du SONÈ de 2004 débutait par les mots TARI EDEN...
La formidable coïncidence est encore plus extraordinaire, car SONE est dissocié en SON et E dans la séquence SONLIEURAT, induisant la dissociation TAR-I dans la séquence complémentaire TARUEILNOS, or le mot TAR-I du SONÈ de 2004 était fragmenté identiquement entre le premier et le second carré, où de plus les deux fragments constituent des obliques complètes de ces carrés : Je sais que les concepts de la poésie à contrainte n'intéressent qu'un faible pourcentage de mes contemporains. Je demande néanmoins d'admettre que je m'y connais quelque peu, et que je suis totalement abasourdi par cette totale correspondance entre TARI EDEN de 2004, où le mot "tari" est apparu je ne sais plus comment (sinon que le I final provient de ma décision de signer Rémi le texte en clair), et TARI SONE de 2010, qui plus j'y réfléchis me semble constituer la seule solution viable satisfaisant les contraintes envisagées.

Je crois encore devoir préciser que le LU de VME n'était pas la seule raison pour mes diagonales LU. Perec a composé un seul hétérogramme avec deux diagonales, le "sonnet" en F de Métaux, dont voici la grille ci-contre, avec les diagonales en M et U, me séduisant particulièrement puisque ce sont les lettres de rangs 13 et 21, nombres revenant sans cesse (notamment dans le carré magique de Dürer).
Ce qui restait de plus proche parmi les lettres ARTULI, une fois les lettres SONE réservées pour les diagonales simples, était LU, avec deux atouts supplémentaires, leurs rangs 12-21 formant palindrome, et le LU de VME.
Trois des sept sonnets de Métaux ont été composés à Lans-en-Vercors, celui-ci le 24 décembre 1976.
Le Verger de Harry Mathews doit son titre à son dernier "souvenir", imaginaire, où Mathews se souvient avoir vu Perec à Lans-en-Vercors le 13 mai 1982, alors que le verger commençait à fleurir, en convalescence après l'ablation de son poumon malade (le cancer de Perec, inopérable, l'avait emporté le 3 mars précédent).
La coïncidence doit ici être évaluée à sa juste mesure, Perec ayant très certainement écrit les sonnets chez son ami Mathews, qui avait une propriété à Lans, mais voici encore un inattendu verger, le verger de Lans où Perec a créé ces diagonales MU...

...et j'rêve de verger... De boustan plutôt, un mot arabe dont je ne vois pas comment j'aurais pu connaître la signification, d'autant plus que j'avais une idée sur l'éventuel turc bustan. Je revois bien l'orthographe "ou" dans mon rêve, mais je n'étais pas sûr en me réveillant s'il s'agissait de boustan ou boustran (qui ne semble rien vouloir dire en aucune langue).
L'association du verger/paradis à ce roman de Craig Holden est également fabuleuse, car c'est le second roman que j'ai lu de lui, après Route pour l'enfer, dont j'ai parlé ici, en l'associant déjà à une coïncidence enfer/paradis.

Je suis encore ahuri du contexte de mes derniers billets, évoquant les triangles de Pythagore de mes Pans du bizarre, et le latiniste Jacques Courtas, JC, mort le dimanche de Pâques à la station Denfert sous la rame d'Aleppe Conti = Ponce Pilate. Je n'avais pas alors lu Route pour l'enfer, où je devais découvrir Ste Rita, patronne des causes désespéréesun personnage éminemment christique nommé Joe Curtis, JC, mêmes consonnes CRTS que Courtas et Christ. Si ce ne sont pas des coïncidences extraordinaires, plutôt des intentions similaires se traduisant par de mêmes jeux littéraires, je retrouve en relisant Rien que huit jours que j'ai acheté le 30 septembre 2008 Les quatre coins de la nuit, et découvert ainsi un 4e polar couvrant une pleine semaine pascale; quaternité appelant quintessence, ceci me fit demander le 9 octobre sur une liste polar si quiconque connaissait d'autres textes de ce type, et ce fut absolument incroyablement qu'une autre piste initiée par Craig Holden me fit découvrir le lendemain, 10/10, le 5e polar pascal désiré.

Je ne vois pas comment j'aurais pu faire le lien entre SONE-TARI de 2010 et TARI EDEN de 2004, sans ce rêve qui m'a poussé à étudier de près les symétries de la séquence SONLIEURAT. Je n'avais plus du tout à l'esprit, en parlant du triangle 3-4-5 (Franklin)-(Denfert)-(des Francs) dans les billets précédents, que j'avais composé un texte "paradisiaque" de 10x10 lettres à décomposer en deux carrés de 8x8 et 6x6, selon un triangle de Pythagore doublé, 6-8-10.
A propos des vérités et mensonges du dernier billet, je repense que la fin de mon roman voyait le héros Gondol brûler le faux Pouy de vérité place Denfert, dans "un p'tit coin Denfert", allusion au p'tit coin d'paradis de Brassens.
Je ne me rappelais pas non plus, en composant mes dizains à l'approche du 10/10/10, que j'avais déjà composé un texte très contraint de 100 lettres. Je ne crois pas avoir écrit d'autres textes fixés à 100 lettres.

Enfin il y a cette histoire de ma croyance que le mot bustan signifiait "aubergine", sur laquelle je me perds en conjectures. Je suis au moins certain d'avoir imaginé dans mon projet de roman de 1998, Novel Roman, les 4 héritiers Veranomnol survivants, originaires de 4 continents différents, fonder ensemble l'hôtel-restaurant L'Auberge-Inn, et j'avais également composé un hétérogramme à triple contrainte pour ce roman, basé sur la série ESARTINULO + une lettre joker, donné ici.
Curieusement, sans que j'ai eu une quelconque part dans le choix du lieu, nous avons fêté l'an dernier un anniversaire familial au restaurant L'Aubergine à Riez (très bonne cuisine).
Je ne suis pas particulièrement fier aujourd'hui de ce pauvre calembour, quoique j'aie découvert il y a quelques années que Perec l'avait noté aussi dans un cahier où il avait rassemblé plusieurs "mots-lexiques" (Archives Perec 48):
aubergine : auberge = inn
Waterloo : water = l'eau
ballot : bas = low
merci : mer = sea
Ohio : haut-high-haut
Ce dernier jeu présente un curieux écho avec Les quatre coins de la nuit, où le personnage principal Bank retrouve la nuit de Pâques la fille disparue dans un bas-fond urbain devenu Boustan dans mon rêve ("à l'angle de Balkan et de McKinley, 4e étage" dans le roman). Le roman se passe dans une ville non nommée, dont nous savons néanmoins qu'elle est dans un état voisin de l'Ohio, où l'ami de Bank retrouve la propre fille de Bank, disparue 6 ans plus tôt.

Ces mots-lexiques me rappellent un commentaire jadis avancé à propos du nom courant Dixon, se décomposant en
dix = on (10 en français et en turc)
Je rappelle mon rêve Mason & Dixon relaté dans le dernier billet, quelques jours avant le rêve Boustan...

Et je me souviens maintenant que mon billet Quatterine, consacré à L'usine à troc, s'achevait sur la décision de Catherine Ringer, des Rita Mitsouko, de changer son prénom en Quatrine. Ste Rita, anagramme de tari, est le dernier recours des cas désespérés, des causes impossibles...

4.10.10

Lupin d'or

Je reviens sur mes histoires de triangles du dernier billet, où j'avais essayé de me limiter à ce qui concernait directement Perec.
Au moment où j'ai écrit Sous les pans du bizarre, l'été 1999, je ne connaissais pas le 4/4/44 de Jung, et le 4 avril était essentiellement pour moi une date gémellaire, comme le 3/3 et le 5/5, imposée par mon intrigue basée sur le triangle de Pythagore 3-4-5. Elle avait néanmoins une particularité en 99 où se situait aussi l'intrigue puisque c'était le dimanche de Pâques. Comme les parodies pascales étaient au premier plan de mes préoccupations littéraires, je m'étais amusé à quelques allusions discrètes, sans conséquences pour la compréhension de l'intrigue : Jacques Courtas (JC) mourait ce 4/4 sous la rame conduite par Aleppe Conti (anagramme de Ponce Pilate) à la station Denfert. L'anagramme m'était inspirée par la parodie pascale d'Ellery Queen, Et le huitième jour..., où est assassiné le magasinier Storicai (Iscariot) le 5/4/44, mercredi de la semaine sainte.
Je ne crois pas avoir alors eu une pensée particulière pour Le Triangle d'or, le roman de Leblanc qui commence la nuit du samedi 3 au dimanche 4 avril 1915, qui était également cette année-là le jour de Pâques.
Je ne me souviens pas avoir alors fait le lien avec la rue Franklin, lieu de mon premier meurtre du 3/3, qui n'est devenue importante que pendant l'écriture de mon dernier billet, où j'ai réalisé à quel point le "franc" était présent dans les choix des résidences de mes latinistes, rues des Francs-Bourgeois, Simon-le-Franc, et Franklin.
Or non seulement la rue Franklin est citée dans Le Triangle d'or, mais le personnage historique Benjamin Franklin y joue un rôle...
Avant d'y venir, une autre coïncidence du roman de Leblanc touche son titre, le Triangle d'or étant depuis quelques décennies l'appellation commune du quartier représentatif du haut luxe parisien, formé par les avenues George V, Montaigne et Champs-Elysées, autour de la rue François 1er...
L'un des personnages principaux du roman est l'infirmière Coralie, qui travaille dans un hôpital militaire situé très précisément par Leblanc côté gauche des Champs-Elysées, à 200 pas du carrefour Pierre-Charron en montant vers l'Etoile, soit dans l'actuel Triangle d'or.
Dans le premier chapitre du roman, Maman Coralie, l'infirmière quitte à 7 heures du soir le 3 avril 1915 l'hôpital, et prend la rue Pierre-Charron, traversant donc le Triangle. Au carrefour avec la rue de Chaillot, elle est agressée, mais sauvée par des soldats qu'elle avait soignés...
Plus tard dans la nuit, le 4 avril puisque minuit est passé, Patrice capitaine unijambiste amoureux de Coralie suit une piste qui le fait passer rue Franklin, citée au 3e chapitre, et l'amène à la propriété d'Essarès rue Raynouard.
En examinant les lieux sur la carte Google où j'avais tracé mes triangles de Pythagore, j'ai remarqué qu'un de mes côtés passait par un sommet du Triangle d'or du luxe. Amusant, mais plus curieux est que ce Triangle d'or a un côté commun avec ce qui ressemble le plus à un triangle de Pythagore dans Paris, le triangle formé par les avenues Montaigne, Franklin (!) D. Roosevelt (d'Antin en 1915) et le cours Albert Ier (La Reine en 1915). L'avenue Montaigne commune aux deux triangles a été transformée en Sextus Empiricus dans La Belle Hortense, où Roubaud avait aussi travesti le quartier des Francs-Bourgeois.
J'ai repris ci-dessous le triangle 3-4-5 supérieur de la Google Map publiée dans le dernier billet, avec le contour du Triangle d'or en jaune, et le triangle 3-4-5 mitoyen en transparence. L'outil Règle donne à mon tracé des côtés de 474-632-790 m, soit 3-4-5 fois 158. On peut cliquer sur l'image pour l'agrandir, ou vérifier sur GoogleMaps ou tout autre plan qu'il existe peu de grandes artères se croisant à angle droit à Paris, et que ce triangle 3-4-5 n'a guère de concurrents immédiats.
On peut encore voir sur la carte, en rose le quadrilatère "Capitaine-Crubellier", sous la rue Simon-le-Franc, en bleu le quadrilatère "Simon-Crubellier", au-dessus du Parc Monceau, et en rouge l'itinéraire suivi par Coralie pour rentrer chez elle, de l'hôpital des Champs-Elysées à la rue Raynouard, en passant par la rue Franklin.
Quant à Benjamin Franklin lui-même, le vieux Siméon, l’être incompréhensible en qui venaient se rencontrer, comme des chemins qui aboutissent à un carrefour, toutes les intrigues bonnes ou mauvaises, favorables ou perfides, dont se composait l’inextricable drame, utilise ses Mémoires, où Leblanc a imaginé un passage concernant la propriété d'Essarès, pour envoyer Patrice sur une fausse piste.
L'énigme Siméon vient du fait que l'infâme Essarès a tué le bon Siméon et pris sa place, et l'affaire des Mémoires de Franklin est un exemple de sa perfidie. Amusant encore, sachant que la rue Simon-le-Franc, renommée Simon-le-Cribleur dans Sous les pans du bizarre, était le point de départ de mon précédent billet.

Siméon-le-Menteur ? La suite fait intervenir un rêve de la nuit du 27 au 28 septembre, juste après l'écriture de ce billet. J'y voyais la couverture du livre Mason & Dixon, avec le titre énorme en surimpression sur la table des chapitres. Ceci ne facilitait pas la lecture des titres de chapitres, dont l'un était E = mc2. J'y vis aussi le mot déserteur, ce qui me fit penser qu'il fallait que je lise ce livre.
Là interviennent des éléments qui doivent être précisés. J'ai évoqué dans un récent billet l'oeuvre de Jarry Les jours et les nuits, et découvert que ce Roman d'un déserteur était accessible en ligne. Je n'ai pas tardé à le parcourir, et me suis arrêté à un chapitre intitulé Pythagore, où le personnage principal, Sengle, opère une manipulation sur un thermomètre dans le but de se faire réformer :
« Quarante-trois », dit l'infirmier. Et Sengle épouvanté d'avoir divulgué en le réussissant jusqu'à l'invraisemblable, son truc, ne put ne pas crier qu'il se trompait. L'autre regarda au jour de la fenêtre :
« C'est bien cela, quarante degrés et trois dixièmes. »
Ceci m'a aussitôt rappelé le roman de Perec, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, où le conscrit Kara-truc cherche divers moyens d'échapper à la guerre d'Algérie. L'hypothèse d'une simulation de suicide, à l'aide de Thanatine achetée à la pharmacie de la rue Boris-Vian, l'envisage examiné par onze psycholonels, avec quarante-trois centimètres de sonde javellisée dans l'oesophage.
C'est ce passage, où Perec répète les nombres 11-43, qui a mené le perecologue Bernard Magné à sa "théorie du 11-43", métonymie de la disparition de la mère de Perec, déportée à Auschwitz le 11 février 43.
Perec, pataphysicien, devait connaître le roman de Jarry. Au moins l'un des quelque 73 noms de Kara-machin est-il Karagidouille.
Voilà au plus bref pourquoi, dans mon rêve ou en me réveillant juste après le rêve, j'estimais important de lire un livre où il était question de déserteur. Je relève au passage le chapitre Pythagore de Jarry, le théorème de Pythagore s'écrivant BC2 = AB2 + AC2, ce qui a pu inspirer le chapitre E = mc2 vu en rêve.
En me réveillant, je savais qu'il existait un livre de Thomas Pynchon ressemblant fort à Mason & Dixon, et je vérifiai bientôt qu'il s'agissait du titre exact, que j'aurais été bien en peine de donner si on me l'avait demandé la veille. J'ai essayé sans succès de lire des livres de Pynchon, probablement ai-je eu celui-ci en main lorsqu'il est paru en 2001, mais j'aurais encore été bien en peine d'en dire quoi que ce soit.
Le lendemain à la médiathèque de Digne je courus au rayon Pynchon. Mason & Dixon y était, et l'examen du rayon me fit découvrir l'auteur qui le précédait, Gérard Pussey, dont le nom ne me disait rien. Par contre l'un de ses deux titres m'était évocateur, Menteur, au Castor Astral (1995).J'ai relaté ici les hasards qui m'ont permis d'assister à la signature de Dominique de Liège, Menteuse inspirée, le 3 décembre 2009, et à découvrir le lendemain, 4/4 du calendrier pataphysique, le carrefour des rues des Ursins et de la Colombe, dans le 4e.
En écrivant le dernier billet, je me suis avisé que le nom de la place Denfert ou d'Enfer, comme elle se nommait jadis, était l'anagramme phonétique de la rue des Francs(-Bourgeois). Ceci m'a rappelé que l'ancien nom de la rue des Ursins était la rue d'Enfer, ce dont témoigne ce détail de la photo ci-dessus.
Cela m'était évocateur, avec l'ours roi des animaux d'Europe, concurrent du Lion (de Belfort et Denfert), mais je l'avais jugé trop éloigné de la rue Simon-Crubellier pour en parler. Or voici qu'un rêve concomitant me fait découvrir le titre Menteur, écho immédiat au Menteuse de Dominique de Liège, en proche rapport temporel de ma découverte de la rue des Ursins ci-devant d'Enfer, alors que le mot "franc" ressortait du dernier billet.
Incidemment, mon habitude d'utiliser un vieux plan de Paris en 1910 m'avait fait découvrir que la rue de Liège était en 1910 la rue de Berlin. Non moins incidemment, j'ai écrit depuis sur Blogruz une étude sur VME où il est question de la contrainte "liège"...
Par ailleurs les livres de Pussey sont à la cote PUS, et j'ai dû, pour écrire la formule E = mc2 vue dans le rêve qui allait m'amener aux cotes PYN et PUS, avoir recours à la balise HTML [sup] pour le "2" en exposant.
Les livres de D. de Liège seraient à la cote LIE, comme "mensonge" ou "mentir" en anglais (lie et to lie).

J'ai lu Menteur de Pussey avec facilité, comme j'avais lu agréablement Menteuse de Dominique, mais je n'y ai trouvé (pour l'instant) aucun écho à mes préoccupations essentielles. Par contre je n'ai pu que survoler les 800 pages de PYN, dont chacune vaut 3 pages de PUS ou LIE (120 pages chacun), n'arrivant toujours pas à accrocher à l'écriture de Pynchon. Son découpage en trois parties n'a rien à voir avec la table des chapitres vue dans mon rêve.
Pourtant je devrais m'y intéresser car l'un des personnages de ce roman historique est Benjamin Franklin lui-même. Nous sommes dans les années 1760 où les astronomes Mason et Dixon ont été chargés de matérialiser sur le terrain la ligne de démarcation entre les états Pensylvanie et Maryland.
On y voit aussi le nom de Mason ("maçon") rapproché de Free-Mason ("franc-maçon"), et, écho aux Pans du bizarre consacrés aux curiosité du calendrier julien, mention du chambardement provoqué dans les colonies anglaises par le passage au calendrier grégorien en 1752, où le lendemain du 2 septembre fut le 14 septembre (il n'y eut donc pas de 1er Absolu – 121 pour les prépataphysiciens cette année-là).
Je remarque que la ligne Mason-Dixon est composée de deux segments franchement rectilignes, comme une bonne partie des tracés délimitant les States, parmi leurs vastes déserts ou prairies. Ceci me rappelle mes tracés des Pans du bizarre.

Ce billet m'a fait réfléchir au fait qu'il y avait eu au 20e siècle 3 occurrences de Pâques le 4 avril, et qu'à chacune d'elles était liée une anagramme littéraire :
– le 4 avril 1915 est donc l'assassinat du Triangle d'or, résolu par Luis Perenna = Arsène Lupin;
Eric Rohmer a prétendu être né le 4 avril 1920 à Nancy, alors qu'il était né Maurice Schérer 14 jours plus tôt à Ussel; selon lui toujours, son pseudo était une anagramme (de Mori Chérer ?);
– et mon assassinat de J. Courtas le 4 avril 1999 sous la rame d'Aleppe Conti = Ponce Pilate...

Note du 2/2/12 : L'un des deux sommets communs au "triangle d'or" et au triangle pythagoricien 3-4-5 est le rond-point des Champs-Elysées, or il s'agit du principal objectif de la fugue de Perec le 11 mai 1947, où le garçon de 11 ans comptait vendre ses timbres. C'est encore l'un des 12 "Lieux" parisiens choisis pour un projet que la mort interrompra.