à Migdall & Cerf
Une découverte en fin d'écriture du précédent billet mérite d'être reprise avec plus de recul, et développée.
J'y ai été amené à chercher des références en ligne du jeu transformant l'hébreu צבי, translittéré ÇBY, tsevi, "cerf", en HSM, HaShem,"Le Nom", désignation courante du nom sacré YHWH, le Tétragramme qu'il est interdit de prononcer. Cette transformation s'opère par le procédé dit atbash, peut-être le plus vieux codage attesté, utilisé dans la Bible, remplaçant chaque lettre d'un mot par sa correspondante dans l'alphabet écrit à rebours.
Ne trouvant pas de référence en français ou anglais, j'ai le matin du 11 juillet posé en hébreu la requête "HSM" "ÇBY" "ATBS". Les premières réponses pertinentes concernaient Sabbataï Tsevi, Messie autoproclamé dans l’empire turc du 17e siècle, déclenchant un vaste espoir de retour des Juifs dans la Terre Promise. Il s'autorisait à prononcer le Nom interdit YHWH, peut-être justement parce que son nom était "Le Nom", HaShem par atbash.
J'avais lu jadis quelque chose à ce propos, peut-être dans l'essai de Gershom Scholem, Sabbataï Tsevi le Messie mystique. Il ne s'y trouve qu'une référence à l'atbash, mais claire, la note 235, à propos d'un message où le "Cerf Céleste" se proclamait le nouveau Moïse. Scholem explique:
J'ai donc trouvé cela après avoir téléchargé le livre de Scholem le matin du 11. Le fichier des téléchargements, alors sous mes yeux, m'a rappelé que j'avais téléchargé quelques jours plus tôt, le 7, un thriller récent, Le maître des énigmes, de Danielle Trussoni, une auteure que je ne connaissais pas.
Le lecture quelques semaines plus tôt de sa 4e de couv' m'avait rendu un peu curieux de ce qu'était l'énigme évoquée, mais il n'était aucunement précisé qu'elle était kabbalistique, ce qui m'aurait mieux motivé.
Au plus bref, la clé de la principale énigme est que la véritable lecture du Tétragramme YHWH est HW HY, son retournement.
Ainsi, quelques instants après avoir cherché une référence pour la transformation de ÇBY en HSM, HaShem, "Le Nom", et trouvé celle de ÇBY en MSH, Moïse, un hasard me mène à un roman dont l'énigme principale est le retournement du Nom YHWH en HW HY.
L'auteure déclare avoir été inspirée par l'essai de Mark Sameth, The Name, "Le Nom", HaShem, et l'expression hébraïque apparaît à maintes reprises dans le roman, ainsi que son identité avec le nom de Moïse, retourné.
Trussoni n'est ni hébraïsante, ni conceptrice d'énigmes sophistiquées. Les énigmes de son livre sont dues à des spécialistes, et la principale, un cercle magique qu'Abraham Aboulafia aurait créé au XIIIe siècle, est l'oeuvre d'un certain Dimitris Lazarou, bien nommé puisque le cercle aurait le pouvoir de ressusciter les morts...
Pour cela, il faut compléter le diagramme avec 6 lettres, à inscrire dans les petits cercles au centre. Mike Brink découvre que les carrés blancs et noirs du pourtour sont du code binaire, donnant deux fois les nombres 15, 3, 27, 39, 63, 51, auxquels correspondent sur le cercle de 72 lettres hébraïques HY GM HW, soit "Elle aussi Lui".
Je n'ai d'abord pas cherché à déchiffrer exactement les 72 lettres, car diverses confusions sont possibles. J'ai juste constaté qu'elles ne semblaient pas livrer de message cohérent. Et puis en fin d'écriture du précédent billet je me suis avisé qu'au début du roman figure une autre version du diagramme, supposée être une reproduction faite de mémoire. Il n'y figure pas les carrés blancs et noirs du pourtour, et la couronne intérieure ne compte que 45 lettres, et non 72.
Les 45 lettres forment 17 groupes de 1 à 4 lettres, la plupart dénués de signification, excepté le 7e, avec aux rangs 32-33-34 les lettres יבצ, soit ÇBY, tsevi (ou zwi), "cerf", dont l'atbash est HSM, HaShem, "Le Nom", désignation de YHWH.
Les rangs ne sont pas indifférents, car YHWH (HaShem, "Le Nom") est codé sur le cercle aux rangs 3-15-51-63, moyenne 33, comme les rangs 32-33-34 de ÇBY.
A noter que la lecture est ici contraire à celle du réel mot hébreu צבי, à lire de droite à gauche, mais les rangs imposent cette inversion. Il n'est d'ailleurs pas assuré que ma lecture soit la bonne, car la lettre Bet, ב, ressemble fort à la lettre Kaf, כ. Seul Lazarou pourrait indiquer quelle lettre il a écrite, s'il a pensé au mot צבי, s'il en connaissait l'atbash, si sa position était calculée...
...de même le "centre" du cercle en 33, car, selon Samuel,
Il n'est pas sûr que Lazarou l'ait informée que son codage utilisait la même symétrie que l'Etoile de David, ce qui n'est pas mentionné dans le roman.
Etudier plus précisément les 72 lettres du cercle m'a d'ailleurs conduit à penser que le codage binaire n'était pas indispensable. Certaines lettres hébraïques ont deux formes, une normale, et une autre spéciale lorsque la lettre achève un mot. Sur les 72 lettres, une seule est une lettre finale, un Mem, ainsi le chercheur peut comprendre qu'elle est l'une des 6 lettres à trouver, et déterminer quelles sont les autres selon l'Etoile de David.
En la fin est le commencement, formule clé dans cette affaire révélant que le Tétragramme doit être lu en commençant par la fin. Une autre curiosité du roman est que Gaston LaMoriette (GLM, évidente allusion au GoLeM) a tenté d'utiliser le diagramme pour ressusciter sa fille, mais l'expérience a tourné à la catastrophe parce qu'il avait écrit à rebours le mot au centre du cercle d'Aboulafia, חיים, hayyim, "vie", pour une raison absurde (le texte d'Aboulafia aurait été écrit en boustrophédon).
J'ai d'autres exemples de bizarreries liées au jeu ÇBY-HSM. L'an dernier j'ai relu un roman de Glenn Cooper, Le testament des Templiers (2011), et ai été frappé par une coquille.
Tsevi, "cerf", qui a différentes translittérations, est aussi un prénom. Un des personnages du roman se nomme Zvi Alon. Il devient page 201 Zvi Mon.
"M" au lieu de "Al", c'est une erreur typique de reconnaissance OCR. Quoi qu'il en soit, je précise que mon exemplaire est le Pocket n° 14589, tirage de mars 2014.
Ainsi le nom Alon ("chêne") devient MON, retournement de NOM, tandis que le prénom zvi donne l'atbash HaShem, "Le Nom", devenant "Moïse" par retournement.
L'intrigue du roman concerne une recette d'immortalité, ou du moins d'extrême longévité. Ce secret est détenu dans une grotte ornée de peintures pariétales, dont des cerfs.
Une autre erreur en début d'année a touché le mot français "Cerf", mais il me faut d'abord revenir à ce qui m'a conduit au jeu ÇBY-HSM, la nouvelle La mort et la boussole de Borges (1942).
Borges a indiqué que la ville où se déroule le récit était Buenos Aires, et divers lieux et personnages sont identifiables. Il y est question des bordels, et avant-guerre l'Argentine était dominée par le réseau de proxénètes Zwi Migdal, si florissant qu'un bordel était pour tous un zwi migdal. Le nom pourrait venir d'un des membres fondateurs, c'est fort incertain, en tout cas les clients faisaient des jeux grivois sur les deux mots, signifiant "cerf" et "tour".
L'inspecteur Erik Lönnrot est conduit à soupçonner qu'une série mystique d'assassinats frappe la ville, commandée par Le Nom, le Tétragramme JHVH. Trois meurtres ont eu lieu au Nord, à l'Ouest, et à l'Est de la ville, dans les nuits du 3 au 4 de mois consécutifs, et Lönnrot compte déjouer le 4e meurtre en devançant l'assassin au lieu complémentaire au Sud, mais il y tombe sur son ennemi Red Scharlach qui avait monté ce plan pour le tuer.
Cette dernière mort a lieu dans le mirador d'une villa, tandis que le premier était dans un hôtel en forme de tour, deux tours donc pour cet axe vertical, et l'hôtel est dit avoir "l'apparence générale d'une maison close", en espagnol
C'est "Le Nom", expression revenant à maintes reprises, qui commanderait les meurtres, or zwi est l'atbash de HaShem, "Le Nom". Le mot shem est l'un des seuls mots hébraïques apparaissant dans la nouvelle.
Les initiales des victimes forment MYGDAEL, à condition de les lire à l'hébraïque, de droite à gauche.
J'ai modifié cette image donnée déjà à plusieurs reprises car trois nouvelles découvertes ont eu lieu ces derniers jours.
La page Wikipedia YHWH en hébreu mentionne la nouvelle de Borges, et m'a appris que "boussole" se dit en hébreu matspen, MÇPN (en bleu ci-dessus), dont l'atbash est YHWT, ou JHVT, selon la translittération de Borges. Certes ça ne marche que pour les trois premiers cas, mais l'affaire du Nom est un leurre pour attirer Lönnrot dans la villa au Sud, et lorsqu'il y trouve Scharlach dans le mirador il lui demande:
La forme YY ci-dessus est une autre façon de désigner le Tétragramme, qui n'est écrit pleinement dans le Sander & Trenel qu'à la rubrique YHWH.
J'ai inclus ci-dessus la citation de Job, ani edrosh el-El, car j'avais pointé que la succession des crimes dessinait quelque chose rappelant la lettre Lamed, ל, la seule lettre possédant un jambage supérieur en hébreu, appelé pour cette raison "la tour". C'est une préposition, "à", "vers", seule ou sous la forme AL-, homonyme de El, "Dieu". Ainsi les initiales des protagonistes essentiels de la nouvelle, DRS AL, pourraient signifier "chercher Dieu" (Erik s'écrit en hébreu ARYQ, אריק).
Le récent mot matspen, "boussole", est issu de la racine ÇPN, tsafan, dont le sens principal est "cacher", tsafon désignant le "Nord", "pays caché". Il y a une occurrence biblique du mot MÇPN, compris comme "chose cachée".
Lönnrot est en suédois "orme rouge", mais le préfixe lönn- exprime l'idée de "secret".
J'ai appris que, dans la langue de Borges, la translittération du Tétragramme est Yavé.
Une possibilité est offerte par le troisième cas. Un certain Ginzberg (ou Ginsburg) a téléphoné à la police pour dire qu'il avait des informations sur les premiers meurtres. La police découvre qu'il vient d'être enlevé, et que son nom était plutôt Gryphius. Gimel est la 3e lettre de l'alphabet hébraïque, ainsi que le nombre 3. Les deux G de ce personnage double pourraient donner la somme 6, et la 6e lettre est Waw, le W ou V du Tétragramme.
Enfin le E final de Yavé pourrait être l'initiale d'Erik. Ses deux initiales forment EL, "Dieu" en hébreu, "lui" en espagnol. Le plus célèbre Lönnrot est Elias, forme grécisée d'Elie, Elyahu, nom doublement théophore, "Dieu est YHWH".
Le maître des énigmes m'a permis d'envisager un rebond à une ancienne constatation. La première victime est trouvée morte à côté d'une porte, la seconde sur le seuil d'une boutique. C'est du marchepied d'une voiture qu'un des hommes ayant enlevé Ginzberg-Gryphius a tracé le dernier message sur la lettre du Nom. Enfin un paragraphe entier est consacré au portail de la villa où Lönnrot va mourir, portail au premier plan d'une couverture d'une édition de la nouvelle.
Je m'étais demandé si toutes ces portes invitaient à penser à la 4e lettre de l'alphabet hébraïque, Daleth, signifiant "porte", forme de dal, DL, "porte".
Le roman de Trussoni m'a rappelé que gam, GM, signifie "aussi", ainsi MGDL, "tour", pourrait livrer GM DL, "aussi porte".
Revoir écrit brùjula, "boussole", me rappelle que Lönnrot reçoit une lettre signée Baruj Spinoza prophétisant que la mort de Gryphius est la dernière, car les lieux des crimes forment un parfait triangle équilatéral. Dans le texte original, Baruj est écrit en italique, la raison m'en semblant être l'écho avec brùjula.
La boussole devrait inciter à penser qu'un des points cardinaux est absent, et le prénom Baruch, "béni", est particulièrement associé à Dieu, avec notamment la formule baruch HaShem, "béni soit Le Nom" (le Tétragramme, YHWH), ci-contre sur un teeshirt.
Je ne sais si tout ou partie de cette approche hébraïque de la nouvelle de Borges résulte d'intentions de l'auteur, ou de son ami kabbaliste Alejandro Schulz, plus connu sous le pseudo Xul Solar.
Enfin, après ces rappels, je peux en venir à ce qui s'est passé le 11 janvier dernier.
L'une des pistes adjacentes essentielles est Ellery Queen, et surtour Fred Dannay, l'âme pensante de la signature Queen. Dannay a probablement été le premier non-hispanisant à avoir lu la nouvelle de Borges, vers 1946, son collaborateur Anthony Boucher lui en ayant fait une traduction pour la revue EQMM. Dannay a refusé de la publier, je pense parce que son sujet était étonnamment proche du roman qu'il avait alors en préparation: un criminel avait besoin pour mener à bien son plan d'y faire participer le détective Ellery, en l'orientant vers une piste métaphysique par divers indices, dont le Tétragramme YHWH.
Ce 11 janvier, il m'était venu que Dannay avait peut-être dès 1932 fait allusion au Tétragramme, dans un roman où les derniers rejetons de la famille Hatter étaient John et William, JH et WH. J'étais parti ensuite en balade, avec un livre que je lis quand le terrain ou mon esprit s'y prête.
Le tout récent rappel du roman de 1932 m'avait fait me souvenir qu'une de ses particularités était un meurtre commis avec une mandoline, or les initiales des victimes de Borges, MYDAGEL, rappellent aussi amygdalê, "amande" en grec. Je m'étais dit que la mandoline devait probablement son nom à sa caisse en forme d'amande, Mandel en allemand.
Je m'étais promis de le vérifier en rentrant à la maison, et étais revenu à mon livre, découvrant avec stupéfaction le nom Mandel en tête du marque-page que j'utilisais, une demi-page issue de la bibliographie d'une thèse de physique quantique autrichienne, échue par hasard entre mes mains. J'en utilisais les versos vierges, car je n'entends rien à la physique quantique.
La première référence concernait L. Mandel, la septième A. Migdall, alors que je venais d'associer "mandol(ine)" à "(a)mygdale". Depuis plus de 20 ans que je connais les Zwi Migdal, je n'avais encore jamais vu de personne portant ce nom Migdal(l).
De retour à la maison, une recherche me permit de trouver la thèse de doctorat et d'en télécharger l'entièreté ici, et voici le début de la page 76 concernée:
Ma demi-feuille s'arrêtait à la référence [69], et j'avais douté de ma raison en voyant ensuite [70] N.J. Cerf, car zwi signifie "cerf". Etonnamment, ce Cerf n'est pas à sa place dans cette liste respectant l'ordre alphabétique des patronymes, et j'avais remarqué qu'il aurait dû occuper la référence [26], 26 étant la gématrie de YHWH, "Le Nom".
Après avoir publié les 3 et 6 juillet les billets où j'annonçais que ma vie s'arrêterait idéalement à 75 ans, je ne sais quelle manipulation m'a mené à une page du site sod1820 (ici en hébreu, là "traduit" par Google), qui m'a fait ajouter cette note au billet du 6 juillet:
Le site sod1820 doit son nom à ce que 1820 serait un nombre particulièrement "divin", c'est par exemple le produit de la valeur du Tétragramme, 26, par celle 70 du mot sod, "secret", SWD ([70] N.J. Cerf aurait dû être [26]). Cette page en anglais donne quelques relations sur ce nombre 1820, certaines sont séduisantes, d'autres sont forcées.
Ces sites sont exploités par des fondamentalistes pour lesquels la Tora est l'oeuvre de Dieu, et qui s'efforcent donc d'en démontrer la nécessaire perfection. Il est pourtant évident pour chaque être doué de raison que la Tora est un texte historique, aux multiples remaniements au cours des siècles, et pour un mécréant comme moi (un "mec créant" comme dit Samuel), si l'on y trouve des curiosités remarquables, et il y en a, comme la généalogie patriarcale abordée dans le précédent billet, on en trouve ailleurs, dans des textes sacrés d'autres religions ainsi que dans des textes profanes, et mon humble avis est qu'il faut chercher une origine commune à ces curiosités.
Le secret sod me fait penser que le secret du cryptogramme du Maître des énigmes réside dans l'Etoile de David, dans le texte original Star of David, SOD.
Je pense aussi à ce que Ricardou appelait la "maladie chronique". Il m'a fallu aligner des tas de phrases pour exprimer successivement ce qui forme un tout dans ma tête, et même une forme condensée ne rend pas compte de cette simultanéité:
- zwi migdal JHVH MYGDAEL chez Borges;
- Zvi Mon chez Glenn Cooper;
- Migdall Cerf dans la thèse;
- tsevi HWHY chez Trussoni.
Et de multiples autres coïncidences sont liées à ces cas. Je pense ainsi que Dannay a publié en 1963 L'adversaire, une autre série de meurtres commandés par le Tétragramme. Sur cette édition allemande qui vend la mèche en couverture, les lettres W et H à droite sont interverties.
Je pense encore que j'ai découvert Le maître des énigmes juste après avoir trouvé une erreur asssez impensable sur les lettres YHW dans un roman de Villemot.
Je me souviens aussi de l'erreur incompréhensible de la première édition du Livre de saphir, de Sinoué, où les lettres du Tétragramme sont retournées latéralement, une à une (au centre d'une Etoile de David).
Je ne peux me résoudre à ne pas rappeler le pastiche d'Ellery Queen écrit par Narcejac en 1944. Alors qu'il ne pouvait ni connaître la nouvelle de Borges, où Red Scharlach attire dans un piège le flic qui a tué son frère, ni prévoir les romans yahvistes de Dannay, Le mystère des ballons rouges montre une série de meurtres destinée à mener dans un piège le flic qui a tué le frère du comploteur, flic qui est le sergent VELIE, anagramme de L-IEVE, "pour YHWH".
Cette page en anglais sur l'atbash m'a appris de nouvelles choses. Le premier mot de la Tora, bereshit, "au commencement", est l'un des plus commentés. Ici, il est remarqué que ses lettres BRASYT se réarrangent en ATBS RY, "atbash de RY", soit GM, "aussi", le mot ajouté au Tétragramme dans le cryptogramme du Maître des énigmes, j'imagine pour pouvoir former une Etoile de David.
La page sur 1820 déjà signalée donne ce nombre pour valeur étendue de bereshit, et l'associe au 1820e verset de la Tora, Exode 12,2, "Ce mois-ci sera pour vous le premier de tous les mois (...)", qui serait le premier verset important, car il énonce la première mitswa, la première prescription de la Loi.
Or, pour le rédacteur de la page sur l'atbash, la plus belle application du procédé concerne ce mot mitswa, MÇWH, l'obéissance à la Loi unifiant le Monde Supérieur caché et le Monde inférieur révélé, car MÇ a pour atbash YH, la première partie du Tétragramme, dont la seconde partie WH est immédiate dans le mot MÇWH.
A nouveau, je laisse quelques points en plan, et j'achève sur l'explicitation du titre de ce 384e billet, double jeu du type Zevi (autre orthographe du Messie de Smyrne) devenant HaShem par atbash, puis Moïse par retournement. Ainsi, dans notre alphabet,
ave, rêvez ! donne par atbash
Zevi, vé ! va ! se retournant en
ave, vivez !
Note du 31/7: Il me revient ce jour que Gershom Sholem a, entre autres, été publié par les Editions du Cerf.
J'y ai été amené à chercher des références en ligne du jeu transformant l'hébreu צבי, translittéré ÇBY, tsevi, "cerf", en HSM, HaShem,"Le Nom", désignation courante du nom sacré YHWH, le Tétragramme qu'il est interdit de prononcer. Cette transformation s'opère par le procédé dit atbash, peut-être le plus vieux codage attesté, utilisé dans la Bible, remplaçant chaque lettre d'un mot par sa correspondante dans l'alphabet écrit à rebours.
Ne trouvant pas de référence en français ou anglais, j'ai le matin du 11 juillet posé en hébreu la requête "HSM" "ÇBY" "ATBS". Les premières réponses pertinentes concernaient Sabbataï Tsevi, Messie autoproclamé dans l’empire turc du 17e siècle, déclenchant un vaste espoir de retour des Juifs dans la Terre Promise. Il s'autorisait à prononcer le Nom interdit YHWH, peut-être justement parce que son nom était "Le Nom", HaShem par atbash.
J'avais lu jadis quelque chose à ce propos, peut-être dans l'essai de Gershom Scholem, Sabbataï Tsevi le Messie mystique. Il ne s'y trouve qu'une référence à l'atbash, mais claire, la note 235, à propos d'un message où le "Cerf Céleste" se proclamait le nouveau Moïse. Scholem explique:
Dans la littérature sabbataïste, cette identification est normalement admise. Le nom de Tsevi devient Moïse par inversion des lettres de l’alphabet selon le procédé connu sous le nom de AT-BASH, procédé très couramment utilisé en exégèse mystique.Ceci me convenait plutôt, d'autant plus que Scholem voyait ici comme "courant" un double retournement, tel celui que j'avais imaginé ici.
J'ai donc trouvé cela après avoir téléchargé le livre de Scholem le matin du 11. Le fichier des téléchargements, alors sous mes yeux, m'a rappelé que j'avais téléchargé quelques jours plus tôt, le 7, un thriller récent, Le maître des énigmes, de Danielle Trussoni, une auteure que je ne connaissais pas.
Le lecture quelques semaines plus tôt de sa 4e de couv' m'avait rendu un peu curieux de ce qu'était l'énigme évoquée, mais il n'était aucunement précisé qu'elle était kabbalistique, ce qui m'aurait mieux motivé.
Au plus bref, la clé de la principale énigme est que la véritable lecture du Tétragramme YHWH est HW HY, son retournement.
Ainsi, quelques instants après avoir cherché une référence pour la transformation de ÇBY en HSM, HaShem, "Le Nom", et trouvé celle de ÇBY en MSH, Moïse, un hasard me mène à un roman dont l'énigme principale est le retournement du Nom YHWH en HW HY.
L'auteure déclare avoir été inspirée par l'essai de Mark Sameth, The Name, "Le Nom", HaShem, et l'expression hébraïque apparaît à maintes reprises dans le roman, ainsi que son identité avec le nom de Moïse, retourné.
Trussoni n'est ni hébraïsante, ni conceptrice d'énigmes sophistiquées. Les énigmes de son livre sont dues à des spécialistes, et la principale, un cercle magique qu'Abraham Aboulafia aurait créé au XIIIe siècle, est l'oeuvre d'un certain Dimitris Lazarou, bien nommé puisque le cercle aurait le pouvoir de ressusciter les morts...
Pour cela, il faut compléter le diagramme avec 6 lettres, à inscrire dans les petits cercles au centre. Mike Brink découvre que les carrés blancs et noirs du pourtour sont du code binaire, donnant deux fois les nombres 15, 3, 27, 39, 63, 51, auxquels correspondent sur le cercle de 72 lettres hébraïques HY GM HW, soit "Elle aussi Lui".
Je n'ai d'abord pas cherché à déchiffrer exactement les 72 lettres, car diverses confusions sont possibles. J'ai juste constaté qu'elles ne semblaient pas livrer de message cohérent. Et puis en fin d'écriture du précédent billet je me suis avisé qu'au début du roman figure une autre version du diagramme, supposée être une reproduction faite de mémoire. Il n'y figure pas les carrés blancs et noirs du pourtour, et la couronne intérieure ne compte que 45 lettres, et non 72.
Les 45 lettres forment 17 groupes de 1 à 4 lettres, la plupart dénués de signification, excepté le 7e, avec aux rangs 32-33-34 les lettres יבצ, soit ÇBY, tsevi (ou zwi), "cerf", dont l'atbash est HSM, HaShem, "Le Nom", désignation de YHWH.
Les rangs ne sont pas indifférents, car YHWH (HaShem, "Le Nom") est codé sur le cercle aux rangs 3-15-51-63, moyenne 33, comme les rangs 32-33-34 de ÇBY.
A noter que la lecture est ici contraire à celle du réel mot hébreu צבי, à lire de droite à gauche, mais les rangs imposent cette inversion. Il n'est d'ailleurs pas assuré que ma lecture soit la bonne, car la lettre Bet, ב, ressemble fort à la lettre Kaf, כ. Seul Lazarou pourrait indiquer quelle lettre il a écrite, s'il a pensé au mot צבי, s'il en connaissait l'atbash, si sa position était calculée...
...de même le "centre" du cercle en 33, car, selon Samuel,
33 est la guematria de la racine « Gal », גל, liée à la délivrance, au dévoilement, à ce qui tourne (roue, cycle…).Le web connaît plusieurs Dimitris Lazarou, je ne sais quel est le bon. J'ai écrit à Danielle Trussoni qui n'a pas répondu. C'est peut-être elle qui a effacé certaines des lettres du diagramme du début, ceci au moins était à sa portée.
Il n'est pas sûr que Lazarou l'ait informée que son codage utilisait la même symétrie que l'Etoile de David, ce qui n'est pas mentionné dans le roman.
Etudier plus précisément les 72 lettres du cercle m'a d'ailleurs conduit à penser que le codage binaire n'était pas indispensable. Certaines lettres hébraïques ont deux formes, une normale, et une autre spéciale lorsque la lettre achève un mot. Sur les 72 lettres, une seule est une lettre finale, un Mem, ainsi le chercheur peut comprendre qu'elle est l'une des 6 lettres à trouver, et déterminer quelles sont les autres selon l'Etoile de David.
En la fin est le commencement, formule clé dans cette affaire révélant que le Tétragramme doit être lu en commençant par la fin. Une autre curiosité du roman est que Gaston LaMoriette (GLM, évidente allusion au GoLeM) a tenté d'utiliser le diagramme pour ressusciter sa fille, mais l'expérience a tourné à la catastrophe parce qu'il avait écrit à rebours le mot au centre du cercle d'Aboulafia, חיים, hayyim, "vie", pour une raison absurde (le texte d'Aboulafia aurait été écrit en boustrophédon).
J'ai d'autres exemples de bizarreries liées au jeu ÇBY-HSM. L'an dernier j'ai relu un roman de Glenn Cooper, Le testament des Templiers (2011), et ai été frappé par une coquille.
Tsevi, "cerf", qui a différentes translittérations, est aussi un prénom. Un des personnages du roman se nomme Zvi Alon. Il devient page 201 Zvi Mon.
"M" au lieu de "Al", c'est une erreur typique de reconnaissance OCR. Quoi qu'il en soit, je précise que mon exemplaire est le Pocket n° 14589, tirage de mars 2014.
Ainsi le nom Alon ("chêne") devient MON, retournement de NOM, tandis que le prénom zvi donne l'atbash HaShem, "Le Nom", devenant "Moïse" par retournement.
L'intrigue du roman concerne une recette d'immortalité, ou du moins d'extrême longévité. Ce secret est détenu dans une grotte ornée de peintures pariétales, dont des cerfs.
Une autre erreur en début d'année a touché le mot français "Cerf", mais il me faut d'abord revenir à ce qui m'a conduit au jeu ÇBY-HSM, la nouvelle La mort et la boussole de Borges (1942).
Borges a indiqué que la ville où se déroule le récit était Buenos Aires, et divers lieux et personnages sont identifiables. Il y est question des bordels, et avant-guerre l'Argentine était dominée par le réseau de proxénètes Zwi Migdal, si florissant qu'un bordel était pour tous un zwi migdal. Le nom pourrait venir d'un des membres fondateurs, c'est fort incertain, en tout cas les clients faisaient des jeux grivois sur les deux mots, signifiant "cerf" et "tour".
L'inspecteur Erik Lönnrot est conduit à soupçonner qu'une série mystique d'assassinats frappe la ville, commandée par Le Nom, le Tétragramme JHVH. Trois meurtres ont eu lieu au Nord, à l'Ouest, et à l'Est de la ville, dans les nuits du 3 au 4 de mois consécutifs, et Lönnrot compte déjouer le 4e meurtre en devançant l'assassin au lieu complémentaire au Sud, mais il y tombe sur son ennemi Red Scharlach qui avait monté ce plan pour le tuer.
Cette dernière mort a lieu dans le mirador d'une villa, tandis que le premier était dans un hôtel en forme de tour, deux tours donc pour cet axe vertical, et l'hôtel est dit avoir "l'apparence générale d'une maison close", en espagnol
y la apariencia general de una casa malaet une réorganisation de ces mots livre
una casa Mala Y General De Apariencia Launa casa MYGDAL, une maison migdal, un bordel...
C'est "Le Nom", expression revenant à maintes reprises, qui commanderait les meurtres, or zwi est l'atbash de HaShem, "Le Nom". Le mot shem est l'un des seuls mots hébraïques apparaissant dans la nouvelle.
Les initiales des victimes forment MYGDAEL, à condition de les lire à l'hébraïque, de droite à gauche.
J'ai modifié cette image donnée déjà à plusieurs reprises car trois nouvelles découvertes ont eu lieu ces derniers jours.
La page Wikipedia YHWH en hébreu mentionne la nouvelle de Borges, et m'a appris que "boussole" se dit en hébreu matspen, MÇPN (en bleu ci-dessus), dont l'atbash est YHWT, ou JHVT, selon la translittération de Borges. Certes ça ne marche que pour les trois premiers cas, mais l'affaire du Nom est un leurre pour attirer Lönnrot dans la villa au Sud, et lorsqu'il y trouve Scharlach dans le mirador il lui demande:
— Vous aussi, Scharlach, vous cherchez le Nom Secret ?La dernière lettre du nom Lönnrot est bien un T, un Teth dans sa transcription hébraïque. Scharlach est aussi appelé Dandy Red Scharlach, dont les initiales DRS forment en hébreu le verbe darash, דּרשׁ, "chercher", le Sander & Trenel signalant notamment "chercher YHWH":
— Non, dit Scharlach, je cherche Erik Lönnrot.
La forme YY ci-dessus est une autre façon de désigner le Tétragramme, qui n'est écrit pleinement dans le Sander & Trenel qu'à la rubrique YHWH.
J'ai inclus ci-dessus la citation de Job, ani edrosh el-El, car j'avais pointé que la succession des crimes dessinait quelque chose rappelant la lettre Lamed, ל, la seule lettre possédant un jambage supérieur en hébreu, appelé pour cette raison "la tour". C'est une préposition, "à", "vers", seule ou sous la forme AL-, homonyme de El, "Dieu". Ainsi les initiales des protagonistes essentiels de la nouvelle, DRS AL, pourraient signifier "chercher Dieu" (Erik s'écrit en hébreu ARYQ, אריק).
Le récent mot matspen, "boussole", est issu de la racine ÇPN, tsafan, dont le sens principal est "cacher", tsafon désignant le "Nord", "pays caché". Il y a une occurrence biblique du mot MÇPN, compris comme "chose cachée".
Lönnrot est en suédois "orme rouge", mais le préfixe lönn- exprime l'idée de "secret".
note du 7/10: je découvre en explorant le site de phrère Sam qu'un post de quelques lignes y donne l'hébreu matspen, "boussole", en relation avec les mots hébreu tsevi, "gazelle" (ou "cerf") et magnet, "aimant" (en hébreu moderne). Il y cite Wikipedia:
Le mot « Aimant » est, comme le mot diamant, dérivé du grec ancien ἀδάμας, « Adámas » (« fer particulièrement dur ou diamant »)
J'ai commenté ailleurs que les gnostiques grecs voyaient dans les 4 lettres ADAM les 4 points cardinaux, et que j'y ai vu pour ma part une équivalence avec Unus Mundus, de même que MIDI ou DIAM (mon billet suivant est précisément Le diam est l'Eternel), ou encore DAIM (Tsevi, la suite).
J'ai appris que, dans la langue de Borges, la translittération du Tétragramme est Yavé.
Para transcribir el Tetragrámaton en español se recomienda y se preferencia Yavé;Il est ainsi notable que les deux premières victimes, les seuls morts réels, sont Yarmolinsky et Azevedo, correspondant à l'articulation des deux premières lettres du Nom.
Une possibilité est offerte par le troisième cas. Un certain Ginzberg (ou Ginsburg) a téléphoné à la police pour dire qu'il avait des informations sur les premiers meurtres. La police découvre qu'il vient d'être enlevé, et que son nom était plutôt Gryphius. Gimel est la 3e lettre de l'alphabet hébraïque, ainsi que le nombre 3. Les deux G de ce personnage double pourraient donner la somme 6, et la 6e lettre est Waw, le W ou V du Tétragramme.
Enfin le E final de Yavé pourrait être l'initiale d'Erik. Ses deux initiales forment EL, "Dieu" en hébreu, "lui" en espagnol. Le plus célèbre Lönnrot est Elias, forme grécisée d'Elie, Elyahu, nom doublement théophore, "Dieu est YHWH".
Le maître des énigmes m'a permis d'envisager un rebond à une ancienne constatation. La première victime est trouvée morte à côté d'une porte, la seconde sur le seuil d'une boutique. C'est du marchepied d'une voiture qu'un des hommes ayant enlevé Ginzberg-Gryphius a tracé le dernier message sur la lettre du Nom. Enfin un paragraphe entier est consacré au portail de la villa où Lönnrot va mourir, portail au premier plan d'une couverture d'une édition de la nouvelle.
Je m'étais demandé si toutes ces portes invitaient à penser à la 4e lettre de l'alphabet hébraïque, Daleth, signifiant "porte", forme de dal, DL, "porte".
Le roman de Trussoni m'a rappelé que gam, GM, signifie "aussi", ainsi MGDL, "tour", pourrait livrer GM DL, "aussi porte".
Revoir écrit brùjula, "boussole", me rappelle que Lönnrot reçoit une lettre signée Baruj Spinoza prophétisant que la mort de Gryphius est la dernière, car les lieux des crimes forment un parfait triangle équilatéral. Dans le texte original, Baruj est écrit en italique, la raison m'en semblant être l'écho avec brùjula.
La boussole devrait inciter à penser qu'un des points cardinaux est absent, et le prénom Baruch, "béni", est particulièrement associé à Dieu, avec notamment la formule baruch HaShem, "béni soit Le Nom" (le Tétragramme, YHWH), ci-contre sur un teeshirt.
Je ne sais si tout ou partie de cette approche hébraïque de la nouvelle de Borges résulte d'intentions de l'auteur, ou de son ami kabbaliste Alejandro Schulz, plus connu sous le pseudo Xul Solar.
Enfin, après ces rappels, je peux en venir à ce qui s'est passé le 11 janvier dernier.
L'une des pistes adjacentes essentielles est Ellery Queen, et surtour Fred Dannay, l'âme pensante de la signature Queen. Dannay a probablement été le premier non-hispanisant à avoir lu la nouvelle de Borges, vers 1946, son collaborateur Anthony Boucher lui en ayant fait une traduction pour la revue EQMM. Dannay a refusé de la publier, je pense parce que son sujet était étonnamment proche du roman qu'il avait alors en préparation: un criminel avait besoin pour mener à bien son plan d'y faire participer le détective Ellery, en l'orientant vers une piste métaphysique par divers indices, dont le Tétragramme YHWH.
Ce 11 janvier, il m'était venu que Dannay avait peut-être dès 1932 fait allusion au Tétragramme, dans un roman où les derniers rejetons de la famille Hatter étaient John et William, JH et WH. J'étais parti ensuite en balade, avec un livre que je lis quand le terrain ou mon esprit s'y prête.
Le tout récent rappel du roman de 1932 m'avait fait me souvenir qu'une de ses particularités était un meurtre commis avec une mandoline, or les initiales des victimes de Borges, MYDAGEL, rappellent aussi amygdalê, "amande" en grec. Je m'étais dit que la mandoline devait probablement son nom à sa caisse en forme d'amande, Mandel en allemand.
Je m'étais promis de le vérifier en rentrant à la maison, et étais revenu à mon livre, découvrant avec stupéfaction le nom Mandel en tête du marque-page que j'utilisais, une demi-page issue de la bibliographie d'une thèse de physique quantique autrichienne, échue par hasard entre mes mains. J'en utilisais les versos vierges, car je n'entends rien à la physique quantique.
La première référence concernait L. Mandel, la septième A. Migdall, alors que je venais d'associer "mandol(ine)" à "(a)mygdale". Depuis plus de 20 ans que je connais les Zwi Migdal, je n'avais encore jamais vu de personne portant ce nom Migdal(l).
De retour à la maison, une recherche me permit de trouver la thèse de doctorat et d'en télécharger l'entièreté ici, et voici le début de la page 76 concernée:
Ma demi-feuille s'arrêtait à la référence [69], et j'avais douté de ma raison en voyant ensuite [70] N.J. Cerf, car zwi signifie "cerf". Etonnamment, ce Cerf n'est pas à sa place dans cette liste respectant l'ordre alphabétique des patronymes, et j'avais remarqué qu'il aurait dû occuper la référence [26], 26 étant la gématrie de YHWH, "Le Nom".
Après avoir publié les 3 et 6 juillet les billets où j'annonçais que ma vie s'arrêterait idéalement à 75 ans, je ne sais quelle manipulation m'a mené à une page du site sod1820 (ici en hébreu, là "traduit" par Google), qui m'a fait ajouter cette note au billet du 6 juillet:
Note du 10/7: j'apprends, en cherchant autre chose, que "coïncidence" se dit en hébreu "צירוף מקרים", tserouf miqrim, "réunion d'événements", de même valeur 776 que "soixante-quinze", "שבעים וחמש".
J'apprends par la même occasion que "צירוף" seul, qui s'écrit aussi "צרוף", "anagramme" pour les kabbalistes, a pour autre sens "expression grammaticale".
J'apprends par la même occasion que "צירוף" seul, qui s'écrit aussi "צרוף", "anagramme" pour les kabbalistes, a pour autre sens "expression grammaticale".
Le site sod1820 doit son nom à ce que 1820 serait un nombre particulièrement "divin", c'est par exemple le produit de la valeur du Tétragramme, 26, par celle 70 du mot sod, "secret", SWD ([70] N.J. Cerf aurait dû être [26]). Cette page en anglais donne quelques relations sur ce nombre 1820, certaines sont séduisantes, d'autres sont forcées.
Ces sites sont exploités par des fondamentalistes pour lesquels la Tora est l'oeuvre de Dieu, et qui s'efforcent donc d'en démontrer la nécessaire perfection. Il est pourtant évident pour chaque être doué de raison que la Tora est un texte historique, aux multiples remaniements au cours des siècles, et pour un mécréant comme moi (un "mec créant" comme dit Samuel), si l'on y trouve des curiosités remarquables, et il y en a, comme la généalogie patriarcale abordée dans le précédent billet, on en trouve ailleurs, dans des textes sacrés d'autres religions ainsi que dans des textes profanes, et mon humble avis est qu'il faut chercher une origine commune à ces curiosités.
Le secret sod me fait penser que le secret du cryptogramme du Maître des énigmes réside dans l'Etoile de David, dans le texte original Star of David, SOD.
Je pense aussi à ce que Ricardou appelait la "maladie chronique". Il m'a fallu aligner des tas de phrases pour exprimer successivement ce qui forme un tout dans ma tête, et même une forme condensée ne rend pas compte de cette simultanéité:
- zwi migdal JHVH MYGDAEL chez Borges;
- Zvi Mon chez Glenn Cooper;
- Migdall Cerf dans la thèse;
- tsevi HWHY chez Trussoni.
Et de multiples autres coïncidences sont liées à ces cas. Je pense ainsi que Dannay a publié en 1963 L'adversaire, une autre série de meurtres commandés par le Tétragramme. Sur cette édition allemande qui vend la mèche en couverture, les lettres W et H à droite sont interverties.
Je pense encore que j'ai découvert Le maître des énigmes juste après avoir trouvé une erreur asssez impensable sur les lettres YHW dans un roman de Villemot.
Je me souviens aussi de l'erreur incompréhensible de la première édition du Livre de saphir, de Sinoué, où les lettres du Tétragramme sont retournées latéralement, une à une (au centre d'une Etoile de David).
Je ne peux me résoudre à ne pas rappeler le pastiche d'Ellery Queen écrit par Narcejac en 1944. Alors qu'il ne pouvait ni connaître la nouvelle de Borges, où Red Scharlach attire dans un piège le flic qui a tué son frère, ni prévoir les romans yahvistes de Dannay, Le mystère des ballons rouges montre une série de meurtres destinée à mener dans un piège le flic qui a tué le frère du comploteur, flic qui est le sergent VELIE, anagramme de L-IEVE, "pour YHWH".
Cette page en anglais sur l'atbash m'a appris de nouvelles choses. Le premier mot de la Tora, bereshit, "au commencement", est l'un des plus commentés. Ici, il est remarqué que ses lettres BRASYT se réarrangent en ATBS RY, "atbash de RY", soit GM, "aussi", le mot ajouté au Tétragramme dans le cryptogramme du Maître des énigmes, j'imagine pour pouvoir former une Etoile de David.
La page sur 1820 déjà signalée donne ce nombre pour valeur étendue de bereshit, et l'associe au 1820e verset de la Tora, Exode 12,2, "Ce mois-ci sera pour vous le premier de tous les mois (...)", qui serait le premier verset important, car il énonce la première mitswa, la première prescription de la Loi.
Or, pour le rédacteur de la page sur l'atbash, la plus belle application du procédé concerne ce mot mitswa, MÇWH, l'obéissance à la Loi unifiant le Monde Supérieur caché et le Monde inférieur révélé, car MÇ a pour atbash YH, la première partie du Tétragramme, dont la seconde partie WH est immédiate dans le mot MÇWH.
A nouveau, je laisse quelques points en plan, et j'achève sur l'explicitation du titre de ce 384e billet, double jeu du type Zevi (autre orthographe du Messie de Smyrne) devenant HaShem par atbash, puis Moïse par retournement. Ainsi, dans notre alphabet,
ave, rêvez ! donne par atbash
Zevi, vé ! va ! se retournant en
ave, vivez !
Note du 31/7: Il me revient ce jour que Gershom Sholem a, entre autres, été publié par les Editions du Cerf.