16.1.24

tour de force - part two

à Oz & Migdal

  L'écriture du précédent billet s'est émaillée de diverses coïncidences 11-16 qui m'ont conduit à scinder son contenu en deux billets publiés les 11 et 16 janvier. Brève récapitulation de ces coïncidences:
- J'ai été conduit à relire mes billets sur les synchronicités de janvier et juillet 2023, et me suis aperçu que chacune avait deux étapes, survenues le 11 et le 16.
- Un tirage de tarots dans un roman m'a conduit à associer ces synchronicités au verset 18,10 des Proverbes, "Le nom YHWH est une tour forte". En hébreu, "tour forte", migdal 'oz est l'apposition de deux substantifs, migdal, "tour", et 'oz, "force", ce qui devrait se traduire "tour de force", d'où le titre choisi, et la dédicace. Ce n'est qu'après avoir publié le billet que je me suis avisé que La Force et La Tour étaient les arcanes majeurs du tarot de numéros 11 et 16.
 

- Le tirage de tarots contenait aussi Le Mat, correspondant à la lettre Shin. La recherche sur cette lettre m'a conduit à une page du blog Kabbalah Secrets, mentionnant la valeur 3003 des 8 premiers mots de la Bible, 3003 somme des 77 premiers nombres, 77 valeur de migdal comme de 'oz. Ces 8 mots ont 33 lettres, et leur valeur est multiple de 33, 33 fois 91, or mes recherches m'avaient mené il y a bien longtemps à un ensemble de 13 patriarches dont les noms totalisaient 48 lettres, leur valeur étant multiple de 48, 48 fois 91. Ces deux groupes de 33 et 48 lettres de même valeur moyenne sont dans le rapport 11-16 (3 fois 11 et 16).

  Les synchronicités de janvier et juillet touchaient les mots migdal et tsevi, réunis dans le nom du cartel mafieux international Zwi Migdal qui dominait la prostitution en Argentine dans les premières décennies du 20e siècle, avec plus de 3000 bordels dans tout le pays.
  L'origine du nom et la date où le réseau l'a adopté restent floues. J'avais d'abord consulté l'Encyclopaedia Judaica (accessible en ligne en s'inscrivant gratis ici), et cet article en est assez proche.
  La première hypothèse était la signification en yiddish strong power, soit "forte puissance" (à une lettre près strong tower). Une autre était le nom d'un patron du cartel, Luis Migdal, dit "Zwi", aujourd'hui seule retenue par Wikipedia, mais on ne sait rien de cet homme; une page donnait une photo prétendument de lui, mais c'était celle de Noé Trauman, le fondateur du cartel. 
  Etymologiquement, tsevi (ou zwi) est lié au verbe tsava, "se réunir", "s'assembler", et migdal à gadal, "être grand", ainsi Zwi Migdal pourrait signifier "union grande", "union forte"; l'hébreu migdal signifie aussi "place forte", "forteresse"; quoi qu'il en fût de la réelle raison originelle, il est possible de relier le nom du cartel à la "force", et il était effectivement "fort".
  Dans la Septante, la traduction grecque de la Bible au 2e siècle avant JC, les mots migdal 'oz du verset  Pr 18,10 ont été traduits par les adjectif et nom μεγαλωσύνης ἰσχύος, "toute-puissante force".
  Dans le verset Ps 61,3 (4 dans la Septante), la même expression a été rendue par les nom et adjectif πύργος ἰσχύος, "tour armée"; curieusement le nom "armée" se dit tseva en hébreu, dérivé de tsava, "se réunir", "s'assembler".

  Le cartel s'est d'abord nommé Varsovia, et Wikipedia date le changement en Zwi Migdal de 1929, peu avant l'éradication du cartel dans le pays, tandis que l'autre page donne 1906, ce qui me semble plus compatible avec l'adoption populaire de zwi migdal comme synonyme de "bordel".

  Les nombres 11 et 16 m'évoquent aisément 1116, nombre connu pour être la somme des valeurs des deux premiers mots de la Tora, Bereshit bara (913+203), comme celle des sefirot extrêmes 1 et 10, Keter (620) et Malkhout (496). Cette relation apparaît à plusieurs reprises sur Kabbalah Secrets, où j'ai appris ceci: les valeurs 913 et 203 seraient chacune présentes 62 fois dans la Tora, ce que l'auteur relie au Décalogue, dont le texte hébreu compte 620 lettres.
  J'avais trouvé moi-même les deux équivalences du nombre 1116 jadis, et mon obsession de la quaternité/quintessence m'avait fait m'intéresser particulièrement au rapport 5/4 de 620/496. Un summum de ce thème quaternitaire avait été l'étude des âges et des noms des patriarches, sur laquelle j'étais revenu ici, en 2010, lorsque j'avais appris que d'autres avaient commenté la remarquable somme des âges de la lignée d'Adam à Moïse, 12600 ans tout rond. 
  Précisément, l'un des commentaires était sur Kabbalah Secrets, en 2010. Il ne m'avait pas incité à étudier plus avant le blog, car l'auteur utilisait les logarithmes pour tirer des âges son nombre fétiche, 5778, soit l'an 2018 de notre calendrier, la date qu'il avait décryptée pour le retour du Messie. 2018 est  maintenant derrière nous, et le monde ne me semble pas s'être amélioré.

  Mes recherches sur les patriarches m'avaient fait découvrir la remarquable relation sur les patriarches de Sem à Moïse, les seuls dont les âges sont des multiples de 120, l'âge idéal atteint par Moïse.
  Les 16 noms et 58 lettres de Sem à Moïse totalisent la valeur 
5568 = 16 fois 348 = 58 fois 96.
  Les 13 noms et 48 lettres de Sem à Lévi totalisent la valeur
4368 = 13 fois 336 = 48 fois 91,
mais aussi 16 fois 273, or 273 et 348 sont les valeurs des mots arba' et hamesh, "quatre" et "cinq", en harmonie avec les 12600 ans répartis en 600 ans de Sem, 5 fois 120, et la moyenne 480, 4 fois 120, pour les 25 autres patriarches.

  Sem et Moïse sont SM, "nom" et MSH, "le nom" renversé, et c'est la valeur 345 de Moïse qui m'avait conduit le 11 juillet dernier à chercher en ligne des références au jeu atbash ÇBY-HSM, "cerf-le nom".
  Malgré des démarches fort différentes, Jeffrey de Kabbalah Secrets se dit convaincu que la Tora est l'oeuvre de Dieu et moi je suis un iconoclaste, notre passion commune pour les nombres nous mène parfois à des découvertes similaires, comme les deux ensembles de lettres de moyenne 91. 
  La particularité des deux premiers mots de la Bible m'a donné la curiosité de retrancher leur valeur 1116 du total 3003 des 8 premiers mots, obtenant 1887, soit 17 fois 111 ou 51 fois 37. Sachant que les 7 mots de Gn 1,1 totalisent 2701 ou 37 fois 73, ceci signifie que 1116 moins la valeur 302 du premier mot de Gn 1,2 est un multiple de 37, soit 814, 22 fois 37.
  Or 814 est la valeur de Sabbataï Tsevi, lequel avait trouvé diverses occurrences bibliques de valeur 814 annonçant sa venue, notamment Isaïe 63,4:
Et l'année de mes rachetés est venue.
ושנת גאולי באה׃ = 814
  Je l'avais mentionné à la fin de ce billet achevé le 14 août dernier, 14/8 ou 8/14 à l'américaine, ce qui m'avait permis de lui trouver un titre.
  J'ai eu la curiosité de chercher si le nombre 814 était étudié dans Kabbalah Secrets, et c'est le cas, notamment dans les deux pages précédemment citées. Cette autre page signale la permutation 148-814 qui m'avait inspiré, le 14/8.

  Dans chaque cas, Jeffrey indique que 814 est la valeur du commandement essentiel de la Tora, "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Lévitique 19,18). Sabbataï Tsevi ne semble pas y avoir pensé, mais ça a pas mal réussi à un autre candidat à la messianité (voir Marc 12,31).

  A 14-8 et 8-14 correspondent les rangs des lettres hébraïques formant NHנחNoah, "Noé", et HN, חנhen, "grâce".
  J'ai souvent cité les versets Gn 6,8, "Noé (NH) trouva grâce (HN) aux yeux de YHWH", et Gn 38,7, "Er (OR) fut mauvais (RO) aux yeux de YHWH", montrant l'étrange propriété de la paire d'yeux du Père Dieu.
  En revenant au tarot, à la lettre 14 initiale de Noé correspond La Tempérance, l'une des 4 vertus cardinales avec La Force et La Justice, lames 11 et 8. Si Noé est connu comme le seul Juste de sa génération (Gn 7,1), il sera aussi le premier ivrogne recensé dans la Bible (Gn 9,21)... Je rappelle que Noé est le père de Sem, dont le nom est formé des deux lettres correspondant aux lames particulières du tarot, Le Mat (sans numéro), et La Mort (sans nom).

  Les exégètes ont déduit des tas de choses, parfois fort ingénieuses, de la valeur de Gn 1,1, 2701, 73x37 (je viens de découvrir ce stupéfiant approfondissement). Il est notamment souligné que ses deux derniers mots ont des valeurs multiples de 37, "et la terre",
WAT HARÇ = 407 + 296 = 11 et 8 fois 37.
  Le billet précédent m'a fait voir que le verset Pr 18,10, outre La Force, n° 11, et La Tour, n° 16, pouvait par son "juste" évoquer un autre arcane majeur du tarot, La Justice, le n° 8. Dans certains jeux, c'est La Force qui a le n° 8, La Justice le n° 11.

  Aux lames 11 et 8 correspondent les lettres formant כח, KH, koa'h, désignant aussi la "force". Ce mot a pour valeur 28, pouvant rappeler les 28 lettres de Gn 1,1, dont la valeur 2701 est le triangle de 73, valeur du mot "sagesse", HKMH, souvent lu KH MH, "force du quoi".

  Enquêtant plus avant sur le verset Pr 18,11, je vois que migdal oz est parfois traduit conformément à la forme construite hébraïque, ainsi selon la Young's literal translation (5e ici), tower of strength (évidemment "tour de force" n'est guère envisageable en français).
  L'expression apparaît aussi dans le verset 61,3 des Psaumes, qui a comme Pr 18,11 encore 8 mots. La même traduction en est donnée.


  J'ai exploré les principales pistes liées aux deux premiers récents incidents à l'origine de ces billets Tour de force, j'en viens au troisième.
  J'ai déjà présenté Alexandre Carret, récemment arrivé sur la liste Oulipo, mais pratiquant depuis longtemps l'écriture à contrainte, et s'y montrant brillant dans divers domaines. Le 28 décembre, il a proposé à la liste de trouver la contrainte utilisée dans son texte Ma grande abyme, en ligne sur son site.

  Je m'y suis essayé, sans succès. Le texte livrait un indice explicite, les principaux personnages avaient les mêmes initiales, YB, Yaëlle Bachot, Yolaine Belleplume, Yannick Billet, mais ça ne m'a pas aidé... J'ai dû me résoudre à attendre qu'Alex livre la solution: son titre était l'anagramme de "anagramme de BY".
  BY m'est significatif parce que, selon la translittération que j'utilise, fort commune, c'est l'atbash de SM, "nom", désignation du Tétragramme, également nom de l'aîné de Noé. En hébreu BY, בי, est l'ajout à une conjonction d'un suffixe personnel, signifiant "en moi", "par moi". Il y en a plusieurs occurrences dans la Bible.

  Je ne crois pas avoir jusqu'ici oser penser que BY était dans notre alphabet un auto-atbash, un mot que l'atbash transforme en son renversement, comme l'hébreu OZ, "force", vu dans le précédent billet.
  J'ai pourtant remarqué quelque part le remarquable titre Wizard of Oz, où le pays imaginaire d'Oz, auto-atbash en hébreu, est accolé au plus notable mot auto-atbash dans notre alphabet, WIZARD, "magicien".

  Un mot de deux lettres n'a qu'une anagramme, ainsi l'anagramme de BY est YB, ce qui me fait penser à l'hiéroglyphe égyptien noté ib ou jb, signifiant "coeur".
  J'en avais parlé ici, signalant que Ib était aussi en norvégien un diminutif de Jacob, "Jacques". Jacques Roubaud est présent dans le texte d'Alex.

  Le coeur est essentiel dans l'histoire de l'atbash, car son premier exemple connu, chapitre 51 de Jérémie, semble associer les deux formes du mot "coeur" en hébreu, LB et LBB, renversements de BL et BBL, Bel et Babel, le dieu des Chaldéens et la ville où il auraient érigé leur tour.
  L'auteur semble avoir profité de l'hébreu pour "Chaldéens", KSDYM, pour le transformer en LB QMY, "le coeur de mes ennemis", tandis que BBL est devenu SSK, pur néologisme.
  L'arcane 16 du Tarot, La Tour, est identifié à la tour de Babel, codant pour OZ avec l'arcane 7, Le Chariot.
  Cet arcane avait originellement pour nom La Maison-Dieu, et le Temple de Salomon est nommé dans la Bible "Maison de YHWH", BYT-YHWH, initiales BY.

  Je m'en suis voulu de ne pas avoir vu l'anagramme d'Alex, car j'avais en 2016 utilisé le mot "grande" dans une anagramme, laquelle s'était révélée surprenante, comme rappelé l'an dernier:
  Le 10 juillet 2016, il m'est venu que OURSE était l’anagramme d’EUROS. L'actualité majeure concernait alors l'Euro de foot, qui se jouait en France. On craignait d'une part des attentats, d'autre part de ne pas remporter le tournoi.
  Le matin du 10 juillet, jour de la finale France-Portugal à Saint-Denis, j’ai proposé à la liste Oulipo l'énigme DANGERS A L’EURO, indiquant que c'était une anagramme, laissant aux amateurs le soin de la résoudre.
  La solution était pour moi LA GRANDE OURSE, mais le soir, il m’est venu que les lettres ANAG étaient présentes dans l’expression (c'est chez les oulipotes un diminutif courant d' "anagramme"), et à découvrir éberlué que chaque expression  était encore l’anag de
RESOUDRE L’ANAG...
  Tiens, la coupe réservée au vainqueur (au vain coeur) ressemble à l'hiéroglyphe YB, "coeur". Je remarque sur la page l'utilisation du symbole dans une désignation du roi Sekhemib, "celui dont le coeur est puissant", un nom qui contient l'idée de force, et les phonèmes SMIB, un auto-atbash hébreu. Ce roi pourrait être Peribsen, dont il était question dans le billet cité plus haut.

  Je suis bibliothécaire bénévole à la médiathèque d'Esparron, appartenant au réseau DLVA qui organise chaque année un prix des lecteurs. Parmi les 4 romans choisis pour concourir en 2024, reçus vendredi dernier, figure La grande ourse de Maylis Adhémar.
  Je l'ai survolé, repérant quelques échos:
- L'héroïne se nomme Zita, proche de la lettre grecque zêta, issue de la lettre Zayin de l'alphabet sémitique, à laquelle correspond Le Chariot, la lame 7 figurant dans le premier tirage de Neila, avec La Tour, lame 16; ce site associe directement l'arcane 7 à la Grande Ourse (ou Septentrion).
- L'histoire se passe dans la vallée d'Ossèse, qui existe réellement en Ariège. Je suis tenté de lire O-16, sachant qu'à la lame 16 correspond la lettre 'Ayin, "oeil", devenue O dans notre alphabet.
- La maison chère au coeur du compagnon de Zita est la résidence du Chevreuil, dont il est plusieurs fois question; "chevreuil" est une traduction possible de tsevi.

  O-16 provoque un rebond. Avoir rencontré dans le billet précédent les associations des lames 11-16, "force" et "tour", et 11-8, "force" et "justice", m'avait fait remarquer que 16 est le double de 8, sans trouver de commentaire.
  Or O est le symbole de l'oxygène, de numéro atomique 8, et dont l'isotope prépondérant a le poids atomique 16.

  Dans certains jeux, Le Chariot porte les lettres SM. Dans d'autres ce sont LM, dans d'autres encore il n'y a rien. Les commentateurs ne s'accordent pas sur leur signification.

  8 et 16 sont aussi les poids des bits 4 et 5 dans un octet. Quaternité, quintessence...
  J'ai donné dans des billets récents quelques poèmes dessinant une image binaire. Il y a peu, une nouvelle idée m'est venue: il est facile de composer des octosyllabes de valeurs comprises entre 128 et 255, correspondant donc à des octets, aussi pourquoi pas utiliser les syllabes correspondant aux pixels blancs pour coder un message?
  J'ai posté sur la liste Oulipo le 2/1 ce "sonnet à clé"
En cette nuit si cajoleuse,
je vois la nulle altérité,
je fête un phare, Bételgeuse,
ou l'idéal des vains étés.

Sache, l'Histoire le révèle,
qu'un bon ami sait accepter;
faiblard, j'entends crier ma belle,
c'est l'essor de l'humanité.

Vaillamment j'admire la hure,
faramineuse la monture,
et son grognement, addictif.

La laie a surchanté, feignante,
le gras tamanoir se lamente,
et l'Ourse meut le bijectif.

  L'outil binaire de Gef fournit cette image, et les syllabes correspondant aux pixels blanc livrent
L'alphabet des étoiles s'écrit, lumineusement, sur champ noir.
adaptation d'une phrase de Mallarmé citée dans deux romans étudiés sur Quaternité,
Tu remarquas, on n'écrit pas, lumineusement, sur champ obscur, l'alphabet des astres, seul, ainsi s'indique, ébauché ou interrompu; l'homme poursuit noir sur blanc.
  Je suis bien incapable de justifier le texte, la contrainte gématrique imposant souvent l'ultime mot dans la construction de chaque vers.
  La seule certitude est que "l'Ourse meut" du dernier vers était une allusion à la sculpture de Jung Ursa movet molem.
  Il y avait aussi une pensée pour la Grande Ourse, la citation m'ayant conduit à inscrire le sonnet dans le contexte d'une nuit étoilée. Après coup, je me suis demandé s'il existait une constellation du Sanglier, et découvert que c'était un ancien nom de la Grande Ourse. Selon diverses pages, le transfert du sanglier à l'ourse traduirait la prééminence de la matérialité sur la spiritualité.

  L'idée de cette contrainte m'était venue quelques jours plus tôt, et le fait qu'il manquait un pixel à la nouvelle année, 2024, pour obtenir 2040, 8 fois 255 (octet composé de 8 bits à 1), m'avait finalement inspiré ceci:
En l'effroi je me laisse abattre,
égaré, fini, l'an vingt-quatre
d'un enténébrant millénaire:
aucune lueur ne se génère.
Mais, en l'oisive nécropole,
frappe un éclat, une luciole:
je décèle un centré point blanc
dans le noir du vide régnant.
  Voici l'image binaire, et après un premier jet il m'est venu de faire correspondre la syllabe "lueur" au pixel blanc.


  La recherche sur Sabbataï Tsevi m'apprend qu'un rabbin d'Amsterdam a écrit un livre sur lui au 18e siècle, traduit en français La beauté du diable.
  Le Diable est aussi la lame 15 du tarot. Plusieurs billets de 2022 y touchent sur Quaternité, avec notamment une étude des adaptations du mythe de Faust au cinéma, dont La beauté du diable.
  Le diable m'a aussi inspiré pour un texte à contrainte, dont l'ultime décodage livrait une formule de valeur 345, ce qui a joué pour ma recherche un an plus tard sur l'atbash de tsevi.


  Les lames 16 et 7 du tarot codent donc le mot 'oz, "force". J'observais notamment ici que 167 est la valeur de UNUS MUNDUS dans notre alphabet. Le dernier arcane majeur du tarot est Le Monde.


  Une petite chose encore à propos de 11 et 16. J'ai souvent parlé de la série Rouge du Corbusier basée sur un nombril humain idéalement situé à 113 cm. Les approximations sont souvent faites à partir de cette valeur, 70-113-183, dessinant une suite additive de nombres entiers.
  Cette suite débuterait par 5-11-16 (5-11-16-27-43-70-113-183...), elle a le numéro 22136 sur l'OEIS.

  Il est question des ours pyrénéens dans La grande ourse, et il se trouve que j'ai habité de 74 à 78 au-dessus de Borce, ci-devant Basses-Pyrénées alors que j'habite aujourd'hui les ci-devant Basses-Alpes, où avait été recueilli un ourson dont la mère était morte. J'ai été le voir une fois, et la vision de la pauvre bête enfermée m'a tant déprimé que je n'y suis jamais retourné.
  Jojo a aujourd'hui sa page Wikipedia, qui m'a appris qu'il a été ensuite transféré à Thoiry, lieu associé à diverses coïncidences, notamment en rapport avec le nombre d'or, voir ici.

  Je poste ce billet à 16:11, après avoir posté le précédent à 11:16, et ceci me rappelle que, si 1116 est la valeur des sefirot extrêmes 1 et 10, Keter et Malkhout, une sorte d'atbash numéral, les sefirot médiales sont Tiferet et Yesod, de valeurs 1081 et 80, somme 1161, renversement de 1611.

Note du 20/01: Au cours du retour de Manosque, mon esprit est toujours accaparé par cette coïncidence au énième degré, où une question demeure: y a-t-il un rapport entre zwi migdal, "cerf (de) tour" et migdal 'oz, "tour (de) force", plus accessible que par l'exégèse biblique?
  J'ai failli hurler un O de stupéfaction en m'apercevant que le mot FoRCE contient les lettres CERF, avec un O en plus qui est précisément issu de l'initiale hébraïque du mot hébreu OZ, "force".
  Le nom 'ayin désignant cette lettre signifie "oeil", et il a été vu plus haut que l' "oeil de Dieu" a quelque tendance à inverser les mots, or l'hébreu ne note en principe pas les voyelles, et "force" et "cerf" y deviendraient FRC et CRF, son renversement.
  En lettres hébraïques, ce seraient PRÇ et ÇRP, soit les verbes "briser" et "purifier", ce dernier étant à l'origine du ÇRWP, tserouf, "anagramme".
  J'imagine qu'il va falloir y revenir...



11.1.24

tour de force - part one

à Migdal & Oz

  Divers éléments sont venus ces derniers temps préciser les thèmes essentiels qui m'occupent, lançant de nouveaux ponts entre eux, accroissant leur intrication.
  Le billet sur le clinamen, publié le 20 octobre, m'a conduit à parler de l'arcane du tarot divinatoire Le Mat, ou Le Fou. La page Wikipédia m'a appris que la carte correspondante du jeu de salon, L'Excuse, était aussi appelée La Mandoline, pour une raison évidente.
  Je connaissais pourtant la carte, ayant été un joueur assidu de tarot il y a quelques décennies, et ceci fait écho à l'une des grandes coïncidences de l'an passé.

   Le 11 janvier, il m'était revenu que Dannay avait peut-être dès 1932 fait allusion au Tétragramme, dans La tragédie de Y où les derniers rejetons de la famille Hatter sont John et William, JH et WH. J'étais parti ensuite en balade, avec un livre que je lis quand le terrain ou mon esprit s'y prête.
   Je m'étais souvenu durant la balade qu'une particularité du roman de 1932 est un meurtre commis avec une mandoline, or les initiales des victimes de "l'articulation du Nom" (le Tétragramme JHVH) chez Borges, MYDAGEL, ont pour anagramme amygdalê, "amande" en grec. Je m'étais dit que la mandoline devait probablement son nom à sa caisse en forme d'amande, Mandel en allemand.
   Je m'étais promis de le vérifier en rentrant à la maison, et étais revenu à mon livre, découvrant avec stupéfaction le nom Mandel en tête du marque-page que j'utilisais, une demi-page issue de la bibliographie d'une thèse de physique quantique autrichienne, échue par hasard entre mes mains. Le septième nom était Migdall ("amande" encore dans certaines langues slaves, "tour" en hébreu).

  La famille Hatter porte bien son nom, car une expression anglaise courante est mad as a hatter, "fou comme un chapelier", en référence au chapelier fou de Alice au pays des merveilles. Tous sont un brin zinzins, et le criminel, le jeune John Hatter, est jugé irrécupérable par le détective qui ne fait rien pour s'opposer à sa mort, et en fait la provoque en toute conscience.
  Il y a une certaine ressemblance entre mad et mandolin, et il est donc troublant que Le Mat (même étymologie que mad) soit aussi La mandoline.

  5 jours après la coïncidence Mandel-Migdall, la lecture de La carte postale, de Anne Berest, me fit découvrir que sa famille avait émigré à Migdal, en Israël. "Va-t-elle y cultiver des amandes?", me suis-je demandé, non, mais dans le même chapitre est mentionné le nom Lydia Mandel.
  Se reporter à ce billet pour plus de détails.

  J'évoquais dans le précédent billet ma lecture de 84 K, abandonnée il y a deux ans. L'un des principaux personnages est Neila, transsexuelle née Neil.
  Neila a recours régulièrement au tarot, tirant 9 cartes du jeu complet. 9 tirages en tout sont détaillés dans le livre, le premier étant dans les premières lignes du premier chapitre où elle apparaît:
Voici les cartes qu’elle tira pendant sa séance de lecture ce vendredi matin-là :
Sept de bâton, le Chariot, trois de coupe, neuf de bâton, roi d’épée, la Maison Dieu, huit d’épée, le Mat, le Pendu (inversé).
  Pour une mauvaise raison, j'ai été frappé par l'accolement des deux dernières cartes, ce qui m'a conduit à examiner le détail des autres arcanes majeurs, et à voir une étrange corrélation, pour de meilleures raisons.
  La mauvaise raison, c'est que je ne suis pas familier du tarot, et que j'ai confondu la lame 12; Le Pendu, et la lame 13, La Mort (nom généralement absent de la carte).
  L'association du Mat et de la Mort m'est parlante, car ce sont deux lames spéciales, l'une sans numéro, l'autre sans nom. L'ésotérisme voit les 22 lames correspondre aux 22 lettres de l'alphabet hébraïque. La tradition française place le Mat entre les arcanes 20 et 21, correspondant ainsi à la 21e lettre, Shin, ש.
  A la Mort correspond la 13e lettre, Mem, מ. Bien sûr, la Mort n'est pas le Pendu, 12e lame correspondant à la 12e lettre, Lamed, ל. La tradition anglo-saxonne place le Mat avant la 1ère lame, Mat correspondant à la 1ère lettre, Alefא, ce qui décale toute la suite,  et au Pendu correspond alors la 13e lettre, Mem (comme ci-dessus dans le jeu commandité par Crowley).

  Il serait absurde que Neila emploie des cartes dépareillées, et leurs correspondances avec les lettres hébraïques n'est pas évoquée, mais mon erreur de départ m'a conduit à représenter les arcanes majeurs de son premier tirage ainsi, en utilisant le tarot de Dali:
 

  Je suis souvent revenu sur les nombres 21-13, et ai colligé les coïncidences associées sur ce billet comptant à ce jour 138 cas, l'un d'eux étant que les lettres hébraïques 21-13 forment le mot SM, שמ, shem, "nom", désignation du nom sacré YHWH. 
  Or les lettres 16-7 des deux autres lames du tirage forment aussi un mot, OZ, עז, 'oz, "force". Ces deux mots sont associés dans le verset 18,10 des Proverbes, 
Le nom YHWH est une tour forte, le juste s'y réfugie et se trouve en sureté.
En hébreu:
מגדל־עז שם יהוה בו־ירוץ צדיק ונשגב׃
  Les 3 premiers mots sont migdal-'oz shem, "le Nom (YHWH) (est) une tour forte". L'arcane 16, La Maison-Dieu, est en anglais The Tower, "la tour"; elle est assimilée à la tour de Babel.
  Il est fascinant que ce tirage (hypothétique du fait de mon erreur) fasse apparaître les mots 'oz shem, consécutifs dans le verset des Proverbes, l'une des lames étant The Tower, "la tour", migdal.

  Après la double coïncidence MIGDAL-MANDEL de janvier, l'autre formidable coïncidence de 2023 est la découverte en juillet du mot צבי, ÇBY, tsevi, "cerf", dans un livre ouvert juste après avoir cherché en ligne des références au jeu atbash ÇBY-HSM, "cerf-le nom". 
  La seule référence accessible aux non-hébraïsants que j'avais trouvée était dans la biographie de Sabbataï Tsevi par Gershom Scholem. Tsevi suggérait qu'il était le nouveau Moïse, Moshe, MSH, car l'atbash de son nom était HSM, renversement de MSH.
  Il est difficile d'imaginer aujourd'hui l'ampleur des espoirs que Tsevi a suscités dans le monde juif du 17e siècle. Ses disciples clamaient qu'il allait remplacer le sultan de l'empire ottoman, ce qui provoqua son emprisonnement à la forteresse d'Abydos. Menacé d'être torturé et exécuté, il accepta de se convertir à l'Islam en 1666.
  A propos de son lieu de détention, Scholem écrit:
sa prison fut bientôt connue sous le nom de Migdal ’Oz, la « Tour fortifiée » en référence manifeste à Proverbes 18,10: « Le Nom du Seigneur est une tour fortifiée: le juste s’y réfugie et est hors d’atteinte ».
  J'ai déjà mentionné le fait dès ma première étude, en 2007, sur La mort et la boussole, où Borges associe une série de meurtres "articulant les lettres du Nom" (JHVH) aux bordels de Buenos Aires. Si l'expression les désignant, Zwi Migdal ("cerf de la tour"), nom du cartel mafieux les dirigeant, n'apparaît pas, elle était à l'époque immédiate pour les lecteurs (plus de 3000 bordels Zwi Migdal en Argentine dans les années 20). Le nom demeura après l'éradication du cartel, et je l'ai rencontré dans un roman brésilien récent, où les hommes vont au zwi migdal et commentent grivoisement l'expression.
  Zwi est une autre translittération de Tsevi, et Sabbataï Tsevi avait épousé une prostituée, d'où je m'étais demandé si ce n'était pas une piste pour l'étrange nom du cartel:
 En fait cette possibilité de lier l’origine du nom Zwi Migdal au courant sabbatianiste est ici secondaire, et je ne l’explorerai pas plus avant. Cependant, si ce lien n’existe pas, force est de constater qu’une coïncidence phénoménale aurait donné à un cartel essentiellement voué à la prostitution ce nom bizarre dont chaque élément peut évoquer l’hérésie sabbatianiste, dont un point scandaleux concerne la prostitution…
 Et force est encore de constater que la coïncidence devient encore plus phénoménale lorsque Borges, dont il est légitime de douter qu’il ait connu ces détails, associe les bordels à la prononciation du Tétragramme, la plus grande transgression accomplie par Sabbataï Tsevi.
 Le dictionnaire Borges en ligne rapporte que Podolsk, la ville dont vient le rabbin assassiné, a été au 16e le berceau du courant à partir duquel s’est développée l’hérésie de Sabbataï Tsevi.
  J'ai envisagé un temps de consacrer un blog à La mort et la boussole, et y ai renoncé tant le cas me déboussolait... Néanmoins il en a été souvent question sur Quaternité, notamment ces derniers temps, culminant avec les coïncidences migdal et tsevi (zwi) de janvier et juillet 2023.
  Les citer plus haut m'a conduit à m'apercevoir d'une formidable corrélation entre ces coïncidences. Les 11 et 16 janvier sont donc les dates des coïncidences migdal-mandel, et la relecture du billet de juillet sur Le maître des énigmes m'a fait constater que les deux étapes essentielles étaient aussi datées du 11 et du 16.
  Le 11, j'ai donc jeté pour la première fois un oeil sur Le maître des énigmes, téléchargé quelques jours plus tôt, juste après avoir (re)découvert que Tsevi appuyait son identification à Moïse par le jeu atbash ÇBY-HSM, puis le retournement HSM-MSH, HaShem-Moshe, "Le Nom-Moïse" (j'avais lu le livre de Scholem jadis).
  J'ai aussitôt découvert que l'énigme du roman était un cryptogramme kabbalistique, survolé l'intrigue pour parvenir à sa résolution, vu qu'elle concernait HaShem"Le Nom", YHWH, l'expression HaShem étant plusieurs fois mentionnée, avec notamment son renversement en "Moïse":
Par exemple, quand on retourne le nom de Moïse, en hébreu, on obtient HaShem, signe qu’il est le chemin et le vaisseau du vrai Nom.
  Ce jour et les suivants, j'ai lu en détail le livre et rédigé le billet. C'est juste le matin du 16, le jour où je l'ai achevé, que j'ai vu la possibilité de lire צבי, ÇBY, tsevi, au bas de la première version du cryptogramme, donnée en exergue au roman:


  11 et 16 janvier, 11 et 16 juillet, 6 mois plus tard. Ceci m'a convaincu de publier ce billet le 11 janvier, pour une première partie, et sa suite le 16, car le contenu s'est quelque peu étoffé depuis son démarrage.

  Je n'ai ainsi pas encore souligné que 'oz, "force", le mot formé par les lames 16 et 7, Maison-Dieu (ou Tour) et Chariot, est "auto-atbash", c'est-à-dire que l'atbash de OZ est ZO, son renversement. Parmi les 8674 mots recensés par Strong dans la Bible, moins d'une trentaine ont cette propriété.
  Les mots migdal et 'oz ont la même valeur, 77. Ce matin, 9 janvier, il m'a traversé l'esprit au réveil que ce nombre 77 était une référence pour l'un des trois noms marquants de la bibliographie découverte le 11 janvier 2023.
  C'était une erreur, mais après Mandel et Migdall aux rangs 61 et 67 vient Cerf en 70:

 
  Je n'avais pas ce nom sur la demi-feuille utilisée comme marque-page, mais je l'avais trouvé ensuite en téléchargeant la thèse. C'était fabuleux de découvrir ce Cerf (tsevi, zwi) peu après Migdall, d'autant que sa position était erronée, la liste obéissant à l'ordre alphabétique.
  70 est la valeur de la lettre ע, O, 'Ayin, correspondant à la Maison-Dieu ou Tour du tarot. C'est l'initiale du mot עז, 'oz, "force", ainsi la "tour forte" de Pr 18,10 est ici associée au "cerf", tsevi, atbash de "Le Nom" (YHWH).

  Dans cette "tour forte" qu'est "le Nom", "le juste se réfugie". "juste", c'est צדיק, tsaddiq, la "justice" étant צדקה, tsedaqa, se trouvant être l'un des rares mots "auto-atbash" en hébreu, comme עז'oz, "force".
  Je ne suis pas familier du tarot, comme déjà dit, mais quelques réminiscences m'ont fait vérifier que La Force et La Justice sont deux arcanes majeurs. Sans grand risque, je crois pouvoir assurer qu'aucun autre verset biblique ne contient trois noms d'arcanes du tarot, et celui-ci ne compte que 8 mots.
  Je me suis encore souvenu que ces deux cartes avaient un rôle particulier dans le roman Sépulcre de Kate Moss, étudié ici. Elles ont une autre particularité: les numéros des lames correspondantes, 8 et 11, sont intervertis dans certains jeux.
   Aux lames 11 et 8 correspondent les lettres K et H, formant le mot כח, KH, koa'h, désignant aussi la "force".




  Si c'est une lecture erronée du tirage de Neila qui m'a conduit au verset Pr 18,10, la lecture correcte pourrait y mener également, mais je n'aurais probablement pas vu cette possibilité sans mon erreur de départ.
  Au Pendu, lame 12, que j'avais confondu avec La Mort, lame 13, correspond la 12e lettre Lamedל, parfois appelée la tour, car c'est la seule lettre possédant un jambage supérieur à la ligne d'écriture hébraïque.

  Au Mat, lame non numérotée, correspond la 21e lettre Shinש, de valeur 300, un nombre considéré comme "divin". Cette page française sur la lettre Lamed signale son identification à la "tour", et mentionne que 300 est la valeur de l'atbash de YHWH, MÇPÇ.
  Je rappelle ma découverte récente du mot "boussole" en hébreu, MÇPN, avec ses 3 premières lettres atbash de YHW, tandis que les 3 meurtres de La Mort et la boussole destinés à piéger Lönnrot sont supposés articuler ces mêmes lettres. Peut-être pourrait on renommer la nouvelle La Mort et le Mat (ou le déboussolé).

  Cette page en anglais donne 4 raisons de considérer la lettre Shin comme "divine":
- elle est visible sur l'étui de la mezouzah, au seuil de toute maison juive; elle y représente l'initiale du nom divin Shaddaï, et serait à ce titre la seule lettre représentant seule un nom divin;
- le rang 21 de Shin correspond à la valeur du nom divin sous lequel Dieu se révèle à Moïse, AHYH, ehyeh, "Je suis" (le Tétragramme YHWH peut se traduire "Il est");
- la valeur 300 de Shin correspond à la valeur de l'atbash de YHWH;
- c'est aussi la valeur développée de l'autre nom divin le plus usité, Elohim, en écrivant les lettres ALHYM selon les orthographes ALP-LMD-HY-YWD-MM (ce n'est qu'une possibilité, certaines lettres ayant diverses orthographes).

  Ainsi Mat = S = nom divin;
Pendu = L = tour;
Tour-Chariot = OZ = force;
  Tout y est, presque à la lettre, "le nom de Dieu est une tour forte".
  Les 4 lettres SLOZ ont pour valeur 407, valeur de AWT, 'ot, "lettre", "signe".

  Plus haut, ma tentation de renommer la nouvelle de Borges La Mort et le Mat était liée à mon obsession des nombres 13-21, rangs des deux lettres hébraïques auxquelles correspondent ces lames.
  Avoir évoqué le nom AHYH de valeur 21 me fait prendre conscience que les 3 lettres du Nom "articulées" pour piéger Lönnrot sont YHW de valeur 21 (en fait leurs équivalents JHV). La dernière lettre ne sera pas "articulée" puisque c'était une ruse de Red Scharlach.
  En anglais, Lönnrot a été fooled.  
  Le mat du tarot est donc apparenté à l'anglais mad, "fou", mais le persan mat signifie "mort", la mort du roi terminant la partie d'échecs.
  Dans L'adversaire de Queen, où une série de crimes est aussi commandée par le Tétragramme, le dernier chapitre est intitulé Echec et mat.
  De même que chez Borges, le 4meurtre est particulier (ici l'assassin échoue à tuer la dernière victime). 
  Chez Borges les morts sont aux sommets d'un losange, débutant par une tour et finissant par un mirador. Chez Queen les 4 cousins visés habitent les 4 demeures de York Square, chacune d'entre elles étant surmontée d'une tour.

  La page anglaise signalée plus haut lie les nombres 21 et 300 de Shin a une réelle curiosité, pouvant évoquer le tarot. 
  Chaque Tora (pentateuque) du monde juif actuel compte 304805 lettres, les rouleaux calligraphiés comme les éditions imprimées. Ceci vient de ce que toutes les Bibles sont calquées sur la Bible dite "de Berlin", imprimée à Brescia en 1494. Il n'existe que deux manuscrits complets antérieurs, les codex de Leningrad et Alep, offrant des dizaines de différences pour la seule Tora. Les manuscrits incomplets montrent d'autres différences, de plus en plus en remontant dans le temps.
  Ainsi l'existence revendiquée par les fondamentalistes d'un texte unique de la Tora est une pure croyance, sans parler de l'idée que ce soit le texte exact dicté par Dieu à Moïse...

  Ceci étant bien clair, le fait reste que le texte révéré comme sacré compte 304805 lettres. Les comptes exacts sont donnés ici pour chaque lettre, et la lettre P, פ, a 4805 occurrences. Ce qui fait que les autres 21 lettres ont exactement 300000 occurrences, 21 rang de Shin, 300000 mille fois sa valeur.

  L'auteur se livre ensuite à des bidouillages avec les différents nombres caractérisant la Tora, pour montrer que diverses constantes physiques et distances astrales seraient contenues avec une extrême précision dans ce divin texte, selon les unités anglo-saxonnes... Il est assez amusant qu'une suite d'opérations mène à une approximation de la vitesse de la lumière exprimée en miles par heure, alors que plus immédiatement l'approximation usuelle dans notre système métrique est 300000 km/s. La lettre Shin symbolise le feu, 'esh, la lumière...

  Une autre information de la page m'a été bien plus évocatrice. L'apprenti kabbaliste n'est pas déçu lorsqu'il aborde le premier verset de la Bible, et ç'avait été mon cas lorsque j'ai commencé mon étude en 1985. Ce verset a 7 mots et 28 lettres, triangulaire de 7, avec un partage 21+7 pouvant exprimer la création en 6 jours, (21 triangle de 6), et le repos du Shabbat. La valeur du verset est 2701, 37x73, triangle de 73, avec selon le même partage 
1998 + 703 = 3T(36) + T(37), cas particulier d'une règle gouvernant les triangulaires,
T(2n+1) = 3T(n) + T(n+1).
  J'ai été émerveillé lorsque j'ai découvert ces relations, naïvement alors empreint de lectures glorifiant les nombres triangulaires.
  Et puis j'ai appris que d'autres avaient calculé bien avant moi cette valeur du verset Gn 1,1, l'avaient identifiée au triangle de 73, et avaient vu d'autres harmonies (voir par exemple ici).
  Et puis je me suis rendu compte que ces harmonies ne pouvaient provenir des rédacteurs du texte, et relevaient plutôt de quelque chose comme la synchronicité jungienne.

  Donc, la nouvelle information, c'est qu'ajouter à ces 7 mots le mot suivant, le premier du verset Gn 1,2, mène à la valeur 3003 pour 33 lettres, triangle de 77. La page ne donne pas de raison à cet ajout, sinon le résultat, faisant écho à d'autres 3003 obtenus de façon acrobatique.
  Je vois pour ma part une possible justification. Dans mon édition de la Bible, comme dans mes deux éditions de la Genèse, la première ligne du texte compte ces 8 mots de valeur 3003.
 

  Je suppose qu'il en va de même pour de nombreuses éditions (mais ce n'est pas toujours le cas). La forme peut avoir son importance comme le fond, et j'ai signalé ici que ma Bible de 1951 est composée de 21 cahiers pour les 21 livres des Prophètes, et 13 pour les 13 livres des Hagiographes.
  Triangle de 77: je remarque l'écho avec la valeur de 'oz, "force", ou migdal, "tour" (pour 8 mots, et la lame 8 du tarot est dans certains jeux La Force). Le triangle de 73 pour les 7 mots de Gn 1,1 est volontiers rapporté à la valeur 73 de hokhma, "sagesse" (qui a 7 piliers).
  Les 33 lettres de valeur 3003 ont une moyenne exacte, 91 (triangle de 13).
  Une de mes découvertes, étudiée ici, cette fois peut-être inédite, touche les 16 patriarches postérieurs au Déluge, de Sem (SM, "nom") à Moïse (MSH, "le nom" renversé). Leurs 16 noms comptent 58 lettres, dont la valeur totale est multiple de 16 comme de 58. Cette double propriété apparaît de même dans les deux groupes obtenus en scindant l'ensemble en 13-3. Les 48 lettres des 13 noms de Sem à Lévi ont pour valeur
4368 = 13 fois 336 = 48 fois 91.
  Moyenne 91 donc comme pour les 33 premières lettres de la Tora. En achevant ce billet, au cours duquel j'ai décidé de répartir ce qui était prévu au départ sur deux billets publiés les 11 et 16, je me souviens qu'il était essentiel pour moi que
4368 soit 16 fois 273,
je vois que
3003 = 11 fois 273.

A bientôt donc...
  Juste après avoir fini ce billet , déjà titré, déjà dédié à Migdal et Oz, "tour" et "force", je m'aperçois en relisant que La Tour (ou Maison-Dieu) et La Force sont les lames 16 et 11 du tarot le plus usuel.