Aux natives de la St Bart
AS Byatt a donc écrit une tétralogie, parfois nommée Frederica, car elle est centrée sur Frederica Potter, qui a quelques traits communs avec Byatt, bien qu'elle soit née le 24 août 35 (alors que Byatt est née le 24 août 36).
La tétralogie, conçue comme telle dès le premier volet, est parue de 1978 à 2002, elle couvre les années 53 à 70, du début des études supérieures de Frederica à sa seconde grossesse.
J'avais lu jadis les tomes 1 et 4, avec assez d'attention pour me souvenir qu'il était question de la suite de Fibonacci dans le dernier. Je suppose que j'avais su alors que le tome 3 était La Tour de Babel, mais c'était bien avant mon renouveau d'intérêt via Jung, et je n'avais pas eu la curiosité d'approfondir.
J'avais lu jadis les tomes 1 et 4, avec assez d'attention pour me souvenir qu'il était question de la suite de Fibonacci dans le dernier. Je suppose que j'avais su alors que le tome 3 était La Tour de Babel, mais c'était bien avant mon renouveau d'intérêt via Jung, et je n'avais pas eu la curiosité d'approfondir.
J'ai lu ce troisième volet, et relu le quatrième, Une femme qui siffle. Ce sont dans ces deux livres qu'il est question de Fibonacci et du nombre d'or, qui intéressent 3 personnages distincts, parmi les plus importants de la tétralogie :
- Marcus Potter, le frère de Frederica, étudiant puis enseignant en maths.
- Gerard Wijnnobel, le président de l'université où enseigne Marcus.
- Luk Lysgaard-Peacock, prof de biologie dans cette même université, qui va être le père du second enfant de Frederica, et la tétralogie s'achève sur la probabilité d'un second mariage avec lui.
Trois personnages essentiels donc, tous trois nettement positifs, intéressés pour des raisons diverses par la suite de Fibonacci, ça me semble témoigner d'un intérêt personnel de Byatt pour la question, et il a effectivement existé une certaine mystique de la suite de Fibonacci dans les milieux universitaires britanniques après la guerre, inspirée par Alan Turing.
Turing était un mathématicien de génie, inventeur du premier ordinateur, principal responsable du déchiffrage des codes ennemis pendant la guerre, ce qui a donné un avantage décisif aux Alliés. Mais ceci est resté longtemps un secret militaire, si bien que le rôle crucial de Turing n'a été connu du grand public que longtemps après sa mort, en 1954, dans des circonstances infamantes inconcevables si ce rôle avait été connu.
A la fin de sa vie, Turing s'intéressait essentiellement à la morphogenèse dans la nature, et une question qui le taraudait était l'omniprésence de la suite de Fibonacci dans la phyllotaxie. De fait ce pouvait sembler fabuleux que les plantes connussent la suite de Fibo sur le bout des feuilles, d'autant que Fibonacci avait imaginé cette suite à partir d'un problème animal, la reproduction des lapins, mais cette question a été récemment en grande partie résolue, en termes de dynamique de croissance (il subsiste néanmoins des points d'interrogation, et l'angle d'or semble indépendamment inscrit dans le "programme" des plantes pour assurer l'ensoleillement optimal de leurs divers rameaux).
Quoi qu'il en soit, le mystère était total dans les années 50-70, et il était justifié de s'y intéresser, que ce fût ou non dans la lignée d'un des plus grands esprits du siècle dernier. Plusieurs des personnages de la tétralogie ont connu Turing, ainsi Wijnnobel a connu sa femme à Bletchley Park, le centre de décryptage dirigé par Turing, où elle faisait partie des décrypteurs qui, selon Byatt, étaient réceptifs au symbolisme des nombres et au monde platonicien des mathématiques pures.
Marcus Potter rapporte que Turing avait toujours sur lui des pommes de pin, pour y montrer l'omniprésence des Fibos (ainsi sur le cône ci-contre 21 marques blanches, correspondant aux pignons, apparaissent sur 13 écailles).
Luk Lysgaard-Peacock, spécialiste des escargots, suggère que la beauté spiralée de la tour de Babel soit due à la suite de Fibonacci.
- Marcus Potter, le frère de Frederica, étudiant puis enseignant en maths.
- Gerard Wijnnobel, le président de l'université où enseigne Marcus.
- Luk Lysgaard-Peacock, prof de biologie dans cette même université, qui va être le père du second enfant de Frederica, et la tétralogie s'achève sur la probabilité d'un second mariage avec lui.
Trois personnages essentiels donc, tous trois nettement positifs, intéressés pour des raisons diverses par la suite de Fibonacci, ça me semble témoigner d'un intérêt personnel de Byatt pour la question, et il a effectivement existé une certaine mystique de la suite de Fibonacci dans les milieux universitaires britanniques après la guerre, inspirée par Alan Turing.
Turing était un mathématicien de génie, inventeur du premier ordinateur, principal responsable du déchiffrage des codes ennemis pendant la guerre, ce qui a donné un avantage décisif aux Alliés. Mais ceci est resté longtemps un secret militaire, si bien que le rôle crucial de Turing n'a été connu du grand public que longtemps après sa mort, en 1954, dans des circonstances infamantes inconcevables si ce rôle avait été connu.
A la fin de sa vie, Turing s'intéressait essentiellement à la morphogenèse dans la nature, et une question qui le taraudait était l'omniprésence de la suite de Fibonacci dans la phyllotaxie. De fait ce pouvait sembler fabuleux que les plantes connussent la suite de Fibo sur le bout des feuilles, d'autant que Fibonacci avait imaginé cette suite à partir d'un problème animal, la reproduction des lapins, mais cette question a été récemment en grande partie résolue, en termes de dynamique de croissance (il subsiste néanmoins des points d'interrogation, et l'angle d'or semble indépendamment inscrit dans le "programme" des plantes pour assurer l'ensoleillement optimal de leurs divers rameaux).
Quoi qu'il en soit, le mystère était total dans les années 50-70, et il était justifié de s'y intéresser, que ce fût ou non dans la lignée d'un des plus grands esprits du siècle dernier. Plusieurs des personnages de la tétralogie ont connu Turing, ainsi Wijnnobel a connu sa femme à Bletchley Park, le centre de décryptage dirigé par Turing, où elle faisait partie des décrypteurs qui, selon Byatt, étaient réceptifs au symbolisme des nombres et au monde platonicien des mathématiques pures.
Marcus Potter rapporte que Turing avait toujours sur lui des pommes de pin, pour y montrer l'omniprésence des Fibos (ainsi sur le cône ci-contre 21 marques blanches, correspondant aux pignons, apparaissent sur 13 écailles).
Luk Lysgaard-Peacock, spécialiste des escargots, suggère que la beauté spiralée de la tour de Babel soit due à la suite de Fibonacci.
On ne s'étonnera pas que je me sois attaché à l'architecture de la tétralogie, soit au nombre de chapitres de chaque volume :
- Prologue + 44
- Prologue + 33
- 21
- 27
Sans compter les prologues, il y a possibilité d'avoir deux couples dorés, soit 21/33 et 27/44, qui pourraient donner une lecture spiralée, à partir des 21 chapitres de La tour de Babel, qui est précisément le volet où apparaît la spirale de Fibonacci. Soit dit au passage que les chapitres sont d'inégale longueur, et que malgré ses 21 chapitres La tour de Babel est le livre le plus long de la tétralogie.
48/77, les deux livres où il est question de Fibonacci par rapport aux deux autres, correspond à un rapport doré particulièrement étudié sur le billet NDE & NDO.
En comptant les prologues, les rapports deviennent 21/34 et 27/45 = 3/5, soit deux rapports fibonacciens. Je n'en déduis rien, sachant que d'une part une intention dorée peut mener à un résultat très approximatif (comme Le cuirassé Potemkine), d'autre part une absence d'intention peut en revanche donner lieu à l'architecture la plus précise dont on puisse rêver (comme la collection Baleine).
Si pour ma part j'avais conçu une oeuvre fibonacienne en 21 chapitres, j'aurais eu à coeur d'y offrir une claire césure en 13+8. Le principal sujet de La tour de Babel est le livre La tour du Babil (Babbletower), écrit par un ami de Frederica, attaqué à sa parution pour obscénité, comme le fut L'amant de lady Chatterley. Comme de nombreux et parfois longs extraits de ce roman dans le roman sont donnés, je me suis demandé s'il ne fallait pas chercher de ce côté, et ai dénombré 9 extraits répartis dans 7 chapitres. Ni 8 ni 13 donc, mais une curiosité dans le chapitre 20 entièrement consacré au procès de La tour du Babil, où il n'est donc question que du roman, mais le juge décrète qu'aucune des parties n'aura le droit de faire des citations directes du roman, que chaque juré devra lire en entier. Il n'y a donc aucun extrait de La tour du Babil dans ce chapitre, mais quantité d'allusions à son contenu, ce qui pourrait être une manière retorse d'indiquer que ce chapitre devrait sans cette interdiction être joint aux 7 autres contenant des citations...
Au niveau métatextuel, le chapitre 4 offre 4 critiques par Frederica de romans imaginaires, probablement calqués sur des oeuvres réelles que je suis bien incapable d'identifier. Un seul trouve grâce à ses yeux, Le pain quotidien de Phyllis K. Pratt, décrivant la vie de la famille du révérend Evelyn Crump, de sa femme Peggy et de leurs 13 enfants. Ce nombre élevé n'aurait-il pas été choisi pour sa fibonitude ?
Voici ce qui m'a semblé pouvoir concerner Fibonacci dans La tour de Babel. Mon récent séjour à Paris m'a aussi permis de lire un roman de John Fowles que Wikipédia m'avait appris mentionner la suite de Fibonacci, La créature (A Maggot, 1985).
C'est un texte extrêmement déconcertant, qui m'a passionné malgré ma défiance envers les romans historiques. Il se présente comme une enquête sur une mystérieuse expédition qui a réuni en avril 1736 Bartholomew, le fils d'un duc, Dick, son valet sourd-muet, et 3 personnes engagées par Bart pour jouer un rôle dans l'expédition, un acteur professionnel, un traîne-savate et une prostituée, Rebecca.
Dick a été retrouvé pendu, Bart a disparu, les témoignages des 3 autres mènent à une inquiétante fantasmagorie (c'est le sens figuré de maggot, "délire", qui au sens propre signifie "asticot"), surtout celui de Rebecca qui a accompagné Bart jusqu'à un étrange rendez-vous dans une grotte près de Stonehenge, une grotte abritant quelque chose qu'elle compare à un asticot géant (maggot), de 20 pieds de long.
Il y a des gens dans ce maggot, étrangement vêtus. Le lecteur peut imaginer qu'il s'agit de voyageurs venus du futur, leur machine étant de toute manière trop grande pour avoir pu passer par l'entrée de la grotte, mais aucun éclaircissement ne sera fourni.
Rebecca s'est trouvée enceinte après l'expédition, et l'épilogue ajoute une couche de bizarrerie en décrétant que son enfant est Ann Lee, fondatrice du mouvement Shaker aux Etats-Unis, personne réelle qui est en fait née le 29 février 1736, soit avant l'expédition!
Et Fibonacci ? L'acteur rapporte une conversation qu'il a eue avec Bart, lequel lui a parlé de l'omniprésence de la suite 1-2-3-5-8-13-21 dans l'univers.
L'enquêteur l'a transmise à un réel mathématicien de Cambridge, Nicholas Saunderson, qui lui répond qu'il s'agit de la suite de Fibonacci, et qu'il avait eu l'occasion d'en parler avec Bart, qu'il a eu pour étudiant, et qui se serait montré un précurseur de la phyllotaxie qui passionnerait Turing, lequel étudierait et enseignerait également à Cambridge (et Bart semble homo, autre point commun avec Turing).
La version française offre une curiosité, car c'est page 211 qu'apparaît la suite de Fibonacci et la loi des proportions qui lui est associée, or le nom de ce réel mathématicien a pour valeur 211 et se partage selon cette même loi du nombre d'or:
NICHOLAS[81]81 SAUNDERSON130 [211]
La lettre de Saunderson est datée du 8 septembre 1736, 8 septembre qui m'est cher puisque c'est au matin du 8 septembre 08 ou 1er Absolu 136 du calendrier pataphysique qu'il m'est venu l'intuition du motif 4-1 de la vie de Jung autour du 4/4/44.
Ce 8 septembre peut aussi faire coïncidence dans le roman, car la réelle Ann Lee est morte le 8/9/1784, 89 ans avant la naissance de Jarry. Elle est née à Manchester, autre possibilité de lien avec Turing qui y a passé les dernières années de sa vie.
Je remarque au passage que la valeur de TURING est 89, 11e Fibonacci, qu'il partage avec d'autres noms de la légende dorée, comme SIMENON, SILLIMAN, ou SCHULZ...
Rebecca donne une précision inattendue dans son récit : les dimensions de la grotte seraient de "50 pieds sur un peu plus de 30"; la section d'or de 50 est 30.9. Elle est moins rigoureuse dans son évaluation du maggot, 10-12 pieds de large et 20 pieds de long, mais 12/20 est un rapport fibonaccien (3/5), le même que 30/50 donné pour la grotte, et il m'est difficile de croire à des hasards pour le but de cette expédition dont l'instigateur est persuadé de l'omniprésence de ces rapports dans l'espace et le temps (et 3 sur 5 des membres de l'expédition sont payés par Bart pour y jouer divers rôles).
Ceci me rappelle que, dans une de mes rares incursions dans le domaine de la fiction, j'ai imaginé une dalle sacrée au centre harmonique d'une grotte de proportions dorées. Claudine Chollet a fait de même dans son roman Le nombre d'or, avec une salle souterraine offrant à son entrée une dalle d'environ 60/100 cm...
A maggot s'achève sur une phrase à mon sens bien mal rendue en français:
Ce n'est pas fini, car une recherche sur GoogleBooks "Ann Lee" "logos" "maggot" donna 4 réponses, toutes concernant Fowles, la première d'entre elles étant une sélection d'essais de Byatt. Le titre de Fowles lui semble pouvoir définir toute une catégorie fictionnelle, des "larves" appelées à se magnifier par la métamorphose de la lecture... Elle se dit aussi profondément émue, au-delà des mots, par la façon dont Fowles a mené son intrigue, cette étrange expédition qui "bat la campagne", pour donner une expression polysémique française, et dont l'étrangeté ne cesse de croître lors de la progression du récit.
Byatt pouvait avoir des motifs personnels pour réagir à la lecture de A Maggot, paru la même année que le second volet de la tétralogie Frederica. Probablement savait-elle que la suite de Fibonacci serait présente dans les prochains volets, aussi je m'interroge sur ses sentiments devant ce Bartholomew adepte de la suite, alors qu'elle comme Frederica sont natives de la Saint-Barthélémy, ce qui était d'ailleurs évoqué explicitement dans le premier volet, La vierge dans le jardin (chapitre 38, St Bartholomew).
Le 3e volet, La tour de Babel, ne paraîtra qu'en 1996, 11 ans après Nature morte, et il est curieux que cette date soit associée à la tour de Babel biblique, mais selon le calendrier hébraïque, 3760 ans avant l'an 1996 grégorien.
C'est en effet en l'an 1996 de la Création que Dieu aurait anéanti la tour, selon la chronologie rabbinique du Seder Olam, établie au premier siècle de notre ère, encore considérée comme valide aujourd'hui par les fondamentalistes. Une investigation aurait aisément pu mener Byatt à cette date, qu'elle a aussi pu trouver dans un roman qu'elle a certainement lu, car c'est un incontournable de la fiction postmoderne, Cité de verre de Paul Auster (1985). Auster y imagine l'oeuvre fictive La nouvelle Babel (1690), où un certain Henry Dark aurait assimilé l'arrivée du Mayflower (en 1620) au Déluge biblique (an 1656 de la Création), et prévu l'évolution de New York en une nouvelle Babel 340 ans plus tard, soit en 1960.
Un exégète a pris cette thèse au sérieux, et le professeur Stillman enferme son fils en 1960 pour le préserver de Babel. Après quelques épisodes psychiatriques, Stillman est libéré en 1982, et un privé est chargé de le suivre lors de son retour à New York. Les déambulations erratiques du professeur peuvent faire penser à l'expédition de Bart dans A Maggot, publié la même année, et il se tisse un étrange réseau entre ces diverses oeuvres:
- en 1985 sont donc publiés Still life, le second volet de la tétralogie Frederica, A Maggot, enquête sur l'expédition menée par un adepte de Fibonacci, et City of Glass, enquête sur l'errance d'un obsédé de la tour de Babel, où sont imaginées plusieurs oeuvres doublement fictives sur cette tour, avec une équivalence envisagée entre l'an hébraïque 1996 de l'édification de la tour et l'an 1960 grégorien.
- en 1996 paraît Babel Tower, le troisième volet, avec un roman enchâssé, Babbletower, et l'idée que la beauté de la tour de Babel soit liée à la suite de Fibonacci. Si l'essentiel de l'action se passe en 1966, on y apprend que Frederica s'est mariée, et a eu un fils, Leo, né le 14 juillet 1960.
- ces 2e et 3e volets de la tétralogie ont 34 et 21 chapitres, nombres de Fibonacci (à la condition de comptabiliser le prologue de Still Life).
- Cité de verre, 13 chapitres, est le second roman de Paul Auster, qui avait d'abord publié Fausse balle, 21 chapitres. Toujours Fibonacci, et 34 (13+21) est la valeur du mot Babel en hébreu (comme de son renversement lebab, "coeur").
A Maggot se présente comme un ensemble de pièces de différentes natures, se prêtant mal à un dénombrement que je n'ai pas tenté quand j'avais le roman en mains.
C'est aussi en 1996 qu'a été publiée l'étude de Douady et Couder apportant une explication définitive aux spirales fibonacciennes du monde végétal.
Nicholas Saunderson était bien placé pour parler de Fibonacci, car il a été proche d'Abraham de Moivre, lequel a découvert le premier la formule de Binet, exprimant les nombres de Fibonacci en fonction des puissances du nombre d'or. Il m'a semblé utile de donner cette formule suivie de la formule de Maillet qui donne les nombres de Lucas, l'autre suite additive essentielle:
Fn = (φn – ψn) / (φ – ψ)
Ln = (φn + ψn) / (φ + ψ)
où φ et ψ (ou 1 – φ) sont les deux solutions de l'équation
x2 – x – 1 = 0
soit (1 + √5)/2 et (1 – √5)/2 ou 1.618... et – 0.618...
Les deux suites sont liées par
Ln = Fn-1 + Fn+1
Binet et Maillet... Je découvre dans le dictionnaire de Dauzat que Binet serait une aphérèse de Babinet, forme hypocoristique de Babel ! Quant à "maillet", je rappelle que Yahvé a utilisé Babel comme "marteau" selon l'oracle de Jérémie, et que ce sont les jeux atbash dans ce chapitre 51 qui m'ont conduit à faire intervenir l'hébreu dans mes investigations jungiennes, à partir du nom Haemmerli.
Si maintenant Babel et marteau sont associés aux suites de Fibonacci-Lucas, c'est bien que tout est dans tout et réciproquement, et c'est particulièrement vrai en hébreu où "tout" est KL, les deux lettres centrales de l'alphabet, couple atbash donc se transformant en LK, "pour toi".
Quelques points que je n'ai pu caser plus haut.
A propos des coïncidences Logos-Hylé, j'ai appris que Byatt avait commencé à Cambridge (où elle a étudié comme Alan et Bart) une thèse sur la fécondation de la Hylé par le Logos, qu'elle n'a pu mener à bien (probablement parce que comme Frederica elle est devenue mère assez jeune).
Le premier mari de Frederica se nomme Nigel Reiver, nom doré (47/77). N. Reiver est l'anagramme de Vernier (Hugo), que Perec, né le 7/3/1936 (5 mois avant Byatt) a imaginé dans Le voyage d'hiver être le précurseur caché de toute la littérature ultérieure, né le 3/7embre/1836. Ann Lee est née le 29 février 1736 selon le calendrier julien, toujours en usage en Angleterre jusqu'en 1752, correspondant au 11 mars grégorien. Je viens de recevoir le dernier Viridis Candela, la revue pataphysique, consacrée aux livres imaginaires; y sont citées les oeuvres de Hugo Vernier et de Henry Dark (La nouvelle Babel), et celles de Christabel La Motte et Randolph Henry Ash, imaginées par Byatt dans un autre roman, Possession.
Le second mari de Frederica sera probablement Luk Lysgaard-Peacock, c'est du moins sur ce nom que s'achève la tétralogie. Son nom double est doré, 87/54 qui correspond à Sigmund Freud, souvent mentionné dans la tétralogie (de même que Jung). Le rapport se simplifie en 29/18, nombres de Lucas. Je rappelle que c'est Lysgaard-Peacock qui associe la suite de Fibonacci à la tour de Babel. Luk et Lucas sont deux formes du même prénom, lié au latin lux, "lumière", répété dans le danois lys du nom du père de Luk.
C'est dans La tour de Babel qu'apparaît le fils de Frederica, Leo, "lion", et je rappelle les multiples échos entre "lion" et Babel, repris dans le récent billet sur Lieux-dits.
On peut trouver divers commentaires de la tétralogie de Byatt, en anglais, et même en français.
Note du 19/11/13 : L'apôtre Nathanaël ou Nathaniel de l'Evangile de Jean est identifié à Barthélémy, ce qui peut établir un lien entre cet imaginaire Bart amateur de Fibonacci (et Byatt native de la St Bart) et le réel Nathaniel (Daumal) du document fibonaccien.
- Prologue + 44
- Prologue + 33
- 21
- 27
Sans compter les prologues, il y a possibilité d'avoir deux couples dorés, soit 21/33 et 27/44, qui pourraient donner une lecture spiralée, à partir des 21 chapitres de La tour de Babel, qui est précisément le volet où apparaît la spirale de Fibonacci. Soit dit au passage que les chapitres sont d'inégale longueur, et que malgré ses 21 chapitres La tour de Babel est le livre le plus long de la tétralogie.
48/77, les deux livres où il est question de Fibonacci par rapport aux deux autres, correspond à un rapport doré particulièrement étudié sur le billet NDE & NDO.
En comptant les prologues, les rapports deviennent 21/34 et 27/45 = 3/5, soit deux rapports fibonacciens. Je n'en déduis rien, sachant que d'une part une intention dorée peut mener à un résultat très approximatif (comme Le cuirassé Potemkine), d'autre part une absence d'intention peut en revanche donner lieu à l'architecture la plus précise dont on puisse rêver (comme la collection Baleine).
Si pour ma part j'avais conçu une oeuvre fibonacienne en 21 chapitres, j'aurais eu à coeur d'y offrir une claire césure en 13+8. Le principal sujet de La tour de Babel est le livre La tour du Babil (Babbletower), écrit par un ami de Frederica, attaqué à sa parution pour obscénité, comme le fut L'amant de lady Chatterley. Comme de nombreux et parfois longs extraits de ce roman dans le roman sont donnés, je me suis demandé s'il ne fallait pas chercher de ce côté, et ai dénombré 9 extraits répartis dans 7 chapitres. Ni 8 ni 13 donc, mais une curiosité dans le chapitre 20 entièrement consacré au procès de La tour du Babil, où il n'est donc question que du roman, mais le juge décrète qu'aucune des parties n'aura le droit de faire des citations directes du roman, que chaque juré devra lire en entier. Il n'y a donc aucun extrait de La tour du Babil dans ce chapitre, mais quantité d'allusions à son contenu, ce qui pourrait être une manière retorse d'indiquer que ce chapitre devrait sans cette interdiction être joint aux 7 autres contenant des citations...
Au niveau métatextuel, le chapitre 4 offre 4 critiques par Frederica de romans imaginaires, probablement calqués sur des oeuvres réelles que je suis bien incapable d'identifier. Un seul trouve grâce à ses yeux, Le pain quotidien de Phyllis K. Pratt, décrivant la vie de la famille du révérend Evelyn Crump, de sa femme Peggy et de leurs 13 enfants. Ce nombre élevé n'aurait-il pas été choisi pour sa fibonitude ?
Voici ce qui m'a semblé pouvoir concerner Fibonacci dans La tour de Babel. Mon récent séjour à Paris m'a aussi permis de lire un roman de John Fowles que Wikipédia m'avait appris mentionner la suite de Fibonacci, La créature (A Maggot, 1985).
C'est un texte extrêmement déconcertant, qui m'a passionné malgré ma défiance envers les romans historiques. Il se présente comme une enquête sur une mystérieuse expédition qui a réuni en avril 1736 Bartholomew, le fils d'un duc, Dick, son valet sourd-muet, et 3 personnes engagées par Bart pour jouer un rôle dans l'expédition, un acteur professionnel, un traîne-savate et une prostituée, Rebecca.
Dick a été retrouvé pendu, Bart a disparu, les témoignages des 3 autres mènent à une inquiétante fantasmagorie (c'est le sens figuré de maggot, "délire", qui au sens propre signifie "asticot"), surtout celui de Rebecca qui a accompagné Bart jusqu'à un étrange rendez-vous dans une grotte près de Stonehenge, une grotte abritant quelque chose qu'elle compare à un asticot géant (maggot), de 20 pieds de long.
Il y a des gens dans ce maggot, étrangement vêtus. Le lecteur peut imaginer qu'il s'agit de voyageurs venus du futur, leur machine étant de toute manière trop grande pour avoir pu passer par l'entrée de la grotte, mais aucun éclaircissement ne sera fourni.
Rebecca s'est trouvée enceinte après l'expédition, et l'épilogue ajoute une couche de bizarrerie en décrétant que son enfant est Ann Lee, fondatrice du mouvement Shaker aux Etats-Unis, personne réelle qui est en fait née le 29 février 1736, soit avant l'expédition!
Et Fibonacci ? L'acteur rapporte une conversation qu'il a eue avec Bart, lequel lui a parlé de l'omniprésence de la suite 1-2-3-5-8-13-21 dans l'univers.
L'enquêteur l'a transmise à un réel mathématicien de Cambridge, Nicholas Saunderson, qui lui répond qu'il s'agit de la suite de Fibonacci, et qu'il avait eu l'occasion d'en parler avec Bart, qu'il a eu pour étudiant, et qui se serait montré un précurseur de la phyllotaxie qui passionnerait Turing, lequel étudierait et enseignerait également à Cambridge (et Bart semble homo, autre point commun avec Turing).
La version française offre une curiosité, car c'est page 211 qu'apparaît la suite de Fibonacci et la loi des proportions qui lui est associée, or le nom de ce réel mathématicien a pour valeur 211 et se partage selon cette même loi du nombre d'or:
NICHOLAS[81]81 SAUNDERSON130 [211]
La lettre de Saunderson est datée du 8 septembre 1736, 8 septembre qui m'est cher puisque c'est au matin du 8 septembre 08 ou 1er Absolu 136 du calendrier pataphysique qu'il m'est venu l'intuition du motif 4-1 de la vie de Jung autour du 4/4/44.
Ce 8 septembre peut aussi faire coïncidence dans le roman, car la réelle Ann Lee est morte le 8/9/1784, 89 ans avant la naissance de Jarry. Elle est née à Manchester, autre possibilité de lien avec Turing qui y a passé les dernières années de sa vie.
Je remarque au passage que la valeur de TURING est 89, 11e Fibonacci, qu'il partage avec d'autres noms de la légende dorée, comme SIMENON, SILLIMAN, ou SCHULZ...
Rebecca donne une précision inattendue dans son récit : les dimensions de la grotte seraient de "50 pieds sur un peu plus de 30"; la section d'or de 50 est 30.9. Elle est moins rigoureuse dans son évaluation du maggot, 10-12 pieds de large et 20 pieds de long, mais 12/20 est un rapport fibonaccien (3/5), le même que 30/50 donné pour la grotte, et il m'est difficile de croire à des hasards pour le but de cette expédition dont l'instigateur est persuadé de l'omniprésence de ces rapports dans l'espace et le temps (et 3 sur 5 des membres de l'expédition sont payés par Bart pour y jouer divers rôles).
Ceci me rappelle que, dans une de mes rares incursions dans le domaine de la fiction, j'ai imaginé une dalle sacrée au centre harmonique d'une grotte de proportions dorées. Claudine Chollet a fait de même dans son roman Le nombre d'or, avec une salle souterraine offrant à son entrée une dalle d'environ 60/100 cm...
A maggot s'achève sur une phrase à mon sens bien mal rendue en français:
I mourn not the outward form, but the lost spirit, courage and imagination of Mother Ann Lee's word, her Logos; its almost divine maggot.Je ne sais comment ce pourrait être traduit, vu la difficulté de trouver un équivalent à la polysémie de maggot, laquelle a peut-être été la première motivation du roman. Je déplore aussi l'absence dans la traduction française du mot Logos, un mot qui m'est cher à cause de plusieurs coïncidences Logos-Hylé.
Ce n'est pas fini, car une recherche sur GoogleBooks "Ann Lee" "logos" "maggot" donna 4 réponses, toutes concernant Fowles, la première d'entre elles étant une sélection d'essais de Byatt. Le titre de Fowles lui semble pouvoir définir toute une catégorie fictionnelle, des "larves" appelées à se magnifier par la métamorphose de la lecture... Elle se dit aussi profondément émue, au-delà des mots, par la façon dont Fowles a mené son intrigue, cette étrange expédition qui "bat la campagne", pour donner une expression polysémique française, et dont l'étrangeté ne cesse de croître lors de la progression du récit.
Byatt pouvait avoir des motifs personnels pour réagir à la lecture de A Maggot, paru la même année que le second volet de la tétralogie Frederica. Probablement savait-elle que la suite de Fibonacci serait présente dans les prochains volets, aussi je m'interroge sur ses sentiments devant ce Bartholomew adepte de la suite, alors qu'elle comme Frederica sont natives de la Saint-Barthélémy, ce qui était d'ailleurs évoqué explicitement dans le premier volet, La vierge dans le jardin (chapitre 38, St Bartholomew).
Le 3e volet, La tour de Babel, ne paraîtra qu'en 1996, 11 ans après Nature morte, et il est curieux que cette date soit associée à la tour de Babel biblique, mais selon le calendrier hébraïque, 3760 ans avant l'an 1996 grégorien.
C'est en effet en l'an 1996 de la Création que Dieu aurait anéanti la tour, selon la chronologie rabbinique du Seder Olam, établie au premier siècle de notre ère, encore considérée comme valide aujourd'hui par les fondamentalistes. Une investigation aurait aisément pu mener Byatt à cette date, qu'elle a aussi pu trouver dans un roman qu'elle a certainement lu, car c'est un incontournable de la fiction postmoderne, Cité de verre de Paul Auster (1985). Auster y imagine l'oeuvre fictive La nouvelle Babel (1690), où un certain Henry Dark aurait assimilé l'arrivée du Mayflower (en 1620) au Déluge biblique (an 1656 de la Création), et prévu l'évolution de New York en une nouvelle Babel 340 ans plus tard, soit en 1960.
Un exégète a pris cette thèse au sérieux, et le professeur Stillman enferme son fils en 1960 pour le préserver de Babel. Après quelques épisodes psychiatriques, Stillman est libéré en 1982, et un privé est chargé de le suivre lors de son retour à New York. Les déambulations erratiques du professeur peuvent faire penser à l'expédition de Bart dans A Maggot, publié la même année, et il se tisse un étrange réseau entre ces diverses oeuvres:
- en 1985 sont donc publiés Still life, le second volet de la tétralogie Frederica, A Maggot, enquête sur l'expédition menée par un adepte de Fibonacci, et City of Glass, enquête sur l'errance d'un obsédé de la tour de Babel, où sont imaginées plusieurs oeuvres doublement fictives sur cette tour, avec une équivalence envisagée entre l'an hébraïque 1996 de l'édification de la tour et l'an 1960 grégorien.
- en 1996 paraît Babel Tower, le troisième volet, avec un roman enchâssé, Babbletower, et l'idée que la beauté de la tour de Babel soit liée à la suite de Fibonacci. Si l'essentiel de l'action se passe en 1966, on y apprend que Frederica s'est mariée, et a eu un fils, Leo, né le 14 juillet 1960.
- ces 2e et 3e volets de la tétralogie ont 34 et 21 chapitres, nombres de Fibonacci (à la condition de comptabiliser le prologue de Still Life).
- Cité de verre, 13 chapitres, est le second roman de Paul Auster, qui avait d'abord publié Fausse balle, 21 chapitres. Toujours Fibonacci, et 34 (13+21) est la valeur du mot Babel en hébreu (comme de son renversement lebab, "coeur").
A Maggot se présente comme un ensemble de pièces de différentes natures, se prêtant mal à un dénombrement que je n'ai pas tenté quand j'avais le roman en mains.
C'est aussi en 1996 qu'a été publiée l'étude de Douady et Couder apportant une explication définitive aux spirales fibonacciennes du monde végétal.
Nicholas Saunderson était bien placé pour parler de Fibonacci, car il a été proche d'Abraham de Moivre, lequel a découvert le premier la formule de Binet, exprimant les nombres de Fibonacci en fonction des puissances du nombre d'or. Il m'a semblé utile de donner cette formule suivie de la formule de Maillet qui donne les nombres de Lucas, l'autre suite additive essentielle:
Fn = (φn – ψn) / (φ – ψ)
Ln = (φn + ψn) / (φ + ψ)
où φ et ψ (ou 1 – φ) sont les deux solutions de l'équation
x2 – x – 1 = 0
soit (1 + √5)/2 et (1 – √5)/2 ou 1.618... et – 0.618...
Les deux suites sont liées par
Ln = Fn-1 + Fn+1
Binet et Maillet... Je découvre dans le dictionnaire de Dauzat que Binet serait une aphérèse de Babinet, forme hypocoristique de Babel ! Quant à "maillet", je rappelle que Yahvé a utilisé Babel comme "marteau" selon l'oracle de Jérémie, et que ce sont les jeux atbash dans ce chapitre 51 qui m'ont conduit à faire intervenir l'hébreu dans mes investigations jungiennes, à partir du nom Haemmerli.
Si maintenant Babel et marteau sont associés aux suites de Fibonacci-Lucas, c'est bien que tout est dans tout et réciproquement, et c'est particulièrement vrai en hébreu où "tout" est KL, les deux lettres centrales de l'alphabet, couple atbash donc se transformant en LK, "pour toi".
Quelques points que je n'ai pu caser plus haut.
A propos des coïncidences Logos-Hylé, j'ai appris que Byatt avait commencé à Cambridge (où elle a étudié comme Alan et Bart) une thèse sur la fécondation de la Hylé par le Logos, qu'elle n'a pu mener à bien (probablement parce que comme Frederica elle est devenue mère assez jeune).
Le premier mari de Frederica se nomme Nigel Reiver, nom doré (47/77). N. Reiver est l'anagramme de Vernier (Hugo), que Perec, né le 7/3/1936 (5 mois avant Byatt) a imaginé dans Le voyage d'hiver être le précurseur caché de toute la littérature ultérieure, né le 3/7embre/1836. Ann Lee est née le 29 février 1736 selon le calendrier julien, toujours en usage en Angleterre jusqu'en 1752, correspondant au 11 mars grégorien. Je viens de recevoir le dernier Viridis Candela, la revue pataphysique, consacrée aux livres imaginaires; y sont citées les oeuvres de Hugo Vernier et de Henry Dark (La nouvelle Babel), et celles de Christabel La Motte et Randolph Henry Ash, imaginées par Byatt dans un autre roman, Possession.
Le second mari de Frederica sera probablement Luk Lysgaard-Peacock, c'est du moins sur ce nom que s'achève la tétralogie. Son nom double est doré, 87/54 qui correspond à Sigmund Freud, souvent mentionné dans la tétralogie (de même que Jung). Le rapport se simplifie en 29/18, nombres de Lucas. Je rappelle que c'est Lysgaard-Peacock qui associe la suite de Fibonacci à la tour de Babel. Luk et Lucas sont deux formes du même prénom, lié au latin lux, "lumière", répété dans le danois lys du nom du père de Luk.
C'est dans La tour de Babel qu'apparaît le fils de Frederica, Leo, "lion", et je rappelle les multiples échos entre "lion" et Babel, repris dans le récent billet sur Lieux-dits.
On peut trouver divers commentaires de la tétralogie de Byatt, en anglais, et même en français.
Note du 19/11/13 : L'apôtre Nathanaël ou Nathaniel de l'Evangile de Jean est identifié à Barthélémy, ce qui peut établir un lien entre cet imaginaire Bart amateur de Fibonacci (et Byatt native de la St Bart) et le réel Nathaniel (Daumal) du document fibonaccien.