11.3.21

quand les anagrammes claironnent


  Je ne me sens pas encore capable d'aborder le décès d'Anne, ma compagne depuis près de 44 ans, le 13 février dernier.

  Voici donc un court billet commençant par un roman paru en janvier, Memory d'Arnaud Delalande.
  Je l'ai acheté à cause du nom de la fliquette enquêtrice, Jeanne Ricoeur. Dans Révélations minuscules, en guise de préface, à la gloire de Jean Paulhan, le texte de Ricardou étudié notamment dans les deux précédents billets, Ricardou est supposé se nommer Jean Ricoeur, frère de Noëlle Riçoeur prétendue auteur du texte. Jean devient parfois Noël dans le récit, aussi Noëlle pourrait-elle symétriquement devenir Jeanne.
  Jeanne a 8 suspects, 8, nombre fétiche de Ricardou.
  Jeanne a un chat nommé Minus. Dans la langue verte, "chat" ou "chatte" est synonyme de "con"; il n'est pas rare de trouver des chats nommés Minus (pour minou, minet), mais je conjecture que le seul texte où "minus" équivaut à "con" est précisément Révélations minuscules... (voir Unir ça, début, centre, terme, j'adore).
  Ceci dit, je n'imagine pas que Delalande ait lu Ricardou.

  Jeanne Ricoeur enquête sur un crime commis dans une salle d'une clinique où étaient réunis 9 amnésiques antérogrades, c'est-à-dire des personnes dont la mémoire s'efface après quelques minutes. Ainsi la victime git au milieu de 8 témoins du crime, mais aucun n'en a de souvenir (sauf l'assassin qui est un faux amnésique).
  C'est lisible, mais ça manque de réel suspense.

  Dans ce thème en vogue des amnésiques antérogrades, j'ai particulièrement apprécié Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet, d'Antoine Bello (2010), où c'est le détective qui est amnésique!
  J'en ai parlé ici. Il y est question des "détectandes scripturaux", expression forgée par Annie Combes. J'ai appris il y a quelques jours qu'elle était l'épouse de Gilles Tronchet, éminent ricardolien. Lors de l'assemblée inaugurale du colloque Ricardou de 2019, j'ai eu droit à une place d'honneur à la tribune, celle de Gilles Tronchet qui avait été retardé.

  Il y a encore La mémoire fantôme de Thilliez (2007), où c'est l'assassin qui est amnésique, et qui joue sur le fait qu'il oubliera son crime...
  Dans d'autres romans, comme Avant d'aller dormir, de SJ Watson (2011), c'est la victime d'un complot qui est amnésique.
  Puisque j'ai rapproché ailleurs Thilliez de Le Tellier, je ne résiste pas au rappel d'un titre de ce dernier, Les amnésiques n'ont rien vécu d'inoubliable.

  Alors que j'étais en train de lire Memory, un hasard m'a fait passer à la petite médiathèque de Quinson, le seul jour de son ouverture. J'y ai trouvé un autre titre de Delalande, Les fables de sang (2009). C'est un polar historique, ce qui n'est guère à mon goût. Après la mort de Louis XV, un tueur élimine l'un après l'autre les agents du Secret du roi, en résonance avec dix fables de La Fontaine.
  Je n'ai pu m'y intéresser, mais ai repéré en feuilletant l'assassinat de madame de Boisrémy, le 4 avril 1775.

  J'avais ici un autre roman de Delalande, l'édition poche de 2009, achetée d'occasion à 3€10, de La lance de la destinée (2007). Une note de ma main au début montre que je l'ai lu, mais je pense qu'il s'agit plutôt d'une relecture avortée, parce que j'ai parlé sur Quaternité en avril 2009 d'une mini-série de même titre diffusée fin 2008, La lance de la destinée.
  Je pense donc que je l'avais emprunté en médiathèque à sa sortie, lu alors, et que, bien que non atteint d'amnésie antérograde, j'en avais oublié les détails lorsque j'ai vu la série, dont l'intrigue n'a apparemment rien à voir avec le roman, et le nom Delalande n'y apparaît pas au générique. J'imagine que le scénario en est si grotesque qu'il a tenu à ne pas être mentionné, ce qui n'a pas empêché son éditeur de rééditer le roman avec le bandeau ci-dessus.

  C'est que, bien qu'apparemment le seul point commun entre les deux intrigues soit la présence de la fameuse lance ayant transpercé le Christ, il y a quelques détails onomastiques très précis, dont un n'aurait pu m'échapper si j'avais achevé ma relecture de l'édition de poche.
  La série se passe à Paris en 2007, où l'archéologue Sofia Béranger est conduite par hasard sur la piste de la Lance, alors qu'elle est liée par sa naissance à une antique prophétie qui annonçait précisément pour l'année juive 5767, soit 2007, une lutte entre deux jumeaux pour s'approprier cette Lance aux pouvoirs magiques exceptionnels. Sofia ne sait pas qu'elle est née Rachel Lévy, fille du grand maître essénien David Lévy, traqué par la secte Axus Mundi. Le chef de la secte, Heinrich Engel, avait jadis réussi à coincer la famille Lévy dans le désert, s'était emparé du frère jumeau de Rachel, Joshua, et pensait avoir éliminé le reste de la famille. Engel a fait croire au petit Joshua qu'il était son fils, Erick, et l'a élevé en vue de l'accomplissement de la prophétie, en 2007.
  Lors de l'affrontement final entre les jumeaux, c'est la Lance qui choisit le camp du Bien, et qui vient entre les mains de Sofia-Rachel tandis que meurt Erick-Joshua.

  J'avais été choqué par l'expression Axus Mundi, sachant que l'axe du monde est indubitablement en latin axis mundi. Peut-être l'erreur est-elle volontaire, car il existe diverses associations humanitaires portant le nom Axis Mundi.
  Toujours est-il que, si j'avais achevé ma relecture du roman, je pense que je n'aurais pas manqué d'y remarquer que les méchants de l'histoire avaient aussi pour nom l'Axus Mundi, et que leur chef se nommait Ernst Heinrich (Heinrich Engel dans la série).
  L'histoire se passe en 2006, et il y a aussi une antique prophétie essénienne qui annonçait pour l'année juive 5766, soit 2006, la grande bataille entre le Bien et le Mal, à Armageddon, Megiddo, et en 2006 est découverte la Lance, à Megiddo. Les méchants d'Axus Mundi s'en emparent, et la transportent dans leur base du Sinaï. Le but d'Ernst Heinrich est d'extraire l'ADN du sang présent sur la Lance, et de créer un clone du Christ...
  L'agente secrète du pape Clément XVI, Judith Guillemarche, ne parvient pas à enrayer le projet, et une jeune vierge reçoit l'embryon né de ces manipulations le jour même prévu par la prophétie, alors que la base est investie par les autorités...
  Après quelques épisodes assez confus, la naissance sacrilège survient le 23 janvier 2007, et le bébé est confié à Judith, qui s'installe dans l'île de la Cité pour l'élever, sous le nom Isabelle Desmarais. Elle baptise l'enfant Elie.
  Ernst Heinrich est toujours vivant, et décidé à récupérer celui qu'il considère comme sa Création. Ceci peut suggérer que Delalande envisageait une suite à son roman, mais rien n'est venu à ce jour.

  Le point commun le plus immédiat est le groupe Axus Mundi, dirigé par Ernst Heinrich dans le roman, par Heinrich Engel dans la série.
  Il est étonnant que l'acteur incarnant Heinrich Engel soit Jürgen Heinrich, et plus encore que sa voix soit celle de Georges Claisse.
  Claisse est la voix régulière de Bruno Ganz, dont le rôle le plus connu est celui de l'ange Damiel dans Les ailes du désir (mais dans ce film c'est Ganz lui-même qui s'est doublé en français). J'ai parlé dans le billet L'ange de la médiathèque du roman L'effaceur, de Manon Torielli-Sarmejane, où deux personnages importants sont l'hôtelier Cassiel, un étrange individu qui paraît évoquer l'ange de Melencolia de Dürer, et l'inspecteur Claisse.
  J'ai aussitôt repéré que Claisse était l'anagramme de Cassiel, et mes premières investigations m'ont appris (ou rappelé) que Damiel et Cassiel étaient les noms des deux anges des Ailes du désir, et que Georges Claisse doublait habituellement Bruno Ganz.

  Je n'étais pas au bout de mes surprises. Si Damiel semble être inventé par Wenders (et Peter Handke, coscénariste), Cassiel est un ange connu précédemment, et son nom provient d'une corruption de l'ange de Saturne Cafsiel, corruption facile à comprendre vu la ressemblance entre les anciens "f" et "s".
  Toujours est-il que Cassiel ou Cafsiel transcrit l'hébreu קפציאל soit QPÇYAL, or cette forme QPÇYAL est elle-même une corruption de la forme primitive ÇPQYAL, avec un renversement de la racine ÇPQ en QPÇ. 

  D'autres billets concernent Cassiel qui s'est avéré une piste très riche, et c'est ce nom qui m'a d'ailleurs conduit au mafieux Scalesi, exacte anagramme, puis à l'auteur Laurent Scalese, objet d'un récent billet.
  La dernière sidération, c'est donc que Claisse double l'acteur jouant Heinrich Engel, Engel signifiant "ange" en allemand.
  Et l'acteur est Jürgen Heinrich, lequel avait précisément un petit rôle dans Les ailes du désir (1987). C'est un acteur plutôt connu en Allemagne, essentiellement pour son rôle du commissaire Andreas Wolff dans les 174 épisodes de la série Wolff, police criminelle.

  Les noms Ernst Heinrich et Jürgen Heinrich conduisent facilement à réunir les prénoms pour former l'anagramme immédiate Ernst Jünger. Suivre la piste "vert-roux" initiée dans ma communication au colloque Ricardou de 2019 m'a conduit au texte de Jünger Rouge et vert, avec des coïncidences détaillées ici.
  Si diverses intrigues utilisent le thème de la Lance de Longinus, la relique christique la plus abondamment recherchée dans la fiction est assurément le Graal, le calice qui aurait recueilli la sang du Christ frappé par la Lance, le calisse écrivent les québécois, anagramme de Cassiel. J'étudie dans mon billet Le calisse qui tue deux romans sur ce thème.
  Ma communication ricardolienne portait sur Les lieux-dits, où la légende du Graal semble convoquée, avec le flacon vert d'un nommé Gallois contenant un liquide pourpre.

  Dans La quête du Graal, seul le Graal peut guérir le roi méhaignié, blessé un Vendredi saint par une lance. Recherchant des échos sur ce thème, ce 9 mars, je suis tombé sur cet article fort intéressant, soulignant les parallèles entre la légende arthurienne et celle de la Mesnie Hellequin, magnifiquement utilisée par Fred Vargas dans L'armée furieuse.
  L'auteure, Karine Ueltschi, remarque d'étranges similitudes entre trois noms
Le Roi Méhaignié en effet est appelé Roi Parlan, alors que son Père est le Roi Lambar ; et leur ennemi, c’est Varlan.
  Je me permets d'aller plus loin, en avançant que par-lan, lan-bar, var-lan, c'est du verlan avant l'heure, et en soulignant qu'il y a dans L'armée furieuse un personnage ayant poussé à son comble le verlan, Hippolyte Vendermot, lequel pratique en fait la zorglangue imaginée par Zorglub:
  J'en ai parlé ici, dans un billet débutant par quelques rappel sur le tserouf (l'anagramme en hébreu) chez Ricardou, lequel signait d'une patte d'oiseau, "oiseau" étant en hébreu l'anagramme de tserouf.
  Or il se trouve qu'en cherchant hier un roman de James Herbert, La lance (devinez de laquelle il s'agit), j'ai trouvé un livre que j'ignorais avoir, Le maître du jugement dernier de Leo Perutz (1923). Je pensais avoir déjà dit quelque part que perutz était aussi en hébreu l'anagramme de tserouf, mais je n'en trouve pas trace. J'attendais peut-être d'avoir quelque chose de plus à en dire, mais ma relecture du Judas de Léonard est restée en plan.

  Je le feuillette et découvre dès les premières pages qu'un personnage essentiel se nomme Waldemar Solgrub (S seul se prononce "z" en allemand). La requête "Solgrub" a aujourd'hui 9780 résultats sur Google. Ils concernent essentiellement le personnage de Perutz, les autres en dérivent probablement. Si c'était un réel patronyme, il y aurait bien plus de résultats.
  Dans L'Ombre du Z (1962), Franquin a imaginé Zorglub se présenter sous l'identité Zug Brol, et utiliser son invention, la zorglonde, pour forcer l'achat de ses produits, le dentifrice ZUGOL+BR, et le savon ZBUL GOR. Ceci a enchanté ma jeunesse, et m'a conduit à choisir comme alias de blogueur Blogruz.

  Il y a eu une adaptation TV du roman de Perutz, où Michael Degen interprète Solgrub. Degen a joué dans plusieurs épisodes de séries avec Jürgen Heinrich (le chef d'Axus Mundi, Heinrich Engel, auquel Georges Claisse prête sa voix). Il a aussi joué avec Otto Sander, l'ange Cassiel dans Les ailes du désir.

  Je ne sais si le cas Zorglub est la première occurrence d'anagrammes que j'ai rencontrée, l'anagramme étant une ficelle assez courante dans les fictions pour jeunes, mais la BD de Franquin m'a marqué, et j'ai plus tard acheté les albums concernés, souvent relus.
  La confrontation des Lances de la destinée m'a conduit à rappeler l'anagramme Claisse-Cassiel, à tiroir puisque est associée une anagramme au nom hébreu de l'ange Cassiel, et à forger par anagramme le nom d'Ernst Jünger, uniquement apparu sur Quaternité dans le prolongement de ma communication ricardolienne, intitulée Du très sage au très fou, du tressage au tserouf.
  Je devais découvrir plus tard que ce mot tserouf (צרופ), apparu par anagramme dans une nouvelle de Ricardou, était en hébreu l'anagramme de "oiseau" (צפור), alors que sa signature était une patte d'oiseau, et là encore il y a des rebonds.
  L'article liant la légende arthurienne et la Mesnie Hellequin me rappelle le personnage de Fred Vargas parlant la langue de Zorglub.
  Cherchant un livre sur la Lance que je sais avoir quelque part, je découvre un roman de Perutz que j'ignorais avoir, alors qu'il m'a paru récemment devoir m'intéresser à cet auteur dont le nom (פרוצ) est l'anagramme de tserouf, et un personnage important du roman se nomme Solgrub, presque anagramme de Zorglub.

Note du 12/3: La requête "solgrub" invite à se reporter à Saulgrub, petit village d'Allemagne proche de la frontière autrichienne (Perutz était autrichien). J'ai d'abord négligé le fait, mais çoeur dp m'a souligné que le roi Saül avait voulu tuer David avec sa lance (I Sam 18,11), insistant sur le fait qu'on a voulu faire coller la Passion avec divers prophéties ou événements de l'Ancien Testament; la lance ayant frappé le "Fils de David" ne serait-elle pas un écho à cet épisode troublant?
  Dans la série TV, c'est Joshua (Jésus), fils de David (Lévy), qui est finalement victime de la Lance.
  Ceci m'a par ailleurs rappelé que mon billet Missiles sol-saule étudiait la syllabe "sol-saul", avec des prolongements qui peuvent faire écho ici:
- Saüle est en allemand la "colonne", notamment la Siegessaüle de Berlin affectionnée par les anges de Wenders (Cassiel ci-contre);
-  les "saules" sont en latin salices, anagramme de Cassiel, et j'ai parlé à diverses reprises du psaume 136 ou 137 (de David), et de la "harpe sur les saules";
- le soleil, sol latin, est en vieux prussien saule.

 
  Sans l'avoir lu en détail, Le maître du jugement dernier semble intéressant. C'est le récit à la première personne du baron von Yosch, dont un proche, Eugene Bischoff, meurt dans d'étranges circonstances. D'autres morts étranges suivent, Solgrub enquête et meurt à son tour, laissant des indices amenant à la solution de l'affaire: le responsable serait une drogue éveillant une pulsion suicidaire. 
  Une note de l'éditeur révèle que, si le récit de la première mort est exact, tout ce qui suit est une totale affabulation, et von Yosch a été jugé coupable par un tribunal d'honneur d'avoir conduit Bischoff au suicide.
  Cette histoire de narrateur coupable peut faire penser au roman qui a fait le succès d'Agatha Christie, Le meurtre de Roger Ackroyd, trois ans plus tard.
  Il faut tout de même rappeler, avec Paul Gayot dans Lupin premier, que Leblanc semble avoir inauguré le thème du narrateur coupable, avec la première aventure du gentleman en 1905, L'arrestation d'Arsène Lupin.
 
  Après ces détours vertigineux, je reviens à quelques points secondaires des Lances de la destinée.
  Dans le roman, la seule date donnée est le 23 janvier 2007, naissance d'Elie, porteur de l'ADN du Christ. Si l'on respecte les 9 mois traditionnels, ceci daterait la "conception" du 23 avril précédent. Pâques tombait le 16 avril en 2006, en conséquence le 23 avril est la fête de la Quasimodo, depuis peu (2000) le Dimanche de la divine Miséricorde.
  Il se passe bien des choses avant cette insémination, presque tout le roman en fait, et je n'ai pas le courage de le reprendre pour voir s'il est possible d'en faire une chronologie précise. Et si la découverte de la Lance avait eu lieu le Vendredi saint?

  Je n'aurais peut-être pas parlé de la série si les principaux Esséniens ne s'étaient nommés David Lévy et Nathan Cohen. Frederic Dannay, le Queen principal, a été déclaré à l'état civil sous le nom de David Nathan. Il a conçu en 1964 Et le huitième jour..., où il fait revivre une communauté essénienne, Quenan, dans le désert du Nevada. C'est l'un des romans qui couvre exactement une semaine pascale.

  Les héroïnes du roman et de la série sont donc Judith et Rachel, vivant ensuite toutes deux dans l'île de la Cité, sous les noms d'Isabelle et Sofia. Judith et Rachel sont aussi les reines rouges des cartes à jouer, les dames de coeur et de carreau. Les premiers Queen sont parus avec la reine de carreau en couverture.
  Ceci dit, je suis loin d'être certain que la complémentarité Judith-Rachel ait été calculée, cette subtilité semblant fort éloignée du niveau du scénario.

  Tiens, un personnage secondaire de la série est le docteur Delalande.

  Ce 310e billet de Quaternité peut trouver un écho dans le prix de mon exemplaire de La lance de la destinée, 310 centimes.
  Le nombre 310 m'a aussi rappelé un article paru il y a une trentaine d'années peut-être, dans Pour la science éventuellement, ou Jeux et stratégie. Il était intitulé Egalités numéro-littérales.
  Il y a ENL lorsqu'un nombre peut se décomposer en deux séries d'additions de nombres dont les écritures en toutes lettres sont les anagrammes l'une de l'autre. Un exemple connu est 13, qui en anglais donne
ONE + TWELVE = ELEVEN + TWO.
  L'auteur donnait comme plus petite possibilité en français le nombre 310, ce que je n'ai jamais oublié parce que 310 m'était alors important.
  J'ai cherché vainement en ligne le détail des décompositions, ce qui peut s'expliquer par le fait que l'assertion était fausse, et Eric Angelini (une vieille connaissance) a indubitablement trouvé mieux avec 238 se décomposant en
2+5+14+16+25+41+61+74 = 4+6+11+12+24+54+56+71
  Voici les écritures correspondantes, en deux séries de 70 lettres
DEUX CINQ QUATORZE SEIZE VINGT-CINQ QUARANTE-ET-UN SOIXANTE-ET-UN SOIXANTE-QUATORZE
QUATRE SIX ONZE DOUZE VINGT-QUATRE CINQUANTE-QUATRE CINQUANTE-SIX SOIXANTE-ET-ONZE

  Il n'est peut-être pas impossible de mieux faire, car la décomposition numérale ci-dessus obéit à une autre contrainte: c'est également une anagramme au niveau des chiffres.

  Nicolas Graner (une autre vieille connaissance, dont j'apprécie notamment ce carré doublement alphamagique) nomme ces décompositions des anagraals...

  Le titre de ce 310e billet a pour valeur 310. Parmi bien des possibilités de verbe de valeur 125 (décervellent, pleuvaient, s'engendrent...), j'ai choisi "claironnent" qui offre l'anagramme "lancineront".