17.1.21

du fou, du très fou, du Ricardou

 
  Le billet précédent m'a conduit à une découverte importante concernant Révélations minuscules, en guise de préface, à la gloire de Jean Paulhan, le texte accompagnant l'édition en 1988 de deux volumes de nouvelles de Jean Ricardou, La cathédrale de Sens et Révolutions minuscules, reprise d'un recueil de 1971. Ce texte totalement inédit ouvre le second volume, et un autre inédit ouvre le premier, Le lapsus circulaire, suivi de 6 autres nouvelles parues après 1971.
  Révélations minuscules est constitué de 328 phrases en italique corps 13, écrites en symétricologie, procédé dont la règle première est un écho entre le premier mot de la phrase et le dernier, écho qui peut avoir maintes formes. Il peut y avoir aussi des échos entre mots ou expressions équidistants des deux bords, et une attention particulière est souvent donnée au centre de la phrase.
  Certaines phrases dépassent 200 mots (jusqu'à 285), et elles sont souvent si tarabiscotées que j'imagine que peu de lecteurs se soient lancés dans le décodage du texte, ce qui pourtant amène vite des gratifications.

  La complexité est déjà inouïe sans se hasarder au décodage. Le texte est présenté comme écrit par Noëlle Riçoeur, soeur de l'écrivain, dit décédé, sa plus grande partie étant constituée de dialogues avec sa soeur, au passé. On y saute à maintes reprises du coq à l'âne, souvenirs des parties de pétanque organisées par Jean Paulhan, rapports de Jean avec sa "soeur", basés sur une réalité qui ne concerne guère le lecteur lambda, théorisation de la symétricologie, laquelle aurait eu de grands précurseurs, Roussel bien sûr, avec ses textes-genèse, mais aussi Mallarmé, Valéry.
  Il est en outre suggéré des liens avec l'autre inédit, Le lapsus circulaire, où Ricardou imagine être le fils caché du poète Paul Ryvéla, utilisant parfois la symétricologie, et avec L'art du X, dernier texte du volume débutant par Le lapsus circulaire. Il y a un lien fort entre ces deux textes, avec l'exergue pratiquement identique, et Ricardou précise dans Révélations minuscules que l'écho immédiat entre les nouvelles initiale et finale de Révolutions minuscules, Jeu et Autobiographie, a d'autres niveaux.
  Si Jeu débute par "Je" et finit par "jeu", Autobiographie met en jeu les lettres ou sons I et O au premier plan dans La prise/prose de Constantinople, avec d'une part le titre, Au...ie, d'autre part le début du texte, "Infiniment", et sa fin (contraire d'infini), "pattes d'oiseaux".
  Ricardou révèle aussi dans Révélations minuscules que sa signature est une patte d'oiseau, parce que l'oiseau est un "porte-plume", et livre l'info que les lettres I-O sont équidistantes des bords dans son patronyme. De nombreuses phrases de Révélations minuscules ont des résonances non seulement I-O ou O-I, mais encore Y-O, OU-I...

  Bref, Révélations minuscules se situe au centre de deux ensembles de nouvelles offrant chacun des résonances entre les nouvelles bornant ces ensembles, et chaque nouvelle a elle-même ses propres résonances; Le lapsus circulaire débute par "Révé..." et finit par "Réve..." tandis que L'art du X débute et finit par "X".
  Révélations minuscules au centre de 4 nouvelles couplées deux à deux, c'est encore un X, un chiasme, une quintessence.

  Il est loisible de se demander si Ricardou n'aurait pas illustré ici, par ces textes symétricologiques encadrant L'art du X, ce qu'il disait du mot "texte" dans  Le Théâtre des métamorphoses, Seuil, Collection Fiction & Cie, Paris, 1982, p. 52.
  C’est en ce qu’il se compose, ainsi, par l’enchevêtrement de toutes manières de communications internes, qu’il mérite, à double titre, le curieux nom de texte. D’une part, au niveau de l’être dont il impose l’idée, ce nom pense, et fort bien, le problème de l’entrelacement. Ce qui se concentre, ainsi, en son site, c’est, par l’extrême du rapport textile, sa signification de tissu. D’autre part, de nouveau, par les lettres dont il expose l’ordre, ce nom pousse, et fort loin, l’emblème de l’entrecroisement. Ce qui se situe, ici, en son centre, c’est la cruciale forme en X. Bref, des lignes qui se croisent. Ce qui le constitue, aussi, aux extrêmes, c’est la redite d’une syllabe, TE. Bref, des signes qui se citent.
  Si la complexité est déjà fabuleuse, s'aventurer plus avant dans les textes mène à d'autres sidérations. Je donnerai en fin de billet des liens vers mes précédentes découvertes, mais je reviens ici sur celle présentée maladroitement dans le précédent billet, car survenue pendant son écriture.

  C'est en fait quelque chose que j'ai vu très tôt. Ricardou soulignant dans Révélations minuscules l'importance que doit avoir la première phrase d'un texte, et décortiquant effectivement les 61 mots de sa première phrase, il m'a semblé que la dernière phrase était non moins importante, et je l'ai analysée.
  Elle s'achève sur "demi-mots, nus, mentalement."
qui répondent évidemment au premier mot de la première phrase du texte, "Monumentalement".
  Cette première phrase s'achève sur "demi-mot", qui dans l'analyse donnée ultérieurement compte pour un seul mot, ce qui permet de résoudre l'une des incertitudes dans le dénombrement des mots de la dernière phrase, et d'arriver à 226 mots, + éventuellement le symbole entre parenthèses.
  La moitié de 226 est 113, et les mots 112-113 de la phrase sont "j'en", ce qui fait illico penser à "Jean". Je me suis alors intéressé à la pénultième phrase, laquelle compte 183 mots, dont le mot central est le 92e, "coeur". Je rappelle que Ricardou est supposé se nommer "Jean Ricoeur" dans ce texte, peut-être parce que "coeur" évoque "centre", et c'est d'ailleurs ce sens qui s'impose dans la phrase en question.
  J'avais donc une signature patente "(Ri)coeur Jean" dans ces deux dernières phrases, dont les nombres de mots m'étaient évocateurs.
   183 et 226 sont les deux dernières mesures du ruban Modulor, instrument imaginé par Le Corbusier pour tracer les plans des édifices conçus selon ses normes, utilisant deux séries de mesures en rapport d'or, la série Rouge basée sur une taille humaine de 183 cm, ou 6 pieds (72 pouces), avec un nombril à 113 cm, et la série Bleue doublant les valeurs de la série Rouge.
  Je croyais avoir vu la lettre grecque phi, φ, symbole du nombre d'or, dans le graphisme entre parenthèses, mais Erica Freiberg, laquelle avait tapé à la machine le manuscrit de Ricardou, m'a appris qu'il s'agissait du symbole du deleatur, signifiant qu'un mot doit être supprimé.
  Je n'avais alors comme seul autre indice qu'une double phrase débutant par "Or" et finissant par "nombre.", car la symétricologie semble coupler certaines phrases, avec une résonance interne entre la fin de la première et le début de la seconde. J'en ai relevé 3 premiers cas dans Révélations minuscules (pages 11-13-23), où chaque fois les deux phrases forment un paragraphe.  Le cas "Or"-"nombre" est le 4e et dernier (page 73), mais les deux phrases concernées occupent chacune un paragraphe, et je n'étais pas certain que le couplage et ma lecture "nombre d'or" reflètent les intentions de Ricardou, tant la symétricologie semble admettre de variantes. D'autres cas de couplages, plus complexes, semblent présents dans Le lapsus circulaire.

  Plusieurs éléments dont j'ai eu récemment connaissance sont venus conforter ma première lecture. Dans un article de 1983, Ricardou disait avoir lu Le nombre d'or de Matila C. Ghyka (1931) avant l'écriture de ses premiers romans, et suggérait que la suite de Fibonacci avait pu inspirer leur écriture. Je doute de ce dernier point, mais l'important pour moi est que Ricardou connaissait nombre d'or et Fibonacci, et il m'a suffi de quelques questions à ceux qui l'ont connu pour apprendre qu'il en parlait souvent, et évoquait volontiers Le Corbusier et son Modulor.

  Il s'avère donc assez certain que ces deux dernières phrases, outre la signature "Jean Ricoeur", fassent allusion au Modulor et à phi, φ, le nombre d'or. Il y a moyen d'aller plus loin, à partir d'une autre indication donnée par Ricardou sur la composition de son texte. L'une des phrases analysées est dans un premier temps vue d'une certaine faiblesse, mais il en indique une autre approche en mettant à part les mots entre parenthèses, ces parenthèses jouant le rôle de balises dans la phrase.
  J'ai vainement essayé d'appliquer cette recette à d'autres phrases, jusqu'à ce qu'il me vienne l'idée de coupler les deux dernières phrases, qui, sans les passages entre parenthèses, comptent 167 et 166 mots, soit 333 mots en tout, un nombre qui pourrait caractériser la phrase symétricologique, idéalement basée sur un écho entre 3 éléments, début, centre, et fin.
  Le mot central parmi ces 333 serait "compte-rendu", dernier mot de la pénultième phrase, un mot immédiatement significatif puisqu'il évoque le "compte", et justement mon précédent billet m'amenait à la polysémie de l'expression "les gens qui comptent".
  Il me semble encore significatif que toutes les lettres de CENTRE soient dans "CompTE-RENdu". Plusieurs phrases de Ricardou disloquent les lettres du mot "centre", ou ses phonèmes, ainsi une phrase du Lapsus circulaire,
Sans le mot "soleil" qui, en ses lettres, les rapproche, "Ile", au début de la première phrase, et "sol", à la fin, ne sont-ils pas symétriques, au plus loin l'un de l'autre?
débute par "san" et finit par "tre". J'avais rapproché ceci d'un paragraphe, formé de deux phrases, débutant par "Rev", finissant par "ver.", dont le mot central était "terme". Je remarque aujourd'hui que ce paragraphe compte 111 mots, à peut-être rapprocher des 333 mots des deux dernières phrases de Révélations minuscules (sans les parenthèses).

  Si les 226 mots de la dernière phrase font bien allusion au Modulor, il faut peut-être regarder ce qui se passe selon le partage de 226 dans la série Bleue, en 86-140 (ou 140-86). Le 86e mot de cette phrase est "centre"...
  Rien d'aussi immédiat pour la phrase précédente (sinon que "centre" en est le 81e mot, et 81+86=167, rang de "compte-rendu" sans les parenthèses), alors je me suis intéressé aux autres phrases du texte dont les nombres de mots correspondent aux séries Rouge ou Bleue. Celle qui m'a paru la plus significative est la 113e phrase qui compte 70 mots. Je rappelle que selon Le Corbusier, l'homme idéal mesure 183 cm, répartis en 113 des pieds au nombril, et 70 du nombril au sommet du crâne.
  70 se partage en 27-43 selon la série Rouge, or le 27e mot de ces 70 est "juste". Les mots "juste" et "centre" apparaissent à plusieurs reprises au centre de diverses phrases de Ricardou, et on a même "juste centre" au centre exact des 200 mots de la phrase de la page 47, la plus longue de celles qui seront ensuite analysées, mais la version reprise pages 98-99-100 est légèrement différente, elle a 197 mots, de manière à ce que le mot "centre" y soit le 99e mot, page 99, en référence à la première parution d'une nouvelle de Ricardou dans la Nouvelle Revue Française, dans son numéro 99.

  D'autres phrases ont pour centres "midi" ou "méridional", avec parfois une référence explicite à l'origine provençale de Ricardou. Il ne fait guère de doute que ces "centre" "juste" "midi" trouvent leur origine dans le "Midi le juste" au 3e vers du Cimetière marin de Valéry, poème à la vocation numérologique assumée (24 strophes de 60 pieds). Dans Le lapsus circulaire, Ricardou donne 3 phrases de Paul Ryvéla (qu'on chercherait en vain dans l'oeuvre de Valéry), 3 phrases dont les centres sont "midi" "le" "central".
  Valéry a préfacé Le nombre d'or de Ghyka, et il est fort probable que Ricardou ait lu attentivement cette préface, où Valéry déplore qu'il n'y ait pas de phi en littérature.
  La préface de "Noëlle Riçoeur" serait-elle une tentative d'infirmer cette assertion?

  Bien d'autres phrases mériteraient d'être étudiées, mais j'en viens à un autre niveau, peut-être moins assuré, vertigineux quoi qu'il en soit.
  Les mesures de la série Bleue sont proches de la suite de Fibonacci, exprimée en pouces. Conséquemment, celles de la série Rouge correspondent à la suite de Fibonacci, exprimée en demi-pouces. Le Corbusier a fait une concession au système métrique en fixant son étalon Modulor à exactement 226 cm. Toutes les autres mesures, 54-86-140-366 dans la série Bleue, 27-43-70-183 dans la série Rouge, sont des approximations commodes, l'instrument Modulor fournissant les graduations exactes.
  La raison généralement invoquée pour ce choix est que 226 cm est très proche de 89 pouces (88,97... en fait), mais il est curieux que la numérologie du nom réel de Le Corbusier donne, avec A=1, B=2, etc.
CHARLES EDOUARD JEANNERET = 226.
  Le nom figurant sur sa carte d'identité est Charles Edouard Jeanneret-Gris, mais le patronyme est le plus souvent réduit à Jeanneret, et c'est cette forme que donnent le Larousse et de multiples autres sources.
    Je ne sais si Charles Edouard était conscient de cette adéquation avant son choix, ou après car il ne manque pas de numérologues amateurs qui exercent leurs talents sur les célébrités, et qui auraient pu lui communiquer cette trouvaille. Ce qui est en tout cas certain, c'est que Le Corbusier a d'abord envisagé un système basé sur une taille moyenne de 175 cm, ce qui était précisément sa taille...

  Il fallait être arithmo-maniaque pour se lancer dans une entreprise telle que Révélations minuscules, et Ricardou ne comptait pas seulement les phrases, les mots et les lettres. Le narrateur du Lapsus circulaire parvient à découvrir le numéro de téléphone d'une CREATURE à partir des rangs alphabétiques des lettres de ce mot.
  Un arithmo-maniaque est aisément amené à calculer le nombre correspondant à son nom, en additionnant ces rangs, et Ricardou, obsédé par les 8 lettres de son nom, serait ainsi parvenu à
RICARDOU = 89, nombre de Fibonacci qui aurait pu le combler puisque c'est aussi le cas de 8.
  Comme vu plus haut, les 226 cm du Modulor sont équivalents à 89 pouces, ainsi les 226 mots de la dernière phrase de Révélations minuscules, avec "j'en" au centre, peuvent ainsi équivaloir à "Ricardou" (comme d'ailleurs à "Ricoeur"), sans qu'une telle intention implique la connaissance que 226 était la valeur du nom du créateur du Modulor.

  Cette connaissance amènerait cependant une prodigieuse corrélation. Les 183 mots de la phrase précédente ont donc pour mot central le 92e, "coeur", or 92 est précisément la valeur de JEANNERET, et ce réel patronyme de l'architecte est un dérivé de "Jean". Ainsi chacune des deux phrases peut faire allusion aussi bien à Le Corbusier qu'aux nom et prénom Jean Ricardou (Ricoeur).

  Une intentionnalité effective pourrait rendre compte du choix des nombres 183 et 226 pour les dernières phrases, car un hommage au Modulor aurait pu être plus simple avec deux mesures en rapport d'or immédiat, 113 et 183 ou 140 et 226 par exemple. Mais les théoriciens du nombre d'or apprécient aussi le rapport phi/2, tel 183/226, que Sérusier nommait "double coupe d'or". Certains peintres favorisent pour cette raison le format courant de châssis 81x100.

  Au-delà des intentions il y a d'autres curiosités, ainsi les deux créateurs ont disparu dans les mêmes conditions, d'une crise cardiaque survenue pendant un bain en Méditerranée (le "milieu" des terres),
- Le Corbusier (l'coeur brisé ?) le 27 août 1965 à Roquebrune,
- Ricardou le 23 juillet 2016 à Cannes, à 40 km de Roquebrune.

  Tiens, toutes les lettres RICOEUR sont dans le pseudo leCORbUsIER, reste LEBS qui peut former l'allemand selb, "même". Le Corbusier serait Ricoeur-même?
  L'occitan (le méridional) bles signifie "qui zézaie". Le lapsus circulaire a précisément trait au zézaiement qui permet de passer de l'alexandrin, prétendument rêvé par Paul Ryvéla, 
Délaissez des lits qu'ornent, mots nus, mentalement,
à
Des laies et des licornes, monumentalement.
avec le "s blésé", l'expression apparaissant explicitement dans le texte, où perce l'implicite jeu "blessé-blésé". Si le lien avec les premier et derniers mots de Révélations minuscules est immédiat, j'avoue que la signification du distique me reste impénétrable.
Note: Erica Freiberg me donne quelques indications, à dénicher par une lecture attentive du texte. La marquise maîtresse du comte Paul Ryvéla a délaissé son lit, orné de licornes et de laies, pour coucher avec l'électricien Jean Ricardou senior. Elle a eu deux fils de ces deux unions, échangés pour d'obscures raisons.

  Tiens, toutes les lettres JEANRICARDOU sont dans le nom réel complet de l'architecte, et dans l'ordre si l'on écrit le nom d'abord, JEANneret-gRIs ChARles éDOUard, ce qui permet de construire des anagrammes, comme
Jean Ricardou, thésard en règles

   L'anglais offre plus de possibilités, avec par exemple
Jean Ricardou, heartless gender ("genre sans coeur")
Jean Ricardou, the lesser danger ("le danger moindre")
ou encore
Jean Ricardou, he's strange elder ("c'est un étrange aîné")
que j'apprécie particulièrement car Ricardou est pour moi un étrange précurseur, ayant utilisé avant moi des contraintes que j'imaginais avoir inventées...
 
  Précisément, la confirmation que mon hypothèse sur les dernières phrases de Révélations minuscules était pertinente m'a conduit à un autre dessillement.
  Ma dernière approche de L'art du X m'a fait découvrir que la dernière forme du sonnet pouvait admettre une quadruple césure dorée. Il me semblait tout à fait improbable que c'eût été intentionnel, mais ceci a été remis en cause par la découverte qu'au moment de la publication de L'art du X Ricardou suggérait dans Oui et non avoir utilisé la suite de Fibonacci pour certains de ses textes. Il n'était plus formellement exclu qu'une ou plusieurs des césures de L'ardu X soient voulues.
  Quoi qu'il en soit, j'avais signalé qu'écrire des sonnets à triple ou quadruple césure dorée m'était familier depuis 2002, mais j'avais oublié alors un cas particulier, le projet de mai 2006 d'écrire un sonnet basé sur les nombres du Modulor, et y faisant intervenir le nom Charles Edouard Jeanneret, car il y avait alors au moins un arithmo-maniaque qui avait calculé la gématrie de ce nom, bibi.

  Ceci a figuré 10 ans sur une page de mon site, mais a disparu lorsque SFR a supprimé les pages perso fin 2016. Je crois qu'on peut retrouver la page en question telle qu'elle était sur des sites qui, moyennant paiement, proposent d'accéder au Net tel qu'il était à n'importe quelle date, et ma page avant 2016 avait l'URL www.remi.schulz.club.fr/bach/zidane.htm. (Note: Gef me signale un site gratuit d'archives du web, où cette page est accessible ici.)
  Je ne m'y suis pas hasardé car j'ai tout de même stocké l'intégralité de mon ancien site, et j'ai remis en ligne cette page, sans en changer un iota, ici.
  Petit résumé pour les paresseux. En février 2006, un colistier de la liste Oulipo, Michel Clavel, fit remarquer les possibilités qu'offrait le nom Zinedine Zidane, 8 et 6 lettres, comme les quatrains et tercets d'un sonnet. Je composais aussitôt un sonnet isocèle avec acrostiche et télostiche. Une difficulté consistait à faire rimer "i" avec "e", et j'ai utilisé en leitmotiv le général sudiste Robert E. Lee.
  Une anagramme du "numéro 10", "Dînez en dizaine", a ranimé mon inspiration, et j'ai cette fois utilisé un pseudo de Georges Perec, George Bretzlee.
  Je me suis avisé que "Bretzlee George" était un nom doré, comme "Georges Perec", et ceci m'a inspiré pour un autre sonnet, avec ces noms en télostiche et acrostiche, et des césures dorées pour les espaces et les pieds.
  J'ai encore eu l'idée de composer 3 quatrains avec "Georges Perec" en télostiche et acrostiche, totalisant 510 espaces, valeur de φι (phi), avec des césures dorées pour les mots, les pieds, et les espaces.

  Ces 4 poèmes ont été publiés sur les listes Oulipo et Perec, mais j'ai eu une autre idée qui n'a été publiée que sur la page en question, dont voici maintenant la fin, sans rien y changer:

---
Enfin les dernières découvertes sur le Modulor m’ont fait imaginer un sonnet de 592 espaces, un nombre du Modulor se scindant en 366, le côté en cm du cabanon carré Modulor où Le Corbusier s’est retiré durant ses dernières années, et en 226, unité du Modulor et valeur même du vrai nom de son inventeur :
CHARLES EDOUARD   JEANNERET = 134 + 92 = 226

14 vers de 43 espaces font 602, 10 de trop que le total souhaité. Un petit miracle fait que, si ces 10 espaces tombent dans la seconde partie du sonnet, il est possible de placer les 14 lettres CHARLESEDOUARD en acrostiche, et au centre exact des vers les 9 lettres JEANNERET, en 22e position, si bien que la section d’or, 366, tombe sur le T de JEANNERET, marquant la fin du nom de valeur 226, T pouvant encore se lire Tau, également désignation de la section d’or (initiale du grec Tomê, « section »).
Les 10 espaces de trop pourraient dessiner grossièrement un bonhomme Modulor, bornant verticalement et horizontalement le T de JEANNERET.
Bretzlee George pourrait encore être un télostiche approprié. D’une part  les nombres 226 et 366 sont présents dans l’œuvre de Perec, d’autre part les valeurs 134 et 150 des acrostiche et télostiche me comblent.
134 est la valeur de Rémi Schulz, 150 celle de Rémy Schulz, mon nom selon l’état si vil.
Leur somme 284 peut se lire 28/4, jour où j’ai fait les découvertes relatées
ici.

Work in progress :
J’envisage des alexandrins qui par des jeux de diérèses permettraient d’arriver à 183 pieds totaux et 113 sur le T de Jeanneret.
Ce qui suit n’est qu’un assemblage de mots compatible avec les contraintes envisagées

Curieux tel un grand Jean débutant par un B
Hanté tel un grand poEte il vit son moduloR
Assurer l'harmonieux Accord d'un art plombE
Reçu d'un monde ancieN oraison du plus forT
Le corbusier sec scioN d'un nouvel alcatraZ
Enfermait la lumière En son carcan ponctueL
Sans la passion son gRaal simule l'épectasE
Exact et vain refus dE l'éviction virtuellE

Duo de lignes modulanT  leur frustré zigzaG
Ornements de liaison  fables en prose vaguE
Un noir espion mugit
   sa grogne à waterloO
Appelant en pompier
    l'azur l'azur l'azuR
Robespierre rechigne  à se jouer de ce jouG
Dépris de l'onction  à  reprendre la césurE

(voir plus loin si ça passe mal sur votre ordi)
70-43 mots = 113 unité du Modulor série rouge
113-70 pieds = 183 série rouge du Modulor
366-226 espaces = 592 série bleue du Modulor
305-188 lettres = 493, doré mais pas modulé
---

  S'il y avait au départ quelques efforts pour coller au sujet, la suite va à vau-l'eau, un vrai Waterloo, mais il s'agissait avant tout de montrer la faisabilité du projet.
  Le "grand Jean débutant par un B" est probablement Jean-Sébastien, car des recherches parallèles m'avaient mené aux résultats exposés sur la page Bach, le Modulor, et Perec, remise en ligne ici, mais plusieurs liens pointent vers des pages indisponibles (sur le site d'archives signalé par Gef, les liens fonctionnent, et permettent l'accès à tout mon ancien site).
  Encore rapidement, j'y constatais qu'un ensemble Prélude-Fugue très particulier du Clavier bien tempéré, le n° 14 du second cahier, était en 43-70 mesures, nombres de la série Rouge. Il y a 3 dièses à la clé, et la fugue à 3 voix est la seule à 3 sujets parmi les "48".
  Je distinguais 4 autres ensembles dorés, le n° 14 du premier cahier, en 24-40 mesures, le n° 24, en 47-76 mesures, et enfin les premiers ensembles des deux cahiers, pourvu de les coupler, donnant 69-110 mesures. Ces 4 menaient à 140-226, nombres de la série Bleue. Avec le 43-70, on a 183-296, nombres de la série Rouge.
  J'en "déduisais", ironiquement, que Bach était l'inventeur du Modulor...

  J'observe aujourd'hui quelques échos entre les deux cahiers du Clavier bien tempéré et les deux recueils de Ricardou de 1988.
- 48 est un nombre fétiche de Ricardou.
- Les ensembles les plus indubitablement dorés sont les n° 14 de chaque cahier, 14 étant le nombre de BACH (2+1+3+8).
- Les autres ensembles concernés sont le premier et le dernier du premier cahier, le premier du second cahier. Il est plus remarquable encore que, en considérant les totaux pour chaque tonalité (voir ici), les deux cahiers confondus, on trouve des rapports dorés entre C et h, première et dernière tonalités (179-289), entre c et H, seconde et pénultième (125-203), et entre a et b, les tonalités BACH manquantes (175-283). Additionner les 3 mène à 479-775, nombres de la série Rouge.

  Je quitte Bach en rappelant que je n'imagine guère d'intentionnalité dans ces harmonies dorées. Je reviens à un point de ma présentation du sonnet Modulor, mon ravissement devant les valeurs de l'acrostiche et du télostiche, 134 et 150, valeurs de mon nom d'auteur, Rémi Schulz, et de mon nom selon l'état civil, Rémy Schulz.
  Je m'extasiais aussi de leur somme, 284, lue 28/4, pour le 28 avril de mes découvertes bachiennes, et je m'émerveille aujourd'hui que 284 soit le nombre des phrases de 12 mots de L'art du X, un nombre peut-être choisi, 2-4-8 étant des nombres fétiches pour Ricardou. Je rappelle que les "mots de passe" de 118 de ces phrases codent pour le sonnet aux 4 césures d'or.

  A partir de décembre 2006, où Gef a mis en ligne le Gématron, j'ai composé plusieurs sonnets à quadruple césure d'or (pieds, mots, lettres, gématries), essentiellement des anagrammes du sonnet Vocalisations de Perec, me fascinant pour diverses raisons, sa valeur 6272 notamment, multiple de son nombre de mots, et m'évoquant
ARSENE LUPIN = 62 72,
l'oeuvre de Maurice Leblanc m'étant essentielle.
  Lorsque j'ai vu que "compte-rendu" était le centre des 333 mots des 2 dernières phrases de Révélations minuscules, parenthèses écartées, je me suis intéressé à ce mot, et
COMPTE-RENDU = 72 62.
  Ce mot composé en 6-5 lettres contient toutes les lettres CENTRE, et ce mot a pour valeur
CENTRE = 65.
  Le nombre 65 m'est évocateur, en rapport avec le centre, mais ce sera pour un prochain billet. 

  Le Gématron, couplé avec Anagram Artist de Mike Keith, aide grandement à la composition d'harmonies gématriques, et j'ai retravaillé le sonnet Modulor pour obtenir un équilibre gématrique pour ses deux parties. Il n'a fallu que quelques minutes pour obtenir ceci, en changeant 18 mots:

Capable tel ce grand Jean débutant par un B
Hanté tel ce grand poEte il vit son moduloR
Agencer le favorable Accord d'un art plombE
Reçu d'un monde ancieN oraison du plus forT
Le corbusier sec scioN d'un faraud alcatraZ
Enfermait la lumière En son carcan ponctueL
Sans la passion son gRaal simule l'épectasE
Exact et vain refus dE la diction factuellE

Duo de lignes modulanT  leur affable zigzaG
Orgasmes de négation  fables en prose vaguE
Un fol aviné caguait
   sa grogne à waterloO
Appelant en pompier
    l'azur l'azur l'azuR
Ricardou ne rechigne  à babiller de ce jouG
Dépris de l'onction  à  fabriquer la césurE


70-43 mots = 113 unité du Modulor série rouge
113-70 pieds = 183 série rouge du Modulor
366-226 espaces = 592 série bleue du Modulor
305-188 lettres = 493, doré mais pas modulé
gématries 3283-2029 = 5312 série rouge du Modulor
(ou du moins de la série additive basée sur 70-113, numéro 22136 de l'OEIS)
On peut y ajouter aussi le télostiche
BRETZLEE GEORGE, 93-57 = 150
  Il paraît que le sonnet Modulor ne passe pas correctement sur tous les ordis, alors le voici sous forme image:

  J'ai oublié ici le principe des alexandrins modulables en 13 ou 14 pieds par diérèse, et plusieurs vers  comptent obligatoirement 13 pieds. J'ai pu introduire Ricardou, sans que le sens s'éclaircisse sensiblement, mais la clarté n'est pas toujours prioritaire dans l'oeuvre ricardolienne...
Note: je m'avise que la coupure des majuscules de l'acrostiche tombe entre ED et OUARD. Le chef de la Légion Solaire dans La prise de Constantinople est Ed. Word, tandis qu'un des personnages des autres séries de 8 donnant l'acrostiche ISABELLE est Edouard. Les lieux-dits est par ailleurs dédié "à Ed. Word".
Je rappelle qu'une des césures dorées du sonnet L'ardu X concerne l'acrostiche, en majuscules avec 21 lettres pour les 9 premiers vers, 13 pour les 5 derniers.


  La publication du précédent billet le 31/12 était prévue depuis longtemps, en dehors de tout contenu, et ce n'est qu'en cours d'écriture que m'est venue la confirmation que les 226 mots de la dernière phrase de Révélations minuscules faisaient écho au Modulor.
  Or le 31/12 est le 366e jour d'une année bissextile, 366 mesure suivant 226 dans la série Bleue. Je ne résiste pas à reprendre une belle trouvaille: le 226e jour d'une année bissextile est le 13/8, or
TREIZE AOUT = 83+57 = 140, avec 140+226 = 366.

  Je publie ce billet le 17/1 en me souvenant que le partage doré de 171 en 65-106  m'a été essentiel. 65 est donc la valeur de CENTRE, et je terminai ce billet de décembre 2019 ainsi:
  Dans le premier billet où j'avais mentionné ce cas, Puzzle échevelé en 2012, j'avais donné quelques paires de mots de valeurs 65-106, notamment "centre encrypté", ignorant que Ricardou avait créé sa symétricologie, consistant à encrypter au centre d'une phrase un mot en résonance avec les termes initial et final.
  J"avais souligné cet exemple en 2012 car toutes les lettres CENTRE sont dans ENCRypTE, et je donne aujourd'hui quelques autres mots intéressants de valeur 106 contenant les lettres CENTRE:
- THEORICIEN, Ricardou étant souvent d'abord vu comme un théoricien;
- CRETINERIE, sans commentaire;
- DECONCENTRE ou son anagramme DECONNECTER, pour la syllabe CON qui joue un rôle important dans le texte;
- ACCELERATION, parce que c'est un mot de 12 lettres.

  Voici maintenant comme promis des liens vers les billets traitant de ces différents textes:
- Sa révélation majuscule, première approche de Révélations minuscules;
- Phidèles rectiphications, où je donne ses deux dernières phrases sous forme symétricologique;
- Radoucir, c'est mêler l'île avec le sol, explorant la symétricologie dans Le lapsus circulaire;
- Unir ça, début, centre, terme, j'adore, essentiellement consacré à la c...ie dans Révélations minuscules;
- L'ardu X, ambigument le RICARDOU, première étude de L'art du X;
- Galaxies douze vingt-quatre, plus avant dans L'art du X;
et de nombreux billets concernent depuis 2012 mon cheminement ricardolien.

PS. J'ai commandé le 4 janvier un ruban Modulor, mais il n'est arrivé que ce 21. Bien que les informations données plus haut ne soient pas de mon invention, j'ai eu la surprise de constater que cet outil n'est pas basé sur les mesures exactes 113 et 226 cm dans le système métrique, mais sur les 72 pouces du système anglo-saxon, correspondant à une taille d'environ 183 cm. En conséquence ce ruban ne mesure pas exactement 226,00 cm, mais 226,05.
  Comme le ruban a été fabriqué aux USA en 2018, j'imagine que la mesure de 72 pouces a été privilégiée.