31.12.20

Tellier, Thilliez, ou Ricardou

 
  Quelques échos aux précédents billets.
  Alors que depuis plus de 12 ans j'ai été conduit à constater maintes occurrences du couple de nombres de Fibonacci 13-21, essentiellement dans la littérature, voici que le prix Goncourt 2020 a été attribué à L'anomalie, où les chapitres 13 et 21 mentionnent un T-shirt portant l'inscription "I zero, one, and Fibonacci".
  Je n'ai pas d'intérêt particulier pour les prix Goncourt, et la parution française que j'ai le plus attendue cette année était le nouveau Thilliez, Il était deux fois, paru en mai, un mois avant L'anomalie. Comme détaillé ici, j'y ai découvert deux relations 52-84 (52/84=13/21), moins immédiates puisqu'elles nécessitent le passage par la gématrie, mais Thilliez utilise volontiers le procédé, et la suite de Fibonacci lui est familière.

  Je donnais dans le précédent billet un écho entre Tellier et Thilliez, mais il y en a un autre qui est peut-être plus frappant.
  J'y écrivais que Le Tellier, du temps où il était journaliste scientifique, avait commenté favorablement un livre de Jean-Claude Perez, mais la relecture de ce billet essentiel d'avril 2013 m'a rappelé qu'il avait fait bien plus que cela.
  Le Tellier avait carrément permis à Perez de publier son premier article sur Fibonacci dans l'ADN, De l'ordre et du chaos dans l'ADN, dans la revue Sciences et Technologie d'avril 1991 (ici en anglais).
  Thilliez connaît Perez, dont L'ADN décrypté a indubitablement inspiré Les codes cachés de l'ADN du généticien criminel Stéphane Terney dans [Gataca]. Les commentaires sur cet essai sont extrêmement dépréciatifs...

  Sur sa page Wikimonde, où il se garde de parler du roman de Thilliez, qu'il a envisagé de poursuivre en justice, Perez cite deux romanciers qui ont plus favorablement évoqué ses travaux:
- Maurice G. Dantec dans Villa Vortex (2003);
- Le prix Goncourt Didier Van Cauwelaert dans La vie interdite (1997), Corps étranger (1998) et Hors de moi (2003).
  Van Cauwelaert a par ailleurs préfacé le premier livre de Perez, PLANèTE transgénique (1997).

  Ainsi deux prix Goncourt ont apprécié les travaux de Perez, et je remarque au passage le titre du Goncourt de Cauwelaert, Un aller simple (1994), alors qu'un titre alternatif pour celui de Le Tellier pourrait être Une arrivée double (tiens, le titre de Thilliez Il était deux fois dénote aussi la dualité en cette année jumelle vingt-vingt).
  Le billet précédent m'a fait évoquer le Goncourt 2000, et je me suis rappelé ensuite que j'avais étudié sur mes pages perso supprimées par SFR 5 romans publiés des années vigésimales, offrant une structure victimaire 4+1. Je ne suis plus très satisfait de cette page, et ai la flemme de la réécrire. Voici les 5 romans en question:
- 1920 L'île aux trente cercueils, de Maurice Leblanc: le programme criminel de Vorski lui fait crucifier 4 femmes, mais il finit crucifié à son tour;
- 1940 La mariée était en noir, de Cornell Woolrich: Julie Killeen tue 4 des 5 hommes qu'elle pense responsables de la mort de son mari, mais est arrêtée alors qu'elle s'apprête à exécuter le dernier; ces hommes étaient en fait innocents, mais l'affaire conduit à l'arrestation du réel assassin;
- 1960 Monsieur cauchemar, de Pierre Siniac: un criminel profite d'une grève de la police pour étrangler 4 personnes 4 jours consécutifs; le 5e jour son plan dérape et c'est lui qui est tué;
- 1980 La bibliothèque de Villers, de Benoît Peeters: 4 personnes meurent aux 4 coins de Villers, tous les 25 jours, leurs initiales sont IVRE; le mort suivant est le principal suspect, Lessing, au centre du carré;
- 2000 Sous les pans du bizarre, mon seul roman publié: 4 latinistes meurent les 3/3, 4/4, 5/5 et 6/6 aux 4 coins d'un quadrilatère parisien; le principal suspect, Lapnus, meurt aussi.

  Je n'avais aucune idée des possibilités antérieures en écrivant mon livre, dont l'intrigue était issue de ma fascination de longue date pour la quaternité. Incidemment, c'est en me rendant à une séance de signatures que j'ai découvert le roman de Peeters.
  Je concluais ainsi ma page de 2008
A suivre, j'espère avant 2020...
et nous y voici.
  Thilliez ne lésine pas sur les morts, mais une particularité de Il était deux fois est une association criminelle de 4 artistes. Tous sont morts à la fin du livre, mais plusieurs indices donnent à penser que c'est quelqu'un d'autre, peut-être son jumeau, qui est mort à la place de leur chef, le romancier Caleb Traskman.
  Celui-ci doit évidemment son pseudo au Caleb Trask de A l'est d'Eden, responsable de la mort de son frère jumeau Aaron, rappel du meurtre originel d'Abel par Caïn. Alors plutôt que des victimes 4+1, ce seraient plutôt ici des assassins 4+1.
  Une confirmation viendra peut-être en 2022...

   Je signalais dans le précédent billet que la proximité de mon nom avec celui du lauréat du Goncourt 2000 m'avait conduit à un petit jeu qui fut présenté en vitrine lors de la séance inaugurale de signatures.
  L'attribution du Goncourt 2000 à Ingrid Caven semble résulter de magouilles au sein de l'intelligentsia littéraire. Ce n'est sans doute pas un cas unique, mais des choses très particulières se sont produites pour les Goncourt 1940 et 1960.
  En 1940, au début de l'Occupation, le prix a été "réservé". Il n'a été décerné qu'en 1946, à un roman sur un camp de prisonniers, Les Grandes Vacances; les prix ont été décernés les autres années d'Occupation, et le prix "normal" 1946 a été décerné au roman de Jean-Jacques Gautier Histoire d'un fait divers.
  En 1960, le prix a été attribué à Dieu est né en exil, de Vintila Horia, mais non décerné car il a alors été révélé un passé fasciste gênant de l'auteur.

  J'ai bien sûr été attentif à ce qui s'est passé en 1980, où le Goncourt a été décerné à Yves Navarre, pour Le Jardin d'acclimatation. Rien de spécial à ce sujet, sinon que ce titre était aussi celui d'un projet romanesque de Ricardou.

  J'ai appris récemment que dans un article paru dans la revue Sud en avril 1983, Oui et non, Ricardou répondait au poète Pierre Caminade, lequel étudiait l'utilisation des nombres dans Jean Ricardou est-il pythagoricien?
  Caminade avait repéré des nombres de Fibonacci dans les deux premiers romans de Ricardou, et celui-ci confirme qu'avant de les écrire, 
un livre de Matila C. Ghyka, Le nombre d'or, ne lui était pas tout à fait inconnu et donc, entres autres, ce dont parle celui qui interroge : la série de Fibonacci.
  Le texte de Ricardou est, comme souvent, touffu et difficile. Il y redit la différence entre l'auteur, celui qui a quelque chose à dire, et le scripteur, celui qui n'a rien à dire (c'est moi qui simplifie), mais qui écrit quand même en se laissant guider par les jeux du langage.
  Précisément, La prise de Constantinople (1965) est un texte qui se veut construit à partir de rien, du mot RIEN et des éléments présents en couverture du livre, le titre, les noms de l'auteur et de l'éditeur. Ricardou avait donné dans Naissance d'une fiction (1971) quelques explications convaincantes sur la fabrication de son roman, mais il n'y était pas question de Fibonacci. Dans Oui et non, il relève les occurrences des termes de la suite, 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, dans le roman, et suggère que ç'eût été calculé, mais je ne m'en satisfais guère.
  Pour moi, un nombre ne mérite d'être dit "de Fibonacci" que si sa propriété additive est mise en oeuvre, ainsi 13 n'appartient à la fameuse suite que lorsqu'il apparaît en tant que 8+5. Par exemple, dans un roman de Thilliez, un assassin s'est fait 13 scarifications parce qu'il a tué 8 femmes et 5 hommes, mais ce n'est que lorsqu'il est lardé de 21 coups de couteau que j'envisage sérieusement une intention fibonaccienne (et il y a d'autres indices).

  Rien de tel dans Oui et non, et je me demande si Ricardou n'aurait pas imaginé après coup une structuration fibonaccienne à son roman, mais peut-être n'avait-il pas les mêmes scrupules que moi. Je rappelle que j'ai été incapable de comprendre comment Fibonacci pouvait intervenir dans certains textes, malgré les revendications de leurs auteurs, et qu'en revanche j'ai pu repérer dans d'autres textes de telles structures déniées par les auteurs.

  Je laisse de côté cette question, le point essentiel de cet écrit étant pour moi que Ricardou s'y déclare peu ou prou influencé par Le nombre d'or de Ghyka et la suite de Fibonacci. Jusqu'ici, le seul indice péremptoire que j'avais était une phrase symétricologique débutant par "Or" et finissant par "nombre.".
  Or j'ai repéré des harmonies dorées répondant à mes critères dans d'autres oeuvres de Ricardou, notamment des 21-13 qui me touchent particulièrement.
  Le lapsus circulaire (1988) pousse à une sophistication extrême le principe de symétricologie. Ricardou s'y imagine être le fils caché de l'illustre poète Paul Ryvéla (Paul Valéry a préfacé Le nombre d'or de Ghyka). Les deux premières phrases que j'analysais forment ce paragraphe:
  Déconcertantes au premier moment, j'en conviens avec le critique, des sentences comme "Ile, sans le soleil qui patiemment tout assemble en son être central, ne s'en irait-il pas au plus loin, ton sol?", "O Soleil auroral, elles finissent par te réverbérer le soir, avec leurs deux ailes semblables, les oies", "Ton oeil matinal, Soleil, ce n'est pas à midi qu'il peut prétendre s'unir aux vespérales aisselles", s'élucidaient aisément sitôt qu'on voulait bien admettre qu'elles formaient, pour l'essentiel peut-être, des logogriphes d'elles-mêmes. Ce qu'elles déclaraient en somme, chacune à leur façon, avec leurs idées respectives (un assemblage, une ressemblance, une réunion), c'est qu'une anagramme de "soleil" s'obtient si l'on unit les deux termes "île" et "sol", si l'on ajoute deux "L" au mot "oies", si l'on adjoint au vocable "oeil" les deux lettres "S" et "L".
  Les sentences en italique sont supposées de Paul Ryvéla, et Ricardou les a inclues dans une phrase débutant par 13 mots, et finissant par 21 mots. C'est le seul extrait de l'oeuvre de Ryvéla donné dans le texte. La première approche est donnée dans la seconde phrase.
  Ensuite, le narrateur s'avise des positions symétriques des termes clés, et s'attache à deux des mots centraux des phrases 1 et 3, "central" et "midi", sans se préoccuper de la phrase centrale, dont le centre est "le". Les trois mots formeraient "midi le central", ce qui paraît une nette allusion au Midi le juste au début du Cimetière marin de Valéry, poème à la vocation numérologique assumée (24 strophes de 60 pieds).
  Les trois phrases de Ryvéla concernent le soleil, correspondance planétaire traditionnelle de l'or.

  J'étudie plus en détail la complexité du Lapsus circulaire , mais je ne reprends ici que ce qui concerne Fibonacci. Ce texte ouvre La cathédrale de Sens, suivi de 6 nouvelles précédemment éditées, la dernière étant L'art du X, un texte pouvant rejoindre les préoccupations de Valéry puisque le temps y est omniprésent, avec de multiples références au cadran de l'horloge, et qu'on y trouve 60 phrases spéciales de 12 mots.
  Plus immédiatement pour le lecteur lambda, il offre en exergue
En ses calculs, que ce texte rende hommage au travail de Perec.
tandis que l'exergue du Lapsus circulaire est
En ses calculs, que ce texte rende hommage au travail de mon père.
  La nouvelle présente différentes formes d'un sonnet, et j'ai été effaré de découvrir récemment dans la forme finale une possible quadruple césure dorée. Le sonnet compte 119 mots, valeur de JEAN RICARDOU, et j'ai été conduit à scinder ces 119 mots en 71, valeur "ricardolienne" de RICARDOU, et 48, nombre fétiche correspondant aux 4 et 8 lettres des prénom-nom. A cette césure correspondent 4 partages dorés idéaux:
- 17-11 des 28 hémistiches;
- 303-188 des 591 lettres;
- 3402-2103 de la valeur 5505 de ces lettres;
- 21-13 des 34 lettres composant l'acrostiche
X ajoute ces mots en colon/ne et puis cesse.
  Seule la dernière césure est fibonacienne, et il est tout de même frappant qu'elle concerne les nombres 13-21 également présents dans une phrase très particulière du Lapsus circulaire, un texte où il est assuré que Ricardou a minutieusement compté les mots de ses phrases.

  Il y a plus de détails dans le billet de septembre, où j'avouais douter de l'intentionnalité d'une telle harmonie, mais la découverte de Oui et non change quelque peu la donne.
  Certes Ricardou ne parle que de la suite de Fibonacci dans ce texte, mais ceci ne signifie pas qu'il ait ignoré les autres suites additives, convergeant pareillement vers le nombre d'or.
    Je reviens sur la découverte d'une possibilité d'harmonie dorée dans les deux dernières phrases de Révélations minuscules, en guise de préface, à la gloire de Jean Paulhan, comptant 183 et 226 mots, soit les deux derniers nombres de l'instrument Modulor du Corbusier, architecte dont il est question dans  Le nombre d'or de Ghyka (mais il n'avait alors pas encore conçu le Modulor).

   Précisément, dans sa préface à Ghyka, Valéry regrette l'absence de "phi" en littérature, et Ricardou aurait pu vouloir démentir cette assertion, par cette préface et par l'autre texte "monumental" de 1988, Le lapsus circulaire où il imagine être le "phils" de Valéry...
   Je donnais ici les deux phrases de 183 et 226 mots en correspondance symétricologique. Le mot central de la première est "coeur", et j'envisageais que les mots "j'en", à un mot près au centre de la  seconde phrase, complétaient le nom du prétendu auteur, Jean Ricoeur.

Note du 2/1/21: la quasi-certitude d'être très proche des intentions de Ricardou dans les dernières phrases de Préface... m'a conduit à un autre dessillement.
La version définitive du Modulor a été conçue pour séduire les Anglo-saxons, avec ses mesures approximations en demi-pouces et pouces de la suite de Fibonacci. Le Corbusier a cependant fait une concession au système métrique, les seules mesures exactes de l'instrument Modulor étant 113 cm dans la série Rouge et 226 cm dans la série Bleue, longueur de ce ruban utilisé par l'architecte.
Le vrai nom de l'architecte est Charles-Edouard Jeanneret-Gris, qu'on trouve aussi réduit à
CHARLES-EDOUARD JEANNERET = 226 selon l'équivalence ordinale de ces 23 lettres.
Une rue de Poissy porte ainsi ce nom.
J'ignore si Charles-Edouard était conscient de cette égalité, mais divers témoignages montrent que Ricardou était un arithmo-maniaque, comptant tout et n'importe quoi, et ce calcul était une broutille pour son intelligence exceptionnelle.
Il a au moins fort probablement remarqué que les 8 lettres de son nom, nombre de Fibonacci, avaient pour valeur un autre nombre de Fibonacci,
RICARDOU = 89,
or les 226 cm du Modulor sont équivalents à 89 pouces (88,97... en fait).
Je peux maintenant mieux comprendre pourquoi les mots "j'en" ne sont pas exactement au milieu de la phrase de 226 mots, où ils occupent les rangs 112-113, 113 équivalant à 89 demi-pouces
Les 183 mots de la phrase précédente, outre qu'il s'agit de la mesure précédente du Modulor, offrent aussi une remarquable possibilité gématrique, puisque le mot central a le rang 92, valeur de JEANNERET, diminutif de Jean (je rappelle que le mot central est "coeur", vraisemblablement pour "cardo").
Je suis éberlué d'avoir mentionné plus haut l'assassin de Thilliez ayant tué 8 femmes et 5 hommes, l'une de ses victimes étant Grégoire Corbusier.
Il y a plus dingue encore, mais ce sera pour un prochain billet.
Fin des notes et retour à la suite du billet initial:


  Tous ces anciens billets souffrent des titubements dans mon approche, mais l'écriture de Ricardou est si exigeante qu'aucune lecture puisse en être considérée comme définitive.
  Il y a un point sur lequel je veux revenir, bien que le billet concerné ait été annoté.

    Ricardou signait de ses initiales, JR, schématisées en une patte d'oiseau, parce que l'oiseau est un "porte-plumes", or dans une de ses nouvelles apparaît le vocable hébreu tserouf, "anagramme", ÇRWP (צרוף), qui se trouve être l'exacte anagramme de ÇPWR (צפור), tsippor, "oiseau" (la différence פ-ף vient de ce que certaines lettres ont une forme différente à la fin d'un mot).
  Un personnage de la Bible se nomme Tsippor, "oiseau", mais les noms propres bibliques ont été longtemps assujettis aux transcriptions de la Vulgate, et c'est ainsi que Tsippor est devenu Sephor dans la plupart des traductions ultérieures. Cette transcription sephor, "oiseau", pour incorrecte qu'elle fût, est l'exacte anagramme de la transcription correcte du mot "écrivain", sopher.

   Je ne sais comment j'ai pu alors oublier que la Langue des oiseaux désigne divers types de codages, notamment l'anagramme, ce qui est aussi la définition du tserouf. L'origine de l'expression n'est pas assurée.
  Je suis d'autant plus impardonnable que je connaissais Richard Khaitzine, auteur de La langue des oiseaux, un livre qui m'a grandement aidé en 1997, malgré quelques réticences. Richard est intervenu sur ce billet de Quaternité.

  Nous nous opposions notamment sur Perec, qu'il voyait avoir dissimulé un message ésotérique dans son oeuvre, ce qui est absurde pour tous ceux qui l'ont connu.
  Précisément, une découverte très récente concerne la signature de Perec, un unique G.
  Dans W ou le souvenir d'enfance, ce souvenir serait une lettre hébraïque qu'il aurait très jeune su tracer, ce qui aurait provoqué l'admiration des siens. Il y en a plusieurs versions dans les travaux préparatoires, et le graphisme finalement donné dans le livre est en fait fort proche du G qu’il utilisait comme signature, mais vu dans un miroir, latéralement, comme l'a vu Philippe Lejeune.
la signature de Georges et le graphisme donné dans W ou …
la signature de Georges et le graphisme donné dans W

 En novembre, peu après m'être souvenu de la langue des oiseaux, en rapport avec la patte d'oiseau de JR, j'ai découvert le logo de Givenchy.
  Le G en bas à gauche est symétrisé dans toutes les directions, et ce qui a aussitôt attiré mon attention est que la figure obtenue en haut à droite est fort proche d'un P hébraïque, פ.
  Voici les 3 formes données par Wikipedia pour la lettre, à comparer au logo et à la signature de Georges, symétrisée.
  La grande curiosité, c'est qu'après plus de 20 ans que je me passionne pour Perec, je découvre ces jeux de symétrie quelque mois après avoir vu que la signature de Ricardou offrait un jeu entre les racines ÇPR et ÇRP, "oiseau" et "anagramme", alors que le nom Perec vient de la racine PRÇ, "briser", miroir de ÇRP.
 .
  Si le G occidental est symétrique du P hébraïque, le J ricardolien n'est pas loin d'être symétrique du R stylisé de la signature.

  Le logo de Givenchy me rappelle le plan des lieux dans L'adversaire (1963), d'Ellery Queen, un roman dont j'ai souvent évoqué les troublants échos avec La vie mode d'emploi.
   Les cousins York, héritiers de millions de dollars, habitent les 4 demeures symétriques de York Square, chacune possédant sa tour.
  3 cousins sont assassinés par l'homme à tout faire du domaine, Walt, mais les enquêteurs découvrent qu'il est manipulé par quelqu'un signant Y, et ils se demandent si Y ne serait pas le York survivant, Percival, dans le coin supérieur droit, jusqu'à ce que Y demande à Walt de tuer Percival.
  Il m'a semblé que la forme de sa demeure était proche d'un yod hébreu, alors que de fait le mystérieux Y représente Yahweh, le Tétragramme YHWH. Je remarque sur ce graphisme trouvé en ligne la ressemblance du Y de Yod avec le gamma minuscule γ. La demeure du coin supérieur gauche peut être aussi assimilée à un gamma majuscule, Γ.
  Décidément, on peut faire beaucoup de choses avec les lettres et leurs symétries, mais les cas de quadruple symétrie tels que le logo de GivenchY et le plan de York Square sont plutôt rares. Je remarque que dans les deux cas, le graphisme évoquant une lettre hébraïque est à la même position, et je m'ébahis qu'il concerne chez Queen un Percival, parfois appelé dans le roman Perce.
 
  Je prévoyais d'autres développements pour ce 307e billet de Quaternité, mais ce sera pour plus tard. Bien sûr, son titre est de valeur 307, et je déplore qu'il ne mentionne pas Perec, pas trop prévu au départ.
 

12.12.20

d'Hervé Le Tellier à Léonard Le Pisan


   Le prix Goncourt a donc été pour la première fois attribué à un oulipien, Hervé Le Tellier.
  Un oulipien et un fibonaccien, car le nom Fibonacci apparaît dans L'anomalie. Le Tellier est déjà associé pour moi à une coïncidence fibonaccienne. En 1997 il a publié un Poulpe, La Disparition de Perek, n° 89 de la collection de poche Baleine, laquelle publiait des Poulpes et d'autres polars, avec ce petit prodige, analysé en détail ici, que le rapport entre les uns et les autres a flirté avec le nombre d'or tout au long de l'existence de la collection.
   C'est ce n° 89 qui m'a fait découvrir cette anomalie, car c'était le 55e Poulpe, avec divers échos:
- 55 et 89 sont des nombres consécutifs de la suite de Fibonacci, donnant les meilleurs rapports dorés;
- ce PEREK qui a disparu est un nom de valeur 55;
- il fait référence à GEORGES PEREC = 76/47, nom doré;
- et auteur doré, notamment d'Alphabets où j'ai remarqué le rapport des occurrences du mot "or" entre les deux parties, 55/34.
  Antoine de Kerversau, directeur des éditions Baleine, et Jean-Bernard Pouy, directeur de la collection Le Poulpe, ont été les premiers surpris de cette harmonie. J'ai eu l'occasion de partager l'info avec Le Tellier, mais je ne me souviens plus exactement de ce qu'il en a dit, sinon qu'il n'y avait rien de prémédité.

  Par ailleurs, je m'intéresse aux travaux de Jean-Claude Perez, lequel a découvert de curieuses relations fibonaciennes entre les bases de l'ADN. Je suis loin de partager ses interprétations sur la question, mais le phénomène existe, et je lui avais suggéré de le mettre en parallèle avec ce qui se passait dans la collection de poche Baleine, où toute logique semble bannie. Il m'avait appris que Le Tellier avait été journaliste scientifique, et qu'il avait été l'un des seuls à donner un compte-rendu positif du livre où Perez exposait ses découvertes.

  Alors en quoi Fibonacci apparaît-il dans L'anomalie ? L'un des personnages est le mathématicien Adrian Miller, ressemblant tantôt à John Cusack, tantôt à Keanu Reeves, tantôt à Tom Hanks, selon ceux qu'il rencontre. Il porte un T-shirt déchiré portant l'inscription "I zero, one, and Fibonacci".

  Je n'ai pas trouvé en ligne de mention de cette inscription, mais bien d'autres T-shirts font allusion à Fibonacci, comme celui-ci portant la spirale de Fibonacci et les 21 premiers nombres de la suite de Fibonacci, dont les premiers termes F0 et F1 sont 0 et 1, les suivants s'en déduisant par la formule
Fn  = Fn-1 + Fn-2

  Il y a beaucoup de T-shirts de ce type, et j'ai choisi celui-ci parce qu'il donne 21 nombres de Fibonacci, 21 appartenant à la suite (F8, ici 9e parce qu'on part de F0), et que la spirale associée est inscrite dans un rectangle 13x21.
  Précisément, l'inscription du T-shirt est donnée à deux uniques reprises, chapitres 13 et 21 de L'anomalie, or 13 et 21 sont des nombres de Fibonacci

  Le roman a 35 chapitres, ce qui incite à aller voir ce qui se passe au chapitre 34, le terme suivant de la suite de Fibonacci, intitulé Trois lettres, deux mails, une chanson, zéro absolu.
  0-1-2-3 sont des entiers consécutifs, pouvant résulter de maints choix, et ce sont notamment les seuls nombres consécutifs dans la suite de Fibonacci. Parmi ces divers éléments, le seul se prêtant à un comptage immédiat est la chanson, et elle a 34 vers, répartis en 3 couplets de 7 vers, 3 refrains de 3 vers, et un final de 4 vers. Ceci permet entre autres un découpage 21-13.
  Le zéro absolu (-273,15°C) est souvent approximé à -273 (273 c'est 21x13).

  Les 35 chapitres du roman, en fait non numérotés, sont répartis en 3 parties de 13-9-13 chapitres. Un amateur de Fibonacci aurait certes préféré 13-8-13, mais le double partage doré de 35 mène effectivement à 13-9-13. 9 et 13 font partie de la suite additive 4-9-13-22-35-57-92-149-241..., suite que j'appelle Golden Numbers car l'expression correspond à deux termes consécutifs de la suite,
GOLDEN NUMBERS = 57 92.
  Comme je le mentionnais en janvier dernier, elle est enregistrée sur le site de l'OEIS sous le numéro 22130, 22 et 13 étant des termes de la suite. Je remarque aujourd'hui que ce numéro est formé des seuls chiffres 0-1-2-3, et me demande encore si certains auteurs n'éplucheraient pas mes écrits pour concocter des oeuvres dans le seul but de me rendre encore plus dingue... Je rappelle que je suis particulièrement obsédé par le couple fibonaccien 21-13, auquel j'ai consacré une compilation qui comptait dès sa création en 2012 une centaine de cas, et que j'actualise régulièrement.

  Il est difficile de concilier la répartition des 35 chapitres en 13-9-13 et les éventuels marquages des chapitres 13-21-34, et il est tout à fait possible que ce que j'ai repéré n'ait rien à voir avec les intentions de Le Tellier. Comme le dit son personnage d'auteur Victor Miesel,
Aucun auteur n'écrit le livre du lecteur, aucun lecteur ne lit le livre de l'auteur.
  Le précédent billet m'a conduit à évoquer un roman de Carter Scholz, lequel assurait s'être servi de la suite de Fibonacci pour déterminer le nombre et la longueur des chapitres de son roman Palimpsests. J'avoue n'avoir pas compris comment Fibonacci pouvait y intervenir.
  Le hasard a voulu que dans le même temps je lise un polar de 2005 de Laurent Scalese dont les 55 sections se prêtaient bien à un partage fibonaccien 34-21. L'un des indices pouvant appuyer ce partage était précisément un éventuel marquage numérique des premières sections selon ce partage, avec dès la première phrase de la section 1 l'apparition du nombre 34, dès la seconde phrase de la section 35 l'apparition du nombre 21.
  Or voici que je découvre chez Le Tellier un éventuel marquage concernant cette fois les dernières sections d'un éventuel partage fibonaccien, avec ce qui se passe aux chapitres 13-21-34. Quelles qu'aient été les intentions des auteurs, il me semble au moins acquis que l'approximative simultanéité de mes découvertes n'est imputable à aucune logique.
  Il y a davantage, car la découverte chez Scalese m'a fait lire d'autres romans de l'auteur, sans y découvrir quoi que ce soit de déterminant, sinon cette dédicace possiblement "à double entendre":
A ceux qui comptent. Ils se reconnaîtront.
  Quelle qu'ait été l'intention de Scalese, il se trouve que Le Tellier a collaboré avec un dessinateur oulipien pour publier en octobre dernier Les gens qui comptent, où le sens arithmétique de l'expression est patent. L'éditeur donne ici quelques planches de l'ouvrage.

  Il y a davantage encore, mais il est d'abord nécessaire d'aborder en bref l'intrigue de L'anomalie.
  Le Boeing 787 AF006 d'Air France Paris-New York a atterri deux fois, d'abord le 10 mars 2021, puis le 24 juin suivant, 106 jours plus tard, avec les mêmes 243 personnes à bord. Les premières 243 personnes ont continué à vivre pendant ce temps, où à mourir car l'auteur Victor Miesel s'est suicidé le 22 avril juste après avoir écrit la dernière ligne d'un livre qui va connaître ensuite un grand succès, L'anomalie, tandis que les nouvelles 243 personnes croient être toujours le 10 mars.
  La narration s'attache au devenir de 8 passagers (tiens 8 qui est encore un nombre de Fibonacci), dans leurs deux avatars, et bien sûr à tenter de trouver une explication au phénomène. L'hypothèse la plus plausible selon les spécialistes est que nous sommes des simulations, des programmes auxquels "on" fait subir des tests. Le thème a déjà été abordé en SF, notamment dans le splendide Simulacron 3 (1964), où un monde virtuel est précisément testé sur ses réactions face à une réalité simulée...
  L'essentiel de L'anomalie est cependant l'étude des divers cas générés par le dédoublement des passagers du vol 006.

  Quelques lignes apprennent qu'un incident similaire s'est produit en Chine, avec un Airbus A340 qui aurait atterri en janvier et en avril 2021 avec les mêmes 322 passagers à bord. Une curiosité est que la première phrase du roman de Scalese que j'avais vue pouvoir souligner le partage 34-21 est
Julia Hurbon colla son front trempé de sueur contre le hublot de l'Airbus A340.
  Tiens, c'est au chapitre 21 de L'anomalie qu'il est question de l'A340 chinois, ce chapitre où il y a la seconde mention du T-shirt Fibonacci d'Adrian Miller.
  Adrian était en 2001 un tout jeune mathématicien prometteur. Après la catastrophe du 11 Septembre, de hauts responsables des affaires aériennes lui ont demandé de modéliser des stratégies répondant à tous les incidents envisageables. Une fois ceci fait, on lui a encore demandé d'établir un protocole répondant à quelque chose de totalement imprévisible.
  C'est donc ce protocole 42 qui est activé après l'apparition du second vol AF006, et Adrian appelé pour le superviser. Il s'était quelque peu fichu de ses employeurs jadis, et ce protocole 42 est plutôt fantaisiste. Ainsi, lors des interviews prévues des passagers, Miesel identifie l'origine des questions:
VSM : Mais... Vous me faites marcher! Vous vous croyez dans Rencontres du troisième type?
FKW : Je ne comprends pas, monsieur Miesel.
DBM : J'ai vu vingt fois le film de Spielberg, je le connais par coeur: vous me posez les questions que François Truffaut pose à Richard Dreyfus, au mot près. Quel est l'abruti qui a rédigé ce questionnaire?
  Deux curiosités: l'acteur a pour patronyme Dreyfuss, avec deux s (tiens, j'avais anecdotiquement évoqué l'affaire Dreyfus dans le précédent billet), et à deux reprises au cours de l'interview les initiales VSM de Victor Serge Miesel deviennent DBM (ce sont les initiales du premier interviewé, David Bernard Markle). Comme le protocole prévoit des erreurs dans les déclarations d'identité préalables des questionnés, c'est à se demander si L'anomalie ne testerait pas ses lecteurs...
  J'ai par ailleurs réagi à cette mention de l'ufologue incarné par Truffaut, Georges Lacombe, inspiré par le réel ufologue Jacques Vallée, car le précédent billet m'a fait avancer l'idée que Vallée-Lacombe avait aussi inspiré trois personnages de Thilliez:

- Jacky Duval dans L'anneau de Moebius;
- Jacques Lacombe dans Le syndrome [E];
- Jack Holcombe dans L'encre et le sang.
  Jacky Duval est un physicien, auquel Stéphane Kismet vient soumettre son étrange expérience. Il rêve de lui-même 6 jours et 20 heures dans le futur, et les informations qu'il reçoit semblent réelles. Il s'installe une communication entre Stepas, le Stéphane du passé, et Stefur, celui du futur.
  Dans L'anomalie, les responsables conviennent de départager les dédoublés en les nommant par exemple Victor March et Victor June. L'analogie est faible, mais je suis frappé d'avoir relu L'anneau de Moebius peu avant de découvrir L'anomalie. L'anneau, L'ano..., Thilliez, Tellier...

  Il y a un autre écho avec mon précédent billet, lequel m'avait conduit à rendre compte du roman de 2019 de Fabrice Papillon, Régression, lu à l'occasion de sa parution en poche. Papillon y imagine que la prédominance de Cro-Magnon sur Neandertal a été une catastrophe menant à l'agonie de la Terre aujourd'hui.
  Dans L'anomalie, si la thèse de la simulation est vue comme la plus probable, encore se pose la question de qui est derrière cette simulation. Une hypothèse émise est que Neandertal l'ait jadis emporté sur Cro-Magnon, et qu'il ait programmé le monde virtuel correspondant à l'autre cas.
  Tiens, Régression se passe en 2021, comme L'anomalie.
  Le premier roman de Papillon, Le dernier Hyver, avait 35 chapitres, comme L'anomalie, et j'en avais envisagé ici une répartition fibonaccienne.

  Adrian Miller avait prévu un signal de reconnaissance pour l'activation du protocole 42. On l'appellerait, sur un téléphone uniquement prévu à cet usage, pour lui dire
- Toto, j'ai l'impression...
ce qu'il devait compléter par
- Que nous ne sommes plus au Kansas.
   C'est une réplique célèbre du Magicien d'Oz, que j'ai trouvée aussi l'an dernier dans l'intéressant roman de Connie Willis, Passage (tiens, il m'est revenu que Le Passage a été le premier éditeur de Thilliez, jusqu'à L'anneau de Moebius).
  Le personnage principal en est Joanna Lander, psychologue étudiant le phénomène des NDEs (EMIs, expériences de mort imminente). J'avais été frappé qu'elle parvienne à un résultat grâce à un Carl, parce que les noms CARL et JOANNA ont les valeurs 34 et 55, des nombres de Fibonacci, et que l'expérience fondatrice de Quaternité a été ma découverte de l'échange, prédit par une NDE, entre Carl Jung et son médecin Theodor Haemmerli, avec les valeurs de JUNG et HAEMMERLI, 52/84, rapport 13/21 qui sont aussi des nombres de Fibonacci.
  Mais Joanna est tuée avant de pouvoir partager sa découverte, et les derniers chapitres du roman montrent ce qui se passe dans son cerveau en perdition. C'est chapitre 55 qu'elle émet "Je suis au Kansas", contrepied de la formule de Dorothy d'Oz, or il était important dans un thriller ésotérique que le Kansas soit le 34e état à avoir rejoint l'Union. Tiens, je n'avais pas relevé l'an dernier que Dorothy était un prénom équivalent à Theodor.

  L'un des passagers du vol AF006 était une Joanna, l'avocate noire Joanna Woods, 34 ans. Joanna June découvre que pendant les mois précédents Joanna March s'est mariée et est enceinte. Il n'y a plus de place pour Joanna June auprès de l'homme qu'elle aimait, et le FBI lui forge une nouvelle identité, Joanna Ashbury. La parenté entre wood, "bois", et ash, "cendre", peut rappeler les pseudos Gary, "brûle!" en russe, et Ajar "braise", et il est piquant qu'on parle de proposer au Goncourt le livre que Victor March a écrit avant de se suicider, L'anomalie.
  Victor June, qui ne ressent aucune pulsion suicidaire, envisage d'écrire un livre sur sa récente expérience, et regrette que le titre L'anomalie soit déjà pris...

  Incidemment, L'anomalie est le 118e Goncourt attribué (le 117e accepté par l'auteur en prenant en compte le refus de Julien Gracq). 118 se répartit selon le nombre d'or en 73-45 et le 73e Goncourt a précisément été La vie devant soi d'Emile Ajar.
  En écartant Le rivage des Syrtes, on aurait 72-45 qui se simplifie en un rapport fibonaccien 8/5.

  118 est un nombre que je connais bien, surtout en tant que double du DOUBLE (valeur 59); voir notamment ici.

  En novembre, un hasard m'a fait repérer dans une caisse de livres voyageurs Ingrid Caven, de Jean-Jacques Schuhl, qui reçut le prix Goncourt en novembre 2000, quelques jours avant la première séance de dédicaces de mon roman à la librairie Epigramme, rue Saint-Paul. La proximité de nos noms me fit concocter un bandeau qui fut présenté en vitrine.
  Il n'y avait pas de triche, ou si peu, car mon roman offrait bien un concours avec un prix à la clé, et personne n'a de toute manière été dupe. Je me suis servi ci-dessus du bandeau de 2020, le bandeau original ne mentionnait que "Prix Goncourt".
  J'avais jeté un oeil à l'époque sur Ingrid Caven, mais ne pouvais alors être pleinement sensible au fait que sa 4e et dernière partie avait pour titre 44 W. 44. Il s'agit du n° 44 de la 44e rue Ouest à Manhattan d'où l'on verrait le bleu du fleuve.
  Aujourd'hui, je pense bien sûr au 4/4/44, le jour de l'échange entre Carl et Theodor, d'autant que ce roman est plutôt un récit autobiographique où Jean-Jacques, second mari d'Ingrid Caven, y est devenu le personnage Charles. 
  Tiens, en cherchant plus haut une référence pour le roman Simulacron 3, j'ai appris que le premier mari d'Ingrid Caven, Rainer Werner Fassbinder, en avait fait une adaptation télévisée. Ingrid Caven y tient un petit rôle.

  Incidemment, lors de la création de la collection Albert Fnak, ensuite devenue Pierre de Gondol, la participation d'Hervé Letellier (sic) était prévue. Voici l'annonce dans le catalogue Baleine 2000:
  En fait, après Pouy et Schulz, le seul auteur annoncé ayant effectivement écrit un Gondol est Jacques Vallet (Sam Suffit).
Note du 27/12: Jacques Vallet! Je me souviens que lorsque j'ai entendu pour la première fois ce nom, j'ai pensé qu'il s'agissait de Jacques Vallée. 
 
  Le nom complet de Joanna est
JOANNA  SARAH  WOODS = 55  47  76
  Je reconnais en 76-47 les valeurs de GEORGES-PEREC, en très bon rapport doré car 47 et 76 sont des nombres de la suite de Lucas, donnant les meilleures approximation du nombre d'or après la suite de Fibonacci, à laquelle appartiennent 55, valeur de Joanna, et 34, son âge.
  Mais 55 est aussi la valeur de PEREK, et je m'émerveille de trouver associées ces valeurs 55-47-76 chez celui qui a écrit La disparition de Perek.
  J'aurais bien relu ce 55e Poulpe, mais je ne l'ai pas retrouvé. C'est aussi une histoire de doubles, avec des grands de ce monde qui se sont fait faire des clones, laissés libres de mener leur vie jusqu'à ce qu'un de ces grands ait besoin d'une greffe d'organe...

  Si les 8 passagers auxquels s'attache la narration mériteraient tous d'être étudiés, je reviens à Miesel dont le nom complet est
VICTOR  SERGE  MIESEL = 87  54  63
  Le rapport 87/54 se simplifie en 29/18, deux nombres de Lucas à nouveau en bon rapport d'or.
  Un élément qui revient souvent dans le récit est la brique de Lego qu'il conserve depuis 34 ans (encore 34) en souvenir de son père. Si la marque doit son nom à une expression danoise signifiant "Joue bien!", lego signifie en latin "je lis", ce qui est approprié pour un homme de lettres. Victor June a récupéré la brique du suicidé Victor March, évidemment identique, et il les a assemblées. On peut comprendre "je lis et je relis" (ou "je lie et je relie").
MIESEL / LEGO = 63/39 = 21/13,
Fibonacci encore, rappelant les chapitres 13-21 où est mentionné le T-shirt Fibonacci.
  L'ensemble des 4 nombres 87-54-63-39 a pour somme 243, le nombre des passagers du vol AF006.

  J'ai commencé L'anomalie le 8/12/20, ce qui peut correspondre aux initiales HLT. C'était en clinique à Manosque où je venais d'être opéré la veille de la hanche. Je n'étais pas très clair ce 8/12/20, j'ai fini le livre tard dans la nuit, et l'ai relu attentivement les jours suivants.
  Rentré à Esparron, j'ai découvert une longue interview en ligne de HLT, réalisée précisément à Manosque en septembre.
  Avec deux jours de retard, je donne à ce 306e billet la date de publication prévue depuis longtemps du 12/12/2020, à 08:08 (ce qui était moins prévu).
  C'est à nouveau un titre dont la valeur correspond au rang du billet (Léonard le Pisan est une autre appellation de Leonardo Fibonacci).

  J'ai aussi eu envie de rendre un hommage poétisé au roman, alors voici, en alexandrins isocèles avec acrostiche et télostiche:

Hitler n'a donc jamais initié la ShoaH
Eva fuit le serpent, simulacre blanchI
Rien n'est imaginal si tout se réécriT
Voler c'est pas joli, atterrir illégaL
Et Joanna devine un signal de détressE
LE passé représente un miroir du futuR
Tellier déroule là sa cyclonique toiLE
En toute duplicité le simple est impuR
Léonard le Pisan, zero one one, I lovE
Le mari de la nièce avait trahi LeskoV
Ilena stimule lorsque Victor l'abaissE
Et Cro-Magnon fut occis par NeandertaL
Rompez, Hervé n'a pas écrit L'anomaliE



156 pieds, valeur de HERVE LE TELLIER
92 (ou 93) mots, 409 lettres, non calculés
gématrie totale 4698, soit 58x81 (HERVExTELLIER)



11.11.20

de Scalese à Thilliez, un Papillon


  En août, je contais ma découverte d'une interview de l'auteur Carter Scholz, assurant avoir utilisé la suite de Fibonacci pour déterminer le nombre et la longueur des chapitres de son roman Palimpsests. Il se demandait si quelqu'un s'en était aperçu.
  La moindre allusion à Fibonacci me met en branle, et je me suis procuré le roman. Je n'ai fait que le survoler, ayant du mal à lire l'anglais, et ai été essentiellement attentif aux structures. J'avoue n'avoir pas compris comment Fibonacci pouvait y intervenir. Il y a 4 parties de 7-11-7-1 chapitres, ce sont éventuellement des nombres de Lucas (1-3-4-7-11-...), et je n'ai rien vu de significatif dans leurs longueurs relatives.

  Ceci a plus ou moins coïncidé avec un événement complémentaire. Il y a un temps indéterminé, 2 ou 3 ans, j'avais été frappé de découvrir dans ma bibliothèque deux Pocket accolés, Le baiser de Jason, de Laurent Scalèse, et Le baiser de Qumrân, de Frédérique Jourdaa. Si je ne me souvenais pas les avoir intentionnellement rangés l'un à côté de l'autre, c'était néanmoins possible.
  Les numéros dans la collection Pocket étaient devenus importants pour moi en 2015, avec le numéro 13121 de Deuils de miel, de Thilliez. Ces deux-ci ont les numéros 12838 et 13568, 730 numéros plus tard. Ce nombre m'était significatif, car un coup d'oeil sur Le baiser de Qumrân m'apprit que le roman s'achevait sur la crucifixion de Jésus, or l'une des dates avancées pour cet événement est le 7 avril 30.
  Je m'étais intéressé ici au film Les rivières pourpres 2, où une secte apocalyptique honore  cette date sous la forme 730 dans un étrange graphisme qui est d'abord interprété comme les lettres JHW du Tétragramme.
  Ceci m'avait décidé à lire ou relire les deux romans. J'avais acheté Le baiser de Jason à cause du nom de l'auteur, Scalese, autre forme de Scalesi, anagramme de Cassiel, nom associé à de multiples bizarreries. Je l'avais lu et annoté. Je ne sais plus d'où venait Le baiser de Qumrân, ni si j'avais alors tenté de le lire, mais une autre tentative lors de la découverte avait vite été abandonnée.

  Les deux Baisers sont restés à mon chevet, peu à peu enfouis sous d'autres candidats à lecture ou relecture. Je ne peux expliquer pourquoi j'ai repris Le baiser de Jason début septembre, toujours est-il que plusieurs choses m'avaient échappé à première lecture.
  Le roman a 1 Prologue, 53 chapitres, et 1 Epilogue, soit 55 éléments, ce qui avait déclenché mon "fibomètre", mais je n'avais pas à première lecture distingué de structure 34-21 ou 21-34.
  Or il se passe bien quelque chose d'important à la fin du chapitre 33 marquant une éventuelle structure 34-21, mais ceci ne s'avère important qu'une fois le dénouement dévoilé. 
  La première phrase du Prologue est
Julia Hurbon colla son front trempé de sueur contre le hublot de l'Airbus A340.
   Les deux premières phrases du chapitre 34 sont
  Sur le chemin du retour, un bouchon retarda Vidal.
   Il jeta un coup d'oeil sur sa montre : vingt et une heures quarante cinq.
  Ainsi apparaissent aux débuts des éventuelles parties de 34 et 21 éléments les chiffres 34 et 21. Julia est une passeuse de drogue qui, arrivée à Orly à 16 h 37, est conduite à l'hôtel Barberousse à Vitry où son patron lui a réservé une chambre. On apprend chapitre 3 qu'il s'agit de la chambre 34, ce que j'avais souligné à première lecture, de même que le numéro d'enregistrement du cadavre de Julia, 2236, m'évoquant 2,236, approximation courante de la racine carrée de 5, intervenant dans la formule du nombre d'or.
 
   J'avais également noté la mention d'un Glock 34 chapitre 10, l'arme de service de l'inspectrice Agnès Jarry. Si j'avais considéré cela comme important, je ne sais comment il a pu m'échapper qu'était mentionné chapitre 42 un Glock 21, l'arme d'un truand, Shabazz Baboukar.
  Ainsi, les éventuelles parties de 34 et 21 éléments débutent par les chiffres 34 et 21, et il apparaît dans chaque partie un pistolet Glock, 34 et 21 précisément... Les deux seuls autres pistolets identifiés sont le Smith & Wesson 38 d'Eric Vidal, le flic qui dirige la traque du dealer Jason, et le Bersa Thunder 22 utilisé par Jason pour deux meurtres.
   Jason s'avère être un membre de l'équipe de Vidal, le commandant Yvan Seigner. Précisément, le chapitre 33 (34e élément) est le seul montrant une certaine intimité entre Vidal et Seigner. Yvan invite Eric chez lui, rue Saint-Just (!), et a prévu de terminer la soirée avec deux putes, une brune et une blonde, mais ceci n'est pas du goût d'Eric qui vit en couple avec Claire, et le chapitre s'achève sur cette brouille entre les deux flics.

   Plusieurs indices pourraient donc orienter vers une structure intentionnelle 34-21 du roman, mais j'ai cherché en vain des structurations significatives dans d'autres romans de Scalese, plutôt décevants comparés au Baiser de Jason. Pourquoi Jason d'ailleurs? je n'ai pas vu dans le texte de raison à ce surnom qui évoque au premier chef la Toison d'or. Et pourquoi le baiser? c'est explicitement une allusion à la dope que vend Jason, Bethsabée dite "Betty", terriblement addictive, mais aussi au "baiser de Judas", puisque Jason est un traître responsable de la mort de plusieurs de ses collègues flics.

  JUDAS est un mot de valeur 55, et c'est aussi un mot qui a une propriété très particulière, découverte en rédigeant le billet Squar' dance. Les 5 membres du Quintett de Giroud ont des initiales en quinte, CGDAE, do-sol-ré-la-mi, selon une convention musicale courante. Je m'étais demandé s'il existait des mots donnant cette exacte succession CGDAE, et le plus intéressant était JUDAS.
  CGDAE forment une gamme pentatonique, en anglais pentatonic scale.
  Le nom italien Scalese serait associé au toponyme Scala (de même sens que scale, "échelle", "gamme").

   J'ai appris que Scalese avait écrit un roman à quatre mains avec Thilliez, L'encre et le sang (2013), que j'avais en fait déjà lu, à cause de Thilliez. C'est plutôt une longue nouvelle, uniquement parue en Pocket (n° 14546). Un écrivain raté, William Sagnier, acquiert une curieuse machine à écrire: il lui manque la lettre G, et tout ce qu'on y tape se réalise...

   Curieux, car les deux romans en 34 et 89 éléments de Thilliez, Deuils de miel et Rêver (2006 et 2016), m'avaient fait consulter tous ses titres pour dénicher le Fibonacci 55 intermédiaire, sans succès, et voici qu'un candidat à une structure 34-21 est dû à un ami de Thilliez. Je soupçonne fortement ce dernier, comme vu récemment, de jouer intentionnellement avec les nombres de Fibonacci, évoqués explicitement dans deux romans, mais Le baiser de Jason (2005) est antérieur à ces romans.
  Je rappelle la coïncidence qui unit les deux romans de Thilliez, l'absence d'un chapitre, due à une erreur de numérotation de l'éditeur dans le premier cas, volontaire dans le second.
  Thilliez et Scalese sont membres de la Ligue de l'Imaginaire, à laquelle appartiennent aussi Bernard Werber et Henri Loevenbruck, deux auteurs qui mentionnent explicitement le nombre d'or dans différents romans. Le personnage le plus célèbre de Werber est la fourmi 103683, dont le numéro livre une permutation ordonnée des 6 premières décimales du nombre d'or, 618033, mais ce semble être un hasard.

  A ce propos, j'avais relevé à première lecture du Scalese l'heure prévue des retrouvailles de Vidal et de sa compagne, écartée pour la protéger de Jason, 6 h 18 à Orly, soit les trois premières décimales du nombre d'or couramment employées, 1,618 ou 0,618 (son inverse).

  Ma nouvelle lecture m'a fait envisager une élucubration plus sophistiquée. Si les Glock 34 et 21 pourraient être immédiatement significatifs, les calibres des armes du commissaire Vidal et du commandant Seigner, 38 et 22, le seraient aussi de façon tortueuse, car ces nombres sont en rapport d'or avec 62 et 35, valeurs des prénoms des deux flics:
ERIC = 35, YVAN = 62.
  Ceci implique un chiasme, et le roman a en exergue une célèbre citation de Nietzsche, chiastique,
Quand on regarde au fond des abysses, les abysses vous regardent aussi.
(j'en avais proposé jadis une forme en contrepet: Quand tu mates l'abysse, l'abysse te mate aussi.)

  En ce mois d'octobre où j'écris ceci est paru en poche le second roman de Fabrice Papillon, Régression. J'avais commenté ici son premier, Le dernier Hyver, et avais manqué la première parution du second.
   Tiens, le roman a en exergue la même citation de Nietzsche, ainsi qu'une autre citation chiastique, du Sermon sur la montagne,
Ainsi les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers.
   Ces citations sont appropriées, car Jésus et Nietzsche interviennent dans l'intrigue, construite comme celle du Dernier Hyver. Un récit actuel est entrecoupé de chapitres situés dans un passé de plus en plus proche, dévoilant peu à peu un mystère remontant à la Préhistoire.
  Dans Le dernier Hyver, il s'agissait d'un complot des femmes pour échapper à l'emprise de l'Homme, ici il s'agit d'une résurgence des néandertaliens visant à éradiquer Homo sapiens, l'espèce qui bousille la planète à une cadence exponentielle... La femme était l'avenir de l'homme, maintenant c'est neanderthalensis qui est l'avenir de sapiens...
  Papillon s'est inspiré du cryptozoologue Bernard Heuvelmans, lequel intervient d'ailleurs dans l'intrigue et voyait les Yeti, Bigfoot, et autres, témoigner d'une survivance des néandertaliens. L'état de la planète provoque en outre une régression épigénétique qui réactive les gènes néandertaliens de sapiens...
  C'est un peu difficile à admettre, mais sympathique et plein de bonnes intentions. Les chapitres historiques, moins nombreux que dans Le dernier Hyver, montrent diverses personnalités, Homère, Socrate, Jésus, Rabelais..., avoir pressenti que le règne de sapiens n'était qu'une parenthèse dans l'histoire de l'humanité.
   Papillon a choisi de mettre en scène Jésus le 7 avril 30, jour de sa crucifixion, et je m'ébahis de cette coïncidence peu après avoir relu Le baiser de Jason, relu précisément parce qu'il était paru 730 numéros avant Le baiser de Qumrân, s'achevant sur la crucifixion de l'Essénien Yesu, sans précision de date.
  Papillon en profite pour introduire deux théories, le mariage de Jésus, et Le baiser de Qumrân fait partie des fictions inspirées par ce sujet, et le fait que Judas obéissait à Jésus en le "trahissant". J'en profite pour présenter un ignominieux document de mes archives, issu de L'Almanach du Pèlerin 1897, l'almanach du quotidien catholique La Croix:

  Une pleine page montre Jésus vendu par Judas (et le fameux baiser), Joseph vendu par ses frères, la duchesse de Berry vendue par Deutz, la France vendue par Dreyfus, et le personnage dire à son fils "Et toi, mon petit Jacob, qui vendras-tu quand tu seras grand?"
  En 1998, La Croix a condamné son ancien antisémitisme, mais un siècle était-il nécessaire pour ce mea culpa ?

  Les néandertaliens, je n'ai pas bien compris pourquoi, ont choisi de manifester leur renaissance par une série de meurtres commis dans des lieux liés à la préhistoire, Filitosa, en Corse, Beraton, en Espagne, Stonehenge en Angleterre... Les enquêteurs s'avisent que ces lieux forment un parfait triangle rectangle, et cherchent s'il correspondrait un lieu symbolique au quatrième sommet du rectangle... Oui, les Externsteine en Allemagne, et ils espèrent y arriver à temps pour contrer les tueurs, mais tombent entre leurs mains, et sont emmenés au Wewelsburg, à une trentaine de kilomètres.
  Le rôle des nazis est encore assez peu clair, je n'y insiste pas, interloqué par divers échos. Trois meurtres selon une figure géométrique en appelant un quatrième font évidemment penser à La mort et la boussole de Borges, et à son triangle cachant un losange. Queen en a repris le principe avec le carré de York Square dans L'adversaire (1963). Son roman suivant, Et le huitième jour... (1964), montre l'étrange communauté "essénienne" de Quenan dont le Maître est crucifié le 7 avril 1944, Vendredi saint, pour le meurtre deux jours avant de Storicai, anagramme évidente de Iscariot (Judas l'Iscariote). J'ai étudié ici comment ce 7 avril 1944 pouvait être la première date grégorienne offrant les mêmes conditions que le 7 avril 30.
   La secte de Quenan vénère le nombre 50, de même que les Esséniens, probablement parce que ce nombre est la somme des trois carrés consécutifs du triangle de Pythagore, tels que
32 + 42 = 52 = 25 (somme 50).
   Mon roman Sous les pans du bizarre mettait en oeuvre des meurtres aux trois sommets d'un triangle de Pythagore parisien, sous-tendus par une relation équivalente sur 5 entiers consécutifs,
102 + 112 + 122 = 132 + 142 = 365 (somme 730).
  Comme chez Borges et Queen, il se passait aussi quelque chose, d'un peu différent, au 4e sommet.

   J'ai étudié diverses coïncidences associées à la représentation de ces lieux ici et .

   Par ailleurs, une de mes découvertes concerne deux châteaux triangulaires, le Wewelsburg, haut lieu du nazisme, et le château de Sisak, haut lieu de la résistance contre le nazisme. J'ai proposé la superposition ci-contre en un Sceau de Salomon, mais j'aurais aussi pu envisager le losange borgésien, ou le sablier ricardolien (il me vient que les lettres LS essentielles pour Ricardou ont pour atbash KB, du jeu biblique BBL-SSK qui m'a mené aux châteaux WeWeL-SiSaK).
  J'ai aussi envisagé d'associer les lieux des châteaux aux lieux d'apparition de crop circles triangulaires, ou à d'autres lieux symboliques. C'est ainsi que j'ai superposé le schéma de la Grande Ourse aux lieux choisis pour les raisons détaillées ici. Voici la figure d'alors augmentée du rectangle de Papillon.
  Je n'en déduis pas grand-chose, notant que j'avais utilisé aussi un lieu espagnol, le château triangulaire de Montalban imaginé par Sinoué au centre d'un Sceau de Salomon à l'échelle de l'Espagne.

   Papillon s'est inspiré des théories astronomiques sur Stonehenge pour imaginer que chacun de ses 4 lieux ait été un sanctuaire consacré au début de chaque saison, aux équinoxes et aux solstices. La sanctuarisation de ces lieux remonterait à une haute antiquité, et les sacrifices ritualisés y sont commis pour donner un coup de pouce à la transformation de l'humanité en cours...
...et ça semble marcher, un épilogue montre en 2036 une guerre civile tournant à l'avantage des néandertaliens.

  Si j'ai plus de mal à admettre la victoire des néandertaliens que celle des femmes dans Le dernier Hyver, ce roman me semble mieux maîtrisé que le premier, encombré par de vétilleuses descriptions de procédure policière.
   Je remarque particulièrement l'écho du triangle devenant un rectangle avec Sous les pans du bizarre, où les meurtres ont aussi un aspect calendaire lié à la propriété du nombre 365 vue plus haut. Lorsque les enquêteurs y découvrent que les lieux des meurtres sont les sommets d'un triangle rectangle, ils cherchent aussi où se situe le sommet du rectangle associé.
  J'avais calqué les modes opératoires des deux premiers meurtres sur ceux de L'Adversaire, d'Ellery Queen, or la digression ouverte par la lecture de Papillon a interrompu mes commentaires sur Le baiser de Jason au moment où j'allais en venir à Queen.

   Jason, c'est donc le commandant Yvan Seigner, et à première lecture j'avais noté
YVAN SEIGNER = 62 77, que j'avais rapproché de
ELLERY QUEEN = 77 62, d'autant que SEIGNER est l'anagramme de REGINES, "reines", queens...
  J'avais remarqué ici que le nom grec Jason est lui-même anagramme de celui-de son père, le roi Eson (Ἰάσων et Αἰσων en grec, soit IASON et AISON).
   Si comparaison anagrammatique n'est pas Eson, il est frappant que le patronyme Seigner dérive du mot "seigneur", comme "sieur", "sire", ce dernier substantif étant réservé au roi.
  Par ailleurs l'explication la plus raisonnable du nom Argine de la reine de trèfle est l'anagramme de regina, "reine". Ce pourrait être aussi la fille du roi mythique Argos. Le constructeur du navire Argo des Argonautes de Jason porterait le même nom.

   J'ai parlé plus haut du roman de Scalese et Thilliez, L'encre et le sang, dont le personnage principal est l'écrivain William Sagnier, dont l'éditrice a volé le manuscrit pour le faire paraître sous le nom de son amant, Jack Malcombe, et le roman est devenu un best-seller.
  La lecture de plusieurs Scalese m'a fait remarquer qu'il réemployait volontiers divers patronymes, et j'imagine qu'il a ici pu choisir Sagnier en se souvenant de Seigner dans Le baiser de Jason. SAGNIER, c'est l'anagramme de REGINAS, "reines" latines, et la machine à écrire sans G peut rappeler la perte de la lettre G en passant du latin regina à "reine".
   Je ne sais s'il existe beaucoup de romans où intervient une machine à écrire à laquelle il manque une lettre, mais c'est au moins le cas de L'arche de Noé, de Queen (1951, The Origin of Evil, dont j'ai parlé ici). Des lettres de menace sont dactylographiées sur une machine à laquelle il manque le T, ce qui leur confère un style étrange dont Ellery finit par trouver la raison.
  Les lettres G et T ont une particularité: si on répartit l'alphabet en deux groupes de 13 lettres, G et T en sont les milieux respectifs. Ceci a pour conséquence que dans les codages de substitution les plus courants, l'atbash et le rot13, le seul couple identique est GT.

  Sagnier ne vient pas de "seigneur", mais d'un mot occitan signifiant "lieu marécageux" (selon Dauzat, plus ici). Le mot "marécage" m'évoque diverses pistes, le vieux breton "ana", et plutôt ici l'espagnol "cienega", en remarquant l'anagramme CAGNIEE proche de SAGNIER.
  Je connais ce mot à cause de l'anecdote fétiche de Jacques Vallée, lequel enquêtait en 1975 sur l'Ordre de Melchizedek, selon lequel "Le Seigneur est un extraterrestre"...
  Vallée s'interrogeait sur les raisons poussant des groupes soucoupistes à se réclamer de Melchizedek. Le 21 février 76 il donnait une interview à la station KABC, 3321 S La Cienega Blvd, Los Angeles. Il prit un taxi pour s'y rendre et vit plus tard que le reçu du chauffeur était signé Melchizedek, un fort rare patronyme.
Note ultérieure: Il me paraît devoir préciser que la chose extraordinaire ici n'est pas que Vallée ait été pris en charge par le chauffeur Melchizedek, mais qu'il y ait eu un chauffeur nommé Melchizedek, un nom qu'il n'est pas le seul à porter. Sachant qu'il existe divers mouvements se réclamant de ce mystérieus personnage biblique, il était fatal qu'une personne s'intéressant à ces mouvements montât un jour dans le taxi de Melchizedek.
  Il y a des choses bien plus étranges dans le domaine de l'ufologie, et attestées par de multiples témoins. Si cette affaire Melchizedek est emblématique pour Vallée, c'est qu'elle lui est arrivée à lui.
 
  L'affaire devient vertigineuse, car si j'imagine que le nom Sagnier ait été choisi par Scalese, en écho à Seigner, il est fort envisageable que ce soit Thilliez qui ait choisi le nom de l'autre protagoniste, Jack Malcombe, en écho au cinéaste Jacques Lacombe du Syndrome [E] (2010), or Jacques Lacombe a beaucoup à voir avec Jacques Vallée.
  Comme je l'ai indiqué ici, Spielberg a choisi pour modèle de l'ufologue de Rencontres du troisième type le français Jacques Vallée, et il a souhaité qu'il soit incarné par François Truffaut.

  Il s'y nomme Lacombe, parce qu'une combe est une vallée, et se prénomme Georges, peut-être en hommage au réalisateur Georges Lacombe.
  Dans Le syndrome [E], Jacques Lacombe a réalisé dans les années 50 des films riches en effets spéciaux et messages subliminaux. Deux amis cinéphiles étudient son oeuvre, SZPILman et RotenBERG, ce qui semble une nette allusion à SPIELBERG.

  L'intrigue de L'encre et le sang est brouillonne, peut-être parce que les deux compères ont improvisé le récit du tac au tac. Lorsqu'il découvre la machine à écrire sans G réalisant tous ses voeux, William Sagnier s'amuse un peu puis tue Jack Malcombe et concocte un sort abominable à son éditrice. Dans le pénultième chapitre, Malcombe réapparaît. C'est en fait lui qui avait d'abord possédé la machine, avait découvert que celui qui s'en servait voyait sa santé se détériorer rapidement, et avait programmé le passage de la machine à Sagnier, se trouvant donc une marionnette dont Malcombe tirait les fils...
  L'arche de Noé est aussi une affaire de vengeance par procuration. Un certain Wallace retrouve vingt ans après Hill et Priam dont il entend se venger en toute impunité. Ceux-ci ont fondé une entreprise avec l'argent dont ils avaient spolié Wallace, lequel, entré incognito dans l'intimité de Priam, comprend que celui-ci se débarrasserait bien de Hill et lui souffle un plan complexe impliquant un message typographié à Hill. Le T de la machine de Priam est défectueux, mais Wallace incite Priam à passer outre, sachant que ceci l'accusera...
  Comme je l'indiquais ici, je soupçonne que Dannay décrivait à travers le duo Hill-Priam son duo d'écrivains avec son cousin Lee, et il est ainsi curieux de voir à nouveau un duo d'écrivains mettre en scène une machine à écrire à laquelle il manque une lettre, de plus dans une querelle entre deux écrivains...

  Le plan suggéré par Wallace fait intervenir l'évolution. Des animaux morts sont envoyés à Hill, selon la progression de l'évolution, poisson, grenouille, oiseau, chien... L'étape suivante est l'homme, et le coeur malade de Hill n'y résiste pas.
  Ceci m'a fait penser au roman de Papillon, et me demander si le mot "papillon" apparaissait dans L'encre et le sang. Oui, lorsque le mystérieux individu que Sagnier a repéré dans son sillage se dévoile et se révèle être Malcombe:
L’homme ôta son feutre, faisant voler des papillons de peau.
(c'est l'un des symptômes de la maladie qui frappe les utilisateurs de la machine)

  J'avais donc commencé ce billet avant la lecture du roman de Papillon, et j'avais rédigé quelques paragraphes sur un roman de Ellory que j'ai ensuite songé à écarter, avant de revoir le titre du roman! Alors voici ces paragraphes.

  Un hasard m'a conduit à lire l'introduction au premier roman publié de RJ Ellory, Papillon de nuit (2003). Daniel Ford doit être exécuté le 11 novembre 1982, il a été jugé en 1971 coupable du meurtre de Nathan Verney, début 1970.
  Alors Ellery Queen, c'est d'abord Frederic Dannay, né Daniel Nathan, mort en 1982, qui a écrit sous le pseudo Queen à partir de 1932 d'abord avec son cousin Lee, mort en 1971. Après être tombés d'accord sur ce pseudo, c'est Dannay qui a choisi le prénom Ellery en hommage à un ami. C'est un prénom dérivé de ell, "aulne", dont un autre nom anglais est alder, ce qui a été exploité au moins dans Le mot de la fin, se passant à Alderhall. Un autre nom français de l'aulne est le verne. J'avais songé à fonder une intrigue basée sur la mort de Jules Verne en 1905, l'année de naissance des cousins Ellery Queen.
  Le jeune blanc Daniel Ford, né en 1946, était l'ami du noir Nathan Verney, alors que régnait toujours la ségrégation en Caroline du Sud. Le récit suit l'actualité américaine, avec les assassinats des Kennedy, de Martin Luther King, la guerre du Vietnam, avec des témoignages donnant à entendre que la politique américaine est orchestrée dans l'ombre, rappelant les romans d'ELLROY (anagramme de ELLORY).

  Deux ou trois petites choses encore. J'ai retrouvé le nom Sagnier dans un autre roman de Scalese, Je l'ai fait pour toi (2018), pour un personnage très secondaire, Lilian Sagnier, dont le nom n'est cité qu'une seule fois. Le roman offre une dédicace possiblement "à double entendre":
A ceux qui comptent. Ils se reconnaîtront.
  Je me demande parfois si, à l'instar des néandertaliens de Papillon, des êtres hors du commun, surdoués du bulbe, ne se cacheraient pas parmi nous, se reconnaissant entre eux par divers signes. Toutefois les romans de Scalese, comme les premiers romans de Thilliez (il a fait des progrès), ne me semblent pas dénoter un tel génie.

  Deux ans avant Le syndrome [E], un personnage de L'anneau de Moebius est le physicien Jacky Duval, un nom qui comme Jacques Lacombe ou Jack Malcombe peut évoquer Jacques Vallée. Un autre personnage se nomme Noël Siriel, alors qu'un pseudo de Vallée est Jérôme Sériel.
  Ce roman explore l'hypothèse des mondes parallèles, comme Le sub-espace de Jérôme Sériel. Il pourrait s'adresser "à ceux qui comptent", car son héros Kismet ("destin" en turc) vit une boucle temporelle de 6 jours et 20 heures (6 et 20 rangs des initiales FT de Franck Thilliez). Il y intervient deux fois le nombre 101 (valeur de THILLIEZ), et le tirage gagnant du loto 4-5-19-20-9-14 (D-E-S-T-I-N).

  Ce billet étant le 305e de Quaternité, je lui ai trouvé un titre de valeur 305.

  L'évocation plus haut de l'enquête de Jacques Vallée sur les groupes soucoupistes se réclamant de Melchizedek m'a rappelé quelque chose. En novembre 2014, j'ai été conduit à ouvrir un livre débile qui calait une étagère, La 12e planète, de Zecharia Sitchin, et à être frappé par sa théorie que le mot hébreu SM devait être traduit "vaisseau spatial" plutôt que "nom". SM est aussi le nom du patriarche Sem, et je mentionnais dans le billet son identification par la tradition juive avec Melchizedek.
  Je n'avais pas songé alors aux groupes soucoupistes se réclamant de Melchizedek, j'en suis confus. Incidemment, dans ce billet où il est beaucoup question de rois et reines, melchizedek signifie "roi de justice" mais zedek désignera ultérieurement la planète Jupiter. Tiens, la 12e planète de Sitchin, Nibiru, pourrait en fait être Jupiter.
  L'un des arguments de Sitchin est le verset Gn 11,4:
Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
  On comprend ici comment "vaisseau spatial" pourrait être adéquat pour SM, je n'y insiste pas. Il y a un résultat du "code biblique" que j'ai depuis longtemps l'intention de présenter, et en voici l'occasion.
  A partir du mot "sommet" de ce verset, en hébreu RAS, l'ordi trouve une ELS de 10 A, unique dans la
Bible (du moins dans le texte le plus courant).


  Ce résultat vient de cette page, où il est présenté comme découlant de la sainteté de la Bible.
  Comme j'ai eu déjà l'occasion de le dire, le code biblique ne peut avoir de pertinence que pour des passages bibliques n'excédant pas quelques centaines de lettres, or le saut dans la tour des 10 A est de 1850 lettres, bien au-delà de ce qui serait raisonnablement envisageable.
  Alors il s'agit d'un hasard, objectif ou non, significatif ou non, et l'incidence du mot SM peut donner lieu à commentaires, car ce mot est formé des deux lettres mères shin et mem, symbolisant le feu et l'eau. L'autre lettre mère est A, alef, symbolisant l'équilibre entre les deux.

  J'ai eu la curiosité de regarder s'il y avait d'autres ELS comparables, avec les lettres les plus courantes en hébreu. Il n'y a de résultat que pour Y, yod, soit une série de 11 Y avec un saut de 7120 lettres, et 5 séries de 10 Y, dont une avec un remarquable saut de 82 lettres, ce qui permet à l'ensemble des 10 Y d'apparaître dans le premier chapitre du livre de Jonas.
  J'évoquais dans ce billet Blogruz l'hypothèse que l'histoire de Jonas ait été inspirée par le mythe de Jason.

  Si j'ai lu Le baiser de Jason, c'est à cause du nom de l'auteur, Scalese, dont une autre forme est Scalesi, anagramme de Cassiel, nom associé à de multiples bizarreries. Cassiel est le nom de l'ange de Saturne, altération de l'hébreu Kafziel, dont la première forme a été Zafkiel, ÇPQYAL, (צפקיאל), étymologie inconnue, forme probablement calquée sur l'ange de Jupiter, ÇDQYAL, (צדקיאל), dont la racine est tout simplement Zedeq, Jupiter.