14.12.22

l'alchimie des Métaux de Perec

à  GP

  Le 11/11/22 m'a conduit à écrire 4 onzains en G-P-C-J, initiales de Georges Perec et Carl Jung.
 

  J'ai ensuite anagrammatisé leurs 484 lettres en un sonnet "jungien".
  Ce travail  sur les grilles de lettres m'a conduit dans les deux billets suivants à étudier la formule jungienne UNUS MUNDUS, et plus précisément les lettres MD qui transforment unus en MunDus.

  Le billet précédent m'a notamment conduit à deux énoncés particuliers commençant par "ma dame", le début de Noce de Perec,
Ma dame d’ambre rare
Armada amarrée en rade de Madère
en 11 mots et 43 lettres, et d'illustres perecologues ont utilisé d'autres énoncés de Perec en 11 mots et 43 lettres pour appuyer la thèse du 11-43, métonymie du départ de la mère de Perec pour Auschwitz le 11 février 43.
  L'autre texte est codé par des lettres en gras dans le premier chapitre de l'essai sur Rennes-le-Château de Christian Doumergue, Le secret dévoilé (2013):
Ma dame adorée dans l’heure fleurie dissout les ombres ténébreuses
  Il s'agit d'une adaptation en français moderne de vers de Jehan l'Ascuiz,
Nostres dames adorées
Dans l’heure fleurie
Dissoudent les ombres ténébreuses du temps.
peut-être due à Doumergue car je n'en ai trouvé aucune trace en ligne.
  La version codée a 11 mots et 56 lettres, de valeur
 616 = 11 x 56,
ce qui m'a interpellé, car, dans mon roman publié en 2000, j'avais codé d'une manière analogue le sonnet de Perec Vocalisations, essentiellement parce qu'il a 112 mots, de valeur
6272 = 112 fois 56.

  Il n'y a pas lieu de suspecter que Doumergue s'en soit inspiré, car c'est un ami des auteurs Giacometti-Ravenne qui, dans les premiers chapitres de leurs premiers romans, codaient des messages par des lettres en italique.

  Toujours est-il que la confrontation des deux énoncés débutant par "ma dame", l'un en 11 mots et 56 lettres, l'autre en 11 mots et 43 lettres, m'a aussitôt rappelé que j'avais associé à la valeur 112 fois 56 du sonnet de Perec la valeur 112 fois 43 d'un autre ensemble dû à Perec.
  C'était étudié dès ma brochure En vers recompter tout de mars 1997, dont un exemplaire est à l'AGP. Outre les 4 sonnets pastiches lipogrammatiques de La Disparition, Perec a écrit les "sept sonnets hétérogrammatiques" de Métaux en 1976-77, pour un projet de livre d'artiste en association avec le sculpteur Paolo Boni, livre qui ne serait édité qu'en 1985, à 150 exemplaires.
  On en trouve ici quelques illustrations, les manuscrits des 7 sonnets sont donnés dans le CGP n°4, Les poèmes hétérogrammatiques.

  Ces sonnets sont donc des ensembles de 14 hétérogrammes de 14 lettres. Les 10 lettres ESARTINULO en sont la base comme tous les autres poèmes de ce type.
  La série est complétée par MD pour tous les poèmes de Métaux.
  Vient ensuite une autre lettre caractérisant chaque sonnet, accompagné de ses lieu et date de composition, soit
B, Paris, 15 décembre 1976;
C, Paris, 15 décembre 1976;
F, Lans-en-Vercors, 24 décembre 1976;
G, dans un train, 22 décembre 1976;
H, Lans-en-Vercors, 27 décembre 1976;
P, Lans-en-Vercors, 29 décembre 1976;
V, Paris, 15 décembre 1976.

  Enfin l'autre lettre pour parvenir à 14 est un joker, laissé libre au scripteur pourvu qu'il ne fasse pas partie des 13 autres lettres du "vers".
 
  Les commentateurs du CGP4 soulignent que l'objet livre est formé de 11 cahiers indépendants, chacun formé d'une grande feuille pliée en deux, mais Perec a-t-il joué un rôle dans ce choix, l'édition ayant été posthume?.
  Ils pointent aussi l'anomalie du sonnet G, comme Georges, écrit avant le sonnet F, et dans un train, ce qui peut évoquer le voyage vers le Vercors qu'avait effectué le petit Georges 34 ans plus tôt, pour le mettre à l'abri des rafles de Juifs
  22 (décembre) est 11 x 2 selon ces commentateurs, mais ils n'ont pas été jusqu'à proposer que les rangs 4 du sonnet G selon l'alphabet et 3 selon la date de composition pourraient fusionner en 43, ni que seules 3 des 4 pages des 7 cahiers correspondant aux sonnets étaient imprimées, la 4e, au verso de la "graphisculpture" de Paolo Boni, restant vierge.

  De mon côté, j'avais remarqué qu'un autre sonnet était en P, comme Perec, or les valeurs des 196 lettres des sonnets sont
2375 pour le sonnet en G, 2441 pour celui en P,
somme 4816 = 112 fois 43, ce qui pourrait être une belle formulation du 11/2/43.
  Par ailleurs, les rangs de G et P sont 7 et 16, et
112 = 7 x 16.

  Je n'imagine plus aujourd'hui que ceci ait pu être voulu par Perec, et j'étais loin d'en être sûr en 1997, où il me semblait plus accessible de présenter les résultats sous l'angle de l'intentionnalité, en laissant une porte ouverte vers d'autres possibilités, comme le calcul inconscient.
  Quoi qu'il en soit, les découvertes d'effarantes complexités architecturales dans diverses oeuvres du corpus de Perec font question, ou dans des textes isolés. Je repense maintenant que mes 4 onzains en G-P-C-J totalisent 484 lettres, carré de 22, et que c'est aussi le cas de un poème, le texte où Perec a abordé le plus intimement le calvaire de sa mère, et le sien.
  Perec a déclaré que ce texte n'était pas contraint, mais, en le disposant en un carré de 22 par 22, la dernière ligne est
sur le drap noir de ma table
en 11x2 lettres et deux lemmes de 4 et 3 mots.
  En le disposant en un triangle de 22 lignes, de 1 à 43 lettres, la dernière ligne est
de mes mains ambidextres sur le drap noir de ma table
en 11 mots et 43 lettres.

  Je reviens aux sonnets en G et P de Métaux, dont voici les matrices et les textes.
 

Monde si brut :
la gangue tord simple granit s'y modulant gris

Doux mélange du pli Stromboli :
                     Sang
     dur temps du métal groin
crime du sanglot d'argent mis où flacon
          gel du Mistral
                 " String "

   d'où embringue plat d'osmose
            ni glu d'anthrax
             mot lu d'Ingres

 

larcin su dompté
d'un sali Prometheus
mordant pli blanc d'esprit mou
défiant lors puma
                    piment d'Horus
                     lard :
Félin somptueux
                        sprint modal

        humant d'espoir
        l'empan sorti du flanc
        trous de l'impavide mort
          plis ne surplombant
         dits du milan probe


  Les tenants du 11-43 ont manqué de signaler que le sonnet en G comptait 11 vers, et que les absences d'enjambements les plus notables se trouvaient dans les sonnets en P (1-3-4-6 lignes de la matrice correspondent à 1-2-5-5 vers), et en G (7-7 lignes à 5-6 vers).
  La 8e ligne de cette grille, crime du sanglot, forme en outre un énoncé complet, ainsi la césure principale du sonnet entre quatrains et tercets (8/6=4/3) se trouve respectée dans ces deux hétérogrammes, et elle est marquée par un saut de ligne dans celui en P.
  Au niveau des lettres, cette césure est entre 112 et 84 lettres, avec
112 évoquant 11/2,
112/84 = 4/3,
pour ces sonnets dont la valeur totale est 112x43.

  En 1997, le parallèle avec la valeur 112x56 de Vocalisations m'avait conduit à un écho avec La Vie mode d'emploi, où je distinguais une séparation de ses 99 chapitres en 43-56. Je n'y reviens pas.
  Je remarquais que, dans crime du sanglot, le 8e "vers", C était la lettre joker, et rime du sanglot me rappelait que Perec avait donné une autre version de Vocalisations, où le 8e vers avait sanglot à la rime:
Dans la punition d'un courroux, d'un sanglot;
  Cette autre version m'avait conforté dans l'idée que les harmonies numériques de la première version étaient fortuites.

  J'observais en 1997 que la rime de sanglot dans l'autre version de Vocalisations était taud, que je rapprochais de l'allemand Tod, "mort", or le 11e vers du sonnet en P est trous de l'impavide mort.
  Aujourd'hui où j'ai acquis un peu d'habileté dans le maniement des lettres, il me vient que rime du sanglot, ou la série ESARTILUNO-DM-G caractérisant ce sonnet, est l'anagramme de DEUIL-MORT-SANG.
  Le 4e vers de ce sonnet en G est Sang.
  Les lettres DM communes à toutes les lignes des grilles forment en hébreu le mot dam, דם, "sang".

  Il y a 3 jokers P dans le sonnet en G, mais aucun G dans le sonnet en P. Il est toutefois loisible de remarquer que les 13 lettres présentes dans chaque ligne sont
ESARTINULO-MD-P = 167, or
16-7 sont les rangs des lettres P-G, et comme vu supra,
16 x 7 = 112.
  En prenant en compte crime du sanglot, les absences d'enjambements du sonnet en G répartissent ses 14 lignes en 7-1-6.
 
Beagle Boys, vs Mickey Mouse & Donald Duck

  Une petite pensée pour les 176 onzains d'Alphabets.

  J'observais ici que je n'avais pu caser toutes les lettres CARL JUNG'S POET, I en acrostiche de mon sonnet, anagramme des 4 onzains en G-P-C-J, et les seules 13 lettres en tête de vers étaient
ARLJUNGSPOETI = 167,
valeur de UNUS MUNDUS, désignation du Soi pour Jung.

  Puisque ces mots sont latins, leur valeur selon l'alphabet latin peut être prise en compte, et c'est 158, valeur des 13 lettres présentes dans chaque ligne de la grille en G,
ESARTINULO-MD-G = 158.
  Le sonnet en G débute par Monde si brut, "brut" pouvant se comprendre "originel", "pur", "un"...

  Le précédent billet m'a fait étudier les lettres MD qui transforment unus en MunDus, et m'a particulièrement conduit aux deux formules en 11 mots débutant par Ma dame, en 43 et 56 lettres, ce qui m'a rappelé la confrontation des valeurs
4816 = 112 x 43 des sonnets de Métaux en G et P, et
6272 = 112 x 56 du sonnet Vocalisations, qui m'avait d'abord évoqué
ARSENE LUPIN = 62 72 = 134.
  J'avais vu parallèlement les nombres 13-4 cerner la lettre n° 14 que Lupin cherchait parmi les 18 lettres du roi George, et Leblanc semble avoir répété ce jeu avec les 18 camions transportant les Dix Milliards d'Arsène, excepté le camion n° 14.
  Aussi j'avais été frappé par les lettres communes aux sonnets de Métaux,
ESARTINULO-M-D = 134-13-4.

  Il m'est revenu ce 14 décembre qu'un couple 134-167 avait joué un rôle essentiel dans ma recherche, avec les deux occurrences du titre La Marie du Port, de Simenon, dans le catalogue Folio Policier:


   Le n° 134 n'est jamais paru, mais est demeuré dans les catalogues, à proximité du n° 167. J'avais vu que ce titre avait 13 lettres et 4 mots, et que les 11 lettres différentes étaient
AEIOU DLMPRT = 51+83 = 134, et je venais d'être récemment conscient que 51-83, partage doré de 134, évoquait aussi 51,83°, l'angle dont le cosinus est Phi.
  Le 13/4/2005, il y a plus de 13 et 4 ans, je me suis réveillé avec le souvenir que 134 était la valeur des 10 lettres ESARTULINO choisies par Perec comme base de ses hétérogrammes, et ceci a été le point de départ de maintes autres découvertes dorées, dans Alphabets notamment.
  Aujourd'hui 12/14/2022, je me rends compte que la série gouvernant le sonnet en P,
ESARTINULO-MDP = 134+33 = 167,
est la seule contenant toutes les lettres de La Marie du Port, numéros 134 et 167 du catalogue Folio Policier, et évidemment aussi ESARTINULO.

  Je suis intervenu pour la dernière fois sur ces questions ici, où je mentionnais aussi le n° 142 du catalogue, Nice 42e rue, de Patrick Raynal, pouvant correspondre à la fameuse lettre n° 14. Si le dernier point est exact, je m'étais trompé sur le numéro, qui est en fait 128, et cette erreur remonte à mes premiers écrits en 2005.
  Le billet précédent m'a amené à célébrer le nom de jeune fille de ma femme, et sa valeur 142. Comme je l'ai précédemment dit, j'ai cru quand j'ai commencé à bloguer que la date de publication d'un post était celle où il était créé, aussi je prenais garde au PostId, l'identifiant à 19 chiffres de chaque post, une occasion de coïncidence (on peut lire l'ensemble BlogId/PostId en pointant sur "enregistrer un commentaire" au bas du billet).
  Ceci a considérablement perdu de son intérêt lorsque j'ai su qu'on pouvait définir n'importe quelle date de publication pour un post. Néanmoins je vois son identifiant tout au long de l'écriture d'un billet, et j'ai ainsi remarqué que celui du précédent billet débutait par 47, valeur de Perec, et se terminait par 225139, 139 et 225 étant des nombres de la suite additive 53-86-139-225, dont il était question dans le billet encore précédent, 53 étant la valeur de SONÈ, 86 celle de CARL JUNG.
  Perec a mentionné cette suite dans ses brouillons pour "53 jours".

  Le billet où il était question de cette suite avait son PostId s'achevant par 170, la valeur correspondant aux 14 lettres de mes onzains du 11/11/22, m'ayant décidé à les anagrammatiser pour faire l'acrostiche du sonnet du billet suivant, précédent à nouveau celui au PostId s'achevant par 170,
CARL JUNG'S POET, I = 170.

  Bref, il semblerait que, ces derniers temps, le PostId d'un billet, notamment ses derniers chiffres, ait un rapport avec le contenu du billet précédent. Celui du présent billet est
4518235898505218142,
se terminant par 142, valeur de AMD, Anne-Marie Durand, mais aller un rang plus loin livre 8142, or il m'est essentiel depuis février 2017 que
PRENOM NOM = 81 42, et ce n'est qu'aujourd'hui que j'y vois un nouvel écho.
   JEAN RICARDOU a décrété que les "nombres fondamentaux", utilisés pour structurer ses textes, étaient 4 et 8, nombres de lettres de ses prénom et nom, somme 12, rapport 1/2.
  Ainsi ces nombres 1-2-4-8 déduits de ses prénom-nom sont-ils les chiffres des valeurs de PRENOM-NOM.
  Je suis revenu à maintes reprises sur l'obsession de Ricardou comme sur les valeurs de PRENOM-NOM, sans voir cet écho, le dessillement ayant été provoqué par le PostId. Je remarque encore que les valeurs de mes PRENOM-NOM (45 89) peuvent s'y lire:
45 18235 89 850521 81 42.
  Quant au 142 d'AMD, une recherche de ses occurrences sur Quaternité m'a rappelé que
142 = 196, nombre de lettres de chaque sonnet de Métaux.

  J'ai cherché si des messages fortuits apparaissaient dans les grilles de Métaux. Le rapport faible Voyelles/Consonnes ne le facilite pas, et c'est une curiosité que la diagonale dextro-descendante du sonnet en G livre des mots cohérents:
lus-canin-si-lu-dé (ou l'us, car Perec utilise ce singulier).
  Difficile d'y voir du sens. Je découvre aussi dans les deux dernières colonnes les mots anglais star et bum, qu'on pourrait traduire par "la belle et le clochard".
  C'est dans le sonnet en V que j'ai vu ce qui pourrait être plus significatif:
 

  Dans ce dernier poème écrit à Paris, Perec semble se souvenir de LANS-en-Vercors (11e colonne), où il est venu voir Harry Mathews, et où il a écrit les 3 sonnets précédents, ou de Villard-de-Lans (VIntLARcDE, la lettre suivante étant l'S du LANS vertical), où il a vécu les années de guerre.
 

  La grille offre un acrostiche isogramme en V, comme Verticale ou Vercors.

Note du 15/08/24: J'étudie ici l'autre sonnet surcontraint de Métaux, celui en F avec ses diagonales isogrammes en M et U, et c'est vertigineux...



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