9.5.18

Du Novel Roman à Villers


Chapitre 5 : ELLE CHERCHAIT NOISE
 Elle, c'est Clarissa Abadanlost, qui comme Elisabeth Lovendale dans la nouvelle de Leblanc recherche le volume 14 d'une certaine édition, et plus particulièrement la lettre cachée dans ce volume 14.
  Ces deux Anglaises ont des noms de 18 lettres de valeur 171, comme la somme des 18 premières lettres, avec le N placé en 14e position, mais j'avais forgé le nom de telle manière à ce que les 14 premières lettres aient la valeur 105, somme des 14 premières lettres.
  Il n'était pas trop facile de trouver ensuite 4 lettres de valeur 66, et je m'étais réjoui de trouver LOST, succédant à N, la lettre "perdue".

  J'avais résolu de transformer le jeu que j'attribue à Leblanc, N disparu parmi 18 lettres laisse un blanc entre A-M et O-R, soit AMOR qui additionné à N peut donner ROMAN, en un jeu permettant d'arriver à NOVEL.
  Il fallait donc une édition en 17 volumes numérotés de 5 à 22, sans volume 13, pour que l'omission de N=14 laisse les ensembles 5-12 et 15-22, soit EL et OV.
  J'ai donc imaginé le superstitieux Valmoreno à partir de Nerval, pseudo de même signification.
  Valmoreno est une innovation de 2018, inspiré par la liste Oulipo où le Desdichado de Nerval est un poème fétiche, dont il existe des centaines de récritures recensées ici par Nicolas Graner.
  J'ai imaginé le quatrain suivant, avec quelques échos nervaliens.
Voici que s'est perdu le poisson d'or pérenne,
L'énième et seul gardien de ma noire prison,
L'unique clef ouvrant le jardin de la reine,
La limite arbitrale où finit l'horizon.
  Chaque vers fait allusion à la lettre N:
- "poisson" serait le sens de la lettre sémitique noun;
- "énième" s'écrit aussi Nième et fait référence au Nombre N;
- pour les esséniens N était une "clef";
- "horizoN" finit par un N.

  Par ailleurs le quatrain a 138 lettres totalisant la valeur 1604 selon notre alphabet. 1604 est l'année de la découverte du tombeau de Rosencreutz selon la Fama Fraternitatis, et c'est aussi la valeur des 138 lettres des diverses inscriptions du tombeau (selon l'alphabet latin).

  Je scinde aujourd'hui volontiers 138 en 13-8, deux nombres de Fibonacci auxquels je m'intéressais assez peu en 1998. Je remarque aujourd'hui que le jeu pour obtenir N-OVEL fait que la lettre perdue est  la 13e parmi les 21 lettres cachées dans les 21 volumes.  On peut aussi envisager un partage 13-8 de ces lettres.

  Il y a une autre chose que je n'avais pas prévue. Après coup, je me suis avisé que les 4 lettres initiales des vers, VLLL, étaient aussi des chiffres romains, 5-50-50-50, totalisant 155, ce qui n'est autre que la valeur de ROSENCREUTZ selon l'alphabet Schwenter (un alphabet de 24 lettres, ou IJ sont confondus, de même que UV, mais W en est la  21e lettre).

  C'est cette valeur 155 qu'utilisent Van Houten et Kasbergen dans leur Bach et le nombre, où ils avancent l'hypothèse saugrenue que Bach ait été un initié rosicrucien, ce dont témoigneraient de multiples indices codés dans sa musique. Leurs trouvailles sont cependant si ingénieuses, à commencer par l'analyse des 138 lettres des inscriptions du tombeau de Rosencreutz, que j'ai creusé à mon tour l'oeuvre bachienne, et trouvé à mon tour des relations troublantes, au point de poser des questions allant bien au-delà de leur interprétation.

  J'y reviendrai dans un prochain chapitre de Novel Roman.

  Mes analyses m'avaient conduit à utiliser aussi la valeur 154 des 11 lettres ROSENCREUTZ selon l'alphabet latin, 11x14 que je reliais à BACH=14, et à l'une des premières utilisations de la gématrie latine, lorsqu'un père de l'Eglise reliait au 5e siècle la valeur 154 de ANTICHRISTUS au nombre 616 de la Bête de l'Apocalypse (selon une variante), 616 = 4x154. Il est en outre question du nombre 616 dans le paragraphe 616 de ce texte:
616.Sed haec ad certum computationis numerum discrepare videtur, iuxta quod alii doctores de numero bestiae tractaverunt.  sic enim ait sanctus Victorinus episcopus:  numerus eius, ait spiritus sanctus, nomen hominis est et numerus nominis eius DCXVI, id est Antichristus.

  Comme le Gématron offre aussi la possibilité de calculer la somme des lettres correspondant aux chiffres romains, procédé classique utilisé dans les épitaphes, j'ai eu la curiosité d'y soumettre mon quatrain, et d'en découvrir la valeur 6776, soit 11 fois 616, ou encore 44 fois 154, la valeur que je privilégie de ROSENCREUTZ.

  Je rappelle que ce nombre 616 est réapparu il y a deux ans pour la gématrie du premier message codé dans Le secret dévoilé, message de 11 mots et 56 lettres alors que 616 = 11 fois 56. Dans ce livre est évoqué le tombeau de Rosencreutz.
  La récente découverte d'un sonnet codé dans un texte de Ricardou m'a donné l'envie d'écrire un billet consacré aux différents types de codage utilisés, projet retardé par d'autres découvertes ricardoliennes.
  J'ai constaté dans le précédent billet, 251e de Quaternité, que les trois éléments du nom nouvellement adopté de mon milliardaire mort à 106 ans coïncidaient admirablement avec la fable rosicrucienne:
VALENTIN ANDREAE MONLORNE = 97+48+106 = 251,
permettant d'une part le découpage 97-154 correspondant à
CHRISTIAN ROSENCREUTZ = 97+154 = 251,
selon l'alphabet latin, et 106 l'âge idéal du rosicrucien. 48 ressortirait plutôt du domaine ricardolien...
  Ce billet, qui est bien entendu le 252e de Quaternité, me conduit donc à la forme
CHRISTIAN ROSENCREUTZ = 97+155 = 252,
selon l'alphabet Schwenter, 252 qui apparaît notamment pour Van Houten et Kasbergen dans les Canons de L'Art de la fugue.

  Je consacre ce billet entièrement au chapitre 5 de Novel Roman car je ne sais encore comment vont s'organiser les chapitres 6 à 10, la suite étant déjà bien établie.  
  Le jeu LOVE-N-OVEL m'est encore l'occasion de revenir sur le roman de Benoît Peeters déjà mentionné à diverses reprises, La bibliothèque de Villers (1980), dont de nouveaux aspects me sont apparus récemment.
  Dans ce roman, plus court que beaucoup de "nouvelles", quatre personnes sont assassinées, tous les 25 jours, aux quatre coins de la ville de Villers. Les initiales des victimes sont II, VV, RR, EE.

  La découverte de ce motif géométrique conduit les enquêteurs à s'intéresser à la bibliothèque de la ville, située à l'exact centre de ce quadrilatère, mais ils y découvrent un nouveau mort, le conservateur Lessing.
  C'est au lecteur de comprendre que le coupable est le L-IVRE, la fiction, et de relire le texte pour y constater l'abondance des indices pointant vers les 5 lettres L-I-V-R-E, et vers le nombre 5 et ses multiples.


  J'ai découvert ce livre en 2001, et vu que son dénouement, ou plutôt son absence de dénouement, était fort proche de ce que j'avais prévu pour Novel Roman. Par ailleurs le mot visé était encore un mot de 5 lettres.
  Mais il y a davantage aujourd'hui.
  J'ai relaté ici les circonstances où j'ai découvert en 2001 ce "livre", en relation avec ma signature au Salon du Livre de Sous les pans du bizarre, or c'est la commande ferme de ce roman par Pouy qui m'a fait abandonner le projet Novel Roman.
  Le jeune Peeters, 23 ans lors de l'écriture du livre, était très influencé par le Nouveau Roman et par Ricardou, que Peeters accueillera plus tard dans son équipe aux Impressions Nouvelles, où il a notamment publié Révélations minuscules, où Ricardou a fait se tenir en un espace des plus réduits les lettres "roman novel", sans relation immédiate avec mon projet.

  Il y a encore davantage, et il m'aurait été loisible de le voir dès 2001 car l'idée de former le mot NOVEL par la disparition de la lettre N d'une collection de 17 lettres faisait partie de mon projet de 1998.
  J'avais donc vu que les lettres IVRE aux quatre coins de Villers formaient le mot VIER, "quatre" en allemand ou néerlandais, l'une des langues de Brüssel où vit Peeters. J'avais pris contact avec lui alors, et il avait dénié avoir songé à cette possibilité.

  J'avais vu d'autres propriétés de ces lettres IVRE. Le rot-13 et l'atbash sont les seuls codages alphabétiques simples où une seconde application du procédé redonne le texte d'origine, or selon ces codages
IVRE devient VIER en rot-13 (puis redevient IVRE);
IVRE devient REIV en atbash (puis redevient IVRE).

  L'avant-dernière victime du livre était Edith Ervil. De même que Peeters a extrait l'initiale L de LIVRE pour l'envoyer en queue, ce qui ressemble fort à ce qu'a pu faire Leblanc avec N entre A-M et O-R, j'avais ôté le N de la collection EV pour laisser un vide entre E-L et O-V, or ces lettres forment deux couples atbash EV et LO, si bien que 
OVEL devient LEVO en atbash, de même que
IVRE devient REIV en atbash.
  Ainsi N-OVEL et L-IVRE offrent une même propriété pour leurs quatre dernières lettres, et deux auteurs, sans en être conscients, ont conçu chacun de son côté des intrigues destinées à faire deviner ces deux mots, en faisant tous deux jouer un rôle à part aux initiales des deux mots.
  J'ai introduit une Bénédict Perrot dans mon chapitre pour rendre hommage à Benoît Peeters.

  J'ai eu la curiosité de chercher ce que donnait NOVEL en rot-13, soit ABIRY. Une recherche Google m'apprend que c'est un ancien toponyme du Wiltshire, pour un site mégalithique (aujourd'hui Avebury), et surtout que c'est un adjectif signifiant "chevaleresque" en hébreu moderne. C'est aussi un patronyme.
  Ce mot, אבירי, dérive du substantif אביר, "chevalier", issu d'un adjectif souvent substantivé en hébreu biblique, signifiant essentiellement "fort", "puissant".

  D'abord, ce mot m'a rappelé Le domaine d'Ana (1998), de Jean Lahougue, auteur également publié par Benoit Peeters, mais celui-ci est paru chez Champvallon, ainsi que Clés du domaine, où Lahougue livre les codages de son roman, où sont exploités les centres de diverses manières.
  Il s'agit d'abord des mots au centre des phrases, et j'ignorais alors que Ricardou avait été 10 ans plus tôt un pionnier dans ce domaine. Si Ricardou n'a pas donné toutes les clés de ses textes ainsi codés, dont Révélations circulaires où apparaissent les lettres "roman novel", voir supra, Lahougue a eu à coeur de tout révéler, heureusement car l'un des décodages impose de compter les mots de toutes les phrases du roman, 2775, afin d'en prendre les mots au centre des phrases comptant un nombre impair de mot, et de composer ainsi le roman', constituant un dernier chapitre libérant les héros de l'épineuse situation où ils se trouvaient à la fin du roman.
  A partir du roman', le lecteur acharné peut décoder un épilogue, ou roman'', en prenant les médiales des mots comptant un nombre impair de lettres.
  Ce n'est pas fini, car un roman''' apparaît selon le même principe à partir du roman'', et à partir de cet alexandrin, Le centre a reparu de ce monde pliable, il est encore loisible d'appliquer le même principe pour décoder le mot ANA, dont il n'est pas indifférent que la lettre médiale soit un N, l'une des deux lettres occupant le centre de l'alphabet (et si Lahougue était aussi superstitieux que Valmoreno, il bannirait la 13e lettre M pour avoir N seul centre de l'alphabet).
  Mais voilà, tout auteur qui se lance dans des codages aussi complexes s'expose à des erreurs, de sa part ou de la chaîne éditoriale. Comme je l'indiquais ici, l'une des erreurs est qu'un mot est mal orthographié dans le roman', "mousses" impair est devenu "mousse" pair, en conséquence il manquerait un s au mot "chevaleresque" dans le roman", et ceci influerait évidemment sur les décodages suivants.
  Il n'y aurait ainsi plus d'ANA, alors que le roman en préparation de Lahougue a pris un tournant décisif lorsqu'une thésarde espagnole l'a contacté pour travailler sur son oeuvre, Ana Roman. Et c'est le personnage Ana du roman qui reprend dans le roman'' le cours interrompu d'un chevaleresque récit des temps passés. Et "chevaleresque" est en hébreu abiry, rot-13 de novel... (les codages rot-13 sont communs en ligne, et on y trouve aussi bien ABIRY que EBZNA, rot-13 de ROMAN, ou YVIER, rot-13 de LIVRE, ce qui me fait penser que mon "livre" débute en "yvier", ancienne orthographe de "hiver").

  J'ai donné plus haut le logo de la société d'ingénierie israélienne ABIRY. Jadis, il m'arrivait d'intégrer à mes billets des illustrations en utilisant leurs URLs, et puis j'ai constaté que ces URLs pouvaient disparaître, et donc mes illustrations, aussi j'ai soin maintenant de charger d'abord les images sur mon ordi, avant de les transférer sur Blogger.
  Donc l'image ABIRY avait pour titre logo, et je me suis avisé lorsque je l'ai transférée sur Blogger que j'avais une autre image débutant par "logo" sur mon ordi, logo-cheval3, utilisée dans le billet Queval-Utu en juin dernier.
  Ce billet fait partie de la constellation de coïncidences à laquelle est lié le jeu NOVELROMAN, où le cheval trouve sa place (je rappelle le poème ROMAN AMOR, composé pour Jean Queval par Paul Braffort, occulté il y a quelques jours, le 4 mai).

  Chercher abir et abiry dans mes dicos d'hébreu m'a conduit à une nouvelle curiosité. Peu avant abir dans le Sander et Trenel, page 4, mon oeil a repéré page 2 le verbe abad, dont l'acception principale est "perdre". Il était extrêmement difficile de créer un nom de 18 lettres de valeur 171 avec imposées les 8 premières lettres CLARISSA=82 et les 5 dernières NLOST=80. Il fallait trouver 5 lettres de valeur 9, soit pratiquement obligatoirement AAABD ou AAACC. J'avais choisi ABADA, peut-être avec une pensée pour l'hébreu Abaddon, ange de la Destruction, sans que le sens de abad fût présent à ma conscience, et voici donc que c'est lié à "perdre", comme lost (dans la série Lost un personnage se nomme Abaddon; je rappelle que le quatrième message codé dans Le secret dévoilé est issu de Lost, avec semble-t-il une erreur).

  Une petite chose encore, j'ai choisi la deadline du 16 mars rue d'Aumale car René Daumal est né ce 16 mars 1908.

Aucun commentaire: