14.11.21

une Saturnale à la gloire de Mercure

 
  Retour sur le billet précédent, où je déplorais ma lenteur à établir des liens entre divers éléments pourtant déjà abordés sur ce blog ou ailleurs, suggérant qu'il me faudrait relire tous mes anciens écrits.
  Précisément, une fulgurance est apparue lors de la relecture de Quarante-quatre coups de dés ressusciteront Lazare, évoqué dans ce billet pour le rébus d'Etienne Perrot à partir du "ramassis" (Râ-masse-Isis, Soleil-Pierre-Lune):

  Je donnais dans ce billet un jeu de Perrot, similaire à celui sur "ramassis", cette fois sur le mot "pélican" Au lieu du soleil et de la lune, le traducteur du Yi King met en avant deux autres principes opposés, Feu et Eau, en chinois Li et K'an.
  Il passe au français pour obtenir un symbole de conjonction, la Paix. Paix, Feu, et Eau sont des hexagrammes du Yi King, portant les numéros 11-30-29.

  J'avais oublié que "feu" était en chinois Li, or le premier final de ce billet, avant les notes ultérieures, était ce rappel:
  Dans le best-seller La formule de Dieu, Einstein a laissé un cryptogramme, ! il rsvb, qui livre par atbash (selon l'alphabet actuel) ! ro ihey, qu'il faut renverser pour obtenir yehi or !, la transcription de l'hébreu signifiant "Que la lumière soit !" (Gn 1,3), ou Fiat lux !
  Ce mot essentiel or est en hébreu AWR (אור), les mêmes lettres vocalisées our signifiant aussi "feu". Dans les textes anciens, comme en hébreu moderne d'ailleurs, seul le contexte oriente vers la bonne acception du mot, "lumière", "feu", ou encore la cité chaldéenne Our (ou Ur) où est né Abraham.
  Ainsi le jeu logique li<>or  imaginé par Rodrigues dos Santos pourrait correspondre à une traduction chinois<>hébreu...

  Si les mots "feu" et "lumière" sont plus que proches en hébreu, plusieurs pages associent le trigramme Li à la lumière, telle celle-ci.

  Le jeu Paix-Feu-Eau de Perrot me semble receler une autre dimension, car les hexagrammes Feu et Eau constituent les redoublements des trigrammes Li et K'an, se transformant l'un en l'autre par la mutation des traits yang en yin, et vice-versa. C'est en quelque sorte de l'atbash au niveau binaire.
  Les trigrammes Feu () et Eau () sont aussi deux trigrammes symétriques verticalement, de même que Chien et K'un, Ciel () et Terre (), se transformant également l'un en l'autre, et formant ensemble l'hexagramme Paix.
  Ainsi le couple de trigrammes Feu et Eau compte 3 traits yang et 3 traits yin, de même que l'hexagramme Paix, et il m'est venu de représenter le Sceau de Salomon par 3 traits yang formant le triangle pointe en haut symbolisant le Feu, et 3 traits yin formant le triangle pointe en bas symbolisant l'Eau.
  Je rappelle que Salomon, Shlomoh, est de même racine que shalom, la Paix, et qu'une autre transcription en est Solomon, donnant l'anagramme SOL-MOON, "soleil-lune" en latin et anglais.

  Je remarque que Rodrigues dos Santos attribue le jeu li<>or à Einstein, ein Stein signifiant "une pierre" en allemand, tandis que le patronyme Perrot est dérivé de "Pierre".
  J'ai commenté ici un roman où Einstein a caché un secret dans "une pierre" d'un jardin conçu selon le nombre d'or.

  C'est le 25 octobre que je me suis avisé que Feu était Li en chinois, et ce même jour il m'est venu une idée, née de la relecture du billet Triangles (tiens...).
  Je reprenais dans ce billet l'idée que les symboles grossis du Soleil et de la Lune pouvaient donner le calendrier des événements de 1944:
- 11 février, fracture du pied de Jung, expédié à la clinique de Haemmerli;
- 4 avril, lever de Jung et alitement de Haemmerli, 53 jours après le 11/2;
- 30 juin, mort de Haemmerli (très voisine de la sortie de l'hôpital de Jung), 87 jours après le 4/4.
   53-87 est le partage doré optimal de la somme 140, et en hébreu soleil et lune sont 'hama et levana, mots de valeurs 53 et 87. Ceci m'avait fait mentionner le recueil de nouvelles de 2004 Le dernier homme, où un texte de Sébastien Lapaque, Le mot de la fin, m'avait retenu.
   C'est une histoire aux multiples références perecquiennes, présentée comme le journal de Franck Dumoncel, témoin de la privatisation progressive de l'alphabet, jusqu'à l'amendement "esarlintou" daté d'un 3 mars, garantissant l'accès libre aux 10 lettres les plus usitées.
   Alors que j'avais découvert une architecture dorée dans Alphabets, précisément liée au partage de l'alphabet en ESARLINTOU et les 16 autres lettres, je m'étais émerveillé qu'au nom du témoin de la disparition de ces 16 lettres correspondent des valeurs en rapport d'or :
FRANCK / DUMONCEL = 53 / 87.

  Je n'avais pas songé alors qu'une des séries d'Alphabets utilisait les lettres ESARLINTOU+F, soit 134+6 = 140, comme 53+87. Perec a composé 11 onzains dont chaque "vers" est formé de ces 11 lettres ESARLINTOUF.
  J'ai donc relu le 25 octobre cette série en F, sans écho immédiat. J'ai alors soumis les 11 lettres au logiciel Anagram Artist, lequel permet par exemple de trouver tous les mots de l'Officiel du Scrabble de valeur 87, comme LOTUS, SURFIN, REUNIT, LIRONS, RATONS... Le logiciel complète ensuite si possible pour parvenir à l'anagramme des 11 lettres.
  Avec RATONS, j'ai eu la surprise de voir apparaître, entre autres, LI FEU, alors que j'avais retrouvé quelques heures plus tôt que FEU était en chinois LI.
  Il va de soi que ces deux mots LI FEU totalisent la valeur 53, alors que LI est aussi associé au Soleil, et que j'ai été conduit à cette recherche parce que 53 est la gématrie du mot hébreu 'hama, "soleil". C'est aussi la valeur du mot even, "pierre".

  Ni RATONS ni ses anagrammes ne semblent pouvoir être reliés à la Lune, mais il m'est venu le possible SATORN, qui est effectivement une désignation de Saturne en anglais médiéval. Il a beaucoup été question de Saturne dans Saturne, justement ça tourne, je vais y revenir.
  J'y évoquais des mots vus en rêve en novembre 2009, et en août 2009 un mot vu en rêve s'était aussi révélé significatif, elleswer, qui signifie "ailleurs" en anglais médiéval.

  A propos de rêve et de feu, l'un des onzains en F de Perec se termine ainsi:
Feu ! si l'art oniral s'en fout !
ce qui correspond à deux anagrammes de ESARLINTOUF:
FEUSILARTON
IRALSENFOUT

  Perec a fait le récit de 123 de ses rêves dans La boutique obscure (1973), dédicacé à son ami Nour ("lumière" en arabe).

  J'ai conté ici un rêve du 2 octobre 2010 où m'était apparu le mot "boustan" (ou "boustran"). Entre autres, ce mot m'avait fait penser à Roustan, le mamelouk de Napoléon.
  Une anagramme de Roustan est Saturno, nom espagnol de Saturne.

  Les deux jours précédents avaient été consacrés à l'écriture d'une série de 10 dizains imités de Perec,
sur les 10 lettres ESARLINTOU. "Saturne" apparaissait dans le 4e dizain.

  Dans ce rêve, le mot "boustan" avait quelque chose à voir avec le sauvetage d'une fillette prisonnière d'un prédateur. Après avoir écrit les lignes précédentes hier, 2 novembre, il m'est venu au réveil ce matin que les mots "die Salbe" du rêve de novembre 2009 apparaissaient aussi dans un contexte salvateur, or, en latin (salvia-salvare, "sauge-sauver") comme en allemand (Salbei-salben, "sauge-oindre", le Sauveur Jésus étant l'Oint, le Messie) les mots "sauge" et "sauver" sont étroitement liés.

  Je signalais par ailleurs que "boustan" me semblait signifier "aubergine" en turc, alors que le mot est l'arabe pour "verger", et que le légume est en turc patlıcan. Ce n'est encore que ce matin que je me suis avisé de la ressemblance avec "pélican". Certes le mot s'écrit avec un I sans point qui est en turc une lettre à part entière, un son entre "eu" et "ou". Mais qui sait que Topkapı ne se prononce pas "topkapi"?
  En français, il n'y a que deux autres mots qui se terminent par "lican", "anglican" et "gallican".
  En écrivant Unter die Salbe où j'avais représenté les mots "sable" et "argent" (noir et blanc héraldiques) en hébreu dans un Sceau de Salomon, j'avais découvert que "die Salbe" était l'exacte anagramme d'un peintre animalier, Basil Ede, et j'avais illustré par un tableau d'un pélican, en ne songeant alors absolument pas au "paix-li-k'an" de Perrot.
  Le mot "pélican" et sa lecture selon le Yi-King seraient issus d'un rêve d'une amie de Perrot.
  Si "pat" n'est pas "paix", le "pat" est une situation d'équilibre aux échecs, une "paix" en quelque sorte. La spécificité du terme peut évoquer la similitude des 64 cases de l'échiquier avec les 64 hexagrammes du Yi-King, dont la disposition la plus connue est un carré 8x8.


  Le nombre 8 est aussi le rang traditionnel de Mercure.

  Une autre coïncidence s'est produite ce 25 octobre. Il faut ici me faire totalement confiance. Il fallait certes me faire aussi confiance dans d'autres cas, comme mes affirmations que c'est ce 25 octobre que j'ai découvert que "feu" se disait Li en chinois, et que c'est ce même jour que j'ai découvert le découpage de la série ESARLINTOUF en SATORN + FEU LI, mais du moins ce résultat est à lui seul intéressant.
  Donc le matin du 25 octobre j'explorais un nouveau site de streaming, à la recherche de surprises, et il me sembla découvrir un film qui ne me disait rien, Le détective, de Gordon Douglas (The Detective, 1968), avec Sinatra. Ce n'était pas mon heure pour visionner un film, et j'ouvris un livre emprunté l'avant-veille à la médiathèque de Gréoux, Les ronds dans l'eau, de Hervé Commère (2011). Je ne connaissais pas l'auteur, et n'avais choisi d'emprunter le livre que par la 4e de couv.
  L'incipit (la première phrase du premier chapitre) en est:
  Frank Sinatra fit ses premiers adieux à la scène en 1971, mettant un terme à trente ans de carrière.
  Ceci m'a fait commencer à regarder le film plus tôt que prévu, et découvrir que le premier plan, juste après le logo de la FOX, faisait apparaître en premier le nom de l'acteur:


  Si Sinatra joue ici un détective de la police officielle, il est assez amusant qu'un "détective (privé)" soit fréquemment en anglais un (private) dick, alors que Sinatra était surnommé the Dick, pour une tout autre raison ("la bite", voir par exemple les mémoires de son valet de chambre George Jacobs, Mr. S: My Life with Frank Sinatra).
  Le film est daté, et je l'ai abandonné après 20 minutes. Lorsque est venu le soir et le moment de regarder effectivement quelque chose, je me suis aperçu que la veille j'avais chargé sur un autre site de streaming, dans une autre fenêtre, le lien vers un film également titré The Detective:
 

   C'est assez curieux, car c'est un téléfilm qui a un titre en français, Comme une proie dans ma maison, et dont The Detective ne serait qu'un working title (titre pendant la réalisation).
  Je n'ai pu le visionner, le lien étant inactif.

  Le roman de Commère est intéressant. Son final dévoile que tous les événements décrits précédemment, parfois très mystérieux, avaient été planifiés par un génie de la manipulation, resté dans l'ombre. Ceci me rappelle, une touche de fantastique en moins, Les arcanes du chaos de Maxime Chattam, commenté ici.

  Je n'avais pas l'intention de mentionner ces coïncidences jusqu'à ce que je m'avise que SINATRA était à une lettre près l'anagramme de SATURNA, Saturne dans diverses langues slaves.
  Pour avoir une anagramme exacte, il eût fallu SUNATRA, et SUN m'est significatif par rapport à SIN, car sun, c'est le soleil anglais, et Sîn le Dieu de la lune mésopotamien, dont le sanctuaire principal était à Ur (Our, Or, "feu", "lumière").
  Le dieu du soleil mésopotamien, Utu, a déclenché ma découverte de NOM-PRENOM dans la colonne centrale de la grille de Robert Rapilly (grille ou figure d'ailleurs le mot "soleil", tandis que l'autre grille NOM-PRENOM contenait le mot "moon").

  FRANK SINATRA = 50 82 est un nom doré, comme FRANCK DUMONCEL dont les valeurs 53 et 87 correspondent au soleil et à la lune en hébreu.
  Dans DUMONCEL il y a LUNE, ou MOND, "lune" en allemand.

  J'ai publié le matin du 13 octobre Saturne, justement ça tourne, s'achevant alors sur le jeu li-or. Le jour même, encore à la médiathèque de Gréoux, j'ai regardé un livre au rayon polar, Animal de Sandrine Collette, et son héroïne se nomme Lior.
  Encore un auteur dont je ne savais rien, et il est difficile de classer ce roman dans la catégorie polar, bien qu'il soit paru dans la collection Sueurs froides (Denoël).
  Un prologue montre Mara, ayant recueilli deux enfants au Népal, un garçon et une fille prénommés Nun et Nin. Leur situation est si précaire qu'elle décide de sauver Nin en l'abandonnant devant un hôpital, après lui avoir coupé un petit doigt.
  On passe ensuite au Kamtchatka, avec un groupe de chasseurs traquant l'ours. Parmi eux les français Hadrien Esterel et sa femme Lior, c'est elle qui est obsédée par la chasse. Un autre couple participe à la chasse, Gauvain et Annabelle, et Gauvain est tué par l'ours. Lior se lance seule sur les traces de l'ours, et est grièvement blessée. On apprend alors qu'il s'agit de Nin.
  Après sa convalescence, elle juge nécessaire de retrouver ses sources au Népal, et le hasard lui fait retrouver Nun, et tout abandonner pour vivre avec lui.

  Une phrase a retenu mon attention, après quelques considérations sur les grands feux de forêt partis d'une escarbille et pouvant dévorer des dizaines, des milliers d'hectares:
Lior est de ces feux qui couvent et ne se voient pas, de ceux qui chauffent la terre pendant des jours sans que personne les devine, (...)
  Il y a une curiosité dans ce livre. Hadrien s'est lancé à la poursuite de Lior, et rencontre des autochtones éleveurs de rennes. Il tente de leur expliquer par signes ce qui se passe, et mime la mort d'un chasseur, mais au lieu de Gauvain, c'est Jonas qui est mentionné comme victime de l'ours. J'ai expliqué ici à quel point un Jonas (hébreu "colombe", anglais "dove") m'était significatif à proximité d'un ours (hébreu "dov").

  Nin  et Nun offrent un écho aux Sîn et Sun envisagés plus haut. NIN ("seigneur" ou "dame") est présent dans le nom de plusieurs dieux mésopotamiens, Nin-Urta, Nin-Hursag, Nin-Mah...)

  Après ces quelques digressions, je reviens au couple essentiel Soleil-Lune et sa correspondance avec les 53-87 jours autour du 4/4/44 qui m'est apparue en mai 2011. J'ai cherché début juin quelles correspondances avait établi la tradition juive, et découvert dans le Bahir les jumeaux de Tamar, Zerach et Perets, homologués donc à Soleil et Lune.
  Je fus éberlué en découvrant sur le forum Unus Mundus le 6 juin 2011 un sujet titré Zerach, un nom qu'on n'entend pas tous les jours. Hélas le forum n'est plus actif, et son contenu est maintenant inaccessible.
  Dans Zerach, le canadien Pascal B. donnait la page 136 du livre Crown Diamond of the Believers - Tree of Life, où Zerach et Perets sont homologués aux lettres hébraïques Bet et Lamed, les lettres composant BaBeL et LeBaB ("coeur"), deux mots essentiels dans mes investigations.
  Le 5 juin, mon regain d'intérêt récent pour la tradition juive m'avait fait regarder l'émission Judaïca, consacrée au Décalogue. J'y avais capturé cette image, pour les deux lions tenant le Sceau de Salomon. Le lion (LBYH en hébreu) a joué un rôle essentiel dans mes explorations babéliennes.
   Après coup, je remarquais le mot mizrach au-dessus du Sceau de Salomon. Ce mot, comme Zerach, dérive du verbe zarach, "briller", et désigne la direction de l'Est. Ainsi, en l'espace de quelques jours, étaient apparues trois occurrences de cette racine zarach.

  La page 136 de Crown Diamond... m'était significative, car correspondant à la somme 52+84, valeurs en rapport d'or de Jung et Haemmerli, réunis dans l'échange de 1944 régi par les périodes de 53 et 87 jours (Soleil-Lune), également en rapport d'or. Mais le livre m'a paru être un ramassis de néo-kabbale mal digérée. Je ne suis pas parvenu à comprendre ce que Zerach et Perets y venaient faire, et leur correspondance venue je ne sais d'où avec B et L n'est pas soulignée par le fait pourtant bien connu du Judaïsme que ces lettres sont la première et la dernière de la Tora.
  Il n'est pas non plus signalé leur homologation au Soleil et à la Lune alors que la préface est consacrée à ces deux astres.

  Pour le présent billet, j'ai néanmoins retrouvé le texte, dans une mise en page un peu différente. Il y a beaucoup d'illustrations dans le livre, souvent des figures géométriques, et voici quelle est maintenant la page 136:

  Si je ne m'abuse, mais je ne l'ai pas vérifié rigoureusement, dans chaque couple le Sceau de Salomon et le Cube sont composés des mêmes segments de droite, des dessins anagrammatiques en quelque sorte.
  Ceci m'évoque fortement les deux figures d'union des complémentaires des rébus "pélican" et "ramassis" de Perrot, figures présentées au début du billet, le Sceau de Salomon réunissant les triangles symbolisant le Feu et l'Eau, et le Cube, la Masse du Soleil et de la Lune (c'est le nom d'un traité d'alchimie, désignant la pierre philosophale).
  Entre les deux couples figure la citation du Psaume 118, reprise en Mat 21,42: La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle. Jung a également repris cette formule sur l'une des faces de la Pierre de Bollingen.

  Le rébus du ramassis est lié par Perrot au pharaon Ramsès II, parfois écrit Ramessès. Ce nom signifie "fils de Râ", et mes lettres RATONS arrangées plus haut en SATORN pourraient aussi former SON of RA(T).

  Avec plus de détails sur le billet Triangles, je répondis au sujet Zerach en évoquant mes toutes récentes préoccupations sur Soleil et Lune, et en signalant que Zerach et Perets étaient les jumeaux de Tamar, la femme de Er, l'aîné de Juda, Er qui fut mauvais aux yeux de YHWH, lequel le fit mourir. En hébreu, Er et "mauvais" s'écrivent OR (ער), et RO (רע), son renversement. On retrouve l'expression "aux yeux de YHWH" en Gn 6,8, "Noé trouva grâce aux yeux de YHWH.", et Noé, NH, est le renversement de "grâce", HN. Je signalai également que "oeil de Dieu" était en français un palindrome phonétique, ce dont je m'étais avisé le 5 septembre 2008, trois jours avant ma découverte de l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44.
  Pascal B. déclara qu'à sa connaissance les "yeux de Dieu" étaient souvent homologués au Soleil et à la Lune, ce que je pus vérifier.

  Dans l'alphabet acronymique sémitique, la lettre ע qui débute le nom de l'aîné de Juda a pour nom complet 'ayin, signifiant "oeil", et avait pour première forme un rond, que l'on retrouve dans les alphabets grec et latin, où cette consonne gutturale à l'origine est devenue la voyelle O.
  Il m'était venu que dans l'expression "yeux de YHWH", "yeux" était le pluriel construit OYNY, de valeur 140 (Soleil+Lune).
  La lettre ע est la 16e de l'alphabet hébreu, correspondant à l'arcane 16 du Tarot, la Maison-Dieu, aussi nommé la Tour, généralement associé à la tour de Babel, tiens...
  Je connaissais fort mal le Tarot, et découvris que les trois arcanes suivants étaient l'Etoile, la Lune, le Soleil, ce qui m'évoqua aussitôt la pierre de Bollingen, le "calendrier" de l'échange Jung-Haemmerli, avec au centre Télesphore portant le symbole de Mercure, dont le nom hébreu est kokav, "étoile".

  Jung a sculpté Télesphore dans un rond préexistant de la pierre, lui évoquant un oeil, précisément le sens de la lettre 'ayin, 16e lettre, avec 16=4+4+4+4.
  Ce mot 'ayin signifie aussi "source", et Jung indique que la division en 4 secteurs de cette face de la pierre est inspirée par les 4 fleuves sortant de l'Eden, l'un étant ici sinueux pour évoquer le serpent.


  Les arcanes Soleil-Etoile-Lune m'avaient fait étudier les lettres hébraïques correspondantes, qof-pé-tsadé, QPÇ, et chercher quels mots elles formaient. Sans résultat immédiat, jusqu'à ce qu'un hasard m'amène à l'ange de Saturne, dont deux formes sont présentes dans la tradition hébraïque, QPÇYAL et ÇPQYAL, où la racine QPÇ ("sauter") est retournée.
  Les autres symboles planétaires sont présents autour du cercle central, celui de Saturne étant au-dessus de Télesphore.
  En rappelant ces faits dans le précédent billet, je n'ai pas pensé au rébus "pélican" de Perrot, où l'hexagramme Paix résout l'opposition entre Feu et Eau, symbolisé par le Sceau de Salomon. Or est la lettre correspondant à l'Etoile, l'arcane 17. Le mot signifie "bouche" en hébreu, et la lettre seule correspond au nombre 80, qui se trouve être le nombre atomique du mercure.

  Je n'ai pas pensé non plus à explorer plus avant le fait que Dali se soit inspiré de La Source d'Ingres pour l'arcane 17, or le coeur de la Pierre de Bollingen serait précisément la source des quatre fleuves sortant de l'Eden.
  Il a été envisagé que Jérusalem, la cité de la paix, ait été érigée sur le site du jardin d'Eden. Cette idée a fait florès chez les évangélistes US, tant que j'ai renoncé à trouver en ligne des références plus anciennes. Il y a au moins la Quête du Graal, où Jésus est dit avoir été crucifié sur le bois de l'Arbre de Vie.

  Le billet précédent me faisait reprendre l'idée que mon SONÈ de 2004 complétait les grilles NOM-PRENOM de Rapilly et Epstein, dont les nombres de lettres correspondaient à Elisabeth Lovendale, alors que ce nom apparaissait inopinément dans ma grille.
  Je mentionnai également la présence en clair des mots SOLEIL dans la grille de Rapilly, et MOON dans celle d'Epstein, et il me revient, en résonance avec l'Eden entre Soleil et Lune sur la Pierre de Jung, que ma grille était inspirée par le PARADIS (le décodage débute par AU PARADIS en partant du A en bas à droite).
  Ce n'était pas par hasard, car lorsque j'ai découvert qu'une lecture pandiagonale d'un carré pair passait une fois et une seule par toutes les lettres, et qu'il m'est venu de l'illustrer, j'ai aussitôt songé au mot PaRDèS, mnémonique désignant les quatre sens de l'Ecriture en hébreu, en l'appliquant aux quatre sens de l'espace. L'autre texte que j'ai écrit selon cette contrainte fait aussi apparaître les mots Eden et Paradis.

  Parmi les visions de 44, Jung se voit dans le Pardès Rimmomim, titre d'un traité de kabbale, où se célèbre l'union des séfirot Tiferet et Malkhut.
  J'indiquai dans le précédent billet que le mot séfira était lié à la racine hébraïque SPR qui a deux principales acceptions, "nombre" et "saphir", et peut-être aussi au grec sphaira, la "sphère", forme parfaite. Ainsi les 10 sefirot sont-elles d'abord des nombres, auxquels sont associés des noms divers selon les écoles, présentés dans des sphères ou cercles sur l'arbre de vie. Aux séfirot ont aussi été associées les planètes, selon l'ancienne correspondance géocentrique. A Tiferet, séfira 6, correspond le Soleil, à Malkhut la Terre, leur union se faisant par le truchement de Yesod, séfira 9, la Lune.
  Comme on le voit sur le diagramme ci-dessus, à la séfira 8, Hod, "Gloire", correspond Mercure. Ce nom est formé de trois lettres consécutives en hébreu, Dalet-Hé-Waw, formant donc HWD, dans l'ordre 5-6-4.
  Dans un premier temps, j'ai pensé au mot NOM, formé de trois lettres consécutives dans notre alphabet, selon le même mouvement, 14-15-13.
  Puis est venu un coup de tonnerre, venu non de Jupiter mais de Saturne, dont l'ange ÇPQYAL est construit sur la racine ÇPQ, les lettres d'ordres 18-17-19 qui se trouvent être l'atbash de HWD.
  En bref, la Pierre de Bollingen centrée sur Mercure m'a conduit aux lettres hébraïques ÇPQ, et ces lettres peuvent renvoyer à la séfira HWD associée à Mercure.
  Je précise qu'il est rare que l'atbash appliqué à un mot hébreu mène à un mot existant, et qu'un autre cas touche précisément la racine SPR de séfira, devenant HWG (חוג), "cercle".

  Ceci demanderait à être développé, mais se lancer dans une approche raisonnée des séfirot serait fort long. Comme je l'ai dit ici, j'ai jadis cru que la tradition juive recelait des vérités essentielles, et des découvertes personnelles m'ont d'abord conforté dans cette voie, jusqu'à ce que je me rende compte que mes découvertes sortaient de tout cadre usuel de pensée, et s'apparentaient mieux, par exemple, à la synchronicité jungienne.
  Ceci dit, je reste fasciné par le concept des séfirot, par la complexité des diagrammes associés, par le fait que des centaines d'ouvrages ont tenté d'explorer leurs relations, dans le judaïsme et au-delà.

  Je reviens sur quelques points.
  Dans son Coran teint, Perrot indique que la lecture "Paix-Li-K'an" vient d'un rêve de son amie Arcélia, laquelle lui a transmis également un message issu d'un rêve quelques nuits plus tard, "113 rue des Noûtiers".
  J'aurais grand-peine à croire ceci si mes rêves ne m'apportaient pas aussi d'étranges choses. Toujours est-il que Noût est la déesse du ciel égyptienne, que l'hexagramme Paix allie les trigrammes Ciel () et Terre (), ainsi les "Noûtiers" feraient selon Perrot "descendre le ciel en terre".
  Quant à 113, c'est le code postal d'Audierne, la ville natale de Perrot, et les hexagrammes Paix-Li-K'an ont les numéros 11-30-29, que Perrot lit code 113 dans le département 29, le Finistère où se trouve Audierne, code postal 29113 (la fin de la Terre, ajouterai-je).

  La pointe du Ra(z) m'a fait me demander ce que signifiait raz en breton. C'est un mot normand, désignant un "fort courant", à l'origine de l'anglais race, "course". Tiens, le lieu était jadis nommé Pointe du Raz de la Fontaine, à cause d'une source facilement accessible par mer, et je repense à mon rêve "source", anagramme de "course" et de "coeurs".
  Ma recherche m'a fait aussi découvrir que raz est le numéral "un" en polonais ou tchèque. Je redonnais dans le billet précédent la grille composée en 1998 pour Novel Roman, dont la dernière ligne était
11 - Loi : un est raz.
  J'ignorais cette correspondance lorsque j'ai composé ce titre d'un chapitre d'un livre imaginaire, où les positions des lettres LNZ étaient imposées, les autres lettres étant nécessairement AEIOURST. J'avais été ravi de cette forme, proche du dernier vers du dernier onzain d'Alphabets, un raz est Loi. Les parents de Perec étaient nés en Pologne.

  C'est la proximité de raz avec Râ, le dieu égyptien utilisé dans l'autre rébus de Perrot, qui m'avait conduit à cette recherche, et je constate que "Un est Râ" est une nouvelle anagramme de SATURNE. La même grille m'avait conduit à UN ASTRE dans le précédent billet.
  Une hypothèse majeure pour l'origine du monothéisme d'Israël est celui d'Akhenaton, le pharaon qui a décrété que Râ était l'unique dieu, rebaptisé Aton. Ceci va jusqu'à identifier Akhenaton à Moïse, ou à Abraham.

  En hébreu, raz signifie "secret". C'est un mot de même valeur 207 que or, "lumière". Il y a un ange du secret, Raziel.

  J'ai fait écho ici à une curiosité d'un roman de Thilliez (encore un Franck), où le décodage d'une énigme mène non au code postal d'Audierne mais à son code INSEE, 29003. J'ai omis dans mon rapprochement d'alors de souligner le lien entre la structure de Puzzle en 64 chapitres, évidemment voulue et liée au 64 cases de l'échiquier, et les 64 hexagrammes.

  L'énigme "Audierne" a en fait trait à la philatélie, et guide les chercheurs vers une vente de timbres rares dont la pièce maîtresse est le Basel Dove (en anglais dans le texte).
  Mon rêve "source-form-Salbe" m'avait fait envisager l'anagramme Basel, Bâle où Jung a fait ses études. Me renseignant sur ce premier timbre tricolore, j'apprends qu'il a été dessiné par Melchior Berri, qui m'est doublement significatif:
- le billet précédent me faisait rappeler que Melchior est construit sur l'hébreu melekh, "roi", avec une désinence "ior", renversement de "roi";
- Berri a pour possible étymologie  ber, "ours", et le duc de Berri a pour cette raison pris pour totem l'ours, alors "roi des animaux"; ceci fait écho à mon thème ours (dov hébreu) colombe (dove anglais), évoqué plus haut avec l'ours tuant Jonas dans l'histoire de Lior.
  On transcrit souvent l'hébreu shem, "nom", par chem, et Melchior pourrait ainsi livrer l'anagramme chem-li-or.
  Le jeu chinois-hébreu li<>or (feu, lumière) me semble proche du jeu français-polonais un<>raz.

  Je remarque que les rangs 11-30-29 des hexagrammes Paix-Feu-Eau ont pour somme 70, chiffre de la lettre ע, l'oeil devenu notre O.

  Mon rêve "boustan" était lié au roman fini avant de m'endormir, Les quatre coins de la nuit, où la fillette prisonnière d'un prédateur se nomme Tamara. C'est une forme de Tamar, la mère des jumeaux Perets et Zerach, homologués à la lune et au soleil.
  Tamar signifie "dattier", et je n'avais pas à l'époque fait le lien avec boustan, "verger", ce qui est aussi le sens de pardès, "paradis".
  Mon rêve était aussi lié à la série de poèmes écrits juste avant, 10 carrés 10x10 à partir de la série ESARLINTOU. Le jeu de contraintes que je m'étais imposé avait quelque chose à voir avec l'atbash, car ces lettres était réparties en couples par symétrie, à partir d'une formule initiale, laquelle devait permettre deux sens de lecture. Divers tâtonnements m'avaient conduit à choisir SONLIEURAT:   Les lettres S-O-N-E avaient un rôle essentiel dans cette construction, elles étaient symétriques de T-A-R-I, et, la formule initiale privilégiait le découpage SON-E et TAR-I, en écho imprévu au SONÈ de 2004, dont le texte en clair s'interrompait entre les deux carrés sur le mot "tari" (pour Tari Eden) coupé en TAR-I.
  Je n'y insiste pas, sachant que c'est dur à pleinement saisir pour ceux qui ne composent pas d'hétérogrammes. La nouveauté, c'est que la formule de départ se découpe en trois mots, SON LIEU RAT, avec les mots SON<>RAT formant un couple atbash dans cet alphabet réduit, l'ensemble correspondant au SATORN vu plus haut.
  En cherchant aujourd'hui, je ne pense pas l'avoir su en 2010, je découvre que l'hébreu ratson signifie "volonté", "désir". L'expression courante ratson hachem signifie "la volonté de YHWH" (littéralement du Nom, chem vu plus haut). Le renversement de RATSON fait lire NO STAR, "pas d'étoile", avec un écho dans le judaïsme dont une formule célèbre est en mazal leisrael, "il n'y a pas d'étoile pour Israël" (le destin des Juifs ne dépend pas des étoiles).

  Il y aura sans doute à revenir sur tout ça. Je vais conclure en citant deux noms complets qui me sont apparus en rêve, des fois que ça éveille quelque chose chez mes lecteurs.
  J'ai signalé ici le nom Claude Exquier, seul rappel net d'un rêve survenu dans les premières heures du 1/1/11. Il n'y avait alors aucun résultat pour ce nom exact, il y en a un aujourd'hui, avec une référence en 1710 à un avocat suisse nommé Claude Exquier.

  Le 4 mai dernier, je me suis réveillé avec en tête le nom Dietrich Tarincik. La seule occurrence en ligne est un village de la province turque de Van, s'écrivant en fait avec des i sans point, Tarıncık.
  Le seul autre souvenir précis de cette nuit était qu'une année de la Seconde Guerre Mondiale était nommée "teckel elf"...


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