4.4.22

onomastique (4)

   
ONO                 MA
  Ono (Yoko) ne mastique plus, et se joint à Ma (Yo-yo), pour former onoma, "nom" en grec. En fin d'écriture de la trilogie onomastique programmée, un 4e volet s'est imposé, offrant un formidable écho à mon pauvre calembour sur Ono.

  Le matin du 24 mars je me suis éveillé avec une image onirique encore en tête. On montrait une série de 5 ou 6 livres de la collection Le Masque, ayant tous pour nom d'auteur OR BIART.
  C'étaient des volumes dans l'ancienne présentation, jaunes, avec le nom de l'auteur en petites capitales. Je n'ai pas d'autre souvenir précis du rêve, c'était comme si j'assistais à un documentaire sur quelqu'un qui travaillait surtout pour le cinéma, présenté assez négativement.
  Je ne connais aucun Biart, les noms les plus proches dans la collection sont Bommart et Exbrayat.
  J'ai pensé à la collection deux jours avant, car les polars de Colin Watson sont parus en français au Masque (6 en tout).

  J'ai googlé "OR BIART", peu certain d'obtenir des résultats, mais il y en a une cinquantaine, concernant essentiellement un livre pour la jeunesse de Lucien Biart, Le Fleuve d'Or (1884).
  J'ai transmis à çoeur dp, jadis libraire, et elle bien sûr connaissait Lucien Biart, d'abord pour un autre roman pour la jeunesse, Entre deux Océans (1882). Ceci faisait coïncidence pour elle avec une histoire de rouge-gorge, mais je n'en donnerai pas ici les détails, ayant trait à des événements privés.
  Ceci me fit aussitôt penser au roman Rouge-Gorge, de Jo Nesbø, et au billet Norwegian Gud que j'y avais consacré en 2013.

  Peu après cet échange, le matin du 24, j'ai cherché Le modèle Jonas dans un coin où je pensais avoir casé des Ian Watson. Il n'y avait que L'inca de Mars, mais dans ce même coin j'ai trouvé Coïncidences, hasard ou destin? (2003), une compilation de 590 histoires insolites par Michel Granger et Jean Moisset, bien plus intéressant que Enigmatiques coïncidences (1993) de Moisset seul. .
  J'ai feuilleté le livre, dont j'avais parlé en mars 2008 sur Blogruz, pour une belle coïncidence. J'avais emprunté le même jour un roman où figure le macaronique kojh ito anah, qui m'avait semblé inspiré par le cogito ergo sum de Descartes (je ne savais pas à l'époque que ana signifie "je suis" en arabe), et un roman où une traduction en turc du Discours de la méthode joue un rôle important. La seule allusion directe à la formule de Descartes est donnée sous la forme "Je pense, donc ils sont", car le roman exploite le thème du monde rêvé par un unique individu réel.
  Coïncidences, hasard ou destin? s'achève par un essai sur la synchronicité où le coauteur Michel Granger utilise l'expression "J'y pense, donc ça suit".

  Me voici donc 14 ans plus tard, refeuilletant le livre ce matin du 24, et m'arrêtant page 274, sur le cas intitulé SINGE IMMORTEL (la métaphore du).
  Il s'agit du singe qui, placé devant une machine à écrire, taperait les oeuvres complètes de Shakespeare, pourvu qu'on lui en laisse le temps...
  Je précise maintenant que la première chose faite au réveil a été de noter ce dont je me souvenais du rêve, et je l'ai fait sur le premier brouillon de ma boîte mail, où j'avais noté précédemment une anagramme du site Anagrammy
OR BIART (24/03/22) série de Masques d’un scénariste ciné

A thousand monkeys randomly striking a typewriter =
Tiny drunk apes hit on keys to write anagrams. My Lord!
  Gef en a proposé cette traduction, ou plutôt cette adaptation anagrammatique:

 Un millier de singes tapant au hasard sur une machine à écrire =
 De puants ahuris enchaîneraient leurs anagrammes. Ridicule !

  La rubrique du livre est une traduction d'un article d'Alan Vaughan dans Psychic magazine (1974). Son ami Nick Herbert a conçu la Metaphase typewriter, où le singe est remplacé par un générateur de hasard, imprimant des suites de lettres et d'espaces au hasard, mais respectant  la fréquence de ces signes en anglais.
  Vaughan s'est concentré sur le mot ITALY, espérant influencer la machine, voici ce qu'elle aurait sorti selon Granger, celui que je présume avoir traduit l'article:

DER PAVEMOFOFRO R PRNACEFAPPE CTHE ECAS PR TE MIEMITO
ALINITSCERESK I CHE ECOVOUSHERITICIO THAING ROAMMME BEFOFOLL MI
TITIASUR PEFOF AFF HE ONROFTINID OFO E T BLUT ATASHESERUSUROROWO
OFOUR STOATIORRE PATON GUD BY JUNG D THEJORME AN


  Vaughan et Herbert se seraient extasiés de lire BY JUNG à la 4e ligne, car ce sont des adeptes de la synchronicité jungienne. En anglais, "une oeuvre de Jung" se dit a work by Jung.
  ITALY serait apparu après quelque 7500 lettres, bien plus tôt que le calcul des probabilités ne le prévoyait.
  Personne n'est obligé d'y croire, et Nick Herbert lui-même admet que sa machine n'a pas répondu à ses espoirs.

Metaphase Typewriter

  Quoi qu'il en soit, c'est un fait que, d'où qu'il vienne, le mot GUD précède immédiatement BY JUNG dans le charabia reproduit, et que je le découvre juste après avoir pensé à mon billet Norwegian Gud quand çoeur dp m'a parlé de son rouge-gorge. Or GUD c'est "Dieu" en norvégien, mais c'est aussi le rouge-gorge du roman de Nesbø!
  Je conseille de lire tout ce billet, très riche, l'essentiel ici étant que Rouge-gorge est le surnom de Daniel Gudeson ("fils de Dieu"), jeune volontaire parti combattre le bolchevisme en 1942. Il est décrit comme angélique, et doit son surnom à son habileté à égorger les Russes avec sa baïonnette.
  Daniel a lui choisi de se renommer Urias, nom d'un Russe qu'il a tué. Daniel est tué à son tour, ayant si profondément influencé un de ses camarades, Gudbrand ("feu de Dieu") Johansen, que celui-ci s'approprie à son tour le surnom Urias (grécisation de l'hébreu Ouriah, "feu de Dieu" également, mais ce n'est pas révélé). En 1999, Gudbrand atteint d'un cancer décide de se venger de ceux qu'il estime avoir trahi Urias-Daniel, et se procure un fusil de précision.
  Il n'est encore pas explicite que ces identités Gudbrand-Urias-Daniel livrent l'acrostiche GUD.

  Nesbø débute Rouge-gorge par ce qui pourrait être une synchronicité:
  Un oiseau gris passa dans le champ de vision de Harry, qui tambourinait sur le volant.
  C'est un rouge-gorge, et sa présence en Norvège en ce 1er novembre 1999 est insolite, car la plupart de ses congénères migrent vers le sud à l'approche de l'hiver. Le rouge-gorge de çoeur dp avait aussi un comportement insolite.

  L'apparition du mot GUD m'a tant ébahi que j'ai tenté d'approfondir, et découvert ainsi que Granger n'avait donné qu'un extrait de la logorrhée de Metaphase. Voici ce que j'ai pu restituer dans l'article original:
CE BYONO AROALYOKSPSERECIF SAR JEQUR S D CH WHN E
OFAPAN E CHEVEDO E TSEN K CALE OGEY MSTHENOCLAXERAS
T MME INUN TIF GAY PEGAVECAR
DER PAVEMOFOFRO R PRNACEFAPPE CTHE ECAS PR TE MIEMITO
ALINITSCERESK ICHE ENCOVOUSHERITICIO THAING ROAMMME
BEFOFOLL MI TITIASUR PEFOF AFF HE ONROFTINID OFO E
T BLUT ATASHESERUSUROROWO OFOUR STOATIORRE PATON GUD
BY JUNG D THEJORME AN
T FF SERAMPHEFANCHE KISG TY ICTS OCLTHAD ES BURIALOF
E ET TS JUL ANEFO ROL EFE OTHTOTLERTHIRSTHNONEI ETOAUNOS
T HED ABE R N DGEAVOUCH ANED ICTE AREPOWHE MBER DRY
A A THE PONG ICTHEANGERURORASTPATT E IN DE ON TETHENE
TRAST OITENES ILERATTINMA THEBRTHE ST CARIOVIANT OFEESTINS
S TIMETIE TSUNSAL RELADUHEN Y TSEIC H M OND OCOUALAIDEREN
AGATHILENY D IND ILE T CTHIL NOMAK AT H PRONTATON
THA FONS ARAINGGE OPPRTAIMEE W AMBAST THT IS
INGRENE SIRSTTE F VIORLAT TUTHEXTILINGUT CONOR WOWERIPR
S CHAVIREND T UPREDICISEROMY CATHED TRG OFOREEFLESEKERONTOK


  Il aurait été dommage de s'en priver! Mais Granger n'avait pas prévu que, 20 ans plus tard, je relirais ce cas, en cours d'écriture de la trilogie Ono mastique, or le second mot donné par Metaphase est BYONO, alors que la justification de l'article est l'apparition des mots BY JUNG.
  Ceci m'a fait chercher la signification de ono en japonais: "couperet", ou "tranchoir", ce qui m'a rappelé mon Parfum de la dame au tranchoir.
  By Ono s'entend "baillonneau", autre nom de la baïonnette chère au "rouge-gorge", et Daniel Gudeson l'utilisait pour trancher les gorges.
 
  S'il fallait me croire sur parole pour bien des points jusqu'ici, mon rêve OR BIART, sa notation à côté des singes typographes, l'écho avec le rouge-gorge de çoeur dp, ma redécouverte du livre de Granger et Moisset, le voisinage des séquences GUD BY JUNG et BYONO est réel, quelle que soit leur origine. Ces deux digrammes BY sont les seuls du texte.
  Ce sont aussi des faits vérifiables que le rouge-gorge de Nesbø est triplement (ou quadruplement) un GUD, et que Daniel Gudeson tuait à la baïonnette. On peut aisément comprendre pourquoi  j'avais titré Norwegian Gud  le billet sur cette question, en écho à une chanson des Beatles (Norwegian Wood).
   C'est un autre fait que GUD BY peut s'entendre goodbye, et qu'une chanson de 1967 des Beatles, avant que Yoko devienne la compagne de John, est Hello, Goodbye, où on entend ceci:
Why do you say goodbye goodbye, oh no?
  Plus tard, les autres Beatles auraient volontiers souhaité dire un goodbye définitif à Ono.

  Comment suis-je arrivé à la restitution du texte de Metaphase? La revue est sur GoogleBooks, et une recherche permet d'obtenir la reconnaissance OCR de courts extraits (avec beaucoup d'erreurs), ou d'encore plus courts aperçus de la page concernée. Ainsi cette requête envoie au début du texte, page 58:

  Je ne suis pas parvenu à accéder au reste de l'article, peut-être est-ce à la portée de plus doués.

  La machine Metaphase semble avoir été conçue pour communiquer avec les morts, et c'est une autre curiosité que son inventeur, Nick Herbert, porte le même patronyme, courant il est vrai, que James Herbert, l'auteur de Le jour où je suis mort, d'une importance essentielle au départ de ces billets onomastiques.
  Nick est encore vivant, et actif sur son blog, où il rappelle dernièrement son origine ukrainienne..
  Alan Vaughan est mort le 8 avril 2001, dimanche des Rameaux.

  La Norvège et 2001 me rappellent Theodor 2014, cité récemment pour La conspiration des ténèbres. J'y parlais aussi de la BD Alvin Norge ("Norvège" en norvégien), parue en janvier 2000, dont l'action débute le 26 août 2001 avec une cyberattaque frappant 4 objectifs, notamment un DC-10 de la United Airlines. Alvin Norge reçoit des mèls prévoyant ces événements, mèls expédiés du dernier étage du World Trade Center. Difficile de ne pas penser à la quadruple attaque terroriste qui allait frapper les USA 16 jours plus tard, avec notamment le vol 175 de la United Airlines qui percuterait le haut de la tour Sud.

  Theodor permet de revenir au sens de Gud, "Dieu", et aux différents Théo rencontrés précédemment, Théo dans Le domaine d'Ana calqué sur Verne, Theo(dore) dans l'adaptation TV du même roman de Verne, Théo dans l'adaptation ciné de Queen, Theo Clare dernier avatar de Mo Hayder. 

  C'est une bonne occasion de rappeler l'inscription que Jung a fait graver au seuil de sa maison de Küsnacht (et sur sa pierre tombale), Vocatus atque non vocatus, Deus aderit (Appelé ou non, Dieu sera présent).
  Selon Google, ce serait en norvégien Kalt eller ikke, Gud vil være tilstede.

  Lennon a créé et enregistré la chanson God sur son premier album solo (avec le Plastic Ono Band). Il n'y professe pas une foi quelconque, sinon en lui-même.

  Existe-t-il des points communs entre les Beatles et Jung? J'ai évoqué récemment la pochette de Sgt Pepper, où figure Jung.
  On peut aussi penser au rêve de Jung à Liverpool.
  Les Fab Four pourraient désigner le 4/4/44... Je remarque que la 4e ligne de Metaphase selon Granger offre le mot OFOUR, contenant four, "quatre". La lecture OCR le scinde en O FOUR. Le mot JUNG est par ailleurs suivi par le mot D, 4e lettre.

  Dans nos échanges, çoeur dp m'a proposé le redécoupage de OR BIART en ORBI ART. Ceci m'a aussitôt fait penser à Tlön Uqbar Orbis Tertius, la première nouvelle de Fictions, de Borges. Il se trouve que j'en avais parlé dans Norwegian Gud, sans rapport avec Nesbø, pour une remarquable coïncidence survenue pendant l'écriture du billet, développée dans le billet suivant.
  La nouvelle m'est depuis longtemps essentielle, pour elle-même, et parce que Perec l'utilise dans le sommaire de ce Bulletin imaginaire, au chapitre 56 de La Vie mode d'emploi, fort riche à plusieurs niveaux, d'abord l'immédiat:
- Tlön est devenu Nolt, renversement alphabétique;
- Uqbar est devenu Baruq, renversement syllabique;
- Orbis est devenu Boris, anagramme.
  Au-delà des intentions, je remarquais que Gunnar Erfjord, présent dans la nouvelle, est un nom scandinave, et que Robin Marr de la 7e rubrique, probablement choisi pour évoquer le "rabbin mort" d'une autre nouvelle du recueil dont un personnage est Red Scharlach, évoquant scarlatine et gorge rouge, a pour prénom robin, nom usuel du rouge-gorge.
  Tiens, dans "rabin mort" (rabino muerto dans l'original), il y a toutes les lettres de OR BIART.

  Avant de lire les enquêtes de Roy Grace, j'avais lu plusieurs autres romans de Peter James, dont La preuve ultime (2018, 2020 pour la traduction française). Je l'avais emprunté et lu, noté quelques points, et envisagé d'en parler sur Quaternité, mais ça ne s'est pas fait, faute de rebonds suffisants.
  Il y a quelques mois, j'ai trouvé l'édition poche en livre voyageur, et pensé que je pourrais y rejeter un coup d'oeil.
  Le livre est resté à portée de main pendant ces mois, et les récentes trouvailles associées à Peter James m'ont fait commencer à le relire, sans grand enthousiasme...
...et continué frénétiquement, après la découverte au chapitre 14 qu'un athée militant, Ainsley Bloor, mène depuis 3 semaines une expérience avec 6 singes enfermés chacun avec un ordinateur relié à une imprimante. Ce 21 février, le singe Boris a réussi à écrire un mot. Certes il ne s'agit que d'une lettre, a, mais avec une espace devant et une derrière, soit l'article indéfini "un" en anglais, et Bloor en conclut que c'est la preuve que Dieu n'existe pas, que le monde a pu être créé par hasard.
  Boris parvient au chapitre 58 à écrire the, l'article défini anglais, et Bloor est comblé. Mais Boris ayant compris qu'il avait été récompensé pour avoir écrit ce mot pond ensuite des pages de the...

  Evidemment ce n'est guère concluant, et la causalité formative de Sheldrake pourrait expliquer pourquoi il serait plus facile de taper "par hasard" un mot court très courant plutôt qu'une séquence dépourvue de sens. D"autant que les animaux sont loin d'être bêtes, qu'ils peuvent percevoir bien des choses, ce qu'une expérience de type Metaphase permettrait d'écarter.
  Au-delà du fait que je redécouvre ce singe Boris quelques jours après avoir noté, à côté des singes typographes, le nom OR BIART, qui m'a fait pensé au ORBIS de Borges devenu BORIS chez Perec, il y a probablement plus extraordinaire, à moins que Peter James ne se soit inspiré de l'article de Psychic.
  Car A et THE font partie des mots existants pondus par Metaphase, mieux encore ils apparaissent successivement, et dans une séquence de 4 mots anglais: DRY A A THE.

  Je ne vais pas dire grand-chose du roman, intéressant, mais avec bien des redites et péripéties inutiles (à mon avis). Le héros, le journaliste Ross Hunter finit par découvrir le 20 mars 2018 un homme qui possède le même ADN que le Christ. C'est un magicien alcoolique de 70 ans, envoyé en reconnaissance pour voir si l'humanité est prête pour la Seconde Venue. Ce n'est pas le cas, et Mike Delaney informe Ross Hunter que bientôt sera envoyé un signe, que tout le monde pourra voir sur terre au même moment, et ce sera au journaliste d'expliquer au monde ce signe, avec tous les éléments de son enquête.
  Après ce bref entretien un tueur de Bloor tente d'écraser Ross, mais Mike se sacrifie pour le sauver, et meurt à sa place.
  Le signe survient le vendredi 24 mars à 12:25 GMT. La nuit se fait sur toute la terre, et il apparaît un arc-en-ciel particulier, avec ses couleurs inversées.
  Juste après, la femme de Bloor vient rendre visite aux singes. Boris est très agité et lui montre la dernière feuille sortie de l'imprimante. Il y est écrit un seul mot en majuscules et en gras:
ARC-EN-CIEL! (RAINBOW! dans l'original).

  La version française ajoute du sens, ainsi cette seconde preuve, après le SIGNE, est donnée par le SINGE...
 
  En VO, Ross se remémore le mnémonique donnant l'ordre des couleurs de l'arc-en-ciel,
Richard Of York Gave Battle In Vain.
pour Red, Orange, Yellow, Green, Blue, Indigo, Violet.
  Je constate que les premières initiales sont ROYG, comme son récurrent ROY Grace...

  Le SIGNE du SINGE BORIS me rappelle, qu'encore ignorant de ces derniers développements, j'avais donné dans Onomastique (2) comme exemple d'écho d'un texte avec un événement la "prévision" par Vlaicu Ionescu de l'élection de Boris Eltsine, suivie de la chute du communisme en Russie. Ionescu avait aussi vu le nom Boris dans un quatrain de Nostradamus contenant les mots "Boristhenes" et "loy Morique" (l'utopie communiste) . 

  Les lettres BORIS étant présentes dans AINSLEY BLOOR, j'ai cherché ce que pouvaient former les lettres résiduelles, et trouvé AL ELYON, soit le Dieu Très-haut de la Bible, selon une transcription courante en anglais de l'hébreu, comme ici:
YHVH Himself is frequently called Al-Elyon.
  En français, on transcrit plutôt El-Elyon. Il apparaît dans le Pentateuque avec le fameux Melchizedeq ("roi de justice") grand-prêtre du Dieu Très-haut, identifié par la tradition juive à Sem, un survivant du Déluge (grâce à la colombe), son nom shem signifiant précisément "nom".

  L'affaire du singe Boris m'a rappelé que, quelques jours avant le rêve OR BIART, j'avais lu un roman de Frédéric Lepage, Si la bête s'éveille (2020). C'est une enquête sur un crime commis au Dakota Building, et il y est mentionné Yoko Ono, qui semble-t-il y a toujours l'appartement d'abord prêté par Robert Ryan, acheté après sa mort par le couple Lennon-Ono.
  Cette évocation d'Ono ne m'avait pas semblé suffisante pour en parler dans la trilogie Ono mastique, mais le roman a un autre aspect. L'enquêteur Adam Leaf est en rééducation après un attentat, et la guenon Clara l'aide dans ce processus.
  Clara me rappelle Clara Nomen ("nom" latin) dans le roman de Belletto Hors la loi, cité dans Ono mastique (2), mais je n'avais pas pensé à ce prénom alors que c'était Estella Klehr qui m'avait conduit à parler de Belletto.
  Il me souvient aussi que Robert Ryan a été soupçonné d'être responsable de la mort de Natalie Wood, écho à Norwegian Wood. Un diminutif de Robert est Robin ("rouge-gorge"), et le Robin le plus connu est celui de Sherwood. La veille de mon intuition sur le 4/4/44, l'inspecteur Barnaby résolvait une enquête grâce à une anagramme, révélant de qui Robin Lawson était le fils.
  L'erreur en 4e de couverture d'un roman de Ian Watson, remarquée dans le billet précédent, m'a rappelé que j'avais vu d'autres erreurs similaires. Dans ce billet, en juillet 2014, je parlais de deux cas semblables, avec aussi des noms de personnages erronés en 4e de couv'. Entre les deux, il était question du film Rosemary's baby, et le nom du couple emménageant au Dakota était donné, Guy et Rosemary Woodhouse.

  En me renseignant sur le Dakota, j'ai appris que le personnage principal du film Vanilla Sky (2001), remake par Cameron Crowe d'Ouvre les yeux d'Amenabar (1997), habitait le Dakota. J'avais vu les deux films en leur temps, avec un a priori négatif pour le remake hollywoodien, mais je découvre aujourd'hui qu'Amenabar l'a jugé excellent, et que Crowe y a multiplié les subtilités.
  Ceci se passe tant au niveau de l'image que de la BO, où toutes les chansons ont à voir avec le rêve. De même de multiples plans font voir de façon quasi subliminale les lettres DREAM, et d'autres demandent des arrêts sur image pour déchiffrer un code simple, où les lettres de A à I sont remplacées par les chiffres de 1 à 9, ainsi l'identifiant attribué à Tom Cruise par la police ci-contre se déchiffre ainsi:
WHEN DID THE DREAM BECOME A NIGHTMARE?
(Quand le rêve est-il devenu un cauchemar?) C'est une réplique dans le film.
  Il y a bien d'autres messages codés, récapitulés dans les trivia sur IMDb.
  Une subtilité notable est la présence d'un livre sur une table, quand Cruise dialogue avec Kurt Russell. Quelqu'un y a reconnu Memories, Dreams, and Reflections de Jung (by Jung). La photo de couverture (par Cartier-Bresson) est la même dans l'édition française (Ma vie...).
  Il y a les Beatles aussi, avec des mentions explicites, et les multiples occurrences du chiffre 9 font allusion à l'obsession numérologique de Lennon.

  Il y a quelque chose qui m'est très personnel, avec un tableau de Joni Mitchell à côté de celui de Monet qui donne son titre au film (La Seine à Argenteuil en français). Ce tableau, c'est Edmonton, qui se trouve avoir pour identifiant 99 sur le site consacré à l'artiste, mais Edmonton m'est significatif par rapport à l'événement qui me relie à çoeur dp, et auquel sont liés aussi mon OR BIART et son rouge-gorge.
  Mon billet du 3 mars 2016 avait ainsi en exergue "aux edmontoniens" (non explicité).

  A la fin du film, Tom Cruise se jette du haut d'un gratte-ciel. Sa chute dure près d'une minute, entrecoupée de multiples images apparaissant pendant une fraction de seconde.
  Le film est sorti en décembre 2001, mais son tournage était fini en mars. Entre les deux, il y a eu le 11 septembre, et des gens qui se sont jetés du haut des Twin Towers. Je me suis ébaubi ici de la nouvelle Dana Khan de Yolande Villemaire (1983), où Dana rêve en Egypte de gens volant au-dessus de New York, tandis que les lettres ATTA s'inscrivent dans le ciel. C'est l'Egyptien Atta qui dirigeait le commando, et pilotait le vol de la American Airlines AA 11 qui a frappé la tour Nord.
  J'ai également pointé les romans de Tobie Nathan, Dieu-Dope (1995), où apparaît le mot attal, "assassin" en arabe égyptien, et Serial Eater (2004), où un tueur utilise des membres humains pour écrire en hébreu ATTAL, à partir du 11 septembre 2001.
  Après la BD de 2000 Alvin Norge reliant les Twin Towers à un quadruple attentat le 16 août 2001 impliquant un vol de la United Airlines, m'évoquant le vol UA 175 qui a frappé la tour Sud, je constate que ce cas peut faire penser au vol AA 11. Selon le code utilisé à diverses reprises dans le film, AA devient 11, et ATTA 1TT1 (TT pour Twin Towers?). Le personnage joué par Tom Cruise se nomme David AAMES, avec un nom débutant par AA.

  A nouveau, la version française apporte un plus: Tom Cruise, accusé d'être un assassin, est doublé par Yvan Attal.

  Parmi ces échos, la palme revient peut-être à Belletto qui a imaginé dans Créature, paru en février 2000, la destruction de deux planètes jumelles le 11 septembre 2001. Je précise encore que tous ces échos, et il y en a d'autres, ne sont pas nécessairement des "prémonitions" d'un événement inéluctable, mais constituent des résonances avec l'événement lui-même, à évaluer dans une perspective synchronistique, par exemple.

  J'ai laissé divers développements de côté, notamment numériques, et il y aura au moins un Onomastique (5).

  4 avril: alors que j'avais achevé ce billet hier, il me semble au moment de sa publication devoir y ajouter quelques réminiscences de mes rêves à mon réveil.
  J'assistais à un cours sur les trucages au cinéma. Une tache était associée à une femme nue, sur sa peau peut-être... Un grossissement montrait que la tache ressemblait à un oeil (c'était du moins mon sentiment en reprenant conscience), mais un bébé apparaissait dans sa pupille. J'ai relié ça aux mots achevant les films d'Amenabar et de Crowe, "Ouvre les yeux" (suggérant qu'il se réveille après le rêve).
  Ceci me rappelle que "oeil" se renverse phonétiquement en "yeux".

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