3.3.20

quatre vingt-dix-neuf, sangs


  Un petit fait m'a conduit récemment à un nouveau dessillement, accroissant l'intrication entre divers thèmes qui m'obsèdent, Perec, Unica Zürn, Jung, Ricardou...

  Il me faut d'abord revenir sur les faits qui ont précédé mon intuition de l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44, vers 5 heures du matin le 8 septembre 2008.
  La lecture le 31 août précédent de Des jours et des nuits (2001), de Sinoué, m'avait aussitôt évoqué les "polars minoens" de Paul Halter, notamment Le chemin de la lumière (2000). Chez Sinoué l'Argentin Ricardo rêve en 1930 d'une femme, avec des détails précis qui le conduisent, aidé par une une psy jungienne, à se rendre en Crète, où il trouve cette femme rêvée, Dora. Ils reprennent en quelque sorte l'amour déjà vécu 35 siècles plus tôt, dans l'île de Théra (Santorin), où ils sont morts tous deux dans le cataclysme qui a ravagé l'île. Jung est informé de ce cas et donne quelques indications à la psy. Ricardo emmène Dora avec lui en Argentine, mais la fatalité poursuit le couple, et ils meurent tous deux dans le naufrage du paquebot Doria.
  Chez Halter, Michel part en Crète participer à des fouilles archéologiques. Dans l'avion il songe à une ancienne amie, Andrée, et c'est la femme du responsable des fouilles. Un étrange objet a été découvert, Andrée l'utilise et se trouve propulsée à l'époque minoenne où elle devient Andrea. Michel utilise l'objet pour la rejoindre, mais la fin reste ouverte et le lecteur ne sait trop si leurs retrouvailles sont réelles.

  Andrea et Doria m'avaient évoqué le paquebot Andrea Doria, et son fameux naufrage, le 26 juillet 1956. La page Wikipédia m'avait appris que l'actrice Ruth Roman se trouvait à bord, et avait été séparée de son fils de 4 ans Richard lors du sauvetage. Elle avait dû attendre plusieurs heures pour savoir qu'il était sauf, vivant dans la réalité un rôle qu'elle avait interprété dans un film de 1950.
  Ceci m'avait conduit à m'intéresser à Ruth Roman, apprenant ainsi que son rôle principal était dans L'inconnu du Nord-express, la fameuse histoire d'échange de crimes, qu'elle était née Norma Roman, un nom anagrammatique, et qu'elle était morte le 9/9/99, une date qui m'avait aussitôt rappelé le 4/4/44, que Jung indique dans ses mémoires avoir été  le jour où il avait commencé à se rétablir après un infarctus, tandis que le médecin qui l'avait sauvé devait s'aliter pour ne plus se relever. Jung envisageait que son docteur était mort à sa place.

  Début septembre j'ai relu fiévreusement les polars minoens de Paul Halter, trouvant de nouvelles coïncidences avec le roman de Sinoué, lequel m'assurerait plus tard qu'il n'avait jamais rien lu d'Halter. Mais la synchronicité n'était pas pour lui un vain mot, et il publierait en 2015 Le petit livre des grandes coïncidences, où il dévoilerait notamment d'ahurissantes coïncidences ayant accompagné l'écriture de son roman.
  Je me suis endormi le soir du 7 septembre avec à mon chevet divers Halter, Jung, Sinoué. Je me suis réveillé vers 5 h avec une réminiscence d'un livre lu 25 ans plus tôt, Un monde transparent, de Morris West, dont un personnage était Jung, déclaré né le 6 juillet 1875. J'en avais été enchanté, car c'était aussi mon jour de naissance, mais cette date était fausse.
  Je ne me rappelais pas en ce 8/9/8 quelle était la bonne date de naissance de Jung, mais, dans un demi-sommeil, je me demandais comment j'avais pu ne pas me souvenir de cette erreur sur le 6 juillet lorsque, en mai 2007, j'avais été conduit à écrire une page Bellmer-Zürn-Perec qui m'avait fait passer par un article d'une connaissance, Dominique de Liège, laquelle faisait naître Unica Zürn le 16 juillet 1916, or j'étais bien placé pour savoir qu'il s'agissait du 6 juillet, mon jour de naissance.
  Je me promettais de chercher dès levé la date de naissance de Jung, le 16 juillet aurait été idéal pour avoir un parfait chiasme. Toujours dans un demi-sommeil, je remarquais que Jung et Zürn étaient des tétragrammes de forme similaire, 3 consonnes, la voyelle U en seconde position.
  Je calculais les valeurs numériques:
JUNG = 52,
ZÜRN = 79,
mais les Ü allemands sont souvent transcrits UE, et
ZUERN = 84 me donnait le rapport fibonaccien
84/52 = 21/13 déjà rencontré ailleurs.

  Je m'étais alors rendormi, pour me réveiller peu après avec l'idée en tête que le 4/4/44 se situait exactement aux 4/5es de la vie de Jung. Dès que j'eus récupéré assez de conscience pour voir que ce n'était pas absurde, je m'étais levé pour chercher les dates de Jung et effectuer les calculs nécessaires.

  Je suis revenu à maintes reprises sur le résultat de ces calculs, vérifiant idéalement mon intuition, et sur diverses autres coïncidences découvertes ensuite, notamment le nom du docteur "mort à la place de Jung",
HAEMMERLI = 84, qui se trouvait avoir la même valeur que ZUERN, du fait aussi d'un Umlaut car le nom est aussi orthographié Hämmerli.
  Par ailleurs le jour de mon intuition était le premier jour de l'an pataphysique 136, avec 136 = 52+84.

  Il y eut encore le fait que le jour du naufrage de l'Andrea Doria était le 81e anniversaire de Jung, mais les rôles de Ruth Roman et Unica Zürn sont restés plutôt secondaires dans l'affaire.

  Le fait nouveau a été la découverte le 30 janvier d'une BD à la médiathèque de Manosque, La trahison du réel, de Céline Wagner, parue le 3 avril 2019 (la veille de la parution originale de Victime 55, voir le précédent billet).
  Céline Wagner a présenté sa BD sur France-Culture ici, et sur YouTube .

  L'élément déclencheur de cette BD a été une anagramme d'Unica, à propos du nombre 99. Je vais y revenir, mais voici d'abord ce que ce 99 m'a aussitôt évoqué, et que j'aurais pu voir bien avant.
  Ruth Roman est donc morte le 9/9/99, or son nom de naissance est
NORMA ROMAN = 61 61,
et 61/99 est un couple doré, devenu pour moi remarquable après la révélation majuscule de 2018:
  Dans ses deux recueils de nouvelles parus simultanément en 1988, Ricardou, qui y est dit en 4e de couverture "chef de file du Nouveau Roman", a recours à deux reprises à une innovation, à ma connaissance, la référence dans le texte d'une nouvelle au numéro d'une page de cette nouvelle. Ceci peut sembler simple, car il suffirait en principe d'attendre les épreuves pour mettre au dernier moment le nombre voulu, mais dans un cas au moins, le nombre est significatif, 99, faisant référence à la première parution de Ricardou dans la NRF, dans son numéro 99.
  L'autre numéro de page est 61, or
NOUVEAU ROMAN = 99 61, mais il est fort peu envisageable que Ricardou ait connu cette équivalence. Par contre, il me semble avoir donné plusieurs indices montrant que le nombre d'or ait joué un rôle dans l'écriture de ces nouvelles.
  Comme je l'ai détaillé ici, ces nombres apparaissent dans le cadre de la symétricologie, procédé qui est encore vraisemblablement une innovation de Ricardou. Ainsi, "centre" est le 99e mot d'une phrase de 197 mots, son centre donc, et il apparaît page 99 de Révolutions minuscules, dans sa première nouvelle, laquelle est présentée comme le milieu du double recueil. C'est page 100 que Ricardou le signale, en observant que "cent" est contenu dans "centre".
  La phrase page 61 se trouve dans la première nouvelle de l'autre recueil, La cathédrale de Sens, et Ricardou signale page 66 qu'au centre de ses 75  mots apparaît "symétrie".

  La symétricologie est loin de se limiter à cet aspect. Sa règle essentielle impose une résonance entre les mots ouvrant et débutant la phrase, et il y a aussi souvent des échos intermédiaires, mais bien des surprises attendent le lecteur qui ne se contente pas des propres commentaires de Ricardou, révélant d'inattendus niveaux de complexité. J'avais limité mes analyses, sur la page déjà signalée et sur celle-ci, car j'espérais rencontrer des ricardoliens qui auraient déjà opéré ces harassants calculs, mais ce n'a pas été le cas.
  Véritable vertige, il faut sans faute y revenir, révélateur.
 
  Le nouveau déclic a donc été provoqué par une anagramme d'Unica Zürn. Unica était obsédée par le nombre 9, et son graphisme spiralé, à partir duquel elle commençait souvent ses dessins (ici sous les pinceaux de Céline Wagner). Fin 1958, elle a calculé que l'addition de son âge avec celui de Bellmer donnait 99 ans et elle en a déduit

DIE NEUNUNDNEUNZIG IST UNSERE SCHICKSALSZAHL
(le quatre-vingt-dix-neuf est notre nombre du destin)
  Cette addiction au 9 était liée à la proximité du nom du nombre avec "nouveau", en allemand neun-neu, et on trouve une totale homologie en français (neuf-neuf) et en catalan (nou-nou), bien que cette apparente parenté soit un hasard.
  Alors si l'adjectif 'neuf' est aussi le nombre 9, on pourrait s'émerveiller que son synonyme "nouveau" ait pour valeur 99.
  La phrase avec "centre" comme 99e mot est la dernière que Ricardou analyse dans Révélations minuscules, juste après avoir commenté une phrase en 105 mots dont le mot central est "Nouvelles". En substance, la phrase énonce que le mot "nouvelle" convient à ce qui est "neuf", et qu'en conséquence Ricardou avait adjoint à son nombre fétiche 8 une 9e histoire.
  Parmi les résonances intermédiaires explicitement données, "neuf" fait écho à "lecteur", suggérant que le "nouveau roman" pourrait induire un "lecteur neuf". Si je considère comme peu probable que Ricardou ait pu être conscient des valeurs 99-61 de NOUVEAU-ROMAN, c'est qu'il avait son propre système d'équivalence ordinale des lettres, selon lequel O=zéro, les lettres suivantes étant diminuées d'une unité. J'avais repéré ici les égalités
Nouveau Roman = 81 + 45 = 126 = électuricité (Jean Ricardou père était électricien, et le fils a forgé ce néologisme), mais je n'étais alors pas attentif aux multiples de 9 (neuf), et je découvre aujourd'hui (au jour neuf) ceci:
nouveau roman = 81 + 45;
lecteur neuf = 81 + 45,
ou encore
nouveau = lecteur = 81 = 9x9;
roman = neuf = 45 = 9x5.
  Ce lien vers le Gématron permet de vérifier ces relations, et d'effectuer d'autres calculs selon la "gématrie ricardolienne".

  Le mot "Nouvelles" (en 9 lettres) au centre de cette phrase redonnée numérotée mot par mot page 95 fait partie du titre de Roussel Nouvelles impressions d'Afrique, mais dans la phrase originale donnée page 52 il y avait 3 mots supplémentaires (proche un "contre-erratum") dans la seconde partie de la phrase, si bien qu'elle comptait 108 mots, un multiple de 9, et qu'au centre de ces mots trônaient les 4 mots du titre Nouvelles impressions d'Afrique. Voici cette phrase dans sa première version, avec seulement quelques-unes des numérotations ultérieures:
  (1) Inexorable, par exemple, selon un saccage ahurissant, sous la tranquille certitude que l'adjectif "nouvelle", après tout, convient à ce qui fait (23) "neuf", et sachant qu'il avait eu bien sûr la politesse d' (35) écriture (c'est la moindre) d'expliquer ainsi, ailleurs, au préalable, le degré neuf des parenthèses dans les (53) Nouvelles impressions d'Afrique (53) (lesquelles, tant qu'à faire, assurent, proche un "contre-erratum", ce n'est pas moi qui souligne, que "lire (35) souvent égale être leurré", et songent à offrir quatre chants au lecteur (23)), il n'avait pas craint, dès son premier recueil, d'adjoindre une complète histoire aux huit que demandait le trop fétiche numéro (1).
  Ricardou évoque dans sa phrase le degré neuf des parenthèses, ce qui pourrait être exagéré car Roussel se limite à 5 parenthèses - (((((...))))) -, mais en tenant compte des notes, des parenthèses à l'intérieur des notes, et d'autres artifices, on arrive à ce degré neuf, nombre aussi obsessionnel pour Roussel, lequel n'aurait porté que des vêtements neufs, et avait formulé un théorème auquel il espérait donner son nom, énonçant que tout nombre non divisible par 2 ou 5 admet un multiple uniquement formé d'une suite de 9... (Incidemment, j'ai écrit en 2003 un sonnet, donné en fin de ce billet d'octobre dernier, avec 9 degrés de parenthèses, sans idée préconçue sur l'homonymie 9-neuf.)
  Précisément, l'homonymie 9-neuf apparaît dans les premiers vers des Nouvelles impressions:
Sans doute à réfléchir, à compter cela porte,
D’être avisé que là, derrière cette porte,
Fut trois mois prisonnier le roi saint !… Louis neuf !…,
Combien le fait, pourtant, paraît tangible et neuf

  C'est évidemment en référence à Roussel que Benoît Peeters, Jan Baetens et Marc Avelot ont baptisé leur maison d'édition Les impressions nouvelles, où sont parus les deux recueils de Ricardou, lequel détourne son logo dans la fameuse phrase de la page 47, reprise avec ses mots numérotés pages 98-99-100, pour en faire Les romances nouvelles:
  Le rectangle rouge est de mon fait, encadrant les lettres "roman novel", car je suis venu à Ricardou après avoir constaté diverses coïncidences entre nos écritures, notamment une table des chapitres formant une grille carrée que j'avais imaginée en 1998 dans mon projet Novel Roman, ce que Ricardou avait fait 30 ans plus tôt dans Les lieux-dits, avec d'ahurissantes correspondances.

  A noter que, dans cette version de la page 47, il y a 3 mots de plus que dans celle de la page 99, 200 mots tout juste donc, les mots centraux étant (100) juste centre (100), selon la numérotation ricardolienne.

Note du 7 mars: 4 jours après avoir publié ce billet, une définition du Croisés 7 étoiles n° 120 m'a été instructive: + cent, ça fait neuf (page 55, 2 vertical). La solution est RE, car RE+CENT, ça fait RECENT, synonyme de "neuf".
Mais CENT+RE, ça fait CENTRE, et il serait bien dans l'esprit ricardolien de mettre en parallèle "récent" et "centre", avec ces phrases analysées successivement centrées sur "nouvelles" et "centre".
Davantage, ce RE croise avec NRF, défini par Nouvelle de Gide (10 horizontal). Ricardou a précisément construit sa phrase centrée sur le 99e mot "centre" en écho à sa première nouvelle publiée dans le n° 99 de la NRF, qu'il appelle aussi "nounou".
Je remarque aussi le 13 vertical, Départs du traintrain sur la voie neuf... (INNOVATIONS).


  S'il n'est pas exceptionnel de découvrir des identités gématriques entre des mots pouvant être reliés par le sens, c'est beaucoup plus rare pour des paires de mots, comme "nouveau roman" et "lecteur neuf", intimement liées. Or j'ai découvert cette paire de paires quelques jours après en avoir trouvé une autre, liée à Unica Zürn.
  Unica est devenue en 1953 la compagne de Bellmer, lequel avait été marié deux fois (avec Margarete Schnell, morte en 1938, puis avec Marcelle Céline Sutter, divorce en 1946), et au moins une autre femme a été importante pour lui, Nora Mitrani, une autre artiste, sa compagne de 1945 à 1949 (si l'on a plus de 18 ans, voir ici comment Hans a fait poser Nora). Sachant par ses anagrammes que Unica y transcrivait toujours les Ü en UE, le Gématron m'a livré ceci:
NORA MITRANI = 48 84
UNICA ZUERN = 48 84
  D'une part les valeurs sont identiques, d'autre part la valeur du nom est l'anagramme de celle du prénom, alors que Bellmer voyait dans la femme une anagramme, et avait conçu sa fameuse Poupée modulable, ses différents éléments pouvant être recombinés.
  Enfin, dans le contexte Ricardou, 4 et 8 sont ses nombres fondamentaux, nombres de lettres de ses prénom et nom. Je rappelle qu'il a utilisé des combinaisons des nombres 2-4-8 pour les numéros de téléphone de sa pièce Communications, et qu'il aurait pu y figurer RIChelieu 48-84.

  Curieusement, l'anagramme déclenchante a elle aussi une valeur formée de 4 et 8:
DIE NEUNUNDNEUNZIG IST UNSERE SCHICKSALSZAHL(488)
Nun sucht dich sein sinnendes Auge als Ziel. Kurz  (488)
sind unsere Tage und sinken zu schnell zu Eis. Ach! (484)
Unsere Schicksalszahl ist die neunundneunzig. (488)
  soit : Le 99 est notre nombre du destin.
Maintenant son œil songeur te cherche comme cible.
Courts sont nos jours, et ils sombrent trop vite en glace. Hélas!
Notre nombre du destin est le 99.

  Les 40 lettres de la première formule ont donc pour valeur 488. La troisième ligne est fausse, un I a été remplacé par un E, et sa valeur devient 484.
  4 fois 40 lettres font 160, valeur de
NOUVEAU ROMAN = 99+61 = 160, comme de
LA VIE MODE D'EMPLOI, de Perec, où j'ai pour la première fois remarqué le rapport doré 99/61, car l'indicatif du 99e et dernier chapitre est 61 (pour 6-1, les coordonnées de la case de l'immeuble divisé en un carré 10x10).

  En allemand, NEUN et NEUNUNDNEUNZIG, 9 et 99, ont des valeurs multiples de 9, 54 et 189.
  Unica s'est suicidée le 19 octobre 1970, à 54 ans (et 105 jours).

  Unica évoque sa relation au 9 dans Sombre printemps:
  L’image du 9 est pour elle celle d’une personne debout qui tourne les yeux vers la gauche, dans une direction d’où – elle ne sait pourquoi – paraît toujours venir l’imprévu. Quand le 9 rencontre le 9, elle les fait se tourner l’un vers l’autre jusqu’à ce que – sous le coup d’un mutuel saisissement – leurs fronts s’appuient l’un sur l’autre tandis qu’en bas, leurs pieds déjà se soudent. Ensemble, ils forment alors un cœur.
  La préface symétricologique Révélations minuscules est signée Noëlle Riçœur, prétendue sœur de Ricardou, avec un évident jeu cœur-card(i)o.

  Rappelant que je n'ai commencé à m'intéresser à Ricardou qu'en 2012, et n'ai vraiment lu ses oeuvres qu'à partir de 2017, j'ai composé le 11/11/11 un hétérogramme basé sur une croix UNIS LE CARDO, débutant par EROS D'UNICA.
  Le cardo était ici l'axe nord-sud d'une cité romaine, l'axe est-ouest étant le decumanus.
  Le billet était intitulé Dis un oracle, autre anagramme de UNIS LE CARDO, mais j'ignorais qu'un recueil d'anagrammes d'Unica avait pour titre Oracles et spectacles.

  En avril 2007, je me suis émerveillé des propriétés des nombres 89 et 109, liées à la suite de Fibonacci, découvertes sur le site GoldenNumber.
  Traduisant ce titre, je me suis avisé que
doré nombre = 42+67 = 109
avait non seulement la valeur 109, mais que 109 se répartissait au mieux selon le "doré nombre" en 42-67.
  Très peu de temps après, j'ai découvert que 42-67 étaient aussi les valeurs de Hans Bellmer, et que Unica Zürn avait aussi un nom doré, sans tenir compte de l'Umlaut. Comme Bellmer et Zürn sont présents dans le film de Catherine Binet et Perec, j'ai enquêté plus avant, et découvert qu'une amie avait écrit l'article Unica Zürn, Bellmer et Perec dans la revue Cairn, y occupant les pages 89 à 109!
  J'y ai consacré cette étude, mais il y a maintenant quelque peu davantage. L'article de Dominique de Liège est désormais accessible en ligne, avec un lien vers un document pdf donnant le texte exactement comme il se présentait dans la revue. La page 99 est donc au centre de ces pages 89 à 109, or il n'y a qu'un nombre dans le texte de cette page, hormis les appels de notes et les notes elles-mêmes, le nombre 61.
Bellmer va écrire et illustrer un livre intitulé À Sade qui sera publié chez… Mazo ! en 61. On y retrouve la confusion des sexes, le thème de l’androgyne, du corps qui peut se retourner comme un doigt de gant, du passage du dedans au-dehors, du mélange des organes. Bellmer réalisera, entre autres, un « Portrait d’Unica avec l’œil-sexe » où œil et sexe se confondent.
  Il s'agit de 1961, mais la plupart des nombreuses dates données par Dom ne sont pas ainsi abrégées, et je n'ai repéré dans son article qu'un seul autre cas (19 juillet 75).
  Dans la version directement accessible de l'article, les paragraphes sont numérotés à droite, et le paragraphe ci-dessus a le numéro 98, parmi 188. Si la citation de Bellmer en exergue (Ce qui n’est pas confirmé par le hasard n’a aucune validité.) avait été prise en compte, on aurait 189 paragraphes (valeur de 99 en allemand), et celui contenant 61 serait le 99e.
  Le n° 99 de la NRF où est parue la nouvelle de Ricardou était celui de mars 1961.


  A ces 188 ou 189 paragraphes s'ajoutent 85 ou 86 notes, car la dernière a été ajoutée sur épreuves, et me concerne (Dom a appris par moi que Perec avait d'abord envisagé pour Alphabets un autre titre, Rose la nuit, claire allusion au Rose ouverte la nuit de Bellmer).
  Alors 188+85 = 273, un de mes nombres fétiches, produit de 13 et 21. J'ai aussi considéré le motif 21-1-13, d'où ce 21x13+1 m'est significatif.
  Parce que cette note 86 reprenait la formule "Ce qui n’est pas confirmé par le hasard n’a aucune validité." dont la note 33 donnait la référence, j'avais envisagé en 2007 le partage doré 33-53 de 86, et j'envisage aujourd'hui le partage 52-34 correspondant à JUNG-CARL, car la seule autre note concernant Alphabets est la note 52.
  Au passage je rappelle que la valeur 488 de la formule "99 est notre nombre du destin" est le matricule de Jung à l'OSS, ce qui a inspiré le roman commenté ici.

  Le 26 juillet de la naissance de Jung est aussi la Sainte-Anne, nom d'un hôpital psychiatrique parisien où Unica a subi son premier internement.
  Le lendemain du jour où j'ai découvert la BD de Céline Wagner s'ouvrait une exposition sur Unica au Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne.
  Précisément, la BD évoque les dessins réalisés par Unica à Sainte-Anne, et l'impossibilité pour Hans et Unica de les récupérer.
  Ce qui n'est pas confirmé par le hasard...

  Consulter le guide de l'expo m'a rappelé que le nom de naissance d'Unica était Nora Berta Unica Ruth Zürn, avec donc Nora en premier prénom, comme Mitrani. Bellmer qui avait créé sa Poupée dans les années 30  recherchait-il les Nora à cause de Maison de poupée? Il est au moins probable que bien des Nora doivent leur prénom au personnage d'Ibsen.
  Je remarque aussi la présence de Ruth parmi ces prénoms, comme Roman. Il y avait de quoi s'intéresser plus avant au naufrage de l'Andrea Doria, 81e anniversaire de Jung, 81 carré de 9.
  Alors ce 26 juillet 1956 au matin, lorsque le navire a sombré, Jung né le soir du 26 juillet 1875 avait vécu 29584 jours complets, soit le carré de 172, 172 étant deux fois 86, CARL JUNG.
  Il lui restait 1776 jours à vivre, 4 fois 444.

  S'il y a besoin de tricher un peu pour faire correspondre dans ce cas 81 ans, carré de 9, à 29584 jours, carré de 172, ceci se trouve cependant réalisé dans le calendrier grégorien 3 fois sur 4 lorsque les dates chevauchent une année dont le millésime est multiple de 100, mais pas de 400, 3 fois sur 4 aussi.
  81 années tropiques font 29584,6 jours, environ.
  Je conjecture que d'autres correspondances entre carrés d'années et carrés de jours doivent être rarissimes.

  A propos de ce naufrage de l'Andrea Doria, l'une des victimes a été la petite Norma Di Sandro, 4 ans, à laquelle son frère a dédié ce livre.

  Des jours et des nuits a été adapté à la TV. L'Argentin Ricardo de 1930 y est devenu le Français Richard à notre époque, mais la femme de ses rêves est toujours l'archéologue grecque Dora.  
  Ils ne périssent pas dans un naufrage comme dans le roman, mais disparaissent mystérieusement à Santorin, dans une fin ouverte, comme celle du Chemin de la lumière.
  J'observais ici que ce couple franco-grec est doré,
RICHARD/DORA = 61/38,
et je constate aujourd'hui que ces nombres font partie de la suite "Nouveau Roman", 1-7-8-15-23-38-61-99-160... (A022097 sur l'OEIS)

  Tiens, à propos de la phrase de la page 61 de La cathédrale de Sens,  Ricardou souligne que son mot central est le 38e.

  Ce qui n'est pas confirmé par le hasard...
  Lors de l'écriture de ce billet, le 12 février, j'ai été pour la première fois à la médiathèque de Pierrevert, qui fait partie du réseau DLVA. Je visite une médiathèque du réseau quand j'en ai l'occasion, car j'adore fureter dans de nouveaux rayons. Cette fois, j'ai emprunté Psycho de Richard Montanari, seconde enquête de Bolzano & Byrne.
  Le premier roman que j'avais lu de l'auteur, 7, leur quatrième enquête, m'avait fait découvrir l'étonnant plan fibonaccien de la vieille ville de Philadelphie, avec une structure également fibonacienne, en 68 et 42 chapitres (68/42=34/21).
  Ceci ne m'avait cependant pas conduit à rechercher les oeuvres de l'auteur, jusqu'à décembre 2018, où je suis tombé sur la première enquête de Bolzano & Byrne, sur des crimes commis la Semaine sainte, un thème qui m'est cher. J'en ai rendu compte ici.
  Lorsque j'ai commencé à lire ce ROMAN (=61) d'un RICHARD (=61), j'ai d'abord regardé sa structure, en 98 chapitres et 1 épilogue, soit 99 éléments (=NOUVEAU). Le psycho de l'intrigue est quelqu'un qui veut venger la mort de sa copine lors du tournage d'un porno. Il tue les responsables selon les modes opératoires de meurtres célèbres de films; il filme ses meurtres et remplace les séquences originales dans les cassettes VHS des films sources par ses réalisations.
  38-61-99... Je n'aurais peut-être pas examiné ce partage doré en d'autres circonstances, mais il s'est révélé significatif. Au chapitre 38 est découverte la seconde cassette trafiquée, le film Liaison fatale, et c'est au chapitre 61 qu'est découverte l'identité de la victime.

  Un autre dessillement est survenu pendant l'écriture de ce billet. Une de mes trouvailles est la présence du nombre 46665 dans les mêmes conditions dans les deux seules oeuvres à ma connaissance s'achevant sur une énigme numérique faisant allusion au titre de l'oeuvre.
  J'en ai souvent parlé car il se greffe sur cette coïncidence démontrée quantité de faits annexes, notamment la présence du nombre 66654 dans Apocalypse (2009), de Giacometti-Ravenne, où l'énigme Maria Nigra 66654 est résolue en se reportant à la stèle de Marie de Nègre, pièce majeure de l’affaire RLC, pour décoder le mot NIGLA obtenu par des sauts de lettres 6-6-6-5-4. Nigla signifie « apocalypse » en hébreu.
  Il m’a fallu près de 10 ans pour pleinement réaliser que Apocalypse est précisément le titre du roman !
  J'en parle ici, et le nom Maria m'a rappelé une autre coïncidence de nombre liée à RLC. Dans La Jangada de Jules Verne, un innocent doit être exécuté un 31 août à 9 h. La confession du vrai coupable est contenue dans un message codé décrypté au dernier moment. C'est ce même code qui est utilisé pour parvenir au fameux message Bergère pas de tentation..., anagramme du texte de la stèle de Marie de Nègre, et qui a été employé par Ricardo Viñes, proche de Debussy, pour les passages intimes de son journal. La clé qu'il avait choisie était le nom de son aimée,
MARIA = (1)3-1-(1)8-9-1, fournissant le chiffre 31891, étonnant écho au 31/8, 9 heures de Verne. Dans le roman Sépulcre, Kate Mosse relie Debussy à l'affaire RLC, et fait figurer la date du 31 octobre 1891 sous la forme 31/VIII/91.
  Or après le couple doré Richard/Dora de l'adaptation TV de Sinoué, que j'ai aussi tardé à repérer, il se trouve que ce couple Ricardo/Maria est aussi doré, mieux, fibonaccien:
RICARDO/MARIA = 68/42 = 34/21.
  Mieux (ou pire en ce qui concerne mon intellect), j'avais évoqué ce code MARIA de Ricardo dans un billet où il était en rapport lointain question des gématries 68/42.
  Par ailleurs, l'auteur de la BD sur Unica, Cécile Wagner, m'a rappelé ce même rapport doré trouvé pour
NOM/WAGNER = 42/68, étudié ici à propos de Frank Wagner, mais je ne pensais pas en parler.
  Il me vient que le Wagner le plus fameux est un Richard, avec
RICHARD WAGNER = 61 68 = ROMAN NOVEL; sans y penser, j'avais mentionné à deux occasions Richard Wagner dans Novel Roman (chapitres 3 et 5).

  RICARDOU = 89, nombre de Fibonacci qui est aussi la valeur de mon nom.
  J'ai pu avoir recours à l'initiale de mon second prénom, Jean, pour forger le rapport fibonaccien
REMI J. / SCHULZ = 55/89, et je m'aperçois que je pourrais utiliser la réelle orthographe de mon prénom pour avoir
REMY / J. SCHULZ = 61-99, comme ROMAN NOUVEAU...

  En "gématrie ricardolienne", RICARDOU = 71, dont la section d'or entière est 44, qui correspondrait par exemple à REMI...

  Mes recherches d'anagrammes d'Arsène Lupin m'avaient conduit vers 2000 à une formule allemande, Spirale neun, "spirale 9". Sans savoir que c'était le nombre fétiche de l'Allemande Unica, aussi amatrice de spirales, j'avais évoqué à ce propos de la spirale 9 la novelette de Queen The haunted house, où les Queen père et fils sont accueillis en campagne dans une maison blanche à côté d'une maison noire. Au réveil ils croient être devenus fous, car la maison noire a disparu, et il n'en subsiste aucune trace.
  Ce tour de magie a à voir avec la spirale, comparée à un 9. L'une des institutions spécialisées fréquentées par Unica est l'hôpital Maison Blanche, et son dernier texte important est Vacances à Maison Blanche.

  Ce billet motivé par le 99 d'Unica se trouve être le 297e billet de Quaternité, avec 297 triple de 99.
  Mon titre Quatre vingt-dix-neuf, sangs a pour valeur 297, et fait notamment écho au jeu 99-100, Ricardou jouant avec cent-centre-sans, dans sa phrase reprise numérotée aux pages 98-99-100 de Révolutions minuscules, total 297.

  Le lien opéré entre Unica Zürn et Jean Ricardou (J'adorre Unica) m'a conduit à reprendre la série "L'usine cardo" débutée le 11/11/11, avec dans l'idée d'écrire 11 hétérogrammes de 11 vers de 11 lettres, chaque vers étant l'anagramme des 11 lettres L'EROS D'UNICA de valeur 121, soit 11 fois 11.
  J'ai d'abord écrit un onzain concernant Ricardou, puis retravaillé un poème jadis composé pour la série sous sa première forme, puis un hommage à Sinoué. Je ne comptais pas achever la série jusqu'à ce que je m'avise que cet achèvement me ferait écrire 9 onzains, soit 99 anagrammes de la formule de base.

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