2.2.20

la victime cinquante-cinq (55)


  En novembre 2018 j'ai découvert le roman épistolaire Letters de John Barth (1979), juste après avoir décidé de faire intervenir le 14 août en tant que section d'or de l'année dans le dernier chapitre de mon roman Novel Roman. Or un des personnages de Letters est Jerome Bray, obsédé du nombre d'or qui remarque que le 14 août est le Phi-point de l'année (1969).
  Cette année 1969 est aussi pour lui le Phi-point de son projet révolutionnaire, l'écriture en 5 ans par un ordinateur d'un roman titré NOVEL ("roman" en anglais, mais Letters est inédit en français.)
  Par ailleurs la structure du roman de Barth obéit au programme donné par son sous-titre qui gouverne le nombre d'épistoliers, les dates et auteurs des missives:
  Cette grille est une sorte de table des chapitres, or j'avais finalisé le projet de 1998 Novel Roman parce que j'y avais envisagé un roman dans le roman, dont la table des 11 chapitres formait un carré de lettres, dans lequel, entre autres messages, la diagonale formait le mot ROSENCREUTZ, "Rose-Croix", et bien plus tard j'ai découvert que Ricardou avait utilisé le même procédé dans Lieux-dits, avec une table des 8 chapitres formant un carré de lettres, dans lequel, entre autres messages, la diagonale formait le mot BELCROIX.
  Ces trois grilles à programme ont 64, 88, et 121 lettres, soit
8x8 + 8x11 + 11x11 = 273 lettres, une manière logique de parvenir à ce nombre 273, produit des nombres de Fibonacci 13 et 21 qui me sont essentiels, notamment depuis la découverte que l'échange du 4/4/44 s'est passé entre
JUNG = 52 = 4x13 et
HAEMMERLI = 84 = 4x21,
273 = 13x21 étant en outre la gématrie de l'hébreu arba', "quatre".
  La règle logique à laquelle obéissent ces trois grilles-programmes m'était déjà apparue pour trois autres grilles formant un tout pour moi, celle de 81 lettres de Cyril Epstein, celle de 90 lettres de Robert Rapilly, et ma double grille de 100 lettres, soit
9x9 + 9x10 + 10x10 = 271.
  Je me borne à rappeler que le point commun de ces trois grilles est le prénom-nom Elisabeth Lovendale, le personnage de Leblanc qui m'a conduit au jeu NOVEL ROMAN (voir par exemple le précédent billet).
  La somme pour les 6 grilles est 271+273 = 544, un nombre qui m'était évocateur mais que je ne commentais pas dans le premier billet consacré à ces 6 grilles, A travers de doubles grilles.
  En janvier 2019 j'ai découvert le roman Hors la loi (2010) de René Belletto, où le chapitre 14 est intitulé BWV 544, ce qui m'a fait bondir car le 544 qui m'intéresse était précisément lié à Bach, aux 544 mesures de ses 15 Sinfonien (BWV 787-801) permettant une étonnante superposition aux valeurs des mots de l'épitaphe de Rosencreutz:
  Je n'y reviens pas, rappelant que ce me semble plus être une fascinante coïncidence qu'une preuve du rosicrucisme de Bach.
  Le chapitre 14 de Belletto, BWV 544, doit son titre à une fugue pour orgue de Bach dont 33 mesures dans la partie centrale ne font pas usage du pédalier, des basses, leur donnant un caractère aérien qui fait s'envoler l'esprit de Clara Nomen.
  J'ai regardé la partition et vu que la fugue comptait en tout 88 mesures. Les 88 lettres de la grille LETTERS m'avaient conduit à 544 lettres pour l'ensemble des 8 grilles, ce qui m'avait fait penser aux 544 mesures des Sinfonien de Bach, et voici que survenait la fugue BWV 544 en 88 mesures. En outre Jerome Bray envisageait après le Phi-point, l'élément d'un ensemble sur lequel tombe la section d'or, le Phi-pause, le partage de cet ensemble en deux entiers donnant le meilleur rapport d'or. Il en donne comme exemple la partage de 5 en 3-2, alors que le Phi-point de 5 est 4 (le E de NOVEL cité à plusieurs reprises), le partage de 8 en 5-3 (le partage fibonaccien suivant), le partage de 88 en 54-34 (probablement en écho aux 88 lettres du sous-titre LETTERS, puisqu'il est suggéré que le roman épistolaire signé Barth pourrait être l'oeuvre de l'ordinateur LILYVAC).
  Le Phi-point de 88 tombe en fait sur 55, la section d'or de 88 étant environ 54,4, et c'était donc une curiosité d'avoir le Phi-point de la fugue 544 tombant à 54,4 mesures.

  J'en viens à du nouveau. Je connais depuis 25 ans l'adéquation des 544 mesures des Sinfonien avec l'épitaphe de Rosencreutz, et ma fascination pour ce nombre m'a rendu attentif à toute apparition.
  La seule occurrence dont je me souvienne est au tout début du premier épisode de la huitième et dernière saison canonique de 24 heures chrono (24 tout court en VO), diffusée en 2010. Un travelling survole New York, se rapproche d'un quartier, et passe au plan suivant à une rue où la caméra se fixe sur le porche d'un immeuble, au numéro 544. On voit ensuite un sniper embusqué sur le toit de l'immeuble en face...
  Je n'avais pas jugé utile d'en faire quelque chose, quoique, en creusant un peu, il s'agisse de la saison 8 de 24, et que l'épitaphe de valeur 544 compte 8 mots dont le premier est l'acronyme ACRC, "Autel (altar) de Cristian RosenCreutz", de valeur 24. Selon Bach et le nombre, Bach aurait souligné l'importance de ce nombre 24 en l'homologuant au nombre de mesures de la Sinfonie 14 (BWV 800) correspondant à son nom, BACH = 14.

  Récemment, lors d'une visite aux archives de la liste Oulipo, j'ai trouvé un texte que j'y avais posté le 17 septembre 2017, une grille de 55 lettres de valeur 544. J'avais oublié ce texte lorsque j'ai découvert la grille de 88 lettres de Letters, venant s'ajouter aux grilles précédemment commentées pour obtenir 544 lettres. Je ne m'en étais pas davantage souvenu en janvier suivant lorsque j'ai découvert les 88 mesures de la fugue BWV 544, partagés en 55-33 selon l'usage ou non du pédalier.
  Voici ce texte:
Sort dénié ambigu, dol l'ego, surdité de fibre…
On a l’accidentel écrin !

Explication : ces 55 lettres mises en rectangle 5x11 font apparaitre un rectangle 3x7, Bigollo-suite-Fibonacci.
21-34-55, termes de la suite de Fibo.
Gématries correspondantes, 208-336-544, multiples de Fibos, 16.(13-21-34)

S O R T D
E N I E A
M B I G U
D O L L E
G O S U R
D I T E D
E F I B R
E O N A L
A C C I D
E N T E L
E C R I N
  Ceux qui ne suivent pas la liste Oulipo auront besoin d'autres explications. Noël Bernard, un oulipote déjà cité, a nommé "bigollo" une forme poétique basée sur la suite de Fibonacci. Il n'est pas le premier, Greg Pincus ayant initié sur son blog des milliers de fibs, 6 vers de 1-1-2-3-5-8 syllabes. Noël a choisi une forme plus longue, avec plusieurs strophes et des vers allant jusqu'à 34 syllabes, qu'il a nommée bigollo car Leonardo Fibonacci se nommait lui-même Leonardo Bigollo, "voyageur".

  Je ne me rappelle plus ce qui m'avait conduit à écrire ce texte. Tout ce dont je suis sûr est que j'avais été sensible à ce mot "bigollo", car
FIBONACCI BIGOLLO = 62 72,
de même que
ARSENE LUPIN = 62 72, la concaténation 6272 m'étant devenue essentielle lorsque j'ai découvert en janvier 1997 que les 112 mots du sonnet de Perec avaient pour valeur 6272, soit 112 fois 56.
  Mon premier essai d'anagramme importante a été en décembre 2006 ce sonnet, parce qu'il en existait déjà trois anagrammes réalisées sans prendre en compte cette harmonie. Chaque vers de mon anagramme avait 8 mots, et la valeur 448, 8 fois 56.
  Alors que j'avais réalisé ce 5e arrangement des mêmes lettres de valeur 6272, je découvris le 8 septembre 2008 que Jung avait vécu 5 fois 6272 jours, répartis en 4 fois 6272 jours de sa naissance au 4/4/44, et 6272 jours du 4/4/44 à sa mort.
  Le 4 avril 1944 est la date cruciale qu'il donne dans Ma vie..., le jour où son médecin Haemmerli a dû s'aliter tandis que la convalescence de Jung débutait, Haemmerli devant mourir peu après, d'où l'idée d'un échange... Or
JUNG / HAEMMERLI = 52/84 = 13/21,
deux nombres de Fibonacci-Bigollo, 62-72...

  C'était probalement l'essentiel de ma motivation pour créer une grille fibonacienne dans laquelle les 21 lettres de BIGOLLO-SUITE-FIBONACCI seraient enchâssées à l'exact milieu de 34 autres lettres, le tout permettant une lecture de cohérence minimale.
  Comme l'expression de 21 lettres avait pour valeur 208, 16 fois 13, il m'a semblé que l'écrin de 34 lettres devrait avoir pour valeur 336, 16 fois 21, et donc le tout 544, 16 fois 34. 208-336 sont encore 4 fois 52-84, JUNG-HAEMMERLI.
  Comme souvent, j'ai envoyé à la liste le premier résultat offrant une cohérence minimale, pour m'en débarrasser et passer à autre chose, mais je me suis avisé ensuite qu'il était facile de faire bien mieux, et j'ai posté ceci deux jours plus tard:
J’ai modifié le précédent essai pour obtenir un fiboku, en 8-5-8 syllabes, et 5-3-5 mots (non prémédité):

Poings d’un ambigu collabo,
surdité de fibre…
On a l’accidentel écrin !

P O I N G
S D U N A
M B I G U
C O L L A
B O S U R
D I T E D
E F I B R
E O N A L
A C C I D
E N T E L
E C R I N

Avec les partages appropriés, on a donc les Fibonacci-Bigollo
13 mots
21 syllabes
34 diviseur de la gématrie
55 lettres
  J'avais commencé ce billet, le jeudi 9 janvier, motivé par la redécouverte de ces 55 lettres de valeur 544, lorsque mon regard se posa sur un titre, au rayon des nouveautés polar, Victime 55.
  Coup d'oeil, le roman a 55 chapitres: emballé.
  Lecture plutôt décevante, que je n'hésite guère à spoiler (divulgâcher ne me séduit guère). Un jeune homme, Gabriel, arrive ensanglanté le 23 novembre 2012 dans une petite bourgade australienne isolée, il prétend qu'un homme, Heath, l'a pris en stop et a déclaré vouloir le tuer, il serait sa victime 55.
  Un autre homme arrive, déclare se nommer Heath, et raconte exactement la même histoire, avec Gabriel comme assassin.
  L'affaire est trop grosse pour le flic local, Chandler Jenkins, et un flic de Perth dirige l'enquête, Mitchell Andrews, ancien ami de Jenkins, mais les deux hommes se sont fâchés. Les indices livrés par les récits de Gabriel et Heath permettent de découvrir un lieu où ont été enterrés récemment 6 corps, mais l'énigme demeure sur l'identité de l'assassin.
  Les 44 chapitres de l'enquête de 2012 sont entrecoupés par 11 chapitres du récit d'une battue en 2012, à laquelle Jenkins et Andrews participaient, pour retrouver un ado perdu dans la forêt avoisinante. C'est lors de cette battue qu'ils se sont fâchés.
  J'imaginais que cette inimitié était au coeur d'une machination complexe, mais non. Le coupable est finalement Gabriel, lequel était le jeune frère de l'ado perdu. Il était perturbé par une éducation stricte, où on l'avait contraint à apprendre les noms de tous les personnages de la Genèse, avec leurs ordres d'apparition. Lorsque sa folie est devenue homicide, il a choisi des victimes avec des noms bibliques, ou approchants, ainsi le 55e nom dans la Genèse serait Heth, fils de Canaan...
  Ceci me semble un peu faiblard, et je me demande pourquoi ce premier roman, paru le 4 avril (!) 2019 sous le titre original 55, a eu aussi vite tant de traductions. Mon avis négatif est peut-être en partie dû à ma déception de n'y avoir trouvé aucune application, volontaire ou non, des propriétés du nombre 55, 10e nombre de Fibonacci, 10e triangulaire, somme des 5 premiers carrés.

  J'ai fini Victime 55 le 11 janvier. Le 12, je recevais un lien vers les parutions polar grand format de janvier. Il y avait Victime 55, paru le 8, mais aussi Victime 2117, paru le 2, le nouveau Adler-Olsen, très attendu par les amateurs français car 7 enquêtes du Département V étaient régulièrement parues de 2011 à 2017, et rien depuis mars 17.
  Alors la parution le même mois de deux titres Victime + un nombre assez élevé est assez surprenante, bien qu'on puisse y apporter un bémol. La parution de la traduction de Offer 2117 étant un événement, et son titre français facilement prévisible, le marketing éditorial aurait pu espérer en tirer parti.

  Mais Victime 55 est bien un titre convenant parfaitement au roman de James Delargy, et il y a d'autres coïncidences irréductibles entre les deux romans.
  L'intrigue principale de Victime 2117 est un attentat préparé à Berlin par un Irakien, Ghaalib. Le second du département V, Assad, lequel s'était présenté comme un réfugié syrien, est en fait né en Irak, sous le nom Zaid al-Asadi. Les deux hommes se sont affrontés en 2002 à la prison d'Abou Ghraib, où Ghaalib torturait Assad, devenu citoyen danois, pour obtenir des aveux, mais Assad parvient à s'échapper après avoir gravement blessé Ghaalib.
  Ghaalib a survécu, animé d'une haine farouche pour celui qui l'a estropié. Il a kidnappé la femme et les deux filles d'Assad, puis il y a eu l'invasion de l'Irak en 2003, et Assad ignore ce que sont devenus Ghaalib et sa famille. Celui-ci a rejoint Daech, avec ses otages, puis s'est associé au projet d'attentat à Berlin, entendant se venger à cette occasion d'Assad.
  Il a rejoint Chypre à bord d'un bateau de réfugiés, avec des complices et ses otages, la famille d'Assad, et Lely, sa nourrice, qu'il tue en arrivant à Chypre. Joan, journaliste catalan, s'intéresse à ce cas, 2117e victime de l'année 2018 parmi les réfugiés ayant voulu traverser la Méditerranée, et Ghaalib force Joan à publier ce qu'il désire. La photo de la victime 2117 fait la une de la presse européenne, et Ghaalib s'est assuré que Joan joigne à l'un de ses articles une photo où figurent la femme d'Assad, et une de leurs filles.
  Comme dans Victime 55, le désir de vengeance du tueur vient d'un événement survenu en 2002, et les noms des tueurs sont proches, Gabriel et Ghaalib.

  Il y a une intrigue secondaire dans Victime 2117, avec un étudiant de Copenhague perturbé, Alexander, que la victime 2117 a décidé à passer à l'acte, parce que le nombre lui évoque le roman Logan's run, où dans le monde de 2116 le surpeuplement a contraint les dirigeants à faire exécuter les gens dès qu'ils atteignent 21 ans.
  Alexander a 22 ans, et il décide de faire un massacre avec son katana (sabre de samouraï) lorsqu'il aura atteint le score 2117 à son jeu vidéo. Il informe le département V de ses intentions, et les enquêteurs étudient les maigres indices pour le localiser...
  Ce qui arrive bien sûr in extremis, dans le dernier chapitre, mais après avoir neutralisé Alexander, Carl Mørck attend quelques instants avant de lui signifier son arrestation, les yeux fixés sur sa montre. Le livre s'achève sur
  "Alexander, annonça-t-il sèchement, il est exactement 21 h 17. Et vous êtes en état d'arrestation."
  J'imagine que ce n'est pas par hasard que Victime 55 (55 en VO) s'achève sur un chapitre 55, Delargy ayant peut-être choisi le numéro de la victime après avoir fait le plan de son ouvrage.

  Ainsi les deux romans s'achèvent avec une allusion à leurs titres, ce qui me rappelle les fins de Pi d'Aronofsky et de House of Leaves de Danielewski, où les allusions sont cependant codées.
  La scission opérée par Adler-Olsen de 2117 en 21-17 peut amener un rapprochement que j'avais fait avant de parvenir à la fin de Victime 2117. 17, c'est la moitié de 34, et 21-34-55 sont des nombres consécutifs de Fibonacci. Pour cette raison 21-17-55 appartiennent à deux suites recensées sur l'OEIS, A167808 donnant les numérateurs d'une suite additive débutant par les termes 0 et 1/2, A174883 donnant les plus grands diviseurs impairs des nombres de Fibonacci.

  Il y a des échos plus personnels, et la parution simultanée de Victime 2117 et de Victime 55 m'a fait me souvenir de quelque chose que j'avais oublié en écrivant le billet de septembre dernier, où je recensais quelques livres avec des nombres de chapitre fibonacciens, 55-89-144, et des partages adéquats. Promesse m'avait alors échappé, 6e enquête du département V, que j'avais étudiée ici:
  Le roman a un prologue, 53 chapitres, et un épilogue, soit en tout 55 éléments (10e Fibo), introduits par des dates, car l'histoire se partage entre l'enquête actuelle (avril-mai 2014), et la communauté du gourou Atu Abanshamash, de 1997 au temps présent. La date n'est pas précisée lorsque c'est la même que celle du chapitre précédent, ainsi c'est le plus souvent lors du passage d'un récit à l'autre qu'il y a un changement de date.
  Mais le récit Shamash ("soleil") se rapproche de l'enquête Mørck ("sombre"), et le chapitre 32, dans la communauté, est introduit par Vendredi 9 mai 2014, tandis qu'il n'y a pas d'en-tête au suivant, revenant à Mørck. Les récits sont ensuite parallèles, jusqu'à se fondre au chapitre 48 où les enquêteurs arrivent dans la communauté.
  Le chapitre 33, spécial donc, est le 34e élément parmi 55, somme des Fibos 34 et 21.
  Parmi ces 34 premiers éléments, 21 concernent Shamash et 13 Mørck.
 Victime 2117 a 61 chapitres, introduits par le nom du personnage principalement suivi par la narration:
- 34 chapitres concernent les membres du département V (15 Assad, 13 Carl, 5 Rose, 1 Gordon);
- 21 chapitres concernent Ghaalib et son otage Joan (14 Joan, 7 Ghaalib);
- 6 chapitres suivent Alexander.
  Ainsi, en omettant l'affaire secondaire "Alexander", on a 55 chapitres répartis en 34 "département V" et 21 "Ghaalib-Joan" (Joan est en quelque sorte le porte-parole de Ghaalib).
  Il y a ici un côté artificiel puisqu'une partie des chapitres "département V" concerne l'affaire Alexander, mais ce partage 34-21 est néanmoins assez immédiat, même si je n'y aurais peut-être pas songé sans la parution concomitante de Victime 55.
  Je note encore que parmi les chapitres "département V", 13 concernent son chef, Carl, et 21 son équipe.

  J'avais remarqué Adler-Olsen dès son premier roman, Miséricorde, pour sa qualité mais aussi pour des échos avec mes préoccupations. Merete, née le 6 juillet 1970, a été kidnappée le 20/02/2002, par un malfaisant qui la maltraite et prévoit de la tuer le 15 mai 2007. Mais Carl et Assad la sauvent le 4 avril précédent, et tuent le malfaisant.
  Merete a un frère de 34 ans, déficient mental depuis un accident survenu 21 ans plus tôt, alors qu'il avait 13 ans. Comme souvent rappelé, notamment plus haut, l'échange Jung-Haemmerli du 4/4/44 est lié aux nombres 13-21.

  Si un indice d'un roman précédent laissait présager qu'Assad était né en Irak, la révélation de son identité Zaid al-Asadi peut faire écho à un autre roman danois, Le dernier homme bon, où il est présumé que 34 Justes sont morts, 21 d'entre eux ayant été identifiés. Parmi ces 21, le numéro 13 est l'Irakien·ne Samia al-Assadi, de Babylone.

  Je me suis donc d'abord intéressé à Adler-Olsen à cause d'un 4 avril, et la coïncidence actuelle avec Victime 55 me rappelle que le roman original est paru le 4 avril dernier. Je crois que j'ai utilisé cette date du 4/4 sur Quaternité chaque année depuis 2009, et l'an dernier j'ai publié ce jour 4 quatrains totalisant 544 lettres, ce que j'avais encore oublié... Troisième oubli de taille pour ce billet, le premier, à l'origine de son écriture, étant l'oubli d'un texte de valeur 544 composé en septembre précédent. Les harmonies de mes 4 quatrains du 4 avril étaient telles que ces 544 lettres totalisaient la valeur 12 fois 544.
  Qu'ai-je encore oublié d'essentiel???

  Si le premier roman publié en français d'Adler-Olsen s'achevait un 4 avril, le premier roman de Delargy a pour date de première publication un autre 4 avril, et son intrigue principale couvre 44 chapitres, sans le flash-back en 2002. Tiens, Carl enquête dans Miséricorde sur le kidnapping de Merete le 20/02/2002.

  Le titre original Offer 2117 m'évoque aussi Bach, par sa traduction allemande, Opfer 2117, d'ailleurs présente dans le texte original car une bonne partie du roman se passe en Allemagne, me rappelant l'Offrande Musicale, Musikalisches Opfer, l'oeuvre que Bach a composée pour le roi Frédéric II (au titre ambigu car Opfer signifie "offrande" comme "victime"), et par le nombre 2117, notamment dans sa scission 21-17 suggérée au final.
  Une récente découverte m'a conduit à redonner en novembre sur Quaternité une page perdue de mon ancien site, 21-38 Gott mit Bach, l'une des occurrences de ce motif 21-38 (BA-CH) étant la fugue à 3 voix BWV 870, en 83 mesures, où les 12 mesures de l'exposition du thème de 21 notes font entendre dans les 3 voix:
- 21 + 38 notes;
- 21 + 17 notes;
- 21 notes.

  Je reviens à mon texte de 55 lettres de valeur 544, formant une grille 5x11. Les 21 lettres du texte enchâssé forment une grille 3x7. 3 et 5 sont des nombres de la suite de Fibonacci, 7 et 11 des nombres de la suite de Lucas, l'autre suite additive possédant de multiples propriétés. Ce n'est pas un hasard, car la multiplication d'un Fibo par le Lucas de même rang donne le Fibo de rang double,
Fx Ln = F2n
  Il est ainsi possible d'enchâsser la grille de 55 lettres dans une grille 8x18, de 144 lettres. Je m'y suis essayé, avec l'exemple de septembre 2017, et voici le résultat:
De pâles abbés moururent à l'expo, ingérés d'un as zombi.
Guido colla Garbo: sûre nudité d'un défi bref.
Néon à la FIAC, cidre, dentelle de crins de cheval, le public acclama l'ambiguïté.
La grille 8x18, en deux versions: 

D E P A L E S A
B B E S M O U R
U R E N T A L E
X P O I N G E R
E S D U N A S Z
O M B I G U I D
O C O L L A G A
R B O S U R E N
U D I T E D U N
D E F I B R E F
N E O N A L A F
I A C C I D R E
D E N T E L L E
D E C R I N S D
E C H E V A L L
E P U B L I C A
C C L A M A L A
M B I G U I T E

  J'ai aussi veillé à conserver la progression gématrique, ainsi les 55 lettres de valeur 544, 34 fois 16, sont serties par 89 lettres de valeur 880, 55 fois 16.
  Le Prélude et Fugue pour orgue BWV 544 a une certaine importance dans cette affaire, or le BWV 880 est aussi un Prélude et Fugue, du second cahier du Clavier bien tempéré, en 72 et 99 mesures, 171 en tout, le nombre d'Elisabeth Lovendale, la somme des 18 premiers nombres, ce qui m'a conduit à proposer dans Novel Roman de multiples énoncés de 18 lettres de valeur 171, dont la grille des 18 titres de chapitres. J'avais mentionné  ces 171 mesures du BWV880 dans ma nouvelle castelrennaise, L'enchanté réseau.
  BWV544 a 85+88 = 173 mesures en tout, et je signalais dans le billet de janvier 2019 le découpage, par un unique point d'orgue dans la Sinfonie 6, des 544 mesures des Sinfonien en 173-371, que Van Houten et Kasberger lisent 17-3/3-71, R-C/C-R, les initiales rosicruciennes.
  BWV544 et BWV880 ont donc 173 et 171 mesures. 273 Je rappelle que le total 544 lettres des 6 grilles se répartit en 273 pour les grilles "Tables des matières" et 271 pour les grilles "Elisabeth Lovendale" (171 pour les grilles de 81 et 90 lettres correspondant à ces prénom-nom, et 100 lettres pour ma grille faisant apparaître LOVEN-DALE)..

  L'ensemble des 144 lettres totalise 544+880 = 1424, 16 fois 89, qui m'est significatif par le partage 14-24. Comme je le rappelais plus haut, le premier mot de l'épitaphe de Rosencreutz, l'acronyme ACRC de valeur 24, aurait selon les mêmes été signifié par Bach dans la Sinfonie 14 correspondant à son nom.
  24 est indépendamment de ces conjectures un nombre que pouvait revendiquer Bach, maître des 24 tonalités, et j'ai été ébahi que la première voiture immatriculée BA-***-CH selon la nouvelle numérotation, la seule jusqu'à ce jour, ait été BA-024-CH:
  La suite additive 208-336-544-880-1424, ou les nombres de Fibonacci multipliés par 16, apparaît sur l'OEIS sous le numéro 22350, la succession 22-35 me rappelant la suite Golden Numbers, évoquée dans le précédent billet (13-22-35-57-92-...), répertoriée sous le numéro 22130, ce qui m'a fait remarquer que 13 et 22 appartenaient à la suite.

  Après avoir posté 273 billets, 21x13, pendant les les 11 premières années de Quaternité, de 2008 à 2018, puis 21 billets l'an dernier, il m'est venu l'idée de poster 13 billets cette année, mais je peux changer d'avis. Toujours est-il qu'une manière de respecter ce choix est de poster un billet par mois, avec un 13e spécial. Une idée d'abord envisagée a été d'utiliser les dates géminées, 1/1, 2/2, 3/3, mais j'ai dérogé à cette règle dès le billet de janvier, en expliquant pourquoi.
  J'avais donc envisagé de publier ce billet le 02/02/2020, date palindrome remarquable, avant même de savoir qu'il allait y être question d'Adler-Olsen, qui dans la première enquête de Carl Mørck le montrait sauver un 4/4 Merete, captive depuis le 20/02/2002, autre date palindrome remarquable, la seule composée des mêmes chiffres.
  Tiens, une autre façon de présenter cette date est 2/2/20, or 2220 est la somme des diviseurs de 2117 (1+29+73+2117).

  Je n'ai pas encore eu l'occasion de signaler que son nom composé était doré, et fibonaccien,
ADLER / OLSEN = 40 / 65 = 8/13.
  Avec son prénom,
JUSSI ADLER OLSEN = 78+40+65 = 183 (en 5-5-5 lettres).
  Mon précédent billet, 295e de Quaternité, m'a conduit à évoquer le Modulor du Corbusier, et j'ai un peu regretté que ce ne fût pas le 296e, 296 étant un nombre de la Série Rouge, mais 296 convient aussi pour ce billet, puisque 183 est le nombre précédent dans cette série.
  Mon titre a la valeur 296.

  Quelques petites choses encore. L'intrigue secondaire Alexander, résolue par Carl, me rappelle que j'ai commenté ici l'égalité
ALEXANDRE = NATHANIEL = HAEMMERLI = 84,
Nathaniel étant par ailleurs l'équivalent hébreu du grec Theodoros, en écho à Theodor Haemmerli qui serait mort à la place de Carl Jung.
  L'épisode 12 de la saison 8 de 24 heures chrono, évoquée plus haut pour l'immeuble 544 ouvrant l'épisode 1, tourne autour du Theodore Hotel où réside un terroriste. Un Charles joue un rôle important à la fin de la saison, l'ex-président Charles Logan.

  Mes investigations dans les archives de la liste Oulipo m'ont fait redécouvrir un texte du 9 août 2017, où j'employais aussi l'expression "Bigollo suite". Ce texte utilisait une décomposition sylllabique appropriée des "vers" de 6 syllabes pour formuler ce théorème:
  Le nombre de décompositions en nombres impairs d'un entier N correspond au nombre de Fibonacci de rang N.
Fibonaccienne loi
Fort éplapourdissante :
On pose A rang d’un nombre
De la Bigollo suite* ;
Ce nombre est calculable
En dénombrant les groupes
D’impaires quantités
Fournissant la somme A.

*ou suite de Fibonacci

Ainsi pour F6 = 8, on a les 8 sommes d’entiers impairs
5-1, 1-5, 1-1-1-1-1-1, 1-1-3-1, 1-1-1-3, 1-3-1-1, 3-3, 3-1-1-1.


6.1.20

quand Scott gémine avec Ellery


  En janvier 2019 j'ai publié De la Pâque à Paco, un billet s'achevant sur diverses coïncidences liées à la suite additive 4-9-13-22-35-57-92-149-241..., suite que j'appelle Golden Numbers car l'expression correspond à deux termes consécutifs de la suite,
GOLDEN NUMBERS = 57 92,
suite dont le rapport de termes consécutifs tend vers le nombre d'or (1,618...) comme toute suite additive, et
92/57 = 1,614... en est déjà une approximation à moins de 0,25%.

  Il y a eu quelques rebondissements récents, avec notamment des échos au 4/4/44...

  Le 17 décembre dernier, 5e anniversaire de notre installation à Esparron-de-Verdon, le site de streaming que nous utilisons de préférence donnait un lien pour My Own Private Idaho, un titre qui me disait quelque chose mais je ne pensais pas avoir jamais vu le film, que nous avons donc commencé à visionner.
  J'ignorais que ce film de 1992 était de Gus Van Sant, dont le seul film déjà vu, Prête à tout, ne m'avait pas donné envie de voir d'autres oeuvres du réalisateur. Nous avons néanmoins commencé à visionner cette histoire de prostitués toxicos...
...pour arriver 9 minutes plus tard à une scène marquante. Mike Waters (River Phoenix) est chez un client, Daddy Carroll, qui lui dit :
J'ai beaucoup de chance. Je suis né le 4 avril 1944, 4-4-44, la somme des chiffres est 16, et la somme des chiffres de 16 est 7, le nombre de la chance.
  Ensuite, probablement selon un rituel, Mike dit à Daddy que son appart est sale, et entreprend un nettoyage en règle, puis Daddy lui dit:
Et maintenant, mon chanceux 44e petit groom, tu dois frotter Daddy Carroll.
  Nous n'avons pas tardé à interrompre le visionnage, bien que cette apparition du 4/4/44 dans une fiction soit la première depuis que j'ai remarqué le schématisme de cette date, le 4/4/4 (2004) précisément, en reprenant un livre de Paul Misraki, Plaidoyer pour l'extraordinaire, où il citait cette date cruciale pour Jung. Misraki rapprochait dès 1970 le récit de décorporation de Jung d'autres témoignages de gens ayant échappé de peu à la mort, en remarquable précurseur du phénomène de NDE (ou EMI, Expérience de Mort Imminente), lequel sera popularisé par Raymond Moody en 1975 dans Life after Life (d'ailleurs traduit par Misraki en 1977).
  Depuis 2004, c'est la troisième fois que je rencontre une date schématique de ce type dans la fiction, et les deux premières occurrences sont aussi de cette année 2019, avec un 6 juin 1966 dans Hors la loi de Belletto, en janvier, puis la même date dans Le huitième jour de John Case, en juin. Dans les deux cas, il s'agit de la date de naissance de personnages importants, mais le schématisme 6/6/66 n'est pas souligné, bien qu'il soit évidemment intentionnel.

  L'acteur interprétant Daddy Carroll est
MICKEY COTTRELL = 66+105 = 171.
66-105-171 sont les triples de 22-35-57, termes de la suite Golden Numbers, et ce sont aussi des triangulaires, représentant les sommes respectives des 11-14-18 premiers nombres. Il en va de même pour le terme suivant de la suite, 92, dont le triple 276 est le triangulaire de 23. Le partage doré de 92 en 57-35 demeure pour 276 (171-105), mais le partage doré de 171 est 106-65, évoqué dans le précédent billet.
  Il existe d'autres quadruplets de triangulaires présentant cette propriété, donnés par la suite A185243 de l'OEIS, mais je conjecture que 276 est le seul triangle dont le partage doré donne deux triangles.

  Incidemment, le boss de l'OEIS, Neil Sloane, a lui-même enregistré la suite additive 4-9-13-22-... sur son site, sous le numéro 22130, 22 et 13 étant des termes de la suite.
  Un 171 lié au 4/4/44 réunit deux fils qui me sont essentiels, avec quelques apports significatifs.
   Je ne sais si Gus Van savait ce qui était arrivé à Carl Gustav en ce 4/4/44, mais on peut évidemment considérer que ç'a été un jour de chance pour Jung, au détriment de Haemmerli.
  Je rappelle que les valeurs de Jung/Haemmerli, 52/84, se simplifient en 13/21, deux nombres de la suite de Fibonacci. Celles de Mickey/Cottrell, 66/105, se simplifient en 22/35, deux nombres d'une suite de type Fibonacci.
  Les nombres propres à l'acteur interprétant l'amateur de numérologie Daddy Carroll, 66-105-171, appartiennent à un quadruplet très particulier de triangulaires, "quatre triangles" étant une expression digne de Jung, pour lequel l'inconscient était partagé entre les archétypes 3 et 4.
  Le nom Cottrell a pour origine cote, cottage. Une variante est Cattrall (nom d'une plus célèbre actrice), laissant entendre "quatre".

  Le quadruplet 66-105-171-276 correspond aux triangulaires de 11-14-18-23. Etant donné que les nombres du quadruplet sont en bon rapport d'or, et que le triangulaire d'un nombre est lié à son carré, ces nombres 11-14-18-23 correspondent aux arrondissements d'une progression géométrique ayant pour raison la racine du nombre d'or, 1,272...
  Ce peut encore être l'entrelacement de deux suites additives, la suite de Lucas et la suite dite de Pythagore par Guy Bernard, évoquée à diverses reprises sur Quaternité. Sachant que les termes de la suite de Lucas tendent vers les puissances correspondantes du nombre d'or, cet entrelacement est particulier, et ces termes 11-14-18-23 font effectivement partie d'une suite correspondant aux approximations des puissances de la racine du nombre d'or, présente sur l'OEIS, A127207.
  Si, par définition, les nombres de Lucas représentent les termes pairs de cette suite, les termes impairs ne forment que des fragments de suites additives. Le terme suivant 11-14-18-23 est 29, et ceci m'est évocateur dans le contexte lupinien. Je rappelle que la période de 6272 jours caractérisant l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44 (4 fois 6272 jours de sa naissance au 4/4/44, 6272 jours du 4/4/44 à sa mort) m'avait aussitôt évoqué les valeurs d'
ARSENE LUPIN = 62 72.
  Or le dernier roman publié de Leblanc fait intervenir ces 5 nombres 11-14-18-23-29, Les milliards d'Arsène Lupin. Il est en 11 chapitres, le premier titré Paule Sinner. Une maffia de 11 membres a choisi de se reconnaître par ce nom de 11 lettres, anagramme d'Arsène Lupin; son but est de s'emparer de la fortune de Lupin.
   La maffia Paule Sinner échoue, mais le banquier Angelmann parvient à s'emparer des milliards, qu'il emmène dans 18 camions, que Lupin parvient à intercepter; bon prince, il rend à Angelmann le camion n° 14, contenant sa propre fortune.
  A ceci est associée une curiosité. Le roman a d'abord été publié en feuilleton, en 29 livraisons. Leblanc malade n'a pu réviser ce texte décousu pour l'édition Hachette, où de plus a été oubliée l'une des livraisons, la n° 23.
  J'avais remarqué que le rapport 23/29 était proche de 14/18, pour la 14e parmi les 18 lettres d'amour du roi George, ou le 14e parmi les 18 camions, mais pas que ces nombres appartenaient aux suites de Lucas et Pythagore, avec
LUCAS PYTHAGORE = 56+115 = 171,
valeur de
ELISABETH LOVENDALE = 81+90 = 171,
l'Anglaise qui cherche la 14e parmi les 18 lettres d'amour, alors qu'il s'agit peut-être de la 14e parmi les 18 lettres de son nom, ou de la 14e parmi les 18 lettres de l'alphabet,
ABCDEFGHIJKLMN OPQR = 105+66 = 171.
  171 est encore la valeur de
PAULE LA PECHERESSE = 55+13+103 = 171,
qui serait selon Leblanc le titre d'un roman français dont Paule Sinner est la traduction.

  C'est toujours la valeur de Mickey Cottrell, dont je n'ai pas trouvé la date de naissance, mais son anniversaire semble être le 4 septembre, le 4/9, les deux premiers termes de la suite Golden Numbers.
  J'ai déjà parlé d'un acteur plus connu né le 4/4/44, Craig T. Nelson, lequel a notamment incarné le juge Rickover dans le dernier épisode de la série Monk. C'était le commanditaire de l'assassinat de la femme de Monk, et l'épisode tourne au duel à mort. Monk semble sur le point de succomber à son empoisonnement par le juge, mais il trouve la force d'aller l'affronter et le contraindre à se tuer.
  C'est une sorte d'échange, et j'avais été sensible à ce que le T de Craig T. Nelson représente Theodore, en pensant à l'échange du 4/4/44 concernant Carl Jung et Theodore Haemmerli.

  4 et 9, premiers termes de la suite Golden Numbers (ou A022130). Ma découverte de l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44 a fait intervenir une date de la même forme, le 9/9/99, mort de l'actrice Ruth Roman. En écho à ces dates, j'ai vu ici qu'un Charles était fêté le 4 novembre, et un Théodore le 9.
  La découverte des deux personnages de fiction nés le 6/6/66 m'a fait évoquer cette mort de Ruth Roman, et m'a rappelé que j'avais daté l'écriture de mon roman Sous les pans du bizarre (2000) du 6/6/66 au 9/9/99. Si la dernière date était à peu près exacte, l'autre était largement approximative.

  Le 4 avril 1944 apparaît dans Et le huitième jour... d'Ellery Queen (1964), sans que le schématisme de la date soit souligné. C'est en fait la Semaine sainte de 1944, du 2 au 9 avril, qui a été choisie pour ce polar métaphysique. J'ai été frappé de trouver un 6/6/66 dans le roman Le huitième jour, d'autant que le 6 juin est aussi une date liée à Jung, celle de sa mort en 1961.
  Il y avait par contre un 4 avril au schématisme vraisemblablement intentionnel dans Double, double (1950), roman sursaturé par le nombre 4 et la lettre D.
  Je m'aperçois avec honte que j'avais oublié lors de mes dernières interventions sur ces dates quadruplement schématiques le dernier roman publié par Queen, Un bel endroit privé (1971), où le richissime Nino Importuna est obsédé par le chiffre 9. Il a un nom de 9 lettres débutant par la 9e lettre de l'alphabet, il s'est fait construire un immeuble de 9 étages au 99 de la 9e avenue, il se déclare né le 9/9/99 (1899).

  En novembre dernier, j'ai lu un polar qui m'a beaucoup fait penser à Ellery Queen, Identique (2013) de Scott Turow. J'avais lu plusieurs de ses romans, dont le premier, Présumé innocent, porté à l'écran par Alan Pakula. Ils ont la particularité de se situer dans le comté imaginaire de Kindle, et plusieurs personnages sont récurrents dans les divers romans de la série, sans qu'il soit nécessaire d'avoir lu les précédents pour apprécier le suivant.
  Queen avait inauguré le procédé en 1942 avec la ville imaginaire de Wrightsville, où Ellery enquête dans 6 romans et quelques nouvelles. Je rappelle que, dans les romans signés Queen, l'enquêteur se nomme Ellery Queen, détective amateur et auteur de romans policiers,  romans distincts de ceux accessibles au lecteur. Les exégètes ont coutume de nommer Queen l'auteur "réel", et Ellery son personnage.

  Deux riches familles d'origine grecque sont concernées dans Identique. Zeus et Hermione Kronon ont une fille et un fils, Dita et Hal. Mickey et Lidia Giannis ont eu deux jumeaux, Cass et Paul. Dita Kronon a été tuée le 5 septembre 1982.
  Le 3 septembre 1982 est mort Frederic Dannay, l'âme de la signature Ellery Queen, le concepteur des intrigues mises en écriture d'abord par son cousin Lee, puis par divers écrivains après la brouille des deux cousins en 1958. Ces dernières collaborations  sont demeurées longtemps secrètes, et Dannay a arrêté la publication des Queen en 1971 après la mort de Lee, alors qu'un manuscrit était en voie d'achèvement.

  Le fiancé de Dita Kronon, Cass Giannis s'est accusé spontanément le lendemain du meurtre, à la condition de purger sa peine dans une prison à surveillance restreinte. Il espérait que la sentence serait relativement clémente, mais a écopé de 25 ans de réclusion, entièrement purgés en janvier 2008, où il est donc libéré.
  Paul Giannis, son frère jumeau, est alors candidat à la mairie du comté, avec de bonnes chances de son côté. Hal Kronon, le frère de Dita, pense que les deux frères ont été complices de l'assassinat de sa soeur, et demande à ses détectives privés de reprendre l'enquête.
  Le roman est en 5 parties, en 35 chapitres en tout (10-12-4-6-3). Chaque partie débute par un chapitre sur la soirée du 5 septembre 1982, racontée selon les points de vue des protagonistes, Cass, Paul, Lidia leur mère, Dita la victime, son père Zeus. L'intrigue est peu animée jusqu'à la fin de la seconde partie, le chapitre 22, où sont révélés les résultats des nouvelles analyses demandées par les enquêteurs.

  Les méthodes d'analyse ont fait de grands progrès depuis 25 ans, et le sang retrouvé sur les lieux du crime n'est pas celui d'un des jumeaux, comme il l'avait été supposé, mais celui d'une femme, probablement leur mère Lidia, décédée depuis.
  Le père des jumeaux n'était pas Mickey Giannis, mais Zeus Kronon.
  Zeus en revanche n'est pas le père de Hal.

  De multiples révélations sont faites dans les chapitres suivants. Lors de la fameuse soirée, Lidia est venue sommer Dita de renoncer à son mariage avec Cass, sans lui révéler qu'il était son frère. Les deux femmes se sont battues, et Lidia s'est enfuie, blessée. Paul est allé sur place, et a trouvé Dita morte. Persuadés que leur mère était responsable, les frères ont décidé d'éviter l'enquête en s'accusant spontanément.
  Un stratagème a permis d'adoucir la peine. Paul a simulé un accident, lui déformant le nez, alors que cette déformation était due à une prothèse. Lors des fréquentes visites à la prison, les frères échangeaient vêtements et postiche...
  Après la visite de Lidia, Dita a eu celle de son père, et il y a eu une autre bagarre qui a causé sa mort, involontairement. Zeus a voulu révéler la vérité, mais sa femme Hermione l'en a dissuadé, puis l'a tué quelque temps plus tard lors d'une autre crise de remords. 

  En postface, Turow révèle qu'il s'est inspiré du mythe des Dioscures. Zeus a séduit la mortelle Léda, laquelle a engendré Castor et Pollux. Dans une version du mythe, Castor est mortel par sa mère, et Pollux immortel par son père, mais les deux frères refusent d'être séparés, et demandent à Zeus de passer tour à tour un jour dans l'Hadès, un jour sur l'Olympe.
  De même, chacun des jumeaux Cass et Paul vit tour à tour "à l'ombre" (shade en anglais, anagramme d'Hadès) et en liberté.

  Si ceci m'a évoqué divers thèmes queeniens, j'ai d'abord été captivé par cette position du chapitre 22, entre 21 et 13 chapitres donc, mes Fibos obsessionnels, et la couverture de l'édition française reprend l'illustration de l'édition originale, avec deux empreintes digitales identiques, et 34 similitudes numérotées.
  Maintenant je sais que le partage en 22 et 13 pour les 2 et 3 parties, correspond à deux nombres de la suite 22130, la suite que j'appelle Golden Numbers.

  Le chapitre 35 et dernier est intitulé Vérité - 1er juin 2008.
  Ceci m'est extrêmement évocateur. Le 10e roman signé Queen, Halfway House (1935) a rompu avec la manière antérieure des cousins, et c'est aussi à cette date qu'a été révélée leur identité double, Manfred Lee né le 11 janvier 1905, et Frederic Dannay né le 20 octobre 1905. On a alors aussi appris qu'ils avaient écrit 4 romans sous le pseudo de Barnaby Ross.
  La victime de La maison à mi-route est quelqu'un qui menait une double vie, et avait deux familles, à New York et à Philadelphie. Il est tué le 1er juin 1935, le 1er juin étant exactement l'anniversaire moyen des deux cousins, à mi-route entre le 11 janvier et le 20 octobre.
  Comme le 6 janvier, le 6/1, est le jour des Rois, j'ai nommé le 1er juin, le 1/6, le jour des Queen.
  Les millésimes sont rares dans les Queen, et cette année 35 est probablement là pour marquer le 30e anniversaire des cousins, et plus spécialement celui de Dannay, né le 20/10/05, ou le 10/20/25 à l'américaine, car le roman est en 5 parties titrées de tautogrammes à partir de la 20e lettre, T: The Tragedy, The Track, The Trail, The Trap, The Truth. 10 fois la lettre numéro 20 en 5 titres.
  The Truth, c'est "La vérité", un titre assez attendu pour le dernier chapitre d'un polar, mais fort particulier ici, d'où ma réaction devant le chapitre 35 et dernier de Turow, Vérité - 1er juin 2008.

  La date de naissance de Dannay est caractérisée par les doubles, 20 double de 10, 10 double de 05, et je pense que c'est pour cette raison que le 20e roman signé Queen, Double, double (1950), a 20 chapitres introduits par des dates, débutant par le 4 avril, 4/4. Dannay avait alors 44 ans.
  Les désaccords entre les cousins ont conduit à la décision d'arrêter les aventures d'Ellery avec un 25e roman, Le mot de la fin (1958). C'est encore un roman en 20 chapitres, et 3 parties.
  La première conte la naissance la nuit du 6 janvier 1905 des jumeaux Sebastian.
  La seconde mène aux jours précédant le 25e anniversaire de John Sebastian le 6 janvier 1930, où il doit hériter de la fortune de son père décédé. 12 personnes sont réunies pour fêter l'événement, parmi lesquelles Ellery, ami de John Sebastian devenu poète. Les invités sont nés chacun sous l'un des 12 signes du Zodiaque, Ellery étant des Gémeaux, ce qui me semble confirmer que Dannay avait calculé la naissance moyenne avec son cousin, le 1er juin. Deux anniversaires donnés pour deux des invités, le 3/3 et le 12/12, m'ont fait penser que les autres invités avaient aussi des dates de naissance jumelées, à l'exception des "jumeaux", John Sebastian né un 6/1, jour des Rois, et Ellery en chiasme un 1/6, jour des Queen.
  Diverses bizarreries marquent le séjour, jusqu'à ce que John Sebastian soit retrouvé mort le matin du 6/1. C'est en fait son jumeau, que l'on croyait mort, qui est la victime. Les jumeaux s'étaient récemment retrouvés, et jouaient à échanger leurs places, à l'insu de tous.


  La substitution de jumeaux est un thème assez fréquent dans les polars, mais elle intervient ici dans le contexte particulier des 1/6-6/1.

  La mort de John Sebastian est restée irrésolue en 1930, mais Ellery l'élucide à l'été 1957, dans la dernière partie.
  Année 35 pour le meurtre du 6/1, année 57 pour l'élucidation du meurtre du 1/6, 35-57 nombres de la suite Golden Numbers. Si je ne soupçonne guère ici une intention dorée, Dannay appréciait les structures numériques, et peut-être les structures dorées, avec plusieurs indices dont ceci dans ce roman: Huit boîtes, 13 objets. (…) Un rapport mathématique existait-il ?  8 et 13 sont des nombres de Fibonacci.

  J'ai donné quelques faits pouvant illustrer la naissance de Dannay le 10/20/05 dans les aventures d'Ellery de rangs 10, 20, et 25, mais qu'en est-il de l'aventure 5, pourrait-on demander? Eh bien The Egyptian Cross Mystery a 30 chapitres (10+20), et les frères Tvar ("visage" en bulgare) y semblent poursuivis par un vengeur qui les crucifie après leur avoir tranché la tête, donnant à leurs corps la forme d'un T (toujours la 20e lettre), l'initiale de leurs noms?

  Si Queen n'a pas inauguré le procédé, ses intrigues criminelles sont souvent associées à des séries connues, comme l'avait fait son inspirateur, Van Dine avec notamment Le fou des échecs (1929).
  Son roman emblématique dans cette voie est La décade prodigieuse, où un plan criminel est associé à la transgression des Dix Commandements, jusqu'au "Tu ne tueras point". Une figure divine a organisé cette série de transgressions, Diedrich van Horn, pour tuer sa femme et faire porter le chapeau à son fils adoptif, sculpteur. Pour lui faire "adorer de faux dieux" et "faire des images taillées", il lui a suggéré de sculpter les dieux de l'Olympe, notamment Zeus pour lequel il sert de modèle, et qui apparaît sur la couverture de l'édition originale (1948).

   J'ai transmis à Scott Turow quelques-uns de ces éléments, il m'a aussitôt répondu que c'était fort intéressant, mais qu'il n'avait lu que quelques nouvelles de Queen dans sa jeunesse.

  A propos de dates géminées, mon roman achevé le 9/9/99 utilisait diverses sources queeniennes, notamment Le mot de la fin. On y enquêtait sur trois meurtres commis les 3/3, 4/4, et 5/5/99.

  J'ai laissé de côté plus haut un développement numérique à propos de la suite A127207, dont les termes pairs sont les nombres de Lucas, et les termes impairs leurs moyennes géométriques arrondies au plus proche entier. Je me suis demandé ce que donnerait une suite similaire avec les nombres de Fibonacci, et elle existe sur l'OEIS, A127217, de même auteur que A127207. De même que pour cette suite, on trouve aux rangs impairs des fragments de suites additives, et je suis particulièrement frappé par ces termes 16 à 28 de A127217:
21, 27, 34, 43, 55, 70, 89, 113, 144, 183, 233, 296, 377,...
  Les termes 21-34-55-89-144-233-377 sont les nombres de Fibonacci (A000045), et les nombres intercalés 27-43-70-113-183-296  sont des termes de la suite additive A022136, débutant par 5 et 11. L'amateur y reconnaît aussi les nombres de la Série Rouge du Modulor, version finale.
  Le Corbusier a d'abord construit son Modulor en prenant en compte une taille moyenne de l'homme de 175 cm (soit sa propre taille!), et en établissant un ensemble de mesures dans le système métrique en rapport d'or à partir de cette taille.
  Il a opté ensuite pour 183 cm, afin de vendre son système aux USA, séduit par le fait que 183 cm correspondent assez exactement à 144 demi-pouces, 144 nombre de Fibonacci, d'où les mesures du Modulor pourraient s'exprimer par la suite de Fibonacci, en demi-pouces pour la Série Rouge, en pouces pour la Série Bleue.
  Ceci est totalement arbitraire (quid des femmes et des enfants par exemple?), mais peu importe ici. Dans le système métrique, les mesures du Modulor deviennent
27-43-70-113-183-296 cm pour la Série Rouge,
54-86-140-226-366 cm pour la Série Bleue.
  Il s'agit d'approximations, excepté pour 113 et 226, Le Corbusier ayant fait une concession au système métrique en donnant à l'instrument Modulor la longueur exacte de 226 cm (valeur je le rappelle de son nom réel, CHARLES EDOUARD JEANNERET), gradué en mesures non approximées des séries Rouge et Bleue, mais sur plan figurent ces approximations, selon les systèmes anglo-saxon ou métrique.
  Il me semble amusant que ces approximations, exprimées dans les deux systèmes, forment une suite ayant sa propre logique, ceci étant dû au fait que la longueur du pouce, 2,54 cm, est proche du double de la racine du nombre d'or,
1,272... x 2 = 2,544...
  Incidemment, le mile anglais vaut environ 1,609 km, ce qui est proche du nombre d'or, 1,618... Ceci a conduit les matheux à proposer un système de conversion à partir des suites additives, notamment de la suite de Fibonacci. Par exemple 50 miles sont proches de 80 km, 80 miles de 130 km.

  Quand Scott gémine avec Ellery, titre de ce 295e billet de Quaternité, a pour valeur 295. Il s'inspire du fait que
SCOTT = ELLERY = 77,
77 étant un nombre géminé.

















8.12.19

Habillée ? Dévêtons-la !


  Ce titre n'a rien d'une profession de foi macho, c'est une anagramme, celle de
ELISABETH LOVENDALE,
personnage d'une nouvelle de Maurice Leblanc, La lettre d'amour du roi George, qui m'a conduit il y a 23 ans au jeu ROMANAMOR-LOVENOVEL.
  Je rappelle que cette Anglaise cherche la lettre numéro 14, son aïeule Dorothée ayant caché dans les reliures d'une édition en 18 volumes des romans épistolaires de Richardson les 18 lettres que lui a envoyées le roi George IV, la 14e lettre contenant la preuve que le roi était le géniteur du fils de Dorothée.
  La 14e lettre étant aussi le caractère N, comme "haine", j'ai cherché plus loin, et découvert que
ELISABETH LOVENDALE
était un nom de 18 lettres, de valeur 171 comme les 18 premières lettres
ABCDEFGHIJKLMNOPQR
et que la seule lettre à sa place était N, la 14e lettre.
  L'absence du N parmi les 18 premières lettres laisse
A-M; O-R, formant  le mot amor, "amour" en vieux français.
  Avant la lettre N de LOVENDALE il y a love, "amour" en anglais.
AMOR+N livre "roman", tandis que LOVE+N livre novel, "roman" en anglais.

  Je n'ai plus douté avoir décodé les intentions de Leblanc lorsque j'ai découvert que dans son dernier roman, Les milliards d'Arsène Lupin, il était question d'un roman français,
PAULE LA PECHERESSE = 171,
traduit en anglais
PAULE SINNER, anagramme d'ARSENE LUPIN, si séduit de cette équivalence qu'il en avait fait la clé menant à sa fortune, dérobée et convoyée par 18 camions, parmi lesquels le camion numéro 14 a un statut particulier.
  Il contient la fortune personnelle du voleur d'Arsène, dont les dix milliards sont donc contenus dans les 13 et 4 autres camions, or
ARSENE LUPIN = DIX MILLIARDS = 134.
  J'avais vu la même possibilité dans La lettre d'amour du roi George, où le jeu 13-1-4 peut aussi correspondre aux lettres MAD, "fou" en anglais, or Elisabeth Lovendale traite de "fou" le détenteur de la lettre numéro 14, sur laquelle Lupin mettra finalement la main.

  Une nouvelle avec des romans anglais, un roman avec un roman français traduit en anglais, la plus grande question pour moi est longtemps demeurée de comprendre comment ce jeu NOVEL ROMAN avait pu rester ignoré.
  Et puis sont venues les grilles de Cyril Epstein et Robert Rapilly, découvertes à quelques mois d'intervalle en 2017. Les 81 lettres de la grille de Cyril permettent de lire dans les première et dernière colonnes GIRARE ROI et ANAGRAMME. Ceci m'a conduit à regarder ce qui se passait dans la colonne centrale, et à constater que OMNNMREOP est l'anagramme de NOM PRENOM. Cyril a été surpris de cette possibilité, alors que sa grille contient un nom et un prénom éminemment significatifs pour lui, Wagner et Manon.
  Les 90 lettres de la grille de Robert permettent de lire dans les première et dernière colonnes FIVES LILLE et LILLE FIVES. Ceci m'a conduit à regarder ce qui se passait dans la colonne centrale, et à constater que NOMOPINMRE est l'anagramme de NOM PRENOM (+I). Robert a été surpris de cette possibilité, alors que sa grille illustre un récit où un nom et un prénom sont éminemment significatifs pour lui, Mauraens et Manuel.

  Ces deux grilles de 9 lettres de large concernent toutes deux le monde ferroviaire, et elles ont été composées indépendamment l'une de l'autre. C'est fascinant, pour ne pas dire fort difficile à croire, mais une autre plongée dans le fantastique était propre à me faire accepter cette incongruité.
  La grille de Cyril est inspirée par une carte postale de 1915 signée Rémy, publiée avec la grille dans le numéro 9 de Formules:
  Or dans ce même numéro, je publiais aussi mon SONÈ, une double grille associée à une carte postale signée Rémi,

mais la rédaction a refusé cette illustration, ne m'autorisant qu'à donner les 100 lettres du texte, se réarrangeant en deux carrés offrant une toute autre lecture, pandiagonale, "Au paradis, on attend l'exil, en à-pic au sens avéré (...)":
  Je suis déjà revenu à maintes reprises depuis deux ans sur cette affaire, riche en rebondissements. Voici un peu de "neuf" avec cette constatation que "nom prénom" est aussi l'anagramme de "mon prénom", et que mon prénom est bien Rémi, ou Rémy selon l'état civil.

  Une étape essentielle a ensuite été le constat que les 81 et 90 lettres des grilles de Cyril et Robert correspondaient aux valeurs des prénom-nom Elisabeth-Lovendale, et que le nom LOVEN-DALE apparaissait de façon tout à fait inattendue dans mon SONÈ.

  Ce LOVEN ou NEVOL dans la grande diagonale m'a rappelé une autre curiosité, en rapport étroit avec le jeu NOVEL-ROMAN.
  En 1998 j'avais imaginé illustrer ce jeu par un roman en 18 chapitres où mouraient tour à tour les 18 héritiers d'une prodigieuse fortune, 18 héritiers ayant en commun des noms anagrammes de NOVELROMAN.
  J'en avais fait un plan assez complet, et rédigé quelques pages, dont la table des chapitres d'un roman imaginaire, formée de 11 titres composés des lettres ESARTULINO + 1 joker; la grande diagonale du carré 11x11 permet de lire ROSENCREUTZ, Rose-Croix, car mes lectures de Leblanc m'avaient conduit à l'idée que le nombre 14 désignait le prétendu fondateur du rosicrucisme.
  En 2012 j'ai appris que Ricardou, tête de file du Nouveau Roman, avait publié en 1969 Les lieux-dits, roman dont la table des chapitres forme un carré de 8x8 lettres, dans lequel se lit dans la grande diagonale BELCROIX.
   J'ai aussitôt pensé à ma diagonale ROSENCREUTZ (ROSECROIX) dans mon projet Novel Roman. Ceci m'a conduit à enquêter sur Ricardou, et à découvrir qu'il avait vu après coup que l'autre diagonale de son carré, MAADRBRE, pouvait se lire MAD ARBRE, alors que l'un des deux principaux personnages de son roman est le pyromane Olivier Lasius, portant un prénom d'arbre, et un nom évoquant la folie (il est aussi appelé Asilus dans le roman).
  J'ai été frappé que
OLIVIER LASIUS = 90+81 = 171
ait les mêmes valeurs que
LOVENDALE ELISABETH = 90+81 = 171,
et que le mot MAD apparaisse en filigrane, mot que j'avais précisément vu associé à la recherche de la lettre numéro 14, et donc du jeu ROMANAMOR.
  Par ailleurs le prénom OLIVIER a été choisi avec une arrière-pensée métatextuelle, car c'était pour Ricardou l'anagramme de LIVRE-I-O, I et O (pour In-Out, "Entrée-Sortie") étant au coeur de La prise/prose de Constantinople ("pas de Prise sans Prose, pas de Prose sans Prise", pas d'entrée, pas de sortie).

  Je pense avoir jadis cherché des anagrammes de LOVENDALE ELISABETH, et notamment soumis le nom à des logiciels spécialisés. L'un des plus longs mots suggérés par un tel logiciel est "déshabillée", mais ceci n'a longtemps eu aucune pertinence. Le seul renseignement fourni par Leblanc sur l'allure d'Elisabeth Lovendale est qu'elle est "vêtue sans recherche".
  Mais "Habillée ? Dévêtons-la !" est devenu significatif depuis que Ricardou s'est immiscé dans cette affaire, car le strip-tease est récurrent dans son oeuvre de fiction. Ceci commence avec L'observatoire de Cannes (1961), où une longue scène de strip-tease occupe les chapitres 28-29 du roman. C'est cette scène que Ricardou a choisie pour présenter le roman dans Tel Quel.
  La scène est reprise intégralement dans ce qui serait le chapitre 15 de La prise/prose de Constantinople (1965), avec de subtiles variations, essentiellement dans les temps des verbes.

  Dans Les lieux-dits (1969), Olivier Lasius impose à Atta un strip-tease alphabétique: elle doit d'abord ôter ses Bas, puis sa Ceinture, ses Chaussures, le Noeud de ses cheveux, son Porte-jarretelles, sa Robe, son Slip, son Soutien-Gorge...

  En 1972, Ricardou a repris la scène déjà donnée dans ses deux premiers romans sous le titre Improbable strip-tease blanc. La nouveauté essentielle est que les majuscules attendues en début de phrase ont disparu, mais d'autres majuscules parsèment le texte, et un lecteur qui les regrouperait les verrait former un texte, une récriture du Cygne de Mallarmé.
  En principe du moins, car il y avait quelques erreurs dans cet exercice typographique inhabituel. C'est peut-être pour cette raison que Ricardou a repris l'exercice l'année suivante dans Improbables strip-teases. Au pluriel, car le récit est illustré d'adaptations par Ricardou d'une vignette de Barbarella.
  Le dessin a été adapté pour se répartir en 64 zones qui seront représentées en noir ou blanc selon diverses règles logiques.
  Il y avait encore des erreurs dans le texte publié, et Ricardou en a proposé une autre version dans Le théâtre des métamorphoses (1982), illustré par une autre adaptation d'une vignette de Barbarella, répartie en 48 zones.
  Il y a encore eu une majuscule oubliée dans cette édition...

  Le strip-tease intervient dans divers autres textes, au premier plan dans Résipiscence, où le "dé à jouir" impose l'ordre selon lequel une créature doit se dévêtir.

  J'abrège, car l'évocation des deux jeux d'illustrations d'Improbables strip-teases a provoqué un dessillement qui aurait pu survenir bien plus tôt, lorsque j'en ai parlé en janvier 2018.
  En août 2016, j'ai étudié Puzzle de Thilliez, essentiellement pour une erreur dans sa réédition en poche, alors que l'édition originale était correcte. Les 64 chapitres de ce roman ont chacun en exergue une pièce de puzzle, permettant de reconstituer un dessin de Thilliez lui-même:
   Dans l'édition Pocket, la pièce du chapitre 61 était un doublon de celle donnée au chapitre 40, ce qui évoquait pour un perecquien les 61 puzzles laissés par Bartlebooth à sa mort, à la fin du roman-puzzle La Vie mode d'emploi, où il y a aussi une erreur, voulue, l'absence du chapitre 66, correspondant à une pièce de l'immeuble, comme à une pièce du puzzle.
  Or le roman a connu une prépublication en feuilleton, en 40 livraisons dans Les Echos, chacune accompagnée d'une pièce de puzzle, permettant de reconstituer quatre illustrations dont j'avais donné la troisième:
   Je n'avais alors qu'une connaissance fragmentaire de l'oeuvre de Ricardou, ne pouvais donc faire le lien avec les deux jeux d'illustrations d'Improbables strip-teases, et avais oublié Puzzle lorsque je m'y suis intéressé.
  Son personnage principal est Ilan Dedisset, confronté au fou Lucas Chardon, lequel tue tour à tour ses amis. La confrontation finale fait comprendre à Ilan qu'il est Lucas, plongé dans une catatonie qui l'a conduit à rêver le personnage d'Ilan pour affronter ses actes.
  J'avais remarqué que Lucas est en verlan calu, "fou" dans le Midi, et que ilan signifie "arbre" en hébreu. ce qui rappelle fort le "mad arbre" des Lieux-dits, sans imaginer que Thilliez soit un lecteur passionné de Ricardou.
  Je rapprochais aussi les 64 chapitres de Puzzle des 64 sections des Lieux-dits, et les 64 pièces du puzzle des 64 lettres des noms des dits lieux, mais ceci peut relever de la communauté d'intention. Les deux auteurs ont évidemment pensé aux 64 cases de l'échiquier.

  Le pavage en damier noir et blanc du lieu créé par l'inconscient de Lucas, visible sur les illustrations 2 et 3 du premier jeu, et la superposition de Barbarella à un carrelage peuvent relever également de cette communauté d'intention.
  Il est plus troublant que ce lieu imaginaire soit nommé Swanessong, "chant du cygne", et que les "cygnes noirs" jouent un rôle dans l'histoire (l'un est visible sur l'illustration 3), alors que les Improbables strip-teases recèlent une récriture du Cygne de Mallarmé (devenu le "signe").

  Lucas a forgé l'identité Ilan Dedisset à partir d'un bout de tissu portant l'inscription II AN 2-10-7, les nombres apparaissant aussi dans le récit sous la forme 2-1-0-7, qu'un codage utilisé par ailleurs peut transformer en CBAH, une anagramme de BACH.
  En appliquant à la position de La lettre d'amour du roi George parmi les 8 nouvelles du recueil le procédé qui à partir de la 14e lettre parmi 18 a conduit à N-AMOR, j'avais vu apparaître B-ACH, or la 14e pièce parmi les 18 de l'Art de la fugue est très particulière.

  Olivier Lasius n'est sans doute pas la réelle identité du fou des Lieux-dits, son vrai nom étant probablement Gallois.

  Tenter de justifier l'anagramme
Habillée ? Dévêtons-la ! 
m'a donc conduit à de nouvelles trouvailles.
  Puisque Elisabeth Lovendale est anglaise, j'ai cherché aussi des anagrammes en anglais, et suis parvenu à
She lived a noble tale.
  Car la 14e lettre lui permettra de revendiquer ses "lettres de noblesse", et penser à cette expression m'a fait remarquer que la lettre initiale de Noblesse est N.
  Il me semble devoir rappeler mes éventuelles "lettres de noblesse". Ma trisaïeule était lingère à la cour de Napoléon III, où elle a récolté un bâtard de haute lignée, assurait-elle, mon arrière-grand-père Max Souverbie. Si ma grand-mère pensait que le père était Maximilien de Habsbourg, son frère avait opté pour Napoléon III, dont le portrait figure en tête de sa généalogie. Ainsi je pourrais revendiquer un droit au N napoléonien...

  Dans le même ordre d'idée, il y aurait
Let's have noble ideal.

  J'ai encore pensé à
She labeled it "a novel".
  Elle l'a étiqueté "un roman". Il faut recourir ici à l'orthographe américaine (labeled au lieu de labelled), mais Lupin est confronté à des Américains dans sa dernière aventure, celle où le camion n° 14 parmi 18 joue un rôle particulier.

  Les 90 lettres de la grille de Robert contiennent les lettres ELISABETH LOVENDALE, et bien sûr NOM PRENOM. Je suis parvenu à cette anagramme des 90 lettres: 
Nom Lovendale, prénom Elisabeth,

il y a ici imbroglio linéal, miroir festif,

folle ivresse et réelle apothéose.

  Ceci est le 294e billet de Quaternité, et 294 est précisément la valeur de
Nom Lovendale, prénom Elisabeth,
mais je ne m'en suis avisé qu'après avoir choisi ce sujet. Avant le 27 novembre où m'est venue l'anagramme en titre, j'hésitais entre publier à la Saint-André mes récents essais de récriture du Sonnet en X, ou commenter mes récentes lectures, mais ces sujets ne me semblaient pas tout à fait "mûrs", même si c'est souvent pendant l'écriture d'un billet qu'apparaissent les plus intéressants échos, et ceci semble s'être à nouveau vérifié.
  L'anagramme du 27 novembre m'a bien plus inspiré, d'autant qu'il est possible que ce 294e billet soit le dernier de l'année, alors que j'avais achevé l'an dernier avec un point complet sur le jeu Novel Roman et les grilles de lettres associées.

  Le 27 novembre est pour moi une commémoration, car le 27 novembre 02, j'étais en voiture avec mon ami Jean-Pierre Le Goff (auteur du fameux Cachet de la poste). Je venais d’évoquer mes trouvailles sur le nombre d’or chez Perec peu avant Valensole, et peu après Valensole Le Goff me dit qu’il venait de voir un improbable panneau NOMBRE D’OR au bord de la route, en pleine campagne. Ce fut la première d'une série de coïncidences relatée ici.

  L'an dernier m'a été l'occasion de nouvelles découvertes ébouriffantes sur le nombre d'or, notamment avec les deux dernières phrases des Révélations minuscules de Ricardou, en 183 et 226 mots, deux mesures consécutives du Modulor, l'un de ces mots étant un mystérieux φ, symbole du nombre d'or, tandis que l'expression apparaît par symétricologie dans une phrase de ce texte composé selon ce procédé.

  Peu avant cette découverte appuyant fortement l'idée d'un certain intérêt de Ricardou pour le nombre d'or, j'avais consacré le billet Label cent septante-et-un au nombre 171, et j'y étudiais son partage d'or 65-106, avec notamment ceci, sous cette nouvelle formulation:
  Dans la nouvelle La lettre d'amour du roi George, un personnage important est
ELISABETH LOVENDALE = 81+90 = 171,
et dans la nouvelle suivante du recueil, La partie de Baccara, un personnage important est
MAXIME TUILLIER = 65+106 = 171.
  Dans le roman Les lieux-dits, un personnage important est
OLIVIER LASIUS = 90+81 = 171,
et dans le roman précédent de Ricardou, La prise de Constantinople, un personnage important est
SYLVERE DANDOLO = 106+65 = 171.

  Je me sens incapable de ne pas rappeler le cas
SELON SUIVANT = 65 106,
et la faramineuse triple coïncidence qui a fait que, vraisemblablement la même année 1999,
- Ricardou a remplacé SUIVANT par SELON dans un lipogramme en E;
- En reprenant un vers de Roussel, j'ai inexplicablement remplacé SUIVANT par SELON;
- Le compositeur Giorgio Battistelli a fait le même remplacement pour le même vers dans le livret de l'opéra Impressions d’Afrique.

  Dans le premier billet où j'avais mentionné ce cas, Puzzle échevelé en 2012, j'avais donné quelques paires de mots de valeurs 65-106, notamment "centre encrypté", ignorant que Ricardou avait créé sa symétricologie, consistant à encrypter au centre d'une phrase un mot en résonance avec les termes initial et final.