19.8.24

124e sonnet exotique

à Perec & Fourest

   Retour aux hétérogrammes de Métaux, avec cette fois le sonnet en P, que j'avais donné in extenso ici, mais la "graphisculpture" ci-contre est celle du sonnet en G.
  La valeur 123 des 14 lettres jokers dans le sonnet en F, ainsi que leur agencement, correspondant presque au schéma de rimes d'un sonnet classique, m'a conduit dans le précédent billet à l'écriture d'un sonnet avec pour rimes ces lettres jokers, en 123 mots, répartis en 76 pour les quatrains et 47 pour les tercets, valeurs de GEORGES et PEREC.

  J'y remarquais aussi les jokers du sonnet en P, CHBCFHFXHFCVBB, soit 3 BCFH, et VX, les lettres de la géométrie fantasmatique. La valeur 103 de ces 14 lettres n'est pas immédiate, mais
CENT  TROIS  = 42 + 81 = NOM  PRENOM = 123
  Ma fascination pour les nom prénom "Georges Perec" est aussi liée à cette adéquation, qu'il aurait fort bien pu connaître.
  Par ailleurs, cette plaque fantaisiste, en écho à La Disparition, permettrait de nombrer
GORGS PRC = 66 + 37 = 103.

  Il était ainsi tentant de composer 14 vers avec ces jokers en rimes, le schéma 4-4-3-3 du sonnet classique n'étant pas permis, j'ai choisi 6-2-6 et m'en expliquerai ensuite.
Rien ne sert de pleurer, vagir comme un bébé,
A l'impavide Mort nul ne s'est dérobé
Lorsqu'il est advenu, l'instant de succomber.
Le dit du milan probe engage à ressasser
Qu'au début serait l'être, à la fin la pensée :
Toute vie en ces lieux s'y doit d'un jour cesser.

S'il aurait revécu, le fabuleux phénix...
Ce n'est qu'un vain espoir dont je ne peux rêver...

Notre cheminement n'est qu'un moment trop bref,
Une prémonition d'un alternatif fief,
Qui nous accueillera, nous rendra derechef
A ce monde de peine, où, sans nulle relâche,
Il faudra de nouveau se remettre à la tâche,
Jusqu'au prochain fracas de la terrible Hache.
  Quelques mots sont issus du sonnet en P, "l'impavide mort", "dit(s) du milan probe", "espoir"...
  Je n'ai d'abord eu d'autre contrainte que le schéma de rimes BBB CCC XV FFF HHH, et puis j'avais 75 mots après avoir écrit 8 vers, aussi j'ai opté pour un nouveau 76-47, puis pour 57-19-47, permettant les deux lectures:
8-6 vers, 76 47 = GEORGES PEREC;
6-8 vers, 57 66 = GEORGE GASPARD (en pensant à George Bretzlee et Gaspard Winckler, voir précédent billet).
  La première version avait 479 lettres de valeur 5481. La modification de deux mots m'a facilement conduit à 5535, 45 fois 123 (ou 123*45), en 483 lettres, qui après coup peut correspondre à 3 fois 161, valeur de GASPARD WINCKLER.

  Alors que j'avais en tête la structure 6-2-6, je suis parti sur le schéma vu plus haut, alors qu'il aurait été préférable d'avoir des rimes alternées, BCBCBC par exemple. Bien que mes vers ne soient pas impérissables et qu'ils ne m'aient pas demandé de gros efforts, je n'ai pas repris à zéro parce que je privilégie les premiers jets.
  D'ailleurs, je me réjouis que l'analyse gématrique offre quelques relations imprévues. J'avais un vers de valeur 369, 3 fois 123, dans le précédent sonnet, j'en ai un autre ici,
S'il aurait revécu, le fabuleux phénix,
et il s'achève sur PHENIX = 76 = GEORGES.
  Il y en a un autre de valeur 492, 4 fois 123,
Notre cheminement n'est qu'un moment trop bref,
et ce dernier sixain contient des vers de valeurs 359-389-359 livrant facilement une moyenne de 369.
  La petite section d'or tombe exactement à la fin du 11e hémistiche, 11 étant la section d'or entière de 28 (nombre total d'hémistiches). Elle tombe sur le mot "lieux", un mot très perecquien...
  Cette petite section d'or entière tombe à 2114, alors que 45 fois 47 font 2115. Le rapport 47-76 est très proche du nombre d'or, mais pas assez pour subsister après ma multiplication par 45.
  Le précédent sonnet valait 49 fois 123, ainsi la moyenne des deux est 47 fois 123, ou PEREC fois GEORGES PEREC.

  J'ai rencontré un autre sonnet dont la (grande) section d'or gématrique tombait exactement après le 17e hémistiche (3402-2103), L'art du X de Ricardou, et cette exactitude l'était aussi pour les lettres (303-188). C'est le seul sonnet de ce type que je connaisse, hormis ceux qui ont été délibérément construits à ces fins.
  La section d'or n'est pas exacte pour les mots (71-48), mais je remarque que 71 est la valeur de LIEUX (50e mot de mon poème, ainsi partagé 50-73).
  La section d'or 3402 est aussi le produit 81 par 42, PRENOM par NOM, ou TROIS par CENT. C'est en partie la valeur 103, CENT TROIS = 123, qui m'a conduit à écrire ce nouveau poème.
  Il n'y a pratiquement que deux personnages dans Les LIEUX-dits de Ricardou,
ATTA = 42 (c'est le prénom d'une demoiselle qui n'a pas de nom), et
LASIUS = 81 (c'est le nom du prénommé Olivier).

  Pourquoi 626 ? Après le sonnet en F, et ses jokers de valeur 123, les sonnets en G et P évoquent aussi Perec, et j'avais étudié ici leur valeur totale 112*43, significative pour les tenants du 11/2/43.
  La valeur de leurs 28 jokers est 266, et il reste 626 pour les 56 jokers des 4 autres sonnets (en B-C-H-V).
  Certains jeux littéraires renversent le V en Λ (exemple ici), ce qui, associé aux lettres BCH, symétriques verticalement, donnerait BΛCH, et l'accolement de 123 et 266 me fait immédiatement penser à Bach.
  En 1722, Bach a donné à ses 24 diptyques Prélude-Fugue dans toutes les tonalités un titre en 24 lettres, Das wohltemperirte Clavier, (Le Clavier Bien Tempéré ):
  Ce titre a pour valeur 266, selon l'alphabet Schwenter prêté à Bach, et les exégètes ont repéré ce découpage:
DASWOHLTEMPE = 133
RIRTECLAVIER = 133
  J'ai pour ma part vu la valeur 123 de temperirte, que j'ai associée au 24e et dernier diptyque, en 123 mesures, 47 pour le Prélude, PEREC, 76 pour la Fugue, GEORGES...
  Si WOHL = 54 selon l'alphabet Schwenter, j'utilise aussi l'alphabet latin, où W est équivalent à U et V, ainsi WOHL = 53, or le 23e diptyque a 53 mesures, réparties en 19-34 (LH-OW); Bach (=14) est probablement le premier à avoir utilisé l'adjectif de 14 lettres WOHLTEMPERIRTE, pour une oeuvre qui s'achève sur deux diptyques de 53 et 123 mesures.
  Ce premier cahier de 24 diptyques (il y en aura un autre 20 ans après) est daté de
1722 = 14 fois 123, ou BACH fois GEORGES PEREC.

  53+123 = 176, et Perec a écrit les 176 onzains d'Alphabets, dont la matière brute originale, 16 séries de 11, est temperecquéee par de savants réglages.
  Si c'est une pure conjecture que Perec eût connu le découpage doré de son nom, c'est un fait qu'il a cherché les diverses manières d'utiliser 53 dans une suite additive, ce dont témoignent ses brouillons de "53 jours" (donnés dans l'édition courante du roman inachevé).

CLAVIER = 66 (Schwenter), un autre nombre associé à Perec, et les sonnets de Métaux m'ont conduit aux palindromes 18081 (147 fois 123), et 8118 (66 fois 123).
  Une étape de ce calcul a été la valeur des 7 fois 14 lettres jokers des 7 sonnets, ici dans l'ordre donné dans le CGP 5 (Les poèmes hétérogrammatiques), B-C-F-H-P-G-V (mais je rappelle que chaque sonnet est dans un cahier à part, contenu dans un boîtier): 
PZPXYGCCJGQCCH = 168

ZYXPHQBPBPHGHH = 183

GBPVPCBPPBBCHH = 123

CFPPQYXJCCCPPB = 160

CHBCFHFXHFCVBB = 103

BPYXPBPCFCBPHX = 163

GPYCCBFGHQJGBB = 115
  La somme est 1015, un nombre qui intervient dans ce qui est l'un de mes plus beaux résultats bachiens, précisément dans les tonalités Bach du Clavier bien tempéré, dans le double rapport d'or 1015-627 (627-388-627).
  Je n'ai pas vu de partage immédiat 627-388 du 1015 des jokers, mais la valeur 389, celle des sonnets en F-G-P, m'a fait consacrer mon 389e billet, Chi va chiasmo va pazzo, au chiasme, en lisant 3-8-9 C-H-I, la lettre grecque X. Le sonnet en F est précisément celui dont les diagonales isogrammes forment un X.

  Il était tentant de faire quelque chose à partir des jokers du sonnet en G, mais ces BPYXPBPCFCBPHX n'offrent guère de régularité exploitable.
  La recherche de multiples de 123 compatibles avec la valeur d'un sonnet d'alexandrins m'a amené une surprise. 6273 est le produit de 51 par 123, or je connais fort bien le nombre 6272, valeur du sonnet Vocalisations de Perec qui m'obsède depuis fin 1996, et dont j'ai proposé maintes récritures, anagrammatiques et autres.
  Je n'y reviens pas. L'idée m'est venue de modifier une lettre du sonnet pour atteindre cette valeur 6273, et de regarder si je pouvais y caser les jokers du sonnet en G, à raison d'un par vers.
  Oui, ça marche, avec un peu de chance car les solutions sont limitées, et il n'y a par exemple que 4 vers qui permettent d'accueillir les 3 jokers B.
  La lettre à changer s'est imposée. Le "Nirvâna" du 13e vers peut aussi s'écrire nirwana, et ceci permet d'intégrer la seule lettre absente du sonnet (en-dehors du E interdit, bien sûr). J'avais précisément bâti mon anagramme Consonnantisations à partir de l'absence de ce X.

  Bref, voici:
a noir, (un Blanc), i roux, u safran, o azur:
nous saurons au jour dit ta voCalisation:
a, noir carcan Poilu d'un scintillant morpion
qui Bombinait autour d'un nidoral impur,

caps obscurs; qui, cristal du Brouillard ou du khan,
harpons du fjord Hautain, rois blancs, frissons d'anis?
i, Carmins, sang vomi, riant ainsi qu'un lis
dans un courrouX ou dans un alcool mortifiant;

u, scintillations, ronds divins du Flot marin,
paix du pâtis tissu d'animaux, Paix du fin
sillon qu'un fol savoir aux grands fronts imPrima;

o, finitif clairon auX accords d'aiguisoir,
souPirs ahurissant nadir ou nirwâna:
o l'omicron, raYon violin dans son voir!
  J'ai supprimé toutes les majuscules originales afin qu'apparaissent seulement les jokers du sonnet en G.
  A propos de G, l'antépénultième billet m'avait amené à constater que le découpage 5-4-5 de ce sonnet donnait les gématries 2184-1911-2177. 2184 et 1911 sont 8 et 7 fois 273, c'est-à-dire qu'il manquait 7 à 2177 pour avoir le sonnet entier multiple de 273. J'avais songé à y ajouter la signature G., et voici que j'ai été conduit à cette récriture inspirée par le sonnet en G. C'est ce 273, produit de 21 et 13, qui m'avait remémoré les diagonales U et M du sonnet en F.

  1911 est l'année du vol de la Joconde, que Timothy Findley a utilisé dans son roman  Pilgrim, or un hasard m'a fait découvrir l'hypothèse farfelue, sans rapport avec Pilgrim, que l'expression MONA LISA correspondrait, selon un alphabet latin réduit, aux valeurs 13-21.
  Les deux premières parties de Pilgrim ont 21 et 13 chapitres, et ses deux personnages essentiels sont
PILGRIM  JUNG = 84 52, avec 84/52 = 21/13.
  Le roman qui a en quelque sorte déclenché ma frénésie 21-13 est The Greek Coffin Mystery, en deux "livres" de 21 et 13 chapitres, dont le sujet est le vol d'un autre tableau de Léonard.
  Findley a déplacé ce vol en 1912, parce que son intrigue utilisait aussi le naufrage du Titanic. C'est un autre "jeu du Un", comparable au passage de 6272 à 6273. L'un des aspects intéressants de 6272 est le découpage de la vie de Jung en 4+1 fois 6272, mais il a vécu en fait 31360 jours et 20 heures, presque 31361 jours, ce qui peut justifier cette version alternative de Vocalisations.

  Il faudrait 160 sonnets de 196 lettres pour parvenir à 31360 lettres, or les 14 jokers du sonnet en H ont la valeur 160.

  Les textes de La Disparition ne sont pas tous de Perec seul, et ses amis de l'Oulipo qui y ont peu ou prou participé ne sont pas tous crédités dans le livre paru en 1969 (l'année érotique). Au moins est-il acquis que ces textes datent de 1968, 16 fois 123, l'année Perec!

  La série additive optimale associée à 6273 a une curieuse propriété (au moins). On la calcule à partir de la section d'or entière de 6273, 3877, puis par récurrence:
9-38-47-85-132-217-349-566-915-1481-2396-3877-6273- ...
  Vient ensuite 10150 au rang 14, 10 fois la valeur 1015 des lettres jokers (et 14 fois 725).
  Mais la réelle curiosité, c'est, aux rangs 2 et 3, d'avoir 38, moitié de GEORGES (76), et 47, PEREC. Les termes d'une suite additive peuvent être obtenus par des additions de termes consécutifs précédents multipliés par des Fibos consécutifs, ainsi
3877 = 38*34 + 47*55 = 17*76 + 55*47 = 17 GEORGES + 55 PEREC,
tandis que le terme suivant est 51 GEORGES + 51 PEREC,
ou 6273 = 102*38 + 51*47 = 55*38 + 89*47.
  Ceci n'a rien de magique, mais doit être plutôt rare.

  A propos de ce 51 fois 123, je rappelle que les trois précédents billets sont liés à LI et IL, lettres, syllabes, ou mots, mais encore 51 et 49 en chiffres romains. Le sonnet du précédent billet avait pour valeur 49 fois 123.
  Perec a singularisé le chapitre 51 de La Vie mode d'emploi en l'intitulant LE CHAPITRE LI, alors que les 98 autres chapitres n'ont pas droit à ce "LE".
  J'ai remarqué les lettres IL chez thILLIez, et constate maintenant que les chiffres romains de son nom pourraient constituer une égalité:
franCk  thILLIez  >  C = IL + LI  (100 = 49 + 51).


  19/08. Je reprends l'écriture interrompue hier. Je me demandais si je devais mentionner la page de mon ancien site Quand le tempérament va, où j'étudiais les 14 lettres du mot WOHLTEMPERIRTE en privilégiant la valeur 177 (certaines des relations demeurent avec 176).
  Et puis au réveil ce matin il m'est venu que l'arcane 14 du Tarot est La Tempérance (BACH = 14).
  Sans penser au Tarot qui ne m'intéressait guère, le titre web de cette page était La Tempérance est mère de tous les fis, parce que les deux diptyques 14 des deux cahiers du CBT, en fis, fa# mineur, sont tous deux dorés, et totalisent 177 mesures (24-40-43-70).
  La page étudiait le partage doré de WOHLTEMPERIRTE en
WOHLTEMPE  RIRTE = 110 67, toujours valable avec WOHLTEMPE = 109.
  J'y ajoute que les mesures des 4 pièces en fis peuvent se retrouver dans ces 14 lettres. Ce n'est pas stupéfiant, mais il est tout de même notable qu'aux préludes peuvent correspondre
RIR  TE = 43  24 (toujours selon l'alphabet Schwenter). On peut par exemple obtenir 40 avec les deux lettres de plus haut poids restantes, WT; le reliquat vaudra 70.
  Le seul autre diptyque doré est 47-76 = 123 = TEMPERIRTE.
  Je rappelle que dans notre alphabet QUATORZE = 123.

  A ce 426e billet de Quaternité j'ai trouvé au départ le titre
cent-vingt-quatrième sonnet exotique = 426
  Je l'ai dédié à Perec & Fourest parce qu'il me semblait avoir parlé d'un sonnet exotique de Georges Fourest. En fait, c'est un sonnet asiatique.
  Mon titre venait de ce que j'ai présenté ailleurs mon précédent poème en tant que 123e sonnet. J'imagine qu'en 20 ans de participation à la liste Oulipo ce nombre n'a rien d'exagéré, sinon quelques oeuvres de jeunesse pourraient combler le GaP.
  Je ne savais pas encore que j'allais proposer un 125e sonnet, récriture minimale de Vocalisations qui, dans mon exemplaire de la collection L'imaginaire chez Gallimard, figure page 125.

  125 = 5.5.5... Quelques jours plus tôt, j'avais entamé la lecture de 555, d'Hélène Gestern. J'avais remarqué ce titre à sa sortie en 2022, et m'étais intéressé avant à Armen de l'auteure.
  Mon récent 888 ! où intervenaient les titres 666-777-888 m'a convaincu qu'il était temps de lire ce 555.
 

  On sait que le répertoire compte 555 sonates de Scarlatti, sans qu'il soit bien assuré ni que toutes celles homologuées soient de lui, ni que d'autres candidates mériteraient l'homologation...
  La découverte d'un manuscrit inédit suscite une tempête dans le microcosme des scarlattinophiles. Le roman a une construction intéressante, avec une narration à la première personne se partageant régulièrement entre cinq personnages identifiés. Après chaque volée de 5 chapitres viennent quelques phrases en italique, provenant d'une personne qu'on devine être le deux ex machina de l'affaire...
  J'en parlerai peut-être plus longuement ultérieurement. Cette construction me rappelle Léviathan de Boris Akounine, constitué de 3 parties de chacune 5 chapitres, chaque chapitre ayant son mode de narration épousant le point de vue d'un des 5 protagonistes. 5-5-5, mais il y a 13 séries de 5 chapitres chez Gestern.
  Je pense aussi aux Chutes de Joyce Carol Oates (The Falls), où un personnage sauve 5 personnes, suivies ensuite dans 3 parties de 5 chapitres. Je m'étais demandé si ça ne reflétait pas les 5-5-5 lettres du nom de l'auteure.

  Je reviens à 555, où plusieurs sonates de Scarlatti sont citées. A chaque fois, j'ai eu à coeur de les chercher dans mon recueil de 200 sonates, et d'en taper quelques notes pour me mettre au diapason...
  Hier (gestern en allemand), j'ai fini le roman, où les chapitres Manig 11 et Manig 13 mentionnent les K 426 et K 333, qui ne sont pas dans mon recueil. J'ai dû les écouter sur YouTube, avec une bizarrerie. Les premières versions visionnées de K 333 comme K 426 sont jouées sur le même clavecin, bien que les interprètes soient différents. C'est un instrument moderne du facteur Emile Jobin, installé dans l'église de Cordes-sur-ciel, bien reconnaissable par d'étranges décorations.
  L'une est une imitation de parchemin en grec, où j'ai reconnu le début de l'Evangile de Jean.
  De nature curieuse, surtout devant de telles bizarreries, j'ai soumis les 90 lettres à un calculateur d'isopséphie grecque, et voici sa réponse:
"ΕΝ ΑΡΧΗ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν. πάντα δι' αὐτοῦ ἐγέ" in the Greek Isopsephy system equals 8113.
  Les trois précédents billets n"auraient jamais été écrits si un chapitre de livre ne s'était intitulé 8113. Et d'autres minuscules facteurs sont en jeu, comme le quintil de Gef le 2 juillet dernier.
  Le soi-disant parchemin coupe un mot du verset 3 (tiens, il reproduit les versets 1-2-3), ἐγένετο, dont il ne laisse que les 3 premières lettres, ἐγέ, correspondant aux nombres 5-3-5. Ceci correspond au double partage de 13, nombre de Fibonacci, et je m'étais demandé ici si l'auteur de La divine proportion H.E. Huntley, inconnu par ailleurs alors (certains l'identifient à Ernie Hart, mais ça me paraît douteux), ne s'était pas forgé un pseudo pour ces initiales, H-E-H, correspondant à 8-5-8, double partage de 21, nombre de Fibonacci.

  Plutôt fabuleusement, je parlais de Scarlatti sur ce billet, où je donnais cet extrait de la table du 3e volume de mon recueil de 200 sonates:

La 144e des 200 sonates débute page 144, d'accord, mais cette sonate est mieux identifiée par ses numéros dans les deux grandes classifications de l'oeuvre de Scarlatti, Longo et Kirkpatrick, soit L.288 = 2x144 et K.432 = 3x144. Il existe une autre classification, chronologique comme la dernière en date de Kirkpatrick, peu utilisée aujourd'hui, et le numéro de la sonate selon cette classification Pestelli est P.288 = 2x144...

  J'ajoute que cette sonate est en Sol majeur, G. Je n'ai parlé de Scarlatti nulle part ailleurs, sinon ici pour reprendre ce cas.

  Une autre curiosité du "parchemin" est qu'en enlevant le 13 du mot incomplet à la valeur 8113, il reste 8100, carré de 90.
  Ceci fait écho à la valeur 1015 des lettres jokers de Perec. En enlevant le 115 des 14 jokers du dernier sonnet (en V), il reste 900, carré de 30.

  Je reviens aux sonates citées par Gestern. K 333 est en Ré majeur, une tonalité chère à Scarlatti, et il me semble qu'elle n'apporte pas grand-chose de neuf (hormis 3+3+3).
  K 426 est une pièce plus rare, une lente méditation en sol mineur (g) entrecoupée de silences, de trilles douloureux. J'ai téléchargé la partition et découvert que la sonate compte 196 mesures, 14*14, comme le sonnet en G (et les autres).

  Et bien sûr 426 c'est le billet en cours, mais ça ne m'a pas sauté aux yeux immédiatement.

  333/555. Pour certains, comme Phil Dick ou Eisenstein, 3/5 est un rapport suffisamment approché du nombre d'or. Les 5 narrateurs de 555 sont, dans l'ordre d'entrée en scène
Grégoire Coblence        = 143
Giancarlo Albizon         = 159
Manig Terzian               = 137
Rodolphe Luzin-Farge   = 212
Joris De Jonghe           = 139
                         total      790
  La valeur moyenne est 158, celle de JOHANN SEBASTIAN BACH selon l'alphabet Schwenter.
  Le partage d'or entier est 488-302, et correspond ici aux 3 derniers et 2 premiers.
  Grégoire et Giancarlo sont un ébéniste et un luthier, qui travaillent et vivent dans des ateliers mitoyens, et sont par ailleurs amis. Deux G comme gamma, la lettre qui a donné son nom à la gamme, car alpha-beta étaient déjà pris pour un autre usage.
  Les autres sont des spécialistes de Scarlatti, une claveciniste, un musicologue, un homme d'affaires.
  Spoiler: les initiales des 5 prénoms sont GGMRJ=55, celle du 6e intervenant F=6 --> 556!

  488 était le code de Jung à l'OSS, ce qui a été utilisé par Nicolas Beuglet dans un thriller original.
  Je remarque qu'il y a un gianCARLO, et un JONGHE, variante de jong, "jeune".

  Le dernier chapitre De Jonghe fait allusion au chapitre 22 de La Vie mode d'emploi, sans que le titre ni Perec ne soient cités:
  Je repense à ce roman français plein d’histoires emboîtées que Beatrix aimait bien. Un soir, elle m’en avait lu un chapitre, peut-être pour moquer gentiment mes obsessions. Il racontait l’histoire d’un richissime pharmacien, célibataire et désœuvré, qui collectionnait les unica. On l’appâtait avec la promesse de la vente d’un vase sacré où Joseph d’Arimathie aurait recueilli le sang du Christ. Au terme d’un parcours plein de rebondissements – une mise en scène à tiroirs dont je n’avais pas saisi tous les détails – le pharmacien découvrait qu’il avait été la dupe de deux escrocs de haut vol.
  Mais le vrai dénouement, quelques pages plus loin, était bien plus inattendu. La fin du chapitre suggérait en effet que le pharmacien avait deviné depuis le début la supercherie. Et qu’entrer dans les pièges tramés par les deux escrocs avait été pour lui un remède de choix pour tromper son ennui.
  Les initiales HG du pseudo Hélène Gestern me rappellent que j'avais envisagé cette correspondance pour les 8 et 7 fois 273 des 5 et 4 vers de Vocalisations, en relation avec le symbole Hg du métal mercure, mais en pensant au dieu Mercure, le trickster selon Jung.
  Les sonnets en H et G totalisent la valeur 4761, carré de 69. Il a été remarqué que le carré et le cube de 69 sont ensemble pandigitaux, 4761 et 328509 (contenant les 10 chiffres de 0 à 9). Et après tout, hg, ça ressemble pas mal à 69...

  Une autre de mes lectures du moment est The Zen of Magic Squares, Circles, and Stars, de Clifford Pickover. Hier encore, j'y ai repéré ce carré magique qui contient le nombre 8118, 66 fois 123.
  Sa particularité est qu'il reste magique si on le retourne horizontalement ou verticalement.
  Ainsi les palindromes multiples de 123, 18081 et 8118, restent inchangés selon les deux axes de symétrie.
  Pickover est aussi celui a qui l'on doit la dénomination Eye of God pour un point particulier du rectangle construit avec les carrés des nombres de Fibonacci. J'en faisais part dans ce billet, l'ayant appris peu après l'avoir découvert moi-même, et avoir demandé à Anne de le magnifier par un quiltage approprié de ce patchwork que nous avions conçu ensemble.
  Je me suis avisé ensuite que la traduction "oeil de Dieu" était un palindrome phonétique, et ceci a précédé de peu ma découverte de l'échange Jung-Haemmerli, qui n'est pas sans rapport avec Mercure et les "yeux de Dieu", voir ici.



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