11.3.23

la polygraphie du chat Mau


à  C & G

    J'annonçais dans le précédent billet un développement sur Michel Jeury, alors voici.
  J'ai lu quantité de bouquins de SF, et plusieurs des siens m'ont accroché, notamment Le temps incertain (1973), et Les yeux géants (1980).
  J'ai découvert quelques années plus tard, vers 1986, l'essai de Bertrand Méheust, Science-Fiction et soucoupes volantes (1978), qui m'a emballé. Méheust, passionné de SF, a découvert de fascinantes corrélations entre les récits de visions d'OVNIs et ce qui avait été imaginé précédemment par les auteurs de SF.
  Ceci touche tous les types de rencontres, je n'en dirai pas plus.

  J'ai rencontré Méheust en 1995. Il m'a appris que son essai avait inspiré Les yeux géants, ainsi que Les Visiteurs du miracle (1981), de Ian Watson, que j'avais également lu. Je pense avoir alors relu les deux romans.

  L'étape suivante est en 2005. J'étais en relation suivie avec Jean-Pierre Le Goff, passionné de coïncidences, en qui j'avais rencontré une âme soeur. J'étais particulièrement séduit par ses découvertes sur les 52 touches blanches et 36 noires du piano, et il m'était venu l'idée de chercher des livres portant le numéro 5236 dans diverses collections de poche. Le résultat le plus intéressant était pour Les yeux géants dans son édition Pocket de 1986, n° 5236 donc.
  Ceci a provoqué une nouvelle lecture, achevée le 8 juillet 2005, et le lendemain matin j'en rendais compte à quelques amis, soulignant que Jeury y relatait deux cas de coïncidences. Je subodorais qu'il s'agissait d'expériences personnelles.

  Quoi qu'il en soit, le second cas était celui du couteau de Norman Andrewski (un personnage du livre):
— Cette histoire de couteau est la plus idiote du monde, dit Norman Andrewski. Pour moi, elle a été aussi la plus troublante. Oui, et elle a définitivement troublé ma quiétude et mon indifférence. À chacun de nous, il arrive des histoires qui nous ressemblent. Je crois aussi que nous avons une prédisposition à rencontrer ou à subir un certain type de phénomènes inexpliqués – psi, X ou autres – et les proches variantes.
  Il me semble souvent aussi avoir une telle prédisposition... Mais voici le récit:
— L’incident du couteau se situe à part, à cause de son côté visuel et aussi parce que j’avais trois témoins : ma femme et mes deux filles.
« Nous étions allés tous les quatre pique-niquer aux environs de l’Orb. Et puis nous nous sommes promenés le long d’un petit ruisseau… À un certain moment, je me suis rendu compte que j’avais perdu mon couteau de poche. (...) Nous nous sommes mis à fouiller l’herbe et les buissons partout où nous étions passés. Après cinq ou dix minutes, ma fille Carine, la plus jeune, a crié : “Je l’ai ! Je l’ai !” Elle m’a appelé. “Viens, je vais te le faire trouver!” Je l’ai rejointe et on a joué un peu. “Tu gèles… Tu brûles…”
« Enfin, j’ai vu mon couteau et je l’ai ramassé. J’ai ramassé quelque chose que j’ai pris pour mon couteau. Mais quand j’ai tenu l’objet dans ma main, je me suis aperçu que ce n’était pas mon couteau. Je lâchai la chose aussitôt avec un cri de surprise et de peur. Carine éclata de rire. Mais ma femme et Anne me regardaient, interloquées.
« Tout le monde s’est mis à regarder par terre. Le simili-couteau avait disparu. J’ai vraiment cru un moment que c’était une sorte de serpent et qu’il avait filé sans demander son reste après que je l’eus lâché. Et puis Anne a poussé du pied un morceau de bois qui traînait et qui s’est retourné. D’un côté, c’était un simple morceau de bois. De l’autre, c’était une imitation parfaite, merveilleuse du couteau que je venais de perdre. Une imitation en bois mort! Un chef-d’œuvre du hasard! (...) J’ai remis l’objet à la faculté des sciences de Mireval pour analyse, contre l’avis de ma famille… et surtout de Carine qui aurait voulu le garder. Peut-être avait-elle raison. Les gens de Mireval ont trouvé le moyen de le perdre.
« Ce morceau de bois faisait un bibelot curieux et assez beau : quelqu’un au laboratoire l’a tout simplement et bêtement fauché. Les premiers examens prouvaient sans aucun doute possible qu’il s’agissait d’un objet façonné par le hasard: un morceau de frêne qui avait trempé dans l’eau et dans la boue ferrugineuse. Rien de plus. Mais il faut l’avoir vu. Nous sommes retournés plusieurs fois sur les lieux pour chercher encore le vrai couteau. En vain. »
  Je ne sais plus si j'ai alors pensé à un incident analogue qui a grandement troublé ma quiétude adolescente, en tout cas je n'en parlais pas à mes amis dans les mèls que j'ai retrouvés. Vers 12-13 ans je tenais à un gros calot d'acier d'environ 3 cm de diamètre, dont j'appréciais la lourdeur. Un jour, je jonglais avec dans le jardin de ma grand-mère lorsqu'il m'échappa des mains. Il était bien sûr tombé quasiment à mes pieds, mais je n'ai jamais pu le retrouver, ni ce jour, ni lors de multiples autres recherches.
  Je parlai dans les mèls aux amis de ce bout de bois trouvé la veille par Anne et sa soeur Babeth dans l'Asse, la rivière en bas de Mézel, et qui vu sous un certain angle évoquait fortement un lapin. Retourné, c'était un simple morceau de bois...
  Cette affaire de lapin me rappelle une formidable coïncidence, survenue l'été précédent, mais je réserve au prochain billet divers approfondissements.

  Ce 9 juillet 2005 nous avions rendez-vous en début d'après-midi à Antibes chez l'oncle d'Anne, et un pique-nique était prévu à mi-route.
  Nous nous étions donc arrêtés à un endroit propice de la RN 85, et je m'étais éloigné un peu pour me dégourdir les jambes dans la garrigue. C'est là, loin du coin à pique-nique assez fréquenté, que j'ai trouvé un couteau de cuisine dont je ne peux dire grand-chose, car à la fin du repas un orage nous a contraints à remballer précipitamment les affaires, et le couteau a été oublié.
  J'indiquais à mes amis que je voulais le comparer à la maison à un autre couteau arrivé bizarrement dans notre vaisselle, mais je n'ai aucun souvenir de cet autre couteau. J'imagine qu'il était allemand, et que c'est pour ça que je voulais le confronter au couteau de la garrigue, car lui était allemand, et portait deux inscriptions, notées dans les mèls, GEFRO, et www.gefro.de.

  Quant au mystérieux couteau de la maison, je n'en disais rien dans les mèls ultérieurs, peut-être était-il déjà perdu de même.

  Je ne me souviens pas avoir cherché à en savoir plus sur Gefro en 2005. Le précédent billet m'a donc fait découvrir que l'entreprise fondée à Memmingen par les frères Frommlet en 1924 avait eu pour logo la lune, car une légende propre à cette petite ville de Bavière fait intervenir l'astre nocturne.
  La légende est si importante que "la lune" (der Mond en allemand) bien-aimée des habitants de Memmingen y a une appellation familière, Mau.
  J'ai choisi cette illustration où "Mau" joue de la mandoline, ou d'un instrument apparenté, car la mandoline était au premier plan des billets précédents, pour sa caisse en forme d'amande.
  Par ailleurs GEF-RO m'avait évoqué le poète Gilbert Farelly, création des oulipotes Gilles Esposito-Farèse, dit GEF, et RObert Rapilly.
  Robert avait introduit Farelly sur la liste Oulipo en février 2007, lui attribuant la paternité du "sélénet", forme poétique en 8 vers calquée sur les couplets de Au clair de la lune, mais les compères m'ont appris qu'ils avaient forgé le pseudo en janvier 2005, 6 mois avant ma découverte du couteau Gefro.

  Le mot MAU m'est significatif à plus d'un titre. Il est ainsi formé des lettres M-A-U de rangs 13-1-21, or le n° 13121 de la collection Pocket a été une coïncidence phare en juin 2015. Je rappelle que c'est le n° 5236 des Yeux Géants dans cette même collection qui m'a conduit à relire le roman.

  Le n° 13121 est Deuils de miel de Franck Thilliez, et diverses circonstances ont concouru pour me mettre entre les mains deux exemplaires de ce Pocket n° 13121, dans des éditions de 2010 et 2014, et constater qu'ils s'achevaient l'un sur un chapitre 34, l'autre sur un chapitre 33:


  Les divergences de numérotation débutent après le chapitre 29, l'édition de 2010 passant directement ensuite au chapitre 31. Mon enquête m'a conduit à la conviction qu'il s'agissait d'une erreur de l'éditeur original, La vie du rail, dont un maquettiste avait un problème avec les chiffres (d'autres erreurs de numérotation sont présentes dans 3 autres livres de cette collection de 25 titres).
  Or le numéro Pocket faisait coïncidence, car l'intrigue se répartissait clairement en 21 et 13 éléments (en comptant l'épilogue final), nombres de Fibonacci que semble affectionner Thilliez. Ainsi 13-1-21 pouvait livrer ces 21 et 13 éléments, plus le chapitre fantôme du premier tirage.

  Bizarre, mais l'étrangeté a fait un bond vertigineux lors de la parution du Thilliez suivant en juin 2016, Rêver. Le roman s'achève sur un chapitre 89, autre nombre de Fibonacci (13-21-34-55-89), mais il manque le chapitre 57, que les lecteurs peuvent télécharger en résolvant une petite énigme...

  J'y reviendrai dans le prochain billet, car une relecture de Rêver m'a conduit à de nouvelles découvertes.

  J'ai appris il y a quelques années que les Mau étaient une race de chats. Comme il s'agissait de chats égyptiens, je m'étais dit que mau, ماو, se prononçant "maou", devait signifier "chat" en arabe.
 

  Wikipédia semble le confirmer:
mau est un terme venant de l'égyptien qui désigne tout autant le chat que la lumière.
  Ceci m'a interloqué, car un des textes que je considère comme particulièrement "miraculeux" est l'épithalame que Perec a composé en 1981 pour ses amis Kmar et Nour, or en arabe kmar signifie "lune" et nour "lumière", tandis que mau signifierait "lune" en patois allemand, et "lumière" en égyptien.
  Précisément, l'un des aspects du "miracle" perecquien touche aux nombres de Fibonacci, et notamment 21 et 13, avec neuf strophes formant des blocs cohérents de
- 21 fois 23 lettres, de ma dame à mon amour;
- 21 fois 23 lettres, de mon nombre d'or à monde moderne;
- 13 fois 23 lettres, de Noce à carbone.
  J'ai représenté ceci sur mon étude en deux blocs et 34 lignes, vis-à-vis des 34 lettres du titre du poème, Noce de Kmar Bendana & Noureddine Mechri.
  Après avoir vu ceci, et bien d'autres choses, j'ai pu consulter les brouillons de Perec pour ce poème, et découvrir qu'il avait envisagé d'y utiliser la suite de Fibonacci, mais ces brouillons démontraient aussi qu'il ne l'avait pas fait...

  Noce et Deuils de miel figurent sur ma récapitulation des coïncidences 21-13 (cas 13 et 107).

  Je suis loin d'en avoir fini avec le couteau Gefro, mais je choisis de faire un bond de 17 mois dans l'avenir, afin notamment d'expliciter le titre de ce billet.
  Le 16 décembre 2006, je me baladais à l'ubac de la colline culminant au lieu-dit Saint-Isidore, colline que j'appréciais mais y accédais le plus souvent par l'adret. Ce coin n'avait rien d'un lieu de balade et n'était en principe fréquenté que par des chasseurs.
  Je crois que j'espérais ce jour y récolter les derniers champignons de la saison. Tout ce dont je me souviens clairement est d'avoir trouvé dans une sente ce couteau multifonctions de marque Gimel:
 

  Ma recherche à l'époque m'avait appris que Gimel était une ancienne coutellerie de Thiers, mais sur la grande lame de ce couteau est gravé STAINLESS CHINA.
  J'avais débuté une page sur cette découverte, non achevée, et donc non publiée. Gimel est un toponyme et patronyme, supposé issu de gemellus "jumeau", mais gimel est aussi le nom de la 3e lettre de l'alphabet hébreu, devenue le gamma grec puis le C latin. Elle est étroitement associée à la "géométrie fantasmatique" décrite par Perec dans W ou le souvenir d’enfance.
  Précisément cette géométrie des lettres avait été évoquée à 10 h 25 ce matin du 16 décembre, par Alain C. sur la liste Oulipo, qui signalait sa découverte de ces phrases de Mandiargues:
Des corbeaux s'envolèrent à quelques mètres du promeneur, inoffensif, évidemment, puisqu'il n'avait pas d'arme à feu. Leurs ailes, sur le ciel gris, dessinaient en noir des M très ouverts, qui sont, au rebours du W d'evviva, l'écriture abrégée d'à mort, telle qu'on la voit charbonnée à de multiples adresses sur les murs des maisons en Italie.
  En 2006 je prêtais attention aux plaques d'immatriculation, et notamment aux changements des lettres survenant environ tous les 5 mois dans mon département (04). Ce jour-là, lorsque je suis sorti en début d'après-midi pour ma balade à Saint-Isidore, j'ai vu le premier véhicule immatriculé MW 04, et c'était un Volkswagen Multivan (VW MV), ce que j'ai bien sûr rapproché du MW de Mandiargues.
  Et donc environ une heure plus tard je découvrais le couteau Gimel. Ce fut un choc. Si je ne peux assurer aujourd'hui avoir pensé spécifiquement à la lettre gimel dans les heures précédentes, du moins mon esprit tournait autour des lettres chères à Perec, VWX, et gimel y est étroitement associée.

  Un rebond survint le 26 décembre, en feuilletant Portrait(s) de Georges Perec (2001), et y retrouvant que Perec, dans une lettre à Jacques Lederer en 1959, avait proposé un nouveau signe de ponctuation, ^ ^, inspiré par les sourcils de Groucho Marx.
  En fait le déclic eut lieu le lendemain matin, où il me revint qu'Ellery Queen avait utilisé ce même symbole ^ ^ pour représenter la lettre gimel dans le roman de 1958 The finishing stroke (Le mot de la fin ou L'ABC du crime dans ses traductions françaises).
  D'étranges messages y apparaissent, accompagnés de petits dessins. Le premier message évoque boeuf, maison, et chameau, avec ces dessins:


  Il s'avèrera qu'il s'agit des lettres à l'origine de ABC, aleph-beth-gimel, qui furent d'abord des pictogrammes. Une curiosité est que, si l'on pensait jadis que gimel était le pictogramme du chameau, gamal, cette idée a été battue en brèche par la découverte que les Phéniciens ne connaissaient pas l'animal, et d'ailleurs le premier pictogramme connu n'avait rien à voir avec lui:
 

  C'était d'abord un chevron pointe en bas, retourné ensuite, puis redressé par les Grecs en Γ, gamma. Le son "gue" étant inconnu des Etrusques, le passage à C en Italie s'est accompagné d'un changement de phonème.
  Une curiosité notable est que, en utilisant deux ^ pour figurer les bosses du chameau, Queen s'est servi du graphisme originel de la lettre, peut-être pas innocemment, je le développe sur la page La polygraphie du chameau, publiée le 17 janvier 2007.
  Pourquoi ce titre? parce que j'avais publié en même temps une autre page d'abord intitulée La diagonale de l'ours, toujours sur Perec.

  Comme mon étude se voulait "sérieuse", je n'y parlais pas de la coïncidence du couteau Gimel.
  La page qui devait y être consacrée n'a été que commencée, mais j'y retrouve des choses vertigineuses:
  Au cours de cette balade mes réflexions tournèrent autour du Magné 24, des poèmes de La Clôture, qui sont des carrés de 144 lettres, et mes vaticinations sur ce nombre m’amenèrent à une prise de conscience. Un à-côté de l’affaire de Jaron 3 mois plus tôt touchait la sonate 144 de Scarlatti dans l’édition de György Balla, où elle se trouvait page 144 du troisième volume, tandis que ses trois numéros dans les différentes classifications existantes étaient tous des multiples de 144. Je me suis soudain rappelé que c’était à la page 144 de l’édition J’ai Lu du Mot de la fin qu’apparaissait l’expression "poisson d’or", de gématrie 144 (mais ce n’est pas pour cela que le poisson d’or m’intéresse).
  Je ne vais pas tout expliciter. La sonate de Scarlatti est K.432 (ou L.288, P.288), 144e dans une édition offrant un choix de 200 sonates. Je ne me souviens pas avoir réalisé, après la découverte du couteau Gimel, qu'elle est en Sol majeur, soit G-dur selon la notation allemande (le gimel hébraïque a une prononciation dure, plutôt donc guimel).
  Il n'est pas du tout question de cette sonate sur la page Jaron...

  Je pensais donc au Mot de la fin peu avant la découverte du couteau, et si j'avais continué la page, j'aurais probablement parlé des curiosités touchant gimel dans ce roman (voir La polygraphie du chameau, où W peut être vu comme un double gimel), et de sa série alphabétique s'achevant sur Z, zayin, "poignard" (ou couteau) fiché dans le coeur d'un jumeau.
  J'aurais aussi certainement parlé du couteau Gefro trouvé 17 mois plus tôt, je l'évoquais dans les mèls aux amis. Deux couteaux G. et deux fois deux symboles ^ correspondant à l'ancien graphisme de gimel.

  Il y avait encore ceci, que j'avais également oublié:
je reviens au 16/12, où l’un des premiers messages consultés le matin concernait un GG.
Un membre d’une liste spécialisée dans le polar signalait:
Je viens de lire un article d'Oliver Alban qui avait rencontré Graham Greene en 1966. GG lui a dit que "Elles attigent" de JH Chase, publié en Angleterre sous le pseudo d'Ambrose Grant (un des pseudos de Chase) aurait été entièrement écrit par lui, Graham Greene !!!
  Oliver Alban est tout aussi fictif que Gilbert Farelly, mais cette affaire d'un Chase écrit par Greene est souvent avancée. Quoi qu'il en soit, il y avait encore un double G ce jour, avec les M et W de Mandiargues, doubles chevrons pouvant être assimilés aux premières formes de gimel.

  Incidemment, la couverture de Portrait(s) de Georges Perec (où j'ai retrouvé ^ ^) montre un échantillon des brouillons de Noce, une liste de mots autorisés par la contrainte, parmi lesquels chameau (dont le début est au dos), dromadaire (coupé par la photo de Perec), mehari (aucun de ces mots n'apparaîtra dans le texte).
  C'est aussi en ce mois de décembre 2006 que les brouillons de Noce m'ont été communiqués, par le même Alain C. qui avait posté les M et W de Mandiargues. C'était en lien avec une nouvelle approche de Noce que j'avais publiée le 5 décembre, la disposition du texte en un double cône. C'était accompagné d'une anagramme des 594 lettres des strophes Kmar, en 22 lignes formant un cône, avec les 44 O disposés en un chevron.

  D'autres choses importantes se sont passées en décembre 2006, mais l'affaire est déjà bien touffue, et il reste un point essentiel à aborder dans ce billet.
  Retour à l'excursion sur Antibes le 9 juillet 2005. Je n'ai pas tardé à laisser Anne et Babeth avec Tonton Raymond et Tante Alice pour aller visiter la ville. J'étais depuis longtemps curieux du lieu Eden-Roc, mais ai découvert que l'endroit était un hôtel caché à la vue. Je me suis mis à l'eau en espérant m'en approcher, mais c'était trop loin, et un tag m'a frappé en revenant à terre:


  ORMA TOUF, avec de multiples répliques aux alentours.
  Il se trouvait que depuis quelques jours le terme ORMUS était au centre de mes préoccupations. Le graphisme ci-contre a été créé par Plantard, l'individu à la source de l'affaire de Rennes-le-Château, pour fusionner
- ormus, suggéré désigner l'orme (ulmus en latin), allusion à la "scission de l’orme", prétendue naissance du "Prieuré de Sion" formé par des dissidents templiers en 1188;
- ours, l'animal totem de Plantard;
- (H)orus...

  Ceci avait été bien plus important pour moi que le couteau Gefro trouvé (et perdu) quelques heures plus tôt, et j'y avais consacré la page ORMUS, ORMOS, ORMA de mon ancien site. Je n'ai pas jugé bon de la remettre en ligne après sa disparition, mais on peut toujours y accéder via Wayback Machine (WM!)
  J'hésitais à en parler, et puis trois semaines après m'être remémoré ce qui s'était passé ce 9 juillet m'est venue une fulguration dont il n'y a pas lieu d'être fier. Si j'avais creusé un brin la piste Gefro il y a 18 ans (et peut-être l'avais-je fait), si j'avais alors rapproché la lune Mau du chat Mau, j'aurais pu voir que
ORMA  TOUF pouvait se découper en
OR  MATOU  F, soit une appellation du chat au milieu de ORF, renversement du FRO de GEFRO, l'entreprise fondée par les frères (GEbrüder) FROmmlet, associée dès l'origine au logo de la lune Mau.


  En 2005, je m'étais dit que touf était le verlan pour "foot", mais en cherchant aujourd'hui je vois que le terme consacré est tefou. Touf pourrait être un diminutif de Toufik.
  J'avais vu que orma signifie "trace" en italien. Ma polygraphie du chameau de 2007 m'avait amené à constater que le signe typographique ^ employé par Queen pour gimel était en anglais caret, anagramme de "trace" et "écart", deux mots essentiels pour Perec (début et fin du Grand Palindrome).
  Je découvre aujourd'hui le mot horma, dérivé de l'arabe, un sens en étant "dignité". Ce pourrait être plus dans l'esprit de "Touf" que l'italien orma.

  Ma propre géométrie fantasmatique me porte à scruter les lettres de rangs 3-6-7 de l'alphabet sémitique, gimel, waw, zayin. Les Grecs les ont reprises dans cet ordre, mais la langue a évolué et abandonné le phonème /w/, d'où la lettre a disparu de l'alphabet grec. Il a cependant fallu réintroduire un signe ensuite pour représenter le nombre 6 dans l'alphabet numéral, et ce fut la naissance du digamma, Ϝ, doublement du gamma, Γ, phonème /g/ et nombre 3.
  Les Etrusques ont repris cette lettre pour les phonèmes /v/ et /f'/, puis les Latins n'ont gardé que la prononciation /f/, rejeté à la fin de l'alphabet Z, et placé en 7e position G, remplaçant donc le zayin sémitique, désignant une arme blanche, épée ou poignard. De quoi se perdre en infinies rêveries sur les couteaux Gimel et Gefro, les frères Frommlet qui ont fabriqué des couteaux (entre autres, l'entreprise visant toute la chaîne alimentaire).

  Mes trouvailles des couteaux Gefro et Gimel ont toutes deux eu lieu un samedi, 7e jour de la semaine hébraïque (et jour de Saturne qui me rappelle bien des choses). Ceci m'a rendu curieux du nombre de semaines séparant les deux événements, soit 75, avec une curiosité:
- 25 semaines en 2005,  du 9 juillet (exclu) au samedi 31 décembre (175 jours);
- 50 semaines en 2006, du 1er janvier (inclus) au 16 décembre (350 jours).
  Le double, dans cette affaire ou les doubles et la gémellité sont prégnants.
  Sur ce point, l'affaire ORMUS a eu un prolongement début 2007, et c'est l'occasion de souligner que les deux affaires de couteaux avaient un contexte ursin.
  Le double, c'était 1188, date de la scission de l'orme, double des 594 lettres des strophes Kmar ("lune").

  Maints prolongements vont attendre le prochain billet, mais il me semble encore devoir signaler ici que le 9 juillet est la Sainte Amandine, alors que c'est la transformation d'un G en N (des "amandes" MIGDAL et MANDEL) qui m'a rappelé les couteaux Gimel et Gefro.

  Et les lecteurs chevronnés se souviennent que, en amont, le triangle ^ de La mort et la boussole devient un losange ◊.

  Une petite dernière, l'opéra de Carl Orff Der Mond ("la lune") est basé sur un conte quaternitaire de Grimm.

  Je m'avise au moment de mettre en ligne que nous sommes un samedi, et j'ai la curiosité de calculer combien de semaines après le samedi 16 décembre 2006:
847 semaines, soit 5929 jours, carré de 77, ou 77x77, GG.GG...
  Il m'avait été important que le déclic ^ ^ entre Perec et Queen se fût produit 11 jours après la découverte du couteau Gimel, qui avait 11 outils.

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