1.4.24

astérie et obélie

à Jacob & Israël

Le 6 mars, je me suis réveillé avec une idée en tête:
Un nombre étoilé, multiplié par un facteur K, puis diminué de K-1, donne un autre nombre étoilé.
Ce pourrait être la 121e conjecture de Schulz,
Em * K  - (K-1) = En
Elle se vérifie.
Pour le trivial E = 1, ça marche dans tous les K.
Pour le premier nombre étoilé digne de ce nom, 13, les K sont les nombres triangulaires, permettant de produire tous les E.
Ensuite ça devient plus complexe, quoique régulier, mais je suis incapable de trouver une formule générale.
Pour 37, les K sont 2, 5, 7, 12, 15, 21, 26, 35..., permettant d'obtenir 2 E sur 3.
Pour 73, les K sont 6, 11, 13, 20, 35, 46..., permettant d'obtenir 1 E sur 3.
Ensuite ce n'est guère oulipiennement exploitable.

Une autre curiosité est l'apparition fréquente de carrés, avec par exemple
361 = 30*13 -29 = 10*37 -9 = 5*73 -4 = 3*121 -2 = 2*181 -1.

Oulipiennement, ça signifie que K astéries, unies par un sommet, ont le même nombre de lettres qu'une astérie d'un autre ordre (ou un carré). D'où un même texte peut coder différents messages, le choix des lettres codantes et de leur lecture étant selon le goût de chacun.
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  Ceci était un message envoyé à la listeOulipo le 9 mars. Je ne sais plus les circonstances exactes de l'intuition de départ, je suis souvent dans un état bizarre au réveil, les idées embrumées par les rêves de la nuit. Tout ce que je peux assurer est que j'avais vu quelques jours plus tôt que deux astéries (c'est ainsi que la contrainte a été baptisée, par Jérémie Piscicelli, voir Une étoile est née) de 37 lettres totalisent, en les réunissant par un sommet, 73 lettres, 73 étant le nombre étoilé suivant.
  J'ai attendu le 9 mars pour en faire part à la liste, car j'avais entrepris de composer un exemple à partir du texte proposé cette année sur Zazipo, Chanson des rues de François Caradec.
  J'ai donc posté ce même jour un poème s'inscrivant à la fois dans une astérie de 181 lettres et dans 5 astéries de 37 lettres en colonne (ce que j'ai appelé obélie), unies par les pointes.
 
  Dans les deux figures les pointes des astéries écrivent des messages qu'on pourra découvrir, ainsi que le poème en clair, sur Zazipo.

  J'ai ensuite conçu un projet plus élaboré, à partir du 10e nombre étoilé, 541 qui est la valeur de l'hébreu Israël, dont un symbole historique est précisément l'étoile à 6 branches.
 

  J'ai choisi un sujet qui me tient à coeur, la lutte avec l'ange (Gn 32,23-32). Au gué du Jaboc (vadus Jabocorthographe originale de la Vulgate, souvent devenue vadus Jacob  dans des éditions ultérieures, notamment la mienne, de 1710), Jacob doit se battre avec un ange qui est en fait Dieu, lequel le blesse à la cuisse avant de le bénir et de lui donner son nouveau nom, Israël, "celui qui a combattu Dieu".

  J'ai imaginé dans le chapitre 17 de Novel Roman que le templier Bernomartus avait retrouvé sur les lieux le compte-rendu de l'incident par Jacob lui-même, différant quelque peu du récit biblique. Jacob se serait aperçu pendant la lutte que Dieu était androgyne, et, par sa blessure "à la cuisse", Jacob serait devenu lui-même androgyne.
  Quelques commentaires sur le billet de Quaternité associé.

  Il y a eu des rebonds en juillet dernier, avec le 11 la découverte du thriller Le maître des énigmes, basé sur l'idée que le tétragramme YHWH doive se renverser en HW HY, soit "Il-Elle", signifiant que Dieu est androgyne.
  Le 23, Daniel Bilous proposa sur la listeOulipo cette facétie:
Changer de sexe
Pour un rabbin
C'est très complexe
Vous pensez bien!
Moralité: I s'ra Elle.
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  J'ai regretté de n'y avoir pas pensé en 2018.

  541 est un nombre possible de lettres pour un sonnet d'alexandrins, quoique un peu élevé. Pour y pallier j'ai pensé à utiliser des vers de 13 pieds, avec 14x13 = 182, précisément la gématrie de Jacob en hébreu, Yaaqov = 182.
  541 permet deux possibilités d'obélie, 15x37-14 et 3x181-2 (sans compter 45x13-44). J'ai un temps songé à utiliser les deux, mais compris que ce serait très difficile, et ai donc opté pour 3x181-2, avec un message idéal à placer dans les 16 pointes:
IL SERA ELLE ISRAEL
  Pour l'astérie, le message serait bien sûr
ISRAEL

  Puisque le thème est l'androgynie, j'ai décidé d'utiliser des rimes plates androgynes. Dans chaque couple un vers à terminaison féminine rime avec le suivant à achèvement masculin.
  J'ai encore choisi de faire des vers isocèles, de 50 espaces typographiques (imposés par le premier vers composé, le vers final en fait).
  Voici donc le sonnet:
 

  Et voici l'astérie-obélie (cliquer pour agrandir):
  

  Le poème a pour valeur totale 6266, qu'on pourrait lire 26 (valeur de YHWH) au milieu de 66 (valeur de Allah en arabe, le Jaboc est actuellement en Jordanie, terre islamique).
  6266 est d'ailleurs un multiple de 26, 241 fois 26. 241 est la valeur du verbe amar, AMR, "dire", "parler", et le sonnet s'achève sur la parole de YHWH.
 
  Ceci n'a rien d'intentionnel, de même que les valeurs des deux vers précédents:
C'est Lucifer actant le glas de ma dernière heure! = 394
se dit Jacob; lorsque explosa la voix du Seigneur: = 493

  Le sonnet compte 138 mots, et je me souviens qu'un commentaire associe la valeur 138 du mot tsema'h, "rejeton", désignant le Messie, à un autre mot de même valeur (mais je ne me souviens plus duquel).
Note: phrère Sam me signale, de mémoire, que ce doit être Mena'hem, rejeton de Judas de Gamla, candidat à la messianité il y a quelque 2000 ans. Les Loubavitch se sont aussi servis de la prophétie de Zacharie pour prétendre que deux de leurs rabbis étaient le Messie...

  Il n'était guère présentable d'aligner une colonne de 15 astéries de 37 lettres, laquelle aurait compté 121 lignes (tiens, c'est aussi un nombre étoilé, et l'astérie de 541 lettres compte 37 lignes), aussi j'ai pensé à d'autres possibilités de réunir deux astéries par une pointe, comme ceci ci-dessous, toujours avec le texte du sonnet (cliquer pour agrandir):
 

  Ces diverses représentations multiplient les possibilités de découvrir des messages imprévus en diagonale. C'est une autre voie de prévoir de telles lectures en contrainte complémentaire...

  Une autre représentation, avec la couronne d'astéries formant un écrin pour le sonnet:
 

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