Ce 3 mars, j'ai vu en tête de gondole un nouveau roman de NEO (Nicolas d'Estienne d'Orves), Ce que l'on sait de Max Toppard.
Découvrant l'achevé d'imprimer en juin 2021 et le dépôt légal en août suivant, je me suis demandé comment j'avais pu le manquer, mais le site de l'éditeur donne bien comme date de parution le 2 mars 2022. Premier mystère... Existe-t-il encore une censure qui aurait retardé la publication de cet ouvrage probablement sulfureux, vu la tendance de l'auteur à l'outrance?
J'ai lu avec passion, parce que le sujet m'intéresse, et parce que les échos synchronistiques déjà rencontrés dans d'autres romans de NEO n'ont pas tardé à se manifester.
Max Toppard serait donc une figure essentielle du 7e art, restée dans l'ombre. Ceci m'a aussitôt évoqué La conspiration des ténèbres (1991) de Theodore Roszak, étudié ici, roman centré sur le réalisateur méconnu Max von Castell, lequel a commencé sa carrière en Allemagne avant d'émigrer aux USA où il est devenu Max Castle. Il a aussi travaillé en France sous le nom Maurice Roque (car castle, "château" est un nom de la tour des échecs, aussi nommée rook, d'un mot persan également à l'origine du roque).
De fait, NEO cite dans la bibliographie finale le roman de Theodore Roszak, mais sous son titre original Flicker, plutôt que le calamiteux titre français laissant augurer d'un thriller quelconque... Il cite aussi Le livre des illusions de Paul Auster que j'avais étudié parallèlement à Flicker.
Le roman de Roszak se présente comme l'enquête sur Castle de deux cinéphiles, le narrateur Jonathan Gates et sa copine Clare Swann, de 1960 à 1977.
Celui de Néo alterne l'enquête sur Toppard, fin 1965, de Caroline Ménardier, journaliste aux Etudes cinématographiques (imaginées par NEO), et le journal de Max Toppard, s'arrêtant en 1939..
Tiens, CARoLinE contient CLARE, et un personnage important de NEO est le réel Bernard Natan, né Natan Tannenzaft (ou Tanenzaph selon Wikipédia),
Le nom Gates chez Roszak est probablement inspiré par les Doors, et leur chanson The end, au générique d'Apocalypse now, suggéré être inspiré par les conspirateurs de l'ombre, après qu'un autre projet d'adaptation d'Au coeur des ténèbres par Orson Welles et Castle ait échoué.
Castle est néanmoins supposé avoir joué un rôle essentiel dans la réalisation de Citizen Kane, mais NEO nous apprend que le premier film de Welles doit tout à Toppard, que Welles a rencontré à Paris.
Caroline rencontre Welles, et d'autres personnalités réelles, tel Jacques Bergier qui lui confie que le livre écrit par Toppard, Al-Cinéma, est une porte (door, gate), permettant d'accéder à un autre seuil de réalité.
L'une des premières phrases du livre est ceci,
Je m'appelle Maurice Taupard, et suis né à Arras, voici bientôt quarante ans, le 9 septembre 1899.au début de ses mémoires.
Un 9/9/99, et une date importante pour moi est le 9/9/99 du siècle suivant, mort de l'actrice Ruth Roman, évoquée à diverses reprises, notamment dans le précédent billet.
NEO est né un 10 septembre (1974), et semble utiliser cette date, ou celles immédiatement adjacentes:
- L’Enfant du premier matin (2011), Valentin Bédarrieux, est né le 11 septembre 2001;
- l'écrivain Nicolas Sevin, narrateur de La Dévoration (2014), est né un 10/6 (le jeu 9-6 est un classique), et est le fils du bourreau ayant réalisé la dernière exécution capitale, le 10/9/1977.
Maurice est un enfant prodige qui, dès 7 ans, se passionne pour le cinéma et réalise des petits films, avec l'aide de son père, gardien de phare en Bretagne. Ses créations, projetées au café du village, deviennent une attraction. Au-delà de la projection, ses images s'impriment dans les rêves des spectateurs, jusqu'à ce que, la nuit suivant une adaptation d'une nouvelle de Poe, une spectatrice meure d'épouvante, tous les autres villageois ayant partagé en rêve son agonie...
Maurice part à Paris, où il devient le secrétaire de Max Linder, et lui souffle des idées... Linder est mobilisé en 1914, et Maurice part à Hollywood, où il devient Max Toppard, et joue un rôle essentiel dans les réalisations de Griffith, Chaplin, et d'autres... Il doit revenir en France se battre, et devient dans les tranchées inséparable de 4 autres jeunes hommes, Augustin Trébuchon, William Hodwin, Igor Tcherniak, Benoît Alvarez.
Augustin Trébuchon meurt quelques minutes avant la célébration de l'armistice, et ses amis fondent en son souvenir une association, Le Trébuchet, que Benoît matérialise par un croquis.
Max expose ses idées dans un manifeste, rédigé par Igor, le littéraire de la bande (un Tcherniak, "noir", bien nommé pour représenter cette conspiration des ténèbres). Al-cinéma est édité au printemps 1920 par Grasset, mais pilonné quelques semaines plus tard car il ne s'en est vendu que quelques exemplaires.
L'un d'eux est parvenu entre les mains du producteur Bernard Natan, lequel engage la bande pour tourner des petits films "coquins", destinés à être visionnés dans les bordels... Il achète un immeuble aux Halles pour y ouvrir un cinéma, le Belphégor, tandis que les sous-sols sont aménagés en studio. Vient la crise de 29, l'arrivée du parlant, la ruine de Natan qui cède le Belphégor au Trébuchet.
Je passe à l'enquête menée en 1965 par Caroline, que son journal envoie au Belphégor. Elle y voit dans une salle presque vide Dialectique des corps, de Finzi Trabucco, assurément un fort mauvais film, mais qui lui laisse après coup de curieuses impressions.
Elle fréquente le cinéma, apprend qu'il est financé par un mystérieux inconnu, entend parler de Toppard, rencontre diverses personnalités, Carné, Renoir, Michel Simon, lesquels lui disent tout ce qu'ils lui doivent.
Max Toppard serait mort pendant la guerre. William Hodwin est mort en déportation, Igor Tcherniak est devenu "pape du Nouveau Roman", sous le nom René Graindorge, Benoît Alvarez est un architecte de renom, disciple favori de Le Corbusier. Il est précisément responsable du projet de rénovation des Halles, qui va faire disparaître la rue Pirouette où est sis le Belphégor.
Un chapitre marquant est une Radioscopie où Jacques Chancel a réuni deux écrivains que tout oppose, d'une part Graindorge, celui qui a posé les bases du Nouveau Roman, bien qu'il n'ait publié que deux romans, aux éditions de Minuit, Le Flou (1953), et Non (1960), d'autre part Athanase Gautrand-Bernard, auteur de romans d'espionnage à succès, les AGB. Les deux hommes s'injurient en tels termes qu'il est inimaginable que l'antenne n'ait pas été coupée (mais de toute façon Radioscopie n'a débuté qu'en 1968), et Chancel a la surprise une fois l'antenne rendue de les voir se congratuler et s'échanger des compliments.
Si AGB fait aisément penser à SAS et Gautrand-Bernard à Gérard de Villiers, bien qu'une exacte identification ne soit pas de mise, on peut se demander si quelqu'un de précis est visé avec Graindorge.
Il est déjà sûr que ce n'est ni Robbe-Grillet, ni Butor, ni Simon, cités par ailleurs. L'anagramme
GRAINDORGE = GEN RIGARDO
pourrait livrer une piste. Jean Ricardou a été présenté comme "chef de file du Nouveau Roman", et en 1965 il n'avait publié que deux romans, aux éditions de Minuit, en 1961 et 1965; il a présenté le second, La prise de Constantinople, comme une déclinaison sur le mot "Rien." qui le débute.
Encore ici, la superposition serait loin d'être parfaite, puisque Ricardou est né en 1932 tandis que Graindorge était poilu pendant la Grande Guerre.
Je n'aurais probablement jamais vu sans NEO que "grain d'orge" pouvait se prêter à une telle anagramme, fût-elle approximative, et c'est un choc immédiat, d'autant que Graindorge serait un ami du plus cher disciple de Le Corbusier (mort quelque mois plus tôt, le 27 août 1965).
Ricardou admirait Le Corbusier, et était fasciné par son système, le Modulor, mesures basées sur la suite de Fibonacci exprimée en pouces et demi-pouces.
Si l'idée que le Modulor soit une solution aux problèmes de l'humanité est plutôt folle, il y a plus fou encore... Le chanoine Jean Bétous a imaginé que Le Corbusier se soit inspiré d'un système de mesures remontant au moins au Moyen-Age, la quine des bâtisseurs, basée sur une unité secrète, le grain d'orge des initiés, et ses multiples par les nombres de la suite de Fibonacci.
Ainsi le diamètre du grain d'orge initiatique serait 0,2247 cm... Si ce Cahier de Boscodon n° 4 (1987) semble d'une loufoquerie évidente, les élucubrations du père Bétous ont été largement diffusées, jusqu'à être offertes à nos enfants dans des manuels de maths.
Mon obsession fibonacienne m'a conduit à voir de possibles constructions dorées dans plusieurs romans de NEO, dans L’Enfant du premier matin, dans La Dévoration, et surtout dans Les derniers jours de Paris, où la première partie est composée de 34 chapitres numérotés de l'histoire de Sylvain, entrelacés avec 21 chapitres dans une autre police de caractères, le récit à la première personne de la jeune Trinité. Sylvain et Trinité se rencontrent à la fin de cette première partie, et sont réunis pour les 34 chapitres de la seconde partie.
Dans La gloire des maudits (2017), la romancière Sidonie Porel a fait partie du juré Goncourt de 34 à 55 (1934 à 1955), "pendant 21 ans" est-il précisé.
Dans Ce que l'on sait de Max Toppard, l'enquête de Caroline est en 53 chapitres numérotés, entrecoupés de 32 sections du journal de Max, non numérotées mais pourvues chacune d'un titre.
Si 53 et 32 ne sont pas des nombres de Fibonacci comme 21, 34 et 55, 32 est la section d'or entière de 53, mais il y a peut-être mieux, car après ces 53 chapitres numérotés vient le climax annoncé dans les derniers chapitres, conté dans une sorte d'épilogue, la projection au Belphégor du seul film conservé de Max Toppard, L'illusion absolue, le 28 décembre 1965, 70e anniversaire de la première séance des frères Lumière.
Je ne dirai rien de cette fin, sinon que la prendre en compte mène aux nombres 54 et 32 de la série Bleue du Modulor (approximations en cm de 21 et 13 pouces).
70 fait partie de la série Rouge.
Incidemment, La conspiration des ténèbres a 32 chapitres.
Je me garde bien d'affirmer que ces constructions sont intentionnelles, et ne fais que constater que les nombres, que chacun peut vérifier, se prêtent à l'hypothèse. Je suis prudent, car je connais maints exemples où l'intentionnalité ne peut être retenue, quelle que soit la pertinence des indices.
L'un de ces cas est précisément un texte de Ricardou, auquel j'ai consacré plusieurs billets ces dernières années, texte écrit en symétricologie, procédé demandant au lecteur de compter les mots de toutes les phrases (il y en a 328, et certaines ont plus de 200 mots).
J'ai donc décelé de multiples phrases semblant magnifier soit la suite de Fibonacci, soit le Modulor, et une architecture dorée de l'ensemble basée sur les mots NOUVEAU ROMAN, dont les valeurs 99 et 61 sont en rapport d'or optimal, mais l'étude des brouillons de ce texte m'a montré que certaines des relations que j'avais vues, dont certaines essentielles pour la structure d'ensemble, n'avaient pas été calculées.
Alors? C'est pour moi un élément de plus montrant que la littérature, ou plus généralement l'art, va bien plus loin que les intentions de l'auteur, ou de l'artiste. Néanmoins, certaines phrases n'ont pas changé au fil de l'élaboration du texte de Ricardou, notamment une phrase de 140 mots, donnée ici, que la symétricologie découpe en 54-32-54.
L'anagramme est encore révélatrice, quand elle montre que PAUL AUSTER, chantre de la musique du hasard, est PAS L'AUTEUR de ses livres (trouvaille d'Elisabeth Chamontin).
Je pense aussi à Franck Thilliez, également auteur d'un roman sur un cinéaste maléfique, Le syndrome [E], où apparaissent aussi des coïncidences onomastiques avec La conspiration des ténèbres. Je sais qu'il a lu le billet que j'y ai consacré, mais il n'a pas daigné le commenter, peut-être parce qu'il n'apprécie pas mes suggestions de plagiat. Mais tout le monde plagie, plus ou moins, et je pense que Le syndrome [E] est un très bon roman, dont sera bientôt diffusée une adaptation en série; la moindre des choses est cependant d'indiquer ses sources, comme l'a fait NEO.
Mais il est fort possible que Thilliez ne connaisse pas La conspiration des ténèbres, et qu'il soit une autre victime du syndrome [D], comme Danielewski, lequel a écrit:
Je crois que nous sommes autant influencés par les auteurs que nous ne lisons pas que non influencés par ceux que nous lisons.J'ai aussi vu des structures fibonacciennes dans des romans de Thilliez, et celui-ci a d'ailleurs révélé avoir utilisé des contraintes mathématiques, dont la suite de Fibonacci, dans une émission du 15 août dernier (au temps 28').
Mais des fois la perfection des jeux semble outrepasser l'intellect, le mien du moins, et je demeure ébahi devant ce que j'ai trouvé dans La forêt des ombres, un des premiers Thilliez, que j'ai par ailleurs trouvé fort mauvais, où tout semble issu des briques 32 et 54 du Modulor, les nombres de chapitres de Ce que l'on sait de Max Toppard. Dans un autre roman fourmillant de nombres de Fibonacci, un personnage se nomme Corbusier.
Je l’ai détaillé dans Homme sage, demain tu reliras Perec, et l'évocation de Perec m'amène à une autre coïncidence du roman de NEO.
Lors de la Radioscopie, Graindorge s'enthousiasme pour le prix Renaudot attribué aux Choses de Perec, et ces mots sont page 382, ce qu'on ne peut guère considérer comme intentionnel (mais Ricardou a calibré le texte dont je parlais pour qu'une certaine phrase y apparaisse page 99, en hommage à sa nouvelle publiée dans le n° 99 de la NRF).
Or le roman a été publié le 2 mars, la veille du jour où diverses manifestations ont été organisées pour célébrer le 40e anniversaire de la disparition de Perec, le 3 mars 1982, ou 3/3/82. Il se trouve que je l'ai découvert et acheté ce 3/3/22.
Il y avait une autre mention du prix Renaudot de Perec page 199, et le premier chapitre "Caroline" la montre descendant les escaliers de la rue Vilin, filmant avec une caméra super 8, en compagnie de son ami Vincent. Ils ont décidé de réitérer l'entreprise d'Eugène Atget qui, 70 ans plus tôt, avait photographié les vestiges du vieux Paris, mais leur projet "Atget 65" est filmique. Les 70 ans avancés sont approximatifs, puisque Atget a oeuvré pendant des dizaines d'années, et j'imagine qu'ils préfigurent le 70e anniversaire de la première projection des frères Lumière auquel conduira la quête de Caroline.
Descendre la rue Vilin est immédiatement évocateur pour les amateurs de Perec, car son ami Robert Bober a tourné en 1992 En remontant la rue Vilin, la rue où Perec a vécu ses premières années (on peut voir le documentaire ici). S'il est clair que NEO a pensé ici à Perec et à Robert Bober, la présence d'un Vincent me rappelle que, après que les ayants droit du père Bétous se sont opposés à la réédition de son livre, d'autres ont pris le relais, notamment Robert Vincent avec Géométrie du nombre d'or (1997), qui a connu plusieurs éditions.
Bien sûr, Robert et Vincent sont des noms très courants, mais cet explicite Vincent et cet implicite Robert surviennent dans le contexte des 86 éléments répartis en 54 et 32, et du nouveau romancier Graindorge, alors j'y vois au moins un écho synchronistique.
La mort de Perec le 3/3/82 peut être soulignée par le fait que ses cendres reposeront dans la case 382 de la division 87 du columbarium du Père-Lachaise.
Le nombre 382 apparaît dans la table d'un numéro d'une revue fictive dans La vie mode d'emploi. Selon le jeu des contraintes du texte, l'article page 382 fait allusion à la fois à Freud et à la nouvelle La mort et la boussole, de Borges :
Cette nouvelle, parodie policière, s'achève sur la mort de l'enquêteur un 3 mars. Je ne reviens pas sur l'autre rubrique, étudiée par exemple ici.
Le nombre 382 est aussi significatif en relation avec les suites additives, notamment avec la quine des bâtisseurs, car il est évident que ses mesures n'ont aucun rapport avec l'hypothétique grain d'orge de diamètre 0,2247 cm, mais sont issues des puissances du nombre d'or, arrondies à 3 décimales, puis multipliées par 20. Le père Bétous s'en cache à peine, livrant ce schéma:
Ainsi la paume correspond à 0,382. Je crois avoir trouvé une piste essentielle pour l'élucidation de La maison des feuilles de Danielewski, exposée ici et là. La maison Navidson aurait donc un rapport avec la quine des bâtisseurs, et je m'émerveille que la seule allusion explicite au nombre d'or, hormis un document en annexe, soit la note 382.
Voilà donc quelques échos à la présence de Perec en page 382 de Ce que l'on sait de Max Toppard.
Je ne rappelle pas mes investigations dorées chez Perec, lequel a envisagé explicitement dans ses écrits l'utilisation littéraire des suites de type Fibonacci. Ricardou a fait de même.
A propos des 53 chapitres numérotés de NEO, je rappelle que les brouillons de "53 jours" de Perec montrent qu'il y a envisagé diverses façons d'inclure 53 dans une suite de type Fibonacci.
J'ai peut-être bâclé ce billet, car il m'a semblé important de le publier ce 7 mars, qui aurait été le 86e anniversaire de Perec, né le 7 mars 36, s'il n'était mort 4 jours avant son 46e anniversaire, bien trop tôt.
Il y a donc 86 éléments dans le roman de NEO, construit en 4 parties (+ le final). Les deux premières parties comptent 46 éléments, 24 chapitres "Caroline", et 22 sections du journal de Max.
Le découpage selon le Modulor 32-54 est-il évocateur? Peut-être, car ceci mènerait à 1968, et le dernier article au sommaire du Bulletin de l'Institut de Linguistique de Louvain, celui avec l'article sur le Tétragramme page 382, est:
Note du 10: Après l'écriture un peu rapide de ce billet, je voudrais essayer de clarifier un peu les choses, dans la mesure du possible.
Deux auteurs se sont inspirés du prodigieux roman de Roszak, et de son cinéaste maléfique Max Castle/Maurice Roque. NEO le revendique, et prénomme son personnage Max et Maurice. Thilliez omet cette source, mais nomme Chastel le colonel qui a exploité les travaux du cinéaste Jacques Lacombe, et il y a d'autres ressemblances onomastiques.
Incidemment, Carole Ménardier commence son enquête en rencontrant en novembre 65 Lucien Rebatet lors d'une projection pour les journalistes de La vie de château, film sorti en salle en janvier 1966.
Je viens de découvrir que bien des noms du roman de NEO, Ménardier, Bellegarde, Hodwin, William(s), Isaac, Alvarez, sont empruntés aux personnages ou acteurs du feuilleton Belphégor de 1965, certains noms étant déjà présent dans le film de 1927. Ceci va jusqu'à Toppard, le récitant du prologue du feuilleton étant Jean Topart...
...et jusqu'à Graindorge, ce qui atténue fortement l'intentionnalité d'une identification intentionnelle avec "Gen Rigardo"...
Mais voilà, comme le disait Ricardou à la suite de Valéry, une fois un texte publié, c'est l'écrit qui importe, et son auteur ou scripteur n'a pas plus d'autorité que quiconque à le commenter ou l'interpréter.
Alors il m'est significatif que, parmi les dizaines de noms du générique de Belphégor, NEO ait choisi Graindorge pour le "pape du Nouveau Roman", même si Ricardou n'est pas visé, même si NEO ne sait rien du grain d'orge des initiés, même si la structure du roman en 32 et 54 éléments n'est pas intentionnelle.
Ceci n'est qu'un exemple de plus des curiosités étudiées sur Quaternité, et les prochains billets seront consacrés à d'autres coïncidences onomastiques sidérantes.
Note du 22/06; Je me suis demandé quel rôle jouait Graindorge dans la série. C'est en fait un personnage qui n'apparaît qu'au
tout début, aux Puces de Saint-Ouen. Après un survol des étalages,
commenté par Jean Topart, la caméra se fixe sur André Bellegarde (Yves
Rénier), disant à un ami: "L'avion supersonique, la fusée dans la lune,
ça l'épatait pas, ce qui l'épatait, c'étaient les coïncidences."
Un vieil homme se manifeste alors, Graindorge: "Madame votre mère avait
raison." Pour Graindorge tout est lié, comme une île qui, si on enlève
l'eau, est liée à la terre. Il emmène André
chez lui, où il stocke des milliers d'articles de journaux dans des
boîtes de conserve. Ce sont des fait fortéens, comme ces "empreintes de
ventouses sur l'Everest". Pourquoi la Science ne s'en occupe-t-elle pas?
Parce qu'ils sont invraisemblables. Qu'importe qu'ils soient
invraisemblables s'ils sont vrais.
André objecte que les fait cités soient dans des contrées lointaines, et Graindorge lui montre alors un article sur l'apparition d'un fantôme dans la galerie des Glaces de Versailles, le 3 août 1925.
André passe devant l'immeuble de Graindorge peu après l'apparition de Belphégor au Louvre. On embarque un cercueil dans un corbillard, et André apprend qu'il est mort au moment exact où était tué le gardien Sabourel. "Une coïncidence", dit son interlocutrice, "Y a-t-il des coïncidences?", s'interroge André.
"Gen Rigardo" a étudié les coïncidences dans les écrits des autres et les siens.
André objecte que les fait cités soient dans des contrées lointaines, et Graindorge lui montre alors un article sur l'apparition d'un fantôme dans la galerie des Glaces de Versailles, le 3 août 1925.
André passe devant l'immeuble de Graindorge peu après l'apparition de Belphégor au Louvre. On embarque un cercueil dans un corbillard, et André apprend qu'il est mort au moment exact où était tué le gardien Sabourel. "Une coïncidence", dit son interlocutrice, "Y a-t-il des coïncidences?", s'interroge André.
"Gen Rigardo" a étudié les coïncidences dans les écrits des autres et les siens.
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