7.7.20

Lavache se suicide, renaît le jumeau


   Depuis la lecture de [GATACA], où il est question du nombre d'or, je suis un lecteur assidu de Franck Thilliez et ceci m'a conduit à découvrir une structure fibonaccienne dans Deuils de Miel (2006), 33 chapitres et un épilogue se répartissant en deux nettes parties de 21 et 13 éléments.
  Une curiosité est apparue à ce propos. La première édition de Deuils de Miel, n° 13 dans la collection Rail Noir, s'achevait sur un "chapitre trente-quatre", car on y passait directement du "chapitre vingt-neuf" au "chapitre trente-et-un". Ce n'est pas la seule erreur de numérotation dans cette collection, mais elle a été reprise dans la première impression (souvent la bonne selon Talleyrand) en Pocket, en février 2008, sous le n° 13121 que j'ai été tenté de scinder en 13-1-21, 21-13 de la structure fibonaccienne, + 1 chapitre fantôme. L'erreur a été corrigée dans le tirage suivant, en mars 2010.
  J'y ai consacré cette page en juillet 2015, avec diverses autres considérations, et ai gardé un oeil sur les publications de Thilliez.

  Précisément, son roman suivant a été Rêver, paru fin mai 2016, et il y manquait aussi un chapitre, cette fois intentionnellement, un code aisé à dénicher permettant d'accéder en ligne au chapitre 57 manquant. Alors que les premières éditions de Deuils de miel s'achevaient sur un chapitre 34, nombre de Fibonacci, le dernier chapitre de Rêver porte le numéro 89, autre nombre de Fibonacci.  J'y ai consacré ce billet, en juillet 2016, et l'ai fait parvenir à Thilliez par une connaissance commune. J'ai eu confirmation qu'il l'a lu, mais il n'a pas réagi. J'y soulignais diverses possibilités d'emprunt, notamment dans Deuils de Miel, ce qui avait déjà été vu, mais sans porter d'accusation de plagiat, car mes recherches m'ont amené à constater les plus étonnantes coïncidences entre diverses oeuvres, et à pouvoir établir dans plusieurs cas qu'elles ne résultaient d'aucun processus rationnel, selon l'acception usuelle de ce terme du moins.

  Comme beaucoup d'auteurs en vogue, Thilliez publie un roman par an, alternant les enquêtes de ses héros Sharko et Henebelle et des one-shots. Après Rêver, je n'ai pas trouvé de rebond immédiat dans les trois opus suivants, Sharko, Le manuscrit inachevé, et Luca, mais le Il était deux fois de cette année m'est monumentalement significatif, à ce point qu'il m'a fallu préciser d'emblée que Thilliez a eu accès à mon blog, où toutes mes obsessions s'exhibent ad nauseam. S'en est-il inspiré ou non? lui seul peut répondre à la question, et si ce n'est pas le cas le vertige est absolu, au-delà me semble-t-il de tout ce que j'ai rencontré précédemment.

  Il était deux fois est lié au roman de 2018, Le manuscrit inachevé, et il me faut d'abord en parler. Le livre s'ouvre sur un prologue signé Jean-Luc Traskman, lequel a trouvé dans les affaires de son père récemment suicidé, le polardeux Caleb Traskman, un manuscrit inachevé, sans titre. Ses personnages principaux sont la polardeuse Léane Morgan, qui vient de publier sous son pseudo Enaël Miraure un roman intitulé Le manuscrit inachevé, et son mari Jullian Morgan. Leur fille Sarah a été enlevée en janvier 2014, probablement par le tueur en série Andy Jeanson, arrêté quelques mois plus tard, mais celui-ci n'a pas révélé l'endroit où il l'aurait enterrée.
  Jullian ne s'est pas résigné, et explore routes les pistes depuis 4 ans. Peut-être a-t-il trouvé quelque chose, car il est violemment agressé en décembre 2017. Il se réveille amnésique et incapable d'expliquer l'étrangeté de son comportement récent.
  Par ailleurs l'enquête officielle progresse, et il s'avère que le présumé tueur faisait partie d'un trio maléfique. Andy Jeanson enlevait des jeunes filles et les remettait à David Jorlain qui les exploitait jusqu'à la mort, puis Félix Delpierre, l'autre comparse, se débarrassait des cadavres. Il communiquait à Jeanson par des lettres codées les coordonnées des lieux où étaient enterrés les corps, mais un accident met les flics sur leurs pistes et Delpierre comme Jorlain se suicident.
  Il subsiste cependant des énigmes, et un mystérieux inconnu a fixé rendez-vous à Léane sur les falaises d'Etretat, mais le manuscrit s'interrompt là...
  L'éditrice de Traskman trouve un indice permettant d'envisager le dénouement prévu par Caleb Traskman et elle demande à son fils de l'écrire. Le roman est publié sous le titre Le manuscrit inachevé.
   Il n'est pas révélé quel est cet indice, et je n'ai pas eu en 2018 la curiosité de chercher plus avant. La solution était pourtant donnée en ligne. Selon le code utilisé par Jeanson et Delpierre, tout simplement l'acrostiche, l'énigmatique phrase en exergue du manuscrit de Traskman,
Juste un mot en avant : un xiphophore.
livre JUMEAUX. Le xiphophore n'est là que pour pointer le mot précédent ("en avant") dans le dictionnaire, xiphopage, désignant les jumeaux siamois. Par ailleurs "JUste un MOt" fait entendre les syllabes JU-MO, qu'on retrouve ailleurs dans le roman. Il y a la fausse immatriculation de la voiture utilisée pour transporter les corps, JU-202-MO, le nom de l'héroïne d'Enaël Miraure, JUdith MOderoi, et surtout JUllian MOrgan.
  Car la clé de l'histoire, c'est que David Jorlain, abandonné bébé, et ayant vécu une sinistre jeunesse, a découvert qu'il avait eu un jumeau, au destin bien plus favorable. Il a décidé de lui pourrir la vie, en enlevant sa fille Sarah, puis il le tue et prend sa place. Son amnésie simulée n'a cependant pas suffi pour abuser complètement Léane...
  Celle-ci voit donc arriver au rendez-vous d'Etretat Jullian, ou plutôt Jorlain, dans le dénouement écrit par le fils Traskman. Ils se battent au bord du vide, et l'un d'eux tombe, les deux dernières phrases du livre étant
  Puis le vainqueur reprit la direction de la terre ferme et s’évapora dans le chemin.
  Chaque être se tut, livré enfin au noir éternel.
  Toujours selon l'acrostiche, la seconde phrase livre le nom du vainqueur, "C'est Léane."

  Malgré l'art de Thilliez, il reste d'incontournables invraisemblances, mais, après tout, nous sommes explicitement ici dans un roman.
  J'avais peu apprécié à première lecture, peut-être parce que j'avais l'esprit ailleurs. Ma femme Anne était toujours à l'hôpital, après être passée par un état critique, et je m'étais décidé à écrire Novel Roman, y consacrant l'essentiel de mes réflexions.

  Il était deux fois s'ouvre sur Gabriel Moscato s'endormant le 9 avril 2008 dans la chambre 29 de l'Hôtel de la Falaise, près de Sagas, et s'éveillant le lendemain dans la chambre 7. Ce n'est pas la seule curiosité, car ce "lendemain" est en fait le 6 novembre 2020, et Gabriel a perdu tout souvenir des douze ans passés.
  Il suivait en 2008 la piste de sa fille Julie disparue le 8 mars précédent, et découvre en 2020 qu'il a continué ses recherches pendant ces douze ans, avec des résultats, mais son amnésie l'empêche de comprendre le sens des indices en sa possession...
  Ceci relance néanmoins l'enquête officielle, et amène à découvrir que Julie fréquentait avant sa disparition l'écrivain Caleb Traskman, l'auteur du Manuscrit inachevé, et ce roman de 2017 semblait contenir des allusions à JUlie MOscato, avec JUllian MOrgan, JUdith MOderoi, l'immat JU-202-MO (mais les bêtes enquêteurs ne relèvent pas le mot formé par ces syllabes JU-MO).
  Traskman avait en fait achevé son dernier manuscrit, et il est donné en appendice. Jullian, ou plutôt David Jorlain, y tue Léane, et se réjouit d'avoir réussi sans faute son plan, anéantir la famille qu'il haïssait, et repartir pour une nouvelle vie.
  Cet appendice est introduit par une Note de l'auteur, s'achevant par
  Caleb Traskman aimait cacher des énigmes dans l'horizontalité des phrases, en jouant parfois avec les premières lettres de chaque mot, ou avec les mots eux-mêmes. Mais s'il fallait reporter ses astuces aux premières lettres des chapitres d'un roman tout entier, y aurait-il quelque chose à déceler?
  La dernière phrase du dénouement de Traskman est si bizarre, 
Au bout, rayonnaient au ciel auroral d'anonymes braseros rouge acajou.
que j'y ai cherché l'acrostiche, et obtenu
Abracadabra.
  Quant à l'autre suggestion de l'auteur, appliquée au présent roman, en 83 chapitres et 1 épilogue, elle livre ce message en 84 lettres:
  Le romancier Caleb Traskman est vivant, vous l'avez peut-être croisé entre ces pages, c'est cela la magie.
  Du coup, j'ai repris Le manuscrit inachevé, et vu que la phrase finale donnait C'EST LEANE, et l'exergue JUMEAUX, et qu'il n'avait pas manqué de lecteurs pour le voir peu après la parution du roman, en mai 2018, aussi je n'imagine guère être le premier à avoir effectué les décodages du roman de 2020, mais ma marotte numérologique me permet d'avancer une nouvelle piste.
  Les deux fins du Manuscrit inachevé livrent
ABRACADABRA = 52 et
  C'EST LEANE   = 84.
  52 et 84 sont intervenus à maintes reprises depuis le début de Quaternité. Ce sont les valeurs de JUNG et HAEMMERLI, réunis par l'échange de 4/4/44, où le docteur qui avait sauvé Jung a dû s'aliter pour ne plus se relever tandis que Jung débutait sa convalescence. Il est troublant de trouver ces valeurs associées à un couple où l'un doit mourir pour que l'autre vive, avec les deux possibilités actualisées dans les deux dénouements.
  Ce n'est pas tout, et une analyse limitée aux éléments corrélés à ce thème 52-84 pourrait amener à conclure sans ambages que Thilliez s'est inspiré de Quaternité, mais d'autres éléments sont au-delà de l'interprétable...
  J'y reviendrai, et voici d'abord le "raisonnable".

  Caleb Traskman aurait donc dissimulé dans Le manuscrit inachevé des indices de sa propre vie criminelle. Il y était question d'un trio maléfique dont la tête, David Jorlain, échappait à la justice moraliste en se substituant à son JU-MO, Jullian Morgan, or dans la réalité Traskman appartenait à un quatuor de pervers, la société du Xiphopage, des "artistes" qui entendaient faire partager leurs crimes par le plus large public. Ce sont
- un Polardeux, Caleb Traskman, pseudo de Christian Lavache;
- un Peintre, Arvel Gaeca, pseudo de Henri Chmielnik, qui peint les victimes et signe en utilisant leur sang (de même Le Caravage, dont son pseudo est l'anagramme, signa sa Décollation de saint Jean-Baptiste dans les éclaboussures de sang);
- un Photographe, Andreas Abergel, qui lors de ses expositions de photos de cadavres y utilise certaines des victimes du quatuor;
- un Plastinicien, Dmitri Kalinine, pionnier de la plastination, réel procédé de préservation des chairs, effectivement utilisé pour des expositions de corps humains, en toute légalité, mais Kalinine fait aussi admirer à son public les plastinats des victimes du quatuor; j'ai forgé le mot "plastinicien" pour avoir la même initiale que les Partenaires.

  Lorsque débute le roman, en novembre 2020, Chmielnik est mort 5 ans avant d'une crise cardiaque en jouant au tennis, et Lavache (Traskman) s'est suicidé en pleine rue, devant les passants, d'un coup de pistolet en pleine face, si bien qu'il a dû être identifié par l'ADN.
  L'enquête associe Abergel aux crimes, et celui-ci se suicide.
  Enfin Gabriel Moscato découvre le dernier larron, Kalinine, et que sa fille Julie figure dans son exposition de plastinats. Il tue Kalinine et met le feu au bâtiment exposant les plastinats.

  Les deux premiers morts sont
CHMIELNIK = 84, et
LAVACHE = 52,
mêmes valeurs que "C'est Léane" et "Abracadabra", ce dernier terme signifiant que David Jorlain a réussi son tour de magie, se substituer à Jullian dans le dénouement de Lavache (Traskman).
  Le suicide de Traskman ressemble fort au pseudo-suicide de Jorlain, laissant un corps qui doit être identifié par l'ADN, et le message donné par les 84 lettrines ouvrant les chapitres suggère qu'une substitution analogue a pu avoir lieu.
  A propos de ces 84 chapitres (ou 83 + l'épilogue), je remarque que c'est au chapitre 51 que l'enquêteur officiel Paul Lacroix découvre que les pages manuscrites trouvées chez un suspect sont le dénouement du Manuscrit inachevé de Traskman, à la fin du chapitre 52 qu'il envoie un SMS à Gabriel pour lui dire de le lire immédiatement, et que le chapitre 53, avec trois premières lignes d'introduction, est le prologue de JL Traskman à l'édition du roman de son père. On aurait donc un net partage de 84 en 52-32.

  Caleb Traskman avait-il un jumeau? comment aurait-il pu le convaincre de se tuer? Une réponse à cette dernière question se trouve dans Rêver, et le même roman montre qu'il n'y a pas besoin de jumeaux pour obtenir des identifications par l'ADN, la procédure peut être contournée.
  En reprenant ce roman, il est clair qu'il y a de multiples points communs entre ces trois livres qui forment une trilogie, avec peut-être un autre volet à venir, ou la révélation que Thilliez est lui-même un abominable tueur ayant commis des horreurs encore plus atroces que celles relatées dans ses livres...

  Le personnage principal de chacun de ces romans est quelqu'un dont la fille a été enlevée, et qui a des problèmes de mémoire. En outre il est question à chaque fois d'un roman offrant de troublants points communs avec l'affaire en cours, et de palindromes.
  Dans Il était deux fois, Judith Moscato a été enlevée en 2008, et son père qui la recherche a un trou de mémoire de 12 ans. Il découvre des points communs avec la disparition de sa fille dans Le manuscrit inachevé, de Caleb Traskman, notamment une certaine obsession des palindromes, or les Moscato habitaient Sagas.

  Le manuscrit inachevé de Caleb Traskman est centré sur une polardeuse qui vient de publier Le manuscrit inachevé, et dont la fille Sarah a été enlevée. Si l'amnésie du pseudo Jullian est simulée, Léane a occulté certains faits, notamment pourquoi elle a choisi le pseudo Enaël Miraure; en 1991, année palindrome, sa copine Barbara a été violée sous ses yeux par un certain Nathan Miraure.
  Dans Le manuscrit inachevé d'Enaël Miraure, Judith Moderoi lit le dernier manuscrit, inachevé, du polardeux Janus Arpajeon, qui se trouve présenter des points communs avec une série de crimes; ce Janus est le criminel.
  Par ailleurs l'éditeur d'Enaël Miraure lui signale qu'une plainte pour plagiat a été déposée, son roman ressemblant beaucoup à La ronde de sang, publié en 1991 par Michel Eastwood. Elle le lit, et y découvre des ressemblances d'écriture, au-delà de l'intrigue, comme l'utilisation des palindromes. Le dénouement se passe à Etretat, de même que celui du Manuscrit inachevé d'Enaël Miraure (et celui du Manuscrit inachevé de Traskman).

  Dans Rêver, titre palindrome souligné par sa présentation (surtout dans l'édition originale), la fille Léa de la profileuse Abigaël Durnan a été enlevée. Abigaël est victime d'une maladie qui lui fait prendre un médicament provoquant des troubles de mémoire.
  Elle découvre un roman paru récemment, La quatrième porte de Josh Heyman, présentant des points communs avec l'enquête en cours.
  Son père joue un rôle important dans l'histoire. Il a une maison à Etretat, mais Abigaël découvre qu'il n'y habitait que lors de ses visites, et qu'il menait une autre vie sous le nom de Xavier Illinois, parce qu'il est un fan de la série BD XIII.

  Pas directement de passage par Etretat dans Il était deux fois, mais la ville est mentionnée à propos du Manuscrit inachevé, et dans le dénouement de Caleb Traskman.

  La dernière phrase de Rêver cache-t-elle quelque chose?
Et qu'une autre histoire commence.
  L'acrostiche livre EQUAHC, permettant de forger le mot CHAQUE, peu évocateur, mais son renversement phonétique est CACHE, plus significatif. Le sens de la phrase peut permettre d'envisager une suite à Rêver, et précisément le premier mot de la dernière phrase du Manuscrit inachevé est "Chaque".

  J'avais noté la similitude de la disparition du chapitre 57 de Rêver avec celle du chapitre 66 dans La Vie mode d'emploi de Perec, soulignée par l'intervention d'une "petite fille" dans les deux cas.
  L'enchâssement du roman dans le roman évoque maintenant "53 jours" de Perec. Il y a certes d'autres cas, mais chez Perec et Thilliez l'enchâssement est multiple, et "53 jours" est un manuscrit inachevé, par la mort de l'auteur, hélas, et d'une complexité telle qu'aucun dénouement satisfaisant n'a pu en être proposé. On y trouve des jeux sur les noms analogues, avec un Rémi Rouard laissant entendre "miroir", comme Miraure, et aussi un cadavre non identifiable, suggérant une substitution.

  Judith Moderoi... Je suis tenté par l'anagramme ORDEMOI, ou (H)or(s) de moi, titre d'un roman de Cauwelaert, où un scientifique participant à un congrès, victime d'un accident, se réveille avec une amnésie partielle. Ses recherches l'amènent à découvrir un projet d'assassinat, et finalement qu'il était l'assassin prévu, remplacé par quelqu'un d'autre après son accident. C'est un thème maintes fois exploité, à commencer probablement par Maurice Leblanc dans Le prince de Jéricho, Jason Bourne et XIII en étant des variantes célèbres. Thilliez l'a utilisé aussi dans La mémoire fantôme, avec une innovation (nombre d'or et suite de Fibonacci y apparaissent aussi).
  J'en ai parlé en mai 2015, en insistant sur le fait que Cauwelaert citait dans son roman les travaux sur le nombre d'or dans l'ADN de Jean-Claude Perez, également cités par Thilliez dans [GATACA]. J'avais été frappé de trouver en ligne le roman de Thilliez encadré par deux livres de Cauwelaert et Perez.

  Aujourd'hui seulement, grâce à Judith Moderoi, j'ose avancer "or de moi", et imaginer que Thilliez a pu s'inspirer de mes vaticinations dorées. Le nombre d'or est mentionné au chapitre 72 du Manuscrit inachevé, anecdotiquement semble-t-il, mais y a-t-il quoi que ce soit de gratuit chez Thilliez?

  Lorsque Gabriel Moscato se réveille au début de Il était une fois, il se découvre âgé de 55 ans. On pourrait penser que c'est plus le palindrome qui est visé que le nombre de Fibonacci, mais lorsqu'il apprend que sa fille a été livrée au "plastinicien", il imagine que Kalinine aurait pu la découper en "89 tranches sérielles". Pourquoi 89 qui est le nombre de Fibonacci suivant 55? rappel du nombre de chapitres de Rêver? mais pourquoi 89 chapitres dans Rêver? Tiens, l'éventuel mot à décoder dans sa dernière phrase est CHAQUE=55.
  Gabriel a découvert que le sort de sa fille est lié à celui de Mathilde Lourmel, enlevée le 3 février 2011. Ma page précitée sur Deuils de miel y associait un autre roman intentionnellement en 34 chapitres, déclinant tous les aspects du nombre 34, notamment sa présence dans la suite de Fibonacci, et un personnage important avait 34 ans le 3 février, 34e jour de l'année.
   Chapitre 4 de Il était une fois, il est précisé que la brigade de Paul Lacroix est composée de 34 gendarmes.

  Je connaissais le mot "xiphopage" avant de lire Thilliez. Le chapitre 8 du Mystère des frères siamois (1933), d'Ellery Queen, est intitulé Les xiphopages. Ellery et son père sont contraints par un incendie à se réfugier dans une clinique isolée en montagne, où le docteur Xavier s'apprête à séparer les jumeaux Carreau, Julian et Francis, mais Xavier est assassiné.
  Julian... Est-ce un hasard si les jumeaux du Manuscrit inachevé sont Jullian et David? Sinon, Franck s'est-il senti concerné par l'autre xiphopage, Francis?
  Une curiosité du Manuscrit inachevé (de Traskman) est qu'il y a un "contre-erratum" à la Roussel: Miraure y est orthographié une fois Mirraure, peut-être pour les deux R du MIRROR anglais, ou peut-être parce que Franck a choisi le prénom Jullian plutôt que Julian, avec deux L.

  La seule allusion à ce roman dans mes différentes pages consacrées à Queen, c'est que la femme du docteur Xavier, Sarah, s'accuse tout de suite du meurtre. Elle est d'abord écartée des suspects, mais c'était bien elle la meurtrière. Dans un autre roman de Queen, Le cas de l'inspecteur Queen, une autre Sarah s'accuse d'un meurtre et n'est pas prise au sérieux, mais c'est bien elle la coupable.
  Tiens, la fille de Jullian et Léane se nomme Sarah, et l'abondance des prénoms hébraïques est plutôt frappante. Les disparues sont Léa, fille d'Abigaël, Sarah, et Judith, fille de Gabriel. Les tueurs principaux sont Jacques Lambier (Léa est la première femme du Jacob biblique), David Jorlain, et Caleb Traskman.
  Il y a aussi Nathan Miraure, et en hébreu David et Nathan sont des noms trilittères palindromes (DVD et NTN), ainsi Léane/Enaël qui a échappé à Nathan en 1991 est victime de David en 2017.

  La source la plus immédiate pour le pseudo Caleb Traskman est Caleb Trask, l'un des jumeaux de Adam Trask dans A l'est d'Eden, incarné par James Dean à l'écran. L'autre jumeau est Aaron, le roman étant inspiré par le meurtre originel d'Abel par Caïn, les jumeaux d'Adam

  Caleb est un substantif hébreu qui signifie "chien", et il me semble significatif que le dernier mot du manuscrit de Caleb (avant que soit retrouvé le dénouement en 2020) soit le nom du chien du flic Vic Altran, MammaM, ou plutôt MammaM, puisque certains palindromes sont soulignés dans le manuscrit de Traskman.
  L'association du nom Caleb à un palindrome m'est significative, et m'évoque particulièrement le billet L'affaire Luther Caleb, à propos du premier succès de Joël Dicker, La vérité sur l'affaire Harry Quebert, que Thilliez a fort probablement lu. Je ne peux affirmer qu'il ait lu mon billet, où j'associais le vol par Quebert du manuscrit de Caleb devenu le best-seller The origins of evil au polar de Queen The origin of evil:
  Ce roman de Queen utilise implicitement le jeu DOG-GOD, qui est cité explicitement dans L'adversaire, où un chien est baptisé pour cette raison du palindrome Bub, abréviation du démon Bel-Zebub.
  J'y insistais sur la valeur 52 du mot Caleb en hébreu, en rapport avec le jeu 52-84 car Luther vaut 84 dans notre alphabet, et sur son aspect quaternitaire car le mot "un", e'had, a pour valeur 13 en hébreu (52 c'est 4 fois 13).
   Par ailleurs M est la 13e lettre de l'alphabet, en hébreu comme en français, et donc les 4 M de l'étrange nom MammaM ont pour valeur 52.

  Un jeu plutôt péremptoire avec la signification d'un nom hébreu apparaît avec le premier nom de David Jorlain, Luc Thomas, Thomas signifiant "jumeau". Par hasard, l'enfant trouvé dont on ignorait qu'il avait un jumeau a été adopté par une famille Thomas...
  Toujours par "hasard", ce Thomas s'était forgé l'identité Jorlain avant d'apprendre qu'il avait un jumeau nommé Jullian Morgan.
  J'ai donné plusieurs fois sur Quaternité la signification de Thomas, par exemple ici.

  Les QUATRE éléments du nom et du pseudo du polardeux tueur me sont significatifs,
CALEB     TRASKMAN = 23 + 97 = 120,
CHRISTIAN LAVACHE = 101 + 52 = 153,
et 120 + 153 = 273, la valeur en hébreu du mot "quatre", arba', et le produit des nombres de Fibonacci 13 et 21, maintes fois rapproché du concept jungien de quaternité et du rapport
JUNG/HAEMMERLI = 52/84 = 13/21.

 Je rappelle que ces valeurs sont aussi celles des noms hébreux de Elie et Enoch, les deux seuls personnages de l'Ancien Testament montés directement au ciel sans avoir connu de mort terrestre.

  Le mot Abracadabra, de valeur 52, obtenu par la dernière phrase du dénouement de Traskman, et qui peut signifier que lui, Lavache = 52 (ou Caleb = 52 en hébreu), n'est pas mort, pourrait avoir pour origine une lecture à rebours de l'hébreu arbadakarba,
arba' (quatre), dâk (du verbe « casser ») arba', c’est-à-dire « le quatre (cryptogramme pour le Tout-Puissant) anéantit les quatre (éléments) ».
  Quelle qu'ait été l'intention de Thilliez, il est fascinant que les quatre éléments Caleb-Traskman-Christian-Lavache totalisent la valeur 273 de arba', "quatre", alors que l'écrivain tueur semblait obsédé par le nombre 4.
  Il y a bien sûr sa création du quatuor du xiphopage.
  Son admiration sans retenue pour l'immortelle de Kasparov, victoire de 1999 sur Topalov en 44 coups (soit 44 mouvements des blancs et 44 mouvements des noirs). Lorsque Gabriel retrouve le corps de sa fille Julie, le plastinicien l'a figée en joueuse d'échecs rejouant l'immortelle de Kasparov.
  Traskman a fait aménager sa villa de deux étages de plus de 200 m2 au sol de telle façon qu'une faible surface en est habitable, le reste étant un labyrinthe de 200 m de couloirs, avec 444 portes identiques dont seules 44 ouvrent sur d'autres couloirs ou l'une des 4 pièces.

  Je rappelle que le code permettant d'accéder au chapitre manquant de Rêver était 10-15-19-8, soit JOSH, le prénom de Josh Heyman, l'auteur d'un roman faisant allusion à une série de disparitions, de même que Le manuscrit inachevé de Caleb Traskman.
  Ces 4 lettres totalisent aussi la valeur 52, et Josh est le diminutif immédiat de Joshuah, le Josué de l'Ancien Testament, mais aussi le Jésus du Nouveau. Je signalais dans L'affaire Luther Caleb que Josué et Caleb sont réunis par la tradition juive, et l'aspect christique serait souligné par le vrai prénom de Traskman, Christian (Lavache)...
  Le titre de Josh Heyman, La quatrième porte, peut donner à penser que Thilliez prévoyait déjà les suites à venir. Je rappelle que c'est aussi un titre de Paul Halter, et que les polars minoens de Halter ont joué un rôle essentiel dans ma découverte de l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44. La quatrième porte de Paul Halter est une histoire de romancier amnésique qui livre sans s'en douter dans un roman des indices de son ancienne vie criminelle.
  Je rappelle encore que dans Rêver, à la construction temporelle éclatée, le chapitre 44 se passe le 4 avril, le 4/4.

  Je reviens à Léane-Enaël victime de Nathan Miraure puis de David Jorlain. L'âme des Queen, le concepteur des intrigues, était Frederic Dannay, dont le nom de naissance était Daniel Nathan, mais un rabbin facétieux l'a inscrit à l'état civil sous le nom David Nathan.

NATHAN MIRAURE = 58 85 est un nom miroir selon la gématrie. Thilliez a utilisé explicitement dans Vertige (2011) la valeur 85 du mot TUEUR.

  Le nom de l'enquêteur officiel de Il était une fois, Paul Lacroix, est aussi celui d'un écrivain, déjà apparu dans mon billet de 2012 Que d'aspects prend la croix!, pour une coïncidence en cours d'écriture. J'y remarquais que c'était un nom doré,
PAUL LACROIX = 50 82, mêmes valeurs que
FRANK SINATRA = 50 82, à la voix d'or.
  J'ai étudié diverses paires dorées voisines du 52-84 de JUNG-HAEMMERLI. 51-83 était évoqué dans le précédent billet, associé aux Soeurs Lacroix, roman de Simenon où intervient explicitement le nombre d'or, peut-être pour la première fois dans la littérature populaire (1938).
  Pour 53-85, un extrait de ce billet de 2011, à propos des Arcanes du chaos de Maxime Chattam, membre de la Ligue de l'imaginaire, comme Thilliez:
FRANCOIS / MALLAN = 85/53, rapport doré optimal ne se simplifiant pas.
Il se trouve que le roman a 85 chapitres, et que c'est dans la dernière phrase du chapitre 53 qu'apparaît pour la première fois ce nom François Mallan.
  Aujourd'hui, je note
FRANCK MIRAURE = FRANCK TUEUR = 53 85.

  La paire suivante 54-86 est peut-être plus pertinente, car la découverte du cadavre de David Jorlain la tête dans le feu m'a aussitôt évoqué Le triangle d'or de Leblanc (1917), où Essarès a cru tuer Belval en 1895, or Belval a survécu et s'est grimé pour entrer dans l'intimité d'Essarès, sous le nom de Diodokis, mais a perdu la raison et en partie oublié son objectif. En 1915, Essarès tue Belval-Diodokis, l'habille de ses vêtements, lui fourre la tête dans le feu, et emprunte son déguisement, sans savoir que Diodokis était Belval... Les équilibres gématriques sont hallucinants:
BELVAL DIODOKIS = 54 + 86 = 140,
ESSARES = TRIANGLE = 86,
LE TRIANGLE D'OR = 140.
  Leblanc est souvent cité dans la trilogie de Thilliez, pour Etretat et L'aiguille creuse, où il y a aussi un cadavre à la tête écrasée que Lupin entend faire passer pour le sien.

Note du 25/7/2024: Je ne sais comment j'ai pu manquer que
GABRIEL  MOSCATO = 54 86, la moyenne avec
PAUL LACROIX = 50 82 étant 52 84, ce 52 84 qui se retrouve dans les acrostiches des deux phrases achevant les deux dénouements du Manuscrit inachevé, comme dans les nombres de lettres des divers acrostiches de ce roman, et dans celui des 84 têtes de chapitres de Il était une fois.
Plus de détails ici.
Et mes billets à partir de mai 2024 montrent une telle complexité des romans signés Thilliez que j'en imagine une écriture collective, associée à l'IA.


  La croix est un symbole quaternaire, sinon quaternitaire, et il a été important pour Ricardou que le mot "croiX" se termine par une "croix", un X ou croix de saint-André. La seule mention du mot "abracadabra" sur Quaternité est advenue pour mes analyses de L'art du X de Ricardou, où il apparaît dans l'avant-dernier vers, tandis que le troisième vers évoque la "lettre au terme d'une croiX". Revoici le sonnet, mais on peut passer à la suite.
X impose une règle. Il suppose un sonnet,
Au tEXte consacré s'il sait tester les choix,
JOUer POur une lettre au terme d'une CROIX,
TEnir et S'Exalter aux vertus de SA né-
CESsaire désUNion hors la strophe. EN l'étroit
MOT Si clos, il tend SON chemin VERS les sommets.
EN oblique ascendante, NETs, SES vers abymés
COupent la ligne au tourNANT QU'Inflige le trois:
LONg tissage alenTOUR, qui asSOuplir saura,
NEuf jusqu'en le REdit de ses aPPOgiatures,
ET le verbe EN ses rêts, et le texte à SErrure!
PUIS le VEStige sûr d'un accent sur le À!
CES RÊves? Il les obtient par abracadabra.
SES sens? Il les détient par effet d'écriture...
  Les écrivains ont souvent joué avec la lettre X et le prénom André, et c'est sans doute à dessein que l'un des "xiphopages", le photographe Abergel (le barge?) se prénomme Andreas.
  Le docteur Xavier du Mystère des frères siamois procède d'une intention similaire, et les xiphopages sont symbolisés dans le roman par un valet de carreau, Jack of diamonds, représenté tête-bêche. Queen a pu baptiser ses xiphopages du mot français "carreau" en pensant au "verre", au "miroir". L'un est donc Julian Carreau, alors que la femme de Jullian Morgan a pris pour pseudo Enaël Miraure.
  Dans Rêver, Yves Durnan mène une autre vie sous le nom de Xavier Illinois, et organise sa disparition en faisant passer un cadavre pour lui-même. Mais les choses se compliquent quand Yves/Xavier meurt ensuite accidentellement, alors qu'il n'est pas question de révéler la manipulation, ce qui mène à une situation inextricable pour sa fille Abigaël. Je note au passage le nom de sa fille enlevée, Léa, (Abig)aël-Léa pouvant préfigurer Léane-Enaël.
   L'un des enquêteurs de Il était une fois est Paul Lacroix, et un village dont dépend sa brigade est ORNYAX, anagramme de RAYON X.
   L'acrostiche qui court au long de ses chapitres laisse entendre qu'on y a "croisé" Traskman, toujours vivant.
  Bref le X semble présent dans les trois volets de la trilogie, avec Xavier, Andréas, la société du Xiphopage, et les multiples échanges ou chiasmes.

  A propos de Xavier, le premier thriller de Bernard Minier est Glacé, où apparaît un hôpital prison isolé en montagne, accueillant des psychopathes dangereux. Il est dirigé par un docteur Xavier, ce qui m'a fait penser à la clinique du docteur Xavier de Queen, pareillement isolée en montagne, et à imaginer à l'hôpital de Minier un sort semblable, la destruction par le feu à la fin du roman, et c'est effectivement ce qui se passe...
  Le héros récurrent des romans de Caleb Traskman se nomme précisément Bernard Minier. L'auteur est aussi membre de la Ligue de l'imaginaire, comme Thilliez (et Chattam vu plus haut, et Werber qui a utilisé comme Queen le miroir du carreau (et le reflet du trèfle)).

   Le numéro en Pocket de Deuils de miel m'avait été significatif, celui du Manuscrit inachevé me l'est aussi, 17538 dont une factorisation est 79 fois 222.
  Le roman a 79 chapitres, et le nombre 222 y apparaît, chapitre 5, lorsque Léane vient voir son mari Jullian après son agression, chambre 222 de l'hôpital de Berck.
JULLIAN = 79 !
  En fait ce n'est pas son mari, mais le jumeau David Jorlain, or
JORLAIN = 79 !! (XAVIER aussi d'ailleurs)
4  JULLIAN et JORLAIN ne diffèrent que par deux lettres, UL et OR. J'ai souvenir d'un OR LU dans un hétérogramme de Perec, et c'est dans le n° 170, le dernier onzain en X, s'achevant sur
Or lu: or sintaxe
qui m'avait paru significatif dans mon étude d'Alphabets.
 Je rappelle que chaque "vers" d'Alphabets est formé des 10 lettres AEIOU/LNRST (valeurs 51/83), + une autre lettre parmi les 16 autres, caractéristique pour chaque onzain. Le vers d'un onzain en X a pour valeur
51+83+24 = 158, et le onzain entier
158 fois 11.
  Le numéro 17538 du Manuscrit inachevé peut aussi se factoriser
158 fois 111.
  On peut aussi noter l'égalité à partir du dernier "vers" de Perec,
LU OR sintaxe = jULlian jORlain = 158.

Note du 14/11/20: Tiens, un épisode de Medium est intitulé Twice upon a time (2006), l'équivalent anglais de Il était deux fois. C'est une histoire de jumelles: l'avocat Larry Watt tente d'innocenter son client de l'assassinat d'Imelda en faisant intervenir sa soeur jumelle, Mirabella. Par ailleurs Allison a une vie alternative dans cet épisode: elle a un autre mari, et travaille pour Larry Watt.
C'est l'épisode 2-22 (22e de la saison 2).

Un épisode de 2017 de Doctor who est aussi intitulé Twice upon a time, et a été diffusé en France sous le titre Il était deux fois. Je n'ai jamais été tenté de regarder cette série.


 J'en viens à ce qui m'a paru un climax. J'ai examiné attentivement les deux phrases achevant les deux dénouements,
Chaque être se tut, livré enfin au noir éternel.
Au bout, rayonnaient au ciel auroral d'anonymes braseros rouge acajou.
totalisant 96 lettres et la gématrie 1136, soit 1000+136, la valeur des messages codés,
c'est Léane = 84
abracadabra = 52
valeurs qui me sont significatives, et qui le sont aussi dans le contexte du roman, puisque le Manuscrit inachevé fait allusion à la société du Xiphopage, dont deux membres sont Chmielnik et Lavache de valeurs 84 et 52.
  En ôtant les initiales des mots, on a
haque tre e ut, ivré nfin u oir ternel,
29 lettres de valeur 375, soit 3 fois 125, et
u out, ayonnaient u iel uroral nonymes raseros ouge cajou,
47 lettres de valeur 625, soit 5 fois 125.
  29 et 47 sont les 7 et 8es termes de la suite de Lucas, alors que 84 et 52, valeurs des initiales, sont les 8 et 7es termes de la suite de Fibonacci multipliée par 4. Je rappelle que 13 et 21 sont les 7 et 8es termes de la suite de Fibonacci classique, dont le produit est 273, valeur de l'hébreu arba', "quatre", peut-être à la source du mot "abracadabra" codé par la seconde phrase, de valeur 52 ou 4 fois 13, valeur de l'hébreu e'had, "un".
  Termes 7 et 8 dans un cas, 8 et 7 dans l'autre, c'est un chiasme, significatif en arithmétique fibonaccienne où existe cette propriété:
FmLn + FnLm = 2Fm+n
  On peut aussi exprimer à partir de la seule suite de Fibonacci, car
Ln = Fn-1 + Fn+1
  Pour le cas présent, on a
F8L7 + F7L8 =21x29 + 13x47 = 609 + 611 = 1220 = 2F8+7 = 2F15
  La magie fibonaccienne connaît aussi cette propriété:
 F2n+1 = Fn2 + Fn+12
soit dans le cas de F15, 610,
610 = 132 + 212 = 169 + 441 (ci-contre de la main de Daumal).
610 a un côté particulier, car le scinder en 6-10 peut mener au rapport 6/10 ou 3/5, fibonaccien, précisément celui entre les valeurs des deux séries de 29 et 47 lettres, 3 et 5 fois 125.
  125 peut-il trouver sens ici? Oui, car si 52 et 84 sont les valeurs de deux des membres du Xiphopage, Lavache et Chmielnik, en rapport fibonaccien 13/21, les deux autres sont Abergel et Kalinine, valeurs 50 et 75, en rapport fibonaccien 2/3, somme 125.
  610 est aussi la valeur du nom de la lettre grecque chi, ou khi, Xi (lettres de valeurs 600 et 10 dans l'alphabet numéral grec), la lettre d'où vient le "chiasme". C'est encore l'initiale du Christ,et le prénom Christian de Lavache pourrait être relié à la série de X vue plus haut. Le dénouement du Manuscrit inachevé se passe à Noël, Xmas en anglais.
  A propos de chiasme, les initiales des pseudos de Lavache et Chmielnik sont AG et CT, les symboles des 4 bases de l'ADN bien connus de Thilliez (voir [GATACA]). AG sur un brin d'ADN devient TC sur le brin complémentaire. Tiens, à AGCT correspondent AGCU dans l'ARN, et Ag et Cu sont aussi les symboles de l'argent et du cuivre, numéros atomique 47 et 29, soit les nombres de lettres complémentaires des initiales de valeurs 52 et 84 correspondant à Lavache et Chmielnik. Les valeurs en rapport 5/3 de ces 47 et 29 lettres peuvent aussi trouver sens dans l'ADN, où le brin codant est dit 5'-3', tandis que le brin complémentaire est 3'-5'.
  Quaternité évoque à diverses reprises Deux morts dans un cercueil, le roman en 21 et 13 chapitres de Queen, avec un acrostiche pour les titres des 34 chapitres formant THE GREEK COFFIN MYSTERY / BY ELLERY QUEEN. Je remarquais que ces deux morts sont Khalkís, "cuivre", et Albert Grimshaw, initiales AG comme l'élément Ag, et je soulignais que leurs numéros atomiques 29 et 47 correspondent dans la suite de Lucas aux termes 13 et 21 de la suite de Fibonacci, mais ce n'est qu'aujourd'hui que je m'avise que le jeu  avec 610, valeur de la lettre grecque Χί, pourrait être avancé chez Queen puisque Khalkis, Χαλκίς, débute par la lettre Khi.

  Trop c'est too much. Les deux dernières phrases des dénouements du Manuscrit inachevé ont un premier niveau de codage indéniable, l'acrostiche, livrant les deux solutions pour la lutte finale entre David Jorlain et Léane Morgan: mort de David et survie de Léane, ou mort de Léane et survie de David, chiasme auquel se superpose un chiasme arithmétique.
  David Jorlain, leader d'un trio meurtrier, fait allusion dans ce roman à son auteur, Traskman/Lavache, leader du quatuor du Xiphopage, et il est fabuleux que les deux phrases se prêtent à un tel jeu avec les valeurs de leurs quatre noms.
  Je prétends à une certaine expérience dans ces jeux, et je ne me lancerais pas dans une telle complexité, alors chapeau monsieur Thilliez, ou plutôt chapeau sainte Chronicité car je peux plus facilement intégrer une telle complexité selon cette perspective. Je pense à maints cas analogues, par exemple l'harmonie gématrique d'une phrase codée du Secret dévoilé, dans le billet Code ad hoc où je donnais aussi ma première impression sur REVER de Thilliez.

  J'ai vu un fantastique écho en relisant le billet Rails magiques, que Thilliez est particulièrement susceptible d'avoir lu puisqu'il y est question du chapitre manquant de Deuils de miel, par accident, ce qui pourrait avoir inspiré le chapitre manquant de REVER, intentionnellement. Le numéro 13121 du roman en Pocket m'avait fait intéresser au premier chef aux numéros 13 et 21 de Rail Noir, voir plus bas, et à son numéro 1, Un assassin peut en cacher un autre, d'Olivier Micha, où la plus grande énigme semble être la signification de l'acronyme GMA & FAF, révélée dans la dernière phrase du roman:
  Le nom de l'usine occupe donc exactement une ligne, sur laquelle j'ai placé en surimpression le partage d'or car ce nom enfin révélé recèle une double coïncidence fibonacienne. Les majuscules sont
GMA/FAF = 21/13, les Fibos d'ordres 8 et 7, et les minuscules
randes achines gricoles et / abrications açon = 233/144, Fibos d'ordres 13 et 12.
  De plus, ces lettres se répartissent selon la section dorée de la largeur d'impression, 99 mm, répartis ici en 61 et 38.
  Je n'avais pas remarqué en 2015 le nombre des minuscules, 23/15, partage doré de 38, et la suite 15-23-38-61-99-... m'est importante depuis les pages auto-référentes 99 et 61 de Ricardou correspondant à NOUVEAU ROMAN.
  Surtout, le vertige m'envahit devant cette dernière phrase à double coïncidence fibonaccienne interne (du moins pour sa première partie), dont une 21/13, alors que les deux dernières phrases des dénouements du Manuscrit inachevé donnent aussi une double coïncidence fibonaccienne entre elles.
  Ce sont des coïncidences sur des multiples de la suite de Fibonacci 1-1, avec pour les acrostiches la suite débutant par 4-4, et dont les 8 et 7es termes, 84/52, correspondent à 21/13.
  Pour les autres lettres, les valeurs 375 et 625 seraient les 4 et 5es termes d'une suite débutant par 125-125, et je songe à ces facteurs
4+125 = 129 = NOVEL ROMAN. Il y a de nombreux jeux dorés et quaternitaires dans Novel Roman, notamment sur 272 et 273.
  J'ai pu entrer en contact avec Micha qui a certifié que le jeu sur GMA & FAF était absolument involontaire.

  Et Fibo dans tout ça? ou le nombre d'or, cité précisément dans Le manuscrit inachevé? La maison labyrinthique de Traskman m'a évoqué la maison Navidson de House of Leaves. Notamment le fils Traskman a calculé que la surface des pièces et couloirs du rez-de-chaussée était inférieure à celle de l'étage, ce qui permet aux enquêteurs de découvrir une chambre secrète où Traskman séquestrait ses victimes.
  J'ai consacré plusieurs billets au livre de Danielewski, et pense avoir établi que la maison "Navidson" a beaucoup à voir avec la "maison du fils de David", c'est-à-dire le Temple de Salomon, et que le nombre d'or joue un rôle crucial dans l'affaire.
  David Jorlain, ou Luc Thomas, figure donc Traskman dans Le manuscrit inachevé, et il se trouve que Will Navidson a un frère jumeau, Tom (diminutif de Thomas).
  Il y a aussi beaucoup d'acrostiches dans House of Leaves.

  Je perçois divers échos numériques entre les éléments de la trilogie de Thilliez.
  Ainsi les deux premiers opus ont 89 et 79 chapitres numérotés, le dernier a 83 chapitres + 1 épilogue qui compte pour un chapitre dans le message à décoder par les lettrines en tête de chapitre, soit 84 moyenne entre 79 et 89. Certes il y a aussi un prologue dans Le manuscrit inachevé comme dans REVER, et diverses pièces péritextuelles accompagnant les trois romans.


  Je rappelle que 136 est aussi la valeur des deux expressions codées dans les dénouements.. On a aussi autour de cette valeur
CALEB TRASKMAN = 120, et
MICHEL EASTWOOD = 152, l'écrivain qu'Enaël Miraure aurait plagié, ou encore
DEUILS DE MIEL = 118
FRANCK THILLIEZ = 154, et je soulignais dans Rails magiques que Deuils de miel portait le numéro 13 dans la collection Rail Noir, où le n° 21 totalisait avec le nom de son auteur un autre 272 (8 fois 13+21):
LIGNE DIX + ANNE PETER-SAUZIN = 84 + 188 = 272.
   136 a été un nombre important de Quaternité, avec ma découverte le premier jour de l'an 136 pataphysique de l'équilibre autour du 4/4/44 régi par l'échange Jung-Haemmerli (52+84=136), et la somme des 16 premiers nombres, formant le premier carré magique pandiagonal (où la constante magique apparaît dans les 4 rangées, 4 colonnes, et 4+4 diagonales de 4 nombres).
  Dans chaque volet de la trilogie est présent un écrivain dont on connaît le nom et le pseudo, ce sont Nicolas Gentil, Léane Morgan, et Christian Lavache dont les pseudos sont
JOSH HEYMAN = 118,
ENAEL MIRAURE = 122,
CALEB TRASKMAN = 120, moyenne entre 118 et 122.

  Je pressens qu'il y a bien davantage à voir, sinon à comprendre, et j'y reviendrais probablement ultérieurement.

  Un peu de biotexte à présent. Au moment où je découvrais les subtilités des acrostiches de Thilliez, Gef postait le 8 juin sur la liste Oulipo un "desdi" avec un acrostiche autoréférent: les 91 mots du sonnet, avec sa signature, codent par leurs premières lettres pour ses 5 premiers hémistiches. Cet exact procédé, l'acrostiche au mot à mot, n'avait pas été proposé depuis longtemps sur la liste.

  Autre curiosité biotextuelle: le 16 juin fleurissait la première courgette de mon jardin, et il s'agissait d'une fleur xiphopage!
  La fleur a deux pistils, c'est la première fois que je vois ce phénomène, peut-être pas rare pour ce cultivar de cucurbitacée car une autre fleur similaire est apparue le 28 sur un autre pied.
  Comme il n'y avait pas de fleur mâle alentour, le fruit est resté rachitique, mais voici, sur fond de passiflore, le fruit de la fleur du 28 juin, cueilli le 5 juillet (une seule courgette s'est bien développée, l'autre serait digne de figurer dans le reliquaire de Lucie Henebelle).

  301e billet de Quaternité, et donc titre de valeur 301. J'aurais bien aimé trouver quelque chose avec un acrostiche et une double relation dorée, mais je ne suis ni Thilliez ni Micha...
  Le nombre 301 est associé à un jeu doré, que j'ai cité plusieurs fois, avec les isopséphies des mots grecs présents dans un même verset de Matthieu, Golgotha, lieu-dit signifiant "crâne", et krânion:
Γολγοθα = 186, en parfait rapport d'or avec
κρανιον = 301.
  Précisément, j'ai évoqué plus haut le 186e billet de Quaternité, Nathaniel-Alexandre-Emmanuel, à propos de la coïncidence Thilliez-Cauwelaert-Perez, et des amnésiques dans le polar.

6.6.20

novelliseriez-vous Jung ?


   Le billet précédent était en partie consacré au mot hébreu tserouf, présent sans sa signification, "anagramme", dans une nouvelle de 1964 de Ricardou, lequel avait pour signature ses initiales JR schématisées en une patte d'oiseau, de "porte-plume", d'écrivain, alors que צרופ , "anagramme", tserouf,  est en hébreu l'anagramme de צפור , "oiseau", sephor, et que cette prononciation  est l'anagramme du mot sopher, "écrivain".   Lors de la publication suivante de cette nouvelle, Gravitation, dans Révolutions minuscules, la dernière nouvelle du recueil, Autobiographie, s'achève sur cette phrase:
Ce sera au prix, sur le sable, d'insignifiantes courbes que viendront compliquer peu à peu, en tous sens, infiniment, DES EMPREINTES D'OISEAUX. 
  C'est Ricardou qui souligne ultérieurement ces derniers mots, dont la portée était insaisissable à un lecteur ignorant de cette signature, dans la préface à la réédition de 1988 de Révolutions minuscules. Si cette préface fait maintes fois allusion à la "triple fourche" de la signature de l'écrivain, la graphisme lui-même n'est pas donné, et le jeu risque d'échapper à un lecteur n'ayant pas décidé de consacrer ses semaines de confinement à l'élucider.

  La nouvelle Gravitation a été récrite pour cette réédition de 1988, au point de changer de titre, puisqu'il s'agit maintenant de L'enlèvement, voire de L'élève ment, titre qui apparaît une fois en en-tête, page 184. Il y a une construction en abyme, avec un personnage qui lit la nouvelle, Page 185 du recueil il apparaît ceci:
De plus, en remontant les yeux sur le feuillet au plus haut de l'histoire, il constate que le titre courant n'est plus, comme il le fut de page en page, jusqu'ici, L'ELEVE MENT, mais bien, tout simplement, L'ENLEVEMENT.
  Or, le lecteur du recueil constate que, si le titre au haut de cette page 185 est bien L'enlèvement, et celui de la page précédente, en vis-à-vis, L'élève ment, ce n'est qu'à la page 184 que cette forme du titre apparaît, tandis que toutes les autres pages affichent L'enlèvement.
  L'enlèvement occupe les pages 171 à 188, soit 18 pages, et la page 184 où le titre devient L'élève ment est la 14e page parmi ces 18.

  Cet enlèvement d'un N,  14e lettre, à la 14e page parmi 18, m'est monumentalement significatif, la disparition de la 14e lettre d'amour parmi 18, dans une nouvelle de Leblanc, m'ayant en 1996 conduit au jeu N-AMOR, N-LOVE, ROMAN, NOVEL.
  J'ai suivi cette piste dans les limites du raisonnable dans le précédent billet, et je franchis maintenant ces limites, allègrement.

  En 2002 ou 2003, j'ai été fasciné par le catalogue des titres parus dans la collection Folio Policier, à la fin du n° 218, Meurtres à l'antique, d'Yvonne Besson, paru en juin 2001. 171 titres y apparaissaient sur 5 pages, du n° 37 au n° 207, avec de multiples curiosités.
  Wikipédia donne le catalogue complet de la collection, laquelle compte aujourd'hui plus de 900 titres, mais diverses erreurs sur les titres et auteurs sont corrigées. Y figurent néanmoins, avec des notes explicatives, des numéros qui n'ont pas été publiés, 7 en tout parmi ces 171. Le premier cas qui a attiré mon attention est celui de La Marie du Port, de Simenon, qui figurait deux fois dans le catalogue:


   Le numéro 134 serait La Marie du port, et le 167 La Marie du Port, ce qui m'a fait un temps croire qu'il s'agissait de deux romans différents, d'autant qu'un pataquès semblable apparaît dans le tome 15 des Œuvres Complètes de Simenon aux éditions Rencontre,

mais cette erreur a été corrigée dès le tome 16,

la bonne Marie étant donc celle du tome 11, tandis que la seule parue dans la collection Folio Policier était son n° 167.

  J'ai détaillé l'affaire ici, parmi d'autres cas, et j'ai conté comment le n° 134 fantôme m'avait conduit, le 13/4 2005, à une découverte qui vaut d'être résumée, mais je m'ébaubis d'abord de ceci:
Lors de sa première publication en 1938, Simenon a jugé bon de publier une présentation dans laquelle il annonçait que ce roman représentait un tournant pour lui, qu’il était le premier à contenir une étincelle de ce qu’il cherchait à exprimer, « un tout petit frémissement de vraie vie », une « luciole »…. 
  Depuis, "luciole" est devenu pour moi synonyme de "coïncidence", grâce à Patrick Bléron, mais il s'agirait plutôt pour le n° 134 d'une constellation.
  134 était d'abord pour moi la valeur d'ARSENE LUPIN, et la redondance de ce nombre dans la geste lupinienne m'avait conduit à soupçonner une intentionnalité de Leblanc.
  Le découpage 13-4 me semblait aussi significatif, et c'est d'abord ce qui m'est apparu dans la disparition de la lettre 14 parmi 18.
  Le titre de Simenon a 13 lettres en 4 mots.
  Les lettres différentes dans ce titre sont
LAMRIEDUPOT = 134, en 11 lettres comme ARSENELUPIN, et le découpage voyelles/consonnes livre
AEIOU / DLMPRT = 51/83, soit le partage d'or de 134. Précisément, un roman de Simenon écrit quelques mois plus tard, Les soeurs Lacroix (n° 181), évoque le nombre d'or.
  J'ai été fort préoccupé par ce n° 134 en mars-avril 2005. Le 13/4, juste après la découverte de cette dernière relation, je me suis réveillé avec le souvenir que 134 était la valeur des 10 lettres ESARTULINO "choisies" par Perec comme base de ses hétérogrammes, "choisies" entre guillemets  car ce sont aussi les 10 lettres les plus fréquentes en français.
  Puisque les 5 voyelles canoniques y figurent, on a donc encore
AEIOU / LNRST = 51/83, partage d'or de 134, mais 134/217 est aussi le partage d'or de 351, valeur des 26 lettres de l'alphabet. Ceci m'a conduit à envisager une architecture d'or du recueil Alphabets, basé sur cette répartition de l'alphabet en ces deux groupes, avec de multiples arguments parfois sensés (le plus anecdotique étant peut-être le format doré des 176 matrices hétérogrammes). Ceci aurait pu ne jamais voir le jour sans le fantomatique numéro 134 Folio Policier.
  Sérendipité, vous avez dit sérendipité...

  Les 171 titres de ce catalogue m'ont encore fait envisager des correspondances avec la valeur 171 de ELISABETH LOVENDALE ou des 18 premières lettres de l'alphabet, avec une attention particulière pour les 14 titres correspondant à N dans ces deux configurations.
  Pour l'ordre alphabétique, N débuterait au n° 142, Nice 42e rue, de Patrick Raynal, débutant par un N. Pour l'ordre LOVENDALE, N débuterait au n° 172, Nevermore de William Hjortsberg, débutant aussi par un N. Il n'y a que 6 titres débutant par N parmi les 171.
  Ce second cas semblait plus intéressant, car Nevermore était le premier titre de la 5e et dernière page du catalogue, où le titre était orthographié Nevermire.
  A l'époque je voyais une anagramme de mon prénom dans ce "mire", aujourd'hui je note que le saut de O à I est éminemment ricardolien.
  La série s'achevait sur deux titres qui m'étaient fortement significatifs, Les Monte-en-l'air sont là !, de Siniac, où j'avais précisément vu l'acrostiche ROAMAN dans les initiales des chiffres des coffiots convoités par d'audacieux voleurs, avec de multiples développements détaillés ici.
  Le titre précédent n'avait pas pour moi de rapport immédiat avec le jeu NOVEL ROMAN, mais il entrait dans un autre jeu que j'avais exploité dans Sous les pans du bizarre (dont la certitude que ce roman serait publié m'avait fait abandonner le hasardeux projet Novel Roman).  Il y a des points communs entre Suzanne et les ringards et RN 86, de JB Pouy, et ces romans étaient précédemment parus en Série Noire sous les numéros 2013 et 2377, à 363 numéros d'intervalle, 365 numéros en comptant les bornes. Mon personnage un brin dérangé, Tom Lapnus, y voyait une ténébreuse machination, et je n'étais pas loin de partager ses vues.
  Aujourd'hui, je constate que ces textes significatifs ont aussi des numéros significatifs, 184 et 185, la page où le titre L'enlèvement devient L'élève ment, et celle où le texte de la nouvelle y fait allusion.

  Suzanne et les ringards est construit à partir d'un poème de Maryline Desbiolles, donné intégralement à la fin du roman, et décortiqué compulsivement par Lapnus. Il y dénombrait 366 mots rythmés par les trois occurrences de "Suzanne", deux y tenant "une identique respective place en regard des extrémité", comme dit Ricardou, à la position 169, l'autre faisant partie des 28 mots intermédiaires.
  Lapnus reliait ceci aux nombres fondamentaux qu'il avait décodés dans les Bucoliques de Virgile, 365 somme des carrés 169 et 196, 366 doublant 183, valeur latine de CAIVS IVLIVS CAESAR, instigateur du calendrier julien, 28 ou 29 jours de février, de la dernière "Suzanne" à la première, en omettant ou non l'intermédiaire, à la position 24 parmi les 28 mots centraux, l'original jour bissexte ayant été fixé au 24 février, 6e jour à compter des Calendes. Lapnus en trouvait des confirmations dans la valeur actuelle de
JEAN-BERNARD POUY = 169,
et dans le numéro du roman en Série Noire,
2013 = 11 x 183.

  J'avais déjà remarqué plusieurs parallèles entre l'écriture de Ricardou et mon roman paru en 2000:
- le codage d'un sonnet de Perec dans ses 14 chapitres (par des caractères en corps plus gros, alors que Ricardou avait dissimulé une récriture d'un sonnet de Mallarmé en majuscules dans ses Improbables strip-teases);
- le détournement du démembrement d'Osiris en utilisant le nombre gouvernant le texte (8 chez Ricardou dans La prise de Constantinople, 365 ou 366 chez moi);
- l'inadvertance de remplacer "suivant" par "selon".
  Voici donc qu'à ces parallèles s'ajoute la symétricologie.

  J'avais aussi étudié une symétrie autour du numéro fantôme 134 dans le catalogue Folio Policier:
- 33 numéros plus loin vient la vraie Marie du Port, n° 167;
- 33 numéros avant, n° 101, c'est Le Coup-de-Vague, précisément remplacé par La Marie du Port dans un catalogue des éditions Rencontre;
- 51 numéros plus loin vient  Les Monte-en-l'air sont là !, n° 185, en 38 chapitres;
- 51 numéros avant, n° 83, c'est Quand la ville dort, en 38 chapitres également.

  51 et 83, c'est comme vu plus haut le partage d'or de 134 (OR=33). Il y a des possibilités dorées dans Les Monte-en-l'air sont là ! comme dans Quand la ville dort, ce qui m'avait fait intituler la page consacrée à cette étude Quand la ville d'or.
  J'y constatais que, les 3 Simenon ayant 8 chapitres, 3x8 = 24, ce qui menait pour les 5 numéros à
38-24-38 chapitres, double partage d'or de 100 (BURNETT=100, et SIMENON/SINIAC=89/55, rapport fibonaccien idéal).
  Je rappelle que Simenon est l'un des premiers auteurs ayant mentionné le nombre d'or dans une fiction, Les soeurs Lacroix, précisément en 38 (1938). Ce roman fait aussi partie des Quatorze, sous le n° 181, nombre qui est devenu pour moi la valeur essentielle de
MARK Z DANIELEWSKI = 181, illustrant la "quine" 26-43-69-112-181, avec
MARK Z / DANIELEWSKI = 69/112, et
MARK / Z = 43/26.
  Danielewski a imaginé le titre Concatenating Le Corbusier, où Aristides Quine étudierait la maison Navidson dont le secret semble lié au nombre d'or et à la "quine des bâtisseurs".

  Je n'étais pas loin de partager les lubies de Lapnus, ce qui m'avait fait envisager de réunir les 365 titres de la Série Noire, du n° 2013 au n° 2377, de Suzanne et les ringards à RN 86. J'y avais renoncé en constatant que ceci aurait demandé près de 4 mètres de rayonnage, mais j'avais repris l'idée pour les 171, ou plutôt 170, titres Folio Policier, car j'avais un rayonnage s'y prêtant. J'imaginais bien autour du 134 manquant les 97 et 73 volumes réels, m'évoquant les
DIX MILLIARDS = 37+97 = 134
d'Arsène Lupin transportés par 18 camions dans Les milliards d'Arsène Lupin, sauf le n° 14 qui contient les biens de son voleur.
  Je n'ai pas été loin d'y réussir, mais l'entreprise m'a fait découvrir que le n° 134 n'était pas le seul manquant parmi ces 171 titres. Les numéros 97, 116, 118, 132, 141 et 204 ne sont de même jamais parus. La collection s'est assagie par la suite, avec deux seules anomalies constatées à ce jour, le numéro 319 manquant, et deux numéros 809.

  J'ai relu le n° 218 où figure le catalogue des 171 titres (le même catalogue apparaît au moins dans la première édition du n° 215, Cirque à Piccadilly de Don Winslow).
  Meurtres à l'antique, d'Yvonne Besson, est un roman très queenien, où peu à peu se révèle la réitération des drames de Sophocle. Olivier Marek, père de Anne, jeune femme peu équilibrée, s'installe à Marville, ville portuaire dominée par l'armateur Louis Malot, époux de Jeanne, père de Etienne et Pascal. Les morts se succèdent. Jeanne est trouvée pendue, Louis est assassiné à un carrefour, Etienne et Pascal se battent à mort...
  Tout semble accuser Olivier Marek lorsqu'il est découvert qu'il était le fils de Jeanne, et que celle-ci était la mère d'Anne, les protagonistes rejouant les rôles de Laïos et Jocaste, Oedipe et Antigone, Etéocle et Polynice, mais une tierce personne a exploité la situation pour une sombre machination.
  J'avais oublié cela lorsque j'ai commenté en janvier dernier un roman de Scott Turow basé sur le mythe des Dioscures, avec également des noms inspirés par le mythe (les jumeaux Cass et Paul issus d'un adultère entre Zeus et Lydia). Je n'y avais pas davantage pensé lorsque je me suis penché sur divers personnages nommés Marek.

  Dans mes abondantes notes sur les pages de garde, je vois
14 A+T = 4444 (Nevermire)
  Je n'ai pas tardé à comprendre de quoi il s'agissait. Les 14 numéros du 172 au 185 ont pour somme gématrique des noms des auteurs et des titres 4444, en prenant en compte l'erreur Nevermire du premier titre, soit :

Hjortsberg, William    Nevermire    
Delteil, Gérard           Riot Gun    
Holden, Craig             Route pour l'enfer         
Tosches, Nick             Trinités        
Fajardie, Frédéric H.  Clause de style    
Page, Alain                 Tchao Pantin    
Crews, Harry               La Foire aux serpents    
Benson, Stéphanie       Un singe sur le dos
Block, Lawrence          Une danse aux abattoirs    
Simenon, Georges        Les Sœurs Lacroix    
Simenon, Georges        Le Cheval-Blanc    
Simonin, Albert           Touchez pas au grisbi !    
Pouy, Jean-Bernard      Suzanne et les ringards
Siniac, Pierre               Les Monte-en-l'air sont là !

  Comme vu supra, il y a une autre erreur du catalogue, Tchaso Pantin au lieu de Tchao Pantin, n° 177, mais je l'avais écartée pour obtenir ce 4444 qui m'était déjà significatif avant d'avoir prêté attention au 4/4/44 jungien.
  Aujourd'hui, je constate que ce total se répartit en 1943 pour les 184 lettres des auteurs, et 2501 pour les 203 lettres des titres. Ce 2501 m'est récemment évocateur, en écho à la lecture de mon prénom dans neverMIRE, car, passant dans le village où l'annuaire me domiciliait par erreur, je suis tombé sur cette immatriculation RE MI 2501:
  Si Nevermire au lieu de Nevermore a aussi un aspect ricardolien, la première édition de Révolutions minuscules a été imprimée un 25/01, chez l'imprimeur Aubin au logo me rappelant les 9 d'Unica Zürn se fondant en un coeur..

  La fiche Wikipédia consacrée à Jean-Pierre Richard, visé par la préface comminatoire de la réédition de 1988, m'a appris que le dernier livre de l'éminent professeur était Les Jardins de la terre (2014), recueil de courts essais consacrés à divers auteurs, dont Maryline Desbiolles, ce qui m'a conduit à commander l'ouvrage illico.
  Ce n'est pas pour son poème Suzanne que Maryline est conviée, et j'ai survolé rapidement cette étude avant de passer à celle sur Fred Vargas, pour son roman L'armée furieuse (2011). Je n'ai pas encore trouvé l'occasion d'en parler, alors que j'avais consacré plusieurs billets à Fred, dont celui-ci en mars 2009, où je remarquais que, dans ses six derniers romans, le coupable principal (ou secondaire dans un cas) se prénommait Roland (où Arnold, anagramme littérale, ou Laurent, anagramme phonétique).
  J'avais rencontré Fred en 2001 lors d'une manifestation 813, et avais discuté avec elle d'une autre coïncidence onomastique. Je lui ai donc envoyé le lien vers ce billet, qu'elle m'a confirmé avoir lu, tout en m'informant qu'elle ne commentait jamais les articles sur elle.
  Ma prose n'a peut-être pas été prise à la légère, car dans le roman suivant, L'armée furieuse précisément, le coupable était le gendarme Emeri, si insoupçonnable que je l'avais démasqué d'emblée, tandis qu'un suspect est le comte Rémy d'Ordebec.
  Un autre suspect, celui qu'Emeri a choisi de faire accuser de ses crimes, est l'étrange Hippolyte Vendermot, né avec 6 doigts à chaque main, et qui parle couramment à l'envers, ainsi un "petit connard" est pour lui un "titep drannoc", et Adamsberg reprend à son compte ce "mot d'enver(s)" (remarqué par JP Richard).
  Je suis né avec un pouce bifide à la main droite, ce que j'ai signalé dans un billet de 2009. Mon pseudo de blogueur BLOGRUZ est évidemment inspiré par Zorglub, inoubliable inventeur de la zorglangue, strict équivalent de l'hippolangue.
  Il y a eu deux romans de Fred depuis L'armée furieuse. Le nom du coupable est accessoire dans Temps glaciaires, et dans Quand sort la recluse, un coupable secondaire se nomme Rémi Marllot, avec deux "l" (celui qui harcèle Froissy). Un suspect de l'affaire principale est Roland Cauvert, mais la coupable est une Irène (IRENE-EMERI, c'est presque de la zorglangue).

  Tiens, je pense aujourd'hui que Emeri peut évoquer le réalisateur Emmerich, prénommé Roland.

  J'en reviens au sorbonnard Richard, lequel trouve lui aussi que
dire d'un personnage que c'est un méchant petit drannoc, cela va beaucoup plus loin que de le nommer, comme nous tous, un connard.
  J'ignore s'il avait compris que la préface de Révolutions minuscules le traitait symétricologiquement de "con". J'imagine que Ricardou avait pris soin de lui en expédier gracieusement un exemplaire, mais il est très facile d'abandonner cette préface dès sa première phrase.

  L'écriture du précédent billet m'a conduit à examiner le parcours de la ligne 9 du métro parisien, empruntée par le voyageur/voyeur de L'enlèvement/L'élève ment. Ricardou étant adepte du tserouf, de l'anagramme, j'ai pensé à regarder ce qu'étaient devenues ces stations de la ligne 9 sur le plan anagrammatique du tromé conçu par Gef.
  J'ai été surpris d'y voir "Petit connard", et plus encore de constater qu'il s'agit de la gare de Pont-Cardinet, proche de l'appartement familial où j'ai vécu jusqu'à mes 20 ans. De fait, pendant 5 années scolaires; de 1955 à 1960, j'ai fait 4 fois par semaine l'aller-retour Pont-Cardinet - Argenteuil, où ma mère était institutrice (et où je suis né).
  Magie de l'anagramme, le petit connard qui partait de Pont-Cardinet devenait un ultra-génie grâce à l'enseignement prodigué à Argenteuil...
  Quant à la station  Cluny - La Sorbonne, pour laquelle Gef propose Brûlons-y le canon, pourquoi pas Brûlons-y le con, na! (je n'ose avancer On y branle son cul).

  Le chapitre 52 de La Vie mode d'emploi conte l'histoire de Grégoire Simpson, étudiant neurasthénique calqué sur l'unique personnage d'Un homme qui dort, au nom dérivé du Gregor Samsa de Franz Kafka. Il disparut un jour, et la rumeur courut qu'il s'était suicidé en se jetant sous un train du haut du pont Cardinet.
  Je m'en étais inspiré dans Sous les pans du bizarre pour le suicide de Françoys-Napoléon-Alexandre Cortier le 6/6/99, mais en choisissant un pont voisin, celui de la rue La Condamine, parce que ce nom contient les lettres ALCIMEDON, nom issu d'une églogue de Virgile, au centre de l'intrigue du roman, y donnant lieu à diverses anagrammes, dont LECONDAMI, à lire "leçon d'ami" ou "le con d'ami". Quand on est pont, on est pont... J'ignorais évidemment alors que Ricardou avait pu traiter cryptiquement de "con" un ancien ami.
  Le détail permettant d'identifier mon emprunt à Perec était "un tome de la monumentale Histoire de l'Eglise, de Flichte et Martin", trouvé sur le bureau de Cortier comme sur celui de Simpson. "Monumentalement" est le premier mot de Révélations minuscules, minutieusement choisi.
  J'avais exploré ici d'autres développements imprévus de "La Condamine".

  Nevermore est un roman intéressant, où Hjortsberg exploite l'amitié réelle entre Harry Houdini et Arthur Conan Doyle, un rationaliste qui entendait démasquer ceux qui exploitent la veine spiritualiste, et un fervent partisan du spiritisme. Cette amitié a inspiré d'autres créations, dont récemment une série TV.
  A ma relecture, j'ai vu quelques nouvelles choses. Un personnage important est l'étrange Opal Crosby Fletcher, qui a pris le nom d'Isis pour son activité spiritualiste, et qui a choisi de faire de Houdini son Osiris. Le criminel de l'histoire est le magicien Rammage haïssant Houdini, s'inspirant des contes de Poe pour mettre en scène les assassinats de proches de Houdini, lui-même destiné à être découpé par le pendule de Le puits et le pendule. Mais Houdini en réchappe et Rammage est tué, et démembré par Houdini. Osiris, démembrement, ceci évoque aisément le démembrement du dieu en 14 morceaux, significatif pour ce roman ouvrant la série des 14 titres Folio Policier.
  Deleuze a consacré un essai au "dispositif osiriaque", l'application littéraire de ce démembrement, commenté par Ricardou. Celui-ci a en outre souligné (dans Naissance d'une fiction) que, dans Genèse d'un poème, Poe ne signalait pas la relation sonore inverse rapprochant raven et never.

  Rammage a tué 5 personnes avant que son plan ne dérape. Ses premières victimes sont Hilda et Ingrid Esp, tuées dans la nuit du 2 avril 1923. Pâques tombait alors le 1er avril, mais ce n'est pas remarqué. Plusieurs pistes se rattachent au Lundi de Pâques, comme un Marek évoqué plus haut, greffant tous les morceaux d'un criminel guillotiné le Lundi de Pâques, ensuite reconstitué, ce qui rappelle le mythe d'Osiris.
  Le dernier crime réussi de Rammage a été d'enfermer un assistant de Houdini dans le cercueil utilisé pour un de ses tours. Houdini découvre son cadavre en état de putréfaction un jour qui n'est pas directement précisé, mais il est dit chapitre 23 que c'était près de 8 semaines avant le 7 août, soit donc vers le 10 juin, or le carnet où Rammage notait ses meurtres indique que c'est le 28 juin que Rammage a enfermé l'assistant dans le cercueil. Par ailleurs le meurtre des Esp aurait été commis le 12 mars, au lieu du 2 avril...
  Je n'imagine guère autre chose que des inadvertances de l'auteur, mais remarque que ces erreurs apparaissent dans un roman édité par une collection où abondent les erreurs diverses, notamment Nevermire.
  Tiens, alors qu'un des crimes de Rammage est inspiré par Le masque de la mort rouge, plusieurs articles récents de Patrick concernent cette nouvelle.

  J'ai eu la curiosité de chercher ce que signifie Hjortsberg, et c'est "montagne du cerf", ce qui m'évoque aussitôt zwi migdal, "tour du cerf", et mes recherches sur La mort et la boussole. Bien que ce n'ait pas été prémédité, la rue La Condamine de Sous les pans du bizarre est homologue de la propriété de Triste-le-Roy dans la nouvelle de Borges.

  Le 3e roman des "14" a joué un rôle important dans mes pérégrinations, d'abord par sa présence au sein des 14 car Route pour l'enfer de Craig Holden est intentionnellement construit en 3 parties de 14 chapitres chacune, allusion à la généalogie de Jésus en 3 séries de 14 dans l'Evangile de Matthieu, le personnage principal du roman, Joe Curtis, ayant une dimension christique évidente.
  J'avais parlé de ce roman ici, à propos justement de l'assassinat dans Sous les pans du bizarre de Jacques Courtas à la station Denfert(-Rochereau), un JC aux initiales christiques intentionnelles, comme Joe Curtis. Dans le rectangle formé par les lieux des morts des 4 latinistes, le sommet correspondant à la station Denfert était à l'opposé de celui de La Condamine.
  J'ai relu une nouvelle fois Route pour l'enfer, achevé le 6 avril. Le soir, les hasards du streaming nous ont conduits à visionner Ennemis rapprochés (The Devil's Own), de Pakula, essentiellement parce que Anne avait envie de voir Harrison Ford. Brad Pitt y joue le rôle de Frankie McGuire, militant de l'IRA venu à New York pour y acheter des missiles Stinger, afin de pouvoir affronter l'armée britannique en Ulster. Les missiles sont chargés sur un petit bateau, le Voyager, mais Frankie ne peut mener sa mission à bien.
  Une part importante de Route pour l'enfer touche précisément à des missiles Stinger, qu'a réussi à se procurer le gourou d'une secte, et qui sont acheminés vers leur destination finale par un chalutier, le Maribel S. Le bateau a été identifié par le FBI, aussi il est maquillé et reçoit un nouveau nom, le Voyageur.
  Le tournage de The Devil's Own, sorti en mars 1997, a débuté en février 1996, au moment même où paraissait la première édition de Route pour l'enfer (The Last Sanctuary), simultanéité interdisant idéalement toute influence entre les deux oeuvres.
  Si Voyager est un nom "bateau" pour un véhicule quelconque, il est bien plus rare de voir des intrigues mettre en jeu des missiles tombés entre des mains mal intentionnées, et j'en ai eu confirmation lorsque j'ai écrit à Craig Holden pour l'informer de cette découverte, ayant déjà échangé quelques mèls avec lui jadis.
  En avril 1995, Craig a soumis les premiers chapitres de son roman à son agente littéraire, laquelle s'est d'abord montrée fort réticente, jugeant cette histoire de missiles tombant aux mains d'une secte peu crédible, et puis quelques jours plus tard il y a eu l'attentat d'Oklahoma City, le 19 avril, et elle a encouragé Craig à poursuivre.
  Mieux, Tim McVeigh a utilisé pour son attentat un camion loué à l'entreprise Ryder, chargé de plus de deux tonnes d'explosifs, et dans son roman Craig faisait passer les missiles au Canada à bord d'un camion Ryder. Si cette célèbre entreprise doit son nom à son fondateur, James Ryder, le nom évoque un type de voyageur, rider, "cavalier", "motard".
  Il y a plus ahurissant, car Craig connaissait Pakula, lequel avait envisagé d'adapter son premier roman, La rivière du chagrin, et il lui a été proposé de faire la novellisation de Ennemis rapprochés. C'était tentant car immédiatement payant, mais Craig était alors en train d'écrire Les quatre coins de la nuit, et il a refusé cette novellisation qui l'aurait amené à faire à nouveau voyager des missiles Stinger dans un bateau Voyager...

  Heureusement que Craig n'a pas renoncé à ses Quatre coins, roman qui s'est trouvé être mon 4e texte couvrant une semaine pascale, découvert après plus de dix ans d'intérêt pour cette particularité. Mieux, les 38 chapitres du roman m'ont fait découvrir quelques jours plus tard un 5e texte analogue, et près de 10 ans ont passé avant le suivant. Je rappelle les deux romans de 38 chapitres, symétriques par rapport au fantomatique numéro 134 Folio Policier, surtout le n° 185, avec son acrostiche ROAMAN, alors que page 185 de L'enlèvement est remarqué l'absence du N à la page précédente.

  Incidemment, l'un des 16 films de Pakula est Présumé innocent, adaptation d'un roman de Scott Turow cité plus haut.

  Le retour des lettres ESARTULINO (de valeur 134) m'a fait les passer dans un logiciel d'anagrammes et découvrir le mot INSOLATEUR, ou redécouvrir peut-être, mais ceci m'a donné l'idée de tenter un carré SATOR hétérogramme à partir de ce mot.
  Voici ce à quoi je suis parvenu:

R U E T A L O S N I
U S L A T E R I O N
E L A N O R U T I S
T A N E S I L U R O
A T O S U N I R E L
L E R I N U S O T A
O R U L I S E N A T
S I T U R O N A L E
N O I R E T A L S U
I N S O L A T E U R

  Je n'en donnerai pas d'interprétation, possible en acceptant quelques mots étrangers. Perec lui-même indiquait que les lectures de ses matrices hétérogrammes n'étaient que des suggestions.
  Ma dernière évocation des Quatre coins de la nuit, le 10/10/10, avait un rapport diffus avec la création à l'occasion de ce jour de 10 hétérogrammes 10x10 basés sur ESARTULINO. 
  La contrainte de la pseudo-quenine unissant cette série avait trouvé un prodigieux écho avec mon SONÈ composé en 2004, SONÈ dans le grand carré duquel je pus découvrir en 2017 le nom LOVEN DALE, hors de toute intention originelle.
  Je rappelle que SONÈ signifiait notamment pout moi "quatre coins" (Sud-Ouest-Nord-Est).
  J'avais joué avec les jokers de mes 10 hétérogrammes afin d'obtenir pour les 1000 lettres la valeur 13332, soit 3 fois 4444.

  Ce billet est le 300e de Quaternité, un nombre qui correspond pour moi à la somme de deux nombres essentiels de Novel Roman:
- 171 qui est donc la valeur des 18 lettres ELISABETH LOVENDALE, ou des 18 premières lettres ABCDEFGHIJKLMNOPQR, ce qui m'a mené à la découverte du jeu NOVEL ROMAN;
- 129 qui est précisément la valeur de NOVEL ROMAN (le détective du roman a un nom choisi pour avoir 18 lettres de valeur 171, parmi lesquelles NOVELROMAN, hoNORE de VALMONdada).
  En cherchant des mots de valeur 171, NOVELLISERIEZ m'a retenu, en écho à l'éventuelle novellisation de Craig, mais il y avait d'autres possibilités, comme
Symétriques Sortilèges = 171+129.

  Je me suis avisé aussi que 300 est la valeur de la lettre ש, Shin, que je rapprochais dans le précédent billet de la signature de Ricardou. Comme c'est l'initiale de mon nom écrit en hébreu, j'envisage de signer désormais d'un Shin.

  Un peu de biotexte maintenant, et de tectonique des plaques, comme dit l'ami Patrick. Nous avons depuis 15 ans une 206 SW, toujours vaillante, mais l'absence de climatisation devient un problème, alors que l'état de santé d'Anne nécessite trois voyages à Manosque par semaine, et que la canicule devient endémique.
  J'avais fait mes premières recherches juste avant le confinement, décidé à rester fidèle à la marque au lion (loven), et avais repéré une 2008 à l'immat séduisante, DY-753-NG.
  DYNG m'évoquait "dingue", mad, le "très fou" tserouf... 753, c'est la valeur en hébreu du couple Abraham-Sara, et de la somme des 3 lettres mères et de leurs inverses atbash.
  2008 c'est l'année de ma découverte de l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44. La différence entre 206 et 2008 est 1802, l'année de naissance de Victor Hugo et la valeur du quatrain qui aurait débuté Feuilles d'automne, mais Hugo y a renoncé pour ouvrir directement avec le fameux
Ce siècle avait deux ans, Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte.
  J'ai exploité dans Novel Roman cette curiosité découverte par Robert Rapilly, avec deux anagrammes de ce quatrain, tandis qu'un personnage essentiel était né en 1802, et mort en 1908, 17 et 18 fois 106,
VALENTIN ANDREAE MONLORNE = 251,
même valeur (selon l'alphabet actuel) que
CHRISTIAN ROSENCREUTZ = 251, selon l'alphabet latin, dit avoir vécu de 1378 à 1484, 13 et 14 fois 106.
  Précisément, 753 c'est 3 fois 251, et 2008 8 fois 251.
  C'est dans la nuit du 7 au 8 septembre 2008 que m'est venue l'intuition sur l'harmonie de la vie de Jung, or le 8 septembre est le  251e jour d'une année normale, le 252e d'une année bissextile. Dans leur Bach et le nombre, Van Houten & Kasbergen utilisent la valeur 252 pour Christian Rosencreutz, selon l'alphabet Schwenter.
  J'avais donc porté mon choix pendant le confinement sur cette 2008 DY-753-NG, mais, lorsqu'il s'est terminé, la voiture était déjà vendue. Parmi les 2008 encore en lice, j'ai choisi EL-233-FV, uniquement parce que 233 est un nombre de Fibonacci.
  Ensuite, j'ai pensé que EL était les initiales de Eric Lönnrot, la dernière victime de La mort et la boussole, tuée un 3/3, reliée plus haut à la mort de FNA Cortier, mort le 6/6/99 au pont de la rue La Condamine (dernier d'une série de morts les 3/3, 4/4, 5/5, et 6/6). El est aussi le diminutif d'Ellery Queen, auteur et détective de L'adversaire, inspiré de La mort et la boussole, et inspirant Sous les pans du bizarre
  FV conviendrait à Fred Vargas, mais il m'est venu autre chose en considérant l'ensemble ELFV.
  elf, c'est l'allemand "onze", et V le chiffre romain 5. 11/5 était le jour du déconfinement, prévu de longue date.
 
  Peugeot ne m'a proposé que 200 € pour la 206, alors qu'elle venait de passer vaillamment le contrôle technique, avec pneus, batterie, et balais d'essuie-glace neufs....
  Je la garde donc, imaginant qu'elle vaudra son pesant d'or dans quelques siècles, lorsque je serai reconnu comme l'Ultragénie d'Argenteuil...
  Et je signe de mon signe, Shin.