20.4.19

dits pris du réel


  Il y a bien longtemps, j'écoutais souvent l'album 666 des Aphrodite's Child, et je n'ai jamais oublié le refrain d'une des chansons de cet évangile selon Vangelis, The four Horsemen;
The leading horse is white.
The second horse is red.
The third one is a black.
The last one is a green.
  Bien plus tard, lorsque je me suis intéressé à Vocalisations de Perec et à sa source Voyelles de Rimbaud, je me suis avisé que les couleurs des quatre premières voyelles correspondaient, dans le désordre, aux quatre cavaliers de l'Apocalypse, dans cette version du moins.
  Il a été depuis longtemps remarqué qu'il y avait des images apocalyptiques dans le dernier tercet de Rimbaud, avec le Suprême Clairon évoquant la trompette du jugement dernier, l'Oméga faisant pendant à l'Alpha ouvrant la série, les majuscules de Ses Yeux pouvant désigner Dieu.
  C'est quelque chose que je n'ai pas songé à exploiter plus avant, jusqu'au 7 novembre 2018 après que Robert Rapilly eut posté plusieurs poèmes inversés sur la liste oulipo, comme ce Desdichado en octobre. J'ai donc composé un sonnet en vers isocèles, reprenant plus ou moins l'ordre inverse de Rimbaud, révisé pour coller avec les quatre cavaliers.

d'yeux violets le rayon renversa Son silence,
l'oméga dans l'alpha l'ange dans l'indécence,
les sons de la trompette en un éclat furieux,
oeil de Dieu l'amiral là rima l'oeil de Dieu.

le dernier cavalier couleur des mers virides,
cycle passif vrombi par les studieuses rides.
le cheval précédent surgi des golfes d'ombre,
flamberge et déversant cette puanteur sombre.

le second destrier carmin des chaudes lèvres,
l'ivresse la colère au ton des rires mièvres.
le premier cavalier blanc comme les ombelles,
vapeur faisant crouler la tente des rebelles.

tel que le révélait l'apôtre entre tous Jean,
la voyelle se fit bleu vert noir rouge blanc.

  J'aurais volontiers vu à l'ensemble une gématrie multiple de 666, mais mon premier jet en était loin. Une légère modification m'a permis cependant de parvenir à 5772, soit 13 fois 444, nombre angélique paraît-il…

  Ceci n'est resté qu'un exercice parmi bien d'autres jusqu'à la réception du Viridis Candela du 15 mars dernier. La première de ses Nouvelles de Nulle Part, à la fin de la revue, est consacrée au roman Cosme de Guillaume Meurice, paru le 7 mars 2018.
  Meurice est un humoriste qu'on n'attend guère dans le domaine de l'exégèse littéraire, et de fait il s'agirait d'un livre co-écrit avec son ami Cosme Olvera, lequel aurait découvert en 1997 le "secret des Voyelles". La clé serait donc l'Apocalypse, avec les quatre cavaliers, l'Alpha et l'Oméga, le Suprême clairon, mais la réelle trouvaille originale est d'avoir trouvé par au moins trois fois le nombre 666 dans le sonnet, avec
- les trois "des" alignés aux vers 3-4-5, avec des "d" que Rimbaud trace sur le manuscrit autographe comme des 6 à l'envers, alors il suffit de le renverser pour avoir "666";
- un alignement analogue apparaît dans le dernier tercet;
- la triple présence de "vi" au vers 9,
vibrements divins des mers virides,
avec deux mots plus ou moins inventés, et il s'agirait donc d'un emploi conscient du nombre latin VI, "6";
- enfin le sonnet compterait 666 espaces typographiques, en prenant en compte les espaces et signes de ponctuation.

  J'ai d'abord vérifié à partir de cette version en ligne, et ça marchait, puis je me suis procuré Cosme, et j'ai appris que le compte 666 était obtenu d'une autre manière. Le dernier vers du sonnet est ordinairement donné
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
avec une espace après le tiret, mais Cosme le lit, d'après le manuscrit,
—O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !—
avec un tiret fermant, et sans espaces entre les tirets et le texte qu'ils encadrent. Pourquoi faire subir cette violence aux règles grammaticales, alors que la leçon usuelle, établie précisément selon ce manuscrit, fournit le "bon" compte, 666. La marque finale après le point d'exclamation finale est plutôt considérée comme démarquant le sonnet du paraphe A. Rimbaud, elle ne ressemble pas au tiret ouvrant, et, surtout, elle n'est pas collée au point d'exclamation, de même que le tiret ouvrant n'est pas collé au O.
  Le diable est dans les détails, dit-on...

  Il faudrait sans doute s'imaginer en 1997, et examiner toutes les éditions antérieures de Voyelles. Je n'ai ici que le Bouquins Rimbaud-Cros-Corbière-Lautréamont (1980). Le sonnet offrirait le total 666 malgré une évidente coquille, un point-virgule à la fin du vers 5, au lieu d'une virgule (ce point-virgule n'étant pas précédé d'une espace).

  Cosme est divisé en 6 parties, A-E-I-U-O-Y, introduites chacune par un sonnet, d'abord Voyelles, puis cinq sonnets de Cosme. La première partie montre Cosme au moment de sa découverte, en 1997, ayant subodoré qu'il y avait quelque chose à tirer du nombre d'espaces du sonnet, mais ne parvenant pas à vérifier son idée dans différentes éditions. Il décrète qu'il lui faut le manuscrit autographe, et arrive à se le procurer sur le web alors balbutiant, dans des circonstances épiques.
  Ce n'est guère vraisemblable puisque le manuscrit avait été souvent reproduit, notamment dans le numéro de Bizarre qui venait d'être mentionné figurant parmi ses livres...

  Les sept universitaires conviés sur le blog de Lauren Malka à donner leurs avis sur Cosme ne sont guère enthousiastes, c'est le moins qu'on puisse dire, mais ils n'ont guère poussé leur analyse, et la mienne m'a d'abord fait envisager un canular hénaurme.
  Puis j'ai découvert que Cosme avait un visage, et même la parole. Les deux compères ont présenté leur livre en public lors d'une longue entrevue disponible sur YouTube. On n'y apprend pas grand-chose, mais rien ne permet de douter qu'ils ne soient pas ce qu'ils prétendent, un chercheur marginal timide certain d'avoir trouvé la clé de Voyelles, un ami rencontré tardivement qu'il a convaincu. Par ailleurs, si mystification il y avait eu, elle aurait pu être dévoilée quelques mois plus tard, avant que l'événement ne soit complètement oublié.

  J'en viens à mes découvertes. Les sonnets de Cosme sont imprimés en Courier new, une police à chasse fixe qui permet en principe de compter facilement les espaces typographiques. Il suffit de mesurer la longueur de 10 espaces, puis de quelques calculs élémentaires...
...sauf qu'ici ça ne marche pas. Sans que je puisse l'expliquer, mais je ne suis pas professionnel de la composition, les caractères de chacun de ces sonnets ne sont pas alignés verticalement, comme le veut une police à chasse fixe. Pourtant le but visé était vraisemblablement d'inciter les lecteurs à de tels calculs, et ce n'est qu'une première anomalie.
  J'ai donc dû recopier les sonnets en police Courier new normale pour procéder aux comptages, en commençant par le dernier, car c'est dans la partie Y que Cosme révèle son interprétation de Voyelles. J'ai trouvé 606 espaces typographiques, ce qui pouvait éventuellement faire sens. Bref, j'ai procédé de même pour le sonnet précédent, et j'ai trouvé 636.
  Voyant que le sonnet précédent était plus dense, je l'ai aussi recopié, m'attendant à trouver 666 espaces typographiques. Non, c'était 663, mais j'ai vite compris qu'il y avait trois ligatures "œ", "œil" aux vers 1 et 3, "cœur" au vers 11, et il est facile d'imaginer que 666 était bien visé. Je précise que quand on écrit "oeil" avec un traitement de texte, le logiciel rectifie de lui-même "œil". Voici le sonnet tel qu'il se présente dans Cosme, sauf qu'ici les caractères sont parfaitement alignés verticalement, permettant de dénombrer 45-44-48-43-43-45-48-52-49-46-47-52-52-49 espaces, soit 663 en tout, 666 en "corrigeant" les vers 1-3-11. Le sonnet est intitulé Race humaine.

Nous avons l’esprit s’amenuisant à vue d’œil,
Il nous éclaire sur notre état létal latent.
Nous avons un autre œil, nombre le met en deuil,
Qui nous souvient à la machinerie du Temps.

Nous avons une aura, comme tout être à vue,
De ses larmes passées elle nous imbibe l’âme.
Nous n’avons qu’une vie, ses moissons d’imprévus
Et son heure de s’éteindre comme toutes les flammes.

Nous avons la conscience, aux quotas verrouillés,
Que le mal est coté, ses artères patrouillées,
Et que pour un cœur vif il génère mille enfers.

Nous avons nos manières, l’air d’avoir fière allure,
A l’égard de l’immonde et des biens qui l’enferrent.
Nous portons tous le deuil des futures blessures.

  A ce stade, je me suis dit que Cosme avait voulu montrer qu'il avait maîtrisé l'écriture de ces sonnets en 666-636-606 espaces, de même qu'il supposait Rimbaud avoir maîtrisé l'écriture de Voyelles, mais ça ne prouve pas grand-chose, surtout si des incidents typographiques altèrent cette lecture.
  Je m'abstiens de commenter les sonnets de Cosme. Il dit dans la présentation précitée qu'il peut travailler sur un sonnet 18 heures par jour pendant 3 semaines, et si les résultats émerveillent Meurice, je me demande ce qu'il éprouverait devant certaines créations de la liste Oulipo, où les contraintes les plus extravagantes trouvent souvent des applications dans les heures qui suivent leur émergence, en respectant les règles de Malherbe dont Cosme ne semble guère se soucier.
  Tiens, s'il se repose le dimanche, ce qu'annonce Cosme pourrait correspondre à 6+6+6 heures pendant 6+6+6 jours😉

  J'ai poursuivi l'analyse. Le poème précédent, introduisant la partie I, est un sonnet en vers isocèles, chaque vers couvrant 42 espaces typographiques, et j'imagine que ce 42 a été choisi parce que c'est aussi un des nombres de l'Apocalypse, avec les 42 mois ou 1260 jours qui interviennent plusieurs fois à la fin des temps.
  Je ne sais si les auteurs connaissent les interprétations de Pierre Bézoukhov dans Guerre et Paix de Tolstoï, où selon un codage particulier
QUARANTE DEUX = 666,
42 ans étant l'âge de Napoléon lorsque son armée entre en Russie, et Napoleone Buonaparte serait bien l'Antéchrist prophétisé, car
L'EMPEREUR NAPOLEONE = 666.
  Toujours est-il que le titre du poème en vers isocèles de 42 espaces, L'esprit du désir, est aussi une expression de valeur 666 selon ce même code:
L'ESPRIT DU DESIR = 666.

  Il reste le premier sonnet de Cosme, ouvrant la partie E, et c'est précisément un monovocalisme en E, ou presque, car un A apparaît dans le dernier mot. Voici comment se présente ce poème, Genèse, ou plutôt comme il devrait se présenter si la police Courier new avait été respectée au pied de la lettre (et de l'espace, car ce sont essentiellement les espaces qui sont étrécies, mais pas que).

L’Eternelle Mer s’engendre, en l’effervescence
Des enchevêtrements entremêlés... Elle est,
-Extrême envers des Temps cernés- le Sens scellé :
De Ses Lèvres déferlent des perles d’Essences...

Célestement gemmées de pensées et de sèves
-Tels les reflets, cendrés d’ébènes, de Nefs gréées
Enflées de vents cléments...!- secrètement créées...
Et le Vent, en de tendres bercements de rêves,

Redescend, se régénère et se révèle en Elle...
Pérenne est le Serment et le Terme éphémère ;
Le Cercle est né...! En le Centre des Sept Sphères,

Le Ventre est l’Emblème des Présents de l’Eden... Femme
Et Déesse, Ensemble et Eléments... L’Eternelle
Ensemence Les Terres désertées de ses Âmes...

  J'ai compté 46-43-50-48-42-51-52-46-46-45-51-55-46-45 espaces, soit en tout 666... Diable! Là ça marche, mais au prix d'une ponctuation pléthorique, sinon contradictoire. Je ne sais comment un lecteur pourrait exprimer la nuance ...!, ...?
  Cosme a recours à des incises entre tirets, sans espaces selon sa lecture de Voyelles, au vers 3 et aux vers 6-7, et multiplie les points de suspension. Lorsqu'on tape trois points ... sur un traitement de texte, en Courier new, le logiciel les rassemble automatiquement en un seul caractère, , or il y a de ces dans les deux derniers sonnets de Cosme, ce qui m'avait mené aux comptes 666-636-606 pour les trois derniers sonnets, ce qui semblait significatif.
  Mais en principe, on ne peut compter à sa guise les points de suspension pour 1 ou 3 caractères, alors faut-il rétablir ces ponctuations en 3 caractères, car à l'évidence le premier sonnet, Genèse en 6 lettres, est soigneusement bâti pour aligner 666 espaces?
  Seuls les auteurs peuvent répondre, mais il y a plus grave. Le dernier sonnet, celui qui introduit la dernière partie où est imposée la lecture
—O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !—
avec un tiret fermant, et sans espaces entre les tirets et le texte qu'ils encadrent plutôt que
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
avec une espace après le seul tiret ouvrant, eh bien ce sonnet s'achève de même que cette leçon condamnée, avec ce dernier tercet:
- Cône d’ombre ouvrant l’infinie Voie de l’Abîme !
Ô Immensité ! Vierge enceinte d’imminences
de Présents dévoilant les lèvres du Silence…

  C'est encore aux auteurs de s'expliquer sur cette aberration. En principe, un auteur reçoit les épreuves du livre à paraître, et c'est à lui de vérifier s'il est bien conforme à ses souhaits (mais ce n'est pas toujours aussi simple). Peut-être ont-ils été négligents sur ce point, faisant confiance à l'éditeur.
  Ce n'est pas tout. Sur le manuscrit original, du moins sur cette reproduction, l'idée que la marque suivant le point d'exclamation final puisse faire partie du poème n'est pas exclue, même s'il est difficile de prétendre qu'elle soit collée au point d'exclamation,
mais voici la reproduction donnée sur le bandeau de Cosme:
  Il y en a une autre reproduction noir sur blanc dans l'ouvrage, mais la définition est à peine meilleure.

  J'en viens à plus personnel. Cosme dit que c'est en 1997 qu'il a découvert sa clé apocalyptique de Voyelles, et c'est en janvier 1997 que j'ai découvert une formidable harmonie dans Vocalisations, la récriture par Perec de Voyelles, sans E. Une façon de l'exprimer est
ce sonnet de 4 strophes, 14 vers, 112 mots, a pour somme gématrique 4.14.112, ou 6272.
  J'ai d'abord été certain d'avoir percé le secret de Perec, et sitôt après avoir rédigé un premier exposé de ma découverte, je l'ai faxé à Bernard Magné, le spécialiste de Perec dont j'avais lu quelques articles et que j'avais rencontré deux mois plus tôt.
  Il est question de Perec dans Cosme, pour deux ouvrages, La Disparition, roman de 500 pages (sic) sans utiliser la lettre e, mais il n'est pas signalé la récriture de Voyelles qu'il contient, et La Vie mode d'emploi, surtout pour son étrange poème, mystérieux du moins jusqu'à ce qu'un jeune universitaire en découvre le secret, les diagonales A-M-E structurant ses 3 parties. Cet universitaire, non identifié dans Cosme, était un thésard de Bernard Magné.

  Je n'ai pas tardé à comprendre que Perec n'avait pas composé sciemment un poème en 112 mots de gématrie 6272 ou 112 fois 56, car il avait plus tard publié une version "améliorée" de Vocalisations, n'ayant ni 112 mots ni la gématrie 6272. Dès mars 1997, j'écrivis la brochure, En vers recompter tout - Codage et surcodage chez Perec, dont des exemplaires furent déposés à l'Association GP et à la BN.
  J'y énonçai l'idée qu'un codage conscient pouvait conduire à un surcodage inconscient, parfois bien plus sophistiqué. J'ai aujourd'hui beaucoup d'autres exemples de ce phénomène, sans prétendre l'expliquer.

  Après cette concomitance en 1997 de nos découvertes sur Vocalisations et Voyelles, il y a cette autre concomitance en 2018, avec la publication de Cosme et ma composition quelques mois plus tard d'une récriture isocèle de Voyelles basée sur l'Apocalypse, en toute ignorance de cette publication.
  Il y a donc un autre sonnet isocèle dans Cosme, où Cosme a renoncé à toute ponctuation. Je m'étais pour ma part borné à un seul signe de ponctuation, à la fin de chaque vers, une virgule ou un point. La largeur des vers, 45 espaces, avait été dictée par le vers 4, palindrome phonétique,
oeil de Dieu l'amiral là rima l'oeil de Dieu.
  A noter que pour Cosme le "O bleu" de Rimbaud cache Dieu, comme dans les jurons type "sacrebleu","morbleu", etc. (mais "O Dieu" serait mal venu...)
  Mon sonnet a donc 14 fois 45 espaces, soit 630, et c'est un nombre qui peut être relié à 666, somme des 36 premiers nombres, tandis que 630 est la somme des 35 premiers nombres.
  Mieux, j'avais posté deux fois mon sonnet le 7 novembre 2018 sur la liste oulipo, car je m'étais emmêlé les pédales et avais d'abord posté ma première version, ensuite révisée pour parvenir au total gématrique 13 fois 444. Ainsi mes deux versions totalisaient 1260 espaces, autre nombre de l'Apocalypse, celui des règnes des Bêtes, 1260 jours, 42 mois, ou encore "un temps, et des temps, et la moitié d'un temps". J'ai supposé que les 42 espaces du sonnet isocèle de Cosme étaient choisis à partir de ce détail.

  Un bel exemple de surcodage est le titre donné par Cosme à ce sonnet isocèle de largeur 42, intercalé entre deux sonnets de 666 espaces,
L'ESPRIT DU DESIR = 666,
selon le code où
QUARANTE DEUX = 666.
  Le titre de ce billet est une anagramme de L'esprit du désir, et a donc aussi pour valeur 666, selon le code donné par Tolstoï.
  Il me semblerait plus joli d'avoir 18 lettres, comme L'EMPEREUR NAPOLEONE, mais réparties en 3 mots de 6 lettres, 6-6-6 = 666. Je n'ai pas trouvé d'anagramme significative à partir de cette expression, ni avec NAPOLEAN BUONAPARTE qui semble avoir présidé bien plus tôt à l'établissement de ce code, mais j'ai songé à mon cher Jacob-Abraham Soubira, lequel a composé vers 1830 divers poèmes composés de vers de valeur 666, selon une variante du code donné par Tolstoï, avec des valeurs identiques pour les lettres de A à V.
  Il ne reste qu'à prendre les poèmes de Soubira, repérer les vers de 18 lettres, et anagrammatiser.

  A partir du dernier vers d'un poème de 1828, "verra pâlir son égide", j'ai trouvé
    livres : danger, aporie
ou encore
    Olvera dénigre pairs
ces pairs étant les universitaires qui n'ont rien compris à Voyelles avant que n'arrive Cosme Olvera.
  A partir d'autres vers, j'ai trouvé
    sermon, salade futile
que le démon pourrait souffler aux fidèles allant à la messe,
    relief érudit centré
qui pourrait s'appliquer au sonnet isocèle.
  Le vers source m'a inspiré un écho anagrammatique,
    Et, rentier de Lucifer,
    Dieu te récrit l'enfer.

  J'achève ce billet la veille de Pâques, un 20 avril qui était aussi il y a 130 ans la veille de Pâques, le 20 avril 1889 au soir duquel est né un être au nom trois fois maudit,
    HITLER HITLER HITLER = 666,
toujours selon le code de Tolstoï ou de Soubira.
  Selon le codage ordinal immédiat,
    HITLER HITLER HITLER = 216 = 6.6.6.
  J'ai étudié ici un autre ensemble de 18 lettres (6+6+6) ayant pour valeur 216 (6.6.6) ou 666 selon deux codes immédiats. Ce sont les 18 lettres composant les sigles coraniques des sourates 40-46 et 50. Le Coran et Mahomet reviennent volontiers dans les compositions de Soubira.

  Puisque j'avais recopié les sonnets de Cosme pour en compter sans erreur les espaces, j'en ai profité pour les passer au Gématron, selon divers codages, ordinal, Soubira, Tolstoï... Le fait le plus immédiat est que ses deux poèmes de 666 espaces ont selon le code ordinal
523 lettres de valeur 5659,
532 lettres de valeur 6641.
  Il est difficile de tirer quelque chose de ces nombres séparément, mais la somme
5659 + 6641 = 12300.
  On peut penser à
GEORGES PEREC = 123, et j'ai vu le surcodage à l'oeuvre dans
LE PUZZLE = 123
de La Vie mode d'emploi partir du premier chapitre,
DANS L'ESCALIER, 1 = 123,
jusqu'au dernier,
BARTLEBOOTH, 5 = 123.
  S'il en allait de même des 98 autres chapitres, on aurait 100 fois 123... J'y ajoute aujourd'hui que, si le mystérieux poème du chapitre LI est bien l'âme du livre, Bernard Magné a baptisé "bathmostiche" son procédé d'acrostiche diagonal, et
BATHMOSTICHE = 123.

  Des numérologues de bas étage se sont extasiés du fait que les permutations circulaires de 123 ont pour somme
123 + 231 + 312 = 666.

  Cosme aurait-il négligé de compter les mots de Voyelles, 111? Ceci paraîtrait significatif si les 666 espaces étaient réels, sinon intentionnels. On sait ainsi que le mage Aleister Crowley, s'étant fait longtemps appeler "666", a opté à la fin de sa vie pour "777".
  Le premier sonnet 666 de Cosme a aussi 111 mots, l'autre 129. Moyenne 120 (en hébreu "cent", mea, a pour gématrie 46, et "vingt", esrim, 620, somme 666).

  Cosme donne un autre argument, un autre sonnet de Rimbaud, Oraison du soir, lequel a aussi 666 espaces. Ceci semble encore exact, mieux assuré même puisque la ponctuation n'y pose aucun problème, mais ne prouve qu'une chose: il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'un sonnet d'alexandrins compte 666 espaces, et il en existe certainement de nombreux autres. Ceci n'offre d'intérêt que s'il peut y avoir un rapport avec l'Apocalypse, et ce n'est pas le cas pour Oraison du soir.
  Cosme en appelle aux matheux pour calculer la probabilité que ces deux indiscutables 666 soient un "simple hasard", mais je me permets de souligner que ce hasard est beaucoup moins étonnant que les deux 46665 qui apparaissent dans un même rare contexte, si rare que je n'en connais aucune autre occurrence que ces deux cas: le film Pi (1998), de Darren Aronofsky, et le roman House of Leaves (2000), de Mark Z. Danielewski, s'achèvent tous deux sur un nombre qui fait référence au titre de l'oeuvre, la fraction 748/238 (=3.14...) et le document 081512 (à lire 08-15-12, H-O-L); ce nombre est précédé par un autre, qui dans chaque cas est 46665, et je crois avoir démontré que Danielewski l'avait choisi parce que c'était son code postal.

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