Il y a une quinzaine de jours, j'ai emprunté à la médiathèque de Gréoux Quai des enfers, d'Ingrid Astier, sans raison particulière. Je ne vois pas non plus pourquoi je n'ai pas lu plus tôt ce premier roman de l'auteure, paru en janvier 2010, ni les suivants.
Ce n'est qu'hier 8 juin que je l'ai ouvert, et découvert qu'il avait 55 chapitres, LV puisqu'ils sont numérotés en chiffres romains. J'ai aussitôt regardé son numéro ISBN, soit 9782070445554 (pour la première édition en folio policier de janvier 2012), et constaté que son numéro de publication, 44555, se terminait par 55.
Ce n'est qu'il y a peu de temps que je suis curieux de ces numéros ISBN, très précisément depuis le 7 mai dernier où j'ai découvert que le dernier Thilliez, Labyrinthes, paru le 5/5, avait 55 chapitres et que son numéro de publication était 15555.
Le premier personnage en scène y est l'inspectrice Camille Nijinski, et la valeur numérique de CAMILLE est 55. Elle a pour interlocuteur le docteur Fibonacci, et le roman voit défiler presque tous les nombres de la suite de Fibonacci jusqu'à 2584, 55 en étant le 10e terme.
J'ai donc commencé Quai des enfers avec une certaine fébrilité... Peu avant l'aube du 18 décembre 2008, la brigade fluviale trouve une barque amarrée devant le 36 quai des Orfèvres, à son bord le cadavre d'une femme, sans papiers, sinon une carte de visite dans son soutien-gorge, portant les coordonnées d'un certain Camille Beaux.
CAMILLE = 55 (3+1+13+9+12+12+5). De même la Camille de Labyrinthes détenait la clé de l'assassinat d'un homme non identifié.
Grâce à ce Camille, la victime est identifiée, le mannequin Kéa Sambre, 30 ans. L'enquête évolue dans les milieux artistiques de la capitale, et tout semble résolu au chapitre 34.
55, 10e terme de la suite de Fibonacci, est la somme des deux termes précédents, 34 et 21, et lorsque je tombe sur un roman en 55 chapitres je m'intéresse particulièrement à ce qui se passe au chapitre 34. J'avais déploré de ne rien trouver de significatif dans Labyrinthes, et je suis comblé ici.
Kéa Sambre avait entraîné dans la drogue Bianca Troppman, morte d'une overdose le 18 décembre 2003. Son mari l'artiste Jim Troppman exécute donc Kéa 5 ans exactement plus tard (5 est le 5e terme de la suite de Fibonacci). Lorsque les flics viennent l'arrêter le 22 décembre, chapitre 33, ils le découvrent mort, crucifié de dos, collé à une photo géante de sa femme Bianca. A ses pieds une inscription en lettres de sang: Le dernier baiser. A côté de lui git son âme damnée, le nain Tricky, mort d'une overdose.
Au chapitre 34 les enquêteurs concluent que Troppman a orchestré sa mort en un ultime acte artistique, avec l'aide de Tricky.
Le commandant Jonathan Desprez, responsable de l'enquête, peut partir passer les fêtes avec sa famille à l'île d'Yeu. Le 1er janvier 2009, il est rappelé à Paris, car une nouvelle barque porteuse de cadavre vient d'être trouvée, devant le Louvre. Il s'agit cette fois de Bella Cavallo, 28 ans, une connaissance de Kéa.
Puis le corps de Hayfa Saadeh est trouvé le 18 mars, dans une barque amarrée à l'île aux Cygnes. Un autre crime est commis le 14 mai, mais cette fois l'assassin est arrêté, il s'agit du journaliste Bertrand Gauss, qui couvrait l'affaire pour le Monde. Le meurtre de Kéa et les morts des réels assassins avaient réveillé en lui de sombres instincts...
Les suites additives de type Fibonacci ont un aspect fractal, ainsi le nombre 55 se répartit en 34-21, puis le 21 en 13-8, le 8 en 5-3, et ces trois répartitions font sens dans Quai des enfers.
Alors que la narration suivait les divers enquêteurs pendant les 34 premiers chapitres, où Gauss n'était apparu qu'à trois brèves occasions, elle se fixe sur lui au chapitre 35, dont voici les premières lignes:
Chapitre XXXVLe chapitre donne ensuite l'article de fond qu'il rédige pour Le Monde.
Gauss savait qu’il tenait un sacré article. La police avait ses méthodes. Lui, les siennes. Il les trouvait trop lents, trop prudents. Bornés par leurs procédures et frileux dans leurs investigations. Pour bâtir une série d’articles dignes de ce nom, il lui faudrait partir seul en quête de vérité.
A partir de ce chapitre 35 il reste donc 21 chapitres, dont le partage 13-8 mène à la fin du chapitre 47 et au début du chapitre 48:
« Et force pas trop sur la Bavaria dans les jours à venir. Je veux que tu sois d’attaque s’il te croise.Et on a droit ensuite à l'intégralité de l'article de Gauss. C'est le seul article donné, avec celui du chapitre 35.
— Qui il ? bredouilla Steve.
— Le tueur de la Seine. »
Chapitre XLVIII
En ouvrant le journal le samedi matin, Jo Desprez vit d’entrée la manchette de l’édition de la veille. On ne pouvait la rater. Le Tueur de la Seine frappe deux fois s’étalait à la une du Monde.
Il reste donc 8 chapitres, le partage 5-3 menant à la fin du chapitre 52, où l'assassin masqué est arrêté, et au début du chapitre 53, où on apprend que c'est Gauss. Ce chapitre 53 est aussi celui de sa confession, et du long billet d'adieu qu'il signe avant de se suicider dans sa cellule, ainsi les seuls "papiers" signés Gauss apparaissent aux chapitres débutant les 21-8-3 chapitres, partages mineurs des 55-21-8 résultant d'une fractalisation du roman.
C'est plutôt significatif, mais une recherche "Ingrid Astier" "Fibonacci" n'amène aucun résultat. Je me permets de signaler que, quelques années avant la parution de Quai des enfers, j'avais consacré un article de mon premier blog à une triple césure d'or identique dans un film de Rohmer, chaque fois à la seconde près.
J'ai décidé de ne plus parler de Rohmer, pour les raisons données ici, mais divers témoignages m'ont conduit à la quasi-certitude que mes supputations sur le temps et l'espace dans ses films étaient, pour l'essentiel, exactes.
Je suis bien plus circonspect pour tous les sujets où je n'ai pas de témoignages directs, quelle que soit la quantité des éléments en faveur de telle ou telle thèse. Il y a le hasard, bien sûr, mais pas que...
Ainsi, il semble évident que l'accumulation des nombres de Fibonacci dans Labyrinthes est intentionnelle, et que Thilliez a déjà exploité cette suite dans plusieurs autres livres, mais que penser de ces commentaires issus de ses "secrets d'auteur"?
Vous l’avez peut-être remarqué, il y a trois temporalités très différentes dans le livre : la séquestration de Julie qui s’étend sur huit ans, la quête de Lysine qui dure une semaine, et le mystère autour de Véra, qui se passe principalement sur vingt-quatre heures. Ces trois fils sont à peu près équilibrés, en termes de volume, même si le nombre de chapitres diffère légèrement : 20 sont consacrés à Véra, 23 à Lysine, et 16 à Julie.Ce "Thilliez" ne semble pas savoir que le roman publié a 55 chapitres, alors qui est l'auteur de quoi? Il explique ensuite dans ces "secrets" comment il a subtilement joué avec les éléments climatiques et géographiques pour induire les lecteurs à penser que l'histoire de Véra se déroule en hiver, alors qu'elle se situe juste après l'histoire de Lysine, laquelle prend la route vers le Jura "une nuit pluvieuse d'avril 2021", juste après avoir massacré Theobald, un complice de Traskman.
J'avoue n'avoir guère prêté attention aux "considérations atmosphériques", mais un lecteur attentif a repéré que, lorsque Traskman retrouve Julie-Lysine-Véra, pas plus de quelques jours plus tard en principe, il l'informe que Theobald la cherche aussi, après quatre mois d'hospitalisation...
Ça, ça n'est pas subtil du tout, et je soupçonne que ces incohérences, qui sont loin d'être les seules, sont intentionnelles.
Pourquoi ? Peut-être parce qu'un être se jugeant supérieur à ses congénères imagine se le confirmer en leur faisant avaler n'importe quoi. J'ai (re)cité dans le précédent billet Ricardou qui assurait que "les marchands de Pise" d'un de ses écrits devait se comprendre "Léonard de Pise" (Fibonacci), et la date associée 1203 "0-1-2-3" (nombres de sa fameuse suite).
C'est loin de pouvoir tout expliquer. Si rien n'empêchait Thilliez de truffer de Fibos son roman en 55 chapitres, sa parution un 5/5 avec le numéro de publication 15555 demande de fabuleux hasards, ou des complicités, sinon une combinaison des deux.
Aller plus loin pourrait friser le délire paranoïde, mais ceci peut entrer dans les plans d'éventuels comploteurs. Comme disait Baudelaire (mais entre guillemets), La plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas!
Toujours est-il que des questions se posent, et que certaines peuvent recevoir des réponses simples.
Pour l'heure, je n'en ai pas fini avec cette nouvelle ahurissante coïncidence qui m'a mis entre les mains juste après Labyrinthes un roman en 55 chapitres avec un numéro de publication s'achevant sur 55, originellement publié en 2010 (souvent abrégé en 10, et 55 est le 10e terme de la suite de Fibonacci).
Rencontre-t-on des nombres de Fibonacci dans Quai des enfers? Certes pas autant que dans Labyrinthes, mais il y a au moins deux 55. Le dealer qui fournit les élites parisiennes en came conduit une Mercedes SLK 55 AMG noire.
Une des anecdotes contées à propos de la Seine concerne chapitre 38 les 55 Boules de Moulins, des boîtes imperméables contenant du courrier pour les Parisiens pendant la Commune, confiées au fleuve en amont, mais aucune ne fut alors récupérée.
La Seine est dite chapitre 46 être le vingt et unième arrondissement de Paris.
8 et 21 sont présents dans la dernière phrase du chapitre 51, pour la dernière victime de Gauss:
Elle s’appelait Marina Ferdane. Huit minutes avant, cette très belle fille aux grands yeux d’ambre pouvait encore être fière de ses vingt et un ans.Je suis loin d'être certain que la Camille de Labyrinthes ait été choisie pour sa valeur 55, et je suis encore plus circonspect pour le Camille de Quai des enfers, personnage relativement secondaire.
Il existe cependant un mot important de valeur 55, SATAN, et il apparaît dès la deuxième phrase du roman (comme d'ailleurs Camille Nijinski dans Labyrinthes):
Chapitre I
« Hé Steph, qu’est-ce qu’y a de plus noir que les eaux de la Seine la nuit ?L'adjectif "sataniste" apparaît sous la plume de Gauss, à propos de la crucifixion de Troppman.
— J’sais pas moi… L’œil de Satan ?…
Je remarque au passage que le Gauss le plus célèbre est un mathématicien (Carl Friedrich). Ce serait un peu plus subtil que le docteur Marc Fibonacci de Thilliez. Incidemment, Gauss a un contact à la PJ nommé Marc Valparisis.
L'escapade de Noël à l'île d'Yeu m'a apporté une révélation, car
D'YEU = 55, donc DYEU = SATAN.
Si le nom de l'île vient d'un mot allemand signifiant "île" (...), elle s'est longtemps appelée Isle Dieu, jusqu'à la Révolution,
et très probablement plus tôt Isle Dyeu, car Dieu était très souvent orthographié avec un Y avant le 17e siècle (multiples exemples ici).
Tiens, ILE connaît depuis peu une nouvelle anagramme, le pronom "iel" entré le mois dernier dans la nouvelle édition du Petit Robert.
Je suis depuis longtemps frappé par les valeurs des deux pronoms
IL = 21, ELLE = 34,
deux Fibos dont la somme est le Fibo suivant, 55.
Une forme alternative de ce pronom neutre est "ille", effectivement utilisée, et je suis encore frappé par sa rime éventuelle avec le prénom épicène
CAMILLE = 55
présent selon les deux genres dans les deux romans de 55 chapitres.
Le billet sur Labyrinthes était suffisamment long pour que je m'y sois abstenu de mentionner d'autres romans de 55 chapitres, ou 55 sections, en comptant Prologue et Epilogue.
C'est notamment le cas du Baiser de Jason (2005) de Laurent Scalese, un proche de Thilliez, mais ce roman est antérieur à la première création éventuellement fibonacienne de celui-ci, Deuils de miel (2006), en 34 sections.
Les 55 sections du Baiser de Jason offrent une césure significative à la section 34, et il est frappant que les premiers chiffres de la section 1 soient 34 (pour "A340" dès la première phrase), et que ceux ouvrant les 21 sections finales soient 21 (pour "vingt et une heures quarante cinq" dès la seconde phrase).
Par ailleurs deux pistolets Glock sont mentionnés dans le roman, un Glock 34 parmi ses 34 premières sections, un Glock 21 parmi les 21 dernières (il existe quantité d'autres modèles de Glock).
Je m'en tiens là pour ce rappel, et ce dernier point m'amène à une curiosité. Au chapitre 33 de Quai des enfers, un des flics s'apprêtant à investir la villa de Troppman est anxieux:
Marcelo Gavaggio tremblait pour d’autres raisons : il avait les boyaux noués, supportant mal les séquences d’ouvre-boîte. Instinctivement, il garda sa main sur son arme – un pistolet automatique Sig Sauer SP 2022 .9 mm. 2022 pour la date où il changerait d’arme.Bizarre. Un flic peut-il décider 14 ans à l'avance de ce que sera son arme de service? Une contradiction pourrait apparaître quelques lignes plus loin, avec ceci:
Chacun tenait son Glock des deux mains, doublé d’un inquiétant faisceau lumineux fixé sur le rail. Jo retenait sa respiration, tandis que Gavaggio se tordait les mains.Comment se tordre des mains tenant un Glock alors que son arme est un Sig Sauer? De telles incohérences* ne seraient-elles pas des jeux entre "comploteurs", comme les 4 mois d'hosto du malfrat de Thilliez blessé quelques jours plus tôt? Le complot avait-il déjà prévu que serait publié en 2022 un autre roman en 55 chapitres, avec divers échos, tel "Camille"?
* Je souligne qu'il s'agit d'une réédition, et que des lecteurs pointilleux de l'édition brochée auraient pu signaler cette incohérence (qui aurait dû être repérée par l'éditeur Gallimard). Il y a pourtant des modifications du texte dans l'édition de poche.
C'est une équipe de 8 flics qui investit la villa de Troppman, or Jean-Baptiste Troppmann a été guillotiné en 1870, jugé seul coupable de 8 assassinats. L'idée d'un complot a été émise.
Note: çoeur dp me signale que Troppmann est le nom du narrateur de Le bleu du ciel, de Georges Bataille, pour qui "Satan" était si familier. Ceci me rappelle que Thilliez a nommé dans L'anneau de Moebius (2008) l'un de ses assassins Noël Siriel, nom du narrateur criminel d'Aurora, de Leiris.
Suite le 15/6: Ceci me rappelle l' "équation de faits" tympan à courtisane, typiquement rousselienne, dans Deuils de miel (2007). Les messages complémentaires cachés dans l'oreille d'une prostituée et le tympan d'une église permettent de localiser Olivier Tisserand, mêmes valeurs 90-109 que Raymond Roussel. Il me semble inconcevable que Thilliez ait pu connaître alors Leiris et Roussel.
Si Steinbeck est plus accessible, et s'il est aisément acceptable que Caleb Traskman vienne du jumeau assassin Caleb Trask d'A l'est d'Eden, on peut se demander si l'extension de Trask en Traskman n'a pas un rapport avec Troppman. Par ailleurs le jumeau que Caleb Traskman tue se prénomme Martial, prénom étroitement associé à Roussel (dont le cas est décrit par Janet sous le pseudo Martial).
Caleb Traskman travestit sa propre histoire dans Le manuscrit inachevé, en faisant tuer Jullian Morgan par son jumeau David. Si ce nom est forgé d'après les syllabes JU-MO, il n'y avait rien d'obligatoire pour que la forme exacte soit Jullian, nom d'un des principaux personnages de Quai des enfers, Rémi Jullian.
J'ai commenté le 02/02/2020 la parution quasi simultanée de Victime 2117 et de Victime 55.Suite le 15/6: Ceci me rappelle l' "équation de faits" tympan à courtisane, typiquement rousselienne, dans Deuils de miel (2007). Les messages complémentaires cachés dans l'oreille d'une prostituée et le tympan d'une église permettent de localiser Olivier Tisserand, mêmes valeurs 90-109 que Raymond Roussel. Il me semble inconcevable que Thilliez ait pu connaître alors Leiris et Roussel.
Si Steinbeck est plus accessible, et s'il est aisément acceptable que Caleb Traskman vienne du jumeau assassin Caleb Trask d'A l'est d'Eden, on peut se demander si l'extension de Trask en Traskman n'a pas un rapport avec Troppman. Par ailleurs le jumeau que Caleb Traskman tue se prénomme Martial, prénom étroitement associé à Roussel (dont le cas est décrit par Janet sous le pseudo Martial).
Caleb Traskman travestit sa propre histoire dans Le manuscrit inachevé, en faisant tuer Jullian Morgan par son jumeau David. Si ce nom est forgé d'après les syllabes JU-MO, il n'y avait rien d'obligatoire pour que la forme exacte soit Jullian, nom d'un des principaux personnages de Quai des enfers, Rémi Jullian.
Le second est un roman qui avait pour seul titre en VO 55, et qui compte 55 chapitres. Je n'avais rien trouvé de spécial à en dire, mais il me vient maintenant que, le tueur se pensant être l'instrument du Diable, il pourrait y avoir un jeu avec
SATAN = 55.
J'observais que Victime 2117 a 61 chapitres, la narration y suivant divers personnages:
- 34 chapitres suivent les membres du département V;
- 21 chapitres suivent Ghaalib et son otage Joan;
- 6 chapitres suivent le jeune Alexander, projetant un crime dérisoire par rapport à l'attentat de masse préparé par Ghaalib..
Ainsi, en omettant l'affaire secondaire "Alexander", on a 55 chapitres répartis en 34 "département V" et 21 "Ghaalib-Joan" (Joan est en quelque sorte le porte-parole de Ghaalib).
J'avais rapproché ceci d'un autre roman d'Adler-Olsen, Promesse, en 55 sections offrant une nette possibilité de partage 34-21.
Dans Victime 2117, le journaliste minable Joan Aiguader se trouve propulsé au premier plan de l'intrigue. Je m'étais abstenu de livrer ce que m'inspirait la profession "journaliste" de Lysine Bahrt dans Labyrinthes, victime du tueur en série Traskman, et le journaliste tueur en série Gauss aurait suffi pour m'amener à révéler que JOURNALISTE est l'un des trois seuls substantifs français singuliers composé des lettres ESARTULINO et d'une autre lettre (les autres sont "langoustier" et "surgélation", moins immédiats à caser)..
Gef avait remarqué que Perec avait négligé ce mot dans le recueil Alphabets, où chacune des combinaisons ESARTULINO + une autre lettre revient 121 fois.
Je remarque pour ma part que JOURNALISTE est un mot de valeur 144, 12e terme de la suite de Fibonacci.
Quelques précisions sur le titre de ce billet. J'ai aussi pensé à
Satan conduit la barque
ou
Histoire des Cinquante-cinq
en pensant à Histoire des Treize. Le complot ourdi par Balzac aurait-il grossi, imposant à chaque nouvelle cooptation un nombre fibonaccien d'entrants? Tiens, la Ligue de l'Imaginaire compte actuellement 21 membres. Thilliez et Scalese en font partie, de même que d'autres auteurs évoqués sur Quaternité, notamment pour nombre d'or et Fibonacci, Werber, Giacometti-Ravenne, Loevenbruck, Chattam, Minier.
Tiens, cette Ligue a été créée le 18 décembre 2008, le jour même de l'assassinat de Kéa Sambre! le jour où débute Quai des enfers!!
Ingrid Astier ne figure pas dans la liste des membres de la Ligue.
J'ai donc écrit cOMpLOt pour souligner les lettres symétriques
OMLO = 55.
Ces lettres permettent de forger
LOOM, "métier à tisser". Le "re" du vers de Boileau
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrageimplique une ébauche initiale, soit 21 formes en tout, et je pense au premier Art Poétique, celui d'Horace, dont les 476 vers se répartissent en 294 traitant du poème, et 182 du poète, avec
294/182 = 21/13, parfait rapport fibonaccien.
OLMO est "orme" en italien, ce qui me rappelle la "Coupure de l'orme", un élément de la "Belle histoire" de Rennes-le-Château, imaginée par Plantard, faisant aussi intervenir le nombre d'or dans ses élucubrations.
Je pense aussi à Philibert Delorme, l'architecte de Thoiry, que l'actuel propriétaire voit entièrement déterminé par la suite de Fibonacci, avec notamment une hauteur de 55 pieds.
En 2004, un labyrinthe (!) conçu selon le nombre d'or a été installé dans le parc du château.
OML est une abréviation SMS pour Oh My Lord! J'étendrais volontiers en un vonnegutien* OMLO pour Oh My Lord! Ooooooooh!
* Why don't you take a flying fuck at the mooooooooooooon? in Slapstick, 1976.
Quant aux autres lettres de ComPloT, je les identifierais aisément à
- Calame (Alain), auteur de Une affaire en or, où Léo le Pisan (plus immédiat que "les marchands de Pise") commet une série de crimes à des dates fibonaciennes, à partir du 24 février, 55e jour de l'année;
- Perec (Georges), auteur d'Alphabets, où les occurrences du mot "or" dans les deux parties forgent le rapport 55/34;
- Thilliez, bien sûr, ou Tellier (Hervé Le), auteur du 55e Poulpe, La disparition de Perek, où il a eu soin de transformer Perec en
PEREK = 55.
Ce 341e billet de Quaternité, concernant essentiellement
QUAI DES ENFERS = 143,
est publié le 14 juin, 165e jour de l'année, avec 165 = 3 fois 55.
Ce facteur 3 me rappelle que je me suis abstenu de poursuivre la fractalisation de 55, ayant d'abord donné 34-21, puis 13-8, puis 5-3.
3 se partage ensuite en 2-1, et je me suis penché sur les 3 derniers chapitres du roman, 53-54-55.
Le chapitre 53 est donc la confession de Gauss et son suicide.
Le chapitre 54 est consacré au second flic important du roman, Rémi Jullian, de la brigade fluviale, blessé par Gauss. L'arme de ce Rémi est aussi un Sig Sauer SP 2022.
Le chapitre 55 revient au flic principal, Jo Desprez, le montrant lire un article de l'alpiniste Reinhold Messner, dont les propos lui évoquent Gauss, le roman s'achevant ainsi:
Mais là, les paroles de l’alpiniste donnèrent au solitaire ultime qu’était le meurtrier un autre relief.Ainsi après les chapitres 35-48-53 aux positions fractales équivalentes, seuls chapitres où Gauss s'exprimait par écrit, voici que le dernier chapitre résultant de cette décomposition fractale apporte, par un autre écrit, une nouvelle dimension aux actes de Gauss.
Très nettement, Jo fut envahi par une atroce pensée: le meurtrier tuait pour revenir vers les hommes. Il tuait pour quitter sa solitude et réintégrer la société.
Un instant, il fut là-haut.
Là-haut avec le tueur, dans le grand désert blanc.
Note du 23/08/24: Messner est aussi cité dans Vertige, publié l'an suivant (2011) par Thilliez. J'ai tenté de résumer dans ce billet les bizarreries de l'heptalogie débutant par ce roman, où figure notamment Labyrinthes et ses 55 chapitres, et je n'en ai pas épuisé l'étude.
Je n'ai pas abusé de la gématrie jusqu'ici. Les noms propres abondent dans Quai des enfers, chacun pourrait être analysé, mais je m'en tiens aux trois victimes "mises en Seine" par Gauss:
Bella Cavallo = 32+66 = 98
Hayfa Saadeh = 41+38 = 79
Marina Ferdane = 56+53 = 109
(vérification sur le Gématron)
La dernière victime est particulière, car Gauss est arrêté avant d'avoir pu la charcuter et l'installer dans une barque. Les valeurs des deux premières totalisent 177, dont la section d'or arrondie au plus proche entier est 109, valeur de Marina Ferdane.
Tiens, FERDANE est l'anagramme de A D'ENFER. Gauss a choisi des victimes au prénom se terminant par A, Parce que c’est la voyelle de l’extase : elle ouvre la bouche comme l’on écarte les jambes d’une femme.
Gauss avait déjà commis un crime dans sa jeunesse, il avait poussé dans la Seine glaciale Inès, 19 ans, qui se refusait à lui. INES a fini dans la SEINE...
177 et 109 sont des doubles Fibos moins un:
177 = 2 x 89 − 1; 109 = 2 x 55 − 1.
C'est aussi le cas de la valeur de GAUSS,
67 = 2 x 34 − 1.
Après avoir bu le calice jusqu'au "iel", peut-être faut-il aller jusqu'à la LI, éventuel sigle de la Ligue de l'Imaginaire. Constatant que ces initiales LI ont la valeur 21, nombre de membres de la ligue, j'examine les mots correspondants:
LIGUE + IMAGINAIRE = 54 + 86 = 140.
Je connais bien ces nombres, appartenant à la série Bleue du Modulor, système que Le Corbusier a développé à partir de la suite de Fibonacci exprimée en pouces, ainsi
21 - 34 - 55 pouces équivalent à 54 - 86 - 140 cm.
J'ai décelé une étonnante accumulation de valeurs de cette série dans un roman de 2006 de Thilliez, autour du criminel
ARTHUR + DOFFRE = 86 + 54 = 140.
Le Corbusier est mentionné dans Quai des enfers, la villa de Troppman étant située 1 square de Montsouris, voie privée au bout de laquelle il y a la villa Ozenfant, dessinée par Le Corbusier.
Ingrid Astier a logé son artiste criminel dans la villa Guggenbühl, conçue par André Lurçat, d'ailleurs nommé.
1 commentaire:
Bonjour Rémi,
Quand j'ai lu cet article, je venais juste de finir Obia, un polar de Colin Niel qui se déroule en Guyane. Page 537, entre autres, il est question du Sig Sauer SP2022, calibre 9 mm. Une arme que je découvrais par ailleurs (je ne suis aucunement connaisseur en la matière).
Par réflexe, j'ai aussitôt vérifié le nombre de chapitres : 53.
Mais il y a aussi un prologue et un épilogue. Si on les compte, cela fait bien 55.
Juste après, j'ai lu L'Anomalie, d('Hervé Le Tellier, enfin paru en poche. Surprise, j'y ai retrouvé, au sujet du premier personnage rencontré, Blake, la mention du Sig Sauer.
Voilà, ce sont de petits échos à ta chronique.
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