27.6.24

tergiv...ersons

à Lolo & Riri

  Vertige, titre de Thilliez, est un mot composé des lettres E-G-I et R-T-V, doublement symétriques dans les deux moitiés de l'alphabet. Ainsi EGI devient RTV en rot-13, et vice-versa, et VTR en atbash, et vice-versa aussi. Il s'agit des seuls codages logiques où une double application du codage restitue le message initial.
 

  Ceci m'a conduit à chercher des mots composés des seules 6 lettres EGIRTV. Le GRIVET est un singe devenant TEVIRG en rot-13, TREVIG est un toponyme breton devenant GIVERT en atbash.
  Grivet est un patronyme courant, notamment celui d'une colistière de la liste Oulipo qui m'a fait connaître cette particularité en 2002. Il en va de même de Givert, notamment patronyme d'un dramaturge, auteur en 2002 de ce Neveu d'Einstein, amusant car j'ai souvent mentionné un thriller où Einstein était imaginé avoir laissé un message codé en atbash. Je m'émerveille du triangle en couverture, car ce message concerne OR,  "lumière" ou "feu" en hébreu, or le triangle pointe en haut est le symbole du feu, ou du masculin (le mot OR est doublement codé par son atbash LI, "feu" en chinois, puis le renversement IL).

  Ma plus surprenante découverte a été celle de deux romans portant le titre VERTIG, mot pourtant sans signification.
 

  Il y a donc VertiG (2019), une New Romance de Laureline Eliot (pseudo de Laureline Maumelat), et Vertig (2005), de Richard Morgiève, auteur reconnu, titulaire de plusieurs prix littéraires, dont le prix Wepler pour Vertig.
  Les 3 vignettes de droite de l'image ci-dessus résultent d'une seule capture d'écran, sur cette page, après avoir sélectionné ce 24/06 le première image (Booknode).

  J'imagine que, dans une même langue, il est déjà extravagant de trouver deux romans ayant pour titre un même mot inexistant, mais il devient vertigineux, c'est le mot, que ces romans offrent de rares points communs, bien qu'ils appartiennent à des genres fort différents.
  Je n'avais jamais lu jusqu'ici de New Romance, une évolution de la romance style Harlequin incluant à ce que j'en savais des descriptions détaillées de scènes sexuelles.
  Il n'y a en fait rien de tel dans VertiG. Les deux principaux personnages, Ava Langlois et Oliver Astier, y baisent, certes, mais pas si souvent que ça, et sans détails. Ainsi un organe génital n'est nommé qu'à deux reprises, "sexe", une seule fois pendant un acte effectif. Je remarque cependant que la couverture de VertiG(e) peut suggérer "VerG(e)"...
  Ava, 28 ans, dirige la compagnie d'escort-boys VertiG, qui n'offre ses services qu'à des femmes cherchant la compagnie d'hommes, sans qu'il soit question de sexe au départ. Oliver, 30 ans, est l'un de ses employés. Ava, attirée par Oliver, refuse toute relation affective, alors qu'Oliver désire bâtir une relation durable, et doit briser les murs qu'à érigés Ava...
  Le roman a la particularité d'offrir une stricte alternance de 42 chapitres introduits alternativement par Ava et Oliver, narratrice et narrateur à tour de rôle. Ce n'est pas une innovation, mais je suis incapable de citer un autre cas où l'alternance est observée aussi strictement; il peut y avoir d'autres personnages, ou un épilogue réunissant les deux fils narratifs.

  Vertig de Morgiève est un "thriller lacanien" (selon Philippe Didion) en 950 sections introduites alternativement par Un et Zéro. La seule anomalie que j'ai relevée dans cette alternance hypnotique est page 168, où la section 537 est introduite par UN:
 

  Est-ce intentionnel? Auquel cas je n'ai aucune idée de ce que ça peut signifier... C'est moi qui ai numéroté les sections, calcul ensuite vérifié. Esther est ici la soeur de Gégé, mais le contexte suggère la lecture "Est-ce taire ?" J'ai signalé ici que la seule occurrence biblique de esther en tant que verbe ("cacher") y a trait à Caïn chassé "à l'est d'Eden" et déclarant "je serai caché".

  Le roman est écrit à la première personne, par Gérard Mas, dit Gégé, double de l'auteur, orphelin à 13 ans, Mas étant le nom du beau-père qui l'a ensuite élevé. Ava est aussi dite Vava dans VertiG. Gérard est patron d'une entreprise, Technolevage, fabriquant des ponts. Ava chercherait à créer des ponts entre les individus?
  C'est dans la dernière section des deux romans qu'est révélée la signification du titre. Au chapitre 42 de VertiG, après bien des rebonds pas forcément nécessaires,
Ava avoue son amour pour Oliver, et lui révèle le secret du nom de son agence:
– C’est l’acronyme d’une phrase qui avait du sens quand j’ai développé l’idée. « Vous Êtes en Relation avec un Travailleur d’Intérêt Général », explique-t-elle en éclatant de rire. Ridicule, non ?
  Vertig est un roman biotextuel, où Gégé, ou plutôt Riri, tente d'exorciser les drames de sa vie, sa mère morte d'un cancer lorsqu'il avait 7 ans, son père suicidé lorsqu'il en avait 13, sa première femme qui vient de mourir d'un cancer.
  Gégé est à la recherche d'un mot. Un premier indice lui vient à la section 613, limitée à un mot, Vierzig. Il se souvient d'une litanie en trois mots qu'il se répétait jadis. Le second mot lui vient à la section 739
                  Un
Fünfzig !

                  Zéro
VIERZIG FÜNFZIG !

                  Un
J'ai crié VIERZIG FÜNFZIG ! J'étais tout près tout près du mot j'ai.

                  Zéro
VIERZIG FÜNFZIG ! J'ai.

  Et c'est dans la section 950, la plus longue du texte, que le mot arrive. Son père, né en Pologne, Morgiewicz apprendra-t-on dans un autre livre, lui parlait souvent en allemand. Ou en yiddish, là j'extrapole, mais son père est supposé être juif.
Pour nous prévenir de la mort de notre mère mon père avait dit: "C'est fini. Elle ne souffrira plus." Ultérieurement il s'était mis en tête de m'apprendre l'allemand et fertig signifie - fini. C'est fini - c'est fertig que j'écrivais VERTIG même si je me répétais comme une prière mon pense-bête absurde - VIERZIG FÜNFZIG FERTIG V F F ! VIERZIG FÜNFZIG FERTIG V F F ! Elle était morte elle ne souffrira plus c'est VERTIG c'est fini - c'était le vertige sans elle (...)
vertige sans "e" sans eux puisqu'il se suiciderait se suicidait me laissait seul et tout était vide tout était vertig mais je temps était allé je vivais et à cette heure le vertige le vertig ça me faisait penser à fertile c'est fertile - "C'est fertile Richard. Elle est morte tu as traversé la rivière."
  Je précise que, en allemand, V en début de mot se prononce comme F. J'avais pensé à ce mot fertig dans mon étude de l'heptalogie de Thilliez qui semblait constituer une équation fibonacienne à lire à rebours, 68 chapitres de (7) à ajouter aux 220 de (4-5-6) puis ajouter à ce 288 les 89 de (3) pour avoir 377, qui avec les 64 de (2) donne 441, valeur de l'hébreu "vérité". Ce n'est qu'alors, en finale, qu'on peut comprendre le rôle de Vertige, (1), se passant dans le gouffre Vérité.
  Le mot final de Vertig est VERTIG.
  Il y a un vertige de l'infini, plus aisément sensible aux mathématiciens et aux alpinistes.
  Le mot lui-même est curieux, se renversant en inifni... Et l'Un, est-il fini? Il y a une infinité de nombres entiers, et un autre infini de nombres fractionnaires, entre Zéro et Un, formé des inverses des entiers. Cantor a montré que ces infinis étaient de nature différente, et qu'entre les interstices de ces nombres fractionnaires existaient d'autres infinis, infiniment peut-être... Cantor a fini dingue...

  Un autre point commun entre les deux romans est peu immédiat: aucun nom de lieu n'est précisé. On peut imaginer qu'ils se passent en France, mentionnée une fois dans VertiG, pour dire que la famille de la secrétaire d'Ava est éparpillée aux quatre coins de la France. Si l'agence VertiG est dans une ville, rien ne précise si elle est de moyenne ou grande importance.

  C'étaient les coïncidences absolues entre les romans, accessibles à tous les lecteurs.Et puis il y a mes obsessions personnelles...
  Lorsque j'ai appris il y a peu l'existence du genre New Romance, aussi traduit Nouvelle Romance, j'ai aussitôt pensé à Ricardou, lequel a utilisé le logo de son éditeur, Les impressions nouvelles, pour transformer le nom de son essai Le nouveau roman en Les romances nouvelles, et l'utiliser pour un chiffrage complexe dans un recueil de nouvelles en 1988.


  Or Ricardou a aussi imaginé une numérologie particulière, dans laquelle la lettre O vaut zéro, les autres lettres ayant les valeurs de leurs rangs une fois O ôté.
  Ainsi, dans  La prise de Constantinople (1965), des explorateurs vénusiens découvrent une roche, avec des fissures pouvant se lire LEON, et une exploratrice constate que c'est le prénom de son collègue Léon Doca: 
- Pas du tout, rétorque Doca. Il suffit de ne plus hésiter à inverser complètement la lecture pour découvrir le simple nombre 4031 qui n'offre pas le moindre rapport avec l'un quelconque d'entre nous. D'ailleurs...
- En es-tu si assuré, Doca ? dit Elise Sas. J'aimerais avancer une brève démonstration. Donnons au zéro la valeur d'un O, puis considérons en chaque chiffre la lettre qui lui correspond dans l'alphabet. Nous découvrons alors le sens de ce mystérieux message: 4 égale D, zéro donne O, 3 signifie C, 1 indique le A de Doca.
  Alors aux initiales A d'Ava et O d'Oliver correspondraient Un et Zéro, les intitulés des sections de Vertig, comme Ava et Oliver sont ceux des chapitres de VertiG.
  Je suis venu à ces romans parce que EV-GT-IR sont des couples atbash dans notre langue, or Oliver est probablement le seul prénom usuel formé de 3 couples atbash, EV, IR, LO.

  J'ai poursuivi plus haut la citation de Vertig jusqu'à "traversé la rivière", parce qu'elle me semble importante, et d'autres passages du roman pourraient être cités, en rappelant que l'entreprise de Gégé construit des ponts. RIVIER-E comme VERTIG-E est un mot dont les lettres appartiennent toutes à des couples atbash.
  Le couple TG de VERTIG-E est remplacé par RI dans RIVIER-E. Il me souvient qu'un épisode important du film TRUE GRIT est la traversée d'une rivière. Rooster Cogburn et La Boeuf ont interdit à la jeune Mattie de traquer avec eux les meurtriers de son père, mais Mattie traverse à cheval la rivière, et son entêtement convainc Cogburn de la laisser les accompagner.
  Ce qui était interdit sur une RIVE devient licite sur l'autre EVIR (rot-13), l'autre IREV (atbash).

  True Grit, le vrai courage. C'est encore la vérité qui a guidé ma démarche, et notamment la valeur du mot "vérité" en hébreu, 441, ou 21 au carré, ce qui est exploité par l'exégèse, interprétant le nom divin "Je suis qui je suis" par le carré de la valeur 21 de "Je suis".
  Il y a 21 chapitres Ava et 21 chapitres Oliver.
  C'est un peu plus compliqué pour Vertig, où il y a des sections vides; on passe directement de Zéro à Un, sans texte, ou réciproquement. Il y a ainsi 52 sections vides en tout, avec un net avantage pour les Zéro, 34, contre 18 pour les Un. Autrement dit, il y a 441 sections Zéro avec du texte, contre 457 Un.

  A 14 reprises deux sections vides, jamais plus, se suivent, Un-Zéro ou Zéro-Un. Je me suis demandé si les 2 et 1 apparaissant ainsi pouvaient coder du Morse, avec trait pour 2 et point pour 1. Les 52 sections vides se répartissent ainsi:
2 1 2 2 2 1 1 1 1 1 1 2 1 2 1 1 2 2 2 1 1 2 2 1 1 1 2 1 1 1 1 1 1 2 2 1 1 1
  Aux lettres VERTIG correspondent les codes
V: 1 1 1 2; E: 1, R: 1 2 1; T: 2, I: 1 1; G: 2 2 1
et il est plutôt frappant qu'une tentative de décodage utilisant au mieux ces codes (soit en choisissant à chaque étape la lettre dont le code est le plus long) débute ainsi
T E T G I V R E T
livrant non seulement une succession des 6 lettres, mais dans un désordre en donnant une autre signification
TET GIVRET, t'es givré, ou T GIVRE...

  Il y a bien sûr de multiples autres possibilités en utilisant tout l'alphabet... TETGIVRET s'achève section muette 432, et il est intéressant de lire ce qui se passe ensuite, des sections 433 à 442 (j'omets quelques mots)
                  Un
Assis derrière la palissade je regardais dans le trou - je regardais de l'autre côté du fleuve ou de la rivière (...)

                  Zéro
Je me taisais.

                  Un
Je me masturbais.

                  Zéro
Je me masturbais (...)

                  Un
(...) Le mystère du trou est dans la masturbe dans la perturbe de mon patronyme. Dont.

                  Zéro
(...)

                  Un
(...) le trou c'était la tombe dans la tombe on mettait la mère et plus tard le père (...)

                  Zéro
(...)

                  Un
Pour moi c'était le foutre c'était le foutre qui prenait c'était le foutre qui animait qui faisait vivre.

                  Zéro
Le problème sur la tombe de ma mère était écrit ANDREE COLOMBE (...)
  Désolé de trahir par ces omissions. Il faudrait tout citer, et surtout lire tout le livre. Si Gérard Mas utilise son patronyme pour le jeu "masturbe"-"perturbe", ailleurs Richard joue avec son prénom dont le diminutif Dick signifie "bite" en anglais.
  Il semble bien que la mère de Richard était prénommée Andrée, son nom de jeune fille était-il Colombe? J'anticipe sur la trilogie United colors of crime - Boy - Love, dont l'étude devra probablement être remise à un prochain billet, pour remarquer un écho entre "tombe" "colombe" "boy" "love" et ma découverte récente d'un live du 23 mai 1976, 35e anniversaire de Dylan, où il interprète avec Joan Baez le traditionnel Railroad Boy, dont le dernier couplet est
Go dig my grave both wide and deep,
Put a marble stone at my head and feet,
And on my breast put a snow white dove,
To warn the world that I died of love.



  J'ai été frappé par leur interprétation, et peu après ces fertigen rimes dove-love (colombe amour) sur la tombe de la fiancée du railroad boy, je découvre ces rimes colombe-tombe après l'éventuelle énonciation de TETGIVRET.
  J'adore ces ballades tragiques. Je connaissais par coeur Pretty Polly qui était à mon répertoire quand je jouais de la guitare, et j'appréciais Railroad Boy dont je ne connaissais que la version de Joan Baez seule.
  LOVE est aussi un mot composé de deux couples atbash, et BOY, le second volet de cette réelle trilogie complète, introduit un autre couple, BY.

  Je suis effaré des jeux MAS-PER-MER et RICHARD-DICK-BITE.
  Il y a pas loin de 40 ans, je découvrais naïvement le Sefer Yetsira, et apprenais qu'il y avait 3 lettres mères, Mem-Alef-Shin, M-A-S, שמא, correspondant à Eau-Air-Feu, et 7 lettres doubles, correspondant au centre et aux 6 directions de l'espace, le centre étant la lettre Bet, écrite pleinement BYT, בית.

  J'y avais associé divers faits, comme celui que 4 livres bibliques (le premier et le dernier, et les deux attribués à Salomon) débutent par une grande lettre, alors que l'hébreu ignore les capitales, et ces lettres sont BAMS, mais ce n'est qu'en 2016 que j'ai osé franchir ce pas:
  BYT est donc l'écriture développée de la lettre Bet ou Beth, correspondant originellement à "maison" dans l'alphabet acronymique sémitique. Il m'est depuis près de 30 ans essentiel que ces trois lettres correspondent dans l'alphabet hébraïque inversé à SMA, Shin-Mem-Alef, les trois lettres mères, mais ce n'est que le mois dernier qu'il m'est apparu que ces lettres, à l'origine directe des lettres SMA de notre alphabet, se réarrangent en MAS, signifiant notamment "maison" dans ma langue.
  Autrement dit, SMA est l'atbash de BYT, et ma représentation ci-dessus illustrait idéalement la correspondance de notre MAS et du BYT hébraïque. Je laisse à Richard l'entière responsabilité de sa "bite"; y aurais-je pensé, j'aurais évidemment choisi d'y associer le triangle pointe en haut.

  Dans cette interview de 2005, Richard dit:
J'avais plusieurs buts : d'abord poursuivre mon travail romanesque sur le problème du trou, qui est le problème même de la psychanalyse. J'ai consacré trois livres à ce sujet. Le premier volume est Full of love, publié l'an dernier, suivi de Vertig, et le prochain titre à paraître est w.no, dans lequel je m'attaque frontalement à ce problème qui ne peut se résoudre au niveau mathématique, ni même physique, mais qui s'inscrit "naturellement" dans nos vies. En vérité, il n'y a pas un être qui puisse échapper au trou. Le héros de la trilogie, Gérard Mas, ne parvient plus à traverser les ponts. Pourquoi ? Il cherche le mot, le vertige qu'il y a dans "vertig" ; quel est ce "fertig" dans le vertige qui est le sien ? Vertig est conçu comme un thriller, j'y ai inséré différents contes. Le système binaire est à l'origine de l'informatique. C'est pourquoi ce livre s'écrit entre un et zéro. J'ai fait en sorte que la première histoire mette en scène un homme contaminé par un virus informatique. C'est une allégorie - qui n'est pas contaminé par l'informatique à l'heure actuelle ? Un autre thème que je travaille, dans ce livre et le suivant, est le cauchemar à haut débit (ce qui est encore une référence à l'informatique) : comment rire de nos peurs ? Il m'aura fallu trois ans pour écrire ces ouvrages. Ce temps, je l'ai consacré à rendre le plus simple possible un projet qui ne l'était pas.
  Heureusement que c'est simplifié...

  Bien que le troisième volet, w.no, semble écrit, il n'est pas paru à ce jour.
  Je constate que le premier titre, Full of love, est composé de lettres formant 3 couples atbash, F-U, OL, EV, l'expression pouvant s'écrire ful o' love, entièrement atbash FU-LO-LO-VE...

  Le roman a encore une structure plutôt complexe, malgré la simplification.
  Il semble constitué de 49 sections, débutant à divers points de la page, comptant 26 lignes. Je ne sais comment interpréter les 3 premières sections, mais les 26 suivantes, 4 à 29, semblent obéir à un motif d'une absolue régularité, débutant aux lignes
1-4-7-10-13-16-19-22-25
2-5-8-11-14-17-20-23-26
3-6-9-12-15-18-21-24
  Bref, on ajoute 3 lignes à chaque fois, et quand ça dépasse 26, on retranche 26.
  Ensuite, c'est moins net pour les 10 sections suivantes,
4-7-11-8-15-22-3-10-17-24
  Les 7 dernières de ce groupe, de 8 à 24, correspondent à "ajouter 7 à chaque fois". Cette autre série logique s'achève sur 24, rang de la lettre X. La 48e section (24+24?) s'achève sur la constatation que la règle de 3 implique de tracer un X, que X est aussi le symbole de l'inconnue et du porno. Gégé (gématrie 24!) se souvient aussi que X est la croix de Saint-André, et que sa mère se prénommait Andrée.
  A 3-10-17-24 correspondent les lettres C-J-Q-X, formant deux couples atbash, CX et JQ. Deux rangs plus loin ce sont EV et LO, formant LOVE.

  Il faut tout de même dire que le dernier volet de la trilogie, Love (2015), a un point commun avec Vertig, malgré une construction classique et une réelle intrigue romanesque: Chance, le 'héros", est tombé amoureux d'une femme qu'il a croisée, et tente d'imaginer son prénom. Il la retrouve, mais son prénom ne sera pas révélé. Il est loisible d'imaginer que ce soit Love.
  Au cours de sa quête, Chance a rencontré diverses personnes, et leur a demandé de lui donner des prénoms féminins. L'une d'elles, après quelques autres, cite:
— Wala, Kaithleen, Zola…
— C’est un écrivain, a objecté Chance.
— C’est un prénom de femme…
  J'ai vérifié, car j'avais vu jadis en ZOLA un mot autoatbash, et avais composé à partir de son nom un texte palindrome-atbash en 2002.
  Oui, Zola est bien un prénom, et selon certaines sources il signifierait "amour":
Zola from Kongo tribe means 'love' and is of Bantu origin.
  W... K... Z...: j'ai signalé ailleurs que KWZ(W) est un codage de YHW(H), codage connu de chaque Juif car il figure sur le parchemin de la mezouza au seuil de sa MAISON.


  Je reviens aux sections de Full of love. Les 10 dernières débutent aux lignes
4-7-10-13-16-19-22-25-2-1
  On y retrouve le même schéma qu'aux sections 4 à 13, mais le 1 initial de la section 4 est passé  en queue.
  Quant aux 3 premières sections, elles débutent toutes à la ligne 1, mais avec des décalages sur la ligne elle-même pour les sections 1 et 3, avec des retraits de 4,1 et 4,3 cm, alors qu'il n'y a aucun retrait ailleurs de début de paragraphe, sauf à la section 29, celle qui achève les 26 "+3".
  Une autre particularité touche cette section 29, elle est suivie d'une page blanche, c'était aussi le cas des sections 1 et 2.
  Quel est le rôle de ces pages blanches? Mystère, et ce n'est pas le seul. Et si jamais il fallait considérer le nombre total de lignes de chaque section? où celui des lignes blanches en fin de section? J'y renonce.

  Dans les calculs qui m'ont traversé l'esprit, il y a que les rangs des sections 30 à 39, donnent par leur somme 345, valeur de l'hébreu ha-shem, "Le Nom", désignation du Tétragramme YHWH, de valeur 26. Une formule essentielle du judaïsme est "YHWH (est) un" , YHWH AHD = 26+13 = 39.
  En comptant les rangs 1-2-3 des 3 premières sections, 345 + 6 = 351 pour ces 13 sections "spéciales", encadrant les 26 sections "régulières" qui débutent aux lignes 1 à 26, or la somme de ces nombres 1 à 26 est aussi 351.

  Coupler avec Vertig donne 999 sections, 49+950, et les livres ont 144 et 300 pages, total 444. Il est assez évident que ces textes ont été composés sur ordi, avec donc le contrôle sur l'état final du livre publié.

  Dans l'optique X 24e lettre, 144 est le carré de 12, 12+12 = 24, et 300 la somme des 24 premiers nombres. 24 est encore la factorielle de 4, en allemand VIER, composé des couples atbash EV et IR.
.
  J'avais aussi vu une possibilité dans l'apparition du mot vierzig, "quarante", à la section 613. Le judaïsme connaît 613 mitswot, "prescriptions", dénombrées par les sages dans les paroles divines pendant les 40 ans du séjour des Hébreux dans le désert.
  Une exégèse touche ce mot au singulier. La mitswa aurait une réalité cachée au-delà de celle immédiate, car les 2 premières lettres du mot MÇWH donnent par atbash YH, donc YHWH...

  Bref c'est une chose de coder, et une tout autre chose de décoder...

  950 a peut-être une valeur biotextuelle. Gérard réalise dans Full of love que la "preuve par 9" qu'il cherche est peut-être liée à sa naissance un 9 juillet, mais ne précise pas qu'il s'agit de l'année 1950.
  Je suis né 3 jours avant lui. Ainsi nous sommes nés les 6 et 9 sous le signe du cancer qui a emporté nos mères et nos femmes...
  Je pense encore à Ricardou qui a joué avec le renversement entre les 6 et les 9, notamment dans Le lapsus circulaire.

  Vierzig, fünfzig, VERTIG. J'ai tendance à y lire
40, 50, 81, et à y retrouver le 81 90 de l'
ELISABETH LOVENDALE de Leblanc, ou le 90 81 de l'
OLIVIER LASIUS de Ricardou, et toute l'intrication qui a suivi mes premières découvertes de 1996 (96!). Un accès ici.
  Alors que je ne savais pas que j'allais, forcément, dédier ce billet à Lolo & Riri, j'ai dédié le précédent à Lili & Roro, en pensant à ROBERT RAPILLY qui intervient dans l'affaire LOVENDALE par sa grille de 90 lettres, et qui est lui-même un 171 (78+93).
  J'ai pensé au verbe "tergiverser", et quand je me suis avisé que
TERGIV  ERSONS = 81 90,
il m'a semblé obligatoire que ce soit le titre du billet.

  Un nouveau roman de "Riri" est annoncé pour août prochain.
  Sa couverture m'évoque moult autres labyrinthes, Borges, Danielewski, Thilliez, Paul Halter, Maurice Henry évoqué récemment pour une couverture également dédaléenne.
  Il débute le 6 juin 44, avec un Jacques qui pique une tête dans la rivière, bien que ne sachant pas nager... Je pense à Jacob au gué du Jaboc...

Note le soir du 27/6: Il est bien possible que le jeu atbash entre les lettres hébraïques MAS et BYT m'ait évoqué le trivial "masser la bite". Je n'en ai pas de souvenir, mais ce dont je suis sûr, c'est d'avoir transformé une célèbre citation de Nietzsche en cette contrepèterie:
Quand tu mates l'abysse, l'abysse te mate aussi.
Je l'avais citée en 2020, sans signaler que ce jeu m'évoquait une pratique du tantrisme, le coït inversé, où des exercices inouïs conduisent à donner une force aspirante au méat urinaire telle qu'il peut provoquer l'éjaculation du clitoris dans l'urètre...
Note du 28: Une recherche me montre que j'avais donné ce contrepet sur la liste Oulipo le 18 mai 2007, en conclusion d'un message remerciant la liste pour sa collaboration à un hommage aux 60 ans d'Anne. Je l'avais vraisemblablement composé antérieurement.






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