28.11.23

l'Histoire avec sa grande hache


à Hortense & Daniel

  J'ai envisagé dans le précédent billet de citer mon ancien texte sur Les huit coups de l'horloge (1923), un recueil de huit histoires où j'imaginais que Leblanc avait magnifié le mot HISTOIRE, mot de 8 lettres débutant par la 8e lettre, H, en faisant intervenir dans ces histoires des mots de 8 lettres débutant par H. Le texte est accessible ici, et Wikipédia donne les liens vers la publication originale en feuilleton dans Excelsior
  Mon texte écrit il y a quelque 25 ans ne me satisfait plus, aussi j'ai décidé d'y consacrer ce billet, et de relire d'abord le livre de Leblanc.

  Je me suis étonné de n'avoir pas vu jadis un indice significatif; la première histoire débute par un mot de 8 lettres en H et finit de même:
Hortense Daniel entrouvrit sa fenêtre et chuchota : (...)
– Je la retrouverai, affirma Rénine, et vous serez heureuse.
  Dans cette première histoire, Au sommet de la tour, le prince Serge Rénine, que dans la préface Leblanc identifie à Lupin, alors que sa personnalité en semble fort éloignée, vient en aide à la belle Hortense Daniel, orpheline, dépendante de l'oncle de son mari, interné pour démence.
  Cette aide passe par le domaine abandonné d'Halingre, où leur entrée le 5 septembre provoque le redémarrage d'une horloge qui sonne huit heures. Le mécanisme était bloqué par une longue-vue, et Rénine découvre qu'elle s'adapte à un trou dans un parapet, pointant vers le sommet d'une tour où gisent deux squelettes. L'oncle a tué 20 ans avant sa femme et son amant, et Rénine le contraint à rendre à Hortense sa liberté.
  Lors de leur confrontation, Rénine commence par conter l'histoire d'Halingre comme un fait-divers, puis le rapproche de la disparition de l'épouse de l'oncle. Hortense intervient:
– Pourquoi mêler deux histoires ?…
– Pourquoi mêler cette histoire à une autre histoire dont il fut question à cette époque ? répondit le prince. Mais je ne les mêle pas, chère madame, il n’y a qu’une histoire, et je la raconte telle qu’elle s’est passée.
  Hortense reconnaissante accepte la proposition du prince. Puisqu'elle doit sa liberté aux 8 coups de l'horloge de Halingre, elle participera avec lui à 7 autres aventures, dans un délai de 3 mois.

  Les familiers de l'Oulipo connaissent le principe de Roubaud, "un texte écrit suivant une contrainte parle de cette contrainte", et Leblanc n'y déroge pas, par anticipation, car la 6e histoire est La dame à la hache, la folle homicide Hermance qui kidnappe des femmes dont le prénom a 8 lettres débutant par H, et les exécute le 8e jour d'un coup de hache.
  Curieusement, Roubaud est l'auteur du cycle d'Hortense, prévu en 6 volumes, mais seuls 3 sont parus. Une contrainte fondamentale y est la sextine, permutation due au poète Arnaut Daniel au 13e siècle. Hortense a pour amant le prince Gormandzoï de Poldévie, "gentleman et cambrioleur". Les princes poldèves se succèdent au pouvoir selon une sextine remontant au prince Arnaut Danieldzoï au 13e siècle.
  J'ai essayé jadis de lire ces romans, que je n'ai pas, et ma seule source est l'essai Mimer, miner, rimer, de Christophe Reig qui relève le "gentleman et cambrioleur", mais ne connait manifestement pas le recueil où le prince Rénine séduit Hortense Daniel 
  Roubaud est né un 5 décembre, et c'est un 5 décembre que s'achèvent les épreuves de Rénine:
Nous avons pris vis-à-vis de nous-mêmes un engagement auquel nous devons faire honneur. Dans un temps déterminé, il faut que nous inscrivions au livre de notre existence huit belles histoires, où nous aurons mis de l’énergie, de la logique, de la persévérance, quelque subtilité, et parfois un peu d’héroïsme. Voici la huitième. À vous d’agir pour qu’elle prenne sa place le 5 décembre avant que sonne la huitième heure du soir au cadran de l’horloge.
  Certains chercheurs, tel Michel Sirvent, ont suspecté une volonté organisatrice dans ce recueil, mais sans approfondir.

  Or l'H qui semble incontournable est peut-être la lettre qui cache la hêtraie, et mon étude m'avait mené à quelques hypothèses sur un "Cahier des charges" de ce recueil:
– une symétrie 2 à 2, avec un même thème exploité tragiquement et plus légèrement;
– une allusion dans chaque histoire à un polar connu;
– une allusion à une aventure de Lupin.
 Je vais tenter d'étudier ça à partir des symétries, lesquelles demandent de prendre en compte un 9e épisode:
 Toutes les aventures étaient finies, mais il en restait une à courir, dont l’attente effaçait le souvenir de toutes les autres. C’était l’aventure d’amour, la plus délicieuse, la plus troublante, la plus adorable des aventures. Elle acceptait l’ordre du destin, heureuse de tout ce qui pourrait advenir, puisqu’elle aimait. (...) comme le huitième coup sonnait, elle s’abandonna contre lui, en tendant ses lèvres…
  Points finaux. L'histoire 1 est donc un écho tragique, avec l'horloge qui y sonne avant la découverte d'un couple d'amants assassinés.
  La longue-vue pointée sur des squelettes évoque facilement Le scarabée d'or, de Poe.
  Lupin a déjà eu affaire à une tour où sont morts des amants, La tour des Deux-Amants, chapitre 8 (!) du Bouchon de cristal.

  Dans l'histoire 2, La carafe d'eau, on cherche 60.000 francs volés après un assassinat, tandis que dans l'histoire 8, Au Dieu Mercure, on cherche l'agrafe (presque anagramme de "carafe") de cornaline volée jadis à Hortense, sans valeur mais supposée porter chance. Les caches sont chaque fois évidentes, comme dans La lettre volée de Poe, dans un carton à chapeau (cha-Poe?) et dans la statuette enseigne de la boutique Au Dieu Mercure du corse Pancardi.
  On peut penser à la 8e aventure (!) du Retour de Sherlock Holmes, Les six Napoléons, où un bijou a été caché dans un buste du corse.
  La boutique est sise au carrefour de deux rues non nommées, mais facilement identifiables, la rue des Deux-Ponts et la rue Saint-Louis-en-l'île. Dans 813, Lupin tente d'installer un homme à lui sur le trône du duché de Deux-Ponts-Veldenz, mais est contré par "Louis Malreich".
  Mercure est aussi Hermès, dieu des voleurs. Les hellènes érigeaient volontiers aux carrefours des hermées, statues associant Hermès à un autre dieu. Il existe ainsi des Hermeros, représentant un Eros ailé. Ce serait bien venu à ce carrefour où la statuette de Mercure permet à Lupin de conquérir Hortense.
  Pancardi donne Mercure pour dieu de la chance, et un possible écho apparaît dans l'histoire précédente, Des pas sur la neige, où Rénine invoque "le dieu de l'amour et du hasard". Mercure-Hermès a été vu comme dieu du hasard;
Dans la mythologie, le sort était mis sous la dépendance d'Hermès, (dieu de la parole), qui prit le caractère de dieu du hasard ou de la fatalité.
  Aucun mot de 8 lettres en H n'apparaît dans La carafe d'eau, où l'assassin a recours au soleil pour déclencher un feu chez lui, et détruire les billets compromettants. On pourrait penser au grec Helios, et à l'adjectif héliaque; ou à l'eau, hydor, et à l'adjectif hydrique.
  Le soleil joue aussi un rôle dans une des Confidences d'Arsène Lupin, Le signe de l'ombre

  Dans l'histoire 3, Thérèse et Germaine, Rénine sait qu'on projette de tuer l'un des époux d'Imbreval sur la falaise des Trois-Mathildes, à Etretat (référence immédiate à L'aiguille creuse). Les époux sont à l'hôtel Hauville...
 

  Rénine et Hortense guettent. Jacques d'Imbreval sort de l'hôtel et s'installe dans une cabine sur la plage, dont il ferme la porte. On le découvre mort d'un coup de poignard, alors que personne n'est entré ni sorti de la cabine...
  La clé est la même que dans Le mystère de la chambre jaune, où Mathilde Stangerson (Trois-Mathildes!) semble avoir été blessée dans une chambre où personne n'est entré ni sorti.
  Thérèse et Germaine se haïssent (mais seul le mot haine est employé), elles sont dites "heurtées" lorsque Rénine leur impose de trouver un accord.

  Dans l'histoire 7 symétrique, Des pas sur la neige, de multiples traces dans la neige semblent indiquer que Mathias de Gorne a été assassiné, et que son corps a été jeté dans un puits sans fond. Rénine montre que c'est une mise en scène, et que personne n'est mort.
  Les traces sur "la page blanche" (dixit Rénine) évoquent un célèbre passage de Monsieur Lecoq, de Gaboriau.
  Un mot de 8 lettres par H pourrait se laisser deviner; De Gorne est un noble rural déclassé, un hobereau.

  L'histoire 4, Le film révélateur, est symétrique de l'histoire 6, La dame à la hache, et c'est ce qui m'a mis sur la piste d'une symétrie générale du recueil.  La soeur d'Hortense, Rose-Andrée, est actrice. Elle et Rénine vont voir un film où elle a le rôle titre, La Princesse Heureuse, et Rénine y repère qu'un acteur, jouant un maître d'hôtel, la regarde avec passion.
  Cet acteur, Dalbrèque, semble ensuite l'avoir enlevée, et conduite dans la forêt de Brotonne, où des scènes du film ont été tournées. Rénine et Hortense s'y rendent, et sont témoins d'une scène effarante: Dalbrèque, armé d'une hache, court comme un fou après Rose-Andrée, la brutalise, l'entraîne dans une chaumière...
  En fait Dalbrèque et Rose-Andrée sont amants, projettent de partir pour Los Angeles, capitale mondiale du cinéma, et répétaient des rôles qu'ils comptent y proposer. C'est l'opposé de l'horrible dame à la hache, et je remarque que, si Rose-Andrée est la princesse Heureuse, les victimes d'Hermance sont plusieurs fois qualifiées de "malheureuses".
  Leblanc parle de Los Angeles, et non de son quartier spécialisé Hollywood, "bois de houx". La forêt de Brotonne a un aspect sacré, ce serait un holy wood...
  Cette forêt est l'une des plus grandes hêtraies de France. Elle fait face à l'abbaye de St-Wandrille, l'une des abbayes intervenant dans le dessin de la Grande Ourse dans La comtesse de Cagliostro.

  Dans La dame à la hache est révélé que le prince Rénine habite boulevard Haussmann, soit dans le huitième.
  Dans 813, le prince Paul Sernine (anagramme d'Arsène Lupin) habite également boulevard Haussmann. 

  Si je ne décèle pas d'allusion à une oeuvre extérieure dans cette nouvelle, je remarque qu'au moment où Leblanc imaginait la tueuse en série Hermance sévissait Haarmann, le boucher de Hanovre (Hannover en allemand), auquel sont attribuées 27 victimes (de 1918 à 1924).

  Il ne reste plus qu'une histoire, centrale, Le cas de Jean-Louis, et elle relève à la fois du tragique et du comique. Tragique, car elle s'ouvre sur la tentative de suicide de la fiancée de Jean-Louis, comique, car son cas déclenche l'hilarité d'Hortense.
Hortense, à mesure que le dénouement approchait, s’était laissé gagner par une hilarité qu’elle contenait avec peine et dont le jeune homme ne pouvait manquer de s’apercevoir.
  Dans un coin reculé du Finistère sont jadis nés le même jour deux garçons, Jean Vaubois et Louis d’Ormival. Débordée, la sage-femme a installé à la va-vite les nouveau-nés pour s'occuper des mères, et s'est avisée ensuite que l'un des bébés était mort, mais elle ne savait lequel... Les deux mères ont refusé de trancher, et ont élevé ensemble, en se haïssant l'une l'autre, le survivant, rebaptisé Jean-Louis, né de père inconnu.
  Ceci pourrait faire penser à un cas inverse, dans L'affaire Lerouge, de Gaboriau, où deux fils se disputent le même mère.
  Une affaire d'hérédité, mais le mot n'apparaît pas. On y trouve en revanche "habitude" car Jean-Louis s'est habitué à cette situation invivable, et à rompu ses fiançailles.
  Rénine trouve une solution, en allant consulter la sage-femme, habitant "au centre de Carhaix". Il m'a paru que l'H au centre de ce mot pouvait être significatif, dans cette histoire qui serait au centre des 8+1 aventures.

  Le Finistère peut évoquer L'île aux trente cercueils (1919), où Véronique d'Hergemont est attirée dans le Finistère par la piste des inscriptions Vd'H, ses initiales. La piste la conduit à Sarek, dont les 30 habitants vont être exterminés, 22 d'un coup, les 8 autres par petits groupes. Je m'étais demandé si ce schéma n'était pas en rapport avec les deux seuls nombres français dont l'initiale vaut ordinalement le cardinal, Huit et Vingt-deux.
  J'avais vu une corrélation avec le détective déclarant à Vd'H que sa double mission était "achevée", HV?

  Le mot "habitude" a deux autres occurrences dans le recueil, dans la dernière histoire, et dans la première, où il concerne la répétition des 8 coups de l'horloge:
Une seconde fois, selon l’habitude, l’horloge se mit à sonner. Huit coups retentirent. Rénine referma la gaine, et, sans se dessaisir de la longue-vue, continua son inspection.
  Le mot "habitude" ne me semble pas s'imposer ici. Ma relecture m'a fait m'interroger sur ce qu'était une gaine, c'est la menuiserie qui entoure le mécanisme d'une horloge comtoise.
  Les paragraphes précédents énonçaient:
Il se pencha et, du fond de la gaine, il tira un tube de métal que les poids dissimulaient, et qu’il tourna vers le jour.
– Une longue-vue, dit-il pensivement… Pourquoi l’a-t-on cachée là?... Et on l’a laissée dans toute sa longueur… C’est bizarre… Que signifie...?
  Cette formulation "toute sa longueur" m'a paru étayer une hypothèse envisagée jadis, mais laissée de côté par souci de bienséance.
  Le couple "huit-nuit" est un cas d'école en linguistique, avec des ressemblances immédiates dans une quinzaine de langues (acht-Nacht, eight-night, otto-notte), mais le H de "huit" n'a aucune raison étymologique.
  Le chiffre aurait dû s'écrire "uit", et s'écrit encore ainsi en picard, mais, lorsque le u et le v étaient confondus, les grammairiens y ont ajouté un h pour le différencier du substantif uit ou vit, "organe viril". D'autres mots sont dans le même cas.
  A propos de "cas", Leblanc aggraverait le sien, car "cas" est aussi une désignation des organes sexuels, masculins ou féminins, employée par les meilleurs auteurs, tel Brantôme ou La Fontaine. J'ai appris cela par la chanson Un satyre cornu. Que penser alors du "cas" de Jean-Louis, en quelque sorte émasculé par ses deux mères?

  Je sais aussi depuis longtemps que "gaine" à la même étymologie que "vagin". Que penser alors de la longue-vue introduite "dans toute sa longueur" dans la gaine de l'horloge? La longue-vue est un instrument extensible, comme certain organe anatomique. Sans être un lecteur assidu de cochoncetés, j'ai souvenir de phrases telle "Il s'enfonça en elle de toute sa longueur". Il me semble l'avoir notamment lu dans des SAS, où le "il" est un autre prince, le prince Malko.
  Après avoir retiré la longue-vue de la gaine, Rénine trouve où elle s'adapte:
  Il arracha ces plantes et enleva cette terre, ce qui débarrassa l’orifice d’un trou de vingt centimètres de diamètre, qui perçait le mur de part en part. S’étant penché, Rénine constata que cette fissure, étroite et profonde, dirigeait fatalement le regard, par-dessus le sommet tassé des arbres et suivant la coupure de la colline, jusqu’à la tour de lierre.
  Au fond de ce conduit, dans une sorte de rainure qui courait comme une rigole, la longue-vue trouva sa place, et si exactement qu’il eût été impossible de la bouger, si peu que ce fût, vers la droite ou vers la gauche…
  La découverte a été respectée dans l'épisode de la série Arsène Lupin (8e de la saison 2!) 
  Si la dernière histoire se conclut par un baiser passionné entre Rénine et Hortense, voir supra (en lien), il est assez clair que les choses vont aller plus loin, et que Rénine trouvera chez Hortense un orifice, un trou, une fissure, un conduit pour y caser au mieux son long vit... Après le huitième coup de l'horloge, un autre coup va être tiré.
  Si les ébats amoureux sont presque toujours allusifs dans la saga lupinienne, il est au moins évident qu'Arsène est un chaud Lupin, multipliant les conquêtes, au moins une dans chaque grande aventure, Clarisse, Josie, Clotilde, Raymonde, Aurélie, Florence, Arlette, Bertrande, Catherine, Alexandra, Faustine, Patricia...

  Parallèlement à cette saga, d'autres romans de Leblanc sont nettement grivois, comme L'image de la femme nue (1934) et Le scandale du gazon bleu (1935).


  Une petite nouveauté encore. Dans cette affaire où les 8 ont tous les honneurs, on pourrait s'étonner que les dates clés soient le 5 septembre et le 5 décembre, et non les 8. Or le 8 septembre et le 8 décembre fêtent dans le calendrier chrétien la Nativité de Marie et sa conception.
  J'avais vu que le 5 septembre était aussi une date anniversaire dans un roman de Jules Verne, dans son chapitre 8, où le héros découvre au sommet de la tour du Taureau un redoutable canon pointé vers la ville où vit sa bien-aimée.


  Si ces supputations sur Les huit coups de l'horloge ont quelque validité, elles étayent mes supputations sur d'autres oeuvres de Leblanc, notamment L'agence Barnett & Cie (1928), autre recueil de 8 nouvelles faisant intervenir un personnage que Leblanc présente comme un avatar de Lupin, mais qui a lui aussi sa propre personnalité.
  Je n'avais pas trouvé jadis de schéma d'ensemble pour ce recueil, mais vu une curiosité en superposant les deux. Le titre le plus court des Huit coups de l'horloge a 12 lettres, celui de L'agence Barnett 17 lettres. En alignant les 6es titres on obtient:
     LADAMEALAHAC  HE
LEHASARDFAITDESMI  RACLES
faisant apparaître Héraclès, Hercule, assurément le plus connu des héros auxquels est assigné un nombre précis d'exploits (et 6+6=12).


  Je reprends ce 28/11 l'écriture du billet écrit en grande partie hier. J'ai souvent des révélations au réveil, et ce matin il m'est venu que Rénine est presque toujours appelé "Rénine" dans le recueil (399 occurrences), et jamais "Serge" tout seul (9 occurrences (parmi les 399) de "Serge Rénine", 34 de "prince Rénine").
  Or, il suffit d'enlever un N à Rénine pour réunir Rénine et Hortense (236 occurrences) en une célébrité:
REINE HORTENSE
  Je soupçonne Leblanc d'avoir joué dans La lettre d'amour du roi George avec les lettres 13 et 14, M et N, "aime" et "haine", et ici la perte d'un N mènerait Rénine-Hortense, en 14 lettres, à Reine-Hortense, en 13 lettres.
  Selon une croyance familiale, mon arrière-grand-père serait un bâtard de Badinguet, ainsi Hortense de Beauharnais serait ma quadrisaïeule...


  Une petite chose encore, en marge. Christophe Reig signale un autre mâle tournant autour de la belle Hortense, Morgan, évidente anagramme du prince Gorman(dzoï), descendant d'Arnaut Daniel(dzoï).
  Or, un autre polardeux méritant selon moi une étude approfondie est Daniel Nathan, alias Frederic Dannay, alias Ellery Queen. Dans une nouvelle de Queen, My queer dean!, un doyen qui a tendance à décaler les sons a été assailli, et dénonce son agresseur avant de sombrer dans le coma: "Gorman". On arrête le professeur Gorman, alors que le doyen entendait désigner Morgan Naseby.
  Il est fort possible que Roubaud ait connu cette nouvelle, les fondateurs de l'Oulipo, Queneau et Le Lionnais, étant tous deux de fervents amateurs de polars.
  Il semble par ailleurs que le nom Morgan suscite les anagrammes, car dans un roman signé Jules Verne, mais en fait écrit par son fils Michel, L'agence Thompson and C°, le marquis de Gramond se cache sous le nom Morgand.
  Qu'un Michel et un Daniel soient associés à une presque identique anagramme me rappelle que ces noms interviennent aussi dans une fort ancienne anagramme hébraïque.


  Enfin, "ce qui n'est pas vérifié par le hasard n'a aucune validité", disait Bellmer, et une coïncidence est survenue hier à 20:38 sur la liste Oulipo, après que j'ai rédigé mes hypothèses sur le vit. Je ne crois pas avoir jamais utilisé ce substantif précédemment sur Quaternité.
  Je n'ai pas souvenir non plus de l'avoir vu sur la liste Oulipo, mais il est difficile de le vérifier, vu l'homonymie avec le verbe (renseignements pris, il y a eu une vingtaine d'occurrences depuis 1996, 3 m'étant dues). Toujours est-il qu'Alexandre, déjà signalé ici et , a publié hier quelques hommages aux membres (!) de la liste, dont ces haïkus isogrammes mentionnant Robert (Rapilly, souvent cité, notamment ici) et moi:
Enrober ton vit
Le rend unique. Roule
Le ver, Émilie.
-
En Robert, on vit
Le rendu niquer où le
Levé Rémi lie.
  Incidemment, j'avais déjà utilisé "enrober-en Robert" dans un sonnet isogramme donné sur le lien précédent.
  Je n'ai hélas plus guère d'occasions de me "lever", comme dit Alexandre, hormis, comme disait Arthur, pour chercher Hortense...


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