24.8.21

une transmutation cryptée

pour Aurélili

  J'avais décidé d'axer le précédent billet sur une idée qui m'a souvent traversé la tête depuis que je me consacre à l'exégèse littéraire. Et s'il y avait, au-delà du cours usuel du temps, une fusion entre le travail de l'auteur et celui de l'exégète, telle que l'oeuvre finale en soit la résultante?
  Idée folle, certes, mais il s'agit de tenter de rendre compte de résultats absurdes.
  Idée pas assez folle, car en cours d'écriture sont survenues deux coïncidences qui ont quelque peu bouleversé mon programme, aussi je n'ai guère creusé l'hypothèse de départ, réservant au présent billet l'étude de ces coïncidences.

  Une partie de Une intégrale transmutation était consacrée à la 325e phrase de la Préface de Ricardou dans laquelle figurent ces mots. Les parenthèses découpent cette phrase ainsi:
34 (7) 21 (20) 13 (12) 104, et je remarquais:
  L'amateur de la suite de Fibonacci ne peut manquer de remarquer que 34-21-13 en sont les termes de rangs 9-8-7, et, s'il la connaît plus loin que le bout de ses doigts, que 987 en est le 16e terme.
  L'une des propriétés de cette suite est qu'un terme de rang 2n peut être exprimé comme le produit du terme de rang n par la somme des deux termes adjacents, soit
F2n  =  Fn x (Fn-1 + Fn+1)
or, dans le cas de F16, ceci devient
987  =  F8 x (F7 + F9) ou en chiffres 21 x (13+34).
  C'est grâce à la phrase de Ricardou que je me suis avisé de cette curiosité concernant 7-8-9, curiosité qui n'avait peut-être jamais été remarquée par quiconque.
  J'ai fait quelques recherches afin de voir si la curiosité était connue, sans résultat, mais il n'était pas facile de formuler une requête dont les résultats ne fussent pas massivement les listes de nombres de Fibonacci.
  Il y eut cependant quelque chose d'intéressant: la requête "987" "fibonacci" "21" "47" "7" "9" sur Google donna en 37e résultat le billet de Quaternité du 8/8/2020, Homme sage, demain tu reliras Perec. Je me suis demandé si ce résultat n'était pas lié à mon ordi, mais non, un ordi n'ayant rien à voir avec moi livre les mêmes résultats.
  Ce billet était en partie consacré à un roman de Thilliez qui est loin d'être mon préféré, La forêt des ombres (2006), où l'infirme Arthur Doffre demande à David Miller d'écrire un livre sur le Bourreau 125, un affreux tueur qui a massacré sept couples 27 ans plus tôt. Ils se trouvent isolés en Forêt Noire par une tempête de neige, dans un chalet où arrive une femme en piteux état, répétant la suite de chiffres en allemand neun... acht... sieben... acht... vier..., 98784. Lorsqu'elle recouvre ses esprits, elle dit se nommer Emma, avoir eu un accident de voiture, et que ce nombre 98784 était celui indiqué par le compteur kilométrique au moment de l'accident (mais c'est aussi un nombre significatif dans l'affaire du Bourreau 125). Il s'avère ensuite que Doffre est le Bourreau 125, et Emma sa complice. La gématrie livre une ahurissante série de nombres de la série Bleue du Modulor (32-54-86-140-226): 
NEUN ACHT SIEBEN ACHT VIER = 54+32+54+32+54 = 226
EMMA = 32
ARTHUR DOFFRE = 86+54 = 140
BOURREAU 125 = 226
  C'était l'une des plus belles découvertes de l'an dernier, mais il y en avait pas mal d'autres, et j'avais oublié le détail des chiffres allemands, bien que j'eusse partagé dans le billet 98784 en 987, 16e Fibo, et 84, 4 fois le 8e Fibo.
  Je ne vais pas tout reprendre ici. Je n'imaginais guère ceci intentionnel chez Thilliez, bien que plusieurs de ses romans citent Fibonacci et le nombre d'or, bien qu'un de ses personnages se nomme Corbusier.

  Avant cette remémoration, je comptais citer dans le précédent billet une autre phrase de la Préface, la 188e, où la récente idée de séparer les expressions entre parenthèses du reste de la phrase conduisait aussi à un équilibre doré. Ses 140 mots se répartissent ainsi:
27 (12 (17) 21) 9 (36) 18, ou 54 + (86), nombres de la série Bleue. Voici la phrase en omettant les parenthèses:
      Mieux: telles supplémentaires structures, non seulement elles permettent d'obtenir, et beaucoup plus qu'on ne l'avoue, ce que fors elles on n'eût jamais conçu (50), mais encore, tel est le dos caché du mécanisme (36), elles conduisent quelquefois à produire des idées strictement étrangères, peut-être, à ce qu'on se figure avoir émis.
  Les "supplémentaires structures", ce sont les contraintes d'écriture, et je me sens en total accord avec ce qu'exprime clairement cette phrase, d'autant que sa structuration selon la série Bleue que j'avais envisagée pourrait être "strictement étrangère" aux intentions de Ricardou, puisque ma recherche à l'IMEC m'a appris que la dernière phrase de la Préface n'avait pas originellement 226 mots, ce qui m'avait conduit à l'hypothèse Modulor.

  Le découpage des 54 mots en 27-9-18 appelle à quelques commentaires, ainsi ces trois nombres sont les trois premiers multiples de 9, nombre souvent évoqué dans cette Préface, pour les 9 nouvelles de Révolutions minuscules, et pour le degré 9 des parenthèses dans Nouvelles impressions d'Afrique.
  Je rappelle que 54 de la série Bleue double 27 de la série Rouge.
  Les 9 mots de la proposition centrale débutent et finissent sur la même syllabe (selon les critères ricardoliens), "me" ("mais" et "mécanisme"). Ce mot "canisme" pourrait même être "autosymétricologique", et c'est le 86e mot de la phrase, pouvant souligner son mécanisme caché, 86-54.

  Pour ceux que ne rebutent pas les intrications ricardoliennes, voici les 140 mots de la phrase au complet:
       Mieux: telles supplémentaires structures, non seulement elles permettent d'obtenir, et beaucoup plus qu'on ne l'avoue, ce que fors elles on n'eût jamais conçu (et c'est pourquoi mieux vaut, que n'a-t-il susurré (si un temps suffisant, du moins, m'est consenti, je le ferai paraître un soir pour Mallarmé), de préférence à tout pyramidal recensement d'un univers imaginaire, fournir la stricte analyse des matérielles relations par lesquelles un poète imagine), mais encore, tel est le dos caché du mécanisme (l'on trouvera un réconfort, du reste, au passage, me permettrai-je d'ajouter (...), à découvrir qu'il ne semblait guère avoir perçu le jeu du patronymique noyau angoissant dans son brusque parenthétique accès de polémique), elles conduisent quelquefois à produire des idées strictement étrangères, peut-être, à ce qu'on se figure avoir émis.
  Cette phrase 188 m'a rappelé la phrase 158 également en 140 mots, donnée ici avec d'autres phrases possiblement structurées selon le Modulor (c'est moi qui y ai souligné les mots "en écho"):
      En classique mystificateur, me laissant le triste soin de saisir de travers, sans même sourciller, l'essentielle gageure que révélait pourtant sa bouche, mon frère avait permis que j'entendisse, ainsi qu'on l'a par malheur lu, "Tes remarques, du reste (...), je dois convenir qu'elles me donnent l'envie, maintenant, en écho, et DE RIRE, et me taire...'', au lieu de ce qu'en fait il avait sans doute énoncé, "Tes remarques, du reste (...) je dois convenir qu'elles me donnent l'envie, maintenant, en écho, et D'ECRIRE, et me taire...", c'est à dire, fort simplement, reprise du célèbre "mettons enfin que je n'ai rien dit", à l'issue du sublime volume Les Fleurs de Tarbes ou la terreur dans les lettres, la prétendue leçon calculée, in extremis, sur les illustres lèvres de Jean Paulhan.
  Ces mots "en écho" y sont donc équidistants, aux rangs 53-54 des deux bords de la phrase, ainsi répartie en 54-32-54 mots selon une double césure d'or.

  Voilà ce qu'il fallait savoir pour aborder le nouvel écho de la phrase donnant les nombres de Fibonacci de rangs 9-8-7, avec entre les 8-7 une allusion entre parenthèses au "méchant parler d'outre-manche" (le texte y fait d'autres allusions ailleurs sous les formes "outre-Manche" et "Outre-manches").
  Donc, selon le parler d'outre-Rhin que je ne qualifierai pas,
9-8-7 = NEUN ACHT SIEBEN = 54+32+54 = 140.

  Peut-être faut-il redonner le début de cette phrase 325 pour ceux qui ne jugeraient pas indispensable d'aller la chercher dans le précédent billet:
          Revenant donc à lui au terme de la légère sidérale hypnose que lui avait infligée, apparemment, et la pharamineuse méridionale jactance, et l'abracadabrante kyrielle des élucubrations, l'illustre directeur de revue, après avoir (ils n'y avaient que trop perduré) ôté de ses lèvres les quatre grains de sable selon un geste divinement machinal, très simple, du revers de son bras (et c'est pourquoi, bien sûr, je crains par anticipation, en vint lors à interférer certain "méchant parler d'outre-manche"), murmura avec la plus aimable des douceurs, non pas, même au neuvième degré (...)
  A ces 34 (7) 21 (20) 13 mots suivent (12) 104 autres.

  Une bonne part de ces échos Fibonacci ou Modulor me semblent provenir du "mécanisme caché" pressenti par Ricardou. De même je n'imagine pas que Thilliez ait pu concevoir l'harmonie autour de la série Bleue, mais je soupçonne que l'accumulation de nombres de Fibonacci dans ses romans ultérieurs est plus consciente. Ainsi j'étudiais dans ce même billet Sharko (2015), où Sharko enquête sur l'assassin de 13 personnes, 5 hommes et 8 femmes.
  Le tueur avait revendiqué chacune des victimes, par 13 scarifications dans sa chair. Sharko maquille son cadavre en le lacérant de 21 coups de couteau supplémentaires. Une victime  se nomme Grégoire CORBUSIER, 34 ans.

  J'élude (pour le moment) d'autres approfondissements pour souligner les points communs entre mes investigations chez Ricardou et Thilliez. Dans le billet précédent de 2020, je soulignais l'importance du X dans Il était deux fois, et le codage en acrostiche du mot "abracadabra", mot également présent dans L'art du X de Ricardou, offrant de même un acrostiche.
  Dans le billet de 2016 sur Rêver, je supposais que l'idée d'en supprimer un chapitre (le 57e parmi 89, Fibonacci) avait été inspirée par l'erreur de l'édition originale de Deuils de miel, où il n'y avait pas de chapitre 30 (parmi 34, Fibonacci). Je ne savais pas alors que Ricardou avait volontairement omis une phrase de L'art du X, en 1983, mais que dans sa seconde édition, en 1988, une inadvertance avait supprimé une autre phrase.
  La présence de la séquence 9-8-7 dans la Préface est une interprétation de ma part, mais la réelle séquence 9-8-7 chez Thilliez sous la forme neun acht sieben y ajoute une tout autre dimension, avec les partages des phrases ricardoliennes de 140 mots. Je rappelle que les mesures de la série Bleue 32 et 54 cm équivalent aux grandeurs 13 et 21 pouces dans le système anglo-saxon, les 7e et 8e nombres de Fibonacci, et il est donc envisageable de parvenir à 987 via ces équivalences des valeurs de NEUN ACHT SIEBEN (987 = F8 x (F7 + F9), avec F9 = F8 + F7).
  Et ceci peut aller plus loin, avec le chiasme:
ACHT = 32; 32 cm = 13 pouces; 13 = F7
SIEBEN = 54; 54 cm = 21 pouces; 21 = F8

  Tiens, les deux recueils de nouvelles de Ricardou ont été imprimés en mars 1988, ce qui signifie que l'essentiel de la composition s'est fait en 1987 (j'ai souligné ailleurs que RICARDOU = 89 a eu 55 ans le 17 juin 1987).

  J'en arrive à la seconde coïncidence survenue pendant l'écriture du précédent billet. Le 16 août, à la veille de conclure, FaceBook me proposait divers groupes susceptibles de m'intéresser, avec en tête 137/1237 Synchronicity.
  La synchronicité 137 est connue des jungiens. Le physicien Pauli, co-auteur avec Jung de l'essai Synchronicité, était obsédé par ce nombre, lié à la "constante de structure fine". Il mourut dans la chambre 137 d'un hôpital de Genève.
  J'ai tenté d'accéder au groupe, créé le 15 février 2020, mais il était privé. Comme il comptait 73 membres, il m'a semblé pertinent d'en devenir le 73+1e membre, ce qui fut agréé le jour même.

  Une membre active en était une certaine Debbie, ce qui m'a rappelé qu'une Debbie avait ouvert le sujet A lady #137 sur le forum Unus Mundus, où se sont passées d'intéressantes choses en son temps.
  C'était bien la même, et ceci a provoqué un dessillement. J'avais posté en 2014 sur ce sujet ceci (en anglais),
Les nombres 1-3-7 sont en allemand EINS DREI SIEBEN, de valeurs
47+36+54 = 137
ce que j'avais oublié l'an dernier lorsque j'ai rencontré neun acht sieben acht vier chez Thilliez.

  Une belle coïncidence sur le nombre 137 est survenue le 14 octobre 2010 sur le forum Unus Mundus, lequel a été fermé récemment, ses archives n'étant plus accessibles. J'en ai parlé alors ici, puis j'y suis revenu en mars 2015 dans le billet 183 de Quaternité.
  Nous étions en train de visionner la série FlashForward basée sur une perte de connaissance de toute l'humanité pendant 137 secondes. Dans l'épisode 137 Sekunden, un Allemand prétend que ces 137 secondes viendraient de la valeur des 4 lettres de l'hébreu kaballah, "kabbale". Je savais que c'était important pour Pauli, et voulus le partager sur le forum.
  En arrivant sur sa page d'accueil, je découvris qu'un sujet récemment ouvert par le créateur du forum, Remo Roth, était le 137e de sa catégorie principale, The coniunctio. Je postai donc mon message sur ce sujet, CERN strangelets could destroy us come 11/9?, en expliquant pourquoi j'avais choisi ce sujet, et découvris que Remo avait posté la même remarque sur le rang 137 du sujet, quelques minutes plus tôt, alors que j'étais en train de composer mon message.
  Remi (c'est le nom que j'avais sur le forum) n'avait donc pas lu le message de Remo, et Remo n'avait pas lu non plus le message de Remi lorsqu'il posta un autre message, une minute après le mien. Il y rappelait par un copier/coller de ses écrits l'importance de 137 pour Pauli,  avec notamment la gématrie du mot kabbalah.

  Si les messages du forum n'ont pas été archivés, Wayback Machine donne divers états de la page d'accueil du forum, jusqu'à la fermeture en 2018The coniunctio comptait 173 sujets.

  Un plus non négligeable de l'affaire était la révélation d'une signification gématrique de 137 par un Allemand, ce qui rebondirait en 2014 avec mon étude des valeurs des noms des chiffres allemands.

  Un autre plus était nos prénoms, Remo et Remi, et ceci rebondit avec l'obsession de Ricardou pour le couple de lettres IO...
...et pour ses nom et prénom. Je mentionnai dans le précédent billet les 6 phrases énumérant les symétries de la dernière phrase commentée dans la Préface, et voici la 317e phrase:
        Doit-on encore, sous Dieu sait quel prétexte, l'obscure coalescence réitérée par une signature, il me semble, consentir un quelconque crédit (d'autres disent un "credo") à la rencontre d'"(28) émergence" et de "prénom (28)", j'en doute, puisqu'à l'exact instant où l'identité fait naufrage, en général on oublie, sauf penchant avéré pour la science, de bien compter avec ses doigts.
  On y remarque le jeu "crédit-credo". Mon second prénom est Jean, et le mot choisi par Ricardou pour faire entendre son prénom, "émer-gen-ce", me rappelle que l'origine de mon prénom vient de la tribu des Rèmes.

  Il vient ensuite tant de bizarreries diverses que je ne sais dans quel ordre présenter, alors je m'y lance pêle-mêle.
  Lorsque le groupe 137/1237 Synchronicity m'a rappelé la coïncidence 137 sur le forum Unus Mundus, à la veille de la publication de mon 316e billet, il n'a pas tardé à m'apparaître que je serais amené à en parler dans le billet suivant, soit le 317e.
  Mieux, le billet 183, Déchetterie oblique, devait son nom à un roman de John Brunner, L'orbite déchiquetée (anagramme), numéro 137 de la collection Présence du futur (ce qui m'avait conduit à évoquer les coïncidences 137). Le roman était originellement le premier volume triple de la collection, paru sous les numéros 137-138-139, 138 étant significatif car c'est l'anagramme de la valeur du titre, 183, 139 l'étant encore plus car c'est la valeur de JOHN BRUNNER.
  C'est un hasard qui m'avait conduit à redécouvrir ce roman à l'approche de la publication du billet 183, et un autre hasard qui avait permis sa publication effective le 18/3, mieux le 18/3/2015, anagramme des 7 premiers termes de la suite de Fibonacci, en partant de F0, 0-1-1-2-3-5-8.
  Parce que le billet mentionnait Al Attanasio, auteur de SF membre de Unus Mundus, de valeur 113, j'y évoquais aussi le Modulor.

  La masse des nouveaux éléments amenée par les coïncidences 987 et 137 est telle que ce billet 317 n'y suffira pas, et qu'il faudra donc poursuivre dans le billet 318, or le 31/8 approche, une date privilégiée sur Quaternité, utilisée à peu près chaque année pour une publication. L'une des raisons est qu'il s'agit du 21/13 du calendrier pataphysique, or c'est une recherche sur 2113 qui m'avait conduit à L'orbite déchiquetée, et à d'autres romans de SF où apparaît l'année 2113 (dont un de Attanasio).
  Si le billet 316 a été publié le 17/8, si le billet 318 le sera le 31/8, alors ce billet 317 se doit de l'être à mi-chemin, le 24/8, ce qui tombe doublement bien.
  2-4-8, ce sont les nombres fondamentaux de Ricardou, et ce 24/8 seront fêtés les 48 ans de ma fille Aurélie, âge éminemment ricardolien.

  Elle doit son nom à Aurélia de Nerval (Le rêve est une seconde vie), et à la veille de cet anniversaire les nouvelles annoncent la mort d'un fameux rêveur, le dernier des Everly Brothers, à l'âge non moins ricardolien de 84 ans.
  Je rappelle que cet obsédé des nombres 2-4-8, et plus particulièrement des formes 48, 84, 24, 42, est mort à 84 ans en
2016 = 24 x 84 = 48 x 42
 
  248 est aussi le nombre de mots de la 61e phrase de Résipiscence, où j'ai vu un double codage. Ses trois doubles parenthèses, (peu à peu), (on le comprend), et (mot à mot), peuvent être assemblées pour former une proposition cohérente, "peu à peu, on le comprend mot à mot", mais un autre degré consisterait à isoler les mots centraux de chaque triplet, "à-le-à", formant ALEA, "dé" en latin, "dé" qui est l'un des maîtres mots de la nouvelle.
  J'avais entrevu autre chose que j'avais tu: les lettres D-E sont aussi outre-Manche (comme outre-Rhin) les notes ré-mi.
  Absurde, ridicule, bien sûr, mais voici que je m'avise que les deux dernières phrases où la mise à part des parenthèses m'a fait entrevoir de possibles rapports dorés sont la 325e, de structure 34 (7) 21 (20) 13 (12) 104, et la 188e, de structure 54 (86), réalisent le minimum syndical du point de vue symétricologique, avec une syllabe identique aux deux bouts: ces syllabes sont RE ("Revenant" "faire") et MI ("Mieux" "émis"). Tiens, la version de la phrase 325 écourtée à sa partie 34 (7) 21 (20) 13, donnée plus haut, s'achève aussi sur la syllabe RE ("deg").

  C'est fou, mais je crois avoir montré que toute cette affaire est folle et m'implique bon gré, mal gré. J'ai donné à diverses reprises les étonnants parallèles entre certains aspects de nos écrits, alors même que nos buts divergent radicalement, et que je ne ressens guère de sympathie envers le personnage. Mon séjour à l'IMEC m'a fait découvrir un autre point commun que je dévoilerai prochainement.

  Dans le cadre de ce 317e billet, il est plus immédiat de remarquer que la phrase 325 vient 137 phrases après la phrase 188.
  Considérer ensemble ces phrases m'a conduit à autre chose que le 9-8-7 allemand donnant les 140 mots de la phrase 188. La phrase 325 a en tout 172 mots hors les parenthèses, soit deux fois 86, le nombre précédant 140 dans la série Bleue.
  L'esthétique du nombre d'or s'appuie en principe sur la propriété mathématique de la "divine proportion", supposée harmoniser idéalement trois quantités. Si ceci peut se comprendre, il est plus difficile d'accepter l'idée partagée par beaucoup de peintres que l'harmonie perdure dans ce que Sérusier nommait la "double coupe d'or". C'est-à-dire que si un rectangle d'or a pour longueur a et pour largeur b, le rectangle a x 2b serait aussi harmonieux.
  J'ai envisagé que Ricardou eût été inspiré par cette idée pour les deux dernières phrases de la Préface, en 183 et 226 mots (je sais maintenant que ces 226 mots n'étaient pas prévus au départ).
  Il me semble d'ailleurs que cette idée eût pu influencer Le Corbusier, avec le doublement des valeurs de la série Rouge par celle de la série Bleue. Si une seule échelle de mesures était insuffisante, il y avait d'autres solutions (comme celle d'une progression géométrique avec pour raison la racine du nombre d'or).

  Ce 317e billet est en outre le 137e billet écrit à Esparron, après notre déménagement fin 2014. L'écriture du 1er billet esparronnais, meshane maqom, m'a conduit à ces que j'estime souvent être ma plus belle découverte, un magnifique chiasme utilisant les valeurs des huit premiers termes de la suite de Fibonacci écrits en anglais:
ONE+ONE+TWO+THREE+FIVE+EIGHT = 13x21
1x1x2x3x5x8  = THIRTEEN+TWENTYONE
Vérification sur le Gématron.

  La somme totale des valeurs de ces 8 nombres étant 513, j'avais eu la curiosité d'en calculer la section d'or entière approchée, soit 317, ce qui ne m'avait d'abord pas été évocateur.
  Plus tard, lorsque j'ai utilisé ces harmonies dans un sonnet de 513 lettres, je me suis avisé que 317 se répartissait au stade suivant en 196 et 121, les carrés de 14 et 11, avec divers rebonds.

  Lors de mon exploration en 2014 des égalités entre nombres et valeurs de leurs chiffres dans différentes langues, je n'avais vu que 137 et 160 en allemand (et 146 en anglais).
  Je n'avais pas alors considéré les nombres de deux chiffres, imaginant qu'un résultat serait improbable. J'avais tort, car
86 = ACHT + SECHS = 32 + 54 = 86.

  Attendu que trois autres chiffres allemands (4-7-9) ont pour valeur 54, le même jeu 32-54 (série Bleue) se rencontre pour 8 nombres, notamment les 48 et 84 chers à Ricardou.
  A considérer aussi les renversements 86-98 et 68-89.

  Dans le roman de Thilliez, le nombre 98784 représentait le nombre de battements du coeur du tueur pendant les 24 heures où il torturait à mort les parents d'un enfant, sur le crâne duquel il tatouait ensuite le nombre. Il y a d'autres nombres de ce type, puisqu'il y a eu 7 couples assassinés, mais 98784 est le seul nombre qui, divisé par 1440 (nombre de minutes par jour), donne un résultat sans reste, 68,6.
  Je n'avais pas souligné alors que sechs-acht-sechs donnait aussi une double césure dans la série Bleue, 54-32-54.
  "coeur" est un mot essentiel dans les écrits symétricologiques de Ricardou, supposé se nommer Jean Ricoeur dans la Préface, et être mort d'un accident de la circulation (cardiaque) dans Le lapsus circulaire.

  Le titre du 316e billet était Une intégrale transmutation, mots présents dans la phrase avec les Fibos 9-8-7, se trouvant avec bonheur totaliser la valeur 316.
  Attendu que "transmutation" est un mot de 13 lettres, j'ai cherché un adjectif de 7 lettres dont la valeur ajoutée à "une transmutation" permettrait d'arriver à 317 pour ce 317e billet.


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