Depuis plusieurs années, mes obsessions numérologiques me dictaient de m'intéresser aux écrits de Claude Amoz, pseudo de l'érudite universitaire Anne-Marie Ozanam qui a publié sous ce nom huit polars.
Je reviendrai plus loin sur ces raisons, pas si impérieuses faut-il croire puisque j'ai laissé passer diverses occasions avant d'acquérir Dans la tourbe chez un bouquiniste d'Aix le 15 avril dernier. J'ai commencé sa lecture peu après, mais j'étais alors si sollicité par divers sujets que je n'ai pu m'intéresser aux personnages de ce roman complexe.
Néanmoins, à mon dernier séjour à Paris, je n'étais pas échaudé au point de ne pas ouvrir un autre Claude Amoz vu dans un étal, Bois-Brûlé, et d'y repérer une structure en 5 parties, de Premier jour à Cinquième jour, ce qui était amplement suffisant pour motiver un quaternitaire obsessif.
Pendant ce séjour s'est renouvelé de façon tout à fait indépendante mon intérêt pour Claude Aveline, avec la découverte de L'oeil-de-chat, 5e et dernier des Belot (selon l'écriture) qui m'a conduit ici à imaginer une nouvelle catégorie de romans se déroulant pendant la semaine pascale, ceux s'achevant le Vendredi saint, tandis que les 5 que je connaissais jusqu'à présent s'achevaient le Dimanche de Pâques.
J'ai ensuite lu la nouvelle d'Aveline étudiée dans le précédent billet, où un meurtre est commis vers le centre d'un quadrilatère. Ceci m'a donné envie de regarder plus avant le livre de Claude A... en 5 parties, dont un trop bref aperçu m'avait montré que certains chapitres se passaient en avril, d'autres en mai, ce qui était un peu démotivant.
En fait les 5 jours sont parfaitement séquentiels, du 17 avril au 21 avril, mais seuls 14 chapitres (sur 39) décrivent en temps réel le drame s'étant déroulé alors, avec une narration épousant le point de vue de Victor Brouilley, 46 ans, à la raison vacillante, ayant sur un coup de tête quitté son emploi le 17 avril pour partir vers l'Argonne où il a connu quelques jours heureux dans son enfance.
Les autres chapitres se passent 40 jours plus tard, du 27 au 31 mai, épousant soit le point de vue de Martin Tissier, notaire à Ste-Menehould, habitant la maison Bois-Brûlé isolée en forêt (13 chapitres), soit celui de Leila Boumali (11), jeune fille au pair engagée pour s'occuper de Stephen, le fils de Viviane, depuis peu en ménage avec le notaire.
La narration laisse à penser que Stephen a été tué pendant le drame d'avril, mais les derniers chapitres montrent que c'est en fait Victor qui est mort, avec une responsabilité partagée par plusieurs protagonistes, le 21 avril.
L'action du roman paru en février 02 n'est pas expressément datée, mais plusieurs éléments concordants permettent de la situer en 2000 :
- Victor est né le 29 juillet 53, et a 46 ans en avril;
- quelques précisions de jours sont données, ainsi le 31 mai est un mercredi, le jour des résultats de l'enquête sur le drame du 21 avril.
Or en 2000 Pâques tombait le 23 avril, en conséquence le 21 avril était Vendredi saint, et le jour où Victor a quitté son emploi était le lendemain des Rameaux.
S'il est difficile d'affirmer quoi que ce soit sur les intentions de l'auteur, du moins peut-on supposer qu'elle a écrit le roman avec un calendrier de 2000 sous les yeux, et qu'elle savait que le 21 avril était Vendredi saint. Le meilleur indice d'une intention cachée est peut-être son vrai nom, Ozanam, dérivé de l'accusatif latin hosannam, désignant une prière juive hosha-na ("sauve nous !"), et ancien nom des Rameaux dans la tradition chrétienne, comme en témoigne le mathématicien Jacques Ozanam (1640-1718), dans ses Récréations mathématiques : Je préfère ne pas en dire plus du roman, qu'il me semble important de lire, pour approfondir les particularités de cette nouvelle découverte.
C'est évidemment fabuleux d'être arrivé à ce second "VS" de CLAUDE A(moz) 3 semaines après le premier de CLAUDE A(veline), en grande partie par hasard. Je m'intéresse aux dates pascales depuis 15 ans, et je n'ai rencontré aucun texte de ce strict type avant ces deux.
Cette quasi-concomitance est encore extraordinairement proche des découvertes encore plus rapprochées des deux derniers "DP" (textes se déroulant pendant la semaine pascale et s'achevant le Dimanche de Pâques), il y a près de trois ans, en octobre 08. C'est parce que le 4e DP, Les quatre coins de la nuit, de Craig Holden, avait 38 chapitres, 38 comme ses initiales C-H, que j'ai eu envie de regarder si un auteur B-A n'aurait pas écrit un livre en 21 chapitres (rapport à mes recherches BA-CH = 21-38), et c'est ainsi que j'ai découvert Le décorateur de Boris Akounine, couvrant la semaine sainte de 1889.
J'ai donc ici deux auteurs C-A, autre combinaison de lettres de BACH. Je rappelle que l'enquête sur les B-A m'a aussi fait découvrir Léviathan de B. Akounine, qui se termine un Vendredi saint (mais dont l'action s'étend sur une période plus étendue que la semaine pascale). Il y a tout de même une parenté assez proche entre ce roman, constitué de 3 parties de chacune 5 chapitres, chaque chapitre ayant son mode de narration épousant le point de vue de 5 des protagonistes, et Bois-Brûlé, constitué de 5 parties où alternent des chapitres épousant le point de vue de 3 des protagonistes.
Une autre coïncidence entre ces deux paires de livres ou d'auteurs : les versions poche françaises sont parues dans deux collections, Rivages/Noir pour Bois-Brûlé et Les quatre coins de la nuit (n° 423 et 447, six mois plus tard), Grands Détectives 10/18 pour L'oeil-de-chat et Le décorateur (n° 1654 et 3712).
Dans L'oeil-de-chat, on peut considérer que la culpabilité se partage entre le criminel par action, Berger, et le criminel par intention, Mercier. La mort de Victor Brouilley résulte plus nettement de deux actions volontaires, celle du jeune Stephen qui jette un pétard vers le bidon d'essence utilisé comme menace par Brouilley, et celle du notaire Tissier qui condamne la seule issue salvatrice; je remarque au passage que Tissier est un autre nom de corporation (tisserand).
Puisque je voyais une possible allusion au chemin de croix dans les 14 chapitres de L'oeil-de-chat, pourquoi refuser cet éventuel statut aux 14 chapitres "Brouilley", se déroulant en temps réel les 5 jours d'avril concernés ?
L'alternance des temps de narration est encore à rapprocher de celle des Quatre coins de la nuit, où les chapitres impairs concernent la semaine sainte de 1996, tandis que les chapitres pairs (sauf le dernier) sont des flashbacks.
L'exception du dernier chapitre, ici consacré à quelques broutilles après le climax du sacrifice du héros pendant la nuit pascale au chapitre précédent, a son pendant dans Bois-Brûlé, où la narration du dernier chapitre apporte un nouvel éclairage sur le drame avec le point de vue du jeune Stephen.
La richesse de Bois-Brûlé m'a fait lire dans la foulée Dans la tourbe, qui a provoqué en moi une stupeur telle que j'hésite à en parler.
Le personnage principal est un vieil alcoolique nommé Elie (premier mot du livre), et son origine juive lui permettra d'élucider le principal mystère du roman, le mystérieux mot Anouk laissé par une mourante, ne désignant pas une personne mais la fête de Hanouka, mot de même étymologie que Hanok, Enoch, et j'ai mentionné maintes fois le parallèle que j'ai été conduit à voir entre Jung-Haemmerli et Elie-Enoch. J'arrive à ce livre six mois après avoir lu Père Elijah (Elie), dont le mot de la fin est "Enoch".
Page 136 (valeur de Jung-Haemmerli ou de Elie-Enoch en hébreu), un certain Marc (voir Aveline) assimile la crucifixion du Christ aux rites païens de fin d'hiver, consistant en sacrifices (souvent humains) destinés à restaurer la fécondité de la terre.
Je m'arrête là, sinon je vais encore me trouver coincé comme dans le dernier billet où je n'ai pu donner les explications promises.
Les raisons numérologiques qui m'ont commandé de m'intéresser à Claude Amoz viennent de mon inscription en 1996 à l'association 813, où j'ai reçu le numéro 149. Le nombre m'était familier, à cause d'un rêve qui m'a marqué, vers 25 ans : j'étais dans une librairie, et j'y repérais un nouveau titre de mon auteur de S-F favori (dans le rêve), qui m'enthousiasmait grandement :
J'ai ensuite eu plusieurs projets romanesques utilisant ce titre, jamais aboutis. Lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la gématrie, j'ai remarqué
LA VIE = 49; MORTELLE = 100
Il suffisait d'une implication plus personnelle pour obtenir une parfaite adéquation avec le motif 1-2
MA VIE = 50; MORTELLE = 100
qui se trouvait correspondre à mon nom selon l'état civil :
REMY SCHULZ = 61 + 89 = 150
(je détestais cet Y que j'ai transformé en I pour mes premières publications "autorisées")
Puis le nombre d'or a frappé, avec quelques échos à ces nombres 149-150 :
Jean-Bernard Condat = 92-57 (149), remarquait dans son introduction à Nombre d'or et musique (1988) que les valeurs numériques de ses prénom-nom étaient en rapport d'or optimal.
George Bretzlee = 57-93 (150) est un pseudonyme de Georges Perec (76-47 aussi en rapport d'or optimal), lié à de multiples coïncidences dorées.
Incidemment, le découpage 50-100 est apparu ces derniers jours avec le diptyque ci-dessous (50x100 et 100x100), juste achevé par ma compagne Anne(-Marie en fait) pour une commande vieille de deux ans : J'ai donc eu la curiosité de regarder qui était le n° 92 de 813, et c'était Claude Amoz. Il fallait bien que ce soit quelqu'un, mais la relation dorée 149/92 était soulignée par une autre, Schulz/Amoz = 89/55, deux nombres de Fibonacci, donnant une excellente approximation du nombre d'or, 1,618...
Je ne crois pas avoir alors eu accès à son vrai nom, car la constatation que
ANNE-MARIE OZANAM = 80+70 = 150,
même valeur que REMY SCHULZ, aurait dû me faire dévorer du Amoz séance tenante...
Le précédent billet m'a fait donner un commentaire peu élogieux de Mortelles voyelles, lu en décembre dernier, où j'ai cependant appris quelque chose : en numération romaine médiévale, la lettre Y était employée pour le chiffre 150. Le tueur du roman avait peu apprécié l'oubli du Y dans le sonnet Voyelles, et en avait donné sa version sous forme de 6 meurtres colorés, le plus beau rôle étant donné au Y.
Ainsi le Y de mon prénom de baptême trouvait-il une certaine justification, d'autant que ma propre obsession du sonnet de Rimbaud m'avait déjà conduit à en proposer des versions avec les 6 voyelles.
Il y a des échos avec Bois-Brûlé, dont les 5 parties sont introduites par 5 citations de Rimbaud. Leila vient de Charleville, où elle a trouvé sur la tombe de Rimbaud une bague, avec une inscription en arabe qu'elle finit par se faire traduire, Voici le temps des Assassins, dans la dernière partie introduite par cette citation des Illuminations. Je remarque le nom de la victime du Vendredi saint, Brouilley, s'achevant sur un Y, la "lettre samienne" sur laquelle aurait eu lieu la première crucifixion "historique", celle de Polycrate de Samos mentionnée par Hérodote.
Le 20/10/10, j'ai donné ici une anagramme des 13 premiers vers de Vocalisations, 156 pieds à l'occasion du 156e anniversaire de la naissance de Rimbaud. J'y montrais cette image de sa tombe, sans m'appesantir sur les deux étoiles à 5 branches qui pouvaient souligner la structure 5-3-5 de mon poème, et qui pourraient maintenant s'accorder avec la structure en 2 fois 5 jours du roman d'Amoz.
J'avais été conduit à cette anagramme à cause d'une belle propriété de la gématrie 5854 des 13 vers initiaux, et il s'est trouvé que Dans la tourbe avait le numéro 5854 dans la collection J'ai lu. Je rappelle que j'avais donné en 2006 une anagramme du sonnet complet, de valeur 6272, en réaction à 3 autres anagrammes déjà existantes, la mienne constituant donc un 5e arrangement des mêmes lettres de valeur 6272, bien avant de découvrir les 5 fois 6272 jours de la vie de Jung.
Le 20 octobre est encore pour moi un anniversaire essentiel, celui de Frederic Dannay alias Ellery Queen, l'un de ceux qui a joué avec les dates pascales dans son oeuvre, notamment avec Et le huitième jour..., l'un des 5 "DP".
Les enfants meurtriers ont longtemps été un thème tabou dans la littérature policière, et je ne serais pas étonné si le premier roman majeur exploitant ce thème ait été La tragédie de Y, de Dannay/Queen en 1933, où l'assassin est un garçon de 13 ans, qui ne "fait que jouer", comme Stephen (environ 10 ans) chez Amoz.
C'est d'ailleurs curieux de trouver ce nom Stephen (son vrai père est américain, et le drame est lié à ce que Tissier imagine que ce père est Brouilley, ce dernier étant encore plus embrouillé), surtout sachant que Queen a crucifié un Stephen (stephanos, "couronné") dans Le mystère égyptien (1932).
La prière strictement juive hosanna est récitée le jour de Hoshanna Rabba, qui en 1905 tombait le soir du 20 octobre, jour de naissance de Dannay.
J'ai déjà parlé de La tragédie de Y, dans le billet Fred se met en quatre dont un point fort était les mort et résurrection d'un personnage de Fred Vargas le Vendredi saint 2004. Comme il était beaucoup question de Alpha et Oméga, symbole christique, j'avais donné parmi mes illustrations trois manuscrits de la première figure de Raban Maur, où l'auréole du Christ tient par trois "pattes" A-M-O (ci-contre un peu trafiquée pour améliorer la lisibilité).
Je m'aperçois aujourd'hui que A-M-O correspond non seulement aux premières lettres du pseudo AMOz, mais aussi aux initiales du vrai nom de l'auteur, A-M O.
La famille Ozanam a été à l'honneur en 1997, avec la béatification de Frédéric Ozanam, né le 23 avril 1813, qui était un vendredi, mais pas le Vendredi saint, sauf dans le calendrier orthodoxe. Je remarque surtout l'année, (1)813, et sa mort à 40 ans le 8 septembre 1853, 20 ans avant la Nativité de Jarry, point de départ de l'ère pataphysique (je rappelle que ma "révélation" du 8 septembre 08 correspondait au 1er Absolu 136 du calendrier pataphysique).
Une remarquable coïncidence est survenue lorsque je me suis dit que je pourrais illustrer mes propos ci-dessus avec les lignes de Nombre d'or et musique où JB Condat donne la gématrie de son nom. J'espérais trouver la page sur GoogleLivres, et ai tapé la requête nombre d'or musique, qui a donné pour première réponse les Récréations mathématiques d'Ozanam où j'avais trouvé plus haut l'identification de Hosanna aux Rameaux (page 229). Ici c'est à partir de la page 182 qu'il est question d'un autre "nombre d'or", l'indexation d'une année selon le cycle de Méton, et c'est assez bizarre de trouver cette page en premier car il n'y a qu'une occurrence de "musique", éloignée, dans le sous-titre de l'ouvrage :Une requête nombre d'or musique condat livre en premier résultat le livre de Condat cherché, mais sans aperçus.
Dans cette interview en ligne, Claude Amoz confie que ses deux romans préférés sont Bois-Brûlé et Dans la tourbe.
Je rappelle que ce site donne les dates de Pâques grégorienne, julienne, et israélite.
Une dernière curiosité : ce rappel de l'orthographe officielle de mon prénom, REMY = 61, survient lors de mon 61e anniversaire ce 6 juillet.
Je reviendrai plus loin sur ces raisons, pas si impérieuses faut-il croire puisque j'ai laissé passer diverses occasions avant d'acquérir Dans la tourbe chez un bouquiniste d'Aix le 15 avril dernier. J'ai commencé sa lecture peu après, mais j'étais alors si sollicité par divers sujets que je n'ai pu m'intéresser aux personnages de ce roman complexe.
Néanmoins, à mon dernier séjour à Paris, je n'étais pas échaudé au point de ne pas ouvrir un autre Claude Amoz vu dans un étal, Bois-Brûlé, et d'y repérer une structure en 5 parties, de Premier jour à Cinquième jour, ce qui était amplement suffisant pour motiver un quaternitaire obsessif.
Pendant ce séjour s'est renouvelé de façon tout à fait indépendante mon intérêt pour Claude Aveline, avec la découverte de L'oeil-de-chat, 5e et dernier des Belot (selon l'écriture) qui m'a conduit ici à imaginer une nouvelle catégorie de romans se déroulant pendant la semaine pascale, ceux s'achevant le Vendredi saint, tandis que les 5 que je connaissais jusqu'à présent s'achevaient le Dimanche de Pâques.
J'ai ensuite lu la nouvelle d'Aveline étudiée dans le précédent billet, où un meurtre est commis vers le centre d'un quadrilatère. Ceci m'a donné envie de regarder plus avant le livre de Claude A... en 5 parties, dont un trop bref aperçu m'avait montré que certains chapitres se passaient en avril, d'autres en mai, ce qui était un peu démotivant.
En fait les 5 jours sont parfaitement séquentiels, du 17 avril au 21 avril, mais seuls 14 chapitres (sur 39) décrivent en temps réel le drame s'étant déroulé alors, avec une narration épousant le point de vue de Victor Brouilley, 46 ans, à la raison vacillante, ayant sur un coup de tête quitté son emploi le 17 avril pour partir vers l'Argonne où il a connu quelques jours heureux dans son enfance.
Les autres chapitres se passent 40 jours plus tard, du 27 au 31 mai, épousant soit le point de vue de Martin Tissier, notaire à Ste-Menehould, habitant la maison Bois-Brûlé isolée en forêt (13 chapitres), soit celui de Leila Boumali (11), jeune fille au pair engagée pour s'occuper de Stephen, le fils de Viviane, depuis peu en ménage avec le notaire.
La narration laisse à penser que Stephen a été tué pendant le drame d'avril, mais les derniers chapitres montrent que c'est en fait Victor qui est mort, avec une responsabilité partagée par plusieurs protagonistes, le 21 avril.
L'action du roman paru en février 02 n'est pas expressément datée, mais plusieurs éléments concordants permettent de la situer en 2000 :
- Victor est né le 29 juillet 53, et a 46 ans en avril;
- quelques précisions de jours sont données, ainsi le 31 mai est un mercredi, le jour des résultats de l'enquête sur le drame du 21 avril.
Or en 2000 Pâques tombait le 23 avril, en conséquence le 21 avril était Vendredi saint, et le jour où Victor a quitté son emploi était le lendemain des Rameaux.
S'il est difficile d'affirmer quoi que ce soit sur les intentions de l'auteur, du moins peut-on supposer qu'elle a écrit le roman avec un calendrier de 2000 sous les yeux, et qu'elle savait que le 21 avril était Vendredi saint. Le meilleur indice d'une intention cachée est peut-être son vrai nom, Ozanam, dérivé de l'accusatif latin hosannam, désignant une prière juive hosha-na ("sauve nous !"), et ancien nom des Rameaux dans la tradition chrétienne, comme en témoigne le mathématicien Jacques Ozanam (1640-1718), dans ses Récréations mathématiques : Je préfère ne pas en dire plus du roman, qu'il me semble important de lire, pour approfondir les particularités de cette nouvelle découverte.
C'est évidemment fabuleux d'être arrivé à ce second "VS" de CLAUDE A(moz) 3 semaines après le premier de CLAUDE A(veline), en grande partie par hasard. Je m'intéresse aux dates pascales depuis 15 ans, et je n'ai rencontré aucun texte de ce strict type avant ces deux.
Cette quasi-concomitance est encore extraordinairement proche des découvertes encore plus rapprochées des deux derniers "DP" (textes se déroulant pendant la semaine pascale et s'achevant le Dimanche de Pâques), il y a près de trois ans, en octobre 08. C'est parce que le 4e DP, Les quatre coins de la nuit, de Craig Holden, avait 38 chapitres, 38 comme ses initiales C-H, que j'ai eu envie de regarder si un auteur B-A n'aurait pas écrit un livre en 21 chapitres (rapport à mes recherches BA-CH = 21-38), et c'est ainsi que j'ai découvert Le décorateur de Boris Akounine, couvrant la semaine sainte de 1889.
J'ai donc ici deux auteurs C-A, autre combinaison de lettres de BACH. Je rappelle que l'enquête sur les B-A m'a aussi fait découvrir Léviathan de B. Akounine, qui se termine un Vendredi saint (mais dont l'action s'étend sur une période plus étendue que la semaine pascale). Il y a tout de même une parenté assez proche entre ce roman, constitué de 3 parties de chacune 5 chapitres, chaque chapitre ayant son mode de narration épousant le point de vue de 5 des protagonistes, et Bois-Brûlé, constitué de 5 parties où alternent des chapitres épousant le point de vue de 3 des protagonistes.
Une autre coïncidence entre ces deux paires de livres ou d'auteurs : les versions poche françaises sont parues dans deux collections, Rivages/Noir pour Bois-Brûlé et Les quatre coins de la nuit (n° 423 et 447, six mois plus tard), Grands Détectives 10/18 pour L'oeil-de-chat et Le décorateur (n° 1654 et 3712).
Dans L'oeil-de-chat, on peut considérer que la culpabilité se partage entre le criminel par action, Berger, et le criminel par intention, Mercier. La mort de Victor Brouilley résulte plus nettement de deux actions volontaires, celle du jeune Stephen qui jette un pétard vers le bidon d'essence utilisé comme menace par Brouilley, et celle du notaire Tissier qui condamne la seule issue salvatrice; je remarque au passage que Tissier est un autre nom de corporation (tisserand).
Puisque je voyais une possible allusion au chemin de croix dans les 14 chapitres de L'oeil-de-chat, pourquoi refuser cet éventuel statut aux 14 chapitres "Brouilley", se déroulant en temps réel les 5 jours d'avril concernés ?
L'alternance des temps de narration est encore à rapprocher de celle des Quatre coins de la nuit, où les chapitres impairs concernent la semaine sainte de 1996, tandis que les chapitres pairs (sauf le dernier) sont des flashbacks.
L'exception du dernier chapitre, ici consacré à quelques broutilles après le climax du sacrifice du héros pendant la nuit pascale au chapitre précédent, a son pendant dans Bois-Brûlé, où la narration du dernier chapitre apporte un nouvel éclairage sur le drame avec le point de vue du jeune Stephen.
La richesse de Bois-Brûlé m'a fait lire dans la foulée Dans la tourbe, qui a provoqué en moi une stupeur telle que j'hésite à en parler.
Le personnage principal est un vieil alcoolique nommé Elie (premier mot du livre), et son origine juive lui permettra d'élucider le principal mystère du roman, le mystérieux mot Anouk laissé par une mourante, ne désignant pas une personne mais la fête de Hanouka, mot de même étymologie que Hanok, Enoch, et j'ai mentionné maintes fois le parallèle que j'ai été conduit à voir entre Jung-Haemmerli et Elie-Enoch. J'arrive à ce livre six mois après avoir lu Père Elijah (Elie), dont le mot de la fin est "Enoch".
Page 136 (valeur de Jung-Haemmerli ou de Elie-Enoch en hébreu), un certain Marc (voir Aveline) assimile la crucifixion du Christ aux rites païens de fin d'hiver, consistant en sacrifices (souvent humains) destinés à restaurer la fécondité de la terre.
Je m'arrête là, sinon je vais encore me trouver coincé comme dans le dernier billet où je n'ai pu donner les explications promises.
Les raisons numérologiques qui m'ont commandé de m'intéresser à Claude Amoz viennent de mon inscription en 1996 à l'association 813, où j'ai reçu le numéro 149. Le nombre m'était familier, à cause d'un rêve qui m'a marqué, vers 25 ans : j'étais dans une librairie, et j'y repérais un nouveau titre de mon auteur de S-F favori (dans le rêve), qui m'enthousiasmait grandement :
1LA VIE 2MORTELLE
J'ai ensuite eu plusieurs projets romanesques utilisant ce titre, jamais aboutis. Lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la gématrie, j'ai remarqué
LA VIE = 49; MORTELLE = 100
Il suffisait d'une implication plus personnelle pour obtenir une parfaite adéquation avec le motif 1-2
MA VIE = 50; MORTELLE = 100
qui se trouvait correspondre à mon nom selon l'état civil :
REMY SCHULZ = 61 + 89 = 150
(je détestais cet Y que j'ai transformé en I pour mes premières publications "autorisées")
Puis le nombre d'or a frappé, avec quelques échos à ces nombres 149-150 :
Jean-Bernard Condat = 92-57 (149), remarquait dans son introduction à Nombre d'or et musique (1988) que les valeurs numériques de ses prénom-nom étaient en rapport d'or optimal.
George Bretzlee = 57-93 (150) est un pseudonyme de Georges Perec (76-47 aussi en rapport d'or optimal), lié à de multiples coïncidences dorées.
Incidemment, le découpage 50-100 est apparu ces derniers jours avec le diptyque ci-dessous (50x100 et 100x100), juste achevé par ma compagne Anne(-Marie en fait) pour une commande vieille de deux ans : J'ai donc eu la curiosité de regarder qui était le n° 92 de 813, et c'était Claude Amoz. Il fallait bien que ce soit quelqu'un, mais la relation dorée 149/92 était soulignée par une autre, Schulz/Amoz = 89/55, deux nombres de Fibonacci, donnant une excellente approximation du nombre d'or, 1,618...
Je ne crois pas avoir alors eu accès à son vrai nom, car la constatation que
ANNE-MARIE OZANAM = 80+70 = 150,
même valeur que REMY SCHULZ, aurait dû me faire dévorer du Amoz séance tenante...
Le précédent billet m'a fait donner un commentaire peu élogieux de Mortelles voyelles, lu en décembre dernier, où j'ai cependant appris quelque chose : en numération romaine médiévale, la lettre Y était employée pour le chiffre 150. Le tueur du roman avait peu apprécié l'oubli du Y dans le sonnet Voyelles, et en avait donné sa version sous forme de 6 meurtres colorés, le plus beau rôle étant donné au Y.
Ainsi le Y de mon prénom de baptême trouvait-il une certaine justification, d'autant que ma propre obsession du sonnet de Rimbaud m'avait déjà conduit à en proposer des versions avec les 6 voyelles.
Il y a des échos avec Bois-Brûlé, dont les 5 parties sont introduites par 5 citations de Rimbaud. Leila vient de Charleville, où elle a trouvé sur la tombe de Rimbaud une bague, avec une inscription en arabe qu'elle finit par se faire traduire, Voici le temps des Assassins, dans la dernière partie introduite par cette citation des Illuminations. Je remarque le nom de la victime du Vendredi saint, Brouilley, s'achevant sur un Y, la "lettre samienne" sur laquelle aurait eu lieu la première crucifixion "historique", celle de Polycrate de Samos mentionnée par Hérodote.
Le 20/10/10, j'ai donné ici une anagramme des 13 premiers vers de Vocalisations, 156 pieds à l'occasion du 156e anniversaire de la naissance de Rimbaud. J'y montrais cette image de sa tombe, sans m'appesantir sur les deux étoiles à 5 branches qui pouvaient souligner la structure 5-3-5 de mon poème, et qui pourraient maintenant s'accorder avec la structure en 2 fois 5 jours du roman d'Amoz.
J'avais été conduit à cette anagramme à cause d'une belle propriété de la gématrie 5854 des 13 vers initiaux, et il s'est trouvé que Dans la tourbe avait le numéro 5854 dans la collection J'ai lu. Je rappelle que j'avais donné en 2006 une anagramme du sonnet complet, de valeur 6272, en réaction à 3 autres anagrammes déjà existantes, la mienne constituant donc un 5e arrangement des mêmes lettres de valeur 6272, bien avant de découvrir les 5 fois 6272 jours de la vie de Jung.
Le 20 octobre est encore pour moi un anniversaire essentiel, celui de Frederic Dannay alias Ellery Queen, l'un de ceux qui a joué avec les dates pascales dans son oeuvre, notamment avec Et le huitième jour..., l'un des 5 "DP".
Les enfants meurtriers ont longtemps été un thème tabou dans la littérature policière, et je ne serais pas étonné si le premier roman majeur exploitant ce thème ait été La tragédie de Y, de Dannay/Queen en 1933, où l'assassin est un garçon de 13 ans, qui ne "fait que jouer", comme Stephen (environ 10 ans) chez Amoz.
C'est d'ailleurs curieux de trouver ce nom Stephen (son vrai père est américain, et le drame est lié à ce que Tissier imagine que ce père est Brouilley, ce dernier étant encore plus embrouillé), surtout sachant que Queen a crucifié un Stephen (stephanos, "couronné") dans Le mystère égyptien (1932).
La prière strictement juive hosanna est récitée le jour de Hoshanna Rabba, qui en 1905 tombait le soir du 20 octobre, jour de naissance de Dannay.
J'ai déjà parlé de La tragédie de Y, dans le billet Fred se met en quatre dont un point fort était les mort et résurrection d'un personnage de Fred Vargas le Vendredi saint 2004. Comme il était beaucoup question de Alpha et Oméga, symbole christique, j'avais donné parmi mes illustrations trois manuscrits de la première figure de Raban Maur, où l'auréole du Christ tient par trois "pattes" A-M-O (ci-contre un peu trafiquée pour améliorer la lisibilité).
Je m'aperçois aujourd'hui que A-M-O correspond non seulement aux premières lettres du pseudo AMOz, mais aussi aux initiales du vrai nom de l'auteur, A-M O.
La famille Ozanam a été à l'honneur en 1997, avec la béatification de Frédéric Ozanam, né le 23 avril 1813, qui était un vendredi, mais pas le Vendredi saint, sauf dans le calendrier orthodoxe. Je remarque surtout l'année, (1)813, et sa mort à 40 ans le 8 septembre 1853, 20 ans avant la Nativité de Jarry, point de départ de l'ère pataphysique (je rappelle que ma "révélation" du 8 septembre 08 correspondait au 1er Absolu 136 du calendrier pataphysique).
Une remarquable coïncidence est survenue lorsque je me suis dit que je pourrais illustrer mes propos ci-dessus avec les lignes de Nombre d'or et musique où JB Condat donne la gématrie de son nom. J'espérais trouver la page sur GoogleLivres, et ai tapé la requête nombre d'or musique, qui a donné pour première réponse les Récréations mathématiques d'Ozanam où j'avais trouvé plus haut l'identification de Hosanna aux Rameaux (page 229). Ici c'est à partir de la page 182 qu'il est question d'un autre "nombre d'or", l'indexation d'une année selon le cycle de Méton, et c'est assez bizarre de trouver cette page en premier car il n'y a qu'une occurrence de "musique", éloignée, dans le sous-titre de l'ouvrage :Une requête nombre d'or musique condat livre en premier résultat le livre de Condat cherché, mais sans aperçus.
Dans cette interview en ligne, Claude Amoz confie que ses deux romans préférés sont Bois-Brûlé et Dans la tourbe.
Je rappelle que ce site donne les dates de Pâques grégorienne, julienne, et israélite.
Une dernière curiosité : ce rappel de l'orthographe officielle de mon prénom, REMY = 61, survient lors de mon 61e anniversaire ce 6 juillet.
5 commentaires:
Cher Rémy Schulz,
Bien que n'étant pas numérologue, j'ai été très intéressée par votre remarquable étude. Vous êtes le premier à constater que le meurtre se produit le vendredi saint, ce qui, bien sûr, était voulu (j'évoquais
implicitement l'année en mentionnant la grande tempête, mais personne n'a relevé). Les quarante jours qui séparent le meurtre des réactions de mes
personnages ont également un sens, comme vous vous en doutez!
Cordialement à vous,
Claude
Grand merci, Claude, pour ces précisions.
Hélas, la grande tempête de 99, ça pouvait être clair en 2002, mais 10 ans plus tard ? et 100 ans ? car on lit toujours aujourd'hui Une étude en rouge, bien que l'enquête sur l'assassinat d'Enoch Drebber n'ait pas connu un franc succès à sa première parution en 1887.
Songeons aux futures générations...
Amitiés
j'ai le livre rouge en main (voir mon dernier billet) et je crois que, bien mieux que moi, tu verras de curieuses correspondances dans ses dimensions, poids etc. Merci pour ton texte vraiment passionnant.
Non mais QUI ?? arrive a vous suivre.... Par contre il y a visiblement tellement de choses (très intéressante au demeurant).
Il faudrait peu être découper les données en plus petits morceaux afin que le lecteur néophyte qui arrive sur vos écrits, ne soit pas déboussolés par la masse de chose. Sinon vos recherches risques de tomber dans l'oubli au sein d'un groupe restreint d'initiés numérologues. Ce serait dommage. N'y aurait t il pas une autre manière de présenter tout ce que vous écrivez dans une forme de " vulgarisation " accessible aux candides non numérologues.
Le non connaisseur que je suis (musicien autodidacte) salut toutefois la profondeur de vos recherches. Il faudra que j'y retourne avec courage et concentration
Respectueusement
Maurice
Cher Maurice S,
Vous avez probablement raison, mais ce blog se veut un compte-rendu sincère de ma démarche, sans rien omettre de ses complexités.
Ailleurs, sur mes autres sites ou mes publications, je peux y revenir avec plus de recul.
Merci.
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