31.8.19

il s'goure rouge à vrai vert


  Mon précédent billet, Sinople : rouge comme le vert, était essentiellement motivé par ma découverte que le sinople avait d'abord désigné le rouge en héraldique, avant d'y devenir le vert. Ceci aurait considérablement enrichi mon intervention à Cerisy le 2 août.
  J'avais pourtant le sentiment que j'avais déjà eu cette information, et ceci m'a fait consulter les courriers de Jean-Pierre Le Goff, qui s'intéressait, entre de multiples autres thèmes, à la complémentarité du rouge et du vert. J'ai mis de côté les divers courriers sur ce thème, pour les lire ensuite, et n'ai d'abord prêté une franche attention qu'à la lettre intitulée Du rouge au vert, l'énigme du sinople, où il étudiait cette délicate question en septembre 2002, et où il émettait une intéressante hypothèse.
  J'ai achevé mon billet sur cette redécou-verte, en m'émerveillant que ceci ait conduit JPLG à une intervention dans la Manche, où un petit fleuve côtier a été baptisé Sinope, à 50 km environ de Cerisy.

  Après avoir achevé le billet, j'ai lu les autres courriers de JPLG mis de côté, et ai été éberlué par Rencontre de lumières, où il conviait deux mois plus tôt ses lecteurs à une autre intervention dans la Manche, à Canisy, où est né Jean Follain. Voici le document (cliquer pour agrandir):

  Donc, JPLG revient ici sur une coïncidence entre deux textes qu'il avait lu coup sur coup en 1979. Dans Canisy, Follain se souvient d'avoir vu dans le ciel deux grands disques, l'un rouge, l'autre vert, ce dont les autres témoins ne semblaient guère s'étonner.
  Dans Le coeur aventureux, Ernst Jünger parle dans un texte intitulé Rouge et vert des couleurs rouge et vert qui seraient magnifiées, l'une au crépuscule, l'autre à l'aurore, et s'étonne que ces éclairages particuliers ne semblent pas frapper la plupart des gens.

  Ces deux livres sont parus aux éditions Gallimard en 1942, que JPLG ne signale pas être l'année de sa naissance. Il convie ceux qui le désirent à l'accompagner le 6 juillet 2002 à Canisy, où il déposera sur le seuil de la maison de Follain une pomme rouge et une pomme verte.

  Ce 6 juillet était mon 52e anniversaire. Que JPLG l'ait passé à Canisy m'effare, car, lorsque j'ai consulté une carte pour voir où se trouvait Cerisy, j'ai aussitôt remarqué sa proximité avec Canisy, à 10 km environ.
  Canisy, c'est presque l'anagramme de Siniac, le pseudo sous lequel Pierre Zakariadis a écrit une cinquantaine de polars. L'un était inédit à sa mort, en mars 2002, La course du hanneton dans une ville détruite, et c'est un roman qui se passe du côté de Saint-Lô après le débarquement des Alliés, essentiellement à Canisy où se sont réfugiées diverses personnes. Siniac avait confié à ses proches que c'était un texte auquel il tenait beaucoup, très éloigné de son style habituel.
  Je m'étais promis d'aller y faire un tour, ce que je fis le matin du 2 août, qui aurait été le 77e anniversaire de JPLG. Le programme du colloque étant très chargé, je n'ai eu que le temps de prendre quelques photos du monument aux morts, où De Gaulle était venu le 7/7/60, le lendemain de mon 10e anniversaire.
  En partant le lendemain, je suis repassé par Canisy, et ai vu à la sortie du village le château ou manoir dont il est peut-être question dans le roman de Siniac.
  Le personnage principal du roman est Barbara Roussel, peut-être en écho à Raymond Roussel dont il est plusieurs fois question dans l'oeuvre de Siniac, et dont il est très souvent question à Cerisy. Les trois interventions du matin du 3 août étaient consacrées à Roussel, avec deux intervenants déjà mentionnés sur Quaternité, Hermes Salceda et Sjef Houppermans.

  Je ne savais pas que Follain était né à Canisy, et à vrai dire, son nom m'était presque inconnu. Je connaissais au moins le nom Jünger, et j'ai (ou j'avais) son roman Abeilles de verre, relevant paraît-il de la SF, mais j'avais vite abandonné sa lecture.
  Jünger a donné lieu à une coïncidence similaire à celle donnée dans L'oeil vert nous espionne, billet publié le 6/7 dernier, mon 69e anniversaire. Le 22 juin, j'ai lu un roman d'Eric Verteuil, auteur étroitement associé à un réseau de coïncidences initié par JPLG, et y ai remarqué la commune de Châteaurenard, dont j'ai aussitôt envisagé de vérifier l'existence. Lorsque j'ai eu accès à mon ordi, j'ai d'abord regardé ma boîte mèl, où FaceBook me suggérait d'adhérer au groupe Châteaurenard...
  C'est le 12 août que j'ai relu le courrier de JPLG reçu voici 17 ans, conviant à Canisy le 6 juillet 2002 en mémoire de Follain et Jünger, et le 13 août FaceBook me suggérait 8 groupes littéraires, parmi lesquels un consacré à Ernst Jünger. J'étais tout à fait certain de ne pas avoir tapé sur mon clavier "junger", et en ai été encore plus certain lorsque j'ai vu que FB m'avait déjà proposé ces mêmes groupes le 11 août.
  Ainsi, si j'avais été jusqu'à soupçonner de mystérieuses connexions entre mon esprit et FB, m'ayant proposé le groupe Châteaurenard quelques heures après que j'eus souhaité me renseigner sur cette commune, là FB avait anticipé l'irruption de Jünger dans mon affaire...
  FB me proposa à 6 reprises encore ces mêmes 8 groupes, soit 8 fois 8, jusqu'au 21/8.
  Je ne sais plus si mon titre L'oeil vert nous espionne exploitait consciemment l'anagramme sinople-l'espion, il était d'abord motivé par le désir d'obtenir la gématrie 284 pour ce 284e billet. C'est ensuite que j'ai lu Les émeraudes de Satan, commenté dans le précédent billet, où cette anagramme a pris plus d'importance, me menant à retrouver la dualité du sinople.

  Comme çoeur dp est intéressée au premier chef par Siniac et Canisy, je lui ai transmis aussitôt la lettre de JPLG. Elle connaissait évidemment Follain, et m'a fait part d'une coïncidence plus immédiate le concernant. Follain avait épousé la fille du peintre Maurice Denis, Madeleine, et Follain et Denis sont morts dans les mêmes circonstances, écrasés par des véhicules automobiles.
  Ceci m'est évocateur, et l'est devenu encore plus lorsque j'ai appris que Madeleine était aussi peintre, et qu'elle avait pris le pseudo Dinès pour se démarquer de son père.
  Mon grand-oncle Jean Souverbie, peintre et académicien (1891-1981), était proche de Maurice Denis, lequel l'avait d'ailleurs pressenti pour devenir son successeur à l'Atelier des Saintes Mesures, mais Jean avait décliné l'offre, et préféré fonder une Académie de la Section d'Or...
  Jean a eu 6 enfants, dont Madeleine, que nous voyions souvent, et Romain, qui choisit aussi de pratiquer la peinture, et qui le fit aussi sous un pseudonyme, Romain Souber, pour se démarquer de son père. Je me souviens en avoir été très frappé lorsque Madeleine nous en a fait part à l'occasion de sa première exposition.
  C'était en avril 1963 si j'en crois Jean-François Miniac, le seul à s'être intéressé en ligne à Souber. Je n'avais pas encore 13 ans. J'étais déjà un grand lecteur, écrivain aussi à l'occasion, de fanfreluches potaches, et je me souviens avoir commencé alors à utiliser des alias, comme Ramon Stournbik...
  Miniac est aussi écrivain, notamment de livres sur la Normandie, notamment des Mystères de la Manche, des Nouveaux Mystères de la Manche, et des Nouvelles affaires criminelles de la Manche...

  Siniac-Miniac...

  Si j'ai réussi à retrouver tout seul que le sinople avait d'abord été le rouge en héraldique, c'est encore çoeur dp qui s'est avérée indispensable en remarquant la proximité de "verrou" avec "vert-roux".
  Elle a ensuite suggéré "vers où?", ce à quoi j'avais aussi pensé, en relation avec JPLG et Romain Souverbie.
  Il y a quelque temps, peut-être une dizaine d'années, j'ai refait une balade agréable partant du passage à niveau des clues de Chabrières. Au bord du chemin, une inscription en vert doré sur un rocher me frappa, "vers où":
   La roche avait été soigneusement creusée avant d'être peinte. J'appris plus tard que c'était l'oeuvre d'un artiste coté, herman de vries, lequel a semé dans toute la région d'autres messages, parfois un unique point. Ce chemin a d'autres inscriptions, montrées ici, "quoi", "pourquoi", "où"... C'est très legoffien, mais je n'ai pu partager ceci avec JPLG atteint d'Alzheimer en 2007.

  Pourquoi Souverbie ? La découverte de l'inscription "vers où" m'a aussitôt plongé dans de profondes rêveries. Jouer avec les lettres m'a conduit à "Souver", qu'il me semblait être le pseudo jadis choisi par Romain.
  Peu avant, à l'occasion de l'installation de ma mère dans une maison médicalisée en août 2007, mon intérêt récent pour le nombre d'or m'avait fait découvrir qu'une toile de Jean Souverbie que je voyais jadis chaque jour dans l'appartement familial semblait avoir une construction dorée. Romain m'apprit que le nombre d'or avait effectivement été essentiel pour son père, et que lui-même utilisait aussi diverses proportions répétitives dans ses toiles.

  Je n'ai pu non plus communiquer à JPLG ce lien familial avec le nombre d'or, JPLG qui s'y intéressait aussi, parce qu'il y avait vu comme moi un facteur de coïncidence. J'ai rappelé en juillet comment ma première participation à une de ses interventions avait été l'occasion d'une belle surprise, l'apparition d'un panneau "NOMBRE D'OR" quelques minutes après que nous en avions parlé.

  Me replonger dans ses courriers m'a conduit à une autre surprise. En février 2000 JPLG a lu L'insolite aventure de Marina Sloty, sans raison particulière car il s'était jusqu'ici défié de Raoul de Warren. Il n'a d'ailleurs guère apprécié le roman, mais a été frappé par la précision apportée par l'auteur pour localiser le portail temporel qui fait passer Marina de 1959 à 1870. Il a cherché l'endroit exact sur une carte IGN, et prévu de s'y rendre pour y déposer une enveloppe cachetée similaire à celle décrite dans le roman (il ne donne cependant pas de date pour cette intervention, et il n'en est plus question dans les courriers ultérieurs).
  Je n'avais guère apprécié non plus le roman à première lecture, mais toute sa complexité m'est apparue lorsque je l'ai relu en 2011, et à cette complexité sont associés des nombres de Fibonacci que je n'imagine guère avoir été intentionnels:
- 1870 = 34 x 55
- 1959 = 34 x 55 + 89
- les dates mentionnées dans le roman pour cette double année 1870-1959 vont du 21 janvier au 11 septembre, soit 233 jours plus tard;
- c'est le 20 avril qu'est descellée la fameuse enveloppe, 89 jours après le 21 janvier, 144 avant le 11 septembre;
- la gématrie s'en mêle, avec le titre du roman de valeur 377, et le nom de l'héroïne, dont les valeurs 56+91=147 sont 7 fois 8+13=21.
  La présence des nombres de Fibo inférieurs (1-2-3-5) ne peut guère être considérée comme significative, mais que dire de l'éventualité de voir tous les 9 Fibos suivants, 8-13-21-34-55-89-144-233-377?

  Comme JPLG 11 ans plus tôt, j'ai cherché en 2011 où se situait le portail décrit par Warren, en utilisant maintenant GoogleMaps, et envisagé de m'y rendre. De fait, j'ai étudié la possibilité de passer par là lors de mon tout récent déplacement à Cerisy, mais le détour était par trop important.

  Un autre courrier sélectionné de JPLG est consacré à l'anagramme LA GOUACHE VERTE = ET LA VACHE ROUGE trouvée par un de ses correspondants.
  Pour ce billet, j'ai voulu évoquer le rouge et le vert en relation avec une autre complémentarité, VERITE et GOURANCE (car il y a VERT dans l'un et ROUGE dans l'autre. Je voulais un titre de valeur 288 pour ce 288e billet, et Il s'goure rouge à vrai vert est ce à quoi je suis parvenu...
  Parmi les autres recherches,
vérité gourance = rouge, ça nie vert
vérité de gourance = avec green, red itou = ce rouge n'aide vert
 vérité y gourances = rouge, verte, Canisy

  288 m'est important car c'est la somme de 72 et 216, les valeurs des sefirot hesed et gevura, Clémence et Rigueur, une autre complémentarité, alors que jusqu'ici mes billets du 31 août, ou 21/13 pataphysique, ont été souvent liés au couple blanc/noir, en souvenir du Des jours et des nuits de Sinoué lu le 31/8/2008.
  Clémence et Rigueur sont aussi homologuées aux planètes Jupiter et Mars, Tsedeq et Madim, "juste" et "rouge".

  Le nom Souverbie permet aussi une belle anagramme, soulignée par le choix du pseudo Souber de Romain,
SOUVERBIE : la BOURSE ou la VIE !
  C'est un nom occitan, avec les variantes Souberbie, Suberbie, qui signifie "au-dessus de la route". L'inscription "vers où" de herman de vries était au-dessus du chemin.

  Je souhaite enfin donner l'intégrale du courrier Du rouge au vert, l'énigme du sinople, d'une part parce qu'il était sur papier vert, pour faire pendant à la lettre sur papier rouge donnée plus haut. Ce n'est sans doute pas par hasard, mais d'autres courriers de JPLG sur le rouge et le vert utilisent des papiers d'autres couleurs.
  D'autre part parce que j'ai envie de terminer sur des mots de JPLG. Il faut bien sûr encore cliquer sur les images pour obtenir un format plus lisible.

Note du 3 septembre: Le commentaire ci-dessous de Patrick Bléron m'a fait aussitôt lire son récent Vertige, puis sa dernière Alluvion, consacrée au polar Experiment in terror de Blake Edwards (1962), avec Lee Remick dont je suis tombé amoureux dans un film de Kazan où elle était lumineuse.
  Ceci m'a fait regarder le film, où Lee Remick travaille dans une banque, et le premier plan à la banque la fait passer derrière un guichet SCH - Z, ce qui m'a aussitôt évoqué mon nom, SCHULZ.
  Ensuite, je me suis souvenu que ma dilection m'avait fait hypographier le nom de l'actrice à la fin du chapitre 5 de Sous les pans du bizarre, sous la forme L R MI CK.
  Ceci m'était venu presque naturellement, en énumérant les passions de Pierre de Gondol, lequel selon la légende établie par JB Pouy était libraire, avait une copine nommée Iris, buvait du mercurey, aimait les toiles de Chardin et la musique orientale. La nécessité de caser le mot Khan dans ce chapitre m'avait fait choisir le joueur de vina Ustad Asad Ali Khan, et donc ma liste devenait
     Lire

     Relire

     Mercurer
     Iriser

     Chardiner
     Khanner
pas forcément dans cet ordre au départ, et il y avait bien sûr quelque laïus additionnel à la suite des verbes.
  J'avais remplacé les E manquants par des sauts de ligne, et j'en avais mis aussi un après MI, il me semble pour marquer que REMICK contient mon prénom, REMI (d'autant que Pouy m'appelle volontiers RMI).

2 commentaires:

Patrick Bléron a dit…

Après avoir publié mon article du jour, sur Experiment in Terror de Blake Edwards, je publie mon vertige du jour sur le blog Fixer les vertiges. Il s'agit d'un "vertigineuse" et d'un "vertige" enregistrés le 14 août dans un texte de Claude Vigée, décrivant ses dernières grandes vacances en Normandie, avant la déclaration de guerre à l'Allemagne à l'été 1939.
https://fixer-les-vertiges.blogspot.com/2019/09/chant-de-sombre-joie.html

Or, à la page précédente, je lis ceci :
"Ces ultimes journées de vacances et de la paix devinrent pour nous, les jeunes, un véritable enchantement.[...] Nous allions nager en bande, et parfois nous nous éloignions, ma cousine Evy et moi, pour faire de longues promenades aux Roches Noires, ou au Mont Canisis (sic) dans le sens opposé." (La Lutte avec l'Ange, p. 149)
Canisy, près de Trouville, que tu évoques dans ce dernier article, avec ce texte de Follain repéré par Jean-Pierre Le Goff.
Par curiosité, je me reporte au Journal d'Ernst Jünger 39-40, Jardins et routes. Et tiens, je prends la date du 1er septembre 1939. Il y a donc 80 ans exactement, jour pour jour. Mobilisé, Jünger est à Celle, près de Hanovre.
"Je passai devant un banc sur lequel étaient assises deux vieilles dames : l'une d'elles disait :"Il faut songer que, dans tout cela , il y a aussi un dessein de Dieu."
Ensuite, au café. On entre dans la lumière, la musique et le tintement des verres comme en des fêtes secrètes ou en des cavernes d'elfes. Puis on entend des voix de la radio qui annoncent des chutes de bombes et menacent les hommes." (p. 81)

blogruz a dit…

Le vert-tige... complémentaire du rouge-Cerisy.
Le Canisy de Follain est entre Cerisy et Saint-Lô, tandis que ce mont Canisy de Vigée est près de Deauville