7.3.13

signes & cygnes

pour Laurent mon nouveau phrère

  J'avais évoqué A dangerous method de Cronenberg avant de voir le film, et n'ai plus eu envie d'y revenir après l'avoir vu, tant le peu de sympathie de Cronenberg pour la psychanalyse y est évident. Il se montre de plus particulièrement hostile envers Jung, dont la relation avec Sabina Spielrein est dépeinte comme sadique.
  J'avais donc visionné le film sans beaucoup d'attention, et Laurent vient de me signaler un détail que je n'avais pas remarqué. Jung met un terme à sa relation avec Sabina en 1910, et le film fait ensuite un bond de deux ans pour montrer Sabina rendant visite à Freud, à sa fameuse adresse 19 Berg Gasse, pour lui montrer son mémoire de doctorat.
  La date est précisée au 17 avril 1912, or je connais bien cette date, qui est celle d'un événement parisien important, une éclipse solaire presque totale dont la ligne de centralité est passée à quelques kms à l'ouest de Paris. Il n'y a ensuite rien eu de comparable en France jusqu'à l'éclipse du 11 août 1999.
  Le Figaro a consacré un article au centenaire de l'événement, sous le titre L'éclipse qui fit de l'ombre au Titanic.
  C'est que la veille on apprenait le naufrage du Titanic dans la nuit du 14 au 15, et c'est ce qui conduit Pilgrim, personnage principal du roman éponyme (1999) de Timothy Findley, à tenter de se suicider ce 17 avril, et l'incipit du roman fait aussi apparaître l'adresse de Pilgrim :
Aux premières heures du matin, le mercredi 17 avril 1912, un certain Pilgrim pénétra pieds nus dans le jardin de sa résidence londonienne, au 18, Cheyne Walk.
  Mais Pilgrim est immortel, et après un constat de décès signé par deux médecins son coeur recommence à battre vers midi. Il est ensuite envoyé au Burghölzli où il est soigné par Jung, second personnage principal du roman.
  Il est possible que Cronenberg ait ici rendu hommage à Findley, natif de Toronto comme lui, mais son film est basé sur une biographie de Sabina Spielrein par John Kerr, A most dangerous method, où cette date est peut-être donnée. Je n'ai pas cherché à approfondir car, dans tous les cas, la récurrence de cette date ouvre sur de multiples coïncidences.

  Je la connaissais d'abord par le roman "813" de Maurice Leblanc, écrit en 1910, dont l'action est anticipée car il se passe 3 ans après la supposée mort de Lupin dans L'aiguille creuse (1909). Il débute un mardi 16 avril, ce qui est compatible avec 1912, et la réédition de 1917 donnera la précision "deux ans avant la guerre".
  Le début effectif de l'action se passe le lendemain, avec le mystérieux tueur LM, "l'homme noir", qui frappe à 3 reprises au Palace-Hôtel, à Neuilly, malgré la présence sur place de la police. Dolorès Kesselbach, la femme de la première victime, arrive à l'hôtel cerné par la police à midi, ce qui l'écarte de toute suspicion.
  C'est en fait une servante qui jouait son rôle, et je suspecte Leblanc d'avoir joué avec ce moment exact de l'éclipse, le 17 avril à midi, pour expliquer à ses lecteurs futés comment le stratagème avait pu réussir, le ciel étant alors fortement obscurci à l'ouest de Paris.
  Ce roman cache pour moi d'autres subtilités, et il me semble ainsi receler de multiples allusions à "l'orphelin de l'Europe", Gaspard Hauser, prétendu héritier du royaume de Saxe, qui se prétendait pourchassé par un homme noir, d'initiales MLÖ selon un document en écriture spéculaire trouvé sur Hauser blessé d'un coup de couteau qui entraînera sa mort.
  Ci-contre la stèle de Gaspard, portant l'inscription latine Ici un inconnu a été tué par un inconnu le 14 décembre 1833.
  Je n'y insiste pas, ayant détaillé l'affaire ici. Il est bien connu par ailleurs des spécialistes de Perec que son personnage récurrent Gaspard Winckler a pour première source Gaspard Hauser, et plus particulièrement celui vu par Verlaine, le "calme orphelin" de Gaspard Hauser chante, dont Perec a proposé 15 variations (analysées ici par Magné), le moins calme et moins orphelin de Scénario pour un ballet, où Gaspard retrouve son père, millionnaire anglais, et le tue, ce qui à l'évidence est à l'origine du Condottière et de La vie mode d'emploi (VME), où Gaspard Winckler tue, directement ou plus sournoisement, son employeur, Madera ou Bartlebooth.
  Un autre Gaspard Winckler, sinon deux, apparaît dans le feuilleton W, en 19 épisodes parus dans La quinzaine littéraire en 1969, republiés en 1975 dans W ou le souvenir d'enfance, entrelacés avec l'histoire de la famille Perec. Le feuilleton a lui-même été double, avec un récit plein de promesses dans les 6 premières livraisons, un rendez-vous donné au narrateur Gaspard Winckler par un certain Otto Apfelstahl, M.D., au 18 Nurmbergstrasse, pour lui demander d'enquêter sur le sort du Gaspard Winckler auquel il doit son nom...
  Perec s'est trouvé incapable de poursuivre; le début de l'épisode suivant demande au lecteur d'oublier tout ce qu'il a lu précédemment, et le récit passe à tout autre chose, la description de l'univers impitoyable de l'île W.

  Le premier paragraphe de la 4e de couverture de Pilgrim s'achève sur une phrase, "La mort a refusé Pilgrim", qui rappelle le 4e vers de la 3e strophe de Gaspard Hauser chante,
La mort n'a pas voulu de moi.
  Ce paragraphe de l'édition originale contient une imprécision, puisqu'on pourrait croire que c'est le lendemain du 17 avril que Pilgrim est retrouvé, et une erreur manifeste, corrigée dans l'édition de poche ("l'attestation de son décès est signée").

  Perec a dès 1970 voulu inclure W à une oeuvre plus vaste, en 3 parties de 19 chapitres, avec ses souvenirs "pour E" et une partie "intertexte" dédiée à S., sa chérie d'alors, mais ce projet a stagné jusqu'à une solution numérologique trouvée en 73, à l'anniversaire de ses 37 ans le 7/3.
  La partie intertexte n'était plus de mise depuis la rupture avec S., et cet ovni littéraire hautement personnel aurait 37 chapitres, découpés en 11-26, autres nombres clés de l'arithmétique perecquienne.
  La numérologie semble avoir plus aidé Perec à vaincre son blocage que l'analyse suivie depuis 1971 avec JB Pontalis; en tout cas Perec a jugé qu'il n'avait plus besoin du psy dès la réception favorable de W ou le souvenir d'enfance.

  Il est maintenant possible de revenir sur le personnage d'Otto Apfelstahl M.D. qui fait venir Gaspard au 18 Nurmbergstrasse. "Etes-vous médecin ?" lui demande Gaspard, sans obtenir de réponse claire.
  Plusieurs spécialistes de Perec ont vu cette adresse faire référence à celle de Freud, 19 Berggasse, et je me demande si cette demeure devenue musée avait du temps de Perec la même apparence qu'aujourd'hui, avec cette plaque "W" (pour Wien) surmontée de 4 drapeaux de Vienne formant le double V de la "géométrie fantasmatique" (chapitre XV de W ou le souvenir d'enfance).
  Pourquoi 19 est-il devenu 18 ? Si l'exégèse est fort laconique sur ce point, il est curieux que ce 18 présent dès 1969 sera la solution longtemps cherchée au problème de la forme finale du livre, en 19+18 chapitres.
  Pourquoi Nuremberg plutôt qu'un autre Berg, et pourquoi cette forme bâtarde Nurmberg qui ne correspond ni à l'allemand Nürnberg, ni au français Nuremberg ? Les commentateurs évoquent volontiers le nazisme et les lois raciales promulguées à Nuremberg, Manet von Montfrans développe l'hypothèse à mon sens judicieuse de la première apparition de Gaspard Hauser à Nuremberg, Gaspard qui aurait été le bâtard d'un Allemand et d'une Française...

  Je ne sais si Perec a comme moi vu "813" faire allusion à l'affaire Hauser, avec Gérard Baupré transformé en héritier d'un duché allemand le 30 avril 1912, centenaire de la naissance de Gaspard Hauser le 30 avril 1812 (tiens un autre jeu 18-19), mais il est clair que VME contient des références au roman de Leblanc, une explicite avec les 813 cannes de lord Ashtray, une plus secrète avec la triple mort du diamantaire Zeitgeber au chapitre L, milieu exact des 99 chapitres de VME, où l'allusion la plus immédiate est encore sous le signe du W, l'enquêteur Waldémar rappel du chef de la police Waldemar dans "813".

  J'espère que ces brefs aperçus ont donné une idée de mes ressentis d'abord devant l'incipit de Pilgrim, puis devant le retour du 17 avril 1912 dans A dangerous method. Les différentes lectures énoncées ci-dessus vont pour moi bien au-delà de l'interprétation littéraire, et, quelles qu'aient été les intentions des auteurs, l'éclipse et Gaspard sont pour moi présents dans "813", l'adresse de Freud et Gaspard dans W, le lien entre "813" et W étant établi dans VME.
  Quelques jours après ma découverte du schéma dans la vie de Jung autour du 4/4/44, j'ai lu Pilgrim sur les conseils de dp. Dès mes premiers commentaires, j'ai remarqué qu'un personnage de W était le précepteur de Gaspard Winckler, Angus Pilgrim, dont le nom traduit "Angus Pèlerin" contient toutes les lettres de "Arsène Lupin" (+ G), ce qui m'avait inspiré une nouvelle en 2000.
  Pilgrim se passe lors du début de la liaison de Jung avec Toni Wolff, mais sa première affaire avec Sabina est mentionnée, et je remarquais encore que "Spielrein" contient toutes les lettres de "pèlerin".
  Et voici donc Spielrein qui rend visite à Freud le 17/4/12, lequel la critique sur son association de l'Eros à la mort, ce jour même où Pilgrim/Pèlerin tente un nouveau suicide, ce jour encore où Arsène Lupin découvre la mort du diamantaire Kesselbach, assassiné par un "homme noir" qui s'avérera être sa femme, dont Lupin tombe amoureux. C'est dans ce roman qu'apparaissent les pseudos anagrammatiques de Lupin, Paul Sernine (pas loin de Paul Verlaine), et Luis Perenna, nom évoquant la déesse de l'immortalité.
  Lupin prend ce nom après une tentative de suicide, ratée : "la mer n'a pas voulu de moi" dit-il dans le dernier paragraphe du roman (je me souviens à nouveau du "La mort n'a pas voulu de moi" de Gaspard Hauser chante).

  J'ai relu Pilgrim, enrichi de 4 ans de recherches diverses, qui m'ont notamment fait découvrir l'évasion du Burghölzli de Otto Gross contée par Tobie Nathan dans Mon patient Sigmund Freud, où Gross encourage Jung à céder à son désir pour l'infirmière Else Richt, qui me semble dissimuler la maîtresse de Gross, Else Richtofen.
  Gross apparaît également en entremetteur dans A dangerous method, où c'est lui qui semble persuader Jung de céder à Sabina Spielrein, mais c'est Gross qui lutine ici une infirmière avant d'utiliser l'échelle pour franchir le mur du Burghölzli.
  Pilgrim s'évade du Burghölzli le 22 juin 1912, et est emmené par une Renault (anagramme de Laurent) à Paris, où il arrive le 28. C'est curieusement à peu près au même moment (vers le 25 juin) que Lupin est arrêté dans "813", parce qu'il ne parvient pas comme "l'autre", "l'homme noir" LM, à s'éclipser (mot utilisé dans le texte).

  Lupin sortira de prison le 22 août, grâce à sa "grande combinaison", la proclamation qu'il allait publier ce jour toute la vérité sur l'affaire 813. Des mesures drastiques lui interdisent fin juillet toute communication avec l'extérieur, si bien qu'il ignore où en est son plan jusqu'au 13 août :
  J'avais vu dans cette précision de date, rare dans le roman, un jeu avec le 13/8 ou 8/13 à l'anglaise, mais je n'étais pas alors concerné par la suite de Fibonacci et n'avais pas prêté attention à la date suivante précisée, le 21 août, la date limite prévue par Lupin pour la réussite de son plan.
  On passe donc du 13 au 21, et ma première lecture de Pilgrim m'avait révélé une structure fibonaccienne du roman, avec notamment ses deux premières parties en 21-13 chapitres. Je ne connaissais pas alors le nom du médecin de Jung, supposé mort à sa place, ni donc la relation Haemmerli/Jung = 84/52 = 21/13.

  Haemmerli est mort le 30/6 (1944), et Pilgrim est hébergé dans la suite 306 du Burghölzli. Le dimanche 30 juin 1912 manque dans le récit des derniers jours de Pilgrim. Le 28 il arrive à Paris, le 29 il visite le Louvre et obtient du conservateur le droit d'y revenir le lundi suivant lorsque le musée est fermé au public. Ce lundi 1er juillet il vole la Joconde, pour la donner à l'ouvrier Peruggia qui la prétendait volée par Napoléon (ce vol eut bien lieu mais en 1911, et les lupinologues savent bien que le réel original était selon L'aiguille creuse depuis longtemps en possession d'Arsène).
  C'est que Pilgrim l'immortel a traversé les siècles sous de multiples identités. Il a ainsi été Elisabetta Gherardini, soeur jumelle d'Angelo, giton de Léonard de Vinci qui les a pris pour modèles de sa Monna Lisa, d'où l'androgynie du tableau. Pilgrim a pour des raisons peu évidentes décidé d'effacer ses traces laissées au cours des siècles, et son étape suivante est Chartres, où il a été au 12e siècle Simon-le-Jeune, artisan créateur du vitrail de la Belle Verrière. Il met le feu à la cathédrale le 2, et est consterné d'apprendre le 3, à l'auberge du Pèlerin (!), la mort d'un clochard dans l'incendie.
  Le 4 juillet 1912 est précisé être le 136e anniversaire de l'Indépendance des USA. Je rappelle que le jour de ma découverte du schématisme de la vie de Jung était le 1er jour de l'an 136 pataphysique, et que je devais découvrir ensuite les valeurs de Jung+Haemmerli = 52+84 = 136.
  Ce 4 juillet Pilgrim et son chauffeur s'arrêtent pour déjeuner au bord de la Loire. Quelques indices lui donnent à penser que les Dieux qui l'ont condamné à l'immortalité se sont peut-être lassés, et il se glisse au volant de la Renault qu'il précipite dans la Loire. Son corps ne sera pas retrouvé.
  Sa dernière pensée est pour le saule d'Ophélie, face à un saule au bord du fleuve "comme pour lui ouvrir la voie, comme il la lui avait ouverte à elle".
  Cette Ophélie est due au préraphaélite John Millais (tiens, décédé un 13 août, 8/13 anglais), proche de Rossetti qui a habité 20 ans au 16 Cheyne Walk. Je rappelle la présence des préraphaélites dans diverses coïncidences, et surtout la domiciliation de Pilgrim au 18 Cheyne Walk, voie riveraine de la Tamise très prisée des artistes.

  Je rappelle encore que ma coïncidence de départ sur le 17 avril 1912 est liée aux adresses 19 Berggasse et 18 Cheyne Walk, et que ce couple 19-18 me semble via le 18 Nurmbergstrasse faire coïncidence avec la structure de W ou le souvenir d'enfance.
  Il y avait 19 ans d'écart entre Freud, né en mai 1856, et Jung, né en juillet 1875, et le site IMDb remarque qu'il y a de même 19 ans d'écart entre les acteurs les incarnant, ce qui n'est vrai qu'en se limitant aux années de naissance 1958 et 1977. En fait Viggo Mortensen né le 20 octobre a 18 ans (et un peu plus de 5 mois) de plus que Michael Fassbender né le 2 avril.

  Il y a encore des coïncidences personnelles que je me refuse à éluder. Le 2 février 2008 mes amis parisiens bd & bd étaient de passage en Provence, et nous avons décidé de déjeuner ensemble à Cotignac dans le Var, où ils avaient passé la nuit, sans relation aucune avec le fait que ce village soit un lieu de pèlerinage.
  Il faisait un temps magnifique ce jour, si bien que nous avons décidé de pique-niquer au pied du curieux rocher contre lequel est adossé le village.
  Ce fut pour moi l'occasion de découvrir cette curieuse stèle de 1830 dédiée à Napoléon, ensuite modifié en Apollon, ce qui me rappela aussitôt "813", où l'énigme 813 est associée au mot APO..ON, dont le secret est révélé dans le chapitre Les lettres de l'empereur.
  On cherche des lettres de Guillaume Ier (Wilhelm), cachées dans une des 12 chambres du château de Veldenz dédiées aux dieux de l'Olympe, et la première piste est la chambre APOLLON. Cette éclipse des L lunaires dans le nom du dieu solaire m'avait semblé significative...
  Mais c'est une fausse piste, et la cache se trouve dans la pièce où NAPOLEON a passé une nuit en 1809; la cache est vide, et j'en ai déduit que le titre du chapitre concerne non les missives du Kaiser mais les caractères de Napoléon...

  Lorsque en septembre suivant dp me fit découvrir Findley, dont j'ignorais tout, j'appris qu'il avait passé la fin de sa vie à Cotignac, où il est inhumé.
  C'est donc à Cotignac qu'il a écrit Pilgrim, son avant-dernier roman, ainsi que le dernier, Les robes bleues, sur lequel j'ai jeté un oeil.
  Je ne suis pas parvenu à m'intéresser à cette histoire qui se passe à Stratford (Ontario), où se déroule un festival shakespearien dont Findley était un familier, pendant l'été 1998, du 25 juin au 19 août. Puis il y a un saut pour les quelques pages du dernier chapitre, Cygnes, se passant le dimanche 4 avril 1999.
  Je connais bien cette date, que j'ai utilisée dans mon roman Sous les pans du bizarre où des latinistes étaient assassinés à des dates géminées, le 3/3, le 4/4, le 5/5... Parce que le 4 avril était en 99 le dimanche de Pâques, j'avais introduit quelques allusions pascales dans mon récit de la mort de Jacques Courtas à la station Denfert, en hommage notamment à Maurice Leblanc que je soupçonne fortement d'avoir joué avec les dates de Pâques.
  J'ai donc lu cet ultime chapitre écrit par Findley, sans pouvoir y décrypter quoi que ce soit, et une petite enquête m'a révélé que ce 4 avril était vraisemblablement un hasard, car l'autre événement important de Stratford, avec le festival d'été, est la Parade des cygnes fixée au premier dimanche d'avril. La rivière et le lac de la ville abritent une trentaine de cygnes et autres volatiles, mais ceux-ci doivent prendre leurs quartiers d'hiver dans une grange de novembre à mars, la rivière étant gelée. Leur retour à l'eau se fait en fanfare, lors d'une cérémonie typique qui attire une foule énorme :
  Il s'est donc trouvé que le premier dimanche d'avril 99 était Pâques, mais la coïncidence va bien au-delà de ce premier constat.
  Pilgrim débute le 17 avril 1912, date des crimes du Palace-Hôtel au début de "813", et Les robes bleues s'achève un dimanche de Pâques 4 avril, or l'aventure suivante de Lupin est l'enquête du Triangle d'or sur une mystérieuse mort survenue le matin du 4 avril 1915, qui était aussi un dimanche de Pâques (et il s'agit de la mort de quelqu'un qui avait survécu à une tentative d'assassinat le 14 avril 1895, autre dimanche de Pâques).
  Par ailleurs 1999 a été marqué en France par l'éclipse du 11 août, la plus forte depuis celle du 17 avril 1912. Comme mon roman a été écrit l'été 99, j'y ai introduit de multiples allusions à l'éclipse, ainsi que des citations cachées de "813".
  J'ai aussi codé dans ses 14 chapitres le sonnet Vocalisations de Perec, pour sa valeur 6272 qui me fascinait déjà depuis plusieurs années.Neuf ans plus tard je découvrirais le schéma de la vie de Jung, et ses 6272 jours entre deux dates géminées, le 4/4 (44) et le 6/6 (61), dates où j'avais fait mourir Courtas, en pensant au 4/4 du Triangle d'or, et Cortier, nom emprunté à Locus Solus où les 3 morts dont est responsable Cortier me semblent calquées sur les Trois crimes d'Arsène Lupin (seconde partie de "813").

  En cherchant la date exacte de notre déjeuner avec les bd à Cotignac, j'ai été émerveillé de trouver que c'était le 2/2. J'avais déjà vu ici que ma première idée de patchwork doré avait été réalisée par Anne le 4/4 de cette même année 2008, patchwork qui serait quelques jours plus tard brodé d'un 813 car la pièce jaune de départ était un rectangle de 8 unités sur 13 (je ne savais pas alors que le 4 avril était le 13/8 du calendrier pataphysique).
  Si mon "journal des coincs" est loin d'avoir toutes ses entrées à des dates géminées, je remarque particulièrement ces deux événements du 2/2 et du 4/4 à cause de la rencontre avec bd & bd, soit 2-4 et 2-4, ce qui entrait pour une part dans la dédicace A B D de mon avant-dernier billet.
  J'ai cherché une image ou une vidéo de la Parade des cygnes de 2008 à Stratford, mais elle fut exceptionnellement annulée cette année, la rivière étant encore gelée.

Note : Laurent me rappelle que les arcanes 18 et 19 du Tarot sont la Lune et le Soleil. Sans prêter une quelconque intention ésotérique à Perec, le remplacement de 19 par 18, du Soleil par la Lune, peut trouver sens dans le contexte de l'éclipse du 17, l'Etoile assimilée à Mercure, dieu des voleurs. Et pourtant ces arcanes 17-18-19 ont été au premier plan de plusieurs billets

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