10.5.17

Rom Ana Mor



  En mars dernier sont parus 3 polars "scandinaves",
- Mör, de Johana Gustawsson, laquelle est en fait une Marseillaise mariée à un Suédois, et qui vit à Londres;
- Mörk, de l'Islandais Ragnar Jónasson;
- Selfies, du Danois Jussi Adler-Olsen, 7e enquête de Carl Mørck.
  Pour Adler-Olsen, j'ai choisi un coffret allemand donnant en couverture le nom du chef du département V.
  Le danois Mørck se prononce comme l'islandais mörk, "sombre", et c'est aussi le sens de mørk en danois (et norvégien).
  Les voyelles ö et ø sont équivalentes selon les diverses langues scandinaves, et mörk signifie aussi "sombre" en suédois.

  Le roman Mör se passe à Londres et en Suède. La signification du titre ne me semble apparaître qu'en 4e de couverture:
[MÖR] : adj. fém. En suédois, signifie "tendre".
S'emploie pour parler de la viande.
  La construction en est un peu complexe. Je n'ai nul besoin de l'étudier pour en venir au point essentiel.
  Deux personnages, Dan et Karla, s'identifient aux deux frères d'un roman pour la jeunesse d'Astrid Lindgren, Les frères Coeur-de-lion (1973), ayant rencontré un grand succès en Suède, puis traduit dans toutes les langues.
  Ces frères sont Jonathan Lejon ("lion"), 13 ans, et Karl, 9 ans, très malade. Pour distraire son frère, Jonathan invente des histoires  se passant dans un pays merveilleux au-delà des étoiles.
  Un incendie survient dans l'immeuble où habite la famille Lejon. Jonathan parvient à sauver Karl en sautant par une fenêtre, mais se blesse grièvement, et meurt, non sans avoir assuré Karl qu'ils se retrouveraient bientôt dans le pays merveilleux.
  C'est bien ce qui va se passer, et ils deviendront les frères Lejonhjärta, Coeur de Lion, dans cet autre monde, pour d'héroïques aventures, mais ce qui rassemble Dan et Karla est le sacrifice de Jonathan.

  Pour ma part, je pense aussitôt au sacrifice de Theodor Haemmerli qui aurait payé de sa vie la guérison de Carl Jung, du moins selon ce dernier. J'ai souvent évoqué l'équivalence du grec Theodoros, "don de Dieu", et de l'hébreu Jonathan, "don de YHWH".
  Lors de ses visions lorsqu'il était entre la vie et la mort, après son infarctus en février 44, Jung s'est vu transporté loin de la terre sur un roc flottant dans l'espace (l'astéroïde B649 ?). Il y avait un temple sur ce roc, mais Jung n'a pu y pénétrer car Haemmerli est alors apparu près de lui, lui intimant de revenir sur terre... Jung s'est ensuite demandé si la présence dans l'autre monde de son docteur n'était pas un signe funeste, et de fait Haemmerli dut s'aliter le jour où Jung débuta sa convalescence, le 4/4/44. Theodor mourrait le 30 juin suivant, au moment où Carl guéri rentrait chez lui.
  On peut rêver qu'après la mort de Carl lui et Theodor se soient retrouvés sur le roc et aient pu pénétrer dans le temple... A la fin des Frères Coeur-de-lion, il y a un renversement des rôles, et le jeune Karl aide Jonathan blessé à revenir vers le pays merveilleux.

  Que Karl et Jonathan soient des frères Lion ou Coeur-de-Lion m'est encore plein d'échos, car le mot "lion" est apparu très tôt dans mes investigations jungiennes, le mot "coeur" s'y étant par la suite adjoint avec de plus en plus de force.
  Les frères Lejon sont en anglais Lionheart, et ceci m'ouvre une autre piste vertigineuse.
  En avril 1997 j'ai découvert coup sur coup que deux romans lus innocemment jadis, Le parfum de la dame en noir de Leroux et Et le huitième jour... de Queen couvraient les huit jours d'une semaine sainte, du dimanche des Rameaux à celui de Pâques.
  Il a fallu attendre juin 2008 pour trouver une autre fiction dans ce cas, une nouvelle de Sébastien Fevry, Little green apples.
  Ceci est redevenu de première importance après mes découvertes de septembre 2008 autour du 4/4/44, mardi de la semaine sainte couverte par le roman de Queen, et très peu de temps après, le 30 septembre et le 10 octobre, j'ai découvert par hasard deux autres romans couvrant une semaine sainte, Les quatre coins de la nuit de C. Holden, et Le décorateur de B.Akounine.

  Plus de détails ici, mais voici les échos avec Mör. J'ai lu les autres romans de Craig Holden, dont le premier, La rivière du chagrin,rationhel ? où Liz Richards venge sa soeur Denise en se cachant sous le pseudo Arnie Holt, anagramme de Lionheart, allusion à Richard Coeur-de-Lion. Je me demande maintenant si cette histoire d'amour sororal n'est pas inspirée par le roman d'Astrid Lindgren, lequel aurait pu marquer Holden né en 1960.

  Dans Le décorateur, se passant pendant la semaine sainte 1889, Akounine imagine Jack l'Eventreur avoir été un Russe, revenu chez lui pour une autre série de crimes, discrètement éliminé par Eraste Fandorine.
  Or Mör concerne aussi Jack l'Eventreur. Les enquêtes de juillet 2015 sur des meurtres à Londres et en Suède y sont entrecoupées par des chapitres concernant Freda Mellin, prostituée d'origine suédoise qui connaissait toutes les victimes canoniques de Jack, et qui a un temps échappé à sa condition en entrant au service d'un aristocrate non nommé. Elle est cependant renvoyée à la prostitution lorsqu'elle met au monde en 1900 Jenny, bâtarde de cet aristo haut placé.
  Après la mort de sa mère, en 1922, Jenny s'en va en Suède, où elle se marie et met au monde des jumeaux, en 1932, Sivgard et Hilda. Ils deviendront un couple incestueux et criminel, et pervertiront les enfants qu'ils élèveront en tant que famille d'accueil, dont Dan et Karla.
  Peut-être leur goût pour la chair humaine serait-il hérité de Jack, lequel aurait été leur éventuel grand-père, mais je n'en ai vu aucun indice formel dans le récit...

  Je suis encore sensible à ce que ce soit un Dan qui s'identifie à Jonathan, car c'était Frederic Dannay, né Daniel Nathan, qui était le principal artisan oeuvrant sous la signature Ellery Queen; j'ai souvent évoqué le personnage Nathaniel de L'adversaire.
  Une novélisation du film Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur , où Jack est imaginé avoir fait partie de l'aristocratie, est parue sous la signature Ellery Queen, mais je doute qu'elle doive quoi que ce soit à Dannay, lequel a écrit seul, sous son nom de naissance, un roman consacré à sa dixième année, mais que je suspecte ne pas être d'innocents souvenirs.
  Tiens, Daniel Nathan = Dan + Nathaniel (autre forme de Jonathan), et Dannay n'est autre que la concaténation des premières syllabes de ses prénom et nom.

  Qu'un roman évoquant Jack l'Eventreur ait pour titre Mör m'était déjà suffisant pour le lire d'urgence.
  En  1996 j'ai lu la nouvelle La lettre d'amour du roi George, de Maurice Leblanc, où il est question d'une édition en 18 volumes des romans épistolaires de Richardson, chacun contenant une lettre du roi à sa maîtresse, mais le volume 14 a disparu, ainsi que la lettre essentielle du roi. Les lettres missives restantes 1-13 et 15-18 m'ont conduit aux lettres caractères A-M et O-R,  et la lettre manquante au jeu N-AMOR, anagramme de ROMAN, tandis que l'anglais N-LOVE est l'anagramme de NOVEL...
  ROMANAMOR m'était devenu l'emblème de ce jeu lorsque j'ai découvert peu après un poème de Paul Braffort intitulé Roman amor.
  Il s'agit du 18e des 20 hypertropes composés par Braffort pour ses 20 collègues de l'Oulipo, avec comme contrainte principale le théorème de Zeckendorf. Au plus bref, ceci signifie que le poème d'ordre 18, se décomposant le plus simplement en les nombres de Fibonacci 13 et 5, doit contenir des allusions aux poèmes 5 et 13.
  Les 18 volumes de Richardson, avec un trou après le 13e, m'avaient aussi conduit à une répartition 13-5, laquelle m'était déjà significative, sans rapport avec Fibonacci.
  Le hasard alphabétique a voulu que le 18e hypertrope soit dédié à Jean Queval, avec ces curiosités gématriques:
ROMANAMOR = 108 = JEANQUEVAL
JEAN / QUEVAL = 30/78 = 5/13
  Comme Queval est l'auteur de De l'Angleterre, Roman amor se passe à Londres, et plus spécifiquement dans le Londres de Jack l'Eventreur, avec plusieurs nettes allusions (lire le poème ici).
  Un vers du poème 13, où il est question "d'ouvrir le ventre" a probablement été conçu en fonction de l'éventreur de Roman amor, ainsi les lettres correspondantes aux rangs de ces poèmes, M et R, sont-elles les consonnes doublées dans ROMANAMOR.
  Incidemment, la page sur le théorème de Zeckendorf étudie aussi la multiplication de Fibonacci, et l'exemple donné est


  L'affaire de la grille de Cyril Epstein m'a d'abord conduit à y voir WAN MOR WAN, écho à des préoccupations récentes. La couverture du roman de JOHANA, MÖR, a contribué à me faire envisager une forme ROM ANA MOR, en pensant d'abord au grec ana, employé comme préfixe avec pour sens "contraire", notamment par les oulipiens dans le néologisme "anadrome", appliqué originellement aux poissons remontant le courant, tel le NOEGRUTS (en pensant à Theodore STURGEON, coauteur de L'adversaire). ROM est ainsi l'anadrome de MOR.
  Reprenant la grille, je peux y effectuer divers trajets ROMANAMOR, la seule possibilité ne doublant aucune lettre étant celle ci-dessous, où le ROM au départ (ou le MOR à l'arrivée) correspond au MOR de WAN MOR WAN:
G A R E O P E R A
I W A N M A N O N
R O M A N P R I A
A W A G N E R E G
R E N E M A I N R
E I N E R O I M A
R I A G E M I R M
O O N W O M A N M
I O I M P R I M E
  Si le suédois mör se prononce "meur", Johana dit volontiers "mor", notamment dans cette interview, probablement pour se faire mieux comprendre de son public. "MOR" de JOHANA est inspiré par Jack l'Eventreur, comme "ROMAN AMOR"...

  Johana m'a encore appris qu'en suédois mor signifie "mère" (et mormor "grand-mère"), or je sais qu'en turc ana signifie aussi "mère". Le breton mor signifie "mer", ana est "je" en arabe, avec des développements divers ici, ou encore le marais celtique, avec d'autres développements .
  Il existe aussi l'abréviation ana, utilisée essentiellement en pharmacie dans diverses langues, signifiant que deux éléments doivent être utilisés en quantités égales, autant de MOR que de ROM ("rhum" dans les langues scandinaves)...

  Question langues, les frères Coeur-de-lion doivent affronter pour sauver le pays merveilleux un terrible dragon femelle nommé Katla, "bouilloire" (anglais kettle), nom d'un volcan islandais.
  Une curiosité à ce propos : l'acteur qui a incarné le petit Karl (appelé aussi Skorpan, "biscotte") dans le film de 1977 a étudié l'hébreu plus tard, et appris que katla ou qatla signifiait "elle tue" en hébreu, un nom donc bien adapté à un dragon femelle.
  Ceci me rappelle que la même racine sémitique a donné l'arabe qattal, "assassin", devenu attal en arabe égyptien, utilisé par Tobie Nathan dans Serial eater, traitant aussi d'un assassin dépeceur et anthropophage...
  Une des curiosités du jeu "coeur-lion" est son équivalent hébreu, lev-levia.

  En norvégien les frères Coeur-de-lion deviennent Brødrene Løvehjerte, et Katla est aussi présente sur cette affiche norvégienne du film:
  Donc løve est "lion" en norvégien comme en danois, et une autre forme dans les deux langues est le singulier défini løven. Ainsi le roman Mör m'ayant fait me souvenir de ROMANAMOR m'amène ensuite à LOVELOVEN.

  La richesse de Mör m'a conduit à lire le premier roman de Johana, Block 46. C'est là que j'ai découvert le mot mormor, et appris qu'il signifie "grand-mère". Cette grand-mère, Barbro Byquist, révèle aux enquêteurs l'existence d'un personnage essentiel, Anna Gunnarson.
  La construction est identique à celle de Mör. Des enquêtes actuelles à Londres et en Suède sur des crimes similaires, entrecoupées d'un récit historique, qui cette fois ne part pas de Whitechapel en août 1888 mais de Buchenwald en juillet 1944, où est conduit un déporté politique allemand, Erich Ebner.
  Ayant survécu à quelques semaines d'horreur absolue, il accède à un statut privilégié, assistant du médecin SS du camp, Horst Fleischer, lequel procède à des expériences abominables sur les enfants mis à sa disposition.
  Je me permets de dévoiler qu'à la libération du camp Fleischer tue Erich Ebner et prend son identité, car le procédé est souvent employé, par exemple dans Les enfants de la nuit de Frank Delaney, où un autre docteur nazi se cache sous une identité insoupçonnable. J'ai étudié ici ce roman où intervient aussi un lion.

  Il y a encore Rouge-gorge, de Jo Nesbø, où un collabo norvégien se cache sous l'identité d'un résistant qu'il a tué, et à l'approche de sa mort règle ses comptes, plus de 50 ans après la guerre.
  Horst Fleischer n'a pas attendu tout ce temps pour reprendre ses crimes. Caché en Suède sous l'identité d'Erich Ebner, il recommence dès 1948 à enlever des jeunes garçons pour les tuer ignominieusement, et cacher leurs corps dans la cave de sa maison. Il a un fils en février 1971, Adam Berg, portant le nom de sa mère, qu'il associe ensuite à sa carrière criminelle.
  Puis Adam Berg commet tout seul ses propres crimes, en apportant quelques variantes au mode opératoire du père. Il ne cache pas ses victimes, lesquelles sont découvertes avec un Y gravé sur l'avant-bras, dans différentes directions, ou du moins quelque chose qui ressemble à un Y, car on finira par comprendre qu'il s'agit de la minuscule grecque γ, gamma, jeu avec la majuscule Γ qui donne son nom à la croix gammée. 4  Γ dans les 4 directions forment une croix gammée, ce qui était la marque du papa, presque immédiate, mais le fiston a opté pour la minuscule γ, ressemblant à un Y, symbole du chromosome masculin, car toutes ses victimes sont en principe des garçons. Il a cependant dû tuer une femme pour se protéger, et lui a gravé un X, symbole du chromosome féminin.

  Ceci m'éveille de multiples échos, à commencer par L'adversaire (1963) et les assassinats des cousins York à York Square, commandités par le mystérieux Y.

  Le plan des lieux montre les 4 demeures symétriques des cousins, chacune possédant sa tour.
  Après 3 meurtres, les enquêteurs se demandent si Y ne serait pas le York survivant, Percival, dans le coin supérieur droit.
  Il m'a semblé que la forme de sa demeure était proche d'un yod hébreu, alors que de fait le mystérieux Y représente Yahweh, prononciation supposée du Tétragramme JHWH. Je remarque sur ce graphisme trouvé en ligne la ressemblance du Y avec le gamma minuscule γ. La demeure du coin supérieur gauche peut être aussi assimilée à un gamma majuscule, Γ.
  Le tueur est né le 20 avril 1924, qu'Ellery remarque avoir été le dimanche de Pâques. Certes, mais je me demande si Dannay, né un 20 octobre, n'a pas choisi cette date parce qu'elle était l'anniversaire de Hitler, à l'opposé sur le cercle de l'année. Son roman suivant, Et le huitième jour... (1964), montrera Ellery avoir explicitement affaire à Hitler, en 1944.

  Et il y a le nom du fils tueur, Adam Berg. Peut-être a-t-il été choisi en "hommage" au héros de Fred Vargas, Jean-Baptiste Adamsberg, dont le nom a déjà attiré mon attention, pour lui-même, et pour d'autres échos, avec Adam Bergman notamment, autre tueur scandinave dans le roman danois Le sommeil et la mort.
  J'avais par ailleurs choisi en 2003 de nommer Adam Breger le narrateur et peut-être assassin du Parfum de l'amant d'Anouar, mais sans référence à Adamsberg, car son prénom faisait allusion à Leroux (l'hébreu edom, "roux", est de même racine que adam, "homme"), et son nom au narrateur du Meurtre de Roger Ackroyd (le docteur Sheppard, "berger", masqué en Breger).

  Il a fallu la réunion du tueur Adam Berg et des Y m'évoquant les 4 tours de l'échiquier de York Square pour voir quelque chose que j'aurais pu voir bien avant.
  Un hasard m'a conduit le 16 novembre 2010 à remarquer des nombres et mots griffonnés l'année précédente sur une feuille récemment utilisée pour y noter d'autres choses. La feuille débutait ainsi:
  Je m'étais alors intéressé aux mots correspondant à quelques nombres clés dans les lexiques bibliques Strong, théologien qui a attribué un numéro d'ordre à chaque mot hébreu ou grec de la Bible.
  Mon obsession quaternitaire m'avait donc conduit à chercher les fiches Strong grec 444 et 4444, soit
ἄνθρωπος, anthropos, "homme", qui a 554 occurrences dans le NT,
et πύργος, purgos, "tour", qui a 4 occurrences dans le NT. 
  Ces fiches précisent que anthropos répond à l'hébreu adam, et que purgos est de même racine que l'allemand Burg. D'autres sources, notamment le projet Babel, précisent que la racine indo-européenne bheregh, associée aux concepts de hauteur et de force, est à l'origine de nombreux mots tels que Burg, "hauteur fortifiée", et Berg, "montagne".

  Ainsi Adam Berg, ou Adamsberg, est-il lié aux fiches Strong 444 et 4444, ce que j'aurais pu souligner en 2010, car un des premiers échos à mes découvertes de septembre 2008, sur le 4/4/44 jungien,  a été l'enquête d'Adamsberg publiée en juin 08, mais que je n'ai lue qu'en février 09, Un lieu incertain.
  Un homme est trouvé découpé en minuscules fragments, avec pour seul indice un mot écrit en cyrillique, Кислова, soit Kislova, et le lieutenant d'Adamsberg, Danglars, a son oncle Slavko originaire de ce petit village de Serbie, également nommé Kiseljevo. C'est dans ce village qu'est né le vampirisme, avec une troublante affaire qui a fait le tour de l'Europe en 1725.
  Kislova, Slavko, les mêmes consonnes KSLV ou SLVK que je venais de découvrir peu avant équivalentes aux consonnes hébraïques BLSK, impliquées dans le jeu atbash du livre de Jérémie, BBL-SSK, où Babel est codé Sesak. Je ne reviens pas sur toutes les implications de ce jeu, détaillé dans L'étoile de Babel, puis repris dans Jean-Baptiste 44°44' latitude nord, me contentant de rappeler qu'y interviennent au premier chef le coeur, LB (lev) ou LBB (levav) en hébreu, le lion, LBYH (levia) en hébreu, lev en russe, lew en polonais, Löwe en allemand...
  Le point nouveau est donc qu'Adamsberg, lié aux fiches Strong 444 et 4444, va enquêter à Kiseljevo, latitude 44° 44'. Voici une nouvelle vue GoogleEarth, montrant le parallèle 44° 44' 6" traverser le bourg (autre dérivé de bheregh, comme purgos):
  J'ai indiqué par le segment jaune la latitude exacte 44°44', 180 mètres au sud (1 minute d'angle correspond à un mille marin, 1852 m, 1 seconde à environ 30 m).
  Wikipedia donne pour Kisiljevo (orthographe actuelle) la latitude 44°44'10".

  Je mentionnais dans ce même billet la tour de Babel, tour qui dans le grec de la Septante est purgos.
  Suivre la latitude 44°44' m'avait conduit à Crest (26), où s'élève la tour médiévale la plus haute d'Europe...
...puis à Cessac (33), minuscule village où j'avais fait les vendanges en 1972.
  Je m'étais émerveillé de ce nom Cessac, si proche de la forme Sesach donnée dans la Vulgate pour l'atbash de Babel, et plus encore lorsque, peu après, cherchant sur GoogleEarth Babil, nom actuel de Babel en Irak, j'avais découvert un seul autre lieu de ce nom, un lieu-dit de Gironde à 34 km de Cessac.

  Un suspect dans Block 46 est Karl Svensson, l'homme qui a acheté la maison du prétendu Erich Ebner après sa mort, et dans la cave de laquelle on trouve les restes de 62 enfants.
  J'avais étudié ici quelques Sven, imaginant un peu vite que c'était un mot équivalent à swan, "cygne", mais Sven signifie "jeune homme" dans diverses langues scandinaves.
  Un Karl "Jeune" me rappelle quelque chose, surtout s'il a été imaginé par quelqu'un nommé Gustawsson...

  A propos de swan, le premier épisode de la saison 3 de Fargo montre ce logo à l'extérieur d'un bar. SWANS : les S sont devenus des cygnes symétriques encadrant WAN en lettres normales, ce qui me rappelle mes diverses errances autour de WAN MOR WAN, ROM ANA MOR... Je n'ai pas réussi à découvrir à quoi correspond ce logo.

  Un amor de WAN... J'ai évoqué à diverses reprises Jack l'Eventreur, car les dates de ses meurtres canoniques me sont des plus significatives:
31 août 1888: 120 ans plus tard, je lisais Des jours et des nuits de Sinoué, roman dont Jung est un personnage;
8 septembre 1888, ou Premier Absolu (1/1, wan/wan ?) 16 de l'ère pataphysique: les coïncidences entre le roman de Sinoué et les polars minoens de Paul Halter ont contribué à mon intuition du 8 septembre 2008;
Jack a tué deux femmes dans la nuit du 29 au 30 septembre 1888, la date exacte restant incertaine pour chaque victime: le 273e jour de l'année est le 29/9 lorsqu'elle est bissextile, le 30/9 sinon; 273 est notamment 13x21, les nombres de Fibonacci qui m'obsèdent, avec notamment JUNG/HAEMMERLI = 52/84 = 13/21;
9 novembre 1888: Jack a éventré sa dernière victime la saint-Théodore.

  J'ai étudié dans Ripperomanie et Halterophilie les fictions sur l'Eventreur en général et dans les romans de Paul Halter en particulier.
  J'y ai omis un autre polar minoen un peu faiblard, La nuit du minotaure (février 2008) dans la collection Club Van Helsing (ell cygne) chez Baleine (qui a été aussi mon éditeur). Je déplore que Halter n'ait pas mieux soigné cette intrigue qui offre plusieurs points intéressants, un manuscrit en linéaire B découvert en Crète, des meurtres commis en respectant une partie d'échecs, selon l'espace et le temps...
  Selon l'espace, car les crimes sont perpétrés en des lieux correspondant au cases d'un échiquier, correspondant à un quadrillage d'un secteur d'Alsace.
  Selon le temps, car les crimes surviennent tous les 9 jours, les premiers le 30 août et le 8 septembre (2006 semble-t-il), ce qui rappelle les premiers crimes de Jack, le 31 août et le 8 septembre. 5 autres crimes ont lieu, en septembre et octobre, toujours tous les 9 jours, mais l'assassin, travesti en Minotaure, est démasqué et tué avant d'avoir fait sa huitième victime, le 1er novembre (Jour des Morts peut-être choisi au départ pour fin de la série; c'est aussi le 64e jour à compter du 30 août, 64 nombre de cases de l'échiquier).

  L'épilogue se passe le 4 novembre, la saint-Charles, et son dernier mot est "reine", pour les bouchées à la reine dont est friand l'enquêteur, mais il est possible que Halter ait choisi cette fin en écho aux autres reines dont il est question dans le roman, la reine Pasiphaé, mère du Minotaure, et la reine du jeu d'échecs. Je pense pour ma part à Queen, auteur d'un autre polar se déroulant sur un échiquier figuré, L'adversaire.

  Ma première lecture ne m'avait guère incité à commenter le roman, mais voici que j'y redécouvre le mot Wanax, qui ne m'est significatif que depuis peu.
  Le cycle de 9 jours du meurtrier est inspiré du cycle ennéadique en Crète minoenne, où le Wanax, le roi-prêtre, était intronisé par Zeus pour 9 ans, puis devait passer un nouvel examen pour régner 9 années supplémentaires.
  ϝάναξ est la forme première du mot anax, άναξ, "roi", "seigneur", avant que le digamma ϝ, homologue du waw sémitique, tombe en désuétude. Le mot anax a ensuite disparu au profit de basileus, "roi", et je songe à Jung se voyant dans son voyage loin de la Terre en basileus de Kos, de même que son médecin Haemmerli.

  Je renvoie au WAN vu supra, et aux différentes considérations sur gamma et digamma (il y a des croix digammées), notamment le retour récent sur l'acrostiche révélant le nom Franciscus Columna, avec son partage gématrique 21/13, et ces correspondances des lettres F-C avec 21-13. J'y ajoute que si W-A-N = 21-1-13 selon l'alphabet Schwenter de 24 lettres, N-A-X = 13-1-21 selon l'alphabet latin.
  Que cette rare apparition du digamma se fasse dans une intrigue privilégiant le nombre 9 me rappelle que le gnostique Markos a utilisé la valeur grecque 99 de δίγαμμα dans ses supputations.
  Je pense aussi au 99e et dernier chapitre de La Vie mode d'emploi, s'achevant sur W (un waw, un digamma), la forme de la pièce que Bartlebooth a en main, tandis que le dernier emplacement vide du puzzle est en forme de X.

  Je me souviens avoir parlé d'un patchwork de 443 pièces, conçu en 1995 en commun avec Anne, que j'avais nommé Anax Apollon, parce que ces mots ont en grec les valeurs 112 et 331 (somme 443), nombres qui m'étaient alors tous deux significatifs. Dans le calendrier solaire, donc apollinien, de César, le bisextus (valeur 112 en latin) est un second 24 février, 56e jour de l'année (56 moitié de 112).
  Deux ans plus tard, ces nombres se sont rappelés à moi avec la découverte de l'harmonie gématrique du sonnet Vocalisations de Perec, avec ses 112 mots de valeur 6272 = 112x56.
  Puis en 2008 ce fut la découverte de l'harmonie de la vie de Jung en 4+1 fois 6272 jours autour du 4/4/44. Il se trouvait que, parce qu'il existait 3 anagrammes du sonnet de Perec, j'avais proposé en 2006 un 5e arrangement des mêmes lettres idéalisant son harmonie avec chaque vers en 8 mots de valeur moyenne 56.

  J'avais aussi en 2000 codé chaque vers du sonnet dans les 14 chapitres de mon roman Sous les pans du bizarre, chez Baleine, où je donnais aussi "en clair" son acrostiche, ANAQ CHI DU PSOSO.
  Je ne suis pas certain d'avoir jusqu'ici vu la ressemblance entre ANAQ et ANAX. Du moins l'acrostiche du premier quatrain m'avait-il évoqué Anak, géant biblique, aussi orthographié Anaq, que Robert Graves reliait au grec Anax.
  Je m'aperçois que le billet mentionnant le patch Anax Apollon a été publié sur Blogruz le 31 août 2008, le jour de ma lecture de Des jours et des nuits. J'ai publié le 31 août 2009 Des blancs et des noirs, essentiellement consacré à l'adaptation TV du roman de Sinoué. J'y mentionnais Graves et le jeu ROMANAMOR - LOVENOVEL.

  Je suis récemment revenu sur l'une des coïncidences entre Sous les pans du bizarre et un roman paru au moment où je remettais mon manuscrit à Baleine, Pandore et l'ouvre-boîte. Alors que je donnais un sonnet codé et son acrostiche en clair, Philippe Postel livre un sonnet en clair, prétendument vu près de la tombe de Rimbaud, laissant au lecteur le soin d'en décoder l'acrostiche, SCRIPSIT MOREAU, livrant le nom de son auteur qui est aussi l'assassin recherché.
  Je remarquais les acrostiches correspondant aux deux tercets, MOR EAU, alors que la traduction turque de Vocalisations donne "O mor" pour "O azur".
  Je remarque aujourd'hui que l'acrostiche de Vocalisations débute par ANA, ainsi les deux sonnets ont à des positions stratégiques ANA et MOR.

  Au MOR de Pandore correspond UPS de La disparition, et ces majuscules me sont aussi évocatrices. La nouvelle Tlon Uqbar Orbis Tertius a vraisemblablement été inspirée par un réel oubli dans une encyclopédie, où Ur manque entre les volumes TOT-UPS et URA-WAV. J'ai commenté ici, mais voici d'autres pistes:
- l'allemand tot est l'adjectif "mort";
- un sens de l'anglais tot est une mesure de capacité, surtout utilisée pour le rhum, qui en suédois et norvégien se dit rom;
- il y a un Norvégien dans la nouvelle, Gunnar Erfjord;
- la dernière rubrique du volume TOT-UPS est Upsala, ville suédoise.

  Sur ce billet Sunshine Superman je détaillais la fantastique coïncidence de la 5e phrase de la page 52 de l'édition Folio de Fictions,
Telle fut la première intrusion du monde fantastique dans le monde réel.
  Cette intrusion est une boussole tlönienne, remplacée par un miroir dans la reprise de l'épisode par Perec. Sur cette même page 52, Borges évoque la seconde intrusion, avec les mots "rhum" et "mort" à la ligne suivante; si la boussole indique le Nord, le miroir de ROM indique MOR...

  Ce billet a tant d'échos avec d'autres billets que je n'ai pu en reprendre tous les développements et invite a s'y reporter. D'autres petites choses maintenant, laissées en plan en cours d'écriture.
  La proximité des 443 pièces d'Anax Apollon avec le Strong 444 anthropos invite à chercher quel est le Strong 443: anthrópoktonos, "meurtrier". Sa seule occurrence dans les Evangiles est en Jn 8,44, où il se rapporte au Diable, ce qui m'évoque aussitôt L'adversaire de Queen, renvoyant notamment à La MOR et la boussole de Borges (ou l'AMOR, et la boussole qui indique le N).
  Je pense aussi au Diable comparé à un lion dans une épitre de Pierre. J'évoquais aussi dans  ce billet le mot lev, "lion" en russe et "coeur" en hébreu. Les mots grecs kardia et diabolos pourraient fusionner en kardiabolos...

  Je n'ai pas jusqu'ici pensé que le nom Borges était de la famille burg-berg-purgos-etc., et cette page lui donne pour premier sens "la tour". Dans les langues scandinaves borg signifie "château" (l'affiche norvégienne montrait plus haut Tengils borg, le château de Tengil). J'ai relié ici l'acrostiche formé par les noms des victimes de La mort et la boussole, MYGDAEL, à migdal, la "tour" en hébreu, sachant qu'une chaîne de bordels argentins étaient nommés Zwi Migdal. Les meurtres ont lieu dans un hôtel-tour, dans des quartiers de bordels, et enfin au mirador de la villa Triste-le-Roy.

  MÖR, m'évoquant ROMANAMOR, m'a envoyé au thème COEUR-LION, avec le lion norvégien løve løven écho immédiat à LOVENOVEL complément de ROMANAMOR.
  Par Jack l'Eventreur, MÖR m'a encore conduit à WANAX, et rappelé le grec anax d'isopséphie 112. C'est aussi la valeur de
COEUR LION = 62+50 = 112
  Avec un digamma de valeur 6, un double gamma de valeur 3, wanax a la valeur grecque 118, qui est aussi la valeur dans notre alphabet de Double, double, un titre de Queen (et de Brunner) qui m'est essentiel, où j'ai découvert très récemment la présence d'un Diable philosophe (Toyfell).

  Je n'en ai pas fini, mais ce billet est bien assez long, et je l'achève en apprenant ce 10/5 sur France-Inter le titre du nouveau film de Barbet-Schroeder, Le vénérable W (son premier film était More).

1 commentaire:

Victor TENNGU a dit…

Sur le Yod et le G :
tiré de http://esprit-universel.over-blog.com/article-rene-guenon-la-cite-des-saules-115260966.html : "Puisque nous avons été amené à parler de la lettre G, nous dirons que ce devrait être en réalité un iod hébraïque, auquel elle fut substituée, en Angleterre, par suite d’une assimilation phonétique de iod avec God, ce qui d’ailleurs, au fond, n’en change pas le sens
"(16) La substitution du G au iod est indiquée notamment, mais sans que la raison en soit expliquée, dans la Récapitulation de toute la Maçonnerie ou description et explication de l’Hiéroglyphe universel du Maître des Maîtres, ouvrage anonyme attribué à Delaulnaye."

Développé par René Guénon dans ses Symboles de la Science Sacrée.

God = 26 = Comme YHVH.

G et I qui se valent : https://books.google.fr/books?id=4i8-_NGkSUEC&pg=PA114&dq=yod+God&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiC9aG23JriAhUMkRQKHROXAJsQ6AEIQDAE#v=onepage&q=yod%20God&f=false