4.4.24

404 le juste

à Dan & Fabrice


  Je prévoyais de publier le billet précédent plus tard, et puis je me suis avisé dimanche que je venais de publier le 402e billet de Quaternité, alors qu'approchait le 4/04, où je comptais bien publier quelque chose sur des 4 avril rencontrés dans mes lectures.récentes.
  De fait, le 4/04 à l'américaine (April 4th) est la journée geek de l'erreur 404.

  Je n'aurais probablement jamais lu le premier roman concerné (pas celui ci-contre, car j'ai décidé de n'illustrer le présent billet que par des 404) si je n'étais bibliothécaire. Nous recevons tous les 6 mois quelque 200 livres de la médiathèque départementale du 04, renouvelant une partie de notre fonds.
  J'examine tous ces livres, et ce titre du lot de mars a attiré mon attention, Une douce lueur de malveillance de Dan Chaon (Ill Will, 2017). Le début de la 4e de couv' (la suite ici, ainsi que des commentaires élogieux):
  « Nous n'arrêtons pas de nous raconter des histoires sur nous-mêmes. Mais nous ne pouvons maîtriser ces histoires. Les événements de notre vie ont une signification parce que nous choisissons de leur en donner une. »
  Tel pourrait être le mantra de Dustin Tillman, psychologue dans la banlieue de Cleveland. Ce quadragénaire, marié et père de deux adolescents, mène une vie somme toute banale lorsqu'il apprend que son frère adoptif, Rusty, vient d'être libéré de prison. C'est sur son témoignage que, trente ans plus tôt, celui-ci a été condamné à perpétuité pour le meurtre de leurs parents et de deux proches. Maintenant que des tests ADN innocentent son frère, Dustin s'attend au pire.
  Au même moment, l'un de ses patients, un policier en congé longue maladie, lui fait part de son obsession pour une étrange affaire : la disparition de plusieurs étudiants des environs retrouvés noyés, y voyant la marque d'un serial killer.
  Le roman utilise des techniques d'écriture expérimentales, avec par exemple une narration qui suit divers personnages, parfois à la première personne, parfois non (les deux dans le cas de Dustin).
  Il avait 13 ans lors de la quadruple mort de ses père, mère, oncle et tante, dont il a découvert les corps, et ce sont ses actes lors de cette découverte et ensuite qui ont conduit à l'inculpation de son frère, alors âgé de 18 ans. Rusty passera 29 ans en prison, Dustin ayant effacé ses actes de sa conscience...
  Il est donc devenu psychologue. Le roman s'ouvre sur la découverte en novembre 2011 du corps d'un étudiant noyé, ce qui semble confirmer la thèse de son patient Azil Ozorowski, lequel l'a averti lors de la première consultation:
je vous jure que si vous m’appelez une seule fois le Magicien d’Oz, je vous tue.
  Azil, ancien flic, a repéré une série de disparitions et de morts suspectes par noyade, pouvant dessiner un schéma de dates: 01/01/01, 20/02/02, 30/03/03, 04/04/04, etc., jusqu'au 10/10/10. Dustin n'y croyait pas trop, n'ayant pas réussi à vérifier tous les cas, mais ce nouveau mort du 11/11/11 le fait prendre Azil au sérieux.
  Ils se rendent ensemble sur les lieux d'une nouvelle disparition, le 12/12/12, et là des choses bizarres se passent. Une flique les chasse, Dustin perd son portefeuille, lequel lui est restitué anonymement ensuite, accompagné d'une clé USB contenant un fichier faisant entendre les longs cris de souffrance d'un homme supplicié...

  Les lecteurs cités ci-dessus ont donc un avis très favorable, mais plusieurs signalent que, une fois le livre achevé, ils ont ressenti le besoin de le relire pour mieux comprendre les intentions de l'auteur.
  C'est aussi mon avis, mais l'analyse littéraire passe pour moi loin derrière celle des coïncidences, et ici l'amateur de quaternité est gâté. D'une part un quadruple meurtre, d'autre part cette série effarante se déroulant sur 12 ans. J'apprécie les dates géminées, et ai fait mourir les 4 latinistes de mon premier roman les 3/3, 4/4, 5/5, et 6/6 (1999), inspiré par les 12 protagonistes d'un roman de Queen nés chacun l'un des mois de l'année, les seules dates précisées étant géminées.
  J'ai publié des textes importants, en 10.10.10 lettres le 10/10/10, et en 11.11.11 lettres le 11/11/11.
  Ici la victime du 01/01/01 est Jonathon Frisbie, ce qui m'évoque vaguement Queen, alias Daniel Nathan. Celle du 04/04/04 est Jesse Hamblin, et je pense à Jésus, puisque cette date, importante pour moi (celle où j'ai vu le schématisme du 4/4/44), était le dimanche des Rameaux.
  Rien en revanche ne me semble se dégager de l'ensemble des prénoms-noms, sinon la gématrie des 12 noms
FRISBIE,ISOLATO POTTS,HAMBLIN COMBE OROZCO WAMSLEY McGIBONEY GORRINGE NORBY ALLINGHAM BREWER = 944,
qui me fait évidemment penser à 1944. Je rappelle que la date de naissance de Jung, le 26 juillet 1875, un peu avant 8 h du soir, n'a rien de spécial a priori, mais qu'y ajouter 4 fois la période unitaire de 6272 jours et 4 heures, mène au 4/4/44, le jour de l'échange.
  4 autres additions de cette période mènent au 6/6/61, mort de Jung, puis au 8/8/78, au 10/10/95, et enfin au 12/12/12, peu avant minuit (12 PM).

  Un autre titre de Dan Chaon a attiré mon attention, Le livre de Jonas, car Jonas ("colombe" en hébreu) revient souvent dans mes recherches, mais en anglais c'est You remind Me of Me (2004). Je n'ai essentiellement jusqu'ici que consulté sa table des chapitres, 3 parties, chacune de 12 chapitres, 12-12-12, dénotant peut-être une certaine suite dans les idées...

  L'autre roman dont il s'imposait de parler en ce 4/04 est le 4e thriller de Fabrice Papillon, La Conjuration de Dante, paru début mars. L'intrigue débute précisément le 4/04/24.
  J'avais apprécié son premier roman, Le dernier Hyver (2017), pour l'intrigue et pour les coïncidences. Je l'étudiais ici, et je rappelle cette coinc quaternitaire:
un point essentiel du roman de Papillon est la création de 5 clones dont la cadette, Marie, est destinée à devenir la reine d'une ruche de clones, mais elle refuse ce rôle, or Les orphelins du mal de NEO (2009) montrait déjà un autre groupe initial de 5 clones dont la cadette est destinée à devenir la reine d'une ruche de clones, mais elle refuse ce rôle.
  Elle se nomme Marjolaine Papillon...
  J'ai moins apprécié son second roman, Régression, mais j'en ai parlé ici pour quelques coincs, notamment une série de meurtres dont les emplacements dessinent un rectangle en Europe. Les 4 latinistes de mon roman mouraient aussi aux sommets d'un rectangle parisien.
  Je précise que j'avais signalé à Papillon mon billet consacré à son premier roman. S'il ne m'a pas répondu, il a pu y découvrir mon obsession quaternitaire.

  Quant au 3e thriller, Aliénés (2021), c'était vraiment pas terrible à mon sens, et je n'y ai rien trouvé à commenter.
  Le nouvel opus me semble aussi calamiteux, mais du moins son début le 4/4/24 mérite une mention. Je me permets d'ajouter que 24 est la factorielle de 4, notée !4.
  De plus, les 4 premiers chapitres se passent ce 4/4, et on passe au 5/4 pour les chapitres 5 et 6.
  Le roman imagine une confrérie de 9 supercerveaux se renouvelant depuis quelques siècles, le Gyrum Novem, dont le dernier chef aurait été Stephen Hawking. Papillon m'a appris que Hawking a été diagnostiqué à 21 ans du syndrome de Charcot, maladie qui entraîne généralement le décès en quelques années, mais qu'il a vécu ensuite 55 ans, se payant le luxe de mourir l'anniversaire du jour de naissance d'Einstein, alors qu'il était né trois cents ans jour pour jour après la mort de Galilée. Je note que 21 et 55 sont des nombres de Fibonacci.
  Le Gyrum Novem était jusqu'ici plutôt inoffensif, mais le désastre écologique conduit l'un de ses membres, le biologiste Alban Vogel, à planifier de guérir la planète en en éradiquant la race humaine.
  Et il y réussit en partie le 23 avril en déclenchant une série d'explosions nucléaires dans le monde entier...
  Ce nom Alban Vogel du responsable de la disparition de l'humanité me fait penser à deux personnages de La Disparition de Perec, personnifiant les voyelles, Anton Voyl, et Albin Mavrokhordatos.
Note: çoeur dp me signale: Alban Vogel me fait penser à deux personnages importants de la Tétralogie (ça convient à merveille) : Alberich, qui fabrique avec l'or du Rhin le fameux anneau  ... et le "Wald Vogel", l'oiseau qui révèle (au héros Siegfried  qui vient de tuer le dragon et de goûter au sang de celui-ci) la présence de Brunhilde endormie sur son rocher gardée par un mur de feu.

  Un autre livre lu en mars mérite mention, bien qu'il n'y soit pas question de 4 avril. C'est un polar médical trouvé dans la boîte à livres de l'hôpital de Manosque, Vengeance programmée, de Paul Wilson (1996).
  C'est plutôt bien construit, sans temps mort. Le chirurgien Duncan Lathram a jadis vu sa carrière ruinée par une commission sénatoriale qui a mis sa probité en doute. Un acharnement médiatique contre lui a conduit sa fille à se suicider. Lathram a été totalement blanchi ensuite, trop tard.
  Il s'est installé à Washington où il est devenu le spécialiste en chirurgie esthétique le plus renommé de la capitale, ce qui n'était pas sa vocation initiale, mais il a choisi cette spécialité pour mener à bien une terrible vengeance. Les responsables de sa déchéance passée finissent par venir le voir, et il a conçu un composé psychédélique qu'il introduit dans leurs corps, sous une membrane protéique qu'une fréquence ultrasonique peut dissoudre au moment de son choix, provoquant des dégâts irréversibles au cerveau.
  Il peut ainsi traiter les 4 principaux responsables qui l'avaient traîné dans la boue, dont les noms sont
LANE SCHULZ ALLARD VINCENT.
  J'ai des raisons personnelles d'apprécier ce sénateur Schulz, mais me réjouis encore plus de la somme des valeurs des 4 noms,
256 = 4x4x4x4.
  Une assistante de Lathram suspecte quelque chose, mais lui a compris qu'elle le suspecte, et monte un piège pour la discréditer, et s'attaquer tranquillement à sa victime finale, laquelle n'est autre que le président US, celui qui avait créé la commission sénatoriale.
  Ce président n'est jamais nommé, à l'époque c'était Clinton, 42e président US, mais les soins esthétiques demandés semblent concerner quelqu'un de plus vieux. On peut penser au 40e président, prénommé RONALD = 64 (valeur moyenne des LANE SCHULZ ALLARD VINCENT.)
  Quoi qu'il en soit, Lathram ne parvient pas à ses fins, et ce qui m'a fait mentionner ce polar est que j'ai lu il y a peu Quatre ?, le dernier volet d'une tétralogie de Bilal, où ces 4 sont 4 orphelins de Sarajevo, le ? pouvant désigner l'autre personnage essentiel de la série, Optus Warhole. Son prénom est une anagramme évidente de POTUS, l'acronyme désignant le président US (President Of The United States). Ainsi dans les deux oeuvres un quatuor est complété par un élément de nature différente, lié au POTUS.
 

  A propos de Schulz et de quaternité, un 4e roman lu récemment, encore un livre voyageur, un manuscrit retrouvé de Pierre Boulle édité 10 ans après sa mort, L'Archéologue et le mystère de Nefertiti (2005).
  L'intrigue est abracadabrantesque. Le narrateur vient d'être éconduit par son amie, qu'il a conduite de Paris à Louqsor en avion. Il rencontre un archéologue dont nous ne connaîtrons pas le nom, pas plus que ceux du narrateur ni de l'amie. Le narrateur conduit l'archéologue vers un site montagneux où celui-ci pense que se trouve le tombeau de Néfertiti, mais l'avion tombe en panne et semble devoir s'écraser sur le flanc d'une montagne...
 

...mais l'avion perce un simulacre de paroi rocheuse, et atterrit dans une grotte, laquelle se révèle être le lieu abritant le sarcophage de Néfertiti. Les deux hommes arrivent à faire glisser la dalle du sarcophage, et le narrateur y découvre avec ahurissement son amie, bien vivante...
  Enfin ce qui me fait citer ce roman est sa structure, en 4 parties de 4-5-8-8 chapitres, plus un épilogue. Si j'inclus l'épilogue dans la dernière partie, j'obtiens 4-5-8-9 qui n'est autre que le code PIN de mon ordi, correspondant à mon nom:
REMI  SCHULZ = 45  89.


Note du 14/4: Je viens de me souvenir que j'avais consacré ce billet aux oeuvres de fiction débutant un 4/4 20, 40, et 60 ans après le 4/4/44. Pour les 80 ans vient donc le roman de Papillon...

Note du 18/4: L'AAAL signale cette parution chez l'éditeur Renaissance du livre, apparaissant ainsi ce jour sur le site de Ganimard.
J'ai coupé pour faire apparaître 404 (c'était 1 404), mais le résumé débute par
Arsène Lupin est arrêté : l'aventure est-elle donc finie pour lui ? Erreur !
Ce poche paru le 7/03/24 est déjà dit "épuisé", sans doute plutôt retiré de la circulation.
Précisément le 4/04/13, je signalais le poche Le mystère de la chambre jaune, de Conan Doyle.




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