5.5.15

Nathaniel-Alexandre-Emmanuel


  Il y a quelques mois j'ai vu à l'étal d'un bouquiniste Le cercle de sang, premier thriller de Jérôme Delafosse, et le début de son résumé a fait tilt :
 Hôpital de Hemmerfest, Norvège. Nathan Falh, membre d'une expédition polaire, sort du coma après un accident de plongée. Il ne sait plus qui il est.
  "Hemmerfest" est erroné, et le mot est orthographié correctement ailleurs Hammerfest; l'erreur m'évoque Theodor Haemmerli, le docteur qui aurait donné sa vie pour celle de Jung. Theodoros est par ailleurs la forme grecque de l'hébreu Nathaniel ou Jonathan, "Don de dieu".

  Nathan Falh enquête sur lui-même, et se découvre plusieurs identités. Il a donné celle de Pierre Huguier pour faire déchiffrer le Manuscrit d'Elias, un texte en fort mauvais état écrit en 1694 par le capitaine Elias de Tanouarn. Je suis aussi sensible au prénom Elias, forme grecque de l'hébreu Eliahu, Elie, car j'ai été amené à relier la rencontre dans l'autre monde de Jung et Haemmerli, valeurs 52-84 selon les rangs dans notre alphabet, aux deux personnages de l'Ancien Testament qui ont été élevés vivants au ciel, Elie et Enoch, mêmes valeurs 52-84 selon l'alphabet numéral hébreu.
  Elias a comme lui été impliqué dans une expédition où des cadavres sont trouvés le crâne ouvert et le cerveau manquant...

  Nathan avait aussi l'identité du reporter Alexandre Dercourt. Sa dernière activité a été de suivre en 1994 l'organisation humanitaire One Earth au Rwanda. Reprenant son parcours il découvre aussi les traces de cadavres au cerveau prélevé.
  J'ai remarqué les valeurs de ces noms :
ONE EARTH = 34-52 = CARL JUNG
  C'est sous cette forme qu'est connu dans le monde anglo-saxon le psychologue dont un concept essentiel est Unus Mundus, le "Monde Un", ce qui pourrait se traduire One World, proche de One Earth. J'ai trouvé ceci dans l'en-tête d'un blog:
ALEXANDRE DERCOURT = 84-104
  104 est le double de 52. 52/84 est un excellent rapport d'or, se simplifiant en 13/21, nombres de Fibonacci. Les amateurs de nombre d'or s'intéressent aussi à ce type de rapport, ainsi Sérusier a nommé "coupe d'or" le rapport entre deux nombres en rapport d'or immédiat et "double coupe d'or" le rapport lorsque le nombre le plus faible est doublé. Tiens, le nom FALH a pour anagramme HALF, "moitié".

  Nathan Falh est né Julien Martel, ce qui m'est encore évocateur puisque le nom Haemmerli vient de Hammer, "marteau".

  Nathan enquête donc sur une organisation criminelle existant de longue date, le Cercle de Sang, ou qalfatir (valeur 84), ce qui le mène à son siège, au Soudan. L'endroit lui fait retrouver la mémoire, il faisait lui-même partie de l'aréopage du Cercle, composé de 7 personnes s'identifiant à 7 anges, dont 4 noms sont donnés, Rufaîl, Surial, Mikhaîl, Gafhaïl (ce dernier étant Nathan).
  Je n'ai pas trouvé trace de ces 4 noms ensemble, mais il semble que ce soient des formes coptes des anges Raphaël, Uriel, Michel et Gabriel, les 4 archanges. Lorsqu'ils font partie d'un groupe de 7, ce sont en principe les anges planétaires dont fait partie Cassiel, souvent mentionné sur Quaternité.
  Uriel, "lumière de Dieu", ne figure en principe pas parmi les anges planétaires, mais il existe tant de variantes qu'il est vain de chercher à trop éclaircir. En fait la forme présente ici, Surial, peut faire penser à Tsuriel, "rocher de Dieu", qui m'est évocateur puisque les visions de Jung lui ont fait rencontrer Haemmerli sur un rocher flottant dans l'espace, ou à Sorath, ange du soleil selon Agrippa.
  Ceci me rappelle fortement que suria est un nom du soleil en malais, mot qui m'a conduit à divers développements, notamment ici.

  Beaucoup d'échos jungiens donc dans ce suspense bien construit, mais dont la fin ne m'a pas entièrement convaincu.
  Ceci ne m'a pas empêché de lire le second thriller de Jérôme Delafosse, Les larmes d'Aral (2012). Le personnage principal en est une femme, livrant les valeurs de JUNG-HAEMMERLI:
SINEAD MCKEOWN = 52-84
  Je suis particulièrement sensible à ce nom car le premier nom de valeurs 52-84 rencontré a été un autre nom écossais, l'actrice Michaela McManus, avec une circonstance exceptionnelle.
  Son rôle essentiel a été celui du procureur adjoint Kim Greylek dans la saison 10 de New York unité spéciale, où elle prend ses fonctions le 8 septembre 2008 qui est aussi le premier jour de l'an 136 de l'ère pataphysique, le jour où j'ai découvert l'harmonie quintessentielle de la vie de Jung autour du 4/4/44, le jour où il aurait échangé son destin avec celui de son docteur, Haemmerli, avec
JUNG HAEMMERLI = 52+84 = 136.

  La journaliste Sinead McKeown est victime d'un attentat où son mari Gari Weiss meurt. Elle est soupçonnée et doit s'enfuir pour mener une enquête difficile, se cachant sous le nom de Louise Conrad, avec l'aide d'un flic français, Raphaël Zeck.
  Sa nouvelle identité a la même valeur que son nom réel:
LOUISE CONRAD = 81+55 = 136

  L'enquête de Sinead et Raphaël les amène à une cave où le responsable de crimes multiples a utilisé le sang de ses victimes pour tracer des séries de nombres qui dans un premier temps semblent aléatoires. Un spécialiste consulté évoque les dérives de certains grands esprits qui se sont laissés séduire par le nombre d'or,
et le voient partout, des pyramides de l'Egypte ancienne aux tableaux de la Renaissance, en passant par la coquille du nautile ou encore les brins de l'ADN humain.
  En fait les nombres avaient une signification astrophysique réelle, mais leur auteur était animé d'un autre type de folie, et sa quête d'immortalité échouera...
  Je passe sur quelques détails pour remarquer que c'est au chapitre 38 parmi 62 qu'apparaissent les nombres qui évoqueront 2 chapitres plus loin le nombre d'or. Le partage d'or entier de 62 est 38/24.
  Il est encore frappant que le roman soit composé de 3 parties, de 24-31-7 chapitres. Possibilité donc de répartition dorée 24-38, d'autant que la 1e partie a une structure particulière; elle est formée de séries de chapitres couvrant les aventures de Sinead et de Raphaël, avec un parallélisme qui semble voulu, 4 chapitres S, puis 4 R, 5 S, 5 R, 3 S, 3 R (ceci m'évoque les chants amébées de la 8e églogue de Virgile, où se rencontre aussi cette structure doublée 4-5-3). C'est à la fin du 24e chapitre que Sinead et Raphaël se rencontrent, pour ne plus se séparer dans les deux parties suivantes.


  Etrange donc de trouver une allusion dépréciative et presque gratuite au nombre d'or dans un roman dont l'héroïne a un parfait nom doré, et dont la structure permet doublement une approche dorée. J'ai rencontré il y a peu une autre allusion anecdotique et dépréciative au nombre d'or, dans Gataca (2011) de Franck Thilliez.
  Un savant criminel y est l'auteur du livre La clé et le cadenas, sous-titré Les codes cachés de l'ADN, avec en couverture L'homme de Vitruve de Léonard de Vinci; ceci ajouté à la 4e de couverture citée intégralement permet d'affirmer que Thilliez s'inspire d'un ouvrage réel de Jean-Claude Perez, soit L'ADN Décrypté (1999), soit le plus récent Codex biogenesis - les 13 codes de l'ADN (2009).
  Une recherche thilliez "jean-claude perez" m'a mené en premier résultat à une page du site Babelio répertoriant divers livres sur l'ADN. Les livres sont donnés par 3, et la 3e rangée montre Thilliez et Perez côte-à-côte.
  La présence de Van Cauwelaert sur cette même ligne est fabuleuse, car si le polar de Thilliez se montre négatif envers Perez, Van Cauwelaert a soutenu ce chercheur depuis ses débuts, et préfacé le premier livre où il a abordé le thème du nombre d'or dans l'ADN, Planète transgénique (1997).
   Mieux, Van Cauwelaert fait un éloge implicite du travail de Perez, sans le nommer, dans Hors de moi, autre histoire d'amnésique tentant de déjouer un complot meurtrier dont il faisait partie. Le généticien Paul de Kermeur y parle de son travail sur les OGM perturbant le "supracode de l'ADN", ce qui se réfère évidemment au travail de Perez.
  Thilliez a également exploité le thème, de façon originale dans La mémoire fantôme où c'est une amnésique antérograde qui commet un meurtre en sachant qu'elle l'aura ensuite oublié.

  Ainsi Jérôme Delafosse, Franck Thilliez et Didier Van Cauwelaert ont en commun d'avoir évoqué le nombre d'or et utilisé le thème de l'amnésique enquêtant sur ses propres crimes. C'est un thème assez classique, mais j'ai quelque peine à m'en remémorer beaucoup d'exemples.
  Le premier cas est sans doute Oedipe, dont l'amnésie est plutôt un oubli ponctuel dicté par les dieux, mais l'amnésie réelle est plus commode de nos jours.
  Je ne vois rien avant Maurice Leblanc, grand précurseur de nombreux thèmes, avec Le prince de Jéricho (1929).
  Puis c'est un film de Mankiewicz de 1946, Quelque part dans la nuit, où George Taylor revient amnésique de la guerre.
  Dans un roman de Kenneth Millar, The three roads (1948, titre en référence directe au mythe d'Oedipe), c'est un autre vétéran amnésique, Bret Taylor, qui enquête sur le meurtre de sa femme. Tiens, un autre Taylor, et une adaptation ciné de 1980 en a fait Michael Taylor.
  Il doit bien y avoir un Boileau-Narcejac, peut-être Le mauvais oeil (1956), d'après ce forum.

  Rien ne me venait d'autre à part les récents Cauwelaert, Delafosse et Thilliez, mais alors que j'avais commencé à écrire ce billet un hasard m'a fait connaître la série L'homme de nulle part (1995), Thomas Jonathan Veil recherchant Gemini, lequel n'est autre que lui-même.
  Tiens, à propos de Veil, la recherche d'images "unus mundus" m'en a fait découvrir  une autre y associant One World. C'est une carte d'un jeu dont je n'essaie pas de comprendre le principe, mais elle semble associée au piercing the veil, "percer le voile".

  Bien sûr je n'ai pas tout lu, et ma mémoire n'est pas parfaite, il devrait donc y avoir bien d'autres fictions sur le thème de l'amnésique coupable du crime sur lequel il enquête.
  J'ai lu le Cauwelaert après avoir vu son adaptation ciné, Sans identité. L'action a été déplacée de Paris à Berlin, où l'on voit la Siegessaüle, la colonne de la victoire appréciée des anges Damiel et Cassiel de Wenders. Damiel était interprété par Bruno Ganz, qui est aussi présent dans Sans identité, où il est doublé en français par Georges Claisse. Je rappelle que c'est la présence dans un même roman des noms Cassiel et Claisse qui m'avait mené aux Ailes du désir, et à son remake US La cité des anges, où les anges incarnés sont Seth et Nathaniel, valeurs 52 et 84.

  L'allusion au nombre d'or dans l'ADN peut faire référence au travail de Perez, mais il y a d'autres approches dorées de l'ADN.
  J'ai déjà dû donner mon avis sur ce chercheur, je le répète. Je considère que ce qu'il a trouvé est très important, et difficilement réfutable. Quoi que certains en pensent, on ne peut faire dire n'importe quoi aux nombres, notamment lorsque les corrélations proviennent d'analyses informatiques.

  Mon exemple favori est l'analyse informatique des rapports d'or dans les tonalités du Clavier bien tempéré, orientant inéluctablement vers un extraordinaire équilibre des tonalités BACH. Je n'ai aucune explication raisonnable de cet équilibre, et n'envisage notamment pas d'intentionnalité chez Bach. Je penche pour une approche de type synchronistique, sans préjuger d'une qualité intrinsèque du nombre d'or. 
  Pour Jean-Claude Perez la présence du nombre d'or dans l'ADN est significative d'une réelle qualité, associée aux spirales fibonacciennes en phyllotaxie, ce qui a pu paraître "magique" avant qu'une explication rationnelle en soit donnée.
  Je ne peux le suivre aussi loin, mais suis néanmoins ami FaceBook avec lui, et y suis ses publications, intervenant parfois, par exemple pour le partage de cette rare fleur de tournesol offrant une variante de la suite de Fibonacci, avec 26 et 42 parastiches, soit des nombres de la suite baptisée Perez-pair par Jean-Claude.
  Je lui ai aussi signalé le cas de Franck Thilliez en janvier lorsque j'ai lu Gataca. Le nom d'un de ses amis, Emmanuel Licht, m'a alors été aussitôt significatif.

  Je savais déjà que EMMANUEL vaut 84, grâce à un roman de PK Dick, où le Messie Emmanuel revient sur terre accompagné du prophète Elie (de valeur 52 en hébreu), et LICHT 52, grâce à un roman de JC Oates où il y a plusieurs 84-52 dans la famille Licht (Harwood Licht et Nathaniel Liges, variante de Licht).
  Emmanuel Licht est le co-auteur d'un livre sur le Graal et les Rois Mages, et il est évident qu'il s'agit d'un pseudonyme car il y est question de la prophétie de l'Emmanuel (également utilisée par Dick) et de la Lumière.
  Divers échos m'émerveillent, outre que le livre soit présenté comme le croisement de deux mythes fondateurs, au sens jungien du terme :
- EMMANUEL / LICHT est donc un 84/52 = 21/13, or j'ai été conduit en février 15 à découvrir qu'en français
SAINT / GRAAL = 63/39 = 21/13.
- Son livre est édité par l'Oeil du Sphinx, où j'ai été aussi édité en mai 09, sous le numéro 34 (21+13), alors que paraissaient à quelques jours près des revues avec des textes de moi, portant les numéros 21 et 13.
- Je rappelle que le patron de l'Oeil du Sphinx est Philippe Marlin, aussi éditeur d'un livre sur la revue Planète. La parution presque simultanée de mes numéros 13-21-34 en mai 09 m'avait remémoré que ma marotte fibonaccienne m'avait fait acheter en août 03 les numéros 13-21-34 de Planète. J'eus la surprise de trouver le nom de Philippe Marlin, alors âgé de 20 ans, dans le n° 34.

  Tous ces cas 21-13 sont récapitulés avec de nombreux autres ici, et Emmanuel m'inspire d'autres choses:
- sa répartition en voyelles/consonnes livre EAUE/MMNL = 32/52, partage d'or de 84;
- il en va de même de la répartition syllabique EMMA/NUEL = 32/52;
- NUEL est l'anagramme de LUNE, et l'association à la lumière Licht m'évoque l'épithalame de Perec pour ses amis Kmar et Nour, "lune" et "lumière", poème aux étonnantes harmonies dorées.

  L'illustrateur du livre d'Emmanuel Licht à l'Oeil du Sphinx, OdS, est Jean-Michel Nicollet, lequel a représenté sur la 4e de couverture un ourobore.
  Nicollet a été l'illustrateur de la collection Fantastique aux Nouvelles éditions Oswald, Néo, et le billet Ouroborindra m'avait fait remarquer la présence de deux ourobores en couverture de Cette hideuse puissance de CS Lewis.
  La recherche d'images "unus mundus" mentionnée plus haut m'a aussi mené à un ourobore, en couverture d'un livre sur l'alchimiste Dorn et Jung.
  La trilogie cosmique de CS Lewis décrit un système solaire où à chaque planète est affecté un ange, un eldil. Les anges planétaires semblent aussi une réalité pour la confrérie des vengeurs chrétiens du Cercle du Sang, ouvrant ce billet.
  Le chef suprême des eldils est Maleldil, avec
MAL / ELDIL = 26/42 = 13/21.

  Il y a aussi un Emmanuel dans Mon coeur mis à nu, où JCOates conte les exploits criminels de la famille Licht. L'un d'eux est l'invention d'un bâtard de Napoléon, Emmanuel Auguste Napoléon Bonaparte, dont le formidable héritage serait entre les mains de François-Léon Claudel, avatar du père Licht. Je soulignais plus haut le partage doré selon voyelles/consonnes d'Emmanuel, et il en va de même du nom complet du bâtard :
EAUEAUUEAOEOOAAE / MMNLGSTNPLNBNPRT = 138/224 = 69/112
  69/112 est aussi le partage de MARKZ / DANIELEWSKI.
  Le représentant des intérêts du bâtard offre un autre partage doré selon voyelles/consonnes, fibonaccien :
AOIEOAUE / FRNCSLNCLDL = 72/117 = 8/13
 
Les deux premières parties de Mon coeur mis à nu ont 21 et 13 chapitres, s'achevant sur la réception par Abraham Licht de la tête coupée de son aîné,
HARWOOD / LICHT = 84/52 = 21/13.
  Il y a également une tête coupée dans le roman qui m'a fait découvrir que
SAINT / GRAAL = 63/39 = 21/13
  Le démon est incarné dans Cette hideuse puissance par la tête coupée d'un criminel guillotiné.
  Je vois quelques échos avec les cerveaux prélevés dans Le cercle de sang.

  Notre déménagement m'a fait exhumer un livre d'un auteur rencontré vers 1996 lors d'un repas "ésotérique", lequel avait tenu à me donner une de ses oeuvres.
  Il s'agit d'Yves Monin, qui signe de ce nom, ou qui y inclue Emmanuel sous diverses formes, Yves Monin (Emmanuel), Emmanuel-Yves Monin. Ceci offre encore une curiosité dorée, car son nom réel de valeur 136 présente les deux césures d'or exactes 52 et 84:
YVE[52]S71 M[84]ONIN65 [136]
  L'addition d'Emmanuel (=84) fait passer au couple doré suivant (84/136 ou 136/84).

  Je n'en ai pas fini avec les Nathaniel-Nathan-Jonathan, et le prochain billet sera consacré à une autre série de coïncidences vertigineuses.

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